« Je pourrais couler ce bateau par le fond sans trop de problèmes... » Lâcha Surkesh, songeur. « ...mais c'est un sacré bateau. »
Un navire de guerre surarmé qui, au Pays Imaginaire, offre un avantage tactique intéressant. Les Indiens refusent de quitter leurs terres, préférant rester particulièrement vulnérables à l'artillerie des pirates. Plus que des canons, ils ont des mortiers dont la portée est incomparable. Au point de pouvoir faire pleuvoir des obus sur le lagon aux sirènes sans que ces dernières ne puissent rien faire. La question étant... comment récupérer ce navire ? Avide, le sans-cœur observait cette superbe pièce navale de ses yeux dorés, la cupidité transpirant de son regard comme s'il en pleurait. Il voulait ce bateau pour lui plus que le voir détruit, c'était certain. Deux moyens pour ça... exterminer les pirates dessus... ou convaincre les pirates de rejoindre son camp. Son camp, celui des mercenaires, bref... soit exterminer l'équipage, soit le récupérer en même temps que le navire. La Coalition Noire est de leur côté depuis un moment, les a armés de flingues, d'explosifs et maintenant d'un bateau. Là où le seul mercenaire qu'ils ont rencontrés, Surkesh rien que ça, a récupéré une sirène pour eux. Certes, les pirates n'ont jamais été très loyaux... mais choisir le Centurio plutôt que la Coalition Noire ? Ca n'était pas gagné.
Le sans-cœur soupira, sous forme humaine... seulement vêtu d'un short de bain et d'une chemise noire, les deux ayants des motifs de fleurs hawaïennes jaunes comme ses yeux.
S'embêter à ranger les pirates de son côté ou non ? Tel était la question mais soit, il aurait son putain de navire de guerre au Pays Imaginaire. De toute façon, les pirates vivent en ce monde du pillage... et s'ils ne s'en prennent plus ni aux Indiens, ni aux Sirènes, ni aux Enfants Perdus, ni aux Fées... ils ne font plus rien. Ce qui veut dire qu'ils ne se rangeront jamais du côté d'un groupe qui leur demanderait d'arrêter de s'en prendre aux autres factions du coin.
Ou alors, il faudrait leur fournir de quoi s'occuper... ce qui reviendrait à une perte d'argent pur et dur.
Qui plus est, avec les pirates qui rôdent, ca fait des conflits et des escarmouches... chaque pirate est un problème que le Centurio peut régler, moyennant finance.
En l'occurrence, même s'il fallait exterminer jusqu'au dernier des pirates pour récupérer le navire, ça ne serait pas un problème. Surkesh pouvait d'ailleurs, d'un simple portail de ténèbres, se rendre directement sur l'objet de sa convoitise et... soit, fournir un équipage n'est qu'un détail technique. Le plan paraissait donc simple : se téléporter sur le bateau et tuer tout le monde sur place. Ouais... pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple, hein ? Le problème étant que débarquer au beau milieu d'un équipage pirate pour tous les massacrer, ce n'est aussi simple que ça. Certes, individuellement, la grande majorité des pirates ne valent rien... mais en nombres, ils deviennent compliqués à gérer. Sans parler que le capitaine et probablement quelques autres forbans peuvent être coriaces, même seul.
Sur la plage, Surkesh ouvrit un portail de ténèbres et s'y engouffra... pour en ressortir d'un autre sur l'île de Port Royal. Son idée était très simple, partir à l'abordage. En soit, obtenir un équipage ? Rien de plus simple, l'on ne compte plus les pirates frustrés de ne plus pouvoir piller sans réfléchir depuis que les mercenaires gèrent le coin. Avec un navire de guerre à la clef en plus ? Facile de les motiver. En plus, pour qu'on soit radin comme peut l'être Surkesh, l'on peut préférer la quantité à la qualité et recruter des ivrognes, bons à riens et autres ratés de Tortuga. Soit, ils ne seront pas les meilleurs mais avec un peu de patience, l'on peut en avoir un équipage fourni. Après tout, le nombre fait la force, hein ?
Quoique, s'il n'y a que des tanches dans l'équipage, ça n'ira pas bien loin. Soit, l'équipage en soit... n'est pas vraiment un problème ou alors, c'est un souci qui peut facilement se résoudre.
Le problème c'est d'amener l'équipage aux Pays Imaginaires ce qui coutera une blinde avec les transports Shinra. Et ensuite quoi ? Ils iront à la nage partir à l'abordage ? Non... les bateaux, c'est pas ce qui manque à Port Royal non plus, Surkesh devient bien pouvoir user de magie pour prévenir les dégâts de l'artillerie. Encore une fois, le problème serait d'amener le bateau jusqu'au Pays Imaginaire. Combien la Shinra peut prendre pour un truc pareil ? Ca vaut sans doute plus le coup de le construire sur place, financièrement parlant. Tout ça, au final, nous ramène à un seul et unique problème... le seul qu'a jamais vraiment eu le Centurio... les transports inter-mondes.
