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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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« Laissez-moiiiii danseeeeeeer ! Monday ! Laissez-moiiiiiiiiiii ! Tuesday ! Laissez-moi danser, chanter en liberté, tout l’été ! Laissez-moi danseeeeer ! »

« Coupez-moi cette musique de décérébrés Francis, ou sinon je vous promets une sanction qui sera certainement plus douloureuse que celle que vous avez eu au Vaisseau-Mère. » dis-je, énervée.

« C’est comme vous voulez Madame Song ! Mais je croyais que vous aimiez la musique ?
- Pas CETTE musique, imbécile ! »

Une fois de plus, je repars pour une nouvelle mission pour le compte de la Shin-Ra. Avec Francis, et oui, Francis le Retour. Sa « sanction », si l’on peut appeler ça comme ça, a été levée.  Je me demande bien quelle aventure je vais avoir aujourd’hui. Heureusement, je suis particulièrement motivée cette fois-ci. Pourquoi ? Tout simplement parce que je me rends dans mon pays, en Terre des Dragons. Deuxièmement, car ma mission consiste à aller chercher des gemmes. Je ne vais pas me plaindre, c’est plutôt intéressant pour une fois.

« Qu’est-ce qu’on va faire de beau aujourd’hui chez vous ? J’espère que vous avez encore l’alcool qu’on a goûté la dernière…
- On ne va pas à la Terre des Dragons pour que vous puissiez jouer à l’ivrogne ! Nous y allons pour confirmer, ou non, la présence d’un gisement de gemmes rouges pour le Président de la Shin-Ra.
- Ouuuh ! On a droit à une commission pour cette mission ?
- Nous travaillons pour la Shin-Ra Francis, la commission que nous touchons, c’est la reconnaissance de notre bien-aimé Président.
- Même vous, vous n'y croyez pas ! Comptez pas sur moi pour creuser parcontre, j’ai une vieille blessure de guerre qui me relance depuis quelques temps…
- Quel genre de blessure de guerre ?
- C’est assez personnel.
- Si vous êtes incapables de faire quoique ce soit, je vais faire un rapport tellement carabiné que vous irez jouer au videur de boîte de nuit à Illusiopolis. Et croyez-moi, ils ont une espérance de vie assez faible.
- Très bien, raaaah … En fait, c’est un vieil abcès que j’ai à côté de mon an…
- Taisez-vous sale porc ! Vous êtes infernal aujourd’hui ! » dis-je, en le tapant sur l’épaule droite.

Il semble faire exprès de me provoquer aujourd’hui. Quel avorton ! Au fond de moi, je le connais suffisamment bien pour savoir qu’il rattrape le temps perdu. Même si je reste fâchée de la désobéissance dont il a fait preuve lors de notre dernière mission commune. Sa désobéissance et sa frénésie insoupçonnée ont failli nous coûter la vie et la vie d’autres personnes qui n’avaient rien avoir avec nos affaires. Sans compter que le pire dans tout cela est qu’il aurait pu me blesser gravement. Je ne permets plus aucune erreur désormais, et il le sait. Son comportement rebelle est toléré, car il m’a été utile plusieurs fois mine de rien. Cependant, les insubordinations ne sont plus acceptables.

« Quel est le plan ? » demande t-il, comme pour briser le silence du voyage.

Je réfléchis un instant à mon ordre de mission, qui m’indique qu’une équipe sera à notre disposition sur place. Cependant, l’emplacement du gisement potentiel est dans une zone frontalière à l’ouest du pays, et donc susceptible à une présence accrue des barbares et des sauvageons qui assaillent régulièrement l’Empire. Cela me rappelle que mon frère Song Gao est peut-être de passage là-bas… J’aimerais bien le revoir. Cela fait longtemps maintenant.

« Nous allons rejoindre une équipe de la Shin-Ra à Xi’An, elle se chargera de nous accompagner et de nous escorter vers le lieu où le gisement potentiel se trouve. Quand nous arriverons, je ferai parvenir un message au poste de commandement de l’armée impériale en ville pour savoir si mon frère Gao est dans la région, et lui indiquer notre lieu d’extraction. S’il est dans le secteur, il pourrait dégager des hommes supplémentaires pour nous accompagner ou nous rejoindre. Vu comment la Shin-Ra recrute la plupart de ses employés, je me sens plus en sécurité avec l’armée impériale. » dis-je, de manière condescendante.

Je marque une petite pause, ressassant rapidement ce que j’ai prévu pour cette mission.


« Ensuite, une fois les mineurs recrutés, on se dirigera vers le point de rendez-vous. Nous commençons à creuser, et quand je dis « nous » il s’agit en vérité des mineurs. Une fois que nous avons trouvé une quantité suffisante ou rien du tout, nous pouvons rentrer au Vaisseau-Mère.
- Vous avez pensé aux Mongols, Huns ou je sais pas quoi ? Ils pourraient nous attaquer.
- C’est possible, mais j’imagine que l’équipe mise à notre disposition est « efficace ». »

Je souris rapidement à l’idée que nous nous fassions attaquer. Pas un sourire de joie, un sourire nerveux. Les Mongols sont des barbares, des êtres qu’on ne peut réellement considérer comme des membres à part entière de l’humanité. Je sais très bien ce qui arrive aux femmes si elles sont capturées par ces hommes : violées, probablement ; gardées en otage très certainement. J’espère que ce ne sera pas le cas.

« Vous m’avez manqué, Madame Song.
- Toi aussi Francis. » dis-je, honnête mais avec un ton sévère.

Le reste du voyage se passe calmement. Nous arrivons à la Terre des Dragons, nous restons à haute altitude car il faut faire un petit bout de chemin pour arriver à Xi’An. Le temps est nuageux dans les terres, c’est une bonne chose : nous avons moins de chances de nous faire repérer.

« Quel est le lieu de rendez-vous avec l’équipe de la Shin-Ra ?
- Une clairière légèrement au nord de la ville, à l’abri des regards. » répond Francis, concentré sur ses manœuvres.

Nous arrivons non loin de Xi’An, Francis ajuste notre descente, tentant d’être le plus furtif possible. Un comble pour Francis qui est certainement l’individu le moins discret que je connaisse. J’aperçois quelques personnes nous attendant au sol, certainement le comité d’accueil qui m’est réservé : le reste de la troupe doit être stationnée plus loin. J’ajuste ma tenue : une armure légère, à laquelle j’ai ajouté des bottes avec des talons pour la féminité. Le style est très chinois, l’idée étant que je passe incognito pendant le voyage : ma tenue civile habituelle, des hanfus, ne serait pas très pratique pour le terrain qui nous attend. Cependant, je reste féminine, c’est important. Le sas s’ouvre et je sors la première, suivie par Francis.


« Aarrrrr ! JA ! Bienvenue Madame Song ! Nous vous attendions avec impatience ! » clame une voix que je ne reconnais que trop bien avec cet accent fort étrange : il s’agit de Gunther. Gunther, cette jeune recrue venue de la Forêt de Sherwood. Un cochon qui parle et qui a des pistolets. Les voies du Céleste sont impénétrables.

Je regarde la fine équipe alignée devant moi : Gunther, accompagné de son partenaire Yijun – dragueur invétéré à la plastique plutôt avantageuse que j’avais déjà eu le luxe de rencontrer – et trois autres personnes que j’identifie comme des agents de terrain de la Shin-Ra. Cela fait cinq personnes au total. L’un d’entre eux d’ailleurs m’interpelle : il a le visage masqué et a deux gros chiens avec lui qu