« Je te le répète Cookie, je ne fais que passer désolée.
- Allez Didi, fait don’ pô t’pimbèch’ c’pour qu’la soirée. T’sais qu’j’t’débauch’rais pô pour ri’n si c’n’est qu’on va êt’ plus coincé qu’un mineur au fond d’c’son trou. Si c’t’dilligence ‘tait r’v’nus d’Deadwood, j’les aurais eu mes pair’ d’cannes en sus, mais qu’là j’ai qu’toi sous l’pogne !
- J’n’ai même pas pris ma tenue !
- t’tourne pô l’rate pour ça t’sais qu’j’en ai gardé d’mes vieilleries d’côté va. En serrant bien t’rentr’ra ‘cor d’dans !
La meneuse de salle ne comptait pas lâcher Lenore sans avoir son approbation. Ce soir était une grosse soirée pour le saloon et une paire de bras pour le service et de jambes pour le spectacle était plus que bienvenu. D’autant plus une personne connaissant déjà un tant soit peu l’endroit et les habitués.
- … S’il te plait. Karlson lui demandait un service avec ses simples trois mots. Une chose rare pour cet homme réservé et droit.
Lenore grimaçait, le tavernier faisait ainsi déjà un effort imperceptible. Un effort qu’elle ne pouvait pas dignement lui refuser après tout ce qu’il avait fait pour elle. Sa simple demande polie la mettait inconsciemment au pied du mur. Et le pire ! C’était qu’il ne lui en voudrait pas de refuser quelle qu’en soit la raison, sanas même pas de justification ! Ce que ces gens inaltérablement droit et honnête pouvaient être agaçants pour la mercenaire…
- D’accord … lâcha-t-elle à contre coeur. Mais demain à la première heure, je suis partie !
- Yiha ! S’exclamait d’un coup une Cookie ravie.
Karlson lui, se contenta d’un hochement de crâne chauve presque imperceptible, sans même un sourire pour faire frissonner son épaisse moustache.
- D’habitude, la Saint-Patrick, je la passe du côté des fêtards…. Soupira la rousse avec un léger sourire en coin. Elle appréciait malgré tout l’ambiance familiale du saloon malgré le temps qu’elle avait passé loin de celui-ci. Comme elle s’y attendait, ils n’avaient posé aucune question et elle n’avait souhaité donner aucune explication non plus, profitant de ce fait.
Et effectivement, ils avaient bien besoin de personnel supplémentaire en cette soirée. Le saloon au bois poli par les années et l’air sec ambiant, était bondé jusqu’à la porte à double battant de cowboy joyeux, voyageurs électrisé par l’ambiance, maire et administrés ambitieux fêtant l’avancée des travaux du rail. A croire que toute la région s’était réunie dans cette pièce, indiens et vaches non compris.
Le pianiste se martyrisait les doigts sur les touches au rythme des chants connus repris en cœur par les clients, chope remplis de bière mousseuse en main, bras par-dessus, par-dessous avec leurs voisins sans forcément les connaitre. Heureusement que Karlson avait reçu sa livraison exceptionnelle contrairement à Cookie.
La moitié supérieure de la pièce était rempli d’une fumée poisseuse, à peine plus haut que les chapeaux et couvre-chefs que personne n’avait retiré. Dans ce monde, il n’y avait qu’à l’église et au pieu que l’on ôtait son stetson… Et encore…
Karlson enchainait les chopes glissant sur le comptoir à une vitesse et une dextérité hallucinante, la sueur faisant briller son front. Le rythme effréné des consommations et la chaleur provoquée par la présence d’autant de personne dans une même salle, mettait tout le personnel à cran. Cookie prenait les commandes, imposait son rythme et calmait les mains baladeuses d’un bon coup de bottines au cul, sans aucune gêne. On lui pardonnait presque tout vu son âge et sa façon de parler.
