Dans la yourte de mon père Szp8Dans la yourte de mon père 4kdkDans la yourte de mon père 4kdk
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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Ils ont tous vieilli. Ses traits au coin des yeux, cette voute dans leur dos à chaque pas… Ces figures déjà adultes qu’elle avait connu à peine sorti de l’enfance ; Ces adolescents dont les visages n’avait rien de familier...


Naran se tenait assise dans la yourte familiale. C’était dans cette même yourte qu’elle était née, trente ans auparavant. Et c’était aussi dans cette même yourte qu’elle avait réclamé son indépendance, une quinzaine d’années plus tard. Et, finalement, c’était ici que sa famille avait choisi de l’accueillir à son retour, avec une cérémonie rituelle habituellement réservées aux étrangers -ou aux invités de marque.
Si elle s’était laissée guidée, Naran s’était assise à la manière des guerriers, et non celle des femmes. Cela avait fait sourire son père, et grincer des dents sa belle-mère. Après s’être inclinée devant le feu familial, le regard baissé comme le voulait la coutume, voilà qu’elle levait les yeux sur sa famille, pour la première fois depuis plus d’une décennie.

Et ce qu’elle voyait l’avait presque terrassée. Naïvement, elle n’avait pas imaginé à quel point les choses auraient pu changer. Son père avait toujours été un modèle de prestance, imposant et fort : Le voilà ridé, voûté, vieux. Oh, il était, à n’en pas douter, encore un guerrier redoutable… Mais le grand Ganbaatar avait presque soixante ans désormais. S’il siégeait encore comme maître de clan, c’était tout au plus par respect pour sa personne et son expérience, et non pas par son renom au combat.

Le prochain en liste… Les yeux de Naran scannèrent les dizaines de visages qui parsemaient la yourte, retrouvant finalement le visage strict de Ghansökh. L’héritier de son père… Naran ne l’enviait pas une seconde. Mener un clan n’était pas une mince affaire, surtout, dans le cas de Ghansökh, quand on n’avait pas le charisme naturel d’un meneur d’homme. Au moins le jeune homme était doué pour les armes…
D’autre prétendants se dessinaient dans les ombres de la tente : Des lieutenants, des frères et cousins, légitimes ou non. La succession sera serrée… et Naran espérait être loin de son clan quand ce jour viendra.


« Bienvenue chez toi, ma fille. » Son père lui souriait. Une pointe d’humour pétillant dans son œil encore valide. Il faut dire que Naran n’était pas, strictement, chez elle. Si Ganbataar pouvait toujours la reconnaître comme fille, la mercenaire avait renoncé à ses droits sur le clan. D’ailleurs, Uranchimeg, l’épouse de son père, n’avait pas manqué l’allusion, et les foudroyait tout deux du regard.

« Merci. » (Bon, Naran n’avait pas exactement dit « merci », mais les subtilités du mongole formel sont difficile à traduire, donc autant s’en tenir là.)
« Comment- »


« A tu fais bon voyage ? » La voix sèche de sa belle-mère coupa court à l’échange. Une forme de reproche planait sur la question, et Naran réalisa que sa monture avait dû en étonner plus d’un.
« Plutôt, enfin, autant que soit possible sur un cheval Han. Une longue histoire, ça, je vous l’expliquerai au repas. »
« Ah-h, Bien. »

« Et donc, je disais, comment va le clan ? » Du regard, Naran cherchait sa mère, ses jeunes frères, et tant d’autre dont elle avait gardé le souvenir. Son père intercepta ce regard inquisiteur, et fit non de la tête, un sourire triste aux lèvres.
« Le clan se porte bien. » Le ton du patriarche était grave. Son visage assombrit fini toutefois par s’adoucir : « Les cérémonies de la Lune Blanche commencent dans quelques jours. Tu resteras bien quelques temps ? »

⁎⁎⁎

C’était bien sa chance. Naran regarda ses bottes, qui s‘enfonçaient avec un craquement agréable dans le demi mètre de poudreuse. Arriver juste à temps pour les fêtes de fin d’années. Si elle avait su, elle aurait retardé son retour…
Il allait falloir chercher des cadeaux pour chaque membre de la famille… Et pas n’importe quels cadeaux, non, de vraies offrandes aptes à satisfaire les Esprits. Pour ça, des heures de chasses en perspective, et même peut être un ou deux raids sur des voisins affaibli…
Le regard de la mongole se perdit dans le paysage enneigé.

