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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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((Continuité: Ce RP se situe entre thé glacé sous les palmiers/A feux et à sang et Déjà Vu))

Un silence. Un silence anormal.
Naran s’était éveillée au milieu de la nuit. Se redressant dans le fauteuil qui lui avait servi de lit, la mercenaire tendit l’oreille. Rien, à part le frémissement des braises dans l’âtre. Même le ronflement de ses hôtes à l’étage était presque inaudible. La mongole détailla l’arrière-boutique déserte. Tables et chaises étaient rangées à leurs places ; Les établis barricadaient toujours les portes extérieures. Le chat de la famille se lovait près de l’âtre.
Ne voyant rien hors de place, Naran essaya de se rendormir.

Elle glissa ses jambes sous les couvertures qui s’amassaient sur et à côté de son fauteuil. Malgré le froid qui pénétrait lentement la bâtisse, son nid d’édredons était d’une chaleur toute réconfortante. Les quelques oreillers que lui avait confié Iriye sentaient bon la lavande. Le froid qui envahissait lentement la pièce atténuait ses sens dans une léthargie frigorifiée. Toutes les conditions étaient réunies pour une bonne nuit de repos...
Mais quelque chose empêchait Naran de trouver le sommeil.

La mercenaire finit par se lever, toujours emmitouflée de couverture. Elle fit quelques pas dans la pièce. Hésitante, elle essayait de distinguer la rue nocturne au travers des minces fenêtres. C’était chose ardue, vu les larges planches de bois clouées en travers pour décourager les pilleurs.
Insatisfaite, Naran se décida à entrouvrir la porte de l’arrière cour. Raffermissant autour d’elle ses foulards et couvertures, elle s’empara du fer glacial de la poignée de porte. Tout son corps se hérissa à la fraicheur de l’objet. Elle entrouvrit la porte.
Une bourrasque polaire lui siffla dans les oreilles. Son visage avait beau être recouvert de multiples châles, le pernicieux courant d’air s’insinua dans son cou, finissant de la frigorifier.

Mais il y avait plus, dans cette nuit glaciale et obscure, que le sifflement du vent. Un craquement, sourd mais étouffé, lointain. Un son qui lui glaça le sang, sans qu’elle sache pourquoi. Elle tendit l’oreille, malgré le froid qui la transperçait. Et elle perçut des cris. Une cloche qui sonnait, perdue dans un blizzard. Le Port.
Le chuintement du vent avait tout assourdi, mais le port était attaqué. Elle rentra rapidement dans la demeure d’Iriye. Elle laissa ses couvertures, n’en gardant qu’une dont elle se façonna une cape.
Elle prit ses armes, et les quelques équipements sommaires qu’Iriye lui avait prêté : gants de cuirs destinés à l’apparat plus qu’au froid, multiples chemises rembourrées de coton, guêtres de laine confectionnées à partir de vieux tricots, collants empilés en plusieurs couches… Fixer son armure de cuir sur la boule de laine qu’elle était devenue fut un vrai défi. Mais, après quelques minutes de jurons, elle était prête.

Naran s’élança dans la nuit, préférant courir pour ne pas geler sur place. La neige qui parsemait son chemin était encore fine, constamment repoussée par les puissantes bourrasques. Personne dans les rues, évidemment. Mais les cris et les cloches se faisaient plus présents à mesure qu’elle approchait du port. Et soudain, elle entendit un canon. Puis un autre, et encore un, jusqu’à ce que la cacophonie de poudre n’en vienne à surmonter le bruit du vent lui-même.

Quand, enfin, elle prit un dernier tournant à travers les ruelles de Port Royal, elle put avoir une idée de la menace. En contrebas, le port n’était qu’effusions de sang et de poudre.

Sans discontinuer, les canons tiraient sur les quatre larges navires noirs accostés aux quais. Le rythme était tel que les bâtiments semblaient entourés d’un épais nuage noir. Alors que Naran dévalait les ruelles pour rejoindre le combat, elle put avoir la mesure des effroyables navires. Leurs ponts n’étaient que de squelettiques lambeaux de bois vermoulu, et pourtant ils se maintenaient à flot sur la banquise, comme étreints par la glace. Leurs proues ornées de monstrueuses créatures marines semblaient se mouvoir dans une dance démoniaque, à la lumière des flammes qui s’étaient emparées du Port. L’ensemble dégageait une énergie malsaine, anormale ; Comme si ces navires étaient tout droit venus des enfers.

Et, en atteignant finalement les quais, Naran comprit pourquoi. De leurs coques béantes, les drakkars déversaient sur le port un flot de monstres pourrissants sur la ville. Des guerriers immenses, géants décharnés couvert d’algues et de chairs gangrénées, qui se lançaient frénétiquement à l’attaque. Les abominations découpant avidement tous ceux qui se mettaient en travers de leurs chemins, sans aucun regard pour les blessures que pouvaient leur infliger les soldats du port.

Parmi ces soldats, la majorité des Mercenaires et de la Marine combattaient, ou rejoignaient le combat. Vu leurs positions, ils avaient prévu l’attaque, même s’ils n’avaient pas prédit la nature de leurs attaquants. Naran apprendrait plus tard que les navires envahisseurs menaçaient le Port depuis la destruction du Centurio, mais avaient attendu la nuit pour débarquer.
Encore un peu en hauteur, Naran examinait les détails, cherchant une logique à cette mêlée sanglante. Les tuniques rouges menaient une lutte acharnée, mais désespérée. L’ennemi était imprévisible, prit d’une soif de sang à toute épreuve, et quasiment invulnérable. Les rares corps inertes de ces monstres, décapités ou broyés par un boulet de canon, étaient largement surpassés par les cadavres humains, dont le sang chaud teignait la banquise.

L’ombre des flammes dansait sur le visage horrifié de la mongole, qui fixait la scène sans trouver la force d’agir.
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« Des bersekers… » Lança Surkesh, la conclusion lui parvenant d'elle-même face à ce qu'il supposait être des vikings ou autres guerriers nordiques du même genre. Vu la tronche de leurs navires et la façon dont ils déferlaient sur Port Royal, ça ne pouvait être que ça. Tout concordait avec les légendes à leurs propos. A corps perdu, sans égard pour leurs propres santés, ils avançaient pris d'une rage incroyable, en transe, comme envahis par une fureur divine. Seul la mort pourrait arrêter de tels guerriers ; de tels monstres. Essayer de déceler une méthode ou une stratégie aurait été une perte de temps... ces sauvages déferlaient comme une horde de bête enragée, sans raison ni réflexion. Et si ça n'avait été que ça, chacun d'entre eux paraissait déjà être un colosse vu d'ici.
Si les vikings n'avaient pas de stratégie, les mercenaires, tuniques rouges et toutes les personnes décidés à défendre Port Royal ferait mieux d'en avoir une.

La nuit et la brume... jouait à double-tranchant. D'un côté, cela rajoutait au chaos et à la confusion de cette violente vague de berserkers, rendant la scène d'autant plus effrayante. De l'autre, cela offrait une sacrée opportunité aux pauvres assiégés... des embuscades, pièges et autres fourberies fonctionneraient bien mieux avec une visibilité aussi faible. D'ailleurs, malgré toutes leurs acuités guerrières, les assaillants n'avaient l'air ni perceptif, ni perspicace... mais évidement, les assaillis se retrouvaient embourbés dans un assaut frontal sur le port. Et cela paraissait la pire chose à faire face à ces vikings qui n'avaient même pas l'air humain... on aurait presque dit des morts-vivants.

« Et merde. » Lâcha Surkesh en soupirant, pourtant conscient de la gravité et dangerosité de la situation. Sa survie lui paraissait incertaine et si fuir l'île lui fut possible, probablement l'aurait-il fait. Une chose était sûre et certaine, ces... créatures... étaient imprenables de front. Pour ceux qui les combattaient pieds à pieds, leur seule utilité serait de gagner du temps pour d'autres, plus malins. Pourtant, si le sans-cœur se considérait comme particulièrement intelligent, la vision de cette attaque le paralysait. L'indécision gelait son esprit bien plus que le froid ne tétanisait son corps. Contrairement aux humains, Surkesh n'avait pas besoin de dormir mais... tout de même, ça n'arrêtait pas... et il faiblissait. Physiquement du moins, sa magie, heureusement, avait pu revenir à la normale.

Ces ennemis n'avaient rien à voir avec des pillards précédemment affrontés. Un simple humain, ce que ne furent décidément pas ses vikings, pouvaient simplement mourir d'une balle ou d'une incision en se vidant de son sang. Pouvait voir, en plus d'une hémorragie, son corps faiblir par le froid, la fatigue et les blessures mais... pas ici. Quatre navires, sombres et d'allures surnaturelles, peinaient à se laisser couler mais avait au moins l'avantage d'être des brise-glaces et d'avancer plus que les mercenaires eux-mêmes la destruction de la banquise. Soit, à moins que les drakkars ne furent incroyablement solides, les quelques vaisseaux de Port Royal joint aux canons du fort finiraient par les abattre. Pour Surkesh, comme tout à chacun, le problème ne venait pas tant des bateaux que des monstres qu'ils crachaient... ces mêmes monstres que la plupart de gens ne sauraient défaire.

La gestion de l'attaque des pillards... elle avait été moyenne, chaotique et passablement efficace, bien trop désorganisé. Ou plutôt, elle avait justement mis trop de temps à s'organiser. Face à ses nouveaux ennemis, bien plus redoutable, une telle erreur n'était pas permise. Du point de vue Surkesh, ceux qui combattaient pied à pied sur le port... peut-être en auraient-ils quelques uns mais... ils gagnaient surtout du temps, un temps précieux. Mon dieu... pour le sans-cœur, toute bonne stratégie qui pourrait lui venir en tête commençait par laisser ceux sur le port se faire déchirer par les monstres venus du nord et... il ne voyait pas beaucoup de monde capable d'accepter ça ici. Dans ces moments là, la Coalition Noire lui manquait puisque là-bas, on ne s'embarrassait pas de compassion, d'empathie et de ce genre de chose... mais soit, c'était aussi la solidarité qui le poussait à devenir mercenaire.

Les secondes filent, meurtrières et impitoyables, incroyablement rapides. Depuis le toit de cette maison relativement épargné par le précédent pillage, ses yeux jaunes aperçurent une silhouette qu'il connaissait. La nouvelle, cette jeune mongole avait qui il avait travaillé précédemment... et son nom imprononçable. Elle savait se battre et avait la tête sur les épaules, en soit, Surkesh préférait être en sa compagnie que seule alors il la rejoignit aussi vite que faire se peut.

La pauvre... elle parut horrifiée, figée autant de peur que du surprise et honnêtement, le sans-cœur ne pouvait pas lui en vouloir. Son arrivée chez les mercenaires, à peine quelques avant le premier pillage, à de quoi la mettre dans le bain. Un bain si glacé qu'il en devient brûlant. Pourtant, la jeune mongole n'avait pas pris les jambes à son cou, pas encore. Sans dire qu'il était impressionné... Surkesh l'estimait plus capable que la plupart ici.

C'était quoi déjà son nom à celle-là ? Nanaratan... Naroutounia... Nanaranyata ? Aucune idée, le sans-cœur s'approchait d'elle à pas vif, ne cherchait pas à se faire discret et se voulant sonore pour ne pas la surprendre.

« La mongole, c'est Surkesh. » Lança-t-il, arrivant à son niveau pour poser sur son épaule qui se voulu... rassurante ? Plutôt paternaliste, en vérité... ou comme un grand-frère, bref. Avec Miguel, le coup de la main sur l'épaule avait eu son petit effet et soit, sur une femme, l'effet devait être tout aussi efficace. Pressé par le temps, Surkesh n'eut pas peaufiner son jeu d'acteur. Recouvert d'une bure noire, son visage était soucieux et préoccupé, sa voix calme parlait régulière et froide. « Ces gens sont braves d'affronter ces monstres de front mais... tu les vois comme moi, ça n'est pas la bonne solution. Par contre, ils nous font gagner du temps, sont comme un rempart pour nous. » Ils vous tous lamentablement crever, se dit Surkesh... qui chercha soudain à adoucir son visage, plissant les sourcils vers le haut pour se donner un air peiné. « Beaucoup vont mourir pour protéger la ville et je refuse que ce soit en vain. Je vais essayer de rassembler autant d'homme que je peux, on restera en arrière... on établira des lignes de tirs sur les toits et on truffera les rues de pièges. Mon plan n'est pas d'empêcher ces monstres d'avancer, ce sont des berserkers, on y arrivera pas. Mon plan c'est de les laisser avancer et de les avoir à l'usure. » Surkesh se mordit la lèvre... son plan paraissait bien basique et brouillon, bien flou une fois qu'il exprimait avec des mots mais... tout cette situation le paniquait un peu, lui aussi. Son instinct de survie lui criait de se barrer d'ici... ce qui ne serait surement pas possible, la station Shinra ayant du évacuer ou être mise en quarantaine ou un truc du genre. « On attaque, on recule, les vikings suivent et tombent dans nos pièges, on recommence. Je ne peux pas faire ça tout seul... et les mercenaires ne me font que modérément confiance mais toi, tu les as impressionnés. J'ai besoin de ton aide pour organiser la défense avec ceux qui ne se battent pas encore, jeune mongole. Et sans doute que tu préfères que je sois pas loin de toi si tu croises un de ces monstres... » Acheva Surkesh, toujours sa main sur l'épaule de la nouvelle, lui affichant un sourire hésitant et incertain.
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« Cap’taine ! Une jeune mousse dévalait rapidement de son poste de vigie, trébuchant une fois au sol dans sa précipitation à avertir Datura.
- Y’en a plein d’autres devant Port-Royal ! On dirait qu’ils ne bougent pas… Mais Icy est à court de jus, comment on fait ?

- Dis-lui de s’arrêter derrière le dernier à portée. Dit-elle après avoir vérifié à travers sa lunette télescopique. Je me demande ce qu’ils attendent. On passe en furtif, tout le monde dans la cale !! L’homme également ! »

Il n’y eut pas un cri d’encouragement alors que chacune des membres d’équipage fixait ce qui devait l’être avant de descendre au cœur du navire. Kurt Brown fut invité également à déserter le pont avec plus ou moins de bousculade. Le navire réquisitionné se positionna derrière le plus grand des navires ennemis, comme si de rien n’était, attendant comme les autres devant la ville des mercenaires alors que la nuit tombait sans éclats.

Lenore occupée à rassembler les armes et tonneaux d’huiles, fut surprise de voir le mouvement de l’équipage, encore ignorante de la situation extérieure. Elle veilla à rester aussi loin que possible de ce bon docteur de la Shinra alors que Datura lui résuma la situation.


« Cinq ?! Réagit vivement la mercenaire.

- Natsu nous sera d’aucune utilité. Mais ici on est sur notre territoire et donc t’es sous mes ordres avec l’homme et ce n’est pas négociable. Ça va être un putain de carnage. Dit-elle avec un sourire carnassier révélé aux ricanements des femmes d’équipage.
On a déjà vu des tuniques rouges avoir cette tactique. C’est de la pure intimidation sauf que là on parle de ces saloperies de morts géants. Pour le moment on fait partie de leur flottille comme si de rien était, mais dès que ça va commencer, on attaquera sur le plus gros bateau qui reste derrière.

- Comment ça on attend sagement? et le Port alors ? T’as bien vu sur l’île ce qu’un seul de ses vaisseaux provoquait et ils ne sont pas encore au courant eux !Lenore se souvenait avoir laisser Port-Royal en pleine émeute, même si ses camarades avait pu gérer rapidement, la situation devait encore être électrique et les ressources devaient manquer. Elle se sentait désagréablement impuissante devant le désastre à venir.

- Le Port se débrouillera ! Tu crois quoi ? Si nous on les a vu, eux aussi. T’entend des canons quelque part ? C’est que soit, ils sont déjà tous morts, soit ils attendent comme nous. Si tu veux descendre courir sur la mer gelée avec ton petit couteau, vas-y fait toi plaisir. Ironisa-t-elle. Laisse faire les professionnels de la bataille navale va.

- Tu attends quoi de nous alors ? Grommela la rousse.