Soit, la Shinra se fiche bien que le Centurio fasse mains basse sur un monde comme le Pays Imaginaire mais bordel, ils risquent pas de se gêner pour s'en mettre pleins les poches au passage. Des poches de mercenaires qui seront impitoyablement virés.
Restait encore l'option d'allez sur le bateau et d'y massacrer l'équipage à lui tout seul... une option possible. Risqué et douloureuse mais loin d'être hors d'atteinte. Or, Surkesh use énormément de magie pour se battre... surtout avec un tel désavantage numérique. Et le risque d'abimer, voir même de couler le bateau, était très grand. L'option des portails des ténèbres restait limité, elle aussi. Ne peut traverser les portails que ce qui est en contact avec Surkesh... alors difficile de ramener tout un équipage d'un coup. Quand a un navire entier ? Trop grand, trop lourd, ça ne marchera pas.
Assis au comptoir d'une taverne anonyme, Surkesh pestait renfrogné, faisant une moue passablement agacée par toute cette histoire. C'était plus fort que lui : il voulait ce bateau. Des tas d'autres choses pourraient lui être utile et lucrative, il pouvait tout simplement passer à un autre projet. Sauf que... non... il voulait se bateau, ça l'obsédait. Le hantait. Sa cupidité s'était d'elle-même fixé sur ce bateau et l'avide ne parvenait pas à y renoncer.
Les Indiens ne construisent que des putains de Kayaks... pas de quoi mener à bien un abordage... quand aux sirènes, depuis l'assaut de l'île de crâne, les pirates ont toujours de quoi se boucher les oreilles. Elles ont essayés après que leur lagon se soit fait bombardé mais soit... pas un seul pirate ne s'est jeté à l'eau.
Surkesh ne pouvait donc pas compter sur les sirènes, inutiles si leurs charmes ne fonctionnent pas... et les Indiens ne pourraient que brûler le bateau pour le faire couler par le fond. Et encore, rien ne dit qu'ils y arriveraient. En soit, les problèmes du sans-cœur furent... logistiques et financiers.
En premier lieu, réunir un équipage apte à partir à l'abordage... la partie la plus facile à Port Royal.
En deuxième lieu, leur trouver un navire parce que partir à l'abordage à la nage, c'est pas la joie... et ce n'est pas très compliqué non plus.
En dernier lieu... ramener tout ça jusqu'au Pays Imaginaire. Et là ça se complique puisque la Shinra demanderait une fortune pour déplacer un navire. Qu'en est-il de plusieurs navires alors ? Quand à devoir faire tout ça gratuitement ? Mon dieu, ca devenait infernal. Soit... construire le bateau sur place restait encore la meilleure option... ou alors demander l'aide de la Lumière ? Non. Soit les lumineux détruiraient le bateau, soit ils le garderaient pour eux. Construire le bateau sur place restait la meilleure option mais même là... combien de temps ça prendrait au juste ? Et pire encore, il faudrait un sacré bateau voir même plusieurs pour venir à bout de celui des Pirates du Pays Imaginaire.
Au final... les plans de Surkesh... soit coutaient beaucoup trop chers et n'était pas plus rentable que de se construire soi-même un navire de guerre. Soit ses plans prenaient un temps dingue pour être éfficace, sans parler des potentiels complications ou des faux-frais.
La meilleure solution, en termes de temps et de ressources alloués, restait encore l'option : je débarque sur le bateau et je défonce tout le monde. Ouais, ca restait le plus lucratif, la moins couteux en termes de ressources ou de temps. Par contre, si Surkesh optait pour ce plan là, les sirènes devenaient soudainement utiles. Elles ont envies de se débarrasser des pirates et même de se venger, pour sûr... sauf que les forbans ont trouvés la parade. Comme dit plus haut, ils semblent tous avoir des bouchons d'oreilles ou, en tout cas, prévu un moyen de ne pas entendre le chant des sirènes. Ca plus un sort de camouflage, en pleine nuit... hey... ca peut donner à Surkesh un avantage certain.
Il se leva brusquement, toujours de mauvaise humeur et ouvrit un portail de ténèbres, le traversant pour débarquer au Lagon des Sirènes. Sans finesse, il leva le bras en l'air, lentement... la silhouette entière de son ombre fondit alors pour prendre la forme d'un bras squelettique. Laissant tomber son poing dans le vide, le membre d'ombre imita Surkesh et de tel remous firent rappliquer une sirène dans la seconde.
