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Kingdom Hearts Rpg
Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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« — On y est presque ! 
- Ca fait une heure que tu dis ça Lut’ tu sais…  
- Mais c’est parce que c’est vrai.. 
- Me dis pas que t’es perdue ?! 
- Non je suis pas perdue ! Je sais encore où je t’emmène quand même !  »

Lutgard s’était exclamée d’un air si offusqué qu’il souffla quelques oiseaux de leurs branches. La forêt aux étangs demeurait fidèle à ce qu’elle était en ces jours ensoleillés : paisible. Apaisante. Agon la redécouvrait.

Cela faisait un temps qu’il n’y avait pas mis les pieds.

« — Je voulais pas m’énerver… souffla l’agent de la Shinra sans toutefois se retourner.
- T’inquiète j’ai été lourd. »

Il se demandait bien où elle pouvait tant vouloir l’emmener ceci étant dit. Cela lui semblait être… une éternité depuis leur dernière sortie. Elle avait insisté bien plus que de nécessaire, et il ne s’était pas senti de dire « non. » Peut-être aurait-il dû. Cela aurait été bien plus prudent. Le jeune homme prit une inspiration, avisant les environs. Une forêt calme, le soleil qui vient dorer les feuilles des arbres. Les deux acolytes progressaient depuis un moment sur un petit sillon marqué par les passages d’intrépides voyageurs.

Où, par le Nuage Noir, l’emmenait-elle ?

« AH-AH ! »

Lutgard reparut entre deux buissons pour le tirer de sa contemplation — surtout pour tirer son bras. « Dépêche-toi ! » Agon suivit sans plus poser de questions. La jeune femme avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour lui en dire le moins possible sur ce qu’elle avait prévu. Elle pressait le pas, quittant le sillon sécurisant pour une végétation dense, coupant à travers le sous-bois. Lutgard hâtait le rythme — et au loin Agon croyait discerner les reflets joueurs d’une eau pourtant dormante.

Un étang ?

Elle l’emmenait vraiment au bord d’un étang ?

Ils en avaient passé au moins cinq depuis tantôt ! — ses yeux se plissèrent sans qu’il puisse les retenir.

Il ne s’agissait pourtant pas d’un simple étang. D’une petite mare où barboteraient quelques canards épars. Non. Il s’agissait de l’un des plus grands étangs de la forêt. Un petit lac même, assez profond, surplombé d’une avancée rocheuse bien connue de certaines têtes brûlées de la région : parfois, des groupes de jeunes amis s’y rendaient pour un plongeon dans les eaux froides mais tranquilles de ce lit aqueux. Agon resta là, à regarder cet endroit comme s’il n’avait jamais foutu les pieds dans cette forêt.
Il aurait pourtant été le premier à dire que l’on s’y faisait, à force, à la beauté singulière du Domaine Enchanté.

« Hep Agon, ça va ? » Après avoir lâché sa main pour prendre quelques mètres d’avance sur lui, sa guide s’était retournée. La petite mine qu’elle lui exposait cachait difficilement son inquiétude.

Cela faisait bien un temps qu’ils ne s’étaient pas fait une petite virée ensemble, oui. Bien que Lutgard se douta de la raison, elle n’avait cependant jamais osé le confronter à ce sujet. Elle se contentait de lui demander comment il allait, ou de ne pas le questionner lorsqu’il lui demandait, parfois, quelque chose. Une montagne de crêpes pour la Saint Patrick par exemple.
Elle voulait « être là » simplement.

« — Oui, tout va bien, finit-il par répondre. J’étais un peu la tête ailleurs.
- Eh bien… regarde un peu… là bas ! »

De l’autre côté du petit lac, deux piquets vaillants maintenaient un tissu d’un rose infâme. A leurs pieds, deux êtres aux formes humanoïdes semblaient saluer les deux arrivants. Deux êtres qu’Agon avait presque espéré ne pas reconnaître. « Quelle connerie as-tu prévu ? Et pourquoi tu as ramené Ian et Alice dans cette histoire ? Attend… d’où tu les connais déjà ?!
- Tu devrais le savoir. La Shinra a des dossiers super-secrets sur tout le monde, avec leurs connaissances. On a des agents infiltrés dans les ordres de sage-femmes et de médecins des mondes tout entiers et on met des puces invisibles dans le corps des bébés… nous savons tout !
- Je commence à être trop vieux pour ces co —
- Et c’est ça la beauté du plan ! C’est tellement improbable que même si on le balance, personne ne le prend au sérieux ! »

En effet. Il ne la prenait pas au sérieux. Mais elle s’approcha de lui avec un sourire mutin. « Alors, où crois-tu qu’elle est, ta puce ? »

Agon demeura circonspect.