- Comme j’ai dit, pour le moment on attend. Icy doit se reposer, on aura besoin d’elle pour faire bouger ce foutu vaisseau. Au premier chant de canon, on passera à l’abordage sur le navire commandant, le plus gros. Qu’est-ce qu’on a en armes pour le moment ? Résuma-t-elle en passant le regard sur les fournitures amassées.

- Des javelots, des arcs, des haches, des filets, des tonneaux d’huiles… On doit pouvoir y mettre le feu, faut juste trouver le moyen de les balancer. A la rigueur je peux vaguement bricoler une planche à bascule avec les bancs de rameurs… Mais il va me falloir des voltigeuses pour provoquer l’envol.

- ah c’est pour toi ça Birdie !

- On va rentrer dans les légendes les filles.

Chacune commençait déjà à piocher dans les armes selon ses préférences, accumulant le maximum possible et roulant les tonneaux d’huile vers le filet sous l’écoutille aux vivres afin de pouvoir les hisser sur le pont plus rapidement le moment venu.

- Parlez-moi de ce cristal, s’ils ont le même système, c’est bon à savoir.

- Pas grand-chose à dire. On a trouvé un seul type, genre mage avec dans la cabine du capitaine. Il n’a pas été facile à descendre. Quand j’ai voulu briser l’objet, le bateau a tremblé et craqué. Je pense que c’est autant leur faiblesse que leur force.

- Notre priorité donc. Quoique je ne serais pas contre troquer ce navire pour un plus gros. Vous en pensez quoi les filles ?!

- Aye ! Aye !Leur clameur fut limitté au besoin de rester discrète, mais toutes répondirent d'une seule voix.

- Et toi mon poulet ? Tu comptes te situer où quand on passera à l’abordage ? Datura posa ses yeux bleus déterminé sur Kurt. Première ligne ou tu colles à la rousse ?
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- Elle n’a pas besoin de moi pour faire quoi que ce soit. Répondait brièvement le médecin, tournant son regard en direction de Lenore. Première ligne, c’est là que je serais le plus utile.
- Il a une voix, parfait. Répondait-elle, conservant son sourire carnassier au visage.

Observant l’enthousiasme ayant lieu autour de lui, Kurt hésitait une poignée de secondes à prendre l’une des armes trainant dans le navire. Il n’avait que son pistolet et un fusil à silex pour la bataille en plus de son couteau tactique, pas vraiment que quoi rivaliser avec les vikings se trouvant sur les autres navires. Ironiquement, il partirait en première ligne et devrait rester à distance, le temps de recharger son arme.

Il pourrait tirer sur le bidon en l’air, mêlant un sort de brasier à ses balles. Non. La météo l’empêcherait de viser correctement et il n’avait pas une arme de précision à longue portée.

Si, les mousquets. Il avait vu certaines femmes de l’équipage avec cette arme à l’épaule. C’était loin de ce avec quoi il était habitué, sauf que l’idée de se retrouver nez à nez avec l’équipage des autres navires le tentait de moins en moins. Soupirant, il traversait les cales du navire pour rejoindre la capitaine, toujours occupés à hurler ses ordres.

- Écoute… Il lui faisait face, contrairement à Lenore, elle faisait une tête de plus que lui. Il a moyen que je sois bien plus utile sur ce navire que sur l’autre.
- Un couard, rien d’étonnant. Ricanait-elle, accompagnée par quelques membres de son équipage. Tu es sous mes ordres, tu as eu le choix et tu voulais être loin de mon bâtiment. C’est sans appel.
- Un mousquet, de la poudre et des balles. Récitait Kurt sans prêter attention à l’injonction du capitaine. Ainsi qu’une position surélevée. Sur ton navire, tu ne trouveras pas meilleur tireur que moi, d’une balle incendiaire, j’peux faire exploser vos tonneaux d’huile plutôt que d’attendre qu’une étincelle n’allume tout ça.

Elle a un mouvement de recul, arborant son sourire distinctif avant de siffler à l’une ou l’autre, amenant ce qu’il avait demandé.

- La moindre balle perdue, et je me ferais un plaisir de manger ton foie. Elle semblait si sérieuse, le médecin ne pouvait s’empêcher de déglutir. Dès que les hostilités commencent, je ne veux rien entendre d’autre que le bruit de ton arme venant de toi.

Le médecin fronçait des sourcils, se retenant de sortir le mot qui lui brulait les lèvres. Connasse. Il allait finir par croire que, quoi qu’il fasse aujourd’hui, il finirait quand même cul nu sur la banquise.

Cependant, il n’eut pas assez de temps pour se plaindre que le bruit de détonation des canons résonnait dans tout le port. Ainsi que le sifflement caractéristique d’un boulet et finalement son impact. Que ce soit sur la glace ou le bois des autres bateaux à proximité. Sans surprise, Datura ordonnait de rejoindre le pont dans un joyeux bordel. Kurt se faisait emporter par la vague et parvenant péniblement à sortir de ce raz-de-marée humain.

Le port, au loin, semblait s’illuminer de mille feux au rythme des détonations. Eclairant par moments les navires ennemis qui semblaient eux aussi avoir donné l’assaut sur la ville. Kurt soupirait, s’il avait eu l’information que sa journée incorporait une formation express en combat naval, il se serait fait porter pale. Ruminant, il rejoignait le mât gelé et passant son mousquet à l’épaule pour commencer à grimper lentement afin d’atteindre le premier palier des voiles et s’asseoir dessus.

Il avait de quoi faire feu, et maintenant, il avait un poste de tir. Passant ses jambes autour du bois, appuyant son épaule contre le mât du navire, il amenait la mire du fusil à son oeil et observait le plus gros des navires. Malgré le temps, le blizzard, il parvenait à distinguer des formes bougées.

Les pirates n’avaient pas encore commencé leur manoeuvre, et il n’allait pas donner une occasion à ce que les mercenaires lui reprochent un premier tir. Ajustant sa visée, suivant une forme dans le brouillard, le médecin attendait d’entre le sifflement d’un boulet se rapprocher de leur position. Et quand, il semblait s’atténuer, il pressait la détente, masquant la détonation avec l’impact du tir de barrage. Et plus loin, sur le navire commandant, une silhouette disparaissait.

Un sourire s’esquissait sur le visage du SOLDAT, il n’avait plus qu’à recharger et attendre les tonneaux d’huile.
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A travers le fracas de la bataille, Naran pouvais à peine percevoir les paroles de Surkesh. Elle regardait ses lèvres s’ouvrir et se refermer, ses yeux jaunes brillant dans la nuit. Elle entendait sa voix neutre détailler les chances de survie des soldats, les tactiques à adopter… Mais, inévitablement, le regard de Naran glissait, de ses luminescentes prunelles, vers les combats acharnés sur le port.
Ce n’était plus de la terreur qui l’y guidait. Au contraire. C’était de l’impatience, de l’excitation même. Malgré la fatigue, ou peut être grâce à elle ; Malgré le froid ; Malgré l’aspect repoussant de leurs opposants, et malgré l’amoncellement de corps sur les quais.

Quand Surkesh prononça, pour la deuxième fois, le mot "piège", Naran sortit de sa torpeur. Elle eut un sourire bref et s’arracha à la contemplation de la bataille. Sa place n’était pas parmi la piétaille enragée et sanglante dont les tripes maculaient le pavé. Pendant un instant, elle s’était presque sentit le regretter. Qu’est-ce que sont insomnie pouvait bien lui faire penser ??

Elle se reprit. « Des lignes d’arche-  de tireur, sur les toits… Oui, c’est une bonne idée. Enfin, ils n’auront pas un très grand rôle, les balles n’ont que peu d’effet sur ces monstres. Tout au plus peuvent ils les ralentir, ou les aveugler…  Par contre... » Naran poursuivit ses pensées à voix haute, dans un murmure désordonné : « Si, comme tu dis, nous organisons un ensemble de pièges dans les rues adjacentes, puis sonnons la retraite pour les y attirer… On aurait peut-être moyen de les toucher... Mh, il nous faut des liquides inflammables, n’importe quoi tant que ça brûle. Ces cadavres à moitié décomposé feront un beau feu de joie, malgré leurs engelures… Puis, à coup de canon et de diversion, les attirer dans différentes ruelles. Les séparer, en petits groupes ramassés. Là, on pourra… » Les yeux de Naran brillaient à la lueur des flammes.
Soudain, elle eut une épiphanie. « De la poix ! Y’en a plein l’arsenal naval, ils l’utilisent pour imperméabiliser les bateaux ! Je vais chercher ça avec quelques gars, suffisamment pour les cramer dizaine par dizaine. En attendant, il faudra espérer que le front tienne. Et que les canons soient préservé, puisque c’est tout ce qui a l’air de marcher. »

Alors que Naran prenait la direction des arrière lignes, elle s’adressa à Surkesh. « Tu devrais voir s’il reste de la poudre, et la placer stratégiquement… Je vais réquisitionner des tireurs, ils se placeront en hauteur quand le front cédera. Je vais les suivre en hauteur. » Naran fronça les sourcils, palpant les grenades qui pendait à ses côtés.
« Si tu veux que j’envoie un de mes explosifs, lève le poing, puis indique la cible. Ça te fera peut-être gagner quelques secondes. Si tu veux une flèche enflammée, lève une main ouverte. » Naran préférait lui donner un code simple, pour qu’ils puissent communiquer à distance sans s’inquiéter d’incompréhension. Elle allait partir, puis s’interrompit encore. Souriant à l’Errant, elle lui souffla : « … Bonne chance. »


Se glissant derrière les lignes de front, Naran restait hors de vue. Elle n’avait pas beaucoup avancé, qu’elle senti quelque chose… d’anormal. L’écho des armes et des canons était omniprésent, et pourtant… Elle perçu des bribes, comme des prières. Les sons émergeaient d’une ruelle désertée, à l’écart du mugissement des berserkers. En s’approchant, la mercenaire vit une lumière surnaturelle, qui projetait des ombres vertes ou violette sur un pavé sanglant. Une montagne de débris bloquait le passage vers la ruelle. Naran grimpa la pile, distinguant de plus en plus nettement des incantations incompréhensibles. Une fois atteint le sommet, elle posa son regard sur un scène singulière.

Mama Mojo. La vielle femme avait défait ses tresses blanchies par l’âge. Ses yeux étaient révulsés ; Pourtant, ils apparaissaient verdoyant, illuminé par une lueur malsaine. Elle brandissait ses bras noirs et flétris au-dessus d’un large cercle. Ses chants emplissaient la ruelle, faisant oublier jusqu’à l’existence du combat.
A côté d’elle, trois prêtresses se tenaient prostrée. Leurs chants se mêlaient à celui de leur ainée, deux notes aigües et désincarnée. Plus en retrait, deux jeunes apprentis, aux aguets. Ils avaient repéré Naran. D’un geste, ils l’intimèrent au silence. La mongole ne réagit pas, comme immobilisée par la scène. Sous ses pieds, elle sentait fourmilier un million d’insecte trépignant d’envie d’envahir la surface. L’air était lourd, froid mais étouffant, portant une odeur nauséabonde.
Quelque chose de profondément abject se tramait ici.

Soudain, le collier de pattes de poulets qui ceignait le cou décharné de Mama Mojo tressailli. Naran devina une forme dans la fumée verdâtre qui tapissait la ruelle. Elle eut une réalisation qui la fit frissonner. Au centre du cercle baigné de sang frais, un cadavre gisait. Son uniforme rouge était teint de brun ; Ses manches raidies par le sang séché couvraient ses bras placés en croix sur sa poitrine.
Alors que le frémissement du collier de Mama Mojo devenait de plus en plus frénétique, le cadavre se tordit brusquement de douleur. Puis, il poussa un hurlement révoltant. Sa voix semblait rassembler celle d’un million de fantômes, qui vociféraient en cœur une douleur innommable. Son visage était un masque de douleur, avili par une macabre lueur verte.

Le cadavre s’anima. Son hurlement cessa brusquement. Ses yeux brillaient, non pas d’intelligence mais d’un appétit malsain. Il semblait inconscient de sa chair à vif, qui se désagrégeant lentement. D’un ton solennel, Mama Mojo lui lança quelques ordres bref. Le cadavre se releva. Il semblait vouloir se jeter sur la vielle femme et la dévorer elle, mais les ordres de Mama Mojo furent plus fort. Il se tourna, à regret, et avança lentement vers Naran.
Cette dernière se mis en garde, écœurée par la monstruosité. Mais, une fois la pile de débris gravie, la créature ne lui accorda pas un regard. Elle marcha vers le front, s’éloignant de l’autel répugnant qui lui avait donné jour. Le monstre pénétra la bataille, rejoignant, insensible, un combat sans pitié.

Devant l’autel impie, les apprentis présentèrent à leurs maitresses des coupes, remplis d’un liquide fumant. Les prêtresses versèrent le liquide sur le sol, et continuèrent leurs litanies. Un autre cadavre fut trainé sur l’autel.
Mama Mojo s’était saisi de son bâton, aujourd’hui orné de crâne et de plumes rougeoyantes. D’un mouvement sec, elle l’abattit sur le crâne de sa prochaine victime. Ce geste, le premier de leur liturgie, fut comme un coup dans la poitrine de Naran. Elle senti s’étendre le cercle noir immonde qui entourait l’autel. La terre était avilie par l’odieux rituel, s’empreignant d’une terrible ténèbres.

Naran eut une folle envie de vomir, écœurée par l’odeur du sang ; par les mouches et asticots qui semblaient brutalement proliférer autour de l’autel ; par la pestilence des corps qui semblait se putréfier à vue d’œil. Elle tremblait, révulsée, et pourtant ne pouvait se résoudre à interrompre, à s’approcher.
Elle se laissa glisser hors de la ruelle, et rendit tripes et boyaux au pied de la pile qui en gardait l’entrée. Essuyant sa bouche, haletante, elle ferma les yeux. Oublier la scène était impossible.


La mercenaire pris la fuite. Loin de l’autel, loin de ce rituel monstrueux. Elle courait derrière les lignes, l’œil affolé. Le chuintement des armes et la clameur des fusils repris lentement le dessus sur les chants de Mama Mojo.
La course lui dénoua les boyaux. Le froid lui gifla le visage, transperçant ses extrémités de sa douleur pure et claire. Petit à petit, son esprit embrumé reprenait pied. Le mugissement des Berserkr, tout à coup perceptible, finit de lui remettre les idées en place. L’arsenal. Le plan.

La mercenaire pris de la hauteur, montant sur un amoncellement de caisses de bois. Elle observa la bataille, s’immergea dans le fracas brutal des armes, des coups de feu. Oublier. Oublier. Elle se répétait se mantra en boucle, pour essayer de se concentrer sur le problème à combattre. Elle se répéta son plan, ses obstacles.
La darse de l’arsenal était à l’autre bout du port. Avec un peu de chance, elle avait été relativement épargné pendant l’attaque. Mais il faudrait de toute façon plus de force qu’elle n’en avait seule pour trimballer plusieurs barils de poix.
D’une rapide analyse, elle tenta de repérer les combattants qui pourrait lui être utile. Ses yeux s’arrêtèrent sur le corps sans vie d’un Mercenaire. Elle frissonna, l’imaginant ramené à la vie, et se mordit la lèvre. Se concentrer. Il fallait transporter des tonneaux, une tâche difficile. Elle scanna à nouveau la bataille.

Un homme de forte stature, couvert de brûlure cicatrisés du poignet à l’oreille, s’acharnait à alimenter l’un des canons. De ses gros bras couverts parcheminés, il soulevait des boulets avec une aisance naturelle. Il fera office de mule.
Près de ces mêmes canons, un jeune mage encapuchonné attirait à lui des munitions, stockée à une dizaine de mètre. Les boulets flottaient un à un vers le garçon, qui les transférait à l’artilleur. Un pouvoir qui pouvait aujourd’hui se révéler vital.
Là, dans un recoin sombre. Une brouette, large, renforcée de métal. L’outil idéal.
Plus proche, Cathy, une mercenaire, jouait de son sabre, tailladant un à un les hommes des glaces. Si la blonde manquait d’efficacité, elle n’était pas moins rapide et habile. Elle servira d’escorte.