Dans leurs tenue de spectacle, une robe en velours épais vert à froufrou, chignon bouclé et mèches faussement négligées dans le cou, Didi, alias Lenore, et Jiji s’activaient au service, pendant que Sue Helen faisait le plein d’énergie liquide plus qu’elle ne fournissait les chopes, profitant du débordement pour ne pas être limitée par le tenancier. Pour l’occasion la scène avait été retiré pour caller quelques tables de plus. La mercenaire regrettait de plus en plus sa faiblesse devant les suppliques du barman. Et pourtant l’allégresse de l’ambiance suffocante la gagnait et elle souriait naturellement d’une oreille jusqu’à l’autre.
Un sifflement aigue parvint à surpasser le bruit ambiant. Cookie faisait de grands gestes pour appeler ses trois danseuses. La foule déjà bien imbibée et excitée fût prise d’un frisson d’excitation sensible, parcourue par les éclats de voix à la fois encourageant et appelant au silence. Les clients s’amassaient près du comptoir. C’était l’heure.
L’heure du spectacle.
Les trois danseuses grimpèrent sur le comptoir, surplombant la foule. Martelant celui –ci de leurs bottes. Marquant la cadence reprise par les applaudissements du public. Une danse entrainante, en ligne sur la faible largeur du bar. Le piano réussissait à peine à couvrir le bruit alors que le comptoir tremblait sous les chocs répétés des pas de danse parfaitement synchronisés. Cookie faisait monter le rythme régulièrement par un cri excité. Lenore se laissait emportée par l’ambiance grisante et joyeuse, sautillant de façon légère et les pupilles dilatées par l’excitation, jouant à presque piétiné les mains audacieuses qui se risquaient près d’elle avec un clin d’œil taquin vers le fou provocateur.
Un cri à l’autre bout du comptoir parvint à ses oreilles, presque étouffés par la ferveur des clients. Jiji chutait, attrapée par une paire de bras solide, un client trop impatient, qu’elle n’arrivait pas à repousser. Quelques pas vifs sans perdre la cadence et Lenore vint à sa rescousse, lui prenant le bras pour la ramener sur le comptoir. Mais la brute ne lâchait pas, les yeux pétillants d’alcool et le sourire prédateur. Du moins jusqu’au coup de bottines dans la mâchoire.
Jiji enfin libérée fut réceptionnée par les bras bienveillants de Cookie. La plupart des clients n’avait pas encore pris conscience de la tournure des évènements et continuait de chanter, boire et applaudir en rythme. Lenore elle, était trop grisée pour s’arrêter là. Elle riait en redescendant du comptoir devant la brute. Un garçon vacher à la peau buriné et à la barbe courte noire, habillé de noir.
Il avait l’air de s’être fait beau pour la soirée, pensant surement terminé au bras de Jiji depuis le début. Lui par contre grimaçait, retenant sa colère. Il tenta de nouveau de s’approcher de la danseuse effrayée mais Lenore lui attrapa le bras et s’en servit pour l’attirer violemment contre le bord du bar. S’en était trop pour lui.
Il se retourna en chargeant son poing mais Lenore d’un pas vif se glissa pour frapper de toutes ses forces sous son aisselle, un sourire radieux aux lèvres. Il ramena son bras contre son corps, la regardant avec des yeux écarquillés. Lentement le bruit de la salle s’étouffait alors que tous désormais regardait l’étrange affrontement.
L’honneur du cowboy était déjà dans la balance, le poussant à tenter d’agripper la mercenaire.
Lenore pivota de côté, attrapant son bras pour le plier dans son dos puis donna un coup de botte derrière son genou pour le forcer à poser genou à terre. Elle marchait sur sa jambe touchant le sol pour l’empêcher de se redresser alors qu’il râlait de douleur. De sa main libre, elle saisit à sa jarretière sa lame noire pour la passer sous sa gorge.
La rousse gloussa à sentir le corps de l’homme se tendre, par peur d’être égorgé. Sa lame émoussée ne risquait pas de le blesser mais à son contact, il pouvait sentir ses forces le quitter progressivement. Lenore penchée à son oreille s’amusait follement.