« Putain t’es vraiment pas joueur toi ! BON ! On va pas les faire attendre plus longtemps ! »

Lutgard était partie aussi prestement qu’elle était arrivée, et le jeune homme prit sa suite. Ian, aspirant au rang de prêtre qu’il avait amené vers les ordres, le salua assez sobrement. Il parut heureux de le voir, mais Agon fut surpris de constater chez lui une certaine retenue. Alice, quand à elle… commença à se confondre en mille salutations et remerciements. Des honneurs qu’il ne s’estimait pas mériter. « Tu as quitté Mornevie pour… pour ? — il avisa Lutgard du coin de l’oeil.
- Surprise !
- Oh, non, non. Je suis partie de Mornevie il y a un temps déjà. Je… j’en avais besoin. »
Elle esquissa un sourire nerveux ; les souvenirs de son dernier passage à Mornevie revinrent au prêtre. La chaleur, le templier Rhys, Fabrizio Valeri, le paysan Arsenault, les vieux Arsenault, les jeunes Arsenault, du grain, de la bouffe, de la parlote, du grain, de la violence domestique et de nouveau du grain. Il comprenait qu’elle ait eu besoin de se séparer de ça. Mener sa propre existence. « — D’ailleurs, commença-t-elle avant qu’il ne puisse répondre, s’adressant à Lutgard, quand arrive Monsieur Valeri ?
- Meh ? — c’était tout ce que le jeune homme avait trouvé à dire.
- J’ai pas pu le contacter, ça fait chier.
- Ah ? Pourquoi donc ?
- « Gnagnagna templier-en-chef truc bidule important gnagna allez vous faire cuire un oeuf. »
- Mais…
- Ian, t’aurais pas pu le contacter toi ?
- Vous me voyez, moi, aller voir « le » Fabrizio Valeri pour lui demander de participer à une ch —
- SSSSSHHH AVORTON ! D’où tu… hem.
- Oh c’est bon !
- Mais t’allais…
- Enfin Ian y’a pas si longtemps t’as été lui déposer un gâteau dans sa chambre alors…
- Il a quoi ?!
- Pardon ?! TU as déposé ce gâteau !
- T’as participé il me semble ! C’était loin d’être évident, il en a fallu de la volonté !
- Attendez… je suis paumé là. Vous avez fait quoi ? »

C’était pas possible ça. Il suffisait qu’il ne soit pas là un temps et tout partait en sucette. « Là n’est pas la question ! » — Lutgard les interrompit d’un ton quasi-cérémonieux. « Chers amis ! Vous avez été conviés à la Première Epreuve ! Il est dit, dans des légendes si lointaines qu’elles furent perdues dans l’écoulement du temps, que les Anciens se rassemblaient ici afin de procéder à la Grande Cérémonie ! Perdre, chercher le chemin, et retrouver. Renaître sous un jour nouveau. Tels étaient les buts de la Cérémonie ! Autrefois chaque participant devait fournir un objet de valeur pour lui. Un objet auquel il avait un attachement certain. Un autre le cachait dans ces bois, et l’Epreuve ne se terminait pas avant la tombée de la nuit ! Ceux qui avaient découvert la relique d’un autre pouvaient entendre son histoire. Ceux qui voyaient leur relique perdue des hommes en faisaient don à la forêt… »

Agon laissa son regard glisser sur Ian et Alice… c’était vrai tout ce truc ? — Ils avaient l’air au moins aussi paumés que lui.