Elle trouvera d’autre en chemin. Pour l’heure, il fallait agir. S’activer, pour oublier le cauchemar hideux qu’elle avait aperçu. Naran s’élança à travers la bataille, son arbalète chargée, et son cœur à nouveau au bord de la nausée.

Dernière édition par Narantuyaa le Dim 29 Oct 2017 - 21:31, édité 1 fois
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L'ombre de Surkesh surgit soudain du sol, prenant la forme d'un pieu qui transperça le viking en plein ventre, pur le ralentir mais pas l'arrêter. Immobile, l'errant usa de toutes ses forces pour enfoncer sa hache en matière noire dans la gorge de son ennemi... et ça ne suffisait toujours pas. La tête du revenant penchait d'un côté mais ne semblait pas vraiment le gêner, ni le stopper. Laissant son arme encastré, le sans-cœur sous forme humaine crispa ses deux mains comme s'il y tenait fermement deux sphères. Ces dernières, violettes, apparaissent en même temps que l'ombre retrouve sa forme originelle... le zombie nordique accélère soudain. Au dernier moment, Surkesh place ses mains d'un côté et de l'autre, ces deux sphères devenant d'amples rayons destructeurs. Le corps du monstre fut en partie désintégré, n'en restait que des bribes... des morceaux ensanglantés... mais soit, ca ne suffirait pas pour en venir tous à bout.
Se retournant en ignorant quelques autres vikings venu lui tomber dessus, Surkesh fit apparaître un portail de ténèbres pour s'y engouffrer à pas calme mais pressé...

...et ressortit d'un autre qui se referma aussitôt, atterrissant dans un arsenal de la ville. Coup de chance -ou pas ?- Surkesh avait atterri avec des collègues. La mongole était là, Jubilée aussi et un type brûlée qui a visiblement trop eu l'habitude des explosifs. Sur le moment, tout le monde s'arrêta et fut prêt à en découdre... avant de reconnaître le fameux ex-coalisé. Ca va bien les arranger d'avoir un ténébreux dans leurs rangs, mine de rien.

« J'ai testé un peu les vikings et comme prévu, va nous falloir du lourd pour en venir à bout. Voilà mon plan : je vais réunir tout ce que je peux ici, que ce soit du matos ou des gars. Et c'est à partir d'ici qu'on placera le tout à travers toute la ville. »

Surkesh rouvrit alors un portail de ténèbres qui, une fois franchit, ne se dissipa pas. Moins d'une minute plus tard, des mains d'ombres aux bras semblables à des serpents en sortirent pour déposer de huiles, alcools et tout ce qu'on peut trouver d'inflammables dans une cuisines. Après un moment, le portail se ferme... et encore un moment plus tard, un portail se rouvre dans l'arsenal à bateaux, l'ombre de Surkesh la traversant pour y déposer des barils de poudres venant d'un arsenal à munition cette fois. Ainsi, quelques minutes suffisaient à Surkesh pour rassembler une incroyable quantité de matos au même endroit... et c'est de la même manière que l'errant amena les hommes encore disponibles au même endroit. Vu la situation, personne n'a été difficile à convaincre... même si, à plusieurs reprises, on vit le sombre mercenaire ramener de la main d'œuvre de force en les trainant par le col. Pas feignants mais lâches... des lâches que, vu la situation, Surkesh se permit de motiver un peu.

« La mongole ? » Lança-t-il, sans mépris puisqu'à ses yeux, il lui signifiait sa promotion. Ce n'était plus la nouvelle... c'était peut-être même la mieux placée pour organiser le plan. A vrai dire, la plupart des personnes présentes ici -mercenaires, civils ou pirates- étaient plus occupés à manutentionner qu'autre chose. Pour cette discussion pourtant se sont invités quelques mercenaires réputés, des capitaines pirates présents et deux ou trois civils plutôt endurcis. « N'importe qui et n'importe quoi pourra passer mes portails à condition d'être en contact physique avec moi. Réfléchissez rapidement à la disposition des pièges et des tireurs, vous avez le temps que je revienne de mon entrevue avec la compagnie des indes. »

Surkesh s'engouffra dans un énième portail de ténèbres... et se retrouva braqué par les fusils des tuniques rouges, sur les remparts du fort. Soit, il leva les mains en guise de soumission puis déclina son identité. La Compagnie des Indes n'est pas moins informé que tout le reste de Port Royal, entend les rumeurs comme tout le monde, surveille les réputations et sait plus ou moins qui est qui, savait qui était Surkesh. Ce dernier appréciait grandement le fort... depuis ses hauteurs, le combat acharné sur le port paraissait... si lointain et si petit, l'on en entendait que les échos devenu presque fantomatiques avec la distance.

« Vos hommes font du bon travail sur le port et je vois que... » Un coup de feu monumentale retentit à même pas à un mètre mais tout le monde s'en fout, de même qu'à voir tout ce beau monde qui s'affaire aux canons, on croirait voir une folle usine des enfers. « ...vous ne lambinez pas non plus ici. On organise en ce moment même des lignes de tirs et des pièges à destination des vikings. Qui dirige ici ? »

« Lord Manchester, ravie de vous rencontrer. A ce que j'entends, nous aurions l'occasion de limiter les pertes. »

L'anglais était noble au sens... le plus noble du terme, justement. Les mains jointes dans le dos, d'un calme impérial mais l'air aussi sérieux que la situation l'exigeait. Et évidement, l'accent british légèrement hautain, celui-ci paraissait pourtant à l'écoute du mercenaire d'allure pourtant si peu engageante. Les canons hurlaient alors et ses hommes courraient comme si la vie en dépendant. Grand seigneur, le lord congédia ceux qui braquaient Surkesh d'un simple et élégant geste de la main. Le sans-cœur devait bien lui reconnaître une certaine classe.

« Tout à fait. Si vous êtes capable de sonner une retraite ça... sera un peu brouillon mais nous pourrions attirer les vikings dans nos pièges et les laisser à la merci de nos lignes de tirs. Plutôt que d'attendre que vos hommes et les nôtres meurent pour les laisser passer, nous allons directement les laisser passer. La ligne de front ne fera que reculer... marquant des pauses à nos pièges et lignes de tirs. Le mieux serait encore que les hommes du ports se dispersent pour diviser nos ennemis. »

« C'est très brouillon. »

« J'ai pas mieux, hélas. »

« Nous ferons avec. C'est l'amiral Nelson qui dirige les troupes sur le port et c'est lui seul qui peut sonner la retraite. Dites-lui que l'ordre vient de la folle à plumes roses, il obéira forcément et saura que ça vient de moi. Vous le reconnaitrez facilement, ca sera le seul à avoir des plumes blanches sur son tricorne. »

« Parfait... »

Sans plus de politesse ou de manière, Surkesh réapparu dans l'arsenal à bateau et fit un bref rapport. Ne restait plus donc qu'à placer les pièges comme les tireurs... puis à allez chercher l'amiral pour qu'il sonne la retraite, sonnant celle des mercenaires n'étant pas compliqué. Pas le temps d'attendre, l'errant commença directement à disséminer les tireurs et disposer les pièges à travers l'île. Sans originalité, et considérant que ce n'était pas son rôle, le sans-cœur se contenterait de suivre les instructions qu'on lui donnerait. Avant de partir, il s'adressa à Naran-machin-truc.

« Dis-moi la mongole, tu viendrais pas avec moi chercher l'amiral ? La compagnie des indes battra en retraite sans discuter... mais on sera pas trop de deux pour convaincre les mercenaires de faire pareille. Puis en plein de champ de bataille, ca va pas être simple de se faire entendre. » Juste au cas où, Surkesh la provoqua... et fut quasiment sûr que cela suffirait à la convaincre, brisant un instant son sérieux pour un sourire en coin... malsain mais malicieux. « Si ça te fait trop peur, dis-toi que je te protègerais. » Je reprends un air sérieux d'un coup... c'est pas tout à faire l'heure de déconner. « Plus sérieusement, on sera pas trop de deux. » Sans lui laissez le temps de répondre, l'errant alla mettre en place les premiers tireurs et ces deniers s'occuperait eux-mêmes des pièges.

Ici c'était rudimentaire... trois tireurs à l'armes à feux et trois barils mélangeant poudres à canons et un peu de poix avec une pelletée de bricoles pour rendre le tout plus meurtriers. Ca prendrait feu comme pas permis au premier coup de feu et exploserait... une sorte de grenade à fragmentation artisanale. Qui plus est, ce piège ne se déclencherait que si on tirait dessus, ce qui éviterait des incidents malencontreux lors de la retraite des hommes du ports. Deux vikings déboulèrent alors dans la ruelle... et certes, bien que le front du port semblait tenir, quelques uns de ces monstres passaient sans doute entre les mailles du filets.

« Gaspillez ni vos munitions, ni les pièges ! Allez vous poster en hauteurs pendant je m'occupe de ça... »

Pas le temps de faire dans la finesse. Ce dernier fit circuler sa magie jusque dans le creux de ses mains pour y faire naitre des sphères de ténèbres et de néant, apparaissant comme des sphères violacés ternes. Sans attendre, il tendit ses bras alors que ses sorts se déformèrent en rayon... ce qui lui permit, en joignant les deux, de désintégrer les jambes d'un des deux revenants. Celui-ci ne pouvait désormais que ramper et... aussi fort soit-il, le zombie n'avait plus rien de très dangereux. Soudain, l'autre nordique revenu d'on ne sait quel enfer était là, à portée et prêt à abattre son gigantesque marteau de guerre ! Surkesh du courir à reculons, mal habile et avec précipitation, pour esquiver ce coup de justesse. Un instant seulement pour retrouver son équilibre que le monstre le chargeait déjà de nouveau... et fut stoppé net par une trois cadavres se jetant sur lui ! Quoique stoppé ne fut pas le mot exact, simplement, le revenant nordique reporta son attention sur les macchabés. Surkesh n'attendit pas pour réitérer la même technique qui avait désintégrer le jambe du premier viking... et ce fut de nouveau une réussite, quelques uns des revenants "normaux" y passant aussi. Se faisant une hache en matière noire, le sans-cœur acheva les deux vikings rampant en commençant par celui qui agrippait déjà sa jambe.
Quand aux zombies... et bien, ils ne se sont intéressés ni à Surkesh, ni aux autres mercenaires postés en hauteurs. Franchement, avec ces montagnes du nord dans les parages, les autres zombies lui paraissaient... inoffensifs et même, étrangement, de leurs côtés. Soit, c'était la cadet des soucis des vivants et les tireurs l'ont bien compris aussi.

Le travail n'est pas fini, il reste quantités de pièges et tireurs à placer.
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Au premier chant du canon, c’était le branle-bas de combat. Les membres d’équipage s’envolèrent comme un nuage d’oiseaux, habituée à leurs rôles respectifs. Le docteur Brown fut happé par le mouvement des filles. La mercenaire en fut soulagée. Elle n’aurait pas à devoir gérer la pression constante de sa présence.

Sa contribution était simple, s’arranger pour que les tonneaux d’huile servent de projectiles. Elle commença par rejoindre les matelots hissant le filet sous l’écoutille aux vivres tirant de toutes ses forces pour monter les tonneaux sur le pont, ainsi que la cale, grosse pièce de bois, d’un canon inutilisable tellement son fut était pris dans la glace à cet endroit du navire. Elle servirait de moyeu sur lequel posé les bancs retournés.

Lenore avait presque oublié la morsure du vent glaciale en regagnant le pont. Icy Cube avait fait reprendre la course du navire s’approchant du navire commandant des viking. Les gabiers sautillant gaiement de filetières en mât pour aider aux manœuvres alors que le navire pivotait lentement pour approcher sa cible.

Avec l’aide de la dénommée Birdie, la rousse déplaça l’un des bancs des rameurs, estimant vaguement au pifomètre la course du projectile pour décider de son orientation. Elles retournèrent l’objet afin que les pieds permettent de caler les tonneaux, les empêchant de rouler en dehors de la planche.




Un sifflement grandissant qu’ignora simplement la mercenaire provoqua un changement de comportement auprès de la pirate. Lenore ne comprit pas lorsque cette dernière se cala les pieds et mis les mains au sol. Elle n’eut pas à poser la question que le sifflement s’échoua dans l’eau suffisamment proche du bâtiment pour qu’une vague le soulève sous le choc. Lenore perdit l’équilibre sous les rires provocateurs de l’habituée des combats navals. Port-Royal les tirait tout autant que les autres navires. Sans signe distinctif comment leur en vouloir ! Ils ignoraient encore qu’il y avait un loup dans la bergerie.

La rousse grommela, reprenant le réglage instinctif de son engin de siège archaïque. Un premier tonneau fut placé et Birdie grimpa à une filetière, prête pour le grand saut au signal de la mercenaire. Il fallait attendre le bon moment. Approché encore davantage par tribord sans être trop près. Contrôler son impatience et ménager l’effet de surprise qui serait alors brisé. Les moucheurs étaient déjà en place dont l’homme de la Shinra.

Lenore baissa la main, ordonnant à la voltigeuse de tomber de tout son poids sur la balance. Le tonneau vola dans une courbe un peu plus courte que n’avait envisagé la mercenaire. Juste avant qu’il ne s’écrase sur le bastingage, une balle fusa, provoquant l’éclatement et l’ignition de son contenu se répandant sur le navire ennemi.

Ils avaient attiré l’attention de l’équipage adverse et le pilote des pirates augmenta la vitesse de leur navire. L’abordage était annoncé. Encore le temps de lancer rapidement deux tonneaux. Lenore s’activa, réajusta la balance et lança immédiatement l’ordre à Birdie. Le cerclage éclata violemment contre la base d’un des mâts arrosant copieusement un groupe de viking d’huile poisseuse noirâtre. Pas le temps de donner d’ordre à l’équipage pour qu’ils leur mettent le feu. Lenore devait leur faire confiance et terminer son œuvre.



La vitesse et l’approche ne permettait plus de viser le pont du navire viking. La rousse tourna l’axe de la balance assez drastiquement, visant la poupe et la cabine du capitaine. Elle fit signe à la voltigeuse de descendre avec moins de force afin que la courbe soit plus haute et courte.

Le tonneau éclata et brula, inondant de flamme la passerelle. Les vikings occupés à éteindre les flammes dans un réflexe conditionné de marins devenaient des cibles faciles pour els moucheurs, même si la plupart des balles ne leur faisait ni chaud ni froid.

Birdie ne se fit pas attendre une fois les tonneaux à court. Elle rejoint ses camarades de première ligne d’assaut comme une puce excitée par le carnage. De Port- Royal, Lenore ne voyait que flamme et ombre, suivant la course des boulets de canons dans la nuit noire. Il était temps de s’identifier pour éviter une avarie malencontreuse.



La rousse rejoint Datura derrière le gouvernail, cette dernière s’équipant pour faire elle-même des ravages dans les rangs ennemis. Elle réussit à la convaincre de lui donner le drapeau pirate de son équipage afin de monter à la Hune l’accrocher. Datura sourit à l’idée et lui avoua qu’il était parmi ses affaires dans la cabine.

La mercenaire se précipita, trébuchant par moment au roulis prononcé du navire. Elle fouilla la cabine, jetant un regard plus agacé que compatissant sur un Natsu inerte, luttant avec ses nausées. Puis regagna le pont pour monter au Grand-mât.

En contrebas le combat faisait rage, les viking lent mais puissant et résistant subissaient le harcèlement de l’équipage pirate, vives, sanguinaires mais tellement plus fragile. Elles donnaient l’impression de moustiques autour d’un poivrot. Elles avaient leurs chances si elles esquivaient les pertes au maximum, surtout que le plan était précis. Prendre d’assaut la cabine du capitaine, tuer le mage aux commandes du navire et détruire ou saisir le cristal qui donnait vie au navire.

Lenore finit de hisser le drapeau pirate en espérant qu’à terre, ses alliés pourraient l’identifier plus facilement et concentrer leur défense sur les navires débarqués au port, leur laissant la lutte avec le navire commandant encore trop loin pour leur portée.