Elle avait pu parler en privé avec son père. Son plus jeune frère et sa demi sœur était mort un an après son départ, d’une toux sèche qui avait décimé les enfants du clan. Sa mère, elle, avait rendu l’âme il y a six ans, alors que Naran était encore en captivité. Sarangerel avait vécu quarante-six ans… une belle vie pour une concubine de chef de clan.
Narantuyaa continua de fixer les steppes, alors que le vent glacial se déversait sur son visage.


« Nara ? »
La mongole se retourna et ouvrit les yeux. Ces cils s’étaient couverts de flocon, entourant son champ de vision d’un blanc humide. Devant elle, le jeune homme qui venait de l’interpeller la fixait, perplexe. Il avait dans les mains la bride d’une superbe jument grise, et son habit d’hiver couvert de flocon indiquait qu’il revenait d’une sacrée chevauchée.
Face au silence interloqué de la Mercenaire, le jeune Mongol fini par reprendre. « C’est moi, Batu. Tu… Tu me reconnait pas ?? »

Batu. Naran posa ses mains gantées sur le visage de son interlocuteur, palpant son nez, ses joue… Ca ne pouvait pas être Batu, pas si … adulte ! Et pourtant, l’évidence était là, dans ses pommettes presque carrées qui rappelaient tant ceux de leur père, dans la courbure délicate de ses yeux qu’il avait hérité de leur mère, dans son regard mi surpris mi amusé… Naran fini par étreindre le jeune homme avec toute la force dont elle était capable.
« Ommf, Nara, pense à mes côtes !! »
« J’te croyais mort ! »
« Eh, t’exagère, c’est pas moi qui suis parti pendant dix ans ?! »

Son père n’avait pas cru bon de lui préciser qu’au moins l’un de ses frères avait survécu. Et pas seulement survécu ! En le pressant de question, Naran appris que le petit Batu, de deux ans son puiné, s’était trouvé une femme, une yourte, et un talent pour l’élevage.
Le voilà adulte, établi. Il avait même une place au conseil, et pas seulement au pied de leur père.

Naran tentait de chasser de son esprit toutes les mauvaises nouvelles qu’elle avait pu entendre, réclamant pour les remplacer toute les histoires que son frère et sa femme pouvait lui raconter. Cette dernière ne se fit pas prier pour décrire la cour désastreuse que lui avait mené Batu, et la rixe qui s’était déclarée lors de leur mariages. Revanchard, Batu expliqua comment il avait dû défaire trois des frères de sa belle, à la course ou aux poings, pour gagner le droit de ne serait-ce que l’approcher.

Au fil de la discussion, Naran se découvrit tante de cinq morveux à peine sevrés, qui jouait dans la yourte sous l’œil permissif de leur père. Elle observa aussi, avec une grimace, que ses maladroites broderies prévues pour sa dot avaient été réutilisée en langes pour les fauteurs de trouble.

Plus tard, alors que la nuit tombait hors de la yourte, on lui conta que sa mère était morte de tuberculose, après trois mois alité. La nouvelle fut amortie par une demie bouteille d’Arkhii, et fini de l’achever. Naran s’effondra au sol, éreintée par son voyage, et s’endormi comme une masse.