« C’est amusant de prendre ce qui n’est pas à toi ? Petit impatient. Gloussa-t-elle. Tu as raison, après tout pourquoi lui demander son avis… Je suis sûre qu’elle a beaucoup apprécié le geste... pas toi ? Regarde-la. Elle le força à tourner le visage vers la danseuse terrorisée avant de chuchoter plus bas rien que pour lui. Quoi… On dirait que tu as peur ? »
La tension dans le corps de l’homme s’estompait au fur et à mesure que ses forces diminuaient, une sensation qui ne faisait qu’attiser l’amusement et l’excitation de Lenore et elle lâcha un rire léger.
Le silence pesant commença à l’inquiéter, pourquoi personne ne s’amusait plus ? Ils étaient là tous à la regarder avec des yeux écarquillés, la bouche ouverte.
« Qu’est –ce que vous avez tous à me regarder comme ça !! » Hurla-t-elle.
Le regard de Lenore passait de l’un à l’autre sans comprendre avant de finir sur les sourcils froncés d’inquiétude de Karlson, cherchant ses mots et prenant soin de ne pas faire de gestes brusques.
« Didi … Tu ne comptes pas faire ça. » Ce n’était même pas une question, mais pas non plus un ordre. Son ton était contrôlé mais rassurant. De quoi s’inquiétait-il ?
La rousse eut un tressaillement de paupière au moment de se rendre compte qu’il l’approchait pour la raisonner, voir la désarmer, alors que le corps de la brute se faisait lentement flasque, inconscient. Elle le lâcha d’un coup et il s’effondra au sol. Lenore paniqua. Ce n’était... pas elle. Elle s’était laissée emportée et tout le monde en avait été témoin. Elle recula, tremblante, serrant Murasama contre elle. Il ne devait pas lui prendre.
« Ça va… Il n’a rien… » Balbutia-t-elle faiblement. Une boule amère montait dans sa gorge. La honte, l’échec, l’incompréhension. Le regard de Karlson lui pesait trop lourd sur la conscience. Elle se retourna et s’enfuit par l’arrière. Elle avait besoin d’air, de courir, d’être seule. Elle n’entendit pas le soupir du tavernier ni la reprise de la musique pour relancer l’ambiance alors qu’elle regagnait rapidement l’emplacement de son vaisseau.
Sam 17 Mar 2018 - 20:07- Allez Didi, fait don’ pô t’pimbèch’ c’pour qu’la soirée. T’sais qu’j’t’débauch’rais pô pour ri’n si c’n’est qu’on va êt’ plus coincé qu’un mineur au fond d’c’son trou. Si c’t’dilligence ‘tait r’v’nus d’Deadwood, j’les aurais eu mes pair’ d’cannes en sus, mais qu’là j’ai qu’toi sous l’pogne !
- J’n’ai même pas pris ma tenue !
- t’tourne pô l’rate pour ça t’sais qu’j’en ai gardé d’mes vieilleries d’côté va. En serrant bien t’rentr’ra ‘cor d’dans !
La meneuse de salle ne comptait pas lâcher Lenore sans avoir son approbation. Ce soir était une grosse soirée pour le saloon et une paire de bras pour le service et de jambes pour le spectacle était plus que bienvenu. D’autant plus une personne connaissant déjà un tant soit peu l’endroit et les habitués.
- … S’il te plait. Karlson lui demandait un service avec ses simples trois mots. Une chose rare pour cet homme réservé et droit.
Lenore grimaçait, le tavernier faisait ainsi déjà un effort imperceptible. Un effort qu’elle ne pouvait pas dignement lui refuser après tout ce qu’il avait fait pour elle. Sa simple demande polie la mettait inconsciemment au pied du mur. Et le pire ! C’était qu’il ne lui en voudrait pas de refuser quelle qu’en soit la raison, sanas même pas de justification ! Ce que ces gens inaltérablement droit et honnête pouvaient être agaçants pour la mercenaire…
- D’accord … lâcha-t-elle à contre coeur. Mais demain à la première heure, je suis partie !
- Yiha ! S’exclamait d’un coup une Cookie ravie.
Karlson lui, se contenta d’un hochement de crâne chauve presque imperceptible, sans même un sourire pour faire frissonner son épaisse moustache.
