Il se fout de moi. Je lui ramène le meilleur des herboristes et il se fout de moi. Il voulait quoi, que je forme un de ces mômes complètement débiles au cerveau ramolli dans un domaine où je n’excelle pas encore ? Quand j’aurais mis au point ce poison contre la fertilité, il sera le premier à le tester !
Je calme mes fulminations en marchant jusqu’à la serre. Nepeta est déjà les mains dans la terre en train de chouchouter les nouvelles arrivées. Je m’approche et toussote pour lui signaler ma présence. Il est en train de leur parler. C’est un comportement un peu étrange mais il ne voit pas grand monde dans la serre et il ne doit pas s’en rendre compte, il est tête en l’air. Je sais que je ne parle pas comme ça à mes fioles. Encore heureux. Je ne veux pas avoir l’air d’un benêt.
« Que peuvent m’apporter tes nouvelles plantes ? »
Il sursaute et manque de déterrer sa fleur en se crispant.
« Mr Regale ! »
Je le laisse reprendre ses esprits et se repasser ma question en tête. Je n’aime pas me répéter.
« Euh… Les plantes d’Halloween sont surtout connues pour leurs poisons. J’en ai quelques unes qui pourraient aussi soigner mais elles n’agissent que sur des cas particuliers. Par exemple… »
Il se retourne et regarde ses protégées, faisant quelques pas et m’en désigne une en caressant délicatement une feuille.
« Nous avons un très joli spécimen de Belladone. Les effets doivent être amplifiés par rapport à celle que l’on trouve dans nos contrées habituellement. Les fruits sont plus gros »
« Oui…elle peut faire un très bon premier produit à travailler. Je veux des feuilles et les fruits. »
Je vois son regard s’attrister un peu. Il aime tellement ses plantes qu’en couper un bout lui fend le cœur. Tant qu’elles poussent et qu’il me fournit, ses états d’âmes ne me font ni chaud ni froid. Un bout, ça n’a jamais tué personne… enfin, ça dépend toujours de ce qu’on prélève.
Il finit par hocher la tête et palper délicatement la Belladone pour choisir les feuilles à prélever.
« J’ai besoin d’une plante à effet particulier. Une plante contraceptive. »
Il se redresse d’un bon, les joues un peu rougies, butant sur mon dernier mot. Il est vraiment affligeant parfois. Il parcourt néanmoins la serre du regard et murmurant tout bas. Il s’approche d’une plante et la déterre, coupant ses racines avant de me les tendre.
« Vous devriez pouvoir extraire ce qu’il vous faut de ces racines. Elles ont souvent été mâchées pour provoquer des fausses couches. Vous pouvez surement…faire quelque chose de plus rapide. »
« Très bien. Continue les prélèvements de ce qui est utilisable actuellement et apporte les à mon laboratoire. Si tes plantes prouvent leur efficacité, cela assoira ta position de… Maitre Horticole. Tu pourras avoir de nouvelles plantes…je suppose. »
Son regard s’illumine. Je sais que c’est une bonne motivation. Et j’ai besoin qu’il le soit pour que les plantes soient dans leur meilleur état. Pour clouer le bec de Death. Je ne peux retenir un sourire en coin à cette pensée et me retourne auprès de mes instruments, armés des prélèvements pour commencer à travailler.
Je prends une profonde inspiration en pénétrant dans mon laboratoire. Il est temps de se mettre au travail. Je pose mes nouveaux cobayes sur une paillasse, pars chercher mon carnet et commence à noter les idées pour extraire les principes actifs puis les tester.
Infusion, concentration des effluves, macération, extraction du jus des racines et des feuilles. Je me retrouve avec différents produits aux différentes textures. Je note avec minutie les aspects, les odeurs, les couleurs, gardant un échantillon que je scelle de chaque préparation. J’aime ce travail précis, ces étapes d’apprentissage. Mais ce que je préfère, c’est passer aux tests. Il me faudra encore être patient.
D’après mes lectures sur le sujet, j’ai deux molécules en lignes de mires. Je dois identifier les produits que j’ai extraits des plantes et chercher à les synthétiser. Un travail fort long et fastidieux. Des litres d’éluants organiques, des colonnes de séparation, un voyage chez un bon ami pour identifier de manière plus précise ce qui me semble intéressant et j’ai enfin le nom de mes extraits. Des schémas de molécules. Avec les orientations possibles, les substrats à ajouter… Cela devrait être possible. Aucune idée du rendement à espérer. Les produits sont assez purs et secs… Cela devrait aller.
Il reste encore beaucoup de bibliographie à faire. Il est inutile de refaire tout le travail quand une partie à déjà été rédigée. Cette demande me fait déjà perdre suffisamment de temps. J’espère qu’il n’en avait pas besoin urgemment. Un petit pourrait être né avant que je n’ai terminé…
Je secoue la tête avec vigueur. Hors de question. Un Death est suffisant. Pas besoin de rajouter un chiard en couche culotte. Alors cette contraception sera prête ! Peut-être pas aussi vite qu’il ne l’aurait voulu, mais elle le sera !
