Une silhouette se dessine sur l’un des toits de la ville endormie. Elle contemple sa cible, le temple de Jiawei Dajisi. Cette silhouette, c’est moi bien entendu. Enroulée dans une tenue légère complètement noire, on distingue à peine mes yeux. J’ai même dissimulé mes longs cheveux avec un bout de tissu supplémentaire, personne ne doit savoir ce que je m’apprête à faire. Le gouverneur de la ville m’a contacté il y a quelques jours, la haute prêtresse a semble t-il remuée ciel et terre pour obtenir un ancien parchemin d’une pagode isolée loin au sud du pays. Et manifestement, Chan Dong n’a pas envie que sa rivale dispose d’un quelconque avantage supplémentaire sur lui sur le contrôle de la ville. Il faut donc que le parchemin disparaisse, d’une manière ou d’une autre. C’est l’occasion pour moi de voir ce qu’elle manigance derrière son visage rond trop maquillé. Pourquoi tout cet attirail me direz-vous ? Tout simplement car il y a des patrouilles de nuit que je n’ai pas envie de croiser. Je n’aimerais pas perturber d’honnêtes soldats dans leur travail. Je passe au toit suivant. J’avance accroupie, tentant de m’orienter correctement malgré l’obscurité. Je veux me rapprocher suffisamment avant de me transformer. Personne ne se méfie d’un corbeau. Prenant tout le temps nécessaire, je passe de toit en toit, de maison en maison, de murets en murets, jusqu’à arriver au pont reliant la partie Est de la ville, là où mon objectif se trouve. Le pont est gardé par six gardes, en armures et armés. Les braseros éclairant leurs visages d’une lueur jaunâtre, créant des ombres inquiétantes à cause des armures. Il va falloir improviser une diversion. Un sourire se forme sur mon visage, dommage que personne ne puisse le voir. Je m’accroupie, je ferme les yeux et je tends les mains vers le pont. Utilisons un peu de magie pour créer une situation plus… Intéressante. Après un instant de concentration, j’ouvre de nouveau les yeux pour constater que les braseros n’ont plus de combustibles. Alors que les dernières lueurs s’éteignent, j’entends déjà les complaintes des gardes se demandant ce qu’il se passe.
« 什么 ?!
- 我去拿一些煤 !
- 很好!快快! »
Un garde s’éloigne au pas de course tandis que les cinq autres sont aux aguets. Ce qui ne sert pas à grand chose : il fait nuit noire et la Lune est dissimulée par les nuages. Je quitte mon toit pour rejoindre le sol, dissimulée par la pénombre, je longe la maison la plus proche. Le pont n’est qu’à quelques mètres. Trois gardes de mon côté, deux gardes l’autre. Je vais devoir faire une autre diversion pour passer, l’obscurité ne suffira pas. J’envoie un message télépathique au garde le plus proche.
« 来的。来的。 »
Le garde tique et pointe sa lance vers l’obscurité.
« 谁在哪里?! » dit-il avec une voix forte et déterminée.
Les autres gardes l’imitent et s’avancent vers les maisons. Je ramasse un petit caillou à côté de moi, je me concentre un instant et projette le petit roc à l’opposée de ma position, mais suffisamment fort pour faire un petit bruit. Quatre gardes se dirigent silencieusement vers le lieu de l’impact, tandis qu’un seul reste pour garder le pont. La chose devient plus facile. Une dernière attaque psychique pour le sonner un peu et il s’appuie déjà à la rambarde, les mains sur les tempes. J’en profite pour me précipiter vers le pont. Je disparais de nouveau dans les ombres tandis que les gardes reviennent au pas de course vers le pont, inquiets de la position de leur collègue. Je n’attends pas qu’ils me repèrent de nouveau et je continue mon petit chemin vers le lieu de culte de He Shen, demeure de la haute-prêtresse. Après plusieurs dizaines de minutes à se faufiler dans les ruelles étroites des quartiers Est, je rejoins la zone où se trouve le temple. La présence du fleuve non loin crée une brume inquiétante, pénétrant à certains endroits les rues désertes à cette heure-ci. Même les crapules ont quitté les chemins annexes, seul le marché noir reste actif toute la nuit. Je me cache dans une allée abandonnée et je laisse ma transformation faire son œuvre. J’ouvre les yeux et le monde change. Mes ailes se déploient et je m’envole enfin. Je quitte les ombres pour m’élancer vers le ciel, rejoignant quelques oiseaux survolant la ville endormie. Je tourne un peu pour me repérer et une fois que je retrouve mon chemin, je plonge vers la bonne direction. J’atterris dans la petite cour du temple. Je regarde autour de moi, je tente de détecter les présences aux alentours… Quelques personnes devant l’entrée, certainement les gardes… Je sens une personne à l’intérieur, je reconnais typiquement Jiawei que j’ai eu l’occasion de fréquenter plus souvent que je ne l’aurai souhaité. Je m’avance vers l’une des portes, à l’opposé de là où se trouve Jiawei, je vais effectuer une fouille méthodique.