- D’habitude, la Saint-Patrick, je la passe du côté des fêtards…. Soupira la rousse avec un léger sourire en coin. Elle appréciait malgré tout l’ambiance familiale du saloon malgré le temps qu’elle avait passé loin de celui-ci. Comme elle s’y attendait, ils n’avaient posé aucune question et elle n’avait souhaité donner aucune explication non plus, profitant de ce fait.
Et effectivement, ils avaient bien besoin de personnel supplémentaire en cette soirée. Le saloon au bois poli par les années et l’air sec ambiant, était bondé jusqu’à la porte à double battant de cowboy joyeux, voyageurs électrisé par l’ambiance, maire et administrés ambitieux fêtant l’avancée des travaux du rail. A croire que toute la région s’était réunie dans cette pièce, indiens et vaches non compris.
Le pianiste se martyrisait les doigts sur les touches au rythme des chants connus repris en cœur par les clients, chope remplis de bière mousseuse en main, bras par-dessus, par-dessous avec leurs voisins sans forcément les connaitre. Heureusement que Karlson avait reçu sa livraison exceptionnelle contrairement à Cookie.
La moitié supérieure de la pièce était rempli d’une fumée poisseuse, à peine plus haut que les chapeaux et couvre-chefs que personne n’avait retiré. Dans ce monde, il n’y avait qu’à l’église et au pieu que l’on ôtait son stetson… Et encore…
Karlson enchainait les chopes glissant sur le comptoir à une vitesse et une dextérité hallucinante, la sueur faisant briller son front. Le rythme effréné des consommations et la chaleur provoquée par la présence d’autant de personne dans une même salle, mettait tout le personnel à cran. Cookie prenait les commandes, imposait son rythme et calmait les mains baladeuses d’un bon coup de bottines au cul, sans aucune gêne. On lui pardonnait presque tout vu son âge et sa façon de parler.
Dans leurs tenue de spectacle, une robe en velours épais vert à froufrou, chignon bouclé et mèches faussement négligées dans le cou, Didi, alias Lenore, et Jiji s’activaient au service, pendant que Sue Helen faisait le plein d’énergie liquide plus qu’elle ne fournissait les chopes, profitant du débordement pour ne pas être limitée par le tenancier. Pour l’occasion la scène avait été retiré pour caller quelques tables de plus. La mercenaire regrettait de plus en plus sa faiblesse devant les suppliques du barman. Et pourtant l’allégresse de l’ambiance suffocante la gagnait et elle souriait naturellement d’une oreille jusqu’à l’autre.
Un sifflement aigue parvint à surpasser le bruit ambiant. Cookie faisait de grands gestes pour appeler ses trois danseuses. La foule déjà bien imbibée et excitée fût prise d’un frisson d’excitation sensible, parcourue par les éclats de voix à la fois encourageant et appelant au silence. Les clients s’amassaient près du comptoir. C’était l’heure.
L’heure du spectacle.
Les trois danseuses grimpèrent sur le comptoir, surplombant la foule. Martelant celui –ci de leurs bottes. Marquant la cadence reprise par les applaudissements du public. Une danse entrainante, en ligne sur la faible largeur du bar. Le piano réussissait à peine à couvrir le bruit alors que le comptoir tremblait sous les chocs répétés des pas de danse parfaitement synchronisés. Cookie faisait monter le rythme régulièrement par un cri excité. Lenore se laissait emportée par l’ambiance grisante et joyeuse, sautillant de façon légère et les pupilles dilatées par l’excitation, jouant à presque piétiné les mains audacieuses qui se risquaient près d’elle avec un clin d’œil taquin vers le fou provocateur.
Un cri à l’autre bout du comptoir parvint à ses oreilles, presque étouffés par la ferveur des clients. Jiji chutait, attrapée par une paire de bras solide, un client trop impatient, qu’elle n’arrivait pas à repousser. Quelques pas vifs sans perdre la cadence et Lenore vint à sa rescousse, lui prenant le bras pour la ramener sur le comptoir. Mais la brute ne lâchait pas, les yeux pétillants d’alcool et le sourire prédateur. Du moins jusqu’au coup de bottines dans la mâchoire.
