Au-dessous d’elle s’étendait toute la Terre des Lions. A perte de vue, savane, jungles et prairies. Le soleil de l’après-midi nimbait le tout d’une lumière dorée, omniprésente. Naran, sous sa forme de serpentaire, planait au-dessus du domaine, et maitrisait peu à peu les arcanes du vol.
Mais désormais, il lui fallait trouver la demeure des hyènes. C’était, après tout, la raison de sa venue : Aider les hyènes affamées à se nourrir. Elle se demandait bien comment des animaux qu’on lui avait décrit comme un mélange de loup et de lion pouvait avoir du mal à chasser.
L’intitulé de mission précisait que les animaux vivaient dans le cimetière des Éléphants, dans « l’Ombre ». On avait vu plus précis comme description. Mais, alors que la Mongole planait au-dessus d’un majestueux pic de rochers, elle eut une révélation. Toutes les terres qu’elle avait survolées, de la Station ShinRa au point d’eau, étaient baigné de la lumière ; Prenant de plein fouet les rayons implacables du soleil de ce monde. Mais une mince bande de terre était à l’ombre, caché par un massif de montagnes dont les sommets se perdaient dans les nuages.
Naran changea immédiatement de cap. Elle accéléra, filant au plus rapide qu’il lui était donné de voler. Ce n’était pas la vitesse d’un faucon… Mais ça restait bien plus rapide que sa course dans la savane.
Après quelques heures de vol, Naran arriva en vue de la zone d’ombre. Elle n’y distinguait d’abord que de vague formes anguleuses. Sans partir en piqué, elle descendit peu à peu en altitude. La mercenaire eut alors une réflexion un peu tardive.
Elle ne savait pas encore comment atterrir.
Sa panique fut brève. Le sol s’approchais à grande vitesse, même avec ses ailes largement tendue autour d’elle. Naran eut une prière, pour quoi ou qui, allez savoir.
Dans une volée de plume et un croassement terrifié, Naran s’écrasa au sol. La mercenaire tenta un roulé boulé malheureux, qui eut au moins le mérite d’amortir sa chute.
Etourdie, la serpentaire en voyait presque des étoiles. Ses plumes lui lançaient terriblement : Elles devaient s’être désordonnées dans son atterrissage. Alors qu’elle reprenait ses sens, elle entendit comme un gloussement. Un gloussement ponctué de rires aigües et stupides.
Inquiète, Naran leva les yeux. Devant elle se tenaient deux bêtes hilares. Les idiotes se tordaient de rire entre d’énormes ossements, côtes gigantesques et sinueuses colonnes vertébrales qui parsemait ce domaine sombre et poussiéreux.
Leur corps grisâtre était disgracieux ; Leur rire l’était encore plus. Une crinière sale et désordonnée couvrait leur petit crane, glissant en une ligne malodorante jusqu’à leur arrière train rachitique. Leur mâchoire par contre, inspirait plus crainte que dégout.
Cela correspondait à la définition des hyènes. Naran avait au moins trouvé sa cible, même si elle s’était ridiculisée au passage. D’abord les singes, et maintenant les hyène… Elle commençait à en avoir marre qu’on lui rit au nez dans ce monde…
Au boulot maintenant. Naran se redressa, et s’ébroua. Instinctivement, sa collerette se dressa – c’est qu’elle voulait impressionner ses hôtes… Évidemment, cela cause une autre crise d’hilarité pour les hyènes.
Soupirant, Naran les laissa finir leur ricanement, en profitant pour se remettre les plumes en place. Quitte à ce que d’autre hyènes se pointent, au moins sur celles-là elle fera meilleure impression.
« Bon, vous avez finit de rire ? » Quelques halètements étouffés se firent entendre, mais les deux hyènes semblaient se calmer. Ou plutôt, elles attendaient un prochain tour, que Naran n’était pas prête à leur accorder.
« Je suis venu vous aider pour votre problème de gibier. »
Les hyènes changèrent d’attitude immédiatement. Attentives, mais tendues. L’une ricana : « Et c’est un oiseau qui sait pas voler qui va nous trouver à becqueter ? »
« Mais non, idiote ! C’dois être un cadeau du Serval, une mise en bouche ! »
« Quoi, le piaf ? Moi j’veux bien mais même à deux, ‘va pas avoir grand-chose… »
Les deux hyènes s’approchaient tout en discutant. Naran sentait qu’il fallait mettre un terme à leur fil de discussion… Mais sa curiosité l’emporta. En deux enjambées, elle s’était perché sur une défense poussiéreuse, hors de portée des deux charognards.
« Le serval ? » Elle pencha sa tête, alors que les hyènes grognaient de la voir s’éloigner.
« Not’ boss ici. Cherche pas, on t’dira rien. »
« En un coup de queue il t’enverra planer, de toute façon »
En les observant tourner autour de son perchoir, Naran parvenait peu à peu à distinguer les deux hyènes. L’une avait une rayure particulièrement marquée sur l’oreille, et une tendance à sauter aux conclusions. La deuxième était plus massive, prompte à ricaner et rabaisser sa compagne. Les deux suivaient la mercenaire des yeux comme on fixe une dinde rôtie qui tourne sur sa broche.