Je reprends ma forme humaine et je pousse la porte coulissante pour rentrer dans les lieux. Je reste pliée en deux, pour éviter d’apparaître debout. Je ne sais pas exactement où je suis, même si vu l’odeur je pense qu’un embaumement a eu lieu ici récemment… Les prêtres ont toujours du travail. Il paraît qu’elle est douée en plus pour ça la vieille bique. Je passe vers la salle suivante, je me trouve dans une salle réservée aux prières. Alors que je m’apprête à passer à la pièce d’après, je me dis que ce serait une grossière erreur de penser qu’il n’y a rien de cacher ici. Je sonde une nouvelle les alentours, personne n’a bougé, c’est très bien. Les temples secondaires comme celui-ci sont rarement très protégés, après tout qui aurait un intérêt à venir troubler la quiétude des dieux et des esprits ? Rien n’a volé ici de toute manière, si ce n’est ce foutu parchemin. Je m’approche de l’autel, où la petite statuette de He Shen me regarde avec un air impassible. Je suis pris d’une légère peur, je m’incline devant lui. En silence. Front sur le sol. Puisse t-il me pardonner.
Je me redresse et je fouille délicatement, sans rien casser et replaçant tout au bon endroit. Quelque chose derrière cette boiserie ? Non. Quelque chose sous ce récipient ? Non. Un papier placé derrière l’autel ? Non. En dernier recours, je décide de soulever la statuette, pour voir s’il y a quelque chose en-dessous. Mais en fait je me rends compte que la statuette est étrangement légère. Je l’inspecte et je trouve un petit trou en dessus. Un trou suffisamment gros pour y glisser un parchemin. J’introduis mon doigt à l’intérieur. BINGO ! J’ai quelque chose ! Je sors l’objet de mes convoitises doucement, je le pose sur l’autel tandis que je repose la statuette sur son socle. Je m’incline les mains jointes une nouvelle fois devant elle, par respect et pour m’excuser de l’avoir troublé. Je me saisis du rouleau fait de lattes de bambous et je le lis. C’est en Mandarin, il raconte une histoire, une légende, voir un mythe apparemment. J’imagine qu’il n’y a pas d’autres parchemins cachés ici dans des statuettes, il est temps de s’en aller.
Je retourne dans la cour à pas de velours, discrètement je me hisse sur la toiture. J’enroule le parchemin et je l’attache avec une fine corde. Je ferme les yeux et je reprends ma forme de corbeau. J’attrape le document avec mes serres et je m’envole de nouveau vers le ciel noir. Je voltige à basse altitude, je ne veux pas prendre de risques avec l’objet précieux. Je traverse de nouveau le fleuve pour me poser sur les quais du quartier Ouest. Je redeviens humaine et je me dirige au plus vite vers ma maison, près du palais de Chan Dong Zhouzhang. Les patrouilles sont renforcées dans cette zone, donc je dois faire preuve d’intelligence et de ruse pour rejoindre ma demeure tranquillement. Je finis par y arriver, je rentre par la cour intérieure pour éviter qu’on me repère à l’entrée. Tout est calme dans le voisinage, je rejoins ma chambre sur la pointe des pieds. Même chez moi, je ne veux pas que Noah ou même Xupeng soient au courant de quoique ce soit. Pour leur propre sécurité : ils ne savent rien, donc ils sont moins utiles à mes ennemis. J’allume une petite bougie et à la lueur discrète de la flamme, je lis le parchemin :
« La Vallée Assiégée » dis-je à voix basse.