« Encore toi ? » Lâcha la sirène, la même ayant servit d'appât... nerveuse et le regard pleins de menaces, elle gardait ses distances... nageait comme l'aurait fait un requin prêt à bondir hors de l'eau.
« Encore moi. J'ai besoin de vous pour débarrassez le Pays Imaginaire des pirates. »
« On t'as déjà expliqué, notre chant ne les atteints plus... »
« Et le seul moyen pour que ça ne les atteigne plus, c'est qu'ils ne l'entendent plus. Or, s'ils ne vous entendent pas chanter, ils ne m'entendront pas non plus les étriper. »
« C'est bizarre. Je me demande bien pourquoi j'te fait pas confiance ! » Lâcha-t-elle, sarcastique et jouant les fausses ingénues, moqueuse. « Si tu savais, j'ai vraiment trop envie de t'aider mais... hum... non. »
« Tu es encore en un seul morceau et j'ai récupéré le croco, pas la peine de le prendre comme ça. »
« Qu'est-ce que devient ce monstre, d'ailleurs ? »
« J'ai prévu d'en faire mon animal de compagnie mais il est un peu... hum... rebelle pour l'instant. Ca va prendre du temps de le dresser... mais j'y arriverais. Un crocodile carnassier comme animal de compagnie, t'imagines le délire ?! »
La sirène arqua un sourcil, l'air énervé face à un Surkesh qui parlait de ce monstre avec des étoiles dans les yeux ! Sérieusement, Tic-Tac en crocodile domestique, c'était pas trop classe ? Soit, face aux yeux furieux et insistant de la femme poisson, Surkesh reprit son sérieux après s'être raclé la gorge, un peu gêné.
« Bref, le fait est que j'ai toujours fait mon taff et tenu mes promesses jusqu'ici. Grâce aux sirènes, je peux rendre sourd tout l'équipage pirate... et je peux devenir difficile à voir. Avec votre aide, ils n'ont aucune chance de me résister. »
« Ouais, ouais... on m'a parlé de ta magie, tout ça... mais dis-moi, pour vouloir t'en prendre à un équipage pirate entier à toi tout seul tu... tu n'as pas l'impression d'être un tout petit peu con ? »
« Je dois prendre ça pour un refus ? Qu'est-ce que vous craignez sous l'eau ? Sérieusement, vous pourriez m'aider après tout ce que j'ai fait pour vous. Puis merde, vous êtes les premières à vouloir vous débarrassez des pirates. »
« Déjà, faudrait que tu comprennes qu'on t'emmerde. » Répondit-elle, sèchement... Surkesh l'avait prise par surprise la dernière fois, l'extirpant de l'eau via son ombre. Cette fois-ci, rien qu'à la voir rester en mouvement, elle se tenait prêtre au cas où et ça se voyait. Peut-être que le sans-cœur aurait du se montrer... hum... plus diplomate que ça. « On ne te doit rien à toi et les tiens, me semble qu'on a payé pour tes services. Là, t'essayes de me faire croire que c'est la même chose... mais non, c'est toi qui veut qu'on t'aide. Et j'imagine que tu n'as pas prévu de cadeau si on acceptait, hein ? »
« Perso, les pirates, je m'en fou hein... c'est pas moi qui me retrouve avec ma maison sans dessus dessous à cause d'eux. »
« Et nous on ne craint plus grand-chose depuis qu'on reste au fond de l'eau, bien à l'abri derrière nos rochers. »
Au fond, sans mauvais jeux de mots, elle n'avait pas tord. Surkesh se serait attendu à ce que les sirènes l'aident sans contrepartie... voir, pourquoi pas, à retourner leurs cerveaux. Dans son idée, c'est lui qui allait démonter la tronche aux pirates et il comptait même se faire payer pour ça. Or, pour une raison qui lui paraissait étrange, quelque chose lui disait que les sirènes comprenaient. Elles comprenaient que Surkesh voulait se débarrasser des pirates beaucoup plus qu'elles ne le voulaient elles-mêmes.
Dans les faits, pour ce coup-ci, la situation s'inversait. Les sirènes n'ont pas demandés à Surkesh d'exterminer les pirates ou même qu'il les aide à le faire... non, c'est lui qui venait demander un coup de main.
