((Continuité: Ce RP se situe entre thé glacé sous les palmiers/A feux et à sang et Déjà Vu))
Un silence. Un silence anormal.
Naran s’était éveillée au milieu de la nuit. Se redressant dans le fauteuil qui lui avait servi de lit, la mercenaire tendit l’oreille. Rien, à part le frémissement des braises dans l’âtre. Même le ronflement de ses hôtes à l’étage était presque inaudible. La mongole détailla l’arrière-boutique déserte. Tables et chaises étaient rangées à leurs places ; Les établis barricadaient toujours les portes extérieures. Le chat de la famille se lovait près de l’âtre.
Ne voyant rien hors de place, Naran essaya de se rendormir.
Elle glissa ses jambes sous les couvertures qui s’amassaient sur et à côté de son fauteuil. Malgré le froid qui pénétrait lentement la bâtisse, son nid d’édredons était d’une chaleur toute réconfortante. Les quelques oreillers que lui avait confié Iriye sentaient bon la lavande. Le froid qui envahissait lentement la pièce atténuait ses sens dans une léthargie frigorifiée. Toutes les conditions étaient réunies pour une bonne nuit de repos...
Mais quelque chose empêchait Naran de trouver le sommeil.
La mercenaire finit par se lever, toujours emmitouflée de couverture. Elle fit quelques pas dans la pièce. Hésitante, elle essayait de distinguer la rue nocturne au travers des minces fenêtres. C’était chose ardue, vu les larges planches de bois clouées en travers pour décourager les pilleurs.
Insatisfaite, Naran se décida à entrouvrir la porte de l’arrière cour. Raffermissant autour d’elle ses foulards et couvertures, elle s’empara du fer glacial de la poignée de porte. Tout son corps se hérissa à la fraicheur de l’objet. Elle entrouvrit la porte.
Une bourrasque polaire lui siffla dans les oreilles. Son visage avait beau être recouvert de multiples châles, le pernicieux courant d’air s’insinua dans son cou, finissant de la frigorifier.
Mais il y avait plus, dans cette nuit glaciale et obscure, que le sifflement du vent. Un craquement, sourd mais étouffé, lointain. Un son qui lui glaça le sang, sans qu’elle sache pourquoi. Elle tendit l’oreille, malgré le froid qui la transperçait. Et elle perçut des cris. Une cloche qui sonnait, perdue dans un blizzard. Le Port.
Le chuintement du vent avait tout assourdi, mais le port était attaqué. Elle rentra rapidement dans la demeure d’Iriye. Elle laissa ses couvertures, n’en gardant qu’une dont elle se façonna une cape.
Elle prit ses armes, et les quelques équipements sommaires qu’Iriye lui avait prêté : gants de cuirs destinés à l’apparat plus qu’au froid, multiples chemises rembourrées de coton, guêtres de laine confectionnées à partir de vieux tricots, collants empilés en plusieurs couches… Fixer son armure de cuir sur la boule de laine qu’elle était devenue fut un vrai défi. Mais, après quelques minutes de jurons, elle était prête.
Naran s’élança dans la nuit, préférant courir pour ne pas geler sur place. La neige qui parsemait son chemin était encore fine, constamment repoussée par les puissantes bourrasques. Personne dans les rues, évidemment. Mais les cris et les cloches se faisaient plus présents à mesure qu’elle approchait du port. Et soudain, elle entendit un canon. Puis un autre, et encore un, jusqu’à ce que la cacophonie de poudre n’en vienne à surmonter le bruit du vent lui-même.
Quand, enfin, elle prit un dernier tournant à travers les ruelles de Port Royal, elle put avoir une idée de la menace. En contrebas, le port n’était qu’effusions de sang et de poudre.