« — … dites-le tout de suite si je dis de la mouise.
- Si c’est perdu dans l’écoulement du temps écoute… glissa Ian avec un rictus taquin qu’il n’avait pu assassiner avant qu’il ne parvienne à ses lèvres.
- J’essaie de vous mettre un peu d’ambiance !
- Au-cun sou-ci.
- Je… je t’en prie continue.
- On attend la suite avec impatience.
- Je préfère ça ! Donc ! — elle prit place entre les deux piquets — Aujourd’hui c’est la version informelle du truc. Donc au lieu de vous forcer à donner l’un des objets qui vous est le plus cher… vous allez chercher du chocolat ! »

Agon passa la main sur son front. « Tout ça pour une chasse aux oeufs ?! » lança-t-il en retenant un fou rire.
« — Je savais qu’il allait trouver ça stupide…
- Ian allons…
- Mais arrête de rire toi, c’est pas commun ici ! » L’agent de la Shinra vint le taper sans le frapper, tentant de faire taire ce rire insolent ! Pourtant… c’était bien plus qu’elle n’en avait espéré. Qu’il rie.

———

Ils s’étaient finalement tous trois trouvés à participer. A devoir se séparer dans la forêt pour chercher ces satanés oeufs.
Non. Ce satané oeuf tout court.

« C’est cher ces choses-là ! » s’en était justifiée Lutgard.

Agon soupira, allant de-ci, de-là d’un pas lent. Il se sentait assez peu motivé par cette activité qu’il voyait plus comme un truc pour enfants. Et puis il n’y avait pas de réelle récompense à la clef. Il ne se serait pas fait compétitif « juste » pour un oeuf en chocolat.

La forêt, petit à petit, paraissait se faire plus sombre.

Etait-ce à cause d’un nuage, venu couvrir le soleil d’un voile inquiétant ? Ou bien était-ce que ce bois, où tout arbre lui paraissait être similaire à son voisin, faisait naître en lui une délicate inquiétude ? Plus il avançait, plus le prêtre sentait ce sentiment lui serrer les entrailles. Et avant même qu’il n’ait eu le temps de songer à revenir sur ses pas…

Il s’était perdu.

Le buisson qu’il venait tout juste de dépasser lui semblait étranger, et les oiseaux s’étaient tus. Le vent soufflait dans les arbres un murmure triste.

Ce con s’était perdu.

Il était sûr, pourtant, d’avoir retrouvé et suivi le chemin qui serpentait entre les racines. Quand l’avait-il égaré ? Quand ses pieds l’avaient-ils fait quitter la sécurité bienvenue du passage marqué par d’autres, pour une terre si rarement foulée qu’elle en avait oublié la rudesse du pas humain ?

Agon regarda autour de lui : il ne reconnaissait rien. Tout bonnement rien.

Revenir en arrière.

Un pas. Dix, vingt.

Une minute. Dix, vingt.

Le soleil s’était esquivé, et la forme surnaturelle des arbres ne les rendait que plus absurdes et inquiétants. De sombres soldats d’écorce au garde-à-vous.

Un craquement derrière lui !

Personne.

Ce n’était pas la première fois que le jeune homme se perdait, de toute son existence. Il se disait, en général, qu’il finirait bien par retrouver son chemin ou croiser âme qui vive pour le renseigner. Paniquer n’aidait en rien. C’était bien là le meilleur comportement à adapter, se disait-il avec un soupir.
Mais alors pourquoi ?

Pourquoi son souffle s’était-il fait court ?

Pourquoi sa gorge se serrait-elle ?

Pourquoi ses pieds battaient-ils la terre d’un pas si étrangement hâtif ?

Pourquoi ses doigts se crispaient-ils dans un mouvement presque craintif ?

Il était ridicule — du moins était-ce ce qu’il pensait de lui-même.

La forêt, à la vérité, ne faisait que lui en rappeler une autre que son corps voulait encore fuir, comme ses cauchemars.

Une odeur de mousse fraîche parvint à ses narines. « Mais qu’est-ce que t’es con. » se chuchota-t-il pour se sentir moins seul. Paradoxalement, il était comme enfermé en extérieur. Calme. Agon prit place au pied d’un arbre dont il ne connaissait pas le nom, s’adossant à son tronc, se laissant aller au sol. Il allait se poser quelques instants, puis repartir. Tout simplement. Rien ne servait de s’exciter pour un rien. Ce n’était que la forêt aux étangs.

Un petit picotement vint remonter le long de son dos. Arrête de te biler pour rien. Allez. Stop. Entre ses deux omoplates. On arrête la paranoïa. A la base de son cou. On va pas de venir un handicapé des forêts quand m — il s’était retourné.