Il ne lui restait plus qu’à prendre part à l’assaut. Le chemin le plus rapide étant la voie des airs, le plus dangereux aussi. Lenore souffla sur les bandages à ses mains pour les réchauffées et se motiver. Elle aussi allait rentrer dans la légende, peut-être même deviendrait elle membre de l’équipage à titre honorifique si cela se faisait. L’idée fit un peu rire la rousse qui aimait bien trop le plancher des vaches et son confort, pour troquer sa vie de mercenaire avec celle d’équipage pirate.

Attendant que les vergues s’approchent les unes des autres, la rousse s’élança, serrant sa cape de ses mains afin de ralentir sa chute par la portance de l’air. Elle donna toute la force possible à son saut pour atterrir sur le mât du navire ennemi, s’accrochant désespérément en s’étalant de tout son long sur le bout de bois peu large. Ne plus jamais réessayer, se jura-t-elle. Il ne lui restait plus qu’à redescendre sur le pont… ou l’attendait déjà quelques viking en plein combat acharné.
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Tenant la tige pour tasser la poudre entre ses dents, le SOLDAT pressait une nouvelle fois la détente dans un éclair avant de se dépêcher à recharger son mousquet. Si seulement il avait quelqu’un derrière lui pour le faire à sa place, il serait capable de faire plus d’un tire toutes les minutes.

Il avait beau faire mouche à chaque fois, il y avait une chance sur deux qu’une balle normale parvienne à exploser le cerveau d’un viking et le mettre hors d’état de nuire.

Par ailleurs, à voir les salves des autres moucheurs présents sur le navire, il était parfaitement inutile de viser les membres pour les incapacités. Bien, comme sur l’île, seule la magie allait fonctionner dans cette entreprise. Du moins, s’il ne loupait pas son coup et qu’un pirate se retrouve avec un tir infernal dans la tête. Dans cette situation, il serait bien vite nommé comme responsable.

Amenant la gourde de poudre noire au sommet du canon, il chargeait l’arme avant de glisser le leurre ainsi que la balle et finalement tasser le tout dans le long tube. Par chance, il ne pleuvait pas et il était à l’abri des flots depuis son perchoir. Finalement, il levait le loquet et déposa le reste de poudre afin de créer la détonation et il levait finalement le chien du mousquet avant de ramener la crosse à son épaule et mordre de nouveau la tige de fer.

Il avait le gout de la poudre en bouche, autant dire que ce n’était pas ce dont-il rêvait à cet instant.

L’oeil à la mire, le médecin chargeait un nouveau sort de brasier dans la balle de plomb. Le plus puissant qu’il connaissait à l’heure actuelle. Maintenant que l’abordage avait été lancé, il devait redoubler de prudence et éviter les tirs dans la mêlée. Dommage, cela était si tentant. C’est alors à cet instant qu’il remarquait la cape de Lenore glisser le long du mât et atterrir au milieu de la mêlée, arme à la main. Kurt savait qu’elle était capable de se débrouiller, il l’avait vue plus tôt, mais le géant brandissant sa hache au-dessus de sa tête juste derrière elle lui laissait comprendre qu’il ne devait pas perdre une seconde.

Bloquant sa respiration, gardant les deux yeux ouverts, il ajustait le bout de son canon brièvement avant de presser la détente. La balle de plomb semblait illuminée par son sort et elle fendait l’air jusqu’à perforer le crâne du berserker et le faire tomber en arrière.

Si le Président le voyait ainsi sauver la moitié des mercenaires du port, il serait probablement cantonner à éplucher les patates jusqu’à la fin du mois. Cependant, c’était aussi son seul moyen pour parvenir à quitter le monde. Et alors qu’il terminait ses réflexions, la minute était passé et il cherchait déjà après une autre cible à abattre.

Un nouveau sort de brasier, un viking entouré par quatre pirates, une cible de choix. Alignant sa mire et la tête de son ennemi, le SOLDAT pressait lentement la détente et remarquait au dernier moment qu’une pirate s’était interposée. Pestant, il décalait son bras porteur pour dévier le canon durant son tir, donnant ainsi un effet à sa balle.

La bille de plomb, enflammée par le sort de feu, décrivait une courbe qui frôlait de peu le cou du pirate pour traverser l’un des yeux du viking et le faire chuter deux secondes après l’impact. Relevant sa tête, le médecin soupirait d’avoir réussi à dévier suffisamment la balle, il n’avait pas l’habitude de donner cet effet à ses tirs. Encore le sifflement des canons, un rinçage d’eau de mer balayaient le pont alors qu’il continuait inlassablement à tasser la poudre.
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Il semblait que, partout où le désastre frappait, Surkesh était là. Après l’avoir croisé en ville hier, au Port il y a une demie heure, le voilà qui apparaissait en plein arsenal, dans un portail d’ombre du plus bel effet. Naran, qui l’avait déjà presque catégorisé comme esprit méphitique, se demanda si le titre de démon gardien de Port Royal n’était pas plus approprié.
Mais pour l’instant, l’important était que le démon soit dans leur camp. Et, il avait beau être malsain, au moins il était efficace. Naran, qui sélectionnait les tonneaux de poix qu’elle souhaitait utiliser, avait observé le démon ramener des munitions, armes et explosifs, ainsi que quelques soldats récalcitrants.
Bizarrement, c’était à elle qu’il s’était adressé pour prendre en charge les défenses. Elle, encore étrangère ici. Certes, elle avait une certaine pratique de ce genre de lutte urbaine… Mais Surkesh n’en savait rien… Si ? L’errant ne lui avait pas laissé le temps de poser des questions : Après ses instructions, il avait à nouveau disparu.

La mercenaire s’était donc attelée à la stratégie de bataille. Pour commencer, elle avait tracé dans le sol un grossier schéma du port, puis fait réunir les plus capables. Dans un fouillis frénétique d’idées, le plan fut improvisé.
« Trois hommes qui couvrent Tewer Street, et une barricade sur la ruelle vers la nouvelle Eglise.  Sur la High Street, une ligne de canon, aussi vite que possible. » Naran voulait assurer une dernière défense.
« Faudra au moins une heure avant qu’elle soit prête. » Prévint un officier artilleur à travers ses favoris grisonnant.
« On tiendra » Assura un soldat, qui, vu son odeur de poudre, avait été arraché à la ligne de front.
« Il faut disséminer les explosifs le long de la Morgan Line. » Naran scruta l’assemblée, et croisa le regard de quelques braves volontaires.
« On peut faire sauter l’entrepôt en bas de Fisher Row, il est presque vide. » Grogna un vieux docker de la compagnie. Il tenait encore à la main une barre de fer encrassée de sang.
« On les coince où, du coup ? » Demanda déboussolé le mage que Naran avait recruté.
« Entre New Street et Thames Street, y’a six ruelles parallèles. ‘Sont étroite et encombrées. » C’était Cathy, qui semblait être une habituée de ces venelles mal famées.
« On partira du toit de la maison du Port et de la taverne du Pilori, puis on se séparera en plusieurs groupes » Confirma Naran.
« Le front tient encore ? » S’interrogea un officier.
« A peine… » Grimaça l’un des combattants.
« Comment on allume tout ça ? » Souffla le mage gravitationnel.
« ‘Suffit d’une étincelle. Prend des torchons imbibés d’huile, allume les et jette les d’sus. Ou lance le briquet, si t’es dans la dèche. » L’artilleur à demi calciné avait parlé brusquement, sortant de son mutisme pour expliquer la mise à feu d’une voix rocailleuse.


Une fois le plan ébauché, ce fut le branle-bas de combat. Chacun s’emparait de son matériel, tandis que Naran et les officiers s’assurait que tous avaient un rôle.
Soudain, la mongole se retourna, en milieu de phrase. Elle avait cru sentir le frisson désagréable de la magie de Surkesh. Et, en effet, le semi mercenaire avait réapparu.

Il tendit la main à une première équipe, et demanda leur destination. A croire qu’il connaissait déjà l’étendue de leur plans... Naran se crispa. Si celui-là se révélait être un traitre, ils couraient tous à leur perte.
Elle finit par écarter cet idée de son esprit. S’il les avait véritablement trahis… Eh bien, ces tonneaux de poix allaient encombrer sa dimension ténébreuse, et peut être même lui exploser à la gueule. Et puis, sans lui, la défense du port semblait bien moins réaliste… Naran fini donc par confier au démon ses hommes et leurs matériels, mettant sa paranoïa sur le coup de la fatigue.

Avant de disparaitre, Surkesh lui fit toutefois une proposition… dérangeante.
« Dis-moi la mongole, tu viendrais pas avec moi chercher l'amiral ? La compagnie des indes battra en retraite sans discuter... mais on sera pas trop de deux pour convaincre les mercenaires de faire pareille. Puis en plein de champ de bataille, ça va pas être simple de se faire entendre. Si ça te fait trop peur, dis-toi que je te protègerais. »
En soit, le contenu de son offre n’avait rien d’étrange, mais… Eh bien, déjà sous-entendre qu’elle avait plus peur d’un officier de marine et de quelques mercenaires que des beserker qui détruisait la ville était assez absurde. Ensuite, voir Surkesh sourire était plus que perturbant. Et, finalement, quand il avait proposé de protéger Naran, cette dernière avait senti son instinct se hérisser.

Plus elle le côtoyait, et plus cet homme lui semblait inquiétant. Pourtant, il n’avait fait qu’aider… Pour l’instant. Alors que les équipes disparaissaient une à une dans le portail, la mercenaire s’interrogeait. Qu’est ce qui n’allait pas avec cet étrange personnage ? Elle ne se considérait pas comme particulièrement superstitieuse (…peut-être à tort), et pourtant sa tête ne lui revenait pas. Est-ce que c’était juste la magie ténébreuse ? Une préconception due à ses yeux jaunes ?
Naran n’eut pas le temps de rêver longtemps. Les équipes étaient désormais toute parties, et Surkesh était revenu une dernière fois. La mercenaire observa le portail, repensant aux étranges mains ténébreuses qui jaillissaient parfois du vortex. Elle déglutit -discrètement, il ne fallait pas qu’il sache à quel point il la dégoutait-, et pris la main de l’errant.


Ils se matérialisèrent dans une brume indistincte de poudre. A peine s’ils pouvaient distinguer les trois canons qui tiraient incessamment depuis l’arrivée des envahisseurs, ou le front mouvant qui s’étripait devant eux. Naran, désorientée, pris un moment pour se raffermir, tandis que Surkesh s’avançait déjà sur les quais.
Ils étaient au cœur de la bataille. La clameur des armes était impressionnante, surpassant même les ordres que pouvaient gueuler les officiers éreintés. Devant eux, trois tuniques rouges aux uniformes taché de suie tiraient les canons dès que le front faiblissait ou laissait apparaitre un ennemi.  
Laissant Surkesh s’occuper de la Marine Anglaise, Naran s’en alla quérir les Mercenaires.

Pas de secret, pour trouver tout mercenaire qui se respecte, il lui fallait scruter le champ de bataille. Naran s’éloigna des canons, dont la fumée restreignait la visibilité et se glissa sur le côté, vers les entrepôts des quais. Tout en cherchant un point d’observation, elle gardait l’œil en direction du combat.
Soudain, quelque chose lui saisit la cheville. La prise était implacable, malgré le mouvement instinctif de Naran pour s’en débarrasser. Baissant les yeux, la mercenaire découvrit un des berserkr. La moitié inférieure de son corps explosée par un boulet de canon, il s’était néanmoins trainé jusqu’à elle, et tenait maintenant son pied d’une main. Par reflexe, Naran écrasa le bras qui la tenait captive d’un coup de pied. Le poignet fit un craquement sec, mais tint bon.
Le viking poussa un râle indistinct. Naran lui ficha un carreau dans l’épaule. L’étau ne faibli pas.
La mercenaire commençait à paniquer : La prise du monstre était puissante, proche de briser sa cheville. Elle tira son deuxième carreau dans la tête de l’envahisseur, quasiment à bout portant.
Le carreau perfora son œil droit, puis transperça son crâne. La main gelée qui retenait Naran retomba mollement à terre. Naran balança un dernier coup de pied dans le crane inerte et à moitié ouvert, pour faire bonne mesure, et repris son chemin.

Elle rechargea son arbalète nerveusement. Ces monstres étaient bien trop résistant pour qu’elle en abatte seule. Elle grimpa sur quelque sur quelques caisses, suffisamment loin des canons pour y voir quelque chose.
La mercenaire fit le vide, cherchant autour d’elle les présences d’ennemis. Naran n’avait aucune certitude quant à son sixième sens, mais espérait qu’elle lui permettra de repérer même des monstruosités comme leurs assaillants. Ne sentant rien de trop proche, elle s’accroupi et commença son observation.
A travers sa lunette de visée, elle pouvait voir les coques béantes des navires envahisseurs, et les combattants morts vivant qui s’en déversaient. Sur les quais, des piles de débris formaient des barricades de fortune, âprement défendue par mercenaires et soldat accablés. Les envahisseurs contournaient les fortifications par la banquise qui enserraient les quais, isolant des poches de soldats et les massacrant peu à peu.

Sur l’un des flancs, les forces de la marine étaient rassemblée en masse. Naran observa un officier enfoncer son sabre dans la gorge de son opposant, le sang giclant sur son tricorne à plume. Autour de lui, une dizaine d’homme défendaient une position devenue précaire. Surkesh était déjà présent. L’errant tourna la tête, et Naran eut l’impression que le démon la fixait elle, à travers le fracas de la bataille. Elle senti une sueur froide glisser le long de son dos.
L’errant détourna son regard, et souffla quelque chose à l’officier. Ce dernier arracha son sabre du berserkr inerte, et lança quelques ordres.
Ils allaient sonner la retraite… Non, c’était encore trop tôt !

Naran fouilla des yeux le champ de bataille. Qui pourrait accepter de mener une retraite pour les Mercenaires ? Elle ne les connaissait pas assez pour savoir qui les mènerait… Ou plutôt, elle pensait les connaitre suffisamment pour savoir qu’aucun parmi eux n’accepterai inconditionnellement l’autorité d’un autre.
La mercenaire jura. Voilà que l’indépendance si prisée des Mercenaires jouaient en leur défaveur. Peu importe. Elle allait informer ceux qu’elle trouvera, espérant que quand les trompettes anglaises sonneront même les plus obtus d’entre eux auront la présence d’esprit de se retirer.

Toutefois, si elle voulait convaincre, il fallait préparer son entrée. D’abord, il lui fallait une cible…
Le groupe de mercenaire le plus proche bataillait corps et âme, dos à une épave. Les trois combattants tenaient bon comme il pouvaient face à deux des vikings putréfié. L’un des géants de glace avait une hache enfoncée dans l’épaule, ce qui ne l’empêchait d’étrangler une femme vêtue d’une armure rouge. Les jambes de la mage trépignaient au-dessus du sol, de minces flammèches s’échappant de ses doigts engourdis. L’autre monstre balayait l’air d’une énorme masse d’arme souillée de sang et de cervelle, que les deux guerriers restant évitaient tant bien que mal.

Naran pris une longue inspiration. Son plan était ambitieux, et elle n’avait pas le droit à l’erreur. Puis elle relâcha son souffle, et se lança dans l’action.
Coup sur coup, elle ficha deux tirs dans la tête de l’étrangleur. Les carreaux s’enfoncèrent successivement dans l’œil et la mâchoire du monstre. Le berserkr lâcha prise, mais Naran s’était déjà lancée dans la bataille.
Son arbalète reléguée sur son épaule, elle se ruait sur le deuxième géant. Elle passa sous sa masse, et alluma l’une de ses grenades. Profitant d’un mugissement du monstre, elle s’approcha, et lui enfonça l’explosif dans la gueule.
Prenant appuis sur le corps gelé de son opposant, Naran bondit en arrière. Dans une explosion sonore, le crâne du monstre vola en éclat, répandant son contenu aux alentours. La mercenaire essuya la chair putréfiée qui lui maculait les sourcils, et se mis en garde. Le deuxième berserkr, bardé de carreau, était encore debout.
« On va les piéger dans les ruelles, faut sonner la retraite du port ! » Naran avait parlé avec toute l’autorité dont elle pouvait faire preuve, couverte de tripe et de poudre qu’elle était.
En réponse, la mage remise sur pied lança un sort, qui réduisit en cendre la tête de son agresseur. Elle eut un petit sourire satisfait, ses cheveux bruns s’envolant sous le choc produit par la déflagration.
Un des combattant, un mercenaire aviné et criblé de cicatrice, arracha la hache de la côte du monstre vaincu. Il grogna :« On transmettra. »


Après avoir recharger son arbalète, Naran repéra un autre groupe de combattant. Profitant d’une salve de canon et du couvert de la poudre, la mercenaire se glissa entre deux colosses, pour ensuite sauter par-dessus une barricade. Elle sentit un souffle violent dans son dos, puis une douleur lancinante. La hache d’un de ses opposants avait zébré ses épaules, coupant à travers ses multiples couches pour lui taillader l’omoplate.
Dans un hurlement rageur, Naran se retourna et tira sur le monstre. Le carreau s’enfonça de quelques centimètres dans le crâne de sa cible, mais le monstre resta debout. Dépassée, Naran culbuta en arrière pour éviter un deuxième coup de hache.