Cette histoire me dit quelque chose, comme tous les Chinois suffisamment saints d’esprits pour connaître leurs origines. Le Premier Dragon a plusieurs appellations : Le Roi des Dragons, le Roi-Dragon ou bien encore le Dragon Jaune. Le Premier Auguste Empereur Chinois, Shi Huangdi – communément appelé Qin Shi Huang- est le premier homme à avoir unifié la Chine sous une seule bannière, sa bannière et ainsi bâtir le plus grand empire et la plus grande nation que nos terres aient connus. Cependant, comme beaucoup d’autres mortels, l’homme a cherché à se maintenir en vie. La quête d’immortalité est récurrente dans les traditions chinoises et elle est rarement critiquée. L’Empereur se mit à chercher des remèdes, ou des recettes alchimiques permettant de demeurer éternellement chef d’un empire qu’il a bâti de ses propres mains.
On raconte même qu’il a envoyé une large troupe sur de sîles loin à l’est pour découvrir une recette magique… Ils ne sont jamais revenus, mais c’est devenu le Japon. Du moins, c’est ce que dit la légende. A la fin de sa vie, le Ciel lui-même sous la forme de l’Empereur Jaune lui offrit un présent : se transcender et devenir un Dragon. Pas n’importe quel Dragon, le Dragon Jaune. Le Seigneur des Dragons, un Dieu pour les Hans. Le mythe est si fort, que nous, Hans chinois, nous disons que nous descendons de ce Roi des Dragons. Enfin bref, lisons donc cette petite histoire sur ce parchemin ancien que Jiawei a tenté de récupérer malgré bien des obstacles. J’évite de lire à voix basse, pour éviter qu’on m’entende, je le lis silencieusement en l’approchant de la flamme.
« Il y a bien longtemps, alors que le Premier Empereur tâchait d’unifier les Etats de la Chine, une bataille survînt dans une ville installée dans une vallée. Le Seigneur local ne souhaitait pas se rendre, et se barricada dans sa cité.
Les armées du pays de Qin assiégèrent la vallée et la cité avec. La bataille n’était pas en faveur du Roi, le siège durait trop longtemps et les ressources alimentaires manquaient. Il allait perdre.
Aux heures les plus sombres du siège, le Seigneur ennemi narguait son adversaire. C’est alors qu’un illustre Inconnu entra dans la tente du Roi.
D’abord repoussé, il finit par convaincre Shi Huang de l’écouter.
En retour de gouverner avec sagesse et d’épargner le Seigneur de la ville assiégée, l’Inconnu lui offrit une pièce d’armure : un Plastron.
Il disparut. Shi Huang mena un assaut et pourfendit l’ennemi, mais épargna le Seigneur comme demandé. Le Plastron était magique et protégeait son porteur de multiple manières.
Le Premier Empereur conserva cet objet étrange toute sa vie. Appliquant cette sagesse à ses sujets.
Lorsqu’il monta au Ciel au crépuscule de sa vie, on raconte que l’objet disparut avec lui, pour s’envoler vers un autre monde.
Le Premier Empereur devînt le Roi des Dragons ; le Dragon Jaune au service de l’Empereur Céleste.
C’est ainsi que les descendants de Qin Shi Huangdi appelèrent le fin travail de cet illustre Inconnu : Le Plastron du Premier Dragon. »
Je referme le parchemin. Il va falloir que je me préoccupe de cela, il est hors de question que Jiawei obtienne cet objet. Je vais devoir enquêter un peu plus sur cette relique d’un ancien Âge. J’éteins la bougie et je place le document dans un étui en cuir. Je le glisse sous mon oreiller sur lequel je repose ma tête. Je le cacherai aux premières lueurs du jour dans un endroit où personne n’aura l’idée d’aller le chercher.
« 什么 ?!
- 我去拿一些煤 !
- 很好!快快! »
Un garde s’éloigne au pas de course tandis que les cinq autres sont aux aguets. Ce qui ne sert pas à grand chose : il fait nuit noire et la Lune est dissimulée par les nuages. Je quitte mon toit pour rejoindre le sol, dissimulée par la pénombre, je longe la maison la plus proche. Le pont n’est qu’à quelques mètres. Trois gardes de mon côté, deux gardes l’autre. Je vais devoir faire une autre diversion pour passer, l’obscurité ne suffira pas. J’envoie un message télépathique au garde le plus proche.
« 来的。来的。 »
Le garde tique et pointe sa lance vers l’obscurité.
« 谁在哪里?! » dit-il avec une voix forte et déterminée.