Je détermine mes protocoles de synthèse et réalise les montages. Bien vite, les ballons chauffent, la vapeur s’élève et les tubes réfrigérants font leur office. Des gouttes arrivent dans le second ballon et je pars pour une nouvelle étape d’identification. Il me faut encore travailler les étapes de la synthèse pendant une longue semaine pour enfin parvenir à obtenir un produit impur mais qui présente la bonne molécule. De l’acétate d’ulipristal. Parfait.
Je peaufine la purification, vidant la serre d’un bon nombre d’exemplaire de la plante d’Halloween sous le regard chagriné de Nepeta, pour obtenir quelques grammes de produit. Je peux passer aux tests. J’ai justement une jolie petite ribambelle de rate qui ne demande qu’à ne plus être mère. Il faut d’abord tester sur les rates enceintes. C’est assez visible et simple de les faire ingérer les produits. La plupart ne survivent pas. Les deux encore vivantes perdent les embryons, leurs poils et beaucoup d’énergie. Une dilution s’impose mais c’est encourageant. On ne peut pas passer son temps à échouer.
Une nouvelle semaine est nécessaire pour trouver un dosage satisfaisant. Je pense qu’il va falloir quelques temps à cette bâtisse pour retrouver sa population de rongeur normale. J’espère qu’ils se souviendront de ne pas venir rôder trop prêt de mes fioles.
Je pousse un profond soupir, terminant d’écrire la dernière formulation. Suivant un gabarit de femme assez moyenne, j’ai produit une pilule de petite taille, facile à glisser dans de la nourriture ou même à faire avaler aisément pendant un baiser. Son efficacité est assez rapide…si elle fonctionne. Je n’ai pu monter mes statistiques qu’à 92% sur les rates. D’après mes calculs, sur les humaines, cela devrait tourner aux alentours de 79%. Je ne pourrais vérifier cela qu’en menant une étude sur une plus longue période.
Je vais en envoyer à certains amis médecins. Ils seront ravis de me donner un coup de main et étaieront mes recherches gracieusement. Je rédige une note assez sommaire pour qu’ils puissent trouver le bon moment pour la donner. Cette note servira aussi de notice à Death.
Il ne faut pas le prendre trop tôt, moins de 24h avant la conception, ni la donner trop tard. Passé 5 jours après le rapport fécond, la pilule est inefficace. Il ne faut pas l’utiliser trop fréquemment avec la même femme, les rates ont connu des décès prématurés en case d’overdose.
Je signe mon papier et termine d’emballer les petits cachets dans un papier, partant déposer le tout chez Death. Une pensée me traverse l’esprit alors que je me dirige vers son bureau. S’il les veut pour son usage personnel c’est qu’il…
Je calme mes fulminations en marchant jusqu’à la serre. Nepeta est déjà les mains dans la terre en train de chouchouter les nouvelles arrivées. Je m’approche et toussote pour lui signaler ma présence. Il est en train de leur parler. C’est un comportement un peu étrange mais il ne voit pas grand monde dans la serre et il ne doit pas s’en rendre compte, il est tête en l’air. Je sais que je ne parle pas comme ça à mes fioles. Encore heureux. Je ne veux pas avoir l’air d’un benêt.
« Que peuvent m’apporter tes nouvelles plantes ? »
Il sursaute et manque de déterrer sa fleur en se crispant.
« Mr Regale ! »
Je le laisse reprendre ses esprits et se repasser ma question en tête. Je n’aime pas me répéter.
« Euh… Les plantes d’Halloween sont surtout connues pour leurs poisons. J’en ai quelques unes qui pourraient aussi soigner mais elles n’agissent que sur des cas particuliers. Par exemple… »
Il se retourne et regarde ses protégées, faisant quelques pas et m’en désigne une en caressant délicatement une feuille.
« Nous avons un très joli spécimen de Belladone. Les effets doivent être amplifiés par rapport à celle que l’on trouve dans nos contrées habituellement. Les fruits sont plus gros »
« Oui…elle peut faire un très bon premier produit à travailler. Je veux des feuilles et les fruits. »
Je vois son regard s’attrister un peu. Il aime tellement ses plantes qu’en couper un bout lui fend le cœur. Tant qu’elles poussent et qu’il me fournit, ses états d’âmes ne me font ni chaud ni froid. Un bout, ça n’a jamais tué personne… enfin, ça dépend toujours de ce qu’on prélève.
Il finit par hocher la tête et palper délicatement la Belladone pour choisir les feuilles à prélever.
« J’ai besoin d’une plante à effet particulier. Une plante contraceptive. »
Il se redresse d’un bon, les joues un peu rougies, butant sur mon dernier mot. Il est vraiment affligeant parfois. Il parcourt néanmoins la serre du regard et murmurant tout bas. Il s’approche d’une plante et la déterre, coupant ses racines avant de me les tendre.