« Okay, donc, laisse-moi résumez... vous n'avez pas envie de voir disparaître, une bonne fois pour toutes, les pirates du pays imaginaire ? »
« Si. On a aussi envie que disparaisse les Indiens. Or, on a pas envie de te payer pour le faire, tu vois ? Ni de t'aidez à le faire. »
« La première fois que je suis venu ici, votre lagon avait une meilleure gueule... et sans vouloir vous vexez, à restez au fond de l'eau, vous avez le teint pâle et morne que le miens. Ca ne vous dirait pas de pouvoir flâner au soleil comme avant ? »
« Avant, il n'y avait pas la Lumière... pas non plus les Mercenaires... on était pas en guerre avec les Indiens et les pirates ? Ca tenait plus du jeu qu'autre chose. Puis, la Lumière a décidé qu'on devait se faire exterminer, ils ont tués Crochet, la Coalition Noire s'en est mêlé. » De la rage et de la méfiance, la sirène passa à la haine... Surkesh tâchant d'adoucir son expression, commençant à se dire qu'il n'aurait pas ce qu'il veut cette fois. « Avant, le Pays Imaginaire était en harmonie. Puis... comment vous appellez ça déjà ? Ah oui. Les "groupes"... » Et elle insista tout particulièrement sur ce mot. « ...ont débarqués, on ne sait pas trop comment ni pourquoi, ils ont juste foutues la merde. »
« Je pense que c'est un peu plus compliqué que ça, hein... »
« Oui mais bien sûr... » Le corps à moitié hors de l'eau, sa partie femme croisa les bras et s'affala contre un rocher, les yeux dérivant inquiets vers le large. Sans doute guettait-elle l'arrivée des pirates. Elle soupira, l'air momentanément désespérée... avant de reprendre, lasse et désabusée face à Surkesh. Ce dernier, malgré lui, appréciait la discussion... ça le distrayait, en soit. Ca n'était pas inintéressant. « ... tout aussi compliqué que ça soit, un équilibre entre les factions rendait le Pays Imaginaire harmonieux. Equilibre que vous autres, les groupes, avait pris soin de détruire. Les Fées ont fuis jusque dans les nuages, au-delà de l'arc-en-ciel. Les enfants perdus continuent de jouer mais restent cachés, on a pas vu Peter Pan depuis longtemps... les pirates sont surarmés et les Indiens ont le droit à l'affection des gardes de la Lumière. Oh, et tant que j'y suis, on aime ce bateau pirate, ne t'en déplaise. »
« Contente d'avoir vu les Indiens s'en prendre plein la gueule ? »
« Oui. Les pirates peuvent venir jouer avec nous et prendre un bain... qu'ils succombent à nos charmes ou non, dans l'eau, on les vaincra. Je ne suis pas sûr de pouvoir en dire autant des Indiens. »
Il est vrai que les Indiens sont autrement plus athlétiques... et que leurs armes peuvent encore servir sous l'eau, là où les pirates comptent beaucoup trop sur leur arsenal.
« Enfin, me semble que tu sais ça aussi bien que moi... après, les mercenaires sont aussi en affaire avec nos ennemis jurés. »
Surkesh a pâli en entendant ça... et fut momentanément tétanisé, incapable de répondre.
« Co-comment ça ? Je ne vois pas de quoi tu... »
« Nous ne sommes pas idiotes. Tu sais qu'on a des pouvoirs de divinations, non ? Et bien... on a vu dans le futur, avant que tu ne viennes à nos rencontre que... ceux-là mêmes qui aident les Indiens viendraient nous proposer leur aide aussi. Au final, vaut mieux pour nous que les mercenaires ne veuillent pas nous exterminer. De là à dire qu'on va faire tout ce que tu nous demandes et te payer pour... »
« Je vois. Qu'est-ce que je peux faire pour vous convaincre de m'aider ? »
« Rien. Si on a besoin de quelque chose, on te fera signe à toi et les tiens... en attendant, tout ce que veulent les sirènes... c'est qu'on les laisse tranquille. »
« Att... »
Trop tard, la sirène avait déjà disparu, repartit dans les profondeurs. Son message était plutôt clair mais n'arrangeait pas Surkesh qui, déjà... était beaucoup moins chaud pour tenter de reprendre le bateau. Les Indiens, quand à eux, pouvaient encore aider mais soit, ils risquaient surtout de brûler le bateau. Les enfants perdus ? Les trouver relevait de l'exploit... et que pourrait-il bien faire ?
Ne restait plus que les fées, vivant sur les nuages par-delà l'arc-en-ciel. Oui. Surkesh pouvait très certainement être intéressé par ces créatures, leurs lumières et leurs poudres. Pour autant, il ne renonçait pas à voler le bateau. Simplement, il se rendait compte que ça serait compliqué, bien plus encore qu'il ne l'avait prévu. Tout ce qui lui fallait pour passer à l'abordage, c'était un putain de vaisseau Gummi et... mon dieu, il était plus que temps que les mercenaires s'y mettent. En fin de compte, ce simple navire de guerre était incroyablement limité comparé à ce que pourrait donner des transports spatiaux.
