« Ça me fait un gros cul, nan ? »
L’expression sur mon visage est un mélange d’agacement, de colère et de désespoir. La subtilité de cette phrase n’a d’origine que la bouche de Francis, comme vous l’aviez certainement deviné. Nous sommes à bord du Vaisseau-Mère de la Shin-Ra, en préparation de notre nouvelle mission. Cette fois-ci, l’importance est telle que toute l’équipe que j’emmène a droit à une tenue spéciale pour représenter fièrement les couleurs de notre entreprise. C’est ainsi que nous nous retrouvons chez Legarfield avec Francis, Yijun, Li Guo avec ses deux molosses, un jeune homme que je ne connais pas encore mais qui a l’air fort bizarre, les Jumeaux Quentin et Clément et pour conclure le tout : Gunther. Mon équipe est au complet, et nous sommes réunis dans cette grande salle où Legarfield nous a confectionné un certain nombre de tenues et accessoires pour nous rendre présentables devant la Coalition Noire. La salle est à accès restreint et seuls Legarfield et moi-même sommes au courant de la mission. Les autres ne savent pas encore ce qui les attend encore, c’est ce qui fait le charme de cette séance d’essayages : ils ne savent rien.
« Fran-ciiiis. Tu es MA-GNI-FI-QUE dans ce petit ensemble cuir !
- Madame Song, ça me fait un gros cul nan quand même ?
- Tu AS un énorme postérieur Francis. Remercie la bière pour ça.
- La bière c’est de l’eau, ça fait pas de mal.
- Franchement mon petit Francis, je vois pas pour-quoi tu as un souci. Et puis j’ai plus de cuir noir de vachette en stock avec toutes ces tenues aussi. Donc va falloir m’en débarrasser sinon je vais encore avoir une visite de Christine de la compta et ça m’arrange pas pour mon bonus annuel. »
Francis décide finalement de prendre l’ensemble. Pour une fois il est habillé correctement. Son ensemble est constitué de grosses bottes en cuir, un pantalon de style militaire teint complètement en noir, et un gilet accompagné d’une épaisse veste dans un cuir ébène : tout en noir quoi. La seule touche de couleur est la petite fourrure autour de son col de veste. D’après les remarques de Legarfield sur le prix des tenues, j’imagine que ce n’est pas du synthétique. Parcontre effectivement, le pantalon de Francis exacerbe la taille de son postérieur, mais bon il l’a cherché aussi. Puis il est assis pour piloter après tout, je ne lui en demande pas plus pour l’instant. Au tour d’Yijun d’essayer sa tenue officielle de mission. Le jeune homme s’avance. Legarfield lui apporte les vêtements choisis, tandis qu’Yijun se déshabille derrière le sas d’essayage.
« J’ai choisi de sublimer votre physique en incorporant un plastron de protection au niveau du torse qui permet de faire ressortir vos atouts… Animaux.
- Doucement Legarfield. Il est dans mon équipe, pas touche.
- Tu peux me toucher Legarfield si tu veux. Bwahahaha !
- Ça ira Francis, merci… Je disais donc que l’armure est plutôt pas mal, en même temps c’est normal, c’est moi qui l’ai faite. De longues bottes, un peu comme les vôtres Madame Song, mais sans les hauts talons. Le reste est assez moulant même si j’ai mis du cuir plus fin au niveau des articulations pour rester fluide dans les mouvements rapides. J’ai même mis une petite chaîne reliée à l’épaulière gauche pour rendre l’ensemble moins… Dénudé. »
Yijun sort du sas avec sa nouvelle tenue, pas mal. C’est vrai qu’il est plutôt mignon quand même. Je me demande bien ce qui se cache sous cette armure… Pure curiosité, bien sûr. Je ne suis pas une femme facile, qu’est-ce que vous croyez ? Yijun s’avance un peu, fait quelques gestes pour mieux comprendre la flexibilité de son armure. Il a un petit sourire en coin, il doit être satisfait donc. Il reprend ses armes et les arrangent en fonction de la combinaison. Li Guo avance, toujours avec ses deux chiens. Les deux molosses qui n’ont pas l’air d’apprécier le regard que leur jette Legarfield.
« Pour les deux petits toutous, j’ai décidé de relancer le nœud papillon ! Un nœud de papillon noir pour l’un, un nœud papillon blanc pour l’autre ! Je suis un GÉ-NIE ! » dit-il tout en donnant les deux nœuds papillons à Li Guo. Il invite ensuite Li Guo à rentrer dans le sas et prendre son nouveau costume.
« Pour vous Li Guo, j’ai fait plutôt simple. Vous êtes maître-chien, vous avez une épée. Vous êtes une sorte de traqueur sauvage, un homme de la nature ! Un homme qui a des nerfs et des biceps en acier ! Une attirance pour le monde sauvage ! Que dis-je ! Une dévotion à la bestialité !
- Franchement Legarfield, je sais pas à quoi tu tournes, mais faut réduire la dose.
- Je tourne à l’inspiration, Francis. Vous tournez à la bière, ne la ramenez pas. Bref. L’emsemble est en cuir noir, comme tout le monde, la différence est que ses brassards ont été renforcés et il a les bras nus. Parce que j’aime bien les bras nus…
- Les biceps d’aciers non ?
- La ferme Francis.