⁎⁎⁎

« Eh bien, t’a perdu ton assise ? »
Batu la regardait, étonné. Naran le fusilla du regard, ses mains fermement accrochées à la crinière d’un jeune étalon. L’animal était magnifique, une robe noire et lustrée laissant deviner une musculature tout aussi puissante que son caractère. Après avoir failli être éjectée de sa selle par l’une de ses ruades surprises, Naran pestait à présent contre cet entêté qui ne voulait pas garder une allure constante.
« Tu l’a dressé ce cheval ou tu l’as juste abreuvé de lait fermenté ? »
« Quelle mauvaise foi ! Admet juste que t’a perdu le doigté »
« Doigté mon cul, c’te bête est bonne pour les chiens ! »
« Avec une robe pareille, il sera offert au Khan. »
« Parce que tu veux sa mort à lui aussi ?? »

Les deux cavaliers filaient à travers la steppe enneigée. Mis à part leur badinage et l’amble léger de leurs montures, le paysage demeurait silencieux, presque immobile. La neige avait fini de tomber, laissant une épaisse chape blanche amortir les sons et réfléchir la lumière d’un soleil d’hiver.

Dès son réveil, Naran avait insisté pour partir en chasse. Il lui fallait une activité, de quoi occuper ses mains et son esprit : Une traque s’y prêterai plutôt bien. Le temps de seller deux chevaux, de préparer de quoi grignoter, et elle et Batu s’élançaient hors du campement.
Après une caracolade initiale, Batu lui avait indiqué une piste à peine discernable à travers les douces collines. Sans hésiter, Naran l’avait suivi, calquant l’allure de son cheval difficile sur le rythme discret de la monture de son frère.


Dans la neige, les traces étaient aisées à repérer. Ici, un lapin sorti trop tôt de son terrier ; Là, un renard blanc pensant se glisser entre les rares arbres de la steppe ; Quelques oiseaux affaibli par le gel…
En quelques flèches, Naran et Batu remplissaient leur gibecière. Pendu à leurs selles, la chair flasque de leur proie tressaillait à chaque enjambée.

Une fois satisfaits de leurs prises, les deux chasseurs lâchèrent la bride de leurs montures. Les deux chevaux, habitués, commencèrent à déneiger quelques brins d’herbes, tandis que leurs cavaliers se partageaient des morceaux de viande séchée.
« Quelles sont les nouvelles ? » Naran finit par briser le silence, incapable d’avaler plus de quelques bouchées.
Tout en mâchonnant, Batu commença à répondre. « Tu as vu le clan. Depuis la dernière épidémie, ça va. Du gibier, les bêtes vont bien, on n’a pas à se plaindre… » Le jeune homme mordit dans son morceau de renne. « … Mais des choses se trament. On a des… des rumeurs de la cour. » Batu dégluti, puis repris une bouchée. « Une sorcière qui aurait plus d’influence que de raison. Et les chinois qui ne sont pas en reste, et se défendent de plus en plus… » Le jeune homme cracha un morceau d’os, et mordit à nouveau dans sa viande. « Qui sait ce qui se passe par là-bas. Les tributs n’augmentent pas, donc les clans ne s’en concernent pas trop. »

« Père est… » Batu sourit. « Fidèle à lui-même. Tu l’as vu, il ne lâche pas le morceau même à son âge. Je pense que c’est justement ces histoires de politique qui le forcent à rester. Il connait du monde auprès du Khan, et a plus de jugeotte quand il s’agit de ça que Ghansökh… »
« Ghansökh va prendre la succession ? »
« Sauf opposition… Ouais. » Batu détaillait son morceau de viande, pensif. « Il a été formé par ça depuis sa naissance. Père n’a pas été aussi permissif avec lui qu’avec… Il n’a jamais eu le choix. »
A nouveau, le visage du jeune homme s’illumina d’un sourire rassurant. « Mais le clan est prospère, et les lieutenants sont loyaux à notre Père. Sauf catastrophe, Ghansökh s’en sortira. »

Les chevaux s’ébrouaient maintenant, marchant au pas à la recherche d’une quelconque verdure. Naran se laissait balancer par leur marche régulière, son corps oscillant naturellement au gré de leurs mouvement. Elle n’avait pas 2ans la première fois où on l’avait placé sur un cheval ; Encore aujourd’hui, le simple fait d’être en contact avec les bêtes avait quelque chose de rassurant.
Perdue dans ses pensées, elle n’entendit presque pas la question de son compagnon.