C'est d'humeur rageuse que Surkesh quitta le Pays Imaginaire...
Dim 17 Déc 2017 - 20:54Un navire de guerre surarmé qui, au Pays Imaginaire, offre un avantage tactique intéressant. Les Indiens refusent de quitter leurs terres, préférant rester particulièrement vulnérables à l'artillerie des pirates. Plus que des canons, ils ont des mortiers dont la portée est incomparable. Au point de pouvoir faire pleuvoir des obus sur le lagon aux sirènes sans que ces dernières ne puissent rien faire. La question étant... comment récupérer ce navire ? Avide, le sans-cœur observait cette superbe pièce navale de ses yeux dorés, la cupidité transpirant de son regard comme s'il en pleurait. Il voulait ce bateau pour lui plus que le voir détruit, c'était certain. Deux moyens pour ça... exterminer les pirates dessus... ou convaincre les pirates de rejoindre son camp. Son camp, celui des mercenaires, bref... soit exterminer l'équipage, soit le récupérer en même temps que le navire. La Coalition Noire est de leur côté depuis un moment, les a armés de flingues, d'explosifs et maintenant d'un bateau. Là où le seul mercenaire qu'ils ont rencontrés, Surkesh rien que ça, a récupéré une sirène pour eux. Certes, les pirates n'ont jamais été très loyaux... mais choisir le Centurio plutôt que la Coalition Noire ? Ca n'était pas gagné.
Le sans-cœur soupira, sous forme humaine... seulement vêtu d'un short de bain et d'une chemise noire, les deux ayants des motifs de fleurs hawaïennes jaunes comme ses yeux.
S'embêter à ranger les pirates de son côté ou non ? Tel était la question mais soit, il aurait son putain de navire de guerre au Pays Imaginaire. De toute façon, les pirates vivent en ce monde du pillage... et s'ils ne s'en prennent plus ni aux Indiens, ni aux Sirènes, ni aux Enfants Perdus, ni aux Fées... ils ne font plus rien. Ce qui veut dire qu'ils ne se rangeront jamais du côté d'un groupe qui leur demanderait d'arrêter de s'en prendre aux autres factions du coin.
Ou alors, il faudrait leur fournir de quoi s'occuper... ce qui reviendrait à une perte d'argent pur et dur.
Qui plus est, avec les pirates qui rôdent, ca fait des conflits et des escarmouches... chaque pirate est un problème que le Centurio peut régler, moyennant finance.
En l'occurrence, même s'il fallait exterminer jusqu'au dernier des pirates pour récupérer le navire, ça ne serait pas un problème. Surkesh pouvait d'ailleurs, d'un simple portail de ténèbres, se rendre directement sur l'objet de sa convoitise et... soit, fournir un équipage n'est qu'un détail technique. Le plan paraissait donc simple : se téléporter sur le bateau et tuer tout le monde sur place. Ouais... pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple, hein ? Le problème étant que débarquer au beau milieu d'un équipage pirate pour tous les massacrer, ce n'est aussi simple que ça. Certes, individuellement, la grande majorité des pirates ne valent rien... mais en nombres, ils deviennent compliqués à gérer. Sans parler que le capitaine et probablement quelques autres forbans peuvent être coriaces, même seul.
Sur la plage, Surkesh ouvrit un portail de ténèbres et s'y engouffra... pour en ressortir d'un autre sur l'île de Port Royal. Son idée était très simple, partir à l'abordage. En soit, obtenir un équipage ? Rien de plus simple, l'on ne compte plus les pirates frustrés de ne plus pouvoir piller sans réfléchir depuis que les mercenaires gèrent le coin. Avec un navire de guerre à la clef en plus ? Facile de les motiver. En plus, pour qu'on soit radin comme peut l'être Surkesh, l'on peut préférer la quantité à la qualité et recruter des ivrognes, bons à riens et autres ratés de Tortuga. Soit, ils ne seront pas les meilleurs mais avec un peu de patience, l'on peut en avoir un équipage fourni. Après tout, le nombre fait la force, hein ?
Quoique, s'il n'y a que des tanches dans l'équipage, ça n'ira pas bien loin. Soit, l'équipage en soit... n'est pas vraiment un problème ou alors, c'est un souci qui peut facilement se résoudre.
Le problème c'est d'amener l'équipage aux Pays Imaginaires ce qui coutera une blinde avec les transports Shinra. Et ensuite quoi ? Ils iront à la nage partir à l'abordage ? Non... les bateaux, c'est pas ce qui manque à Port Royal non plus, Surkesh devient bien pouvoir user de magie pour prévenir les dégâts de l'artillerie. Encore une fois, le problème serait d'amener le bateau jusqu'au Pays Imaginaire. Combien la Shinra peut prendre pour un truc pareil ? Ca vaut sans doute plus le coup de le construire sur place, financièrement parlant. Tout ça, au final, nous ramène à un seul et unique problème... le seul qu'a jamais vraiment eu le Centurio... les transports inter-mondes.