- Bref, une magnifique création avec beaucoup de fourrure pour combler le manque de protection contre le froid. »
Li Guo ressort, la tenue est sympathique. Cela me rappelle quelque chose, ou plutôt quelqu’un mais passons. Ce sont surtout ses chiens qui selon moi attirent toujours le plus d’attention, ils sont vraiment impressionnants. La taille de leur mâchoire suffit à m’arracher le cou je pense. Il a l’air content. Je l’aime bien ce petit. Malgré le fait qu’il soit d’une simplicité apparente, on peut entrevoir dans ses yeux une âme, une émotion qui dénote une solitude profonde en lui, un regard qui semble être comme un appel. J’apprécie de genre de personnalités car ce sont souvent eux qui peuvent devenir de précieux et loyaux alliés si l’on sait faire pression au bon endroit et au bon moment.
Les essayages continuent avec les jumeaux, qui rentrent chacun leurs tours dans le sas pour s’habiller. Le design des deux tenues est intéressant. Legarfield a inclut des motifs sur le cuir, et a fait les mêmes sur les deux ensembles mais en produisant une symétrie. Ainsi, si Clément et Quentin sont l’un à côté de l’autre, on a l’impression que les deux tenues convergent l’une vers l’autre, c’est assez impressionnant. Les deux jumeaux sont très fins, c’est le complet opposé de Francis qui a l’air d’être une boule en cuir dans sa nouvelle combinaison. D’ailleurs sa grosse ceinture est très épaisse : j’imagine que pour maintenir le tout, Legarfield a dû en faire une très renforcée. Passons à Gunther.
« Non ! Gunther est déjà par-fait ! Je ne PEUX améliorer la perfection !
- Ja ! Ja ! Ja ! Ecoute ça Franciis ! Je suis la perf-ec-tion !
- Gna-gna-gna monsieur Saucisson !
- Vous allez arrêter vous deux. Nous sommes à la Shin-Ra, pas une association de bienfaisance pour attardés mentaux. »
Gunther est habillé comme d’habitude, lunettes noires, manteau noir, tout noir. Même ses pieds de cochon sont enroulés dans quelque chose qui s’apparentent à des chaussures pour porcs ? Bien, si Gunther est exonéré d’essayage, c’est mon tour. Je rentre dans le sas d’essayage. Je vois une tenue avec une étiquette dessus : « Huayan Song ». C’est pour moi donc. Notez mon grand pouvoir de déduction. J’enfile la tenue, je ne fais tout d’abord pas très attention, je vais voir à quoi je ressemble dedans après de toute façon. Je me regarde dans le miroir. J’ai une tenue intéressante. C’est le cas de le dire, Legarfield s’est surpassé, je dois le dire. Un mariage ambitieux entre les tenues d’Illusiopolis et de la Terre des Dragons. J’ai d’abord une robe qui cache en faite une tunique très simple en soie. La robe est sur le modèle d’une qipao, robe traditionnelle shanghaïenne. Sauf qu’ici, elle est mariée avec le cuir et s’accorde à merveille avec le grand manteau de fourrure – noir toujours- qui m’ait offert. La fourrure ne recouvre que les parties proches des épaules, le reste étant uniquement fait de cuir. J’ai une certaine aura avec cette tenue, je dois l’avouer. On dirait que je suis une femme importante, cette idée vous ait ridicule n’est-ce pas ? Moi aussi je l’aurai pensé jusqu’à ce que je rentre à la Shin-Ra. Regardez-moi donc dans ce miroir, je n’étais rien ni personne il n’y a pas si longtemps que ça. Et me voilà devant vous, aujourd’hui, prête à représenter ma faction dans le grand jeu de l’univers. Au moins si la mission se passe mal, je serai retenue prisonnière et non pas exécutée comme un vulgaire soldat. Je sors du sas pour rejoindre mon équipe. Tous me regardent avec de grands yeux. La tenue fait donc son petit effet, parfait. Même Francis n’a pas la force d’ouvrir son claquet.
Au tour du jeune homme un peu bizarre. Tout en silence, il rentre dans la cabine. Legarfield reprend la parole.
« Notre jeune scientifique informatique en provenance tout droit de la Ville d’Halloween a été un cas particulier à mettre en place ! Je lui ai confectionné une magnifique blouse en cuir noir pour vous accompagner à bien dans votre mission ! Pour faire ressortir le côté sombre, caverneux et rugueux du cuir, j’ai décidé de rajouter des chaînes qui concrètement ne servent à rien mais qui ont IN-DÉ-NIA-BLE-MENT un intérêt stylistique. Après tout, vous allez avoir besoin de style.
- Pourquoi un cas particulier ?
- Disons qu’il n’est pas vivant dans le sens premier du terme ?
- Ça devient trop compliqué pour moi Legarfield.
- C’est une sorte de… Bête, je n’ai pas tout compris.
- J’en discuterai avec l’intéressé. »
Le jeune homme ressort. J’en profite pour le détailler du regard : de longs cheveux noirs attachés en queue de cheval, des yeux marrons avec de grosses cernes qui ressortent particulièrement à cause d’un visage très pâle. Il n’est pas très grand, il doit faire à peu près ma taille. Bien qu’à présent, je sois légèrement plus grande vu la taille des talons que m’a donné Legarfield. Le jeune ne dit rien et n’exprime pas vraiment d’émotions sur son visage : peut-être est-il timide ou alors intimidé par notre présence ? Je me mets à me diriger vers la porte de sortie indiquant ainsi à toute l’équipe que nous partons sur-le-champ. On va finir par être en retard avec ces essayages. Avant de sortir, je m’adresse à Legarfield :
« Merci pour ces belles tenues. Je suis sûr que nous allons faire grande impression. A très bientôt Monsieur Legarfield.
- Un PLAI-SIR, ma chéri ! » dit-il, faussement heureux comme il est.