« Et toi ? » Batu la regardait, détendu sur son cheval malgré l’inquiétude qui pointait dans sa voix. « Où est-ce que tu es allé te fourrer pendant les… quoi, quinze dernières années ? »
Naran rit. Son rire n’était pas aussi joyeux qu’elle l’aurait espéré, mais il était néanmoins honnête.
« Je suis allé loin. Très loin. Crois-moi, y’ a des choses à voir, bien plus que les villes frontalières chinoises ou le désert gelé du grand Nord. Si t’avais pas ta femme et tes gosses, je t’aurai emmené voir tout ça… Mais bon, j’imagine que tu devras me croire sur parole. »
« Pourquoi t’es revenu alors, si c’était si… »
Baissant les yeux, la Mercenaire considéra la question. « J’ai été signalée comme otage, je voulais m’assurer que vous ne pairez rien. Et puis… La route est longue, les amis sont rares. J’imagine que j’avais envie de vous revoir. »
« Même Uranchimeg ? »
« Nah. La vielle peau peut crever. »



La flèche ne siffla presque pas : Elle fila droit, pour se planter profondément en travers de la gorge de l’animal. Le renne gémit, ses bois tremblant frénétiquement pendant quelques secondes avant de s’effondrer au sol.
« Joli~ » siffla Batu, appréciateur. Naran lui répondit d’un rictus amusé.
Une fois descendu de cheval, elle examina la bête. En quelques mouvements nets, le jeune renne était achevé, et Naran commença à le dépecer.

« …Batu ? » Son couteau de chasse en main, Naran perçait la panse de la bête pour en évider les boyaux. L’odeur jusqu’ici pure de l’air gelé se fit musqué, puis écœurante.
« Quoi ? » Le jeune homme était resté à cheval. Les bras croisés sur le pommeau de sa selle, il la regardait faire avec intérêt.
« J’ai vu des choses… Etrange. Dans mes voyages. »
« Comment ça ? »

« … Oh. Tu sais… » Naran gratta l’intérieur de l’animal du bout de son couteau, évidant les tripes sur la neige qui fondit en une boue brune malodorante. « Est-ce que tu as déjà entendu parler de magie ? Autre que dans les contes pour enfants, j’entends. » Avec soin, la Mercenaire récupéra quelques morceaux de choix parmi les intestins fumants.
« Pff, tu t’es fait avoir par des charlatans ? Je m’attendais pas à ça de ta part ! »
D’un coup de lame, Naran sépara la peau de sa chair, et arracha le cuir de l’animal dans un bruit gras, presque spongieux. « Arrête de te faire des idées et répond moi. »

Pensif, le jeune homme passa sa main sur sa courte barbe. « Y’a bien notre shaman, il a guéri la toux de ma fille l’an passé. Mais, même lui l’admettait, il influence, mais ne contrôle pas l’action des Esprits. »
Poursuivant son œuvre, Naran découpa le renne selon un schéma gravé dans son esprit par l’habitude. Les tendons et cartilages cédaient rapidement sous son couteau, écartelant la chair de l’animal mise à vif.
« Sinon… La sorcière de la cour du Khan aurait de véritable pouvoir… Du moins c’est ce qui se dit... »
Cisaillant la viande, Naran finit par détacher une jambe à demie écorchée de la carcasse. « Tu as de quoi porter un cuissot ? »
« Ouais, balance ici. » Batu attrapa le morceau au vol, pour l’attacher sur sa selle. « Tiens, y’a aussi un shaman ermite qui traine pas trop loin d’ici. Pas d’histoire de miracle, mais apparemment il a survécu à l’hivers dernier, tout seul. »
« Prometteur, en effet… » ricana Naran.

