-Comment ça tu ne sais plus où il est !!!
-J’étais persuadé que je l’avais laissé ici…
-Henry ! C’est pas d’un livre ou d’un morceau de pain dont on parle.
-Je sais ! Mais figure toi que sur l’instant, j’étais un peu préoccupé. Je devais te porter alors que j’étais moi-même blessé et trouver de l’aide dans un monde inconnu de toute urgence !
-D’accord mais…
-Et ça fait un mois que je n’y suis pas retourné ! Entre notre convalescence, notre vie au jour le jour, le fait qu’on soit des fugitifs…
-D’accord d’accord ! J’ai compris !
Septimus soupira et réajusta son sac. L’avantage d’un bras mort, c’est qu’il ne ressentait pas la douleur. L’inconvénient, c’était que son sac pouvait tomber sans qu’il s’en aperçoive. Et alors adieu les provisions. Bien qu’ils soient recherchés depuis plus d’un mois, cette vie était toute nouvelle à leurs yeux. Et il n’appréciait guère cela. Cependant quelle était l’alternative ? Se rendre et, au mieux, finir en prison jusqu’à la fin de leurs jours ? Il en était hors de question.
-J’espère que tu t’es restauré, ça pourrait prendre un jour ou deux si on est malchanceux.
-Ou à tout jamais si quelqu’un l’a volé entre-temps…
-Oh tais-toi et avance.
Le duo avança en silence dans l’épaisse forêt. Ils marchaient depuis l’aube dans cette épaisse forêt qui ne laissait filtrer aucun rayon de soleil. La pénombre étant omniprésente, la nuit pourrait tomber sans que ça ne change grand-chose pour eux. Où le chasseur avait-il posé le vaisseau ? C’était la question sans réponse qui leur faisait face.
-Si on se rationne bien, on doit pouvoir tenir cinq jours non ?
-C’est pas le problème. Si on ne trouve pas d’eau, on devra faire demi-tour.
-Et tu saurais faire demi-tour ?
Le jeune homme ne reçut pas de réponse. Si même les instincts du colosse s’était émoussé… Quelle mort ridicule ça leur ferait ! Le diable en rouge succomberait à une hilarité foudroyante s’il l’apprenait. Et à raison.
-Tu penses que ça fait combien de temps qu’on marche ?
-Vu que tu n’arrêtes pas de te plaindre, je dirai que c’est le milieu d’après-midi.
-Tu peux être aimable quand même, murmura-t-il dans sa barbe.
Ils continuèrent à marcher, et marcher encore. Puis, le son mélodieux d’un ruisseau qui s’écoule les poussa à accélérer la cadence. Se pourrait-il qu’ils ne meurent pas ici finalement ? Après s’être écroulé deux fois à cause de racines sortant du sol, l’invalide afficha un grand sourire devant le liquide transparent. Sans attendre, il se déchaussa et trempa ses pieds douloureux dans l’eau fraîche. Que du bonheur ! Son compagnon l’imita avec plus de retenu.
-Je pense qu’on est sur le bon chemin. Si ma mémoire est bonne, j’avais entendu un bruit similaire lors de notre arrivée.
-Tant mieux. Ces chaussures sont agréables mais ce n’est pas fait pour une randonnée.
-Tu aurais pu garder ton ancienne tenue.
-Et risquer de me faire choper en deux secondes ?
-Mouais.
Ils se turent et profitèrent du moment pour récupérer de leur longue marche. Le plus petit ferma les yeux, et rêva d’un bon lit qui l’attendrait à la fin de la journée. Malheureusement, seul le siège de son vaisseau lui servirait de confort. S’ils le retrouvaient avant la nuit bien entendu. Il ouvrit brusquement les yeux lorsqu’il entendit un bruissement de feuilles. Il vit une petite grenouille sortir d’un buisson avant de plonger dans l’eau.
-Aucun soucis à l’horizon pour elle.
-Ou pas. C’est la nature après tout.
-J’imagine ouais.
-Dis Septi… Tu te souviens de notre première convalescence au Jardin ?
-Comment l’oublier, grogna-t-il en regardant son bras.
-J’aurai sûrement du te le dire à ce moment-là mais… Il y a quelques années, j’ai fouillé dans les affaires de Dee.
-Attends… Je parle à un fantôme ? Demanda-t-il dans un grand sourire.
-C’est pas passé loin. Bref, j’ai lu son journal.