Nous passons par un couloir étroit, nous sommes en fil indienne en direction des quais. Cependant, alors que le couloir se sépare en deux et que je devrais prendre le couloir de droite en direction du quai habituel, je tourne à gauche pour déverrouiller une porte blindée. Francis s’étonne.
« Mais vous allez où ? C’est par là les quais pour le décollage !
- Nous avons une mission spéciale aujourd’hui Francis, tu vas piloter quelque chose d’un peu plus distingué que ta vieille épave.
- Ma vieille épave vous êtes bien contente de la trouver quand vous avez besoin !
- On appelle ça la survie Francis. La survie. »
Je déverrouille la porte. Un long couloir nous fait face, je repère immédiatement deux caméras qui nous fixent du regard. Sourions, nous sommes filmés. Nous avançons, je mène la troupe qui ne semble être jamais venue ici, même moi je ne suis pas très familière de cette partie. Nous sommes dans une partie à accès restreinte, seuls les membres accrédités de la Shin-ra peuvent accéder à ce hangar. Pour des raisons de sécurité et de confidentialité. Une nouvelle porte s’ouvre, nous dévoilant un autre vaste hangar, semblable à celui où tout le monde peut aller, il est juste mieux défendu et surveillé. Un plus gros vaisseau nous attend. Un vaisseau de représentation de la Shin-Ra nous attend sur une piste de décollage. Un vaisseau faiblement armé, utilisez pour les missions officielles de la Shin-Ra, il a une forme plus élégante que les navettes de transports standards.
« Bel engin ! Ça me rappelle ma femme avant sa ménopause !
- Tout le monde à bord ! Je n’ai pas de temps à perdre.
- Oui, Madame ! »
Toute l’équipe monte à l’intérieur, prenant place dans des sièges confortables, cependant je sens qu’ils commencent à se demander où nous allons et pourquoi nous sommes tous si bien habillés. Francis prend place au poste de pilotage tandis que Gunther prend la place du co-pilote. Une fois l’appareil en marche, Francis se tourne vers moi.
« Quelles sont les coordonnées de destination Madame Song ?
- Direction la Cité du Crépuscule.
- La quoi ? »
Il marque une pause, il semble étonné. Les autres aussi. Il va falloir les briefer. Nous sommes dans les temps, mais nous ne pouvons prendre de retard pour ce rendez-vous d’importance. Je leur demande de rester assis et je prends moi-même place sur un siège, ce serait dommage que je tombe. Le charisme c’est important et ça s’entretient. Je prends le plus gros et le plus confortable des sièges.
« Nous ne pouvons être en retard, Francis, décollez immédiatement. Je vais vous expliquer en route.
- Ça marche Madame Song ! Mais quitte à mourir, j'aimerais bien savoir pour quoi ! »
Francis n’attend pas longtemps pour démarrer les moteurs et engager le décollage de l’appareil en direction de notre destination. Alors que nous quittons le Vaisseau-Mère, deux chasseurs de la Shin-Ra nous rejoignent. Ils nous escorteront jusqu’au monde du Crépuscule.
« Alpha-1 et Alpha-2 au rapport Vaisseau S. Nous vous escorterons jusqu’à votre destination.
- Vaisseau S ? C'est quoi ce code secret de mission ? Bon, bien reçu les gars. » dit Francis.
« On a même une escorte ? Madame Song, qu’allons-nous faire exactement ? » demande Yijun, curieux manifestement.
« Aujourd’hui, nous avons une mission d’importance. Je vous demanderai par ailleurs de ne faire aucun rapport écrit, oral ou de toute autre forme à quiconque suite à cette mission. Nous allons représenter la Shin-Ra dans le cadre d’une mission diplomatique secrète qui doit rester la plus confidentielle possible. Nous allons nous rendre à la Cité du Crépuscule pour récupérer un objet promis à la Shin-Ra. D’où nos tenues particulièrement bien faites pour une fois. Le déroulement de la mission sera la suivante : nous arrivons, je rencontre la délégation coalisée avec notre collègue scientifique – qui va se présenter après d’ailleurs-, vous attendez dans le vaisseau que nous revenions. Au cas où nous ne revenons pas, vous devrez vous échapper et transmettre un signal d’alerte au vaisseau commandant de la Shin-Ra le plus proche. La Cité du Crépuscule est le cœur de la machine de guerre qu’est la Coalition Noire, c’est une zone où notre survie ne tient qu’à un fil, je vous demanderai donc de faire preuve d’une extrême prudence et d’une grande intelligence. Des questions ?
- C’est quoi que vous allez récupérer Madame Song ?
- Je ne peux pas vous le dire.
- Qui va vous accueillir ?
- La Garde Noire avec un représentant de la Coalition.
- Vous serez combien de temps dans la Cité ?
- Le temps pour moi de récupérer la récompense de la Shin-Ra. »
Ils arrêtent leurs questions, cela semble assez clair pour eux : c’est une mission diplomatique, avec ses risques, ses contraintes et son adrénaline. Le scientifique s’éclaire la gorge et se lève de sa chaise pour se présenter, comme je lui ai demandé.
« Bonjour à tous… Je m’appelle Friedrich Kapell, j’ai vingt-huit ans, je viens de la Ville d’Halloween et je suis un scientifique spécialisé dans les systèmes informatiques. Je travaille pour la Shin-Ra depuis deux ans et c’est la première fois que je pars en mission en-dehors du Vaisseau-Mère.
- Les gars vous ont pas laissé sortir du Vaisseau-Mère en deux ans ? C’est vraiment des en…..
- On a pris note de votre avis Francis. Concentrez vous sur la route. Reprenez Friedrich.