Assez de fait d’arme ! Elle n’avait pas besoin de risquer sa peau pour impressionner tout le port. Naran beugla, sans aucune délicatesse : « RETRAITE !!! ON S’BARRE D’ICI FISSA !! »
La mercenaire sentait son sang poisseux s’insinuer dans son dos, entre ses vêtements, et sur le sol où elle s’était réceptionné. Elle grimaça. Au-dessus d’elle, elle entendait les coups de mousquet qui s’acharnaient sur le berserkr qui l’avait blessé.

Naran se releva. Elle sentait son dos la bruler, ses muscles endoloris la lancer. Allez. Un dernier pour la route. Naran alluma deux grenades, et les balança sur ses assaillants, qui se reculèrent sous le choc. Les clous dont elle avait garni l’explosif s’étaient enfoncé dans les visages hagard et putréfié des monstres. Naran fonça sur eux, et profita de leur stupéfaction pour passer sous leur garde.
Arrivée à une troisième barricade, elle se mis à couvert et hurla à nouveau : « BOUGEZ VOUS QU’ON PUISSE LEUR BALANCER LA SAUCE !! RETRAIIIIITE !!! »
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La retraite est sonnée ! Les tuniques rouges filèrent à l'anglaise comme un seul homme tandis que les mercenaires se carapatèrent beaucoup plus désordonnés mais en soit, le plan est lancé. L'information circule vite au sein des mercenaires et ce même en plein combat... tandis que la compagnie des indes comprendra le plan sur le tas. De toute façon, c'était bien trop le bordel pour expliquer les choses dans le détail. Tandis que l'amiral Nelson en embarquant ses hommes au son d'un clairon, le sans-cœur se couvrit d'un sort de camouflage et fila de son côté. L'idée était juste s'éloigner des vikings qui partait déjà à la poursuite des "fuyards". Par chance, les morts du nord n'étaient pas les plus rapides qui soit même si pas si lent que ça, ceux qui battaient en retraite pourrait facilement les distancer.

Surkesh s'engouffra en vitesse au cœur portail de ténèbres pour s'en extirper d'un autre dans la seconde et débarquer en trombe sur les remparts du fort. Lord Manchester n'avait semble-t-il pas bougé. Toujours au même endroit, celui-ci distribuait ses ordres comme le ciel distribue le soleil ou la pluie. Aussi sérieux que si serein, le leader des tuniques rouges ne bougea même pas la tête pour porter son regard sur le sans-cœur. Même en lui parlant, le Lord continuait de commander ses troupes par des gestes.

« Plait-il ? »

« La retraite est sonnée, vous pouvez faire cracher vos canons sur le port ! »

« Feu sur le port soldats ! Immédiatement ! »

Il s'est mis à pleuvoir des salves de boulets de canons sur les vikings en chasse des soldats et mercenaires battant en retraite. Bien vite, l'air des remparts fut saturé de poudres n'ayant pas le temps de se dissiper avant qu'une autre rafale ne soit tirée ! Port Royal ne cèderait pas face à ses monstres... et si la victoire n'est jamais assuré, entre l'artillerie du fort et les pièges de la ville ? Les revenants nordiques n'ont pas la moindre chance. Le sombre mercenaire afficha un sombre rictus en coin satisfait et orgueilleux... puisque malgré tout le travail qui restait encore à faire, la survie de Port Royal étant en grande partie de son fait. Ses portails de ténèbres furent décisifs pour mettre en place la stratégie. Qui aurait pu permettre la mise en place si rapide des pièges ? Et qui aurait pu se mettre au point avec la compagnie des indes si rapidement ? Personne... et dire que Surkesh a sauvé le coup face aux vikings ne serait pas exagéré. Pas selon lui en tout cas... voilà qui lui assurait, une fois de plus, sa place parmi les mercenaires tant qu'il ne merdait pas. Personne ne l'aimait ? Peut-être mais par nature pragmatique, le Centurio sait bien qu'il a tout intérêt à garder le sombre mercenaire dans ses rangs !
Puis le sans-cœur redevient sérieux et sombre, le visage sans âme ni émotion, dénué d'humanité, aussi froid que la mort.

Surkesh était jusqu'ici décidé à se faire bien voir de Narantuyaa. Cette dernière n'avait certes pas vu la véritable forme du sombre mercenaire et pourtant, quelque part, elle avait vu son vrai visage face aux deux destructeurs du Centurio. L'avait vu agir comme une bête et fut carrément mis en garde par "Genesis" de se méfier que ses instincts ne prenne pas le dessus. En soit, c'était la plus proche malgré elle de le démasquer puis de découvrir sa véritable nature. Ainsi, l'idée de base était de la mousser, de la protéger et de lui paraître aussi sympathique que possible. Or, le sans-cœur changea d'avis puisqu'en réalité... c'était l'occasion parfaite pour lui de s'en débarrasser sans éveiller de soupçon à son égard. Le sans-cœur pourrait l'embarquer dans un portail de ténèbres loin de tout témoin puis l'a tué avec une réplique en matière noire des armes des vikings. Il n'aurait qu'à se retenir de lui dévorer le cœur pour laisser un cadavre qu'il déposerait à un endroit logique et ainsi laisser la preuve qu'elle s'est éteinte de la main morte des envahisseurs. Ca ferait un sujet de préoccupation en moins et en ce moment, un sujet de préoccupation en plus ou moins, pour Surkesh ? Ca n'était pas rien.
Du haut des remparts, le sans-cœur jeta un regard inquisiteur à la ville...

« Ma chère Narantuyaa... où peux-tu bien être désormais ? »

...et il disparu dans un portail de ténèbres, débutant la traque.
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Lentement, le corps couvert de glace du Thane se relevait de son trône, n’accordant aucun regard à son navigateur. La mâchoire de celui-ci s’abaissait dans une volute de fumée blanche avant qu’il ne dégaine son imposante hache de guerre de son dos.

Il était temps, il avait retardé son invasion depuis de trop longue année.

Le colosse se mettait en marche, faisant craquer la fine couche recouvrant son corps pour qu’il défonce d’un coup de pied la cabine de son propre navire. Il était pris d’assaut de tribord, ses yeux d’un bleu cristallin observaient les femmes qui osaient fouler le pont de son navire. La colère le gagnait alors que son visage ne laissait rien transparaitre, figer dans la glace.

Un pirate se dressait devant lui, d’un revers de sa main libre, il collait une baffe la faisant voltiger alors qu’il traversait son embarcation d’un bout à l’autre.

Haine, voilà ce qui l’animait à l’instant et il n’avait rien à faire des misérables sont sur navire. N’accordant aucune attention à ceux-ci, se contenant de repousser les folles tentant de l’empêcher d’avancer sur son propre bâtiment. Désolation, voilà ce qu’il voulait apporter depuis des siècles et il allait l’amener avec son froid grisant.

Maintenant à la proue de son navire, il posa son pied sur la rambarde, le port était éclairant comme en plein jour et les morceaux de terre et de chairs volaient en éclats. Mort, il allait la donner. Attrapant un cor à sa ceinture, le Thane posait l’emboue à ses lèvres et soufflait de toute sa voix. Le son rauque résonnait sur la surface de la mer et dans le port se trouvant devant lui. Ténèbres.

Personne n’allait échapper à sa colère. Dorénavant, il se retournait et attrapait sa hache à deux mains, elles allaient connaître la rage qui l’habitait. Sang.

* * *

Un déluge de boulet s’abattait en contrebas du port, détruisant et arrachant les membres des berserkers, ainsi que les pavés de la ville. Des envahisseurs, il ne restait presque rien, il était vaincu et au rythme que les batteries cessèrent de tirer, un silence de mort s’installait progressivement.

Le jour ne s’était pas encore levé.

Le bruit du cor résonnait finalement dans la ville, dans les rues, dans le fort. Froid et glaçant, parcourant l’air comme une nuée de monstre prêt à dévorer les rescapés. Sauf que le danger ne venait pas de la terre.

La glace du port se brisait d’un coup, laissant apparaître une main faites de ténèbres qui cherchait un point d’appui. Le craquement se faisait de plus en plus fort, pour qu’ensuite, une terre vriller de deux yeux jaunes fasse son apparition et immergent des flots. Un torse apparaissait alors, musclé et trouer au niveau du coeur. Le Darkside quittait sa prison d’eau et s’avançait sur le sable gelé du port.

De ses cheveux, il n’y avait rien d’autre que des stalactites, dégageant un froid presque aussi mordant que l’air. Il avait été appelé, et il allait dévorer la lumière de ce monde. Ténèbres.

Son pas lourd frappait le sol alors qu’il remontait jusqu’aux rues de la ville. Et comme tout monarque, il ne venait pas seul. Du trou par lequel il avait émergé, une nuée d’ombre s’en échappait et se répandait dans les rues de Port-Royal. L’instinct était primaire, l’envie de dévorer cette lumière. De ses deux rétines aussi claires que l’or, le sans-coeur se dirigeait vers le sommet du fort, cherchant à engloutir les rares inconscients prêts à s’interposer.
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Lenore avait rejoint la mêlée sur le pont ennemi, esquivant par de grands gestes exagérés pour sortir de l’amplitude des coups des géants de glace. Là où ces monstres frappaient lourdement à en crever le bois, elle, entaillait de son couteau aux genoux.

Bien sûr une simple estafilade ne leur faisait rien aussi plantait-elle sa lame dans la chair molle de l’articulation, tournant la garde afin de forcer la blessure et arrachant lors du retrait un maximum de chair et d’éclat d’os pour les handicaper.

Que pouvait-elle faire d’autre ? Elle enchaînait ainsi, d’une guibolle à une autre, sans se soucier du devenir de son propriétaire laissé à l’attention de ses camarades, se faufilant dans la mêlée toujours plus près de la cabine du capitaine.




Un éclair de flamme passa au-dessus de sa tête perçant l’obscurité comme une étoile filante de mauvais augure. La chose percuta rapidement derrière elle à sa grande surprise. L’un de ses géants de glace s’effondra, un trou béant dans la tête crachant des étincelles.

Lenore chercha l’auteur de ce tir qui l’avait sauvé et lui adressa un regard longuement appuyé. Ni plus ni moins pour le remercier et l’assurer qu’elle n’oublierait pas malgré son appartenance à la Compagnie. Qu’il comprenne le geste ou non.

Elle reprit sa route vers la cabine du capitaine, celui-ci en était sorti avec bruit, fracassant la porte et traçant son chemin vers la proue en renversant les filles de Datura sur son passage. Quelle aubaine pour la mercenaire dont le but premier était d’y pénétrer. Elle s’emmitoufla de sa cape pour se protéger du froid de plus en plus mordant à l’approche de la porte dégondée, profitant du chaos.

La température baissant en flèche était bien signe que le cristal et son mage étaient là comme pour l’autre navire. Elle décrocha son collier de chaîne pour se préparer au combat. Elle jeta un coup d’œil furtif pour s’assurer du nombre d’opposant. Un seul vieillard, le cristal et un trône entouré d’objets pris dans la glace.

Avait-elle été suffisamment discrète ? Déjà de la glace se formait autour de l’encadrement de la porte près à se rejoindre en une barrière épaisse cristalline. Lenore plongea pour pénétrer dans la pièce, elle ne pouvait pas le laisser s’isoler du reste du navire. Elle fonça directement sur le géant, il fallait frapper vite et fort alors qu’il levait déjà une main dans sa direction. Elle prit appui d’un pied sur l’un des murs dans sa course pour dévier sa trajectoire alors qu’un glacier venait s’éclater contre la paroi et lança sa chaîne autour de la main bleue. Elle se laissa glisser au sol, ignorant le froid et le reste de l’univers, pour passer entre les pieds du monstre. Ne surtout pas le laisser le temps de lancer d’autre sort. Puis elle tira violemment sur la chaîne encore enroulée autour du poignet du mage, celui-ci forcé à s’abaisser par la traction sur son bras, frappa d’un coup sec sur le meuble devant lui, l’assommant quelques secondes. Le cristal sur son piédestal trembla sous le choc. Le navire trembla.

La mercenaire se releva et sauta sur le dos du mage, enfonçant sa dague à l’arrière de son crâne, tournant pour qu’en dégouline un liquide poisseux, témoin irrémédiable de la fin du combat. Sous son poids, le tas de chair s’affaissait, désarticulé. La vie l’ayant quitté, Lenore sentit le navire perdre son énergie, devenu inerte sur les flots le ballottant, ne résistant plus à la force des vagues soulevés par les boulets de canons.




Le regard de la mercenaire parcourait alors la pièce, détaillant enfin le trône de glace terrifiant siégeant sur un tas de crâne plus ou moins décharnés, plus ou moins récent, un râtelier d’armes bien trop grandes pour ses petites mains prises dans la glace et quelques trésors déjà plus appétissants. Mais elle n’avait pas le temps de pilonner leur gangue givrée.

Une vieille carte maritime se tenait également non loin, témoins de la folle traversée du navire et de ses conquêtes. Elle y reconnaissait le dessin des caraïbes en destination mais la route remontait loin vers le nord à travers une pelletée d’îles et avec de nombreuses annotations. Ce bout de papier demandait plus amples réflexions aussi se permit-elle de l’empocher, pour plus tard.




Un son de cor retentit à l’avant du navire, alarmant la rousse. Tout n’était pas encore finit. Se précipitant de nouveau sur le pont, elle siffla et fit signe à Datura. La pirate se détacha de la cohue avec un sourire ravis, pressée de prendre ses nouveaux quartiers avant même de se débarrasser de leurs anciens propriétaires.


« Va donc me chercher Icy Cube ! On a plus besoin de l’autre navire… Lui précisa-t-elle en passant à ses côtés. Oh et éjectez moi ce gros de MON navire ! »

D’un coup d’œil, Lenore s’assura que les filles d’équipage parvenaient malgré tout à juguler les monstres ennemis, dont le nombre diminuait drastiquement grâce aux moucheurs. Mais effectivement « le gros » faisait des ravages, l’agilité, la sauvagerie et la ténacité des pirates ne suffisant plus.



Le navire fut soulevé par la proue par une vague énorme. Lenore se pencha par-dessus le bastingage où se trouvaient encore les grappins d’abordage. Loin vers le port, une masse énorme soulevait les flots, s’extrayant lentement.


« Par les larmes du Soleil ! » S’exclama la rousse avant de commencer à distinguer la forme plus humanoïde de la bête. Un sans cœur d’une taille qu’elle ne connaissait pas allait ravager la ville. Le mauvais présage.

Elle se précipita sur le navire qui leur avait servis de vaisseau, grâce aux cordes de grappins, hurlant à tous de passer sur l’autre navire dans l’urgence. Elle grimpa au Grand-mât pour récupérer le drapeau pirate à l’effigie des filles de datura avec une certaine agilité. Elle commençait à très bien s'habituer aux cordages et roulis puis elle redescendit, direction la cabine où se trouvait encore Icy Cube pour lui transmettre les ordres et le drapeau.

Elle récupéra le cristal des mains de la mulâtre le temps qu’elle traverse, l’enroulant dans sa cape pour supporter la morsure du froid qu’il générait. Désormais seule sur le navire, elle jeta un regard vers Port Royal. Ils n’avaient qu’un seul mage pour piloter au travers de la gemme et cela lui demandait déjà toute son énergie. L’existence de l’objet était un danger en soit, il ne devait pas tomber dans les mains de qui que ce soit, ni des pirates, ni de la Shinra. Mais une fois celui-ci détruit, le bâtiment sombrerait rapidement dans les flots devenus glacés.