Les autres gardes l’imitent et s’avancent vers les maisons. Je ramasse un petit caillou à côté de moi, je me concentre un instant et projette le petit roc à l’opposée de ma position, mais suffisamment fort pour faire un petit bruit. Quatre gardes se dirigent silencieusement vers le lieu de l’impact, tandis qu’un seul reste pour garder le pont. La chose devient plus facile. Une dernière attaque psychique pour le sonner un peu et il s’appuie déjà à la rambarde, les mains sur les tempes. J’en profite pour me précipiter vers le pont. Je disparais de nouveau dans les ombres tandis que les gardes reviennent au pas de course vers le pont, inquiets de la position de leur collègue. Je n’attends pas qu’ils me repèrent de nouveau et je continue mon petit chemin vers le lieu de culte de He Shen, demeure de la haute-prêtresse. Après plusieurs dizaines de minutes à se faufiler dans les ruelles étroites des quartiers Est, je rejoins la zone où se trouve le temple. La présence du fleuve non loin crée une brume inquiétante, pénétrant à certains endroits les rues désertes à cette heure-ci. Même les crapules ont quitté les chemins annexes, seul le marché noir reste actif toute la nuit. Je me cache dans une allée abandonnée et je laisse ma transformation faire son œuvre. J’ouvre les yeux et le monde change. Mes ailes se déploient et je m’envole enfin. Je quitte les ombres pour m’élancer vers le ciel, rejoignant quelques oiseaux survolant la ville endormie. Je tourne un peu pour me repérer et une fois que je retrouve mon chemin, je plonge vers la bonne direction. J’atterris dans la petite cour du temple. Je regarde autour de moi, je tente de détecter les présences aux alentours… Quelques personnes devant l’entrée, certainement les gardes… Je sens une personne à l’intérieur, je reconnais typiquement Jiawei que j’ai eu l’occasion de fréquenter plus souvent que je ne l’aurai souhaité. Je m’avance vers l’une des portes, à l’opposé de là où se trouve Jiawei, je vais effectuer une fouille méthodique.
Je reprends ma forme humaine et je pousse la porte coulissante pour rentrer dans les lieux. Je reste pliée en deux, pour éviter d’apparaître debout. Je ne sais pas exactement où je suis, même si vu l’odeur je pense qu’un embaumement a eu lieu ici récemment… Les prêtres ont toujours du travail. Il paraît qu’elle est douée en plus pour ça la vieille bique. Je passe vers la salle suivante, je me trouve dans une salle réservée aux prières. Alors que je m’apprête à passer à la pièce d’après, je me dis que ce serait une grossière erreur de penser qu’il n’y a rien de cacher ici. Je sonde une nouvelle les alentours, personne n’a bougé, c’est très bien. Les temples secondaires comme celui-ci sont rarement très protégés, après tout qui aurait un intérêt à venir troubler la quiétude des dieux et des esprits ? Rien n’a volé ici de toute manière, si ce n’est ce foutu parchemin. Je m’approche de l’autel, où la petite statuette de He Shen me regarde avec un air impassible. Je suis pris d’une légère peur, je m’incline devant lui. En silence. Front sur le sol. Puisse t-il me pardonner.
Je me redresse et je fouille délicatement, sans rien casser et replaçant tout au bon endroit. Quelque chose derrière cette boiserie ? Non. Quelque chose sous ce récipient ? Non. Un papier placé derrière l’autel ? Non. En dernier recours, je décide de soulever la statuette, pour voir s’il y a quelque chose en-dessous. Mais en fait je me rends compte que la statuette est étrangement légère. Je l’inspecte et je trouve un petit trou en dessus. Un trou suffisamment gros pour y glisser un parchemin. J’introduis mon doigt à l’intérieur. BINGO ! J’ai quelque chose ! Je sors l’objet de mes convoitises doucement, je le pose sur l’autel tandis que je repose la statuette sur son socle. Je m’incline les mains jointes une nouvelle fois devant elle, par respect et pour m’excuser de l’avoir troublé. Je me saisis du rouleau fait de lattes de bambous et je le lis. C’est en Mandarin, il raconte une histoire, une légende, voir un mythe apparemment. J’imagine qu’il n’y a pas d’autres parchemins cachés ici dans des statuettes, il est temps de s’en aller.