- Hum… Bien… Je reprends. Je suis donc d’une condition particulière qui joue sur ma psyché et mon physique, d’où le fait que je ne puisse pas nécessairement beaucoup me déplacer entre les mondes.
- C’est-à-dire ?
- Je viens de la Ville d’Halloween, donc je suis un monstre…
- Quel genre de monstres, ja ?
- Un loup-garou. »
Petit silence dans le vaisseau. Il n’était pas obligé de tout nous dire non plus. Mais au moins il n’a pas l’air très méchant sous sa forme humaine. Juste un pauvre gosse selon moi. C'est quoi un loup-garou exactement ? J'en ai entendu parler, mais je vous avoue que l'essence du sujet m'échappe. Je me renseignerai en temps voulu. Enfin, il a dû comprendre le message, il retourne à son siège, les yeux légèrement vers le bas. Nous ne sommes pas ici pour juger, de toute façon à la Cité du Crépuscule, ce n’est pas comme s’ils avaient des jours et des nuits pleines comme dans d’autres mondes. Je me demande vraiment comment c’est là-bas… Après un voyage plutôt calme et stable, les deux chasseurs de la Shin-Ra nous font un nouvel appel radio.
« Nous nous dégageons Vaisseau S. Nous retournons au Vaisseau commandant le plus proche en attendant votre nouvel appel.
- Bien reçu, Ja ! »
Nous arrivons dans le monde. C’est à chaque fois une nouvelle découverte. Nous arrivons à ce qui ressemble pour moi à une fin de crépuscule en termes de luminosité. Dès notre arrivée, deux chasseurs de la Coalition Noire nous prennent en charge. Ils vont nous escorter jusqu’au quai d’atterrissage. Je vois une ville d’apparence plutôt normale. Parcontre le soleil est… Noir. Complètement noir, créant une atmosphère étrange, pesante sur la cité. Je vois la tour de l’horloge au loin qui a été reconstruite par la Coalition Noire de ce que j’ai pu apprendre avant de partir. J’ai même entendu un des agents de la Shin-Ra dire qu’il y a une sorte de lézard géant mangeur d’hommes près de la gare… Après Tian-Long, paix à son âme, un lézard géant mangeur d’hommes ? La Coalition Noire a vraiment un goût prononcé pour les reptiles meurtriers. La tension est palpable, nous savons que nous n’avons pas à faire à des gens honnêtes ou ayant un sens de l’honneur particulièrement aigüe. J’espère que tout va bien se passer. Notre vaisseau atterrit. Par les hublots et autres points de vue, je vois notre comité d’accueil. Dix gardes noires et un homme que je devine être le représentant de la Coalition Noire dans notre échange du jour.
« Vous savez ce que vous avez à faire, messieurs. Friedrich, avec moi. Les autres, restez sur vos gardes. »
Friedrich se lève et se place à côté de moi, comme un assistant. Francis enclenche l’ouverture du sas et de la rampe pour descendre du vaisseau. Je sors, accompagné de Friedrich. Mes autres hommes se placent proche de la rampe, observant la scène qui va se dérouler. Les dix gardes noires sont en ordre de patrouille, bien droits, bien disciplinés. Ils me font bonne impression, sans compter qu’ils ont tous l’air sélectionner selon des critères mettant en avant l’apparence physique. L’habit ne fait pas le moine comme on dit. Le représentant de la Coalition Noire est avec les gardes. Il a l’air sur la fin de sa jeunesse et ne brille pas par sa beauté. Il est grand, tout comme Friedrich il est très fin, dégageant presque une impression de « malade ». Cependant, je remarque immédiatement une opposition : il a l’air discipliné, il se tient droit, prêtant attention à son corps, du moins un minimum : et pourtant il a les cheveux gras. Est-ce un manque d’hygiène ou y a-t-il une autre raison à cela ? Je ne sais pas. Il me le dira peut-être, d’une manière ou d’une autre. La dernière chose que je remarque sont ses yeux. Des yeux perçants, dénotant de la ruse, du mépris, un instinct de prédateur. Son regard me renvoie au mien, je sais que je peux l’avoir aussi en certaines occasions. A travers lui, je vois une facette moi-même, c’est étrange e Ce n’est pas ce regard que j’arbore pour l’instant. J’ai un léger sourire en coin, je n’ai pas envie de froisser mon hôte. Peut-être qu’il appréciera mon teint pâle, proche du sien. Je m’avance avec assurance vers lui. Le regard avenant, le petit sourire toujours en coin, une démarche assurée. Je m’arrête à quelques pas de lui. Les Gardes Noirs n’ont toujours pas bougé.
« Bonsoir. » dis-je, le ton sérieux. Je ne suis pas là pour faire une cérémonie après tout. Je prends une pose bien droite, tentant du mieux que je peux de rivaliser avec sa taille.
« Je suis Madame Song. Je suis l’émissaire sélectionné du Président Rufus Shin-Ra pour cette mission diplomatique. Je vous remercie pour votre accueil. Je tiens à vous faire part de ma grande joie à l’idée de pouvoir collaborer avec vous-même et votre organisation dans le cadre de notre accord. Je vous présente notre scientifique, Friedrich, qui effectuera la tâche. J’espère que nous pourrons conduire cette mission sous les meilleurs auspices et ainsi conforter nos positions respectives dans cet univers vaste et plein de défis. » dis-je, le ton amical. Il ne faut pas froisser nos invités.
« Je suis enchantée de faire votre connaissance… Monsieur ? »
C'est ainsi que commence l'opération diplomatique secrète appelée " Marteau du Crépuscule".