Son visage pâlit de trois tons.

De petits filaments de fibre et d’écorce tâchaient d’agripper ses vêtements de leurs extrémités crochues.
Comme autant de bras minuscules et difformes qui voudraient le retenir, dos à cet arbre, perdu dans ces bois, oublié du monde.

Il ne lui en fallait pas plus.

La fuite.

Agon fuyait un arbre.

Un putain d’arbre.

Ridicule. Pathétique. Taré. Il avait marché dans un champignon aux spores hallucinogènes. C’était forcément ça. Le jeune homme allait à vive allure, prenant le parcours le plus dégagé — sautait par-dessus les racines, contournait les buissons aux baies rougeoyantes, évitait les troncs d’arbres dont les branches paraissaient fondre sur lui. Inexorablement, le prêtre s’essoufflait. Un cauchemar… il faisait un cauchemar. Prit dans ses pensées, il n’évita que de justesse un jeune chêne lui barrant la route.
Son regard expert fut attiré par un soudain éclat lumineux. Là, un endroit dégagé repéré du coin de l’oeil.
Agon bifurqua sur sa gauche.

Une dizaine de mètres. Le jeune homme déboula dans une clairière au centre de laquelle trônait un chêne centenaire.
Abattu.

Un chêne centenaire abattu.
N’en restait qu’une imposante souche, au centre de laquelle Agon crut discerner des reflets d’or.

L’oeuf ? Avait-il trouvé ce satané oeuf ? Il tomba à genoux, respirant lourdement — récupérant de sa longue course.

« On peut dire que vous gérez bien votre souffle, vous. » vint le piquer une voix méprisante. Le jeune homme tourna la tête pour découvrir une vieille harpie de sa connaissance adossée à un arbre, en bordure de l’herbe. Esmerine Mons. Mage acariâtre qui avait fait de son ego un petit tas de poussière fut un temps. Mais cette fois, il lutterait ! « — Si je devais troquer contre le votre, je m’en passerais. Votre respiration me fait plus penser à une vieille canalisation à fuites qu’à une machinerie de la Shinra.
- Vous me flattez. C’est vrai que ces appareils font un bruit des tréfonds. Je préfère encore mes essoufflements discrets. »
Il leva les yeux au ciel. « Ca va aller ? » — « Oui, oui. La vieillesse, vous savez. » dit-elle en se redressant avec dynamisme. « C’est plutôt à moi de m’inquiéter, on dirait que vous allez me cracher vos intestins sur le sol. Je détesterais avoir à faire un rapport là-dessus à vos amis en soutane de la Citadelle.
- Oh vous hein. Vos amis aussi. Jusqu’à preuve du contraire, vous donnez des cours pour les troupes du Sanctum. Arrêtez de me parler avec cet air suffisant.
- Vous êtes un prêtre-truite. Et moi une vieille. Vous devez endurer et moi me libérer de mon venin avant de passer le bâton à gauche. Pour qu’Etro me fasse un gros câlin posthume. C’est ça non, l’idée ?
- Jus de…
- Quoi ?
- Non, rien. »

Agon se releva, soufflant un « Navré. » Puis il se dirigea vers la souche. En son centre, un bocal de verre tel que Lutgard devait en avoir à la station. En-dedans, ce qui avait autrefois été un oeuf en chocolat.

Depuis…

Il avait été fondu par le soleil, et le verre transparent n’avait pas aidé. Le jeune homme ressentit un profond sentiment de…
Il était blasé. Vraiment, profondément blasé.

« — Tiens prend ça, lui lança la mage en lui tendant un bout de chiffon. Ce machin doit être bien chaud.
- … pourquoi vous êtes là vous ?
- Il fallait bien quelqu’un pour surveiller ce truc. Histoire que personne d’autre qu’un participant à ce jeu à la con ne le prenne. »
Agon était incrédule. Une telle action aurait supposé de la sorcière une empathie pour Lutgard et son projet qu’il ne lui prêtait pas. « Mhm. Et vous auriez pas pu éviter qu’il fonde ?
- Je ne suis pas une mère pondeuse. C’est pas mon travail. Bon, vous êtes prêt ?
- Euh.. à ?
- Repartir vers le lac, idiot ! Mais qu’ont-ils fait aux cerveaux de la jeune génération… j’espère que mon apprenti ne sera pas aussi con que vous.
- Attendez ! »

Esmerine s’arrêta à l’orée du bois, observant Agon d’un regard froid.