Sans discontinuer, les canons tiraient sur les quatre larges navires noirs accostés aux quais. Le rythme était tel que les bâtiments semblaient entourés d’un épais nuage noir. Alors que Naran dévalait les ruelles pour rejoindre le combat, elle put avoir la mesure des effroyables navires. Leurs ponts n’étaient que de squelettiques lambeaux de bois vermoulu, et pourtant ils se maintenaient à flot sur la banquise, comme étreints par la glace. Leurs proues ornées de monstrueuses créatures marines semblaient se mouvoir dans une dance démoniaque, à la lumière des flammes qui s’étaient emparées du Port. L’ensemble dégageait une énergie malsaine, anormale ; Comme si ces navires étaient tout droit venus des enfers.
Et, en atteignant finalement les quais, Naran comprit pourquoi. De leurs coques béantes, les drakkars déversaient sur le port un flot de monstres pourrissants sur la ville. Des guerriers immenses, géants décharnés couvert d’algues et de chairs gangrénées, qui se lançaient frénétiquement à l’attaque. Les abominations découpant avidement tous ceux qui se mettaient en travers de leurs chemins, sans aucun regard pour les blessures que pouvaient leur infliger les soldats du port.
Parmi ces soldats, la majorité des Mercenaires et de la Marine combattaient, ou rejoignaient le combat. Vu leurs positions, ils avaient prévu l’attaque, même s’ils n’avaient pas prédit la nature de leurs attaquants. Naran apprendrait plus tard que les navires envahisseurs menaçaient le Port depuis la destruction du Centurio, mais avaient attendu la nuit pour débarquer.
Encore un peu en hauteur, Naran examinait les détails, cherchant une logique à cette mêlée sanglante. Les tuniques rouges menaient une lutte acharnée, mais désespérée. L’ennemi était imprévisible, prit d’une soif de sang à toute épreuve, et quasiment invulnérable. Les rares corps inertes de ces monstres, décapités ou broyés par un boulet de canon, étaient largement surpassés par les cadavres humains, dont le sang chaud teignait la banquise.
L’ombre des flammes dansait sur le visage horrifié de la mongole, qui fixait la scène sans trouver la force d’agir.
Mer 18 Oct 2017 - 16:26Un silence. Un silence anormal.
Naran s’était éveillée au milieu de la nuit. Se redressant dans le fauteuil qui lui avait servi de lit, la mercenaire tendit l’oreille. Rien, à part le frémissement des braises dans l’âtre. Même le ronflement de ses hôtes à l’étage était presque inaudible. La mongole détailla l’arrière-boutique déserte. Tables et chaises étaient rangées à leurs places ; Les établis barricadaient toujours les portes extérieures. Le chat de la famille se lovait près de l’âtre.
Ne voyant rien hors de place, Naran essaya de se rendormir.
Elle glissa ses jambes sous les couvertures qui s’amassaient sur et à côté de son fauteuil. Malgré le froid qui pénétrait lentement la bâtisse, son nid d’édredons était d’une chaleur toute réconfortante. Les quelques oreillers que lui avait confié Iriye sentaient bon la lavande. Le froid qui envahissait lentement la pièce atténuait ses sens dans une léthargie frigorifiée. Toutes les conditions étaient réunies pour une bonne nuit de repos...
Mais quelque chose empêchait Naran de trouver le sommeil.
La mercenaire finit par se lever, toujours emmitouflée de couverture. Elle fit quelques pas dans la pièce. Hésitante, elle essayait de distinguer la rue nocturne au travers des minces fenêtres. C’était chose ardue, vu les larges planches de bois clouées en travers pour décourager les pilleurs.
Insatisfaite, Naran se décida à entrouvrir la porte de l’arrière cour. Raffermissant autour d’elle ses foulards et couvertures, elle s’empara du fer glacial de la poignée de porte. Tout son corps se hérissa à la fraicheur de l’objet. Elle entrouvrit la porte.
Une bourrasque polaire lui siffla dans les oreilles. Son visage avait beau être recouvert de multiples châles, le pernicieux courant d’air s’insinua dans son cou, finissant de la frigorifier.