L’expression sur mon visage est un mélange d’agacement, de colère et de désespoir. La subtilité de cette phrase n’a d’origine que la bouche de Francis, comme vous l’aviez certainement deviné. Nous sommes à bord du Vaisseau-Mère de la Shin-Ra, en préparation de notre nouvelle mission. Cette fois-ci, l’importance est telle que toute l’équipe que j’emmène a droit à une tenue spéciale pour représenter fièrement les couleurs de notre entreprise. C’est ainsi que nous nous retrouvons chez Legarfield avec Francis, Yijun, Li Guo avec ses deux molosses, un jeune homme que je ne connais pas encore mais qui a l’air fort bizarre, les Jumeaux Quentin et Clément et pour conclure le tout : Gunther. Mon équipe est au complet, et nous sommes réunis dans cette grande salle où Legarfield nous a confectionné un certain nombre de tenues et accessoires pour nous rendre présentables devant la Coalition Noire. La salle est à accès restreint et seuls Legarfield et moi-même sommes au courant de la mission. Les autres ne savent pas encore ce qui les attend encore, c’est ce qui fait le charme de cette séance d’essayages : ils ne savent rien.
« Fran-ciiiis. Tu es MA-GNI-FI-QUE dans ce petit ensemble cuir !
- Madame Song, ça me fait un gros cul nan quand même ?
- Tu AS un énorme postérieur Francis. Remercie la bière pour ça.
- La bière c’est de l’eau, ça fait pas de mal.
- Franchement mon petit Francis, je vois pas pour-quoi tu as un souci. Et puis j’ai plus de cuir noir de vachette en stock avec toutes ces tenues aussi. Donc va falloir m’en débarrasser sinon je vais encore avoir une visite de Christine de la compta et ça m’arrange pas pour mon bonus annuel. »
Francis décide finalement de prendre l’ensemble. Pour une fois il est habillé correctement. Son ensemble est constitué de grosses bottes en cuir, un pantalon de style militaire teint complètement en noir, et un gilet accompagné d’une épaisse veste dans un cuir ébène : tout en noir quoi. La seule touche de couleur est la petite fourrure autour de son col de veste. D’après les remarques de Legarfield sur le prix des tenues, j’imagine que ce n’est pas du synthétique. Parcontre effectivement, le pantalon de Francis exacerbe la taille de son postérieur, mais bon il l’a cherché aussi. Puis il est assis pour piloter après tout, je ne lui en demande pas plus pour l’instant. Au tour d’Yijun d’essayer sa tenue officielle de mission. Le jeune homme s’avance. Legarfield lui apporte les vêtements choisis, tandis qu’Yijun se déshabille derrière le sas d’essayage.
« J’ai choisi de sublimer votre physique en incorporant un plastron de protection au niveau du torse qui permet de faire ressortir vos atouts… Animaux.
- Doucement Legarfield. Il est dans mon équipe, pas touche.
- Tu peux me toucher Legarfield si tu veux. Bwahahaha !
- Ça ira Francis, merci… Je disais donc que l’armure est plutôt pas mal, en même temps c’est normal, c’est moi qui l’ai faite. De longues bottes, un peu comme les vôtres Madame Song, mais sans les hauts talons. Le reste est assez moulant même si j’ai mis du cuir plus fin au niveau des articulations pour rester fluide dans les mouvements rapides. J’ai même mis une petite chaîne reliée à l’épaulière gauche pour rendre l’ensemble moins… Dénudé. »
Yijun sort du sas avec sa nouvelle tenue, pas mal. C’est vrai qu’il est plutôt mignon quand même. Je me demande bien ce qui se cache sous cette armure… Pure curiosité, bien sûr. Je ne suis pas une femme facile, qu’est-ce que vous croyez ? Yijun s’avance un peu, fait quelques gestes pour mieux comprendre la flexibilité de son armure. Il a un petit sourire en coin, il doit être satisfait donc. Il reprend ses armes et les arrangent en fonction de la combinaison. Li Guo avance, toujours avec ses deux chiens. Les deux molosses qui n’ont pas l’air d’apprécier le regard que leur jette Legarfield.
« Pour les deux petits toutous, j’ai décidé de relancer le nœud papillon ! Un nœud de papillon noir pour l’un, un nœud papillon blanc pour l’autre ! Je suis un GÉ-NIE ! » dit-il tout en donnant les deux nœuds papillons à Li Guo. Il invite ensuite Li Guo à rentrer dans le sas et prendre son nouveau costume.
« Pour vous Li Guo, j’ai fait plutôt simple. Vous êtes maître-chien, vous avez une épée. Vous êtes une sorte de traqueur sauvage, un homme de la nature ! Un homme qui a des nerfs et des biceps en acier ! Une attirance pour le monde sauvage ! Que dis-je ! Une dévotion à la bestialité !
- Franchement Legarfield, je sais pas à quoi tu tournes, mais faut réduire la dose.
- Je tourne à l’inspiration, Francis. Vous tournez à la bière, ne la ramenez pas. Bref. L’emsemble est en cuir noir, comme tout le monde, la différence est que ses brassards ont été renforcés et il a les bras nus. Parce que j’aime bien les bras nus…
- Les biceps d’aciers non ?
- La ferme Francis.