« Vous devriez pouvoir extraire ce qu’il vous faut de ces racines. Elles ont souvent été mâchées pour provoquer des fausses couches. Vous pouvez surement…faire quelque chose de plus rapide. »
« Très bien. Continue les prélèvements de ce qui est utilisable actuellement et apporte les à mon laboratoire. Si tes plantes prouvent leur efficacité, cela assoira ta position de… Maitre Horticole. Tu pourras avoir de nouvelles plantes…je suppose. »
Son regard s’illumine. Je sais que c’est une bonne motivation. Et j’ai besoin qu’il le soit pour que les plantes soient dans leur meilleur état. Pour clouer le bec de Death. Je ne peux retenir un sourire en coin à cette pensée et me retourne auprès de mes instruments, armés des prélèvements pour commencer à travailler.
Je prends une profonde inspiration en pénétrant dans mon laboratoire. Il est temps de se mettre au travail. Je pose mes nouveaux cobayes sur une paillasse, pars chercher mon carnet et commence à noter les idées pour extraire les principes actifs puis les tester.
Infusion, concentration des effluves, macération, extraction du jus des racines et des feuilles. Je me retrouve avec différents produits aux différentes textures. Je note avec minutie les aspects, les odeurs, les couleurs, gardant un échantillon que je scelle de chaque préparation. J’aime ce travail précis, ces étapes d’apprentissage. Mais ce que je préfère, c’est passer aux tests. Il me faudra encore être patient.
D’après mes lectures sur le sujet, j’ai deux molécules en lignes de mires. Je dois identifier les produits que j’ai extraits des plantes et chercher à les synthétiser. Un travail fort long et fastidieux. Des litres d’éluants organiques, des colonnes de séparation, un voyage chez un bon ami pour identifier de manière plus précise ce qui me semble intéressant et j’ai enfin le nom de mes extraits. Des schémas de molécules. Avec les orientations possibles, les substrats à ajouter… Cela devrait être possible. Aucune idée du rendement à espérer. Les produits sont assez purs et secs… Cela devrait aller.
Il reste encore beaucoup de bibliographie à faire. Il est inutile de refaire tout le travail quand une partie à déjà été rédigée. Cette demande me fait déjà perdre suffisamment de temps. J’espère qu’il n’en avait pas besoin urgemment. Un petit pourrait être né avant que je n’ai terminé…
Je secoue la tête avec vigueur. Hors de question. Un Death est suffisant. Pas besoin de rajouter un chiard en couche culotte. Alors cette contraception sera prête ! Peut-être pas aussi vite qu’il ne l’aurait voulu, mais elle le sera !
Je détermine mes protocoles de synthèse et réalise les montages. Bien vite, les ballons chauffent, la vapeur s’élève et les tubes réfrigérants font leur office. Des gouttes arrivent dans le second ballon et je pars pour une nouvelle étape d’identification. Il me faut encore travailler les étapes de la synthèse pendant une longue semaine pour enfin parvenir à obtenir un produit impur mais qui présente la bonne molécule. De l’acétate d’ulipristal. Parfait.
Je peaufine la purification, vidant la serre d’un bon nombre d’exemplaire de la plante d’Halloween sous le regard chagriné de Nepeta, pour obtenir quelques grammes de produit. Je peux passer aux tests. J’ai justement une jolie petite ribambelle de rate qui ne demande qu’à ne plus être mère. Il faut d’abord tester sur les rates enceintes. C’est assez visible et simple de les faire ingérer les produits. La plupart ne survivent pas. Les deux encore vivantes perdent les embryons, leurs poils et beaucoup d’énergie. Une dilution s’impose mais c’est encourageant. On ne peut pas passer son temps à échouer.
Une nouvelle semaine est nécessaire pour trouver un dosage satisfaisant. Je pense qu’il va falloir quelques temps à cette bâtisse pour retrouver sa population de rongeur normale. J’espère qu’ils se souviendront de ne pas venir rôder trop prêt de mes fioles.
Je pousse un profond soupir, terminant d’écrire la dernière formulation. Suivant un gabarit de femme assez moyenne, j’ai produit une pilule de petite taille, facile à glisser dans de la nourriture ou même à faire avaler aisément pendant un baiser. Son efficacité est assez rapide…si elle fonctionne. Je n’ai pu monter mes statistiques qu’à 92% sur les rates. D’après mes calculs, sur les humaines, cela devrait tourner aux alentours de 79%. Je ne pourrais vérifier cela qu’en menant une étude sur une plus longue période.
Je vais en envoyer à certains amis médecins. Ils seront ravis de me donner un coup de main et étaieront mes recherches gracieusement. Je rédige une note assez sommaire pour qu’ils puissent trouver le bon moment pour la donner. Cette note servira aussi de notice à Death.
Il ne faut pas le prendre trop tôt, moins de 24h avant la conception, ni la donner trop tard. Passé 5 jours après le rapport fécond, la pilule est inefficace. Il ne faut pas l’utiliser trop fréquemment avec la même femme, les rates ont connu des décès prématurés en case d’overdose.
Je signe mon papier et termine d’emballer les petits cachets dans un papier, partant déposer le tout chez Death. Une pensée me traverse l’esprit alors que je me dirige vers son bureau. S’il les veut pour son usage personnel c’est qu’il…