« Les arbres… »

Il allait passer pour un taré.

« — Quoi ? Ils ont essayé de vous manger ?
- Eh b —
- Et puis quoi encore ?! Ce sont des arbres ! Arrêtez de faire le débile et suivez-moi. Trop vieille pour ces conneries je vous le dis… »

———

Il n’y avait rien eu sur leur chemin d’alarmant. Absolument rien. Agon s’était posé au bord de l’eau pour profiter d’un peu de calme. Esmerine, Olaf, et un collègue de Lut’ s’étaient joints à eux, et l’agent de la Shinra les faisait — à l’exception de la vieille mage — grimper sur le promontoire de roche afin qu’ils puissent se jeter dans le lac.

Le jeune homme réfléchissait. Son amie avait bien essayé d’insister un peu pour qu’il les accompagnât, mais elle avait finalement abandonné. Il « viendrait pour un autre round » avait-il dit pour s’esquiver.

Il regretta son choix quand Esmerine Mons vint s’asseoir à côté de lui.
« — Vous allez faire un truc débile, laissa-t-elle échapper.
- Sauter de ce machin ? Votre apprenti le fait. Ca devrait aller.
- Je parle pas de ça.
- De quoi alors ?
- Je ne sais pas.
- Eh bien merci…
- Mais je le sens.
- Précis tout ça.
- Je sais qu’on est pas spécialement proches vous et moi, mais je sais reconnaître un petit jeune sur le point de faire une belle connerie quand j’en vois un.
- Merci… — Elle l’agaçait.
- Vous en avez sûrement déjà fait un paquet. Mais là… je sens que ça va partir loin.
- Et pourquoi ? — Véritablement.
- Parce que vous réfléchissez. Un petit couillon qui réfléchit ne peut vouloir dire que deux choses : soit il va quitter son état de petit couillon, soit c’est que ce à quoi il songe est tellement con que même ses vestiges de préservation s’excitent.
- Il y a de l’espoir peut-être donc… — Profondément.
- Dans votre cas je doute que ce soit la première option.
- Taisez-vous. — D’où elle lui sortait ça ?
- Vous voulez même faire taire vos aïeux.
- Arrêtez de vous cacher derrière votre âge pour tourmenter les gens. C’est pathétique. — Il en avait marre.
- Et votre discours à vous n’est pas bien vertueux. Vous voulez confesser vos tourments peut-être ? » — le petit sourire en coin qu’elle afficha eut tôt fait de finir de l’énerver. « Je ne suis pas d’humeur à jouer. »

Rapidement, il se releva, cherchant à s’écarter de la mégère. Esmerine ne tentait même pas de le retenir. Elle resta, de fait, étonnamment silencieuse. Agon s’attendait pourtant à une nouvelle pique. Un nouveau commentaire emmerdant.
Rien. Et il put aller trouver la paix près de la toile rosâtre sur laquelle Lutgard avait disposé quelques denrées plus tôt. Il était entouré, mais son esprit était ailleurs.

Le jeune homme réfléchissait. Il ne s’était même pas senti de prendre de ce chocolat pour lequel il avait bataillé. Même les yeux remplis d’étoiles de ses camarades tout juste revenus de leur virée aquatique, alors qu’ils y goutaient, ne le convainquirent pas. Sûrement n’avaient-ils pas assez mangé de chocolat dans leur vie.
Le jeune homme réfléchissait, oui. Et la suite de son après-midi n’allait pas lui être d’un grand secours.