Jiji enfin libérée fut réceptionnée par les bras bienveillants de Cookie. La plupart des clients n’avait pas encore pris conscience de la tournure des évènements et continuait de chanter, boire et applaudir en rythme. Lenore elle, était trop grisée pour s’arrêter là. Elle riait en redescendant du comptoir devant la brute. Un garçon vacher à la peau buriné et à la barbe courte noire, habillé de noir.
Il avait l’air de s’être fait beau pour la soirée, pensant surement terminé au bras de Jiji depuis le début. Lui par contre grimaçait, retenant sa colère. Il tenta de nouveau de s’approcher de la danseuse effrayée mais Lenore lui attrapa le bras et s’en servit pour l’attirer violemment contre le bord du bar. S’en était trop pour lui.
Il se retourna en chargeant son poing mais Lenore d’un pas vif se glissa pour frapper de toutes ses forces sous son aisselle, un sourire radieux aux lèvres. Il ramena son bras contre son corps, la regardant avec des yeux écarquillés. Lentement le bruit de la salle s’étouffait alors que tous désormais regardait l’étrange affrontement.
L’honneur du cowboy était déjà dans la balance, le poussant à tenter d’agripper la mercenaire.
Lenore pivota de côté, attrapant son bras pour le plier dans son dos puis donna un coup de botte derrière son genou pour le forcer à poser genou à terre. Elle marchait sur sa jambe touchant le sol pour l’empêcher de se redresser alors qu’il râlait de douleur. De sa main libre, elle saisit à sa jarretière sa lame noire pour la passer sous sa gorge.
La rousse gloussa à sentir le corps de l’homme se tendre, par peur d’être égorgé. Sa lame émoussée ne risquait pas de le blesser mais à son contact, il pouvait sentir ses forces le quitter progressivement. Lenore penchée à son oreille s’amusait follement.
« C’est amusant de prendre ce qui n’est pas à toi ? Petit impatient. Gloussa-t-elle. Tu as raison, après tout pourquoi lui demander son avis… Je suis sûre qu’elle a beaucoup apprécié le geste... pas toi ? Regarde-la. Elle le força à tourner le visage vers la danseuse terrorisée avant de chuchoter plus bas rien que pour lui. Quoi… On dirait que tu as peur ? »
La tension dans le corps de l’homme s’estompait au fur et à mesure que ses forces diminuaient, une sensation qui ne faisait qu’attiser l’amusement et l’excitation de Lenore et elle lâcha un rire léger.
Le silence pesant commença à l’inquiéter, pourquoi personne ne s’amusait plus ? Ils étaient là tous à la regarder avec des yeux écarquillés, la bouche ouverte.
« Qu’est –ce que vous avez tous à me regarder comme ça !! » Hurla-t-elle.
Le regard de Lenore passait de l’un à l’autre sans comprendre avant de finir sur les sourcils froncés d’inquiétude de Karlson, cherchant ses mots et prenant soin de ne pas faire de gestes brusques.
« Didi … Tu ne comptes pas faire ça. » Ce n’était même pas une question, mais pas non plus un ordre. Son ton était contrôlé mais rassurant. De quoi s’inquiétait-il ?
La rousse eut un tressaillement de paupière au moment de se rendre compte qu’il l’approchait pour la raisonner, voir la désarmer, alors que le corps de la brute se faisait lentement flasque, inconscient. Elle le lâcha d’un coup et il s’effondra au sol. Lenore paniqua. Ce n’était... pas elle. Elle s’était laissée emportée et tout le monde en avait été témoin. Elle recula, tremblante, serrant Murasama contre elle. Il ne devait pas lui prendre.
« Ça va… Il n’a rien… » Balbutia-t-elle faiblement. Une boule amère montait dans sa gorge. La honte, l’échec, l’incompréhension. Le regard de Karlson lui pesait trop lourd sur la conscience. Elle se retourna et s’enfuit par l’arrière. Elle avait besoin d’air, de courir, d’être seule. Elle n’entendit pas le soupir du tavernier ni la reprise de la musique pour relancer l’ambiance alors qu’elle regagnait rapidement l’emplacement de son vaisseau.