Soit, la Shinra se fiche bien que le Centurio fasse mains basse sur un monde comme le Pays Imaginaire mais bordel, ils risquent pas de se gêner pour s'en mettre pleins les poches au passage. Des poches de mercenaires qui seront impitoyablement virés.
Restait encore l'option d'allez sur le bateau et d'y massacrer l'équipage à lui tout seul... une option possible. Risqué et douloureuse mais loin d'être hors d'atteinte. Or, Surkesh use énormément de magie pour se battre... surtout avec un tel désavantage numérique. Et le risque d'abimer, voir même de couler le bateau, était très grand. L'option des portails des ténèbres restait limité, elle aussi. Ne peut traverser les portails que ce qui est en contact avec Surkesh... alors difficile de ramener tout un équipage d'un coup. Quand a un navire entier ? Trop grand, trop lourd, ça ne marchera pas.
Assis au comptoir d'une taverne anonyme, Surkesh pestait renfrogné, faisant une moue passablement agacée par toute cette histoire. C'était plus fort que lui : il voulait ce bateau. Des tas d'autres choses pourraient lui être utile et lucrative, il pouvait tout simplement passer à un autre projet. Sauf que... non... il voulait se bateau, ça l'obsédait. Le hantait. Sa cupidité s'était d'elle-même fixé sur ce bateau et l'avide ne parvenait pas à y renoncer.
Les Indiens ne construisent que des putains de Kayaks... pas de quoi mener à bien un abordage... quand aux sirènes, depuis l'assaut de l'île de crâne, les pirates ont toujours de quoi se boucher les oreilles. Elles ont essayés après que leur lagon se soit fait bombardé mais soit... pas un seul pirate ne s'est jeté à l'eau.
Surkesh ne pouvait donc pas compter sur les sirènes, inutiles si leurs charmes ne fonctionnent pas... et les Indiens ne pourraient que brûler le bateau pour le faire couler par le fond. Et encore, rien ne dit qu'ils y arriveraient. En soit, les problèmes du sans-cœur furent... logistiques et financiers.
En premier lieu, réunir un équipage apte à partir à l'abordage... la partie la plus facile à Port Royal.
En deuxième lieu, leur trouver un navire parce que partir à l'abordage à la nage, c'est pas la joie... et ce n'est pas très compliqué non plus.
En dernier lieu... ramener tout ça jusqu'au Pays Imaginaire. Et là ça se complique puisque la Shinra demanderait une fortune pour déplacer un navire. Qu'en est-il de plusieurs navires alors ? Quand à devoir faire tout ça gratuitement ? Mon dieu, ca devenait infernal. Soit... construire le bateau sur place restait encore la meilleure option... ou alors demander l'aide de la Lumière ? Non. Soit les lumineux détruiraient le bateau, soit ils le garderaient pour eux. Construire le bateau sur place restait la meilleure option mais même là... combien de temps ça prendrait au juste ? Et pire encore, il faudrait un sacré bateau voir même plusieurs pour venir à bout de celui des Pirates du Pays Imaginaire.
Au final... les plans de Surkesh... soit coutaient beaucoup trop chers et n'était pas plus rentable que de se construire soi-même un navire de guerre. Soit ses plans prenaient un temps dingue pour être éfficace, sans parler des potentiels complications ou des faux-frais.
La meilleure solution, en termes de temps et de ressources alloués, restait encore l'option : je débarque sur le bateau et je défonce tout le monde. Ouais, ca restait le plus lucratif, la moins couteux en termes de ressources ou de temps. Par contre, si Surkesh optait pour ce plan là, les sirènes devenaient soudainement utiles. Elles ont envies de se débarrasser des pirates et même de se venger, pour sûr... sauf que les forbans ont trouvés la parade. Comme dit plus haut, ils semblent tous avoir des bouchons d'oreilles ou, en tout cas, prévu un moyen de ne pas entendre le chant des sirènes. Ca plus un sort de camouflage, en pleine nuit... hey... ca peut donner à Surkesh un avantage certain.
Il se leva brusquement, toujours de mauvaise humeur et ouvrit un portail de ténèbres, le traversant pour débarquer au Lagon des Sirènes. Sans finesse, il leva le bras en l'air, lentement... la silhouette entière de son ombre fondit alors pour prendre la forme d'un bras squelettique. Laissant tomber son poing dans le vide, le membre d'ombre imita Surkesh et de tel remous firent rappliquer une sirène dans la seconde.