- Bref, une magnifique création avec beaucoup de fourrure pour combler le manque de protection contre le froid. »
Li Guo ressort, la tenue est sympathique. Cela me rappelle quelque chose, ou plutôt quelqu’un mais passons. Ce sont surtout ses chiens qui selon moi attirent toujours le plus d’attention, ils sont vraiment impressionnants. La taille de leur mâchoire suffit à m’arracher le cou je pense. Il a l’air content. Je l’aime bien ce petit. Malgré le fait qu’il soit d’une simplicité apparente, on peut entrevoir dans ses yeux une âme, une émotion qui dénote une solitude profonde en lui, un regard qui semble être comme un appel. J’apprécie de genre de personnalités car ce sont souvent eux qui peuvent devenir de précieux et loyaux alliés si l’on sait faire pression au bon endroit et au bon moment.
Les essayages continuent avec les jumeaux, qui rentrent chacun leurs tours dans le sas pour s’habiller. Le design des deux tenues est intéressant. Legarfield a inclut des motifs sur le cuir, et a fait les mêmes sur les deux ensembles mais en produisant une symétrie. Ainsi, si Clément et Quentin sont l’un à côté de l’autre, on a l’impression que les deux tenues convergent l’une vers l’autre, c’est assez impressionnant. Les deux jumeaux sont très fins, c’est le complet opposé de Francis qui a l’air d’être une boule en cuir dans sa nouvelle combinaison. D’ailleurs sa grosse ceinture est très épaisse : j’imagine que pour maintenir le tout, Legarfield a dû en faire une très renforcée. Passons à Gunther.
« Non ! Gunther est déjà par-fait ! Je ne PEUX améliorer la perfection !
- Ja ! Ja ! Ja ! Ecoute ça Franciis ! Je suis la perf-ec-tion !
- Gna-gna-gna monsieur Saucisson !
- Vous allez arrêter vous deux. Nous sommes à la Shin-Ra, pas une association de bienfaisance pour attardés mentaux. »
Gunther est habillé comme d’habitude, lunettes noires, manteau noir, tout noir. Même ses pieds de cochon sont enroulés dans quelque chose qui s’apparentent à des chaussures pour porcs ? Bien, si Gunther est exonéré d’essayage, c’est mon tour. Je rentre dans le sas d’essayage. Je vois une tenue avec une étiquette dessus : « Huayan Song ». C’est pour moi donc. Notez mon grand pouvoir de déduction. J’enfile la tenue, je ne fais tout d’abord pas très attention, je vais voir à quoi je ressemble dedans après de toute façon. Je me regarde dans le miroir. J’ai une tenue intéressante. C’est le cas de le dire, Legarfield s’est surpassé, je dois le dire. Un mariage ambitieux entre les tenues d’Illusiopolis et de la Terre des Dragons. J’ai d’abord une robe qui cache en faite une tunique très simple en soie. La robe est sur le modèle d’une qipao, robe traditionnelle shanghaïenne. Sauf qu’ici, elle est mariée avec le cuir et s’accorde à merveille avec le grand manteau de fourrure – noir toujours- qui m’ait offert. La fourrure ne recouvre que les parties proches des épaules, le reste étant uniquement fait de cuir. J’ai une certaine aura avec cette tenue, je dois l’avouer. On dirait que je suis une femme importante, cette idée vous ait ridicule n’est-ce pas ? Moi aussi je l’aurai pensé jusqu’à ce que je rentre à la Shin-Ra. Regardez-moi donc dans ce miroir, je n’étais rien ni personne il n’y a pas si longtemps que ça. Et me voilà devant vous, aujourd’hui, prête à représenter ma faction dans le grand jeu de l’univers. Au moins si la mission se passe mal, je serai retenue prisonnière et non pas exécutée comme un vulgaire soldat. Je sors du sas pour rejoindre mon équipe. Tous me regardent avec de grands yeux. La tenue fait donc son petit effet, parfait. Même Francis n’a pas la force d’ouvrir son claquet.
Au tour du jeune homme un peu bizarre. Tout en silence, il rentre dans la cabine. Legarfield reprend la parole.
« Notre jeune scientifique informatique en provenance tout droit de la Ville d’Halloween a été un cas particulier à mettre en place ! Je lui ai confectionné une magnifique blouse en cuir noir pour vous accompagner à bien dans votre mission ! Pour faire ressortir le côté sombre, caverneux et rugueux du cuir, j’ai décidé de rajouter des chaînes qui concrètement ne servent à rien mais qui ont IN-DÉ-NIA-BLE-MENT un intérêt stylistique. Après tout, vous allez avoir besoin de style.
- Pourquoi un cas particulier ?
- Disons qu’il n’est pas vivant dans le sens premier du terme ?
- Ça devient trop compliqué pour moi Legarfield.
- C’est une sorte de… Bête, je n’ai pas tout compris.
- J’en discuterai avec l’intéressé. »
Le jeune homme ressort. J’en profite pour le détailler du regard : de longs cheveux noirs attachés en queue de cheval, des yeux marrons avec de grosses cernes qui ressortent particulièrement à cause d’un visage très pâle. Il n’est pas très grand, il doit faire à peu près ma taille. Bien qu’à présent, je sois légèrement plus grande vu la taille des talons que m’a donné Legarfield. Le jeune ne dit rien et n’exprime pas vraiment d’émotions sur son visage : peut-être est-il timide ou alors intimidé par notre présence ? Je me mets à me diriger vers la porte de sortie indiquant ainsi à toute l’équipe que nous partons sur-le-champ. On va finir par être en retard avec ces essayages. Avant de sortir, je m’adresse à Legarfield :
« Merci pour ces belles tenues. Je suis sûr que nous allons faire grande impression. A très bientôt Monsieur Legarfield.
- Un PLAI-SIR, ma chéri ! » dit-il, faussement heureux comme il est.