Lenore retourna sur le navire-commandant évaluant les possibilités mais son choix était déjà arrêté depuis l’attaque de l’île, et cette fois personne ne l’arrêterait. Tout le monde était parti au combat et elle profita d’être seule au bastingage pour prendre le crochet du grappin en main et l’abattre sur la gemme blanche. A chaque coup, leur précédent navire tremblait, perdait un pan de sa coque en un éclat sinistre, sombrant dans l’eau noire. Enfin la pierre éclatait, perdant dans la seconde son éclat mystique pour n’être plus que des bouts de quartz inerte. Un danger de moins... mais il restait encore beaucoup à faire.
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Le SOLDAT n’avait pas entendu les ordres depuis son poste de tir, complètement obnubilé sur ce qu’il était en train de faire, ce qui se résumait à faire feu sur tout ce qui bougeait.

Par ailleurs, il avait de plus en plus de mal à viser, il semblait y avoir de plus en plus de pirates sur le pont du navire ennemi. Il quittait sa ligne de mire pour relever son regard, ce n’était pas Ice qui rejoignait la cabine du vaisseau-commandant. Et la seule réponse qu’il pouvait avoir était le craquement du bois sur lequel il reposait. Retenant un juron, il rassemblait ce dont il avait besoin pour continuer à utiliser son mousquet et se levait pour contourner le mât et courir sur la barre horizontale tenant la voile.

Un second craquement, manquant de le faire trébucher et l’obligeant à marcher quelques mètres sur ses mains avant d’arriver en bout de course. Troisième craquement, il se sentait partir dans le vide. Il tombait légèrement avant de sentir la sensation du bois sous ses pieds et pousser de toutes ses forces, l’obligeant à tendre le bras et attraper de justesse l’un des cordages menant au grand-mât. Les pieds dans le vide, il soufflait jusqu’à attraper les cordes de sa deuxième main et recommencer son ascension, il avait encore des munitions dans sa sacoche.

Même si, à l’heure actuelle, il avait bien plus envie de plomber le cul des pirates qui avait déjà quitté le navire sans avoir jugé bon d’attirer son attention.

C’est une fois à mi-hauteur, quand il déniait abaisser son regard sur le pont que le médecins ce rendait compte de l’idiotie de continuer à grimper, il n’allait avoir aucun angle de tir s’il se mettait dans le nid-de-pie. À moins de faire uniquement des tirs parfaits et il ne préférait ne pas se risquer à cela. Mordant ses lèvres, il attrapait à contrecoeur l’un des cordages qui ballotaient au gré du vent pour se laisser tomber en direction de la cabine du capitaine. Tombant sur le toit de celui-ci et roulant sue lui-même pour limiter la chute et se positionner un genou a terre.

Observant d’un oeil la trainée de poudre au chien, le SOLDAT concentrait une nouvelle fois un sort de brasier dans la balle de plomb avant de calibrer sa viser. Qu’est-ce que c’était que ce truc au bout du pont !? Fermant son oeil gauche et retenant sa respiration, le médecin s’apprêtait à tirer dans le crâne de ce nouvelle ennemie, c’est tout ce qu’il pouvait faire de mieux.

Une, deux, trois… Il pressait la détente et la balle enchantée vrillait l’air d’un bout à l’autre du pont. La balle n’atteignait jamais sa cible, il s’était redressé pour dresser son arme et détourner la balle qui partait loin derrière lui, perdue à jamais dans les eaux du port.

Fronçant les sourcils, il se relevait pour charger son mousquet une nouvelle fois, il n’allait pas rester sur un échec et il ne donnerait certainement pas raison à Datura pour quoi que ce soit.

Prêt à tirer une nouvelle fois, il se mettait en position et chargeait la bille de plomb d’un sort de lenteur. Il avait prévu une attaque directe, bien, il allait viser le torse, bien plus épais et difficile à protéger. Du moins, s’il prenait le temps de tirer au bon moment. Kurt visait, bloquait sa respiration et tirait sa balle lors d’un swing de la part du Thane, lui infligeant une bien maigre blessure mais le ralentissant déjà à vue d’oeil en même temps que l’horloge orangée dont la trotteuse reculait. Parfait, il ne manquait plus qu’une chose à faire.

Dorénavant habitué, il prenait plus que trente secondes entre chaque tir et il était déjà prêt à faire une nouvelle surprise pour le viking des glaces. Un tir empoisonné. Ce n’était pas le plus puissant de son arsenal, sauf qu’il avait le mérite d’être efficace sur la durée. Le SOLDAT effectuait la même action, attendant le moment opportun pour faire feu et charger une troisième balle dans son mousquet.

Le prochain tir serait un tir imprégné de la magie “Stop”, il attendrait le bon moment pour donner le plus de temps possible aux pirates de le défoncer. Dorénavant, il était en position et se préparait. Il ne manquait qu’une personne.
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La magie de base du sombre mercenaire était... ténébreuse... et pas particulièrement efficace contre les sans-cœurs ou créatures de ténèbres d'une manière générale. De plus, ouvrir ses sombres portails à droite et à gauche, à force, avait grandement épuisé sa magie. Ce sort-là restant à l'heure actuelle l'un de ses sorts les plus couteux. User de son ombre, de sa matière noire et de son céro... en théorie, bien sûr, ça marcherait mais ça prendrait un temps certain. Un temps que Port Royal n'avait pas, le géant devant impérativement être stoppé avant de réduire le fort à néant et d'atteindre le cœur de ce monde. En plus de tout ça, Surkesh pouvait en théorie détruire ce monde sans joker mais... en pratique, sa magie trop faible ne lui laisserait pas le luxe de déployer un nombre suffisant de sorts. Quand à ses capacités physiques seules... oui, peut-être... ou peut-être pas... mais même s'il pouvait défaire le géant de glace sans sort, ca lui prendrait trop de temps. Sans oublier que la montagne gelée détournait l'attention de toute l'île, les derniers vikings devait être exterminé et les ombres aussi. Ces dernières étaient une priorité puisque le plus faible des sans-cœurs peut potentiellement donner naissance aux plus puissants. Suffit que l'ombre attaque un blessé ou un mourant et un autre sans-cœur apparaît, et ainsi de suite. De toute façon, la première source de ténèbres était ici relativement évidente et visible... en la présence d'un Darkside mesurant plusieurs mètres.
Surkesh ne voulait pas voir Port Royal sombrer dans la Fin des Mondes... c'était ici son seul refuge, sa seule maison, son seul foyer et si la Lumière venait à en disparaître complètement ? Qu'est-ce qu'un "chez soit" sans nourriture, au juste ?

Surkesh réapparu au sommet du fort aussi vite qu'il en était partit, s'extirpant des ténèbres, un sabre à la main que les plus anciens reconnaitraient comme étant celui du défunt Yojimbo. Stoïque ou plutôt le souhaitant, son visage laissait paraître un agacement certain puisque ce Darkside, pour de nombreuses raisons évidentes et cités, était prioritaire. Or, il ne pouvait plus se permettre de chasser Narantuyaa tant qu'un si imposant danger planait sur son monde.

« Sombre mercenaire, mon plan est simple. Bombarder cette chose jusqu'à son anéantissement complet. Qu'en pensez-vous ? »

« Perte de temps et de munitions, Lord Manchester... je m'occupe du gros. Vous sériez plus utile en ville pour nettoyez les ombres et vikings. »

« Vous... êtes sûr ? »

« Certain. Si jamais les nôtres qui s'occupent des navires échouent... là on aura besoin de l'artillerie du fort mais pour celui-là, je m'en occupe. »

Surkesh vit son corps recouvert... de filins violets dansant chaotiques... ceux-ci parcoururent son corps pour ensuite s'entrelacer et tisser deux ailes de démons noirs dans son dos. Après cela, le sans-cœur s'envola en direction de l'autre sans-cœur haut de plusieurs mètres, pas si adroit dans son vol. Vol qui, de facto, était limité dans le temps par sa réserve de magie s'épuisant progressivement... et convainquit Surkesh de ne pas utiliser de camouflage ou même le moindre sort. L'avantage étant que le Darkside... ne s'en prendrait pas à un autre sans-cœur sans raison, ne réagirait même pas à sa présence avant que celui-ci ne l'attaque. Ce qui laissa au sans-cœur tout le loisir de prendre le temps de se positionner correctement. Juste au niveau de l'arrière de sa tête dont Surkesh s'approcha à battement d'ailes lents, tranchant aisément la foule de stalactites sur son passage. Le Darkside ne le remarqua même... mais vint un moment où la lame unique capable de tout trancher atteignit sa chair ténébreuse. Là aussi, la chair ténébreuse du monstre n'opposa pas la moindre résistance... se laissa découper aussi facilement que du beurre laissé au soleil. Le géant glacé s'arrêta, l'instant d'après se retourna et de tout ses attributs, la vitesse n'en était pas un. Nombres des tentacules de son crâne chutèrent et se dissipèrent en miasmes noirs bien avant le sol pour qu'enfin, il ne fasse face à ce petit sans-cœur qui l'attaquait. Petit, certes plus petit par la taille... mais tellement plus grand par la puissance.
D'une effroyable sérénité, Surkesh continua de tailler la gueule du Darkside comme si ce fut un simple buisson, ne semblant même pas prendre en compte la gigantesque main allant lentement pour l'écraser.

Au dernier moment, Surkesh ordonna à ses membres de matières noires de s'immobiliser, provoquant sa chute immédiate... et celle de Zanmato avec lui dont la lame restait plongé dans la chair du géant de ténèbres. Le "croquemitaine" de Port Royal se remit à voler plus bras et, à coup de son arme unique, rendu illisible le trou en forme de cœur de la poitrine de son ennemi, prolongeant celui-ci jusqu'à ses pectoraux. Lorsqu'une deuxième vint pour le frapper, Surkesh, passa tout simplement au travers du trou béant... et remonta d'une impulsion de ses ailes, là aussi sans extirper son sabre de la chair du sans-cœurs, atterrissant à l'arrière de son crâne une nouvelle fois.

Finalement, la tête du Darkside fut tant tranché qu'elle ne ressemblait plus à rien... et le géant tomba genou à terre... se dissipant peu à peu. Port Royal pourrait sans mal se défaire des vikings et ombres restantes même sans l'aide de Surkesh, désormais. Ce dernier, en revanche, ne désirait pas plus participer à sa défense. Sa légitimité en tant que mercenaire fut, en cette nuit, prouvé de manière incontestable par son utilité. Le problème du sombre errant, c'était justement Zanmato... il ne voulait pas qu'on sache qu'il la possède, ne souhaitait nullement ébruiter d'être en possession d'une arme unique. Cette épée était la sienne et le resterait... de ce fait, son possesseur se posa sur un toit pour s'y asseoir en tailleur, attendant simplement. Surkesh n'attendait que de recouvrir ses forces magiques, s'engouffrer dans un portail de ténèbres et remettre Zanmato dans sa cachette.
Son problème étant... le même qu'avec sa Keyblade. Sauf que son épée-clef lui était lié, on ne pouvait pas la lui volé mais Zanmato... n'importe qui d'assez puissant pourrait la prendre sur son cadavre.

Ce qui était tout simplement hors de question. Zanmato était sa possession et le resterait, quoiqu'il lui en coûte.
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En voyant le Darkside émerger des profondeurs du port, Naran avait senti un profond désespoir l’envahir. Les multitudes d’ombres qui l’accompagnaient n’était qu’un fardeau supplémentaire : La vrai menace était celle du monstre qui surplombait le port à demi détruit.
Puis Surkesh vint s’attaquer au géant. Au loin, il paraissait minuscule, armé d’une paire d’aile et d’une mince épée. On aurait dit une mouche qui s’attaquait à un bœuf, au point que le Darkside ne lui avait prêté aucune attention.

Naran ne s’attarda pas sur le combat. Qu’il gagne ou perde, Surkesh allait en avoir pour un moment. Dans le mince espoir que le combat lui soit favorable, la mercenaire préféra se concentrer sur les cibles annexes.
Si le flot des berserkr avait cessé, écrasé par les bombardements incessants de la Marine, il avait remplacé par l’afflux de sans cœurs. La mongole ne manquera pas de cible dans ses derniers instants.

La retraite avait été sonnée. Tous se massaient vers les défenses installées dans les ruelles. Là, Naran retrouva plusieurs lignes de tireurs, et se mis en position à leurs côtés. Soldats comme mercenaire s’y tenaient coude à coude, pour observer l’assaut enragé des vikings survivants. Les monstres étaient mutilés par les coups de canon, et entourés d’ombres dont les prunelles jaunies brillaient dans la brume de poudre. Malgré leurs camarades qui s’amoncelaient réduis en charpies, leur mugissement n’en était pas moins féroce. La mongole en vit plus d’un trembler, pris d’une terreur primaire à la vue des monstres avant que leur férocité ne s’abatte sur leurs quelques barricades de fortune.
La dernière charge des berserkr ébranla le front. Mais, après la salve de la Marine, les barricades et le canardages des tireurs fut suffisant pour briser leurs lignes. Forcés de se glisser dans les interstices des barricades, ils se retrouvèrent isolés en petit groupes dans les ruelles. Là, les artificiers recrutés par Naran pouvaient leur balancer la sauce – soit des barriques de poix poisseuse et très, très inflammable.
Une fois les contenants fracassés sur les monstres, le liquide visqueux se déversa lentement sur, et tout autour d’eux. Englué dans la mélasse, les envahisseurs continuaient pourtant leur chemin, cherchant à enfoncer leurs lames et masses dans le cranes d’ennemis. Ils frappaient sur les fenêtres, grimpaient le long des gouttières, tonnant et rugissant de haine. Les ombres se massaient à leur côté, en des marres noires qui se confondaient avec la poix et la crasse.

Les premières flammes apparurent à quelques rues de là. Naran lança le signal pour son équipe, suivant le rythme imposé par l’autre groupe. En quelques secondes, toutes les ruelles piégées se changèrent en un inferno. C’était impressionnant, au point que Naran en venait à craindre pour le reste de la ville. Elle espérait que la neige saurait freiner les flammes, et les contiennent dans le port…
La majorité des bersekr survivant trouvèrent leur mort (définitive, cette fois) dans l’incendie. Mais, débarrassé de la menace première, les défenseurs du Port se retrouvaient avec une seconde invasion, bien plus sournoise. Leur plan d’attaque avait été prévu pour des créatures lentes, mais résistantes. Il n’était pas de la plus grand efficacité face aux ombres et sans cœurs mineurs.


Si un bon nombre de sans-cœurs s’étaient évaporés dans les flammes, certains s’en étaient réchappé. Parmi ces survivant, beaucoup de ces créatures rouges, qui ne semblaient que renforcées par l’incendie.
Laissant les monstres nordiques se calciner, les troupes réfugiées sur les toits durent se préparer à défendre leur position. Ce qui aurait dû être une extermination en règle tourna en lutte désespéré. Autour d’elle, Naran sentait la présence insidieuse des sans cœurs qui les encerclaient.
La plupart rougeoyaient, oscillant de bas en haut en les fixant de leur prunelles jaune vif. Triangulaire, virevoltant, les sans-cœurs semblaient rire de leur infortune. L’un d’entre eux tourna sur lui-même, son chapeau se recourbant légèrement dans la brise, avant de s’illuminer de flamme. Une boule de feu grossissait en devant la créature, orbitant rapidement autour d’elle, avant d’être propulsée sur Naran.

La mercenaire se jeta à terre, et senti les flammes lui roussir la hanche. Crachant un juron, plus de surprise que de haine, elle tira sur le nocturne rouge. Son premier tir le loupa… d’une bonne vingtaine de centimètre. Rageusement, elle se repris, et abattit la créature d’un carreau entre ses deux yeux luisants.
Autour d’elle, les coups de feu de ses camarades résonnaient à répétition. Un sort de foudre frappa l’un des lutins rouges, le grillant sur place ; Un autre fut oblitéré par un tir de mousquet, son corps se dissipant dans la nuit. Le nombre de leurs assaillants ne semblait pas diminuer pour autant.