Je retourne dans la cour à pas de velours, discrètement je me hisse sur la toiture. J’enroule le parchemin et je l’attache avec une fine corde. Je ferme les yeux et je reprends ma forme de corbeau. J’attrape le document avec mes serres et je m’envole de nouveau vers le ciel noir. Je voltige à basse altitude, je ne veux pas prendre de risques avec l’objet précieux. Je traverse de nouveau le fleuve pour me poser sur les quais du quartier Ouest. Je redeviens humaine et je me dirige au plus vite vers ma maison, près du palais de Chan Dong Zhouzhang. Les patrouilles sont renforcées dans cette zone, donc je dois faire preuve d’intelligence et de ruse pour rejoindre ma demeure tranquillement. Je finis par y arriver, je rentre par la cour intérieure pour éviter qu’on me repère à l’entrée. Tout est calme dans le voisinage, je rejoins ma chambre sur la pointe des pieds. Même chez moi, je ne veux pas que Noah ou même Xupeng soient au courant de quoique ce soit. Pour leur propre sécurité : ils ne savent rien, donc ils sont moins utiles à mes ennemis. J’allume une petite bougie et à la lueur discrète de la flamme, je lis le parchemin :
« La Vallée Assiégée » dis-je à voix basse.
Cette histoire me dit quelque chose, comme tous les Chinois suffisamment saints d’esprits pour connaître leurs origines. Le Premier Dragon a plusieurs appellations : Le Roi des Dragons, le Roi-Dragon ou bien encore le Dragon Jaune. Le Premier Auguste Empereur Chinois, Shi Huangdi – communément appelé Qin Shi Huang- est le premier homme à avoir unifié la Chine sous une seule bannière, sa bannière et ainsi bâtir le plus grand empire et la plus grande nation que nos terres aient connus. Cependant, comme beaucoup d’autres mortels, l’homme a cherché à se maintenir en vie. La quête d’immortalité est récurrente dans les traditions chinoises et elle est rarement critiquée. L’Empereur se mit à chercher des remèdes, ou des recettes alchimiques permettant de demeurer éternellement chef d’un empire qu’il a bâti de ses propres mains.
On raconte même qu’il a envoyé une large troupe sur de sîles loin à l’est pour découvrir une recette magique… Ils ne sont jamais revenus, mais c’est devenu le Japon. Du moins, c’est ce que dit la légende. A la fin de sa vie, le Ciel lui-même sous la forme de l’Empereur Jaune lui offrit un présent : se transcender et devenir un Dragon. Pas n’importe quel Dragon, le Dragon Jaune. Le Seigneur des Dragons, un Dieu pour les Hans. Le mythe est si fort, que nous, Hans chinois, nous disons que nous descendons de ce Roi des Dragons. Enfin bref, lisons donc cette petite histoire sur ce parchemin ancien que Jiawei a tenté de récupérer malgré bien des obstacles. J’évite de lire à voix basse, pour éviter qu’on m’entende, je le lis silencieusement en l’approchant de la flamme.
« Il y a bien longtemps, alors que le Premier Empereur tâchait d’unifier les Etats de la Chine, une bataille survînt dans une ville installée dans une vallée. Le Seigneur local ne souhaitait pas se rendre, et se barricada dans sa cité.
Les armées du pays de Qin assiégèrent la vallée et la cité avec. La bataille n’était pas en faveur du Roi, le siège durait trop longtemps et les ressources alimentaires manquaient. Il allait perdre.
Aux heures les plus sombres du siège, le Seigneur ennemi narguait son adversaire. C’est alors qu’un illustre Inconnu entra dans la tente du Roi.
D’abord repoussé, il finit par convaincre Shi Huang de l’écouter.
En retour de gouverner avec sagesse et d’épargner le Seigneur de la ville assiégée, l’Inconnu lui offrit une pièce d’armure : un Plastron.
Il disparut. Shi Huang mena un assaut et pourfendit l’ennemi, mais épargna le Seigneur comme demandé. Le Plastron était magique et protégeait son porteur de multiple manières.
Le Premier Empereur conserva cet objet étrange toute sa vie. Appliquant cette sagesse à ses sujets.
Lorsqu’il monta au Ciel au crépuscule de sa vie, on raconte que l’objet disparut avec lui, pour s’envoler vers un autre monde.
Le Premier Empereur devînt le Roi des Dragons ; le Dragon Jaune au service de l’Empereur Céleste.
C’est ainsi que les descendants de Qin Shi Huangdi appelèrent le fin travail de cet illustre Inconnu : Le Plastron du Premier Dragon. »
Je referme le parchemin. Il va falloir que je me préoccupe de cela, il est hors de question que Jiawei obtienne cet objet. Je vais devoir enquêter un peu plus sur cette relique d’un ancien Âge. J’éteins la bougie et je place le document dans un étui en cuir. Je le glisse sous mon oreiller sur lequel je repose ma tête. Je le cacherai aux premières lueurs du jour dans un endroit où personne n’aura l’idée d’aller le chercher.