Tandis qu’ils rangeaient tranquillement le bazar qu’ils avaient mit dans la journée, Ian était venu le trouver. Lui avait demandé s’ils pouvaient s’entretenir. Agon se sentit remonter une sueur froide lorsqu’il lui révéla le sujet qu’il voulait aborder. « M’sieur Agon… lui avait-il dit tête basse. Je… j’voudrais confesser à mon superviseur que c’était moi qu’était responsable de tout à Mornevie. J’veux pas devenir prêtre en ayant sur la conscience d’avoir menti sur ça. » Pensée louable, certes. Mais traduit pour Agon cela voulait aussi dire « je veux révéler que vous avez menti à votre hiérarchie, à un pair au moins » et il ne savait pas ce que cela pourrait impliquer. Si Ian allait vraiment au bout de son projet — et pouvait-il l’en prévenir ? — le superviseur en question devrait sûrement garder cette confession pour lui mais…
Agon se souvenait très bien qui était le superviseur du garçon. Et il n’avait aucun doute sur le fait que le fameux Colin McDiggs viendrait le confronter à ce propos. Surtout si Ian confiait lui en avoir parlé par avance. Cet homme, attaché à son saint Ordre, ferait de sa vie un enfer. « J’sais que… j’devais pas demeurer dans les ordres. J’vous serai éternellement reconnaissant d’m’avoir offert cet échappatoire. J’sais aussi que j’m’expose à beaucoup en révélant la vérité à mon superviseur. Mais… j’espère qu’vous comprenez. » Oui, Agon comprenait. Mais il comprenait aussi que cela avait des risques de se répercuter contre lui. « Je comprends, oui… » commença-t-il sobrement. « Est-ce que cela ne risque pas de t’empêcher de devenir prêtre, comme tu le souhaites ? » Jouer sur la corde sensible du garçon. Agon se sentait presque immonde. Avoir été… être ? — Avoir été une petite racaille ne voulait pas dire qu’il aimait tant manipuler autrui. Surtout lorsqu’à son humble avis, ils ne le méritaient pas. Mentir, un peu ? Pourquoi pas ? Là… c’était autre chose.

« Si. Mais c’est la seule chose à faire. L’mensonge est l’affaire du Nuage Noir. »

Et que pouvait-il, là, pris au dépourvu, répondre à cela ?

« J’suis… infiniment navré d’vous avoir mis dans cette situation. J’comprends bien plus maint’nant qu’j’ai étudié. Si j’voulais vous en parler c’est que — ! » Agon le coupa net. « Je sais. T’en fais pas va. »
« — J’veux pas que ça vous r’tombe dessus.
- Ne t’en fais pas.
- Mais… j’dois vous le d’mander.
- Je te dis de pas t’en faire.
- Pourquoi vous l’avez fait ? Vous m’deviez rien. Pourquoi vous vous êtes imposé ça ?
- Par compassion. » — Ou par lâcheté ? Le ton du prêtre s’était fait sec et tranchant. Ian avait eu un mouvement crispé. « Ne t’en fais pas » lui avait répété Agon. Peut-être l’avait-il dit pour lui-même.

« — Ne fais pas cette tête, reprit-il. Je… je comprends. Simplement…
- C’que vous voudrez.
- Attend encore quelques jours.
- Je… bien. »

Ian hocha la tête, silencieux. Le garçon avait comme le sentiment d’accorder un peu de répit à une personne qu’il respectait pourtant.
Avant même le crépuscule de sa formation. Avant même de devenir ce qu’il se sentait vouloir être…
L’aspirant se sentait presque immonde.

———


« Je suis contente que tu sois venu. »

Lutgard, plantée devant la station Shinra pour son service de nuit, se tourna vers Agon. Les autres l’attendaient à une dizaine de mètres de là, prêts à continuer leur chemin vers la Citadelle.

« Je sais que c’est pas facile pour toi. Enfin. Je t’ai gardé un peu de ça. Pense à y goûter quand tu seras plus d’humeur. C’est… vraiment exceptionnel. »

Elle lui tendit le bocal de verre dans lequel perlait encore un peu de chocolat durci. « Ce serait sympa qu’on se refasse une sortie comme ça. Alors… dis-moi quand tu serais prêt.
- C’était super oui. Je te tiens au courant.
- Ca marche ! »

Elle souriait. Encore. Toujours. Se retournait avec dynamisme pour revenir à un travail qui, il le savait, ne la passionnait pas tant que la mosaïque de personnes qu’elle voyait défiler à la station.
Quelque part il l’enviait. Une vie simple.

Lui… était vraiment dans la merde et il allait devoir se bouger le cul. Sa situation de base n’était pas facile, mais… entre les révélations de Ian et les élans de paranoïa que les derniers événements paraissaient lui insuffler…
Des arbres. Il avait cru que des arbres voulaient sa peau.

S’il ne voulait pas finir à l’asile, l’escroc n’avait plus quinze options.