« Tu trouveras rien de plus par ici en tout cas. Mais tu peux toujours essayer d’en apprendre plus à la foire des Trois Tournois. Tous les ragots y passent, t’aura bien une piste. »
Passée aux épaules, Naran lacérait plusieurs lambeaux avant de détacher une deuxième patte de l’animal, et l’accrocher à son paquetage. « C’est quand cette année ? »
« Dans une demie lune. J’y vais avec ma femme, on a deux juments dans la course. »
Un deuxième cuissot à la main, Naran s’approcha de la monture de son frère. Une fois la viande attachée, elle lui fit une claque amicale sur l’épaule. « Bonne chance, dans ce cas. »
Batu se recula, l’écartant elle et son vœu malheureux. « Peuh, dit pas ça, tu vas nous porter la poisse ! »
« Et c’est moi qui suis superstitieuse ? » Naran revint vers le renne, pour lui ôter ses bois. Elle frappa le crane mis à nu de l’animal pour briser les cartilages qui les retenaient, puis empocha les panaches.
« Fait la prière au lieu de tergiverser, c’est toi qui l’a tiré. »
Naran examina la carcasse, récupérant çà et là quelques lambeaux de viandes. « J’suis même pas sûr de me souvenir des mots… »

S’agenouillant auprès de l’animal, la Mercenaire ferma les yeux. Entre deux bouffées de vent, elle murmura quelques phrases dans un langage presque oublié, réservé aux prières.
Toute son enfance, ce rituel n’avait été pour elle qu’une formalité. Sa mère n'avait jamais accordé grand intérêt aux rites, et elle et Batu avaient hérité de son scepticisme. Toutefois, alors qu’elle ouvrait les yeux, Naran cru percevoir quelque chose- peut être un murmure dans le vent glacé, ou une ombre sur les montagnes…

Quelle part de ces coutumes incarnaient une véritable magie (puisque, apparemment, elle existait), plus qu’une simple superstition ? Naran passait en revue tous les rites qu’on lui avait appris, toutes les légendes qu’elle avait pu entendre. Les Mongols avaient pour habitude de voir des Esprits dans chaque être qui les côtoyaient, des rennes qu’ils tuaient aux ruisseaux et montagnes.
Particulièrement sacré étaient les Esprits des feux de chaque foyer, et… Les Esprits des morts. Naran pensa à sa mère, et vacilla. Est-ce que sa mère s’était incarné en un esprit ancestral, comme les shamans l’avaient toujours déclaré ? Est-ce qu’il y avait un moyen de sentir son étreinte une dernière fois ?

La jeune femme scruta la neige, l’animal écorché devant elle, les Montagnes qui dominaient la plaine… Rien ne répondait à ses interrogations, si ce n’est un vent froid et implacable et le doux bruissement de la glace qui se durcit.
La steppe n’avait pas de réponse, et Batu commençait à s’impatienter.

Naran reprit pied, et se releva. Elle laisserait la carcasse et les tripes aux charognards, puisqu’elle n’avait pas de quoi tout emporter. Enfourchant son cheval, la Mercenaire repris son chemin.
Son frère la rattrapa rapidement, et ne la questionna pas.

⁎⁎⁎

Les yourtes étaient sans dessus dessous. Tous les tapis, tentures, couvertures et coussins avaient été amené dehors pour être vigoureusement lavés, séchés et dépoussiérés. Les réserves de lait et de fromage étaient rangées et préparées pour les prochains repas, tandis que les poteaux des tentes, mis à nu, étaient inspectés et entretenus. Même les selles et brides des chevaux étaient astiqués jusqu’à refléter le ciel bleu pur.
Le remue-ménage avait alerté les enfants, qui criaient et riaient au milieu de la pagaille depuis l’aube tardive. Au travail, toute la maisonnée chantait, des mélodies légères aux longues légendes traditionnelles. Aujourd’hui, c’était Bituun, la dernière veillée avant la nouvelle année : Tout devait être nettoyé, les dettes remboursées, les marchés complétés, pour pouvoir rencontrer la nouvelle année le cœur léger.