Nous passons par un couloir étroit, nous sommes en fil indienne en direction des quais. Cependant, alors que le couloir se sépare en deux et que je devrais prendre le couloir de droite en direction du quai habituel, je tourne à gauche pour déverrouiller une porte blindée. Francis s’étonne.
« Mais vous allez où ? C’est par là les quais pour le décollage !
- Nous avons une mission spéciale aujourd’hui Francis, tu vas piloter quelque chose d’un peu plus distingué que ta vieille épave.
- Ma vieille épave vous êtes bien contente de la trouver quand vous avez besoin !
- On appelle ça la survie Francis. La survie. »
Je déverrouille la porte. Un long couloir nous fait face, je repère immédiatement deux caméras qui nous fixent du regard. Sourions, nous sommes filmés. Nous avançons, je mène la troupe qui ne semble être jamais venue ici, même moi je ne suis pas très familière de cette partie. Nous sommes dans une partie à accès restreinte, seuls les membres accrédités de la Shin-ra peuvent accéder à ce hangar. Pour des raisons de sécurité et de confidentialité. Une nouvelle porte s’ouvre, nous dévoilant un autre vaste hangar, semblable à celui où tout le monde peut aller, il est juste mieux défendu et surveillé. Un plus gros vaisseau nous attend. Un vaisseau de représentation de la Shin-Ra nous attend sur une piste de décollage. Un vaisseau faiblement armé, utilisez pour les missions officielles de la Shin-Ra, il a une forme plus élégante que les navettes de transports standards.
« Bel engin ! Ça me rappelle ma femme avant sa ménopause !
- Tout le monde à bord ! Je n’ai pas de temps à perdre.
- Oui, Madame ! »
Toute l’équipe monte à l’intérieur, prenant place dans des sièges confortables, cependant je sens qu’ils commencent à se demander où nous allons et pourquoi nous sommes tous si bien habillés. Francis prend place au poste de pilotage tandis que Gunther prend la place du co-pilote. Une fois l’appareil en marche, Francis se tourne vers moi.
« Quelles sont les coordonnées de destination Madame Song ?
- Direction la Cité du Crépuscule.
- La quoi ? »
Il marque une pause, il semble étonné. Les autres aussi. Il va falloir les briefer. Nous sommes dans les temps, mais nous ne pouvons prendre de retard pour ce rendez-vous d’importance. Je leur demande de rester assis et je prends moi-même place sur un siège, ce serait dommage que je tombe. Le charisme c’est important et ça s’entretient. Je prends le plus gros et le plus confortable des sièges.
« Nous ne pouvons être en retard, Francis, décollez immédiatement. Je vais vous expliquer en route.
- Ça marche Madame Song ! Mais quitte à mourir, j'aimerais bien savoir pour quoi ! »
Francis n’attend pas longtemps pour démarrer les moteurs et engager le décollage de l’appareil en direction de notre destination. Alors que nous quittons le Vaisseau-Mère, deux chasseurs de la Shin-Ra nous rejoignent. Ils nous escorteront jusqu’au monde du Crépuscule.
« Alpha-1 et Alpha-2 au rapport Vaisseau S. Nous vous escorterons jusqu’à votre destination.
- Vaisseau S ? C'est quoi ce code secret de mission ? Bon, bien reçu les gars. » dit Francis.
« On a même une escorte ? Madame Song, qu’allons-nous faire exactement ? » demande Yijun, curieux manifestement.
« Aujourd’hui, nous avons une mission d’importance. Je vous demanderai par ailleurs de ne faire aucun rapport écrit, oral ou de toute autre forme à quiconque suite à cette mission. Nous allons représenter la Shin-Ra dans le cadre d’une mission diplomatique secrète qui doit rester la plus confidentielle possible. Nous allons nous rendre à la Cité du Crépuscule pour récupérer un objet promis à la Shin-Ra. D’où nos tenues particulièrement bien faites pour une fois. Le déroulement de la mission sera la suivante : nous arrivons, je rencontre la délégation coalisée avec notre collègue scientifique – qui va se présenter après d’ailleurs-, vous attendez dans le vaisseau que nous revenions. Au cas où nous ne revenons pas, vous devrez vous échapper et transmettre un signal d’alerte au vaisseau commandant de la Shin-Ra le plus proche. La Cité du Crépuscule est le cœur de la machine de guerre qu’est la Coalition Noire, c’est une zone où notre survie ne tient qu’à un fil, je vous demanderai donc de faire preuve d’une extrême prudence et d’une grande intelligence. Des questions ?
- C’est quoi que vous allez récupérer Madame Song ?
- Je ne peux pas vous le dire.
- Qui va vous accueillir ?
- La Garde Noire avec un représentant de la Coalition.
- Vous serez combien de temps dans la Cité ?
- Le temps pour moi de récupérer la récompense de la Shin-Ra. »
Ils arrêtent leurs questions, cela semble assez clair pour eux : c’est une mission diplomatique, avec ses risques, ses contraintes et son adrénaline. Le scientifique s’éclaire la gorge et se lève de sa chaise pour se présenter, comme je lui ai demandé.
« Bonjour à tous… Je m’appelle Friedrich Kapell, j’ai vingt-huit ans, je viens de la Ville d’Halloween et je suis un scientifique spécialisé dans les systèmes informatiques. Je travaille pour la Shin-Ra depuis deux ans et c’est la première fois que je pars en mission en-dehors du Vaisseau-Mère.
- Les gars vous ont pas laissé sortir du Vaisseau-Mère en deux ans ? C’est vraiment des en…..
- On a pris note de votre avis Francis. Concentrez vous sur la route. Reprenez Friedrich.