-Attends ! Il avait un journal ? Comme les gamines de huit ans ?
-Tu peux me laisser parler ? Merci. Donc je l’ai lu. Et… j’ai découvert ce qui était arrivé à tes parents.
Henry s’agitait, mal à l’aise. Lui regardait fixement en face de lui. Voulait-il vraiment savoir ce qui s’était passé ? Pourquoi Dee l’avait élevé ? Pourquoi ils avaient tant fui durant son enfance ? Le fugitif reporta son regard sur son ami. Non. Il ne pouvait rien changer au passé, et n’avait aucun intérêt à savoir.
-Ils ne m’ont pas élevé. Ils ne sont pas là. Je me fiche de qui ils étaient.
-T’es sûr ? Même si ça pourrait expliquer… certaines choses ?
-Comment ça ?
-Je m’avance peut-être en disant ça mais… Hum… Comment te dire ça ? Tu connais la fable sur la grenouille et le scorpion ?
-J’en connais quelques unes mais pas celle-ci.
-Un scorpion veut traverser une rivière. Il demande de l’aide à une grenouille qui accepte puisqu’il ne risque pas de la tuer durant la traversée. Sauf qu’il le fait. Juste avant de sombrer, l’amphibien demande pourquoi. Et l’arachnide réponde que c’est dans sa nature.
-Donc… c’est dans ma nature d’être… ce que je suis ? Mauvais ?
-Et bien… peut-être ?
Septimus regarda le courant qui s’écoulait paisiblement. Il repensa à tout ce qui lui était arrivé, à tout ce qu’il avait fait ces dernières années. Ses pertes de contrôle, ses meurtres, ses colères. Était-ce vraiment dans sa nature d’appartenir aux ténèbres ? D’être un monstre ? Il se souvint de l’éducation dure mais bonne que lui avait donné son mentor, de l’après-midi passé au Domaine Enchanté avec ses amis, du soutien dont avait fait preuve William.
-Si c’est le cas… Ca me va. Je pourrais sombrer entièrement dans les ténèbres, il y aura toujours une lumière pour me guider. Allez, reprenons la route. On a un vaisseau à trouver.
-J’étais persuadé que je l’avais laissé ici…
-Henry ! C’est pas d’un livre ou d’un morceau de pain dont on parle.
-Je sais ! Mais figure toi que sur l’instant, j’étais un peu préoccupé. Je devais te porter alors que j’étais moi-même blessé et trouver de l’aide dans un monde inconnu de toute urgence !
-D’accord mais…
-Et ça fait un mois que je n’y suis pas retourné ! Entre notre convalescence, notre vie au jour le jour, le fait qu’on soit des fugitifs…
-D’accord d’accord ! J’ai compris !
Septimus soupira et réajusta son sac. L’avantage d’un bras mort, c’est qu’il ne ressentait pas la douleur. L’inconvénient, c’était que son sac pouvait tomber sans qu’il s’en aperçoive. Et alors adieu les provisions. Bien qu’ils soient recherchés depuis plus d’un mois, cette vie était toute nouvelle à leurs yeux. Et il n’appréciait guère cela. Cependant quelle était l’alternative ? Se rendre et, au mieux, finir en prison jusqu’à la fin de leurs jours ? Il en était hors de question.
-J’espère que tu t’es restauré, ça pourrait prendre un jour ou deux si on est malchanceux.
-Ou à tout jamais si quelqu’un l’a volé entre-temps…
-Oh tais-toi et avance.
Le duo avança en silence dans l’épaisse forêt. Ils marchaient depuis l’aube dans cette épaisse forêt qui ne laissait filtrer aucun rayon de soleil. La pénombre étant omniprésente, la nuit pourrait tomber sans que ça ne change grand-chose pour eux. Où le chasseur avait-il posé le vaisseau ? C’était la question sans réponse qui leur faisait face.
-Si on se rationne bien, on doit pouvoir tenir cinq jours non ?
-C’est pas le problème. Si on ne trouve pas d’eau, on devra faire demi-tour.
-Et tu saurais faire demi-tour ?
Le jeune homme ne reçut pas de réponse. Si même les instincts du colosse s’était émoussé… Quelle mort ridicule ça leur ferait ! Le diable en rouge succomberait à une hilarité foudroyante s’il l’apprenait. Et à raison.
-Tu penses que ça fait combien de temps qu’on marche ?