« Encore toi ? » Lâcha la sirène, la même ayant servit d'appât... nerveuse et le regard pleins de menaces, elle gardait ses distances... nageait comme l'aurait fait un requin prêt à bondir hors de l'eau.
« Encore moi. J'ai besoin de vous pour débarrassez le Pays Imaginaire des pirates. »
« On t'as déjà expliqué, notre chant ne les atteints plus... »
« Et le seul moyen pour que ça ne les atteigne plus, c'est qu'ils ne l'entendent plus. Or, s'ils ne vous entendent pas chanter, ils ne m'entendront pas non plus les étriper. »
« C'est bizarre. Je me demande bien pourquoi j'te fait pas confiance ! » Lâcha-t-elle, sarcastique et jouant les fausses ingénues, moqueuse. « Si tu savais, j'ai vraiment trop envie de t'aider mais... hum... non. »
« Tu es encore en un seul morceau et j'ai récupéré le croco, pas la peine de le prendre comme ça. »
« Qu'est-ce que devient ce monstre, d'ailleurs ? »
« J'ai prévu d'en faire mon animal de compagnie mais il est un peu... hum... rebelle pour l'instant. Ca va prendre du temps de le dresser... mais j'y arriverais. Un crocodile carnassier comme animal de compagnie, t'imagines le délire ?! »
La sirène arqua un sourcil, l'air énervé face à un Surkesh qui parlait de ce monstre avec des étoiles dans les yeux ! Sérieusement, Tic-Tac en crocodile domestique, c'était pas trop classe ? Soit, face aux yeux furieux et insistant de la femme poisson, Surkesh reprit son sérieux après s'être raclé la gorge, un peu gêné.
« Bref, le fait est que j'ai toujours fait mon taff et tenu mes promesses jusqu'ici. Grâce aux sirènes, je peux rendre sourd tout l'équipage pirate... et je peux devenir difficile à voir. Avec votre aide, ils n'ont aucune chance de me résister. »
« Ouais, ouais... on m'a parlé de ta magie, tout ça... mais dis-moi, pour vouloir t'en prendre à un équipage pirate entier à toi tout seul tu... tu n'as pas l'impression d'être un tout petit peu con ? »
« Je dois prendre ça pour un refus ? Qu'est-ce que vous craignez sous l'eau ? Sérieusement, vous pourriez m'aider après tout ce que j'ai fait pour vous. Puis merde, vous êtes les premières à vouloir vous débarrassez des pirates. »
« Déjà, faudrait que tu comprennes qu'on t'emmerde. » Répondit-elle, sèchement... Surkesh l'avait prise par surprise la dernière fois, l'extirpant de l'eau via son ombre. Cette fois-ci, rien qu'à la voir rester en mouvement, elle se tenait prêtre au cas où et ça se voyait. Peut-être que le sans-cœur aurait du se montrer... hum... plus diplomate que ça. « On ne te doit rien à toi et les tiens, me semble qu'on a payé pour tes services. Là, t'essayes de me faire croire que c'est la même chose... mais non, c'est toi qui veut qu'on t'aide. Et j'imagine que tu n'as pas prévu de cadeau si on acceptait, hein ? »
« Perso, les pirates, je m'en fou hein... c'est pas moi qui me retrouve avec ma maison sans dessus dessous à cause d'eux. »
« Et nous on ne craint plus grand-chose depuis qu'on reste au fond de l'eau, bien à l'abri derrière nos rochers. »
Au fond, sans mauvais jeux de mots, elle n'avait pas tord. Surkesh se serait attendu à ce que les sirènes l'aident sans contrepartie... voir, pourquoi pas, à retourner leurs cerveaux. Dans son idée, c'est lui qui allait démonter la tronche aux pirates et il comptait même se faire payer pour ça. Or, pour une raison qui lui paraissait étrange, quelque chose lui disait que les sirènes comprenaient. Elles comprenaient que Surkesh voulait se débarrasser des pirates beaucoup plus qu'elles ne le voulaient elles-mêmes.
Dans les faits, pour ce coup-ci, la situation s'inversait. Les sirènes n'ont pas demandés à Surkesh d'exterminer les pirates ou même qu'il les aide à le faire... non, c'est lui qui venait demander un coup de main.