Sur deux fourneaux temporaires, les morceaux du renne chassé par Naran doraient à la lumière des braises. N’ayant pas de yourte à nettoyer, la Mercenaire entretenait le feu.
Morose, elle regardait les flammes lécher la viande sans prendre la peine de retourner les morceaux. Elle n’aurait pas dû s’attarder ici. Tout, dans la vie quotidienne du clan, lui rappelait sa mère et la vie qu’elle avait quitté.
Dans la steppe, au moins, Naran ne faisait que soupçonner sa voix dans le vent. Mais ici, au milieu des préparations effrénée, des rires et rixes qui ponctuait la vie de clan, son absence était une note discordante. Un silence, un vide qui la prenait à la gorge.

« Arr ? »
L’un des marmots de Batu s’était éloigné du troupeau. Il marchait maladroitement, semblant toujours sur le point de s’écraser face contre terre. Quelques années tout au plus, emmitouflé sous une couche de laines et de fourrures. Il agitait ses bras devant lui, ses yeux verts rayonnant à la vue des flammes ouvertes.
Naran le fixait, tendue à l’idée qu’il ne s’approche trop du feu. Elle ouvrit la bouche… C’était quoi son nom déjà ? « Gamin ! Par ici. » Son ton était sans appel, et l’enfant obéit. Naran eut un sourire. Les mongols savent éduquer leurs gosses. Pas comme ces mioches chinois pourri gâtés…


L’enfant s’était assis à côté d’elle. Une distance polie les séparait, même s’il la fixait avec une ardeur insistante. Naran remua la viande de son couteau, observant la réaction émerveillée du marmot aux éclaboussures de graisse et au frétillement des flammes. Il était bien trop jeune pour savoir parler : Tout juste assez grand pour monter à cheval. Ses joues rosies et ronde rayonnaient de bonne santé.
Ses vêtements. Les broderies colorées s’arc boutaient en motif géométrique sur sa chemise, créant occasionnellement des formes d’aigle, de renne ou de loup. Naran s’agenouilla auprès du garçon, ses mains venant trouver le tissu délicatement orné, le col de fourrure, le bonnet…
Naran ne pouvait en douter. Elle avait porté ces vêtements, et son frère après elle. C’était l’œuvre de sa mère. Le choix des couleurs, les bordures rondes et rougeoyantes, l’usure aux coudes et aux genoux… Un peu brutalement peut être, Naran se saisi de la chemise, l’ôtant pour en inspecter les détails.

Ses doigts filaient le long de l’étoffe, retrouvant en touchant les motifs les mouvements gracieux de sa mère. Sa gorge se nouait, tandis que l’enfant qu’elle avait spolié la regardait ébahi. Le toucher de cette chemise d’enfant la ramenait des années auparavant ; Du temps où elle était encore une fillette, sans un souci en tête si ce n’est de ridiculiser son demi-frère ou de chaparder des fruits séchés.

Le temps était plus simple à l’époque. Obnubilée par les danses et les chants de sa mère, Les jalousies et manigances politiques n’étaient que de vague menaces. Ses peurs étaient intangibles : Démons et sorcière, dont Sarangerel la rassurait d’un rire rauque et chaleureux ; Le froncement de sourcil de son père à l’écoute de mauvaises nouvelles, qui la faisait se recroqueviller dans ses bras couverts de bijou dorés ; Le mauvais caractère d’une jument difficile, qu’elle était forcée de combattre quand sa mère la glissait devant elle sur la selle, et lui confiait les reines un sourire confiant aux lèvres…


« Arrête. »
La voix de Batu sonnait… Anormale. Vieillie. Triste. Naran leva les yeux de la broderie, surprise dans sa rêverie. Elle avisa alors un marmot en larme, qui tirait tant bien que mal sur la veste dont elle l’avait privé ; Son frère Batu, qui la regardait les yeux plein de pitié ; les autres enfants qui l’espionnaient depuis la tente ; Une multitude d’yeux inquisiteurs, de souffle éteint, de curiosité muette… Et le bruit assourdissant du silence.