-Vu que tu n’arrêtes pas de te plaindre, je dirai que c’est le milieu d’après-midi.
-Tu peux être aimable quand même, murmura-t-il dans sa barbe.
Ils continuèrent à marcher, et marcher encore. Puis, le son mélodieux d’un ruisseau qui s’écoule les poussa à accélérer la cadence. Se pourrait-il qu’ils ne meurent pas ici finalement ? Après s’être écroulé deux fois à cause de racines sortant du sol, l’invalide afficha un grand sourire devant le liquide transparent. Sans attendre, il se déchaussa et trempa ses pieds douloureux dans l’eau fraîche. Que du bonheur ! Son compagnon l’imita avec plus de retenu.
-Je pense qu’on est sur le bon chemin. Si ma mémoire est bonne, j’avais entendu un bruit similaire lors de notre arrivée.
-Tant mieux. Ces chaussures sont agréables mais ce n’est pas fait pour une randonnée.
-Tu aurais pu garder ton ancienne tenue.
-Et risquer de me faire choper en deux secondes ?
-Mouais.
Ils se turent et profitèrent du moment pour récupérer de leur longue marche. Le plus petit ferma les yeux, et rêva d’un bon lit qui l’attendrait à la fin de la journée. Malheureusement, seul le siège de son vaisseau lui servirait de confort. S’ils le retrouvaient avant la nuit bien entendu. Il ouvrit brusquement les yeux lorsqu’il entendit un bruissement de feuilles. Il vit une petite grenouille sortir d’un buisson avant de plonger dans l’eau.
-Aucun soucis à l’horizon pour elle.
-Ou pas. C’est la nature après tout.
-J’imagine ouais.
-Dis Septi… Tu te souviens de notre première convalescence au Jardin ?
-Comment l’oublier, grogna-t-il en regardant son bras.
-J’aurai sûrement du te le dire à ce moment-là mais… Il y a quelques années, j’ai fouillé dans les affaires de Dee.
-Attends… Je parle à un fantôme ? Demanda-t-il dans un grand sourire.
-C’est pas passé loin. Bref, j’ai lu son journal.
-Attends ! Il avait un journal ? Comme les gamines de huit ans ?
-Tu peux me laisser parler ? Merci. Donc je l’ai lu. Et… j’ai découvert ce qui était arrivé à tes parents.
Henry s’agitait, mal à l’aise. Lui regardait fixement en face de lui. Voulait-il vraiment savoir ce qui s’était passé ? Pourquoi Dee l’avait élevé ? Pourquoi ils avaient tant fui durant son enfance ? Le fugitif reporta son regard sur son ami. Non. Il ne pouvait rien changer au passé, et n’avait aucun intérêt à savoir.
-Ils ne m’ont pas élevé. Ils ne sont pas là. Je me fiche de qui ils étaient.
-T’es sûr ? Même si ça pourrait expliquer… certaines choses ?
-Comment ça ?
-Je m’avance peut-être en disant ça mais… Hum… Comment te dire ça ? Tu connais la fable sur la grenouille et le scorpion ?
-J’en connais quelques unes mais pas celle-ci.
-Un scorpion veut traverser une rivière. Il demande de l’aide à une grenouille qui accepte puisqu’il ne risque pas de la tuer durant la traversée. Sauf qu’il le fait. Juste avant de sombrer, l’amphibien demande pourquoi. Et l’arachnide réponde que c’est dans sa nature.
-Donc… c’est dans ma nature d’être… ce que je suis ? Mauvais ?
-Et bien… peut-être ?
Septimus regarda le courant qui s’écoulait paisiblement. Il repensa à tout ce qui lui était arrivé, à tout ce qu’il avait fait ces dernières années. Ses pertes de contrôle, ses meurtres, ses colères. Était-ce vraiment dans sa nature d’appartenir aux ténèbres ? D’être un monstre ? Il se souvint de l’éducation dure mais bonne que lui avait donné son mentor, de l’après-midi passé au Domaine Enchanté avec ses amis, du soutien dont avait fait preuve William.
-Si c’est le cas… Ca me va. Je pourrais sombrer entièrement dans les ténèbres, il y aura toujours une lumière pour me guider. Allez, reprenons la route. On a un vaisseau à trouver.
Dernière édition par Maître Septimus le Mer 4 Avr 2018 - 17:31, édité 2 fois