Au milieu de la cohue des tirs, Naran rechargeait son arbalète. Entre les cliquetis du mécanisme de son arme, elle entendit un cri, rauque mais désespéré. Au centre de leur groupe, une mare sombre s’était massée autour d’un des soldats. Des ombres s’étaient glissés au sein de leur escadre de tir, s’attaquant aux tireurs là où elles n’étaient pas attendues.
Naran lança un couteau sur la nuée obscure. Les créatures s’écartèrent sur le passage du projectile, découvrant l’artificier couvert de brûlures, à moitié enfoncé dans les ténèbres. Son cri se fit plus puissant ; Naran s’élança pour le dégager. Deux autres combattants vinrent l’y aider, envoyant valser les ombres à coup de pied ou de pistolet. L’artificier, visiblement en rogne, balança un brasier sur les ombres restantes. Une fois ces dernières atomisés, le colosse voulu s’attaquer aux Nocturnes… avant d’être vertement réprimandé par ses camarades. De la magie de feu n’allait pas aider contre de telles créatures.
Après un coup d’œil sur la forme rageuse de l’artificier, Naran repris son poste. Un rapide état des lieux lui appris que les équipes des autres ruelles semblait encore tenir, tant bien que mal. Foudre et coups de feu résonnaient des rues adjacentes, peut être suffisamment pour détourner l’attention des sans cœurs.
Plus de calme cette fois, Naran ciblait avec soin, regrettant amèrement son arc qui lui aurait permis une plus grande cadence de tir.


Tirer, c’est partager l’esprit de sa cible, ne serait-ce qu’un instant.
Il faut deviner, à la poitrine battante d’une biche, au cri d’effroi d’un cul-terreux, aux pupilles vides et jaunes d’un Sans-Cœur, ce que sa proie pense. A droite, ou à gauche ? Vas-tu voleter, attaquer, préparer une énième boule de feu, ou te replier à la vue du carreau qui te cible ?
Cette analyse ne doit pas prendre plus d’une demi-seconde ; Plus, et la proie s’en rend compte. Plus, et l’instinct qui mène le chasseur perd pied face à sa raison, raison qui se révèle tout à fait inutile à ce délicat jeu de devinette.
C’est une forme de danse, presque de séduction ; Mais rapide, quasi immédiate. Attirer sa cible là où elle est à sa merci, puis trouver le moment exact, le mouvement précis, où tirer permet de faire mouche. Inutile, ensuite, de suivre l’arc de la flèche, ou le trait du carreau. D’instinct, un archer pressent son erreur… ou son triomphe.

Naran rechargeait à nouveau. Deux de ses carreaux s’étaient perdu, dans deux têtes encapuchonnées de rouge. Les épaisses aiguilles de bois et d’acier avaient depuis disparus dans les méandres enflammés de Port Royal. D’un geste expert, la mercenaire manœuvrait le mécanisme complexe de son arme.
Son souffle s’était fait calme, mesuré. Derrière la nuée de sans cœur qui avaient jailli de la banquise, l’archère pouvait apercevoir le jour poindre. Ce bordereau de bleu, presque invisible, lui calmait l’esprit, tout autant que les tirs et sorts réguliers de ses compagnons. Régulièrement, le souffle chaud du brasier de l’artilleur venait purifier leur perchoir de toute Ombre trop entreprenante ; une fournaise qui aurait dû être insupportable, mais au contraire réveillait un soulagement intense.
Est-ce simplement le réconfort de la chaleur sur ses engelures, ou bien la consolation d’avoir des compagnons d’armes pour ce baroud d’honneur ? Naran eut un sourire. Loin de l’artilleur calciné, reposait encore une grande quantité de poudre. L’accord tacite était de les utiliser, si jamais leurs équipes n’étaient pas capable de contenir l’invasion.

En fauchant un énième nocturne, Naran put apercevoir la lueur blanche du soleil. Son sourire s’élargit. Effleurant son carquois, elle comptait ses carreaux. Une fois ceux-ci utilisé, il lui resterait quelques lames, quelques explosifs… Et une dernière charge.
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La glace se reformait déjà emprisonnant la mer, là où les boulets de canons avaient troué sa surface, là où le navire qui avait véhiculé Dathura et ses pirates, s’enfonçait dans les profondeurs de l’oubli, brisé, exsangue de la magie qui le maintenait à flot. Port-Royal avait encore bien assez à faire sur son secteur pour continuer à les cibler de leurs tirs.

Natsu était porté par deux sauvageonnes vers la nouvelle cabine du capitaine, traînant littéralement les pieds au sol, toujours incapable de quoique ce soit et le docteur Brown avait sauté in extremis, jouant les voltigeuses au bout de son cordage. Un peu plus et il sombrait dans ces eaux glaciales à jamais.



Il ne restait plus que le chef des vikings, son équipage encombrant le pont de leurs corps massifs. L’ensemble des filles de Dathura lui consacrait donc toute son attention mais ne suffisait qu’à l’occuper. Il donnait de grands coups de hache double, les forçant à la prudence et l’agilité pour éviter une mort rapide coupée en deux. Toutes n’avaient pas suffisamment de réflexes malheureusement et les quelques décès mettaient le feu à l’impatience et la folie vengeresse des autres.

Les tirs magiques de l’homme de la Shinra étaient une aubaine, maintenant qu’il était positionné face à leur dernier ennemi. Le monstre se voyait notablement ralentis, encaissant les blessures qui ne faisaient que fragiliser sa gangue de glace et son armure de cuir.

Les pirates fatiguaient après les combats sur l’île et sur ce navire. Le froid engourdissant amoindrissait le maniement de leurs armes. Elles étaient descendues des cordages afin d’éviter les balles perdues et parmi elles, Lenore avait rejoint le combat. Un tir d’arme automatique arracha quelques râles au monstre avant de s’enrailler et d’être jeté au sol.

Un deuxième tir magique alors que le premier commençait à se dissiper. Le Thane se courbait de douleur, luttait contre lui-même pour continuer d’écraser les insectes qui le défiaient. Il était bien au-delà de la force des colosses qu’ils avaient croisés en cette funeste nuit.

Un troisième coup de feu et le monstre se figea en une statue de glace rougit, mais pour combien de temps ? Rapidement la rousse ordonna à ses camarades de prendre toutes les cordes disponibles pour attacher, ligoter, ficeler le monstre dans son geste.

Les blessées étaient évacuées vers la poupe, le reste de l’équipage tendait au maximum les cordes autour des poignées, chevilles, cou du monstre, nouant l’autre bout au râtelier, au bastingage, au pied du mât. Prêtes à l’écarteler dès le retour de ses mouvements.

Jetant un œil à l’horizon, Lenore vit le jour poindre dans les flammes de l’astre solaire. Trop au Nord. Certes la ligne d’horizon s’éclaircissait déjà de bleu dans une mince lueur d’espoir mais les ors et ambres qui baignaient au nord encore encerclé de l’écrin de ténèbres, ne pouvait pas être ceux de l’astre du jour. Non. Port Royal du moins les quais étaient en proie aux flammes.

Le darkside qui menaçait se monde se brisa cependant en volute soufflant ses restes de ténèbres dans les ruelles, disparaissant à la vue de ceux sur le navire de manière inexpliquée. Les pirates ne purent réprimées un cri de victoire. Trop tôt. Le Thane reprenait de la vigueur et il fallut toute la force combinée de l’équipage pour le maintenir inoffensif en tirant sur les cordes. Lenore y compris, un pied sur le mât autour duquel était enroulée l’entrave qui maintenait le bras armé de sa hache. Plus le géant regagnait ses capacités, plus les cordes tremblaient, les pirates étant incapable de le garder ainsi longtemps.


« Non ! Je ne peux être vaincu si facilement ! J’ai été forgé dans les Fjord Hurlants ! Vous ne pourrez rien contre ma fureur, avec ou sans hommes ! Ragea le conquérant des glaces.

-  Tenez bon ! invectiva la mercenaire en forçant sur ses muscles douloureux.

- On le dépècera lentement pour venger les nôtres, couche après couche et on jettera ses entrailles aux requins ! On gravera ses os de nos exploits ! Les pirates s’enhardissaient les unes les autres en un concours de cruauté.




Pourtant, il ne restait personne pour achever le monstre si ce n’était trois alliés. Un mercenaire apathique en train de vomir tripes et boyaux dans un coin, une capitaine pirate occupée à recharger ses armes et un homme que toutes auraient voulu étriper et auquel aucune ne reconnaîtrait jamais devoir la vie.
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Plus de poudre, plus de munitions, plus rien. Kurt relevait son regard pour fixer le géant des glaces alors que celui-ci se transformait lentement en rôti Orloff, le fromage en moins et plus de corde pour le maintenir en position.

Sauf qu’il n’y avait personne pour profiter de l’avantage, tout le monde était occupé à maintenir la bête et la capitaine à beugler ses ordres.

Le SOLDAT soupirait un instant, incapable de lancer un nouveau sort et maintenant désarmé. Il arrivait au bout de sa condition, son cerveau n’entendait d’autres appels que ceux de ses muscles criant à la douleur. Péniblement, il sortait sa dernière charge d’explosifs de ses sacoches. Il n’y avait plus qu’un coup à jouer, et il avait de quoi s’imposer dans l’affaire. Ou du moins, se débarrasser une bonne fois pour tout de cette saloperie bleue. Et tout cela ? Avec l’aide des mercenaires, cette journée était décidément pleine de rebondissement.

Activant la charge et bloquant le détonateur, il rangeait ceux-ci à portée de main pour ensuite dégainer son pistolet et vérifier son chargeur. Quinze munitions, pas une de plus. Prenons une longue inspiration, le médecin sautait de son perchoir pour se retrouver sur le pont et zigzaguer entre les corps sans vie jusqu’à atteindre l’entrave réservée au Thane.

Une corde lâchait, faisant chuter deux membres de l’équipage en arrière. Il se libérait.

Glissant sur le sol, passant entre les gens de l’une des femmes du navire, Kurt se retrouvait au sol et face à son ennemi. Levant son pistolet, il pressa cinq fois la détente dans sa direction, uniquement dans but d’attirer son attention afin qu’il cesse de tenter de se soustraire des cordes.

La réaction fut sans attente. Le SOLDAT tentait de se relever alors que la main libre du géant se refermait sur la cheville du médecin. Il n’avait le temps de rien faire, sentant son corps partir en l’air et lui faire perdre l’emprise sur son pistolet qui volait loin au-dessus pour atterrir dans la mer des Caraïbes. La suite des évènements était d’une rare violence, le Thane c’était à peine retourné pour éclater le corps de Kurt sur le bastingage, le pliant en deux au niveau du ventre avant de l’abandonner pour tenter une nouvelle fois de se libérer de ses liens.

- Chienne de vie… Pestait le médecin dans un murmure, entre deux quintes de toux le faisant cracher du sang suite à l’impact. Toi, tu vas déguster…

Tenant son ventre, la vue trouble, il tentait de se relever tant bien que mal pour ensuite attraper son couteau de combat qu’il amenait à sa main droite avant d’y retourner une fois de plus. Il l’avait laissé dans son dos ? Il allait savourer la suite. Sautant aussi haut qu’il le pouvait, le SOLDAT passait son bras gauche autour de la tête et tirait en arrière du peu de force qui lui restait, sans cérémonie, il plantait le tranchant de la lame au niveau de la commissure des lèvres et déchirait la peau. Arrachant un cri au monstre, un râle de haine qui allait être dirigé vers le SOLDAT.

Abandonnant son couteau, le faisant tomber, il se dépêchait d’attraper la charge et l’enfoncer dans la gorge du chef des vikings avant d’être attrapé par le col et lancer au travers du navire pour que son dos s’éclate contre le mât du navire. Celui où se trouvait Lenore.

Passant outre la douleur, il n’avait pas le choix, il glissait sa main dans sa poche et appuyait sur le bouton du détonateur. Enclenchant l’explosion et éclatant le crâne du Thane qui restait immobile un instant avant de vaciller et tomber mollement sur le pont de son navire. Kurt, lui, relâchait tous ses muscles et tombait lui aussi mollement au sol, un sourire sur le visage maintenant qu’il pouvait se reposer après la conquête du navire par l’équipage de Datura.

Peut-être qu’ils allaient maintenant retourner au port et qu’il y aura un lit douillet qui l’attendait. Un bon feu, une bouteille de rhum et un bon cigare pour le récompenser. Il ne demanderait rien de plus.
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« A TERRE !!! »
Dans un grand souffle, une énième boule de feu fonçait sur leur position. Le cramé -ou plutôt Brenton, comme l’appelait ses compagnons d’arme- projeta son propre brasier sur le projectile, déviant sa trajectoire vers la ruelle. Les flammes qui dévoraient la rue s’enflammèrent de plus belle, brûlant les dernières gouttes de poix qui restaient sur le sol.
La neige, qui jusqu’ici couvrait toute les surfaces, fondait à vue d’œil. Bientôt, les flammes s’attaqueraient aux bâtiments, fragilisant leur position et mettant en danger le port déjà mal en point. Mais le simple fait que Naran puisse apercevoir le sol humide signifiait que le flot de sang cœur s’amenuisait.
Elle entendit trois coups de feu, rapides successions qui vinrent faucher deux nocturnes en plein vol. Les tirs s’étaient fait plus mesurés. Les munitions baissant, on ne tirait plus que quand la touche était certaine, ce qui signifiait- Un hurlement de douleur surgit de leur rang. Naran identifia une ombre qui s’attaquait à l’un de ses tireurs, qui fut finalement dissipé par le tir de mousquet d’une corsaire.
Limiter le gâchis de munition avait du bon, mais laissait plus de temps aux sans cœur pour se rapprocher d’eux.

Ils n’étaient plus que huit sur leur mansarde. Au loin, ils pouvaient entendre les autres groupes se démener comme eux contre la vague de sans cœur. En baissant les yeux, ils pouvaient observer la mare de flamme, et le corps d’un de leur combattant qui rôtissait dans l’inferno. Un bon tireur, doté d’une jolie chevelure blonde… et d’une certaine maladresse. Il était tombé dans les premières heures, sans que quiconque ne puisse le rattraper. Etait-ce un mercenaire, ou un pirate ? Naran n’en avait aucune idée, et pourtant son crane à demi consumé occupait son esprit.
Entre ses carreaux, la mercenaire étudiait ses soldats. Lequel sera le prochain à tomber ? L’un de ses trois snipers, trop occupé à viser leurs longues carabines pour se préoccuper des ombres qui les envahissaient peu à peu ? Brenton le calciné, déjà à moitié consumé par les flammes ? Sa seule autre mage, si frêle malgré ses sorts de foudre ?
Cette réflexion n’était pas bonne pour le moral, et Naran l’écarta de son esprit. Pressant à nouveau la gâchette, elle dissipa un énième nocturne. Plutôt se concentrer sur leur environnement : Les poutres de bois sous leurs pieds, abusé par les changements de températures, les réserves de poudres à préserver, les coups de feu qui résonnaient tout autour d’eux… Les sons se mélangeaient dans son esprit, confondu dans ses inquiétudes pour son équipe, son décompte des munitions, et ses tirs réguliers.
Il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu’un son nouveau faisait trembler le Port. Finalement, un nuage de fumée pale s’éleva à quelque rue de là, et Naran eut un déclic.  

Des renforts ! Enfin !
Une ligne de tireur, puis deux, se déployaient aux abords du Port. Leurs uniformes n’étaient pas visibles d’ici, mais leurs salves synchronisés était caractéristique.
Les restes épars de la Marine s’étaient rassemblés en petit groupes à l’ouest du Port, prenant avantage des entrepôts pour construire des barricades de fortune. La retraite des tuniques rouges avait été sanglante, et Naran devinait que leurs forces étaient à bout de souffle. Il n’empêche, l’idée qu’ils aient trouvé la force de mener un dernier assaut était un soulagement.
Entre les groupes de tireurs sur les toits, et l’accès principal à la cité bloqué par des barricades de la Marine, la foule de sans cœur devrait rester concentrée sur le port, et épargner la cité.
Naran soupira. Il ne restait « plus qu’à » se débarrasser des sans cœurs qui emplissaient le Port.
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Lenore avait lâché sa corde pour esquiver le boulet humain qui venait heurter le mât. Le docteur s'était méchamment écrasé contre le bois après une intervention rapide mais inefficace. Le thane se libérait petit à petit et son nouveau sourire élargi par la lame, se muait en un affreux rictus promettant les enfers.