« Ce Serval, c’est lui qui vous nourrit ? »
« Humpf ! Non, mais c’est lui qui nous mènera vers la victoire sur les foutu lions ! »
« Qu’est-ce que tu cherches ici, le piaf ? »
Naran allait répondre, qu’elle senti un frisson lui parcourir le dos. Elle sursauta, et ce faisant évita de peu les mâchoires puissante d’une troisième hyène. Râblée et couverte de cicatrice, son attaquante la fixait maintenant d’un regard défiant. La dernière du trio avait profité de sa discussion avec la Rayée pour se glisser sur la défense qui lui servait de perchoir, et pensait la gober d’un coup de croc.
Rageusement, la hyène balafrée gronda. « Regarde autour de toi. des os, d'la poussière, c’est tout ce qu’on a à s'mettre sous la dent. Les rare qui ne deviennent pas fou à force de mâchouiller des cailloux ne vivent que sur l’espoir de reprendre le Rocher aux Lions. Scar nous a mené à la victoire ; Le Serval fera de même. » Il y avait, dans les yeux jaunis de la Balafrée, un fanatisme qui ramena Naran à ses jours dans l’armée Hun.
« Qu’est-ce que tu viens faire ici, si tu n’es pas envoyé par Lui ? »
Après un silence interloqué (c’est qu’elle avait failli se faire dévorer, tout de même), Naran lui répondit.
« J’ai été envoyé par les Mercenaires, mon… Clan. » La mercenaire se tenait tout au bout de la défense qui lui servait d’appuis, pris en tenaille entre la Balafrée devant elle et les deux idiotes en contrebas.
« L’une des vôtres a clamé mourir de faim. Et, cloitré que vous êtes dans un territoire desséché comme celui-ci … » La Balafrée gronda. « Ce n’est pas étonnant. » Naran déploya sa queue en éventail, seule façon que sa nouvelle apparence avait d’affirmer qu’elle se mettait en garde. « Je ne suis pas venu chercher querelle. Je viens juste proposer un autre terrain de chasse, bien plus vaste… et bien plus fertile. »
« Hah ! Peste d’espion des Lions ! » La Balafrée s’était avancée, son haleine pestilentielle refluant au visage de Naran. Mise à mal par l’odeur, cette dernière pris son envol, allant se percher un peu plus haut sur un arbre à moitié mort. « Regardez, elle nous nargue ! Qui pourrait croire ces teignes d’oiseau de toute façon ! »
Malgré les rugissements rageurs de la Balafrée, Naran pouvait voir que les deux autres hyènes n’étaient pas aussi convaincues. La Rayée s’était même exclamée « A manger ? De quoi chasser ? », avant que sa compagne ne la fasse taire d’un coup de griffe.
« Et... où serait ce si merveilleux territoire ? » La Teigneuse avait encore sur ses pattes les quelques gouttes de sang qu’elle avait arraché au visage de sa compagne. Malgré son ton cynique et méfiant, Naran cru entendre dans sa voix un soupçon d’espoir.
« Par-delà la savane. A Port Royal, un monde sans lions, sans roi. Là, la seule loi est celle des Mercenaires. » Ces hyènes n’étaient probablement pas capables de comprendre le délicat équilibre entre Compagnie des Indes, Marine et Mercenaire, donc autant simplifier.
« J’y ai chassé une proie plus grosse encore qu’un éléphant, dont la carcasse a nourri les nôtres pendant des moi. Sa carcasse adorne encore mon domaine. » Bon. Ça n’avait été qu’une baleine pacifique, qu’elle avait vaguement harponnée avec un équipage de baleinier. Et puis, de l’animal, elle n’avait gardé qu’un œil, qui lui avait été confié après avoir été plongé dans du formol. Mais autant leur en mettre plein la vue.
« Y règne une telle abondance que les miens peuvent devenir trop gras pour courir ou chasser eux même ; Et pourtant, malgré la paresse, la maladie ou la vieillesse, tous y trouvent de quoi manger. » Sauf certains miséreux qui s’éteignaient à l’ombre des caniveaux, mais après tout, qui se préoccupait d’eux ?
« Mon clan serait prêt à vous laisser participer à leurs chasses. » Pas comme si on manquait de contrats… « Le choix est votre : Rester ici, attendre votre Serval pendant que vous criez famine ; Ou nous rejoindre, et chasser un gibier toujours plus abondant. » Il faut dire que les Mondes ne manquaient pas de Sans Cœur, de tête mise à prix, enfin, de toute les cibles qu’un mercenaire pouvait traquer.
« Mensonges ! » Crachat la Balafrée.
« Plus gros qu’un éléphant ?? » S’exclamait la Rayée, les yeux fous et la bave aux lèvres.