Mais il y avait plus, dans cette nuit glaciale et obscure, que le sifflement du vent. Un craquement, sourd mais étouffé, lointain. Un son qui lui glaça le sang, sans qu’elle sache pourquoi. Elle tendit l’oreille, malgré le froid qui la transperçait. Et elle perçut des cris. Une cloche qui sonnait, perdue dans un blizzard. Le Port.
Le chuintement du vent avait tout assourdi, mais le port était attaqué. Elle rentra rapidement dans la demeure d’Iriye. Elle laissa ses couvertures, n’en gardant qu’une dont elle se façonna une cape.
Elle prit ses armes, et les quelques équipements sommaires qu’Iriye lui avait prêté : gants de cuirs destinés à l’apparat plus qu’au froid, multiples chemises rembourrées de coton, guêtres de laine confectionnées à partir de vieux tricots, collants empilés en plusieurs couches… Fixer son armure de cuir sur la boule de laine qu’elle était devenue fut un vrai défi. Mais, après quelques minutes de jurons, elle était prête.
Naran s’élança dans la nuit, préférant courir pour ne pas geler sur place. La neige qui parsemait son chemin était encore fine, constamment repoussée par les puissantes bourrasques. Personne dans les rues, évidemment. Mais les cris et les cloches se faisaient plus présents à mesure qu’elle approchait du port. Et soudain, elle entendit un canon. Puis un autre, et encore un, jusqu’à ce que la cacophonie de poudre n’en vienne à surmonter le bruit du vent lui-même.
Quand, enfin, elle prit un dernier tournant à travers les ruelles de Port Royal, elle put avoir une idée de la menace. En contrebas, le port n’était qu’effusions de sang et de poudre.
Sans discontinuer, les canons tiraient sur les quatre larges navires noirs accostés aux quais. Le rythme était tel que les bâtiments semblaient entourés d’un épais nuage noir. Alors que Naran dévalait les ruelles pour rejoindre le combat, elle put avoir la mesure des effroyables navires. Leurs ponts n’étaient que de squelettiques lambeaux de bois vermoulu, et pourtant ils se maintenaient à flot sur la banquise, comme étreints par la glace. Leurs proues ornées de monstrueuses créatures marines semblaient se mouvoir dans une dance démoniaque, à la lumière des flammes qui s’étaient emparées du Port. L’ensemble dégageait une énergie malsaine, anormale ; Comme si ces navires étaient tout droit venus des enfers.
Et, en atteignant finalement les quais, Naran comprit pourquoi. De leurs coques béantes, les drakkars déversaient sur le port un flot de monstres pourrissants sur la ville. Des guerriers immenses, géants décharnés couvert d’algues et de chairs gangrénées, qui se lançaient frénétiquement à l’attaque. Les abominations découpant avidement tous ceux qui se mettaient en travers de leurs chemins, sans aucun regard pour les blessures que pouvaient leur infliger les soldats du port.
Parmi ces soldats, la majorité des Mercenaires et de la Marine combattaient, ou rejoignaient le combat. Vu leurs positions, ils avaient prévu l’attaque, même s’ils n’avaient pas prédit la nature de leurs attaquants. Naran apprendrait plus tard que les navires envahisseurs menaçaient le Port depuis la destruction du Centurio, mais avaient attendu la nuit pour débarquer.
Encore un peu en hauteur, Naran examinait les détails, cherchant une logique à cette mêlée sanglante. Les tuniques rouges menaient une lutte acharnée, mais désespérée. L’ennemi était imprévisible, prit d’une soif de sang à toute épreuve, et quasiment invulnérable. Les rares corps inertes de ces monstres, décapités ou broyés par un boulet de canon, étaient largement surpassés par les cadavres humains, dont le sang chaud teignait la banquise.
L’ombre des flammes dansait sur le visage horrifié de la mongole, qui fixait la scène sans trouver la force d’agir.