Du moins jusqu'à ce que sa tête explose…




Toutes les filles se sont accroupies sous le coup de la détonation surprise, laissant un silence perplexe s'installer. La rousse également. Puis son regard se tourna vers le soldat, bras encore levé qui appuyait sur une commande avant de s'évanouir, sa mission achevée.

Un sifflement d'appréciation, quelques cris de joies et rapidement Dathura crachait ses ordres à celles qui tabassaient le cadavre.


" Fini de lambiner les filles! On rentre au port déposé nos invités! Descendez moi celui-là avec la flammèche dans ma cabine et virez moi ces cachalots puants dans la flotte! Toutes voiles dehors et en avant toutes! s’égosilla-t-elle en désignant Kurt Brown puis le port.

- Allez-y doucement avec lui. Il a largement mérité sa liberté. Rajouta Lenore en s’accroupissant devant l'homme de la Shinra pour vérifier vaguement son souffle et son état.

- C'est encore moi le Capitaine, ma jolie. C'est moi qui décide et on en a discuté déjà, je ne peux pas le laisser partir comme ça.

- Non seulement tu le peux, mais tu le feras. Tu avais accepté le contrat : Nu et rien d'autre. Pas de marques ni blessures et pas de contact d'ici qu'on arrive à terre. Je ne suis qu'une invitée mais je reste une mercenaire du Centurio.

- Très bien garde le ton chouchou. De toute façon j'ai hâte de voir son cul rose s'éloigner." Elle souriait d’une oreille à l’autre en rejoignant Icy Cube de nouveau à la barre prête à diriger leur tout nouveau navire à travers les caraïbes gelées.

La mercenaire regagna la proue du navire, inquiète de l’état de la ville et de ses comparses. La lueur du jour naissant gagnait rapidement ce monde, répercutée sur la neige et la glace pour conquérir plus rapidement l’espace, chassant au loin, dans les rues, les craintes et les horreurs de la nuit. Peu à peu Lenore distinguait les traces des combats, par touches sales enlaidissant le tableau, et grimaçait.


Des détonations animaient toujours le port. Le navire de la rousse se rapprochait rapidement de la ville mais de loin elle pouvait distinguer les derniers assauts de sans cœur acculés entre deux fronts humanoïdes. L’un impeccablement rouge et coordonné, l’autre plus exotique, brouillon mais ravageur.

A moins d’une nouvelle surprise, ils auraient terminé de se débarrasser de l’envahisseur avant que le terrifiant navire ne touche terre. Le drapeau pirate de Dathura claquait au vent comme une carte d’identité malgré l’allure lugubre du vaisseau qui ne manquerait pas de mettre les survivants sur leurs gardes après de telles péripéties. Lenore serra davantage sa cape autour d’elle en lâchant un soupir, impatiente de débarquer, de mettre toute cette histoire derrière elle et de prendre enfin un bon bain chaud.

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Voilà, je profite de mon temps libre de la journée afin de vous noter tous les quatre. En premier lieu, il est de mon devoir de vous féliciter d’avoir mené cet évènement a bien, surtout avec les problèmes et autres choses qui se sont passé durant celui-ci.

Entre autres, je parle surtout du fait que Natsu est absent et que vous ayez faut le rp « Déjà-vu » qui se déroule chronologique juste après. En soit, pourquoi vous félicitez. Déjà, parce que vous êtes dans cet enfer glacial depuis pas mal de temps et que vous parvenez enfin à vous en sortir. Faut le dire, quand cela arrive, nous sommes content quand c’est fini. Là, il n’y a plus d’excuses pour faire avancer le groupe ! Et surtout, c’est entièrement personnel, ça me gave de ouf d’écrire sur un truc qui s’est déjà passé.

Donc, une dernière fois… Naran, Surkesh, Lenore et Cypher, merci d’avoir pris la peine de terminer cela et que cette suite de rp soit tombé dans l’oubli le plus total. Oui, c’est déjà arrivé que certain rp soit abandonné, et j’aurais été triste que celui-ci en fasse partie.

Bon, le commentaire sera partagé pour chacun d’entre-vous, histoire que vous n’ayez pas besoin de tout lire pour avoir un avis. Formule habituelle, ce sera un avis général et j’ai la flemme d’analyser chacune de vos réponses. Avec un peu de chance, ce sera un commentaire court !



Naran :

Alors, on commence avec toi !

Il y a un truc que j’vais dire en commun avec toi et Surkesh, vous avez réussi à nous plonger dans une bonne ambiance, j’crois que c’est vraiment la force de vos écrits à tout les deux. Là ou Lenore et Cypher avaient moins à faire, comme ils étaient dans un huis clos, vous aviez le plus gros du rp à faire.

Et pourquoi ça, Jamy ?! Alors, c’est simple, vous aviez tout le port à défendre d’une invasion alors que les autres qui zonaient dans la mer, il avait juste une bataille navale à faire contre un seul vaisseau ! Vraiment, ce n'est pas réglo, vous avez eu tout le travail à faire.

Donc, voilà, j’aime beaucoup l’ambiance que tu poses. Surtout dans le premier rp, où nous sommes vraiment dans la réalisation d’une frayeur. Naran est là, devant le spectacle, elle est pétrifiée. Alors que, bien souvent, les gens sont d’attaque et prêt à balancer la sauce, t’es là avec ta conscience en train de te dire que finalement… Les vertes plaines de ton enfance… Ce n'était pas si mal. Après, tu te reprends et la vraie défense commence avec Surkesh à tes côtés. En vrai, j’aime beaucoup la façon dont vous tournez cela.

Pour une raison précise, vous prouvez que votre QG est loin d’être de la merde. Certes, il y a Genesis et Pamela qui sont arrivé pour vous casser les couilles, sauf que c’était une attaque surprise à un moment critique et que toutes vos forces étaient éparpillés dans la ville. Voilà, pour moi, c’est le gros point « cool » de ce rp. Déjà que Natsu avait fait du bon travail durant « C’est ma tournée » en montrant la diversité des mercenaires. Vous arrivez à deux à montrer l’implication des Pirates et de la Marine dans la défense dans la ville contre les Berserkers et les sans-coeurs.

Si j’dois faire une critique dans tes textes, c’est peut-être que Naran est parfois au second plan dans les actions. Dans l’idée, elle reste mercenaire du Centurio et les gars que tu diriges, c’est toi leur patron. Certes, t’es active et tout ça. Mais j’imaginais un peu plus de « Marianne guidant le peuple » que ça. Tu vois c’que j’veux dire ! Que Naran se retrouve sous le feu des projecteurs pour une grosse action, et non spectateur. Là, tu va venir me voir pour dire que tu as fait ça et ça, mais j’parle vraiment d’un moment à toi et portant ta marque. Alors, j’ai probablement relu trop vite, mais j’trouve qu’il manquait un peu cette gloire dans tes textes.

Après, il ne faut pas te l’enlever, tu fais bien vivre la faune de ton QG et c’est clairement un point positif.

Périlleux : 38 points d’expérience + 325 munnies + 3 PS ! Deux en Symbiose et un en Dextérité.



Surkesh :

Alors, j’suppose que tu te doutes que j’ai une chose à te redire. Et j’pense que nous allons commencer par cela avant de passer à la suite. Et là, j’vais être juste chiant.

Quand j’ai lu ta réponse par rapport au Darkside, j’ai juste pas pu m’empêcher de soupirer. Pas parce que tu parles de Zanmato, nous avons déjà eu cette discussion sur la chatbox. Non, ce que j’ai trouvé dérangeant, c’est juste de voir la menace être balayé en moins d’un texte. Est-ce que j’me plains que ton personnage est trop fort ? Non, clairement pas. Non, c’que je trouve dommage, c’est que tu ne laisses personne jouer avec l’ennemi qui vient d’apparaître.

Pour la comparaison nulle, c’est comme donner une glace à un enfant pour lui reprendre aussitôt.

Moi, si j’ai passé du temps à créer l’évènement, à imaginer les ennemis et à leur donner des statistiques et tout ce qui va avec… Ce n'est pas pour le voir se faire oneshot au premier tour. Regarde Roxas, il se balade avec 700PS et il ne défonce pas tout ce qui bouge en deux coups de keyblade. Au Bal, il peut clairement défoncer la gueule de tout le monde en un tour, mais il ne le fait pas. Pourquoi ? Parce que nous jouons à un jeu, et parfois, il faut laisser les autres jouer un peu aussi.

Aucune idée si c’était arranger entre vous et j’veux pas le savoir, ici, c’est juste triste de voir une menace se faire écarter en l’espace d’une seconde. Et que l’on ne vienne pas me dire « Ouais, les Darksides, ce n'est pas puissant et ainsi de suite dans les jeux ». D’accord, en attendant, tu as juste fait un texte égoïste et Naran n’a rien eu d’autre que des miettes pour le reste du rp.

Outre ça, j’vais être honnête et j’trouve l’idée des portails pour te promener dans le port et faire tes trucs assez cool. Bien souvent, du moins dans mes souvenirs, les portails n’ont pas une aussi grande importance dans les rp. Ils sont utilisés afin d’aller d’un point A à un point B ou dans des rares cas pour le transport de troupes. Donc voilà, utiliser celui-ci pour les déplacements d’armement et ainsi de suite, bonne idée.

Néanmoins, le point culminant de ton rp, c’est le moment à l’encontre de Naran. De voir ça, donc sans l’apparition du Darkside, ça aurait été pas mal à lire. Limite, j’avais peur pour elle et j’avais ce questionnement de savoir jusqu’où il aurait pu aller. Au final, même en sans-coeur, tu n’aurais rien fait d’autre que de te griller et elle était très souvent accompagner. Outre tuer tout le monde et cacher les indices, il n’y avait pas cinquante solutions !

Donc voilà, en général, bon rp de ta part, c’était plaisant à lire.

D’ailleurs, j’en parle maintenant. Nous en avions décidé ainsi avec Natsu, si tu étais assez utile pendant le déroulement de l’event, les portes du Centurio (qui n’existe plus) te seront ouverte. Techniquement, Surkesh s'est montré utile ! Donc, c’est dans un élément totalement HRP, bienvenue chez les mercenaires affilié au Centurio.

Arrange-toi avec les autres pour les clés de ta chambre.

Périlleux : 35 points d’expérience + 300 munnies + 2 PS ! Deux en Magie.



Lenore :

Lenore ! La dirigeante des opérations du côté de la mer, et mercenaire à temps partiel.

Il y avait une erreur à ne pas faire, et tu ne l’as pas fait ! Ce qui est bien. Mais, de quoi est-ce que j‘parle ?! C’est simplement le ton et à quel moment tu démarres le rp. Il n’y a pas eu le moment chiant en mer où les pirates chantent où qu’il y a des batailles de pouce, tu vois où j’veux en venir ? Le rp est bon pour ça, vous avez tous les quatre été assez malins pour ne pas faire d’introduction chiante.

Après tout, le rp devait être fait pour boucler la boucle. Et vous faite comment ? Boom, action et explosion ! Après, ce genre de chose à son lot de problème, il faut prendre en compte que le lecteur ce soit retrouvé à lire les évènements précédents. Là, c’est peut-être le point noir, c’est qu’en arrivant sur ta scène, on se demande ce que tu peux bien foutre là avec un gars de la Shin’ra.

Outre cela ! Est-ce que j’ai quelque chose de négatif à te dire ? Mmh, j’utilise toutes mes capacités cognitive pour cela, ce qui n’est pas grand chose.

En fait, en général par rapport à ce que vous avez fait dans votre rp précédent, c’est que vous avez pris le partie de ne plus parler de certaine chose. Par exemple, le froid omniprésent. Toi et Cypher en aviez fait des tonnes auparavant, c’était le thème de votre environnement, et il passe un peu à la trappe dans ce rp. Ce n'est pas un mal, c’est chiant de répéter les mêmes choses et de mettre l’accent sur une chose déjà expliqué quinze fois.

Sinon, j’apprécie particulièrement l’esthétique de tes combats. Là, j’ai un blanc et j’sais plus si ça te fait chier d’écrire du combat, mais j’trouve que tu te débrouilles vraiment bien. C’est esthétique et concis, ce qui n’est pas facile à faire ! Enfin, ce que je trouve toujours très « drôle » avec toi, c’est d’avoir toujours un oeil sur un coéquipier (ici, Cypher) et lui « donner son importance ». Là, j’sais pas si c’est compréhensible ! C’que j’veux dire, en gros, c’est que tu prends toujours soin à accorder cette petite intention à tes coéquipiers de rp.

Comme avec Surkesh ! À la différence que tu l’avais ligoté à un rocher pour le torturer, rien de bien folichon. Enfin, c’est vraiment pas mal de ton côté. Néanmoins, j’trouve que dans ton écrit, ça te plaisait moins à écrire que la partie précédente où la suite directe à celui-ci.

Périlleux : 38 points d’expérience + 325 munnies + 3 PS ! Deux en Vitesse et un en Force.



Cypher Kurt Brown :

Maintenant, au mec qui s’incruste dans un évènement mercenaire ! Et un ennemi en plus, il n’y a plus d’jeunesse, c’est moi qui vous l’dis. Et quelle chance, t’es dernier et j’ai déjà plus d’inspiration pour toi. Outre parler de tes rp, ça ne va pas être folichon !

Du coup, regarde un peu Lenore, tu auras une idée de c’que je pense en général de votre aventure en mer.

Par contre, il y a un truc qui m’a interpellé dans tes textes. Bien souvent, j’vois ton personnage un peu comme le gars qui est capable de faire des choses, c’est un soldat et tout, mais un peu niais où encore assez naïf. Ici, il est clairement en mode guerrier tout le long du truc et n’est pas portée sur ce qui t’entoure. Dans l’idée où, c’est là sans être là.

Après, tu m’diras que tu t’es déjà donné dans un autre rp et ici, le truc est fait parce que ça doit être fait. Dans le sens où, c’est la deuxième partie et tout, pas moyen de se casser. Il y a pas longtemps, j’disais à Huayan que j’ressentais quand un texte était moins sexy à écrire, et ici, j’vois que c’est le cas. Genre, c’était porter la croix de faire ça. Enfin, c’est à toi de confirmer où non. Il m’arrive de me tromper aussi.

Sinon, j’sais plus quand j’ai dit ça à Naran, mais j’suis toujours impressionné de lire le rp d’un tireur. Il y avait la personne de Trystan, avant qui m’faisait me poser des questions, maintenant il y a toi et Naran. En vrai, j’vois pas comment vous faite. Dans l’idée où, vos personnes, il font que tirer avec une arme, comment tu veux rythmer un écrit avec ça ? J’vous jure, je n'imagine pas du tout comment faire et ça m’intrigue. Il va falloir que j’fasse un nouveau personnage comme le vôtre pour comprendre un jour. Enfin, j’raconte tout ça pour dire que j’suis impressionné quand j’vois ça.

Limite, tu viens de m’apprendre comment tirer avec un mousquet. Même si j’me pose toujours la question de la précision, ça ne doit pas être ouf à voir. Voilà, j’vais aller sur youtube maintenant, merci. Donc, navré, j’ai rien de plus à dire à ton sujet. C’est la vie, j’suis à court en fin de commentaire. Outre dire que c’était bien ! Maintenant, tu peux rentrer chez toi et ne plus voir les mercenaires, depuis le temps que tu traînes avec eux, ça doit être une sorte de libération !

Périlleux : 38 points d’expérience + 325 munnies + 3 PS ! Deux en Dextérité et un en Magie.


Maître Joueur :

Intervention classique, j’suis un peu déçu de ne pas t’avoir vu revenir pour participer au festivité, t’es le méchant de l’histoire ! Enfin, des gars comme toi, j’sais très bien qu’on peut pas leur faire confiance. Du coup, j’te note avec un malus conséquent, tu gagnes rien.




Voilà ! Une fois de plus, bravo à vous et au plaisir de vous retrouver dans des évènements futurs !
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