Lâchant l’étoffe, Naran se releva. Son visage était sec, hostile, figé dans une expression indéfinissable. Une fois debout, elle partit sans un mot en direction des étables.

Elle ne revint au campement qu’à la nuit tombée. Rendant sa monture au troupeau, Naran passa en silence à travers les yourtes, rejoignant celle de son père. Elle entra sans fracas, laissant la lueur des dizaines de bougies scintiller sur ses cheveux noirs, sa peau tannée par le soleil, ses yeux clos et rougis.
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Bien. Avant de commencer la notation, j’aimerais juste dire un truc par rapport au contenu du mp accompagnant cet exploit.

Tu dis dedans que, ce sont huit pages de trucs mongoles et que tu n’aurais pas dû « perdre » de temps ou aborder le sujet. Alors, pardonne-moi, sauf que j’suis pas du tout d’accord avec toi. Quand nous avons fait le partage de pouvoir à l’instant où Vesper et moi-même devenions admin principal, nous avons départager le travail de cette façon. D’ailleurs, j’ai demandé à avoir les exploits des non-errants pour une très simple raison.

Ce sont les rpistes qui décident de faire un exploit, de conter une histoire. Et rien que pour cela ? Le texte vaut la peine. Car tu n’es pas avec un sujet de mission, c’est toi qui à l’envie de faire une chose et / ou de parler de celle-ci. Tout cela pour dire, si tu m’avais fait cinquante pages parlant de la hiérarchie mongole et de la façon dont il tricote avec des poils de culs de vache, j’aurais été preneur. Simplement parce que tu avais envie de parler de ça, et ce genre de chose, ça se remarque à la lecture.

Donc, pour dire, c’est clairement pas la peine de s’excuser d’me faire des exploits comme ça, parce que ce sont généralement les choses les plus intéressantes à lire. Ici, cela reste un forum où nous partageons certaines choses. Alors, en apprendre plus sur l’empire mongole que tu traites est aussi intéressant que de voir le rp d’un consul (au hasard, Ulthane) qui explique l’art qu’il a choisi.

Ce sont des textes intéressants, autant pour le fond que la motivation. Donc, c’est loin d’être le truc le plus dérangeant de l’univers. Enfin, la mousse au chocolat est quand même plus cool.

Donc, maintenant que j’ai fini mon laïus, il est temps de parler de la mission.

En soit, j’ai pas de critique à faire. Outre des trucs sur le fond, sauf que je n’y connais rien. Et pour le lieu ? Eh bien, il s’agit aussi d’un truc lié à ton personnage et je ne vais pas te l’enlever. Pour ce qui est de la forme, aussi, c’est calqué sur la méthode de nouvelle et j’ai rien à dire contre ça.

Ouep, j’ai bien aimé le rp ! En vrai, c’est super intéressant à lire. Contrairement à ce que je m’attendais, les noms que tu donnes sont simples à retenir et je ne me suis pas perdu dans mon récit. Par ailleurs, j’vais avouer ma faute, je n’ai pas lu ta fiche et j’vais être content d’avoir tout compris sans l’avoir lu ! En vrai, j’trouve que c’est important parce que j’peux comprendre tout ce qu’il se passe et j’ai même pas fait la tête.

Donc, c’est compris, mon commentaire va être court. Seulement, j’trouve ce rp bourrer de bonne intention.

Le retour, et ce à quoi ressemblent l’accueil, le fait que la vie soit aussi dur, les responsabilités de Naran même après s’être exilé, la chasse de l’élan et la dépouille du corps et finalement. Le moment de réalisation sur ta nièce.

Ouais, vraiment, j’ai trouvé ça assez bon et j’ai rien à rajouter. En soit, mon avis est assez vague, mais je garde vraiment un bon souvenir de cette lecture.


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