Après avoir laissé les deux autres s’égosiller, la Teigneuse finit par parler, de son habituel ton venimeux. « Scar nous a promis des choses similaires... Sans succès, puisque nous rongeons encore les mêmes os qu'avant sa venu! Depuis, nous sommes plus méfiants… » Laissant le silence peser un instant, elle poursuivit : « Le Serval a le pouvoir de combattre les lions. Mais qu'est qu'un piaf comme toi, à peine capable de battre des ailes, peut nous offrir ? »
« Venez, vous verrez bien. Je n'ai pas d'autre moyen de vous convain- »
La Teigneuse eut un sourire mauvais. « J'ai une idée ! Faisons un pari. Une… course, à travers le cimetière des éléphants. Si tu parviens à atteindre la carcasse de Satao, sans voler, ni te faire … attraper par l’une d’entre nous… Peut-être que nous t’écouterons. »
Naran était interloquée. « Mais qu’est-ce que cela vous prouverai ? »
Avec un ricanement, la Teigneuse répondit : « Simplement que tu n’es pas aussi incompétente que tu en as l’air. »
C’était une blague ?? Dans ce monde, Naran n’avais ni griffes ni puissante musculature. Comment était-elle supposée échapper à une bande de hyènes affamée ? Elle aurait renoncé sans trop de regret...
Mais son orgueil était en jeu. Difficile d'admettre aux autres mercenaires qu'elle s'était faite impressionner par une bande de corniauds famélique, tout aussi terrifiante que soit leur dentition.
« Soit. »
D’un bond, Naran retomba au sol, et sprinta vers les ombres du cimetière des éléphants. Dans un rire hystérique, la Rayée se lança à ses trousses. La Teigneuse suivi, étrangement silencieuse. Sur les rocher en surplomb, Naran entendit la Balafrée soupirer, puis sauter d’un roc à l’autre pour disparaître dans les ombres.
Naran poursuivait sa course effrénée à travers les squelettes et les pics rocheux. L’adrénaline lui montait à la tête, tandis que ses yeux d’oiseaux repéraient les obstacles à sa course.
Des recoins du cimetière asséchés, de multiples prunelles jaunes et affamés se posaient sur elle. Un ricanement dément se répandit à travers le canyon, tandis que de plus en plus de hyènes se lançait à sa poursuite.
La mercenaire détalait, tantôt sur le sol poussiéreux, tantôt sur les renfoncements rocheux. Elle se glissait sur les côtés du canyon quand une hyène arrivait à se mettre dans son chemin ; Elle bondissait pour éviter des coups de croc ou de griffe. Fort heureusement, Naran ne maitrisait pas le décollage sur terrain plat, donc elle n’avait pas à s’empêcher de s’envoler par reflexe.
Le halètement rieur des hyènes résonnait derrière elle, se prolongeant en un écho à travers les ravines. Quelques rayons de soleil illuminaient un labyrinthe de roche rougeoyante et de pachydermes putréfiés ; des flashs de lumière que Naran remarquait à peine, concentrée qu’elle était sur sa folle échappée.
Si, au début, Naran avait perdu quelques plumes dans les gueules de ses poursuivant, elle prenait maintenant de l’avance. De quelques coups de serre, elle tenait à distance les plus véloce. Les hyènes s’en contentaient : Elles étaient taillées pour l’endurance, et attendaient en ricanant que la Serpentaire faiblisse.
S’enchainaient rapidement sprints en terrain plat, cascades le long de rochers, et bonds au-dessus de précipices encaissés. Naran commençait à prendre son rythme. Son apparence était peut-être moins efficace en combat, mais ses réflexes étaient bien plus rapides : Il lui était donc plus aisé d’éviter ses adversaires.
Après un virage, une lionne grisonnante apparu en face d’elle. Naran se jeta au sol, passant sous les pattes de la bête pour rouler sur quelques mètres. Elle entendit derrière elle la clameur hurlante des hyènes prêtes à déchiqueter sa chair, et se releva aussi vite que possible. Elle s’élança en avant, mais fut retenu par ses plumes de queue. Une hyène était déjà sur elle. Naran la laissa planter ses crocs sur son aile droite, lui assénant un vicieux coup de griffe sur le nez. Son aile ne saignait pas : Les plumes étaient désordonnées et tordues, mais suffisamment touffues pour protéger sa chair.
Se saisissant de la gueule de son attaquante de ses serres, Naran y pris appuis pour sauter en arrière. Elle réussit à se réceptionner, et repris sa course. Sa victime eut un jappement pitoyable, tandis que le reste des hyènes arrivait à son niveau et ricanaient de plus belle.
Mal nourries, rendu à moitié folles par la faim et leurs exile, elles n’étaient pas aussi puissantes au combat que leur morphologie laissait supposer. Malgré cela, leur nombre interdisait à la mercenaire de les combattre de front.
Enfoncée de plus en plus profondément dans le dédale du cimetière, Naran commençait à se perdre. Elle pris de la hauteur, montant de rocher en rocher jusqu’aux bords du canyon. Ses poursuivants maugréaient, forcées de passer une à une pour escalader la roche.
Se laissant guider par les squelettes de plus en plus omniprésents, la Serpentaire se rapprochait de l’épicentre du cimetière. C’était un cratère énorme, où s’amoncelaient les restes de centaines de bêtes. Une brume blanche serpentait autour des monticules d’ossements qui s’étendaient à perte de vue.
Le cimetière était sombre, même en ce début d’après-midi. Un grondement sourd menaçait l'endroit, donnant un semblant de vie aux cadavres, parfois jusqu’à en faire trembler la terre.
Naran aperçu un squelette plus récent que les autres. Son crane massif était d’une propreté parfaite, raclé de la moindre trace de chair ou de tendon ; Ses défenses semblait briller dans l’atmosphère obscure du lieu.
Alors qu’elle s’approchait du gouffre d’ossement, Naran détaillait ce qu’elle présumait être le crâne de Satao, et sa ligne d’arrivée. Elle était proche du but, enfin.
Un dernier coup d’œil, avant de se lancer dans le cratère ; Elle leva la tête de la chute qui l’attendait… Et son regard croisa celui de la Balafrée. Par la force de sa hargne, et quelques raccourcis, la hyène décharnée était arrivée à la devancer.
Sa sortie bloquée, Naran était prise en tenaille. Pas le temps d’hésiter : Elle attaqua immédiatement. D’une lacération sur le museau, elle pensait décourager son assaillante ; Mais cette dernière rugit et lui mordit la patte. Naran croassa. Elle se débattit autant que lui était possible, mais la hyène ne lâcha pas prise. Même planter ses serres captives dans la mâchoire de la Balafrée n’eut aucun effet ; Cette dernière tint bon, ses yeux incandescents fixées sur la mercenaire. Le bruit des poursuivants s’intensifiait derrières elles.
Jouant le tout pour le tout, Naran pris appuis sur sa patte encore libre, et piqua son bec vers le museau de la Balafrée. Cette dernière tenta de l’éviter, mais desserra son étau quand le bec de la mercenaire vint se planter dans sa babine.
Profitant de sa faiblesse, Naran lui envoya un second coup de serre, puis s’agrippa à son dos bossu pour passer au-dessus d’elle. Sans se retourner au rugissement rageur de la Balafrée, la mercenaire s’élança sur la pente qui menait au cimetière, glissant maladroitement sur les squelettes.
Le terrain était inégal, de boue et d’os fragmenté. Naran trébuchait, tombait, glissait, mais gardait suffisamment d’équilibre pour ensuite continuer sa course. Derrière elle, le craquement des os et le halètement des hyènes se rapprochait, rattrapant le peu d’avance qu’elle avait accumulé.
Soudain, le grondement sourd qui emplissait le cratère s’intensifia. Une explosion se fit entendre, puis une autre. Des colonnes de fumées s’élevaient, parsemant le cimetière. Le tonnerre de l’éruption faisait trembler les débris au sol, créant une mélodie inquiétante. Le son s’amplifiant de plus en plus, jusqu’à ce que surgisse du sol des geysers d’eau bouillonnante, et quelques flamboyantes bulles de magma.
Eperdue, Naran observa son itinéraire se grever d’une multitude d’embûche. Elle n’eut pas le temps d’en trouver un autre : un rocher, projeté par une poussée de magma, vint s’écraser à quelque mètre d’elle. La mercenaire se remis en mouvement, sprintant au plus rapide qu’il lui était possible d’aller.
A chaque pas, elle craignait que la roche ne s’effrite ou ne la pulvérise ; A chaque enjambée, elle avait un coup d’œil pour le ciel noircit de fumé, d’où tombait parfois des rochers expulsés. Derrière elle, les hyènes hurlaient leur ricanement dément, visiblement habitués à de tels jeux pyrotechniques.
Finalement, Naran atteint la colline où reposait le crâne dépouillé. Elle se lança dans l’ascension, désolée de ne pas avoir de main pour s’agripper aux os éclatés qui composaient l’essentiel du monticule. A bout de force après sa course endiablée, ses griffes peinaient à la hisser jusqu’au crane. Elle entendait les halètements de ses poursuivants, toujours plus proche, pendant qu’elle pédalait avec peine dans un tas de débris friables et innombrable.
Enfin, elle sentit sous ses serres l’ivoire impeccable du crane de Satao. Avec un croassement, elle se hissa sur la défense, un chant de victoire surgissant instinctivement de ses poumons d’oiseau.
Le rire des hyènes s’éteint peu à peu. Il n’en restait que cinq devant elle : Toute n’avait pas osé braver les geysers. La Teigneuse était là, et le regard qu’elle posait sur Naran n’était pas uniquement composé de haine.
« Dommage. Un peu de poulet rôti n’aurait pas été de refus… »
« Je suppose que cela signifie que vous n’avez aucune intention de nous rejoindre ? »
« … Qui sait. Certains ont peut-être été convaincu par ton numéro d’acrobatie… »
Une hyène plus entreprenante bondis, tentant d’atteindre le perchoir de Naran. Cette dernière jura, et sauta de la défense pour prendre son envol.
« Pensez-y. Je vous offre de la nourriture à profusion, et la chance de mener vos propres chasses au lieu de vous limiter à la charité des Lions ! »
« On y réfléchira. » Railla la Teigneuse.
Mer 8 Nov 2017 - 18:41Mais désormais, il lui fallait trouver la demeure des hyènes. C’était, après tout, la raison de sa venue : Aider les hyènes affamées à se nourrir. Elle se demandait bien comment des animaux qu’on lui avait décrit comme un mélange de loup et de lion pouvait avoir du mal à chasser.
L’intitulé de mission précisait que les animaux vivaient dans le cimetière des Éléphants, dans « l’Ombre ». On avait vu plus précis comme description. Mais, alors que la Mongole planait au-dessus d’un majestueux pic de rochers, elle eut une révélation. Toutes les terres qu’elle avait survolées, de la Station ShinRa au point d’eau, étaient baigné de la lumière ; Prenant de plein fouet les rayons implacables du soleil de ce monde. Mais une mince bande de terre était à l’ombre, caché par un massif de montagnes dont les sommets se perdaient dans les nuages.
Naran changea immédiatement de cap. Elle accéléra, filant au plus rapide qu’il lui était donné de voler. Ce n’était pas la vitesse d’un faucon… Mais ça restait bien plus rapide que sa course dans la savane.
Après quelques heures de vol, Naran arriva en vue de la zone d’ombre. Elle n’y distinguait d’abord que de vague formes anguleuses. Sans partir en piqué, elle descendit peu à peu en altitude. La mercenaire eut alors une réflexion un peu tardive.
Elle ne savait pas encore comment atterrir.
Sa panique fut brève. Le sol s’approchais à grande vitesse, même avec ses ailes largement tendue autour d’elle. Naran eut une prière, pour quoi ou qui, allez savoir.
Dans une volée de plume et un croassement terrifié, Naran s’écrasa au sol. La mercenaire tenta un roulé boulé malheureux, qui eut au moins le mérite d’amortir sa chute.
Etourdie, la serpentaire en voyait presque des étoiles. Ses plumes lui lançaient terriblement : Elles devaient s’être désordonnées dans son atterrissage. Alors qu’elle reprenait ses sens, elle entendit comme un gloussement. Un gloussement ponctué de rires aigües et stupides.
Inquiète, Naran leva les yeux. Devant elle se tenaient deux bêtes hilares. Les idiotes se tordaient de rire entre d’énormes ossements, côtes gigantesques et sinueuses colonnes vertébrales qui parsemait ce domaine sombre et poussiéreux.
Leur corps grisâtre était disgracieux ; Leur rire l’était encore plus. Une crinière sale et désordonnée couvrait leur petit crane, glissant en une ligne malodorante jusqu’à leur arrière train rachitique. Leur mâchoire par contre, inspirait plus crainte que dégout.
Cela correspondait à la définition des hyènes. Naran avait au moins trouvé sa cible, même si elle s’était ridiculisée au passage. D’abord les singes, et maintenant les hyène… Elle commençait à en avoir marre qu’on lui rit au nez dans ce monde…
Au boulot maintenant. Naran se redressa, et s’ébroua. Instinctivement, sa collerette se dressa – c’est qu’elle voulait impressionner ses hôtes… Évidemment, cela cause une autre crise d’hilarité pour les hyènes.
Soupirant, Naran les laissa finir leur ricanement, en profitant pour se remettre les plumes en place. Quitte à ce que d’autre hyènes se pointent, au moins sur celles-là elle fera meilleure impression.
« Bon, vous avez finit de rire ? » Quelques halètements étouffés se firent entendre, mais les deux hyènes semblaient se calmer. Ou plutôt, elles attendaient un prochain tour, que Naran n’était pas prête à leur accorder.
« Je suis venu vous aider pour votre problème de gibier. »
Les hyènes changèrent d’attitude immédiatement. Attentives, mais tendues. L’une ricana : « Et c’est un oiseau qui sait pas voler qui va nous trouver à becqueter ? »
« Mais non, idiote ! C’dois être un cadeau du Serval, une mise en bouche ! »
« Quoi, le piaf ? Moi j’veux bien mais même à deux, ‘va pas avoir grand-chose… »
Les deux hyènes s’approchaient tout en discutant. Naran sentait qu’il fallait mettre un terme à leur fil de discussion… Mais sa curiosité l’emporta. En deux enjambées, elle s’était perché sur une défense poussiéreuse, hors de portée des deux charognards.
« Le serval ? » Elle pencha sa tête, alors que les hyènes grognaient de la voir s’éloigner.
« Not’ boss ici. Cherche pas, on t’dira rien. »
« En un coup de queue il t’enverra planer, de toute façon »
En les observant tourner autour de son perchoir, Naran parvenait peu à peu à distinguer les deux hyènes. L’une avait une rayure particulièrement marquée sur l’oreille, et une tendance à sauter aux conclusions. La deuxième était plus massive, prompte à ricaner et rabaisser sa compagne. Les deux suivaient la mercenaire des yeux comme on fixe une dinde rôtie qui tourne sur sa broche.
« Ce Serval, c’est lui qui vous nourrit ? »
« Humpf ! Non, mais c’est lui qui nous mènera vers la victoire sur les foutu lions ! »
« Qu’est-ce que tu cherches ici, le piaf ? »
Naran allait répondre, qu’elle senti un frisson lui parcourir le dos. Elle sursauta, et ce faisant évita de peu les mâchoires puissante d’une troisième hyène. Râblée et couverte de cicatrice, son attaquante la fixait maintenant d’un regard défiant. La dernière du trio avait profité de sa discussion avec la Rayée pour se glisser sur la défense qui lui servait de perchoir, et pensait la gober d’un coup de croc.
Rageusement, la hyène balafrée gronda. « Regarde autour de toi. des os, d'la poussière, c’est tout ce qu’on a à s'mettre sous la dent. Les rare qui ne deviennent pas fou à force de mâchouiller des cailloux ne vivent que sur l’espoir de reprendre le Rocher aux Lions. Scar nous a mené à la victoire ; Le Serval fera de même. » Il y avait, dans les yeux jaunis de la Balafrée, un fanatisme qui ramena Naran à ses jours dans l’armée Hun.
« Qu’est-ce que tu viens faire ici, si tu n’es pas envoyé par Lui ? »
Après un silence interloqué (c’est qu’elle avait failli se faire dévorer, tout de même), Naran lui répondit.
« J’ai été envoyé par les Mercenaires, mon… Clan. » La mercenaire se tenait tout au bout de la défense qui lui servait d’appuis, pris en tenaille entre la Balafrée devant elle et les deux idiotes en contrebas.
« L’une des vôtres a clamé mourir de faim. Et, cloitré que vous êtes dans un territoire desséché comme celui-ci … » La Balafrée gronda. « Ce n’est pas étonnant. » Naran déploya sa queue en éventail, seule façon que sa nouvelle apparence avait d’affirmer qu’elle se mettait en garde. « Je ne suis pas venu chercher querelle. Je viens juste proposer un autre terrain de chasse, bien plus vaste… et bien plus fertile. »
« Hah ! Peste d’espion des Lions ! » La Balafrée s’était avancée, son haleine pestilentielle refluant au visage de Naran. Mise à mal par l’odeur, cette dernière pris son envol, allant se percher un peu plus haut sur un arbre à moitié mort. « Regardez, elle nous nargue ! Qui pourrait croire ces teignes d’oiseau de toute façon ! »
Malgré les rugissements rageurs de la Balafrée, Naran pouvait voir que les deux autres hyènes n’étaient pas aussi convaincues. La Rayée s’était même exclamée « A manger ? De quoi chasser ? », avant que sa compagne ne la fasse taire d’un coup de griffe.
« Et... où serait ce si merveilleux territoire ? » La Teigneuse avait encore sur ses pattes les quelques gouttes de sang qu’elle avait arraché au visage de sa compagne. Malgré son ton cynique et méfiant, Naran cru entendre dans sa voix un soupçon d’espoir.
« Par-delà la savane. A Port Royal, un monde sans lions, sans roi. Là, la seule loi est celle des Mercenaires. » Ces hyènes n’étaient probablement pas capables de comprendre le délicat équilibre entre Compagnie des Indes, Marine et Mercenaire, donc autant simplifier.
« J’y ai chassé une proie plus grosse encore qu’un éléphant, dont la carcasse a nourri les nôtres pendant des moi. Sa carcasse adorne encore mon domaine. » Bon. Ça n’avait été qu’une baleine pacifique, qu’elle avait vaguement harponnée avec un équipage de baleinier. Et puis, de l’animal, elle n’avait gardé qu’un œil, qui lui avait été confié après avoir été plongé dans du formol. Mais autant leur en mettre plein la vue.
« Y règne une telle abondance que les miens peuvent devenir trop gras pour courir ou chasser eux même ; Et pourtant, malgré la paresse, la maladie ou la vieillesse, tous y trouvent de quoi manger. » Sauf certains miséreux qui s’éteignaient à l’ombre des caniveaux, mais après tout, qui se préoccupait d’eux ?
« Mon clan serait prêt à vous laisser participer à leurs chasses. » Pas comme si on manquait de contrats… « Le choix est votre : Rester ici, attendre votre Serval pendant que vous criez famine ; Ou nous rejoindre, et chasser un gibier toujours plus abondant. » Il faut dire que les Mondes ne manquaient pas de Sans Cœur, de tête mise à prix, enfin, de toute les cibles qu’un mercenaire pouvait traquer.
« Mensonges ! » Crachat la Balafrée.
« Plus gros qu’un éléphant ?? » S’exclamait la Rayée, les yeux fous et la bave aux lèvres.
Après avoir laissé les deux autres s’égosiller, la Teigneuse finit par parler, de son habituel ton venimeux. « Scar nous a promis des choses similaires... Sans succès, puisque nous rongeons encore les mêmes os qu'avant sa venu! Depuis, nous sommes plus méfiants… » Laissant le silence peser un instant, elle poursuivit : « Le Serval a le pouvoir de combattre les lions. Mais qu'est qu'un piaf comme toi, à peine capable de battre des ailes, peut nous offrir ? »
« Venez, vous verrez bien. Je n'ai pas d'autre moyen de vous convain- »
La Teigneuse eut un sourire mauvais. « J'ai une idée ! Faisons un pari. Une… course, à travers le cimetière des éléphants. Si tu parviens à atteindre la carcasse de Satao, sans voler, ni te faire … attraper par l’une d’entre nous… Peut-être que nous t’écouterons. »
Naran était interloquée. « Mais qu’est-ce que cela vous prouverai ? »
Avec un ricanement, la Teigneuse répondit : « Simplement que tu n’es pas aussi incompétente que tu en as l’air. »
C’était une blague ?? Dans ce monde, Naran n’avais ni griffes ni puissante musculature. Comment était-elle supposée échapper à une bande de hyènes affamée ? Elle aurait renoncé sans trop de regret...
Mais son orgueil était en jeu. Difficile d'admettre aux autres mercenaires qu'elle s'était faite impressionner par une bande de corniauds famélique, tout aussi terrifiante que soit leur dentition.
« Soit. »
D’un bond, Naran retomba au sol, et sprinta vers les ombres du cimetière des éléphants. Dans un rire hystérique, la Rayée se lança à ses trousses. La Teigneuse suivi, étrangement silencieuse. Sur les rocher en surplomb, Naran entendit la Balafrée soupirer, puis sauter d’un roc à l’autre pour disparaître dans les ombres.
Naran poursuivait sa course effrénée à travers les squelettes et les pics rocheux. L’adrénaline lui montait à la tête, tandis que ses yeux d’oiseaux repéraient les obstacles à sa course.
Des recoins du cimetière asséchés, de multiples prunelles jaunes et affamés se posaient sur elle. Un ricanement dément se répandit à travers le canyon, tandis que de plus en plus de hyènes se lançait à sa poursuite.
La mercenaire détalait, tantôt sur le sol poussiéreux, tantôt sur les renfoncements rocheux. Elle se glissait sur les côtés du canyon quand une hyène arrivait à se mettre dans son chemin ; Elle bondissait pour éviter des coups de croc ou de griffe. Fort heureusement, Naran ne maitrisait pas le décollage sur terrain plat, donc elle n’avait pas à s’empêcher de s’envoler par reflexe.
Le halètement rieur des hyènes résonnait derrière elle, se prolongeant en un écho à travers les ravines. Quelques rayons de soleil illuminaient un labyrinthe de roche rougeoyante et de pachydermes putréfiés ; des flashs de lumière que Naran remarquait à peine, concentrée qu’elle était sur sa folle échappée.
Si, au début, Naran avait perdu quelques plumes dans les gueules de ses poursuivant, elle prenait maintenant de l’avance. De quelques coups de serre, elle tenait à distance les plus véloce. Les hyènes s’en contentaient : Elles étaient taillées pour l’endurance, et attendaient en ricanant que la Serpentaire faiblisse.
S’enchainaient rapidement sprints en terrain plat, cascades le long de rochers, et bonds au-dessus de précipices encaissés. Naran commençait à prendre son rythme. Son apparence était peut-être moins efficace en combat, mais ses réflexes étaient bien plus rapides : Il lui était donc plus aisé d’éviter ses adversaires.
Après un virage, une lionne grisonnante apparu en face d’elle. Naran se jeta au sol, passant sous les pattes de la bête pour rouler sur quelques mètres. Elle entendit derrière elle la clameur hurlante des hyènes prêtes à déchiqueter sa chair, et se releva aussi vite que possible. Elle s’élança en avant, mais fut retenu par ses plumes de queue. Une hyène était déjà sur elle. Naran la laissa planter ses crocs sur son aile droite, lui assénant un vicieux coup de griffe sur le nez. Son aile ne saignait pas : Les plumes étaient désordonnées et tordues, mais suffisamment touffues pour protéger sa chair.
Se saisissant de la gueule de son attaquante de ses serres, Naran y pris appuis pour sauter en arrière. Elle réussit à se réceptionner, et repris sa course. Sa victime eut un jappement pitoyable, tandis que le reste des hyènes arrivait à son niveau et ricanaient de plus belle.
Mal nourries, rendu à moitié folles par la faim et leurs exile, elles n’étaient pas aussi puissantes au combat que leur morphologie laissait supposer. Malgré cela, leur nombre interdisait à la mercenaire de les combattre de front.
Enfoncée de plus en plus profondément dans le dédale du cimetière, Naran commençait à se perdre. Elle pris de la hauteur, montant de rocher en rocher jusqu’aux bords du canyon. Ses poursuivants maugréaient, forcées de passer une à une pour escalader la roche.
Se laissant guider par les squelettes de plus en plus omniprésents, la Serpentaire se rapprochait de l’épicentre du cimetière. C’était un cratère énorme, où s’amoncelaient les restes de centaines de bêtes. Une brume blanche serpentait autour des monticules d’ossements qui s’étendaient à perte de vue.
Le cimetière était sombre, même en ce début d’après-midi. Un grondement sourd menaçait l'endroit, donnant un semblant de vie aux cadavres, parfois jusqu’à en faire trembler la terre.
Naran aperçu un squelette plus récent que les autres. Son crane massif était d’une propreté parfaite, raclé de la moindre trace de chair ou de tendon ; Ses défenses semblait briller dans l’atmosphère obscure du lieu.
Alors qu’elle s’approchait du gouffre d’ossement, Naran détaillait ce qu’elle présumait être le crâne de Satao, et sa ligne d’arrivée. Elle était proche du but, enfin.
Un dernier coup d’œil, avant de se lancer dans le cratère ; Elle leva la tête de la chute qui l’attendait… Et son regard croisa celui de la Balafrée. Par la force de sa hargne, et quelques raccourcis, la hyène décharnée était arrivée à la devancer.
Sa sortie bloquée, Naran était prise en tenaille. Pas le temps d’hésiter : Elle attaqua immédiatement. D’une lacération sur le museau, elle pensait décourager son assaillante ; Mais cette dernière rugit et lui mordit la patte. Naran croassa. Elle se débattit autant que lui était possible, mais la hyène ne lâcha pas prise. Même planter ses serres captives dans la mâchoire de la Balafrée n’eut aucun effet ; Cette dernière tint bon, ses yeux incandescents fixées sur la mercenaire. Le bruit des poursuivants s’intensifiait derrières elles.
Jouant le tout pour le tout, Naran pris appuis sur sa patte encore libre, et piqua son bec vers le museau de la Balafrée. Cette dernière tenta de l’éviter, mais desserra son étau quand le bec de la mercenaire vint se planter dans sa babine.
Profitant de sa faiblesse, Naran lui envoya un second coup de serre, puis s’agrippa à son dos bossu pour passer au-dessus d’elle. Sans se retourner au rugissement rageur de la Balafrée, la mercenaire s’élança sur la pente qui menait au cimetière, glissant maladroitement sur les squelettes.
Le terrain était inégal, de boue et d’os fragmenté. Naran trébuchait, tombait, glissait, mais gardait suffisamment d’équilibre pour ensuite continuer sa course. Derrière elle, le craquement des os et le halètement des hyènes se rapprochait, rattrapant le peu d’avance qu’elle avait accumulé.
Soudain, le grondement sourd qui emplissait le cratère s’intensifia. Une explosion se fit entendre, puis une autre. Des colonnes de fumées s’élevaient, parsemant le cimetière. Le tonnerre de l’éruption faisait trembler les débris au sol, créant une mélodie inquiétante. Le son s’amplifiant de plus en plus, jusqu’à ce que surgisse du sol des geysers d’eau bouillonnante, et quelques flamboyantes bulles de magma.
Eperdue, Naran observa son itinéraire se grever d’une multitude d’embûche. Elle n’eut pas le temps d’en trouver un autre : un rocher, projeté par une poussée de magma, vint s’écraser à quelque mètre d’elle. La mercenaire se remis en mouvement, sprintant au plus rapide qu’il lui était possible d’aller.
A chaque pas, elle craignait que la roche ne s’effrite ou ne la pulvérise ; A chaque enjambée, elle avait un coup d’œil pour le ciel noircit de fumé, d’où tombait parfois des rochers expulsés. Derrière elle, les hyènes hurlaient leur ricanement dément, visiblement habitués à de tels jeux pyrotechniques.
Finalement, Naran atteint la colline où reposait le crâne dépouillé. Elle se lança dans l’ascension, désolée de ne pas avoir de main pour s’agripper aux os éclatés qui composaient l’essentiel du monticule. A bout de force après sa course endiablée, ses griffes peinaient à la hisser jusqu’au crane. Elle entendait les halètements de ses poursuivants, toujours plus proche, pendant qu’elle pédalait avec peine dans un tas de débris friables et innombrable.
Enfin, elle sentit sous ses serres l’ivoire impeccable du crane de Satao. Avec un croassement, elle se hissa sur la défense, un chant de victoire surgissant instinctivement de ses poumons d’oiseau.
Le rire des hyènes s’éteint peu à peu. Il n’en restait que cinq devant elle : Toute n’avait pas osé braver les geysers. La Teigneuse était là, et le regard qu’elle posait sur Naran n’était pas uniquement composé de haine.
« Dommage. Un peu de poulet rôti n’aurait pas été de refus… »
« Je suppose que cela signifie que vous n’avez aucune intention de nous rejoindre ? »
« … Qui sait. Certains ont peut-être été convaincu par ton numéro d’acrobatie… »
Une hyène plus entreprenante bondis, tentant d’atteindre le perchoir de Naran. Cette dernière jura, et sauta de la défense pour prendre son envol.
« Pensez-y. Je vous offre de la nourriture à profusion, et la chance de mener vos propres chasses au lieu de vous limiter à la charité des Lions ! »
« On y réfléchira. » Railla la Teigneuse.