- Hum… Bien… Je reprends. Je suis donc d’une condition particulière qui joue sur ma psyché et mon physique, d’où le fait que je ne puisse pas nécessairement beaucoup me déplacer entre les mondes.
- C’est-à-dire ?
- Je viens de la Ville d’Halloween, donc je suis un monstre…
- Quel genre de monstres, ja ?
- Un loup-garou. »
Petit silence dans le vaisseau. Il n’était pas obligé de tout nous dire non plus. Mais au moins il n’a pas l’air très méchant sous sa forme humaine. Juste un pauvre gosse selon moi. C'est quoi un loup-garou exactement ? J'en ai entendu parler, mais je vous avoue que l'essence du sujet m'échappe. Je me renseignerai en temps voulu. Enfin, il a dû comprendre le message, il retourne à son siège, les yeux légèrement vers le bas. Nous ne sommes pas ici pour juger, de toute façon à la Cité du Crépuscule, ce n’est pas comme s’ils avaient des jours et des nuits pleines comme dans d’autres mondes. Je me demande vraiment comment c’est là-bas… Après un voyage plutôt calme et stable, les deux chasseurs de la Shin-Ra nous font un nouvel appel radio.
« Nous nous dégageons Vaisseau S. Nous retournons au Vaisseau commandant le plus proche en attendant votre nouvel appel.
- Bien reçu, Ja ! »
Nous arrivons dans le monde. C’est à chaque fois une nouvelle découverte. Nous arrivons à ce qui ressemble pour moi à une fin de crépuscule en termes de luminosité. Dès notre arrivée, deux chasseurs de la Coalition Noire nous prennent en charge. Ils vont nous escorter jusqu’au quai d’atterrissage. Je vois une ville d’apparence plutôt normale. Parcontre le soleil est… Noir. Complètement noir, créant une atmosphère étrange, pesante sur la cité. Je vois la tour de l’horloge au loin qui a été reconstruite par la Coalition Noire de ce que j’ai pu apprendre avant de partir. J’ai même entendu un des agents de la Shin-Ra dire qu’il y a une sorte de lézard géant mangeur d’hommes près de la gare… Après Tian-Long, paix à son âme, un lézard géant mangeur d’hommes ? La Coalition Noire a vraiment un goût prononcé pour les reptiles meurtriers. La tension est palpable, nous savons que nous n’avons pas à faire à des gens honnêtes ou ayant un sens de l’honneur particulièrement aigüe. J’espère que tout va bien se passer. Notre vaisseau atterrit. Par les hublots et autres points de vue, je vois notre comité d’accueil. Dix gardes noires et un homme que je devine être le représentant de la Coalition Noire dans notre échange du jour.
« Vous savez ce que vous avez à faire, messieurs. Friedrich, avec moi. Les autres, restez sur vos gardes. »
Friedrich se lève et se place à côté de moi, comme un assistant. Francis enclenche l’ouverture du sas et de la rampe pour descendre du vaisseau. Je sors, accompagné de Friedrich. Mes autres hommes se placent proche de la rampe, observant la scène qui va se dérouler. Les dix gardes noires sont en ordre de patrouille, bien droits, bien disciplinés. Ils me font bonne impression, sans compter qu’ils ont tous l’air sélectionner selon des critères mettant en avant l’apparence physique. L’habit ne fait pas le moine comme on dit. Le représentant de la Coalition Noire est avec les gardes. Il a l’air sur la fin de sa jeunesse et ne brille pas par sa beauté. Il est grand, tout comme Friedrich il est très fin, dégageant presque une impression de « malade ». Cependant, je remarque immédiatement une opposition : il a l’air discipliné, il se tient droit, prêtant attention à son corps, du moins un minimum : et pourtant il a les cheveux gras. Est-ce un manque d’hygiène ou y a-t-il une autre raison à cela ? Je ne sais pas. Il me le dira peut-être, d’une manière ou d’une autre. La dernière chose que je remarque sont ses yeux. Des yeux perçants, dénotant de la ruse, du mépris, un instinct de prédateur. Son regard me renvoie au mien, je sais que je peux l’avoir aussi en certaines occasions. A travers lui, je vois une facette moi-même, c’est étrange e Ce n’est pas ce regard que j’arbore pour l’instant. J’ai un léger sourire en coin, je n’ai pas envie de froisser mon hôte. Peut-être qu’il appréciera mon teint pâle, proche du sien. Je m’avance avec assurance vers lui. Le regard avenant, le petit sourire toujours en coin, une démarche assurée. Je m’arrête à quelques pas de lui. Les Gardes Noirs n’ont toujours pas bougé.
« Bonsoir. » dis-je, le ton sérieux. Je ne suis pas là pour faire une cérémonie après tout. Je prends une pose bien droite, tentant du mieux que je peux de rivaliser avec sa taille.
« Je suis Madame Song. Je suis l’émissaire sélectionné du Président Rufus Shin-Ra pour cette mission diplomatique. Je vous remercie pour votre accueil. Je tiens à vous faire part de ma grande joie à l’idée de pouvoir collaborer avec vous-même et votre organisation dans le cadre de notre accord. Je vous présente notre scientifique, Friedrich, qui effectuera la tâche. J’espère que nous pourrons conduire cette mission sous les meilleurs auspices et ainsi conforter nos positions respectives dans cet univers vaste et plein de défis. » dis-je, le ton amical. Il ne faut pas froisser nos invités.
« Je suis enchantée de faire votre connaissance… Monsieur ? »
C'est ainsi que commence l'opération diplomatique secrète appelée " Marteau du Crépuscule".