———

« — Dites Maître…
- Oui Olaf ? »

Esmerine ouvrit la porte de leur demeure, laissant passer l’enfant.

« — Vous avez utilisé votre magie aujourd’hui non ? Je l’ai senti. Il y a eu un souci ?
- Non.
- Oh — il posa son petit sac au sol, près de la table sur laquelle ils prenaient leurs repas. Pourquoi alors ?
- Je t’en pose des questions ? Pourquoi tu n’as pas touché un mot à ton ami prêtre ? On était un peu là pour ça.
- Mhmpf. »

Ca y est. Il boudait.

Un temps.

Un autre.

Comme souvent, elle craquait.

« Je me suis juste amusée un peu. C’était le premier avril après tout… »

Cela faisait un temps qu'Esmerine n'avait pas chassé l'idiot dans la forêt, oui. La sorcière sourit en coin.
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BOOM ! Explosion. Notation. À ton tour, Agon. Prêtes ?! Bon, comme j’vais l’dire pour les trois-quarts des notations pour les événements, mon commentaire à des chances de ne pas être aussi important que d’habitude.

C’était génial ! Voilà, c’est fini pour mon avis.

Plus sérieusement. J’viens de clôturer ma lecture et j’avoue ne pas avoir spécialement de critique à faire à l’encontre de ton texte. Potentiellement le traditionnel : « Tu as beaucoup de PNJ ! », sauf qu’à un moment tu peux pas avoir une faune aussi imposante, tu ne peux plus être accusé de cela.

Si on vient lire du Agon, on doit se préparer à tes PNJs ! Enfin, il y a toujours ce p’tit rappel et il est bien aisé de reconnaître qui est qui. Si tes PNJs ont une grande qualité, c’est celle-ci.

Vraiment, en terme de natation et de mise en situation, j’étais dedans. Il y a ce point culminant dans lequel ton personnage se retrouve seul dans la forêt et qu’un rien le fait flipper. C’était à la fois captivant et tendue. Tu cherchais à produire un effet et ça marchait, néanmoins, il manquait un p’tit truc. Selon moi, hien ! Si j’dis ça, c’est dans l’optique de parler d’un truc qui augmente la qualité d’un cran. Bref, la scène c’est déroulé dans ma tête comme le moment où Blanche Neige s’enfonce dans la forêt.

Tu vois la scène dont je parle ? Quand elle s’effraie d’un rien, qu’une action conduit à une autre encore plus effrayante et ainsi de suite.

Ce qui se rapprochait le plus, c’est quand tu parlais de cette sensation qui grimpait le long de ton cou. Potentiellement, j’ai loupé un truc, mais j’aurais trouvé ça excellent que tes sens te trompent pour te faire imaginer d’autre chose. Du style, les branches sous forme de bras ou des bûches dans l’eau qui gigote comme des crocodiles. Ouep, j’viens littéralement de décrire la scène en exemple.

C’est peut-être ce moment qui, selon moi, pourrait être plus « puissant » dans ton récit. Pour la simple et bonne raison que le reste est très bon. Les interactions entre ton personnage avec les autres ? L’épisode de la recherche ? Description des lieux ? Les pensées d’Agon et son ressentie direct ? Tout ça, c’est parfait et c’est ce que j’aime voir chez toi. Ce genre de p’tit moment où l’on devient ultra-compatissant et que l’on passe ensuite à des scènes bonnes à crier sur Agon.

Donc, voilà, j’ai vraiment bien apprécié cet exploit un peu « récapitulatif » et intéressant comme point de vue « hors-contexte » du forum. Ceci veut dire que j’ai fini mon commentaire !Tu gagnes enfin une superbe compétence, à toi le lapin blanc avec un noeud rose ! Ainsi qu'un trophée.


Facile : 13 points d'expérience + 100 munnies + 2 PS ! Un PS en Vitesse et le second en Défense.

Lapin de Pâques : Actif. L’utilisateur est dorénavant capable d’invoquer un petit lapin blanc tout mignon ! Avec un ruban rose autour du cou. Cependant, il n’est pas albinos et ne sert strictement à rien. Il se contente de vous suivre et va disparaître dans un coin en cas de danger. D’ailleurs, vous ne pouvez même pas tenter de le manger, il va s’enfuir s’il se rend compte d’un danger.
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