« Okay, donc, laisse-moi résumez... vous n'avez pas envie de voir disparaître, une bonne fois pour toutes, les pirates du pays imaginaire ? »
« Si. On a aussi envie que disparaisse les Indiens. Or, on a pas envie de te payer pour le faire, tu vois ? Ni de t'aidez à le faire. »
« La première fois que je suis venu ici, votre lagon avait une meilleure gueule... et sans vouloir vous vexez, à restez au fond de l'eau, vous avez le teint pâle et morne que le miens. Ca ne vous dirait pas de pouvoir flâner au soleil comme avant ? »
« Avant, il n'y avait pas la Lumière... pas non plus les Mercenaires... on était pas en guerre avec les Indiens et les pirates ? Ca tenait plus du jeu qu'autre chose. Puis, la Lumière a décidé qu'on devait se faire exterminer, ils ont tués Crochet, la Coalition Noire s'en est mêlé. » De la rage et de la méfiance, la sirène passa à la haine... Surkesh tâchant d'adoucir son expression, commençant à se dire qu'il n'aurait pas ce qu'il veut cette fois. « Avant, le Pays Imaginaire était en harmonie. Puis... comment vous appellez ça déjà ? Ah oui. Les "groupes"... » Et elle insista tout particulièrement sur ce mot. « ...ont débarqués, on ne sait pas trop comment ni pourquoi, ils ont juste foutues la merde. »
« Je pense que c'est un peu plus compliqué que ça, hein... »
« Oui mais bien sûr... » Le corps à moitié hors de l'eau, sa partie femme croisa les bras et s'affala contre un rocher, les yeux dérivant inquiets vers le large. Sans doute guettait-elle l'arrivée des pirates. Elle soupira, l'air momentanément désespérée... avant de reprendre, lasse et désabusée face à Surkesh. Ce dernier, malgré lui, appréciait la discussion... ça le distrayait, en soit. Ca n'était pas inintéressant. « ... tout aussi compliqué que ça soit, un équilibre entre les factions rendait le Pays Imaginaire harmonieux. Equilibre que vous autres, les groupes, avait pris soin de détruire. Les Fées ont fuis jusque dans les nuages, au-delà de l'arc-en-ciel. Les enfants perdus continuent de jouer mais restent cachés, on a pas vu Peter Pan depuis longtemps... les pirates sont surarmés et les Indiens ont le droit à l'affection des gardes de la Lumière. Oh, et tant que j'y suis, on aime ce bateau pirate, ne t'en déplaise. »
« Contente d'avoir vu les Indiens s'en prendre plein la gueule ? »
« Oui. Les pirates peuvent venir jouer avec nous et prendre un bain... qu'ils succombent à nos charmes ou non, dans l'eau, on les vaincra. Je ne suis pas sûr de pouvoir en dire autant des Indiens. »
Il est vrai que les Indiens sont autrement plus athlétiques... et que leurs armes peuvent encore servir sous l'eau, là où les pirates comptent beaucoup trop sur leur arsenal.
« Enfin, me semble que tu sais ça aussi bien que moi... après, les mercenaires sont aussi en affaire avec nos ennemis jurés. »
Surkesh a pâli en entendant ça... et fut momentanément tétanisé, incapable de répondre.
« Co-comment ça ? Je ne vois pas de quoi tu... »
« Nous ne sommes pas idiotes. Tu sais qu'on a des pouvoirs de divinations, non ? Et bien... on a vu dans le futur, avant que tu ne viennes à nos rencontre que... ceux-là mêmes qui aident les Indiens viendraient nous proposer leur aide aussi. Au final, vaut mieux pour nous que les mercenaires ne veuillent pas nous exterminer. De là à dire qu'on va faire tout ce que tu nous demandes et te payer pour... »
« Je vois. Qu'est-ce que je peux faire pour vous convaincre de m'aider ? »
« Rien. Si on a besoin de quelque chose, on te fera signe à toi et les tiens... en attendant, tout ce que veulent les sirènes... c'est qu'on les laisse tranquille. »
« Att... »
Trop tard, la sirène avait déjà disparu, repartit dans les profondeurs. Son message était plutôt clair mais n'arrangeait pas Surkesh qui, déjà... était beaucoup moins chaud pour tenter de reprendre le bateau. Les Indiens, quand à eux, pouvaient encore aider mais soit, ils risquaient surtout de brûler le bateau. Les enfants perdus ? Les trouver relevait de l'exploit... et que pourrait-il bien faire ?
Ne restait plus que les fées, vivant sur les nuages par-delà l'arc-en-ciel. Oui. Surkesh pouvait très certainement être intéressé par ces créatures, leurs lumières et leurs poudres. Pour autant, il ne renonçait pas à voler le bateau. Simplement, il se rendait compte que ça serait compliqué, bien plus encore qu'il ne l'avait prévu. Tout ce qui lui fallait pour passer à l'abordage, c'était un putain de vaisseau Gummi et... mon dieu, il était plus que temps que les mercenaires s'y mettent. En fin de compte, ce simple navire de guerre était incroyablement limité comparé à ce que pourrait donner des transports spatiaux.
C'est d'humeur rageuse que Surkesh quitta le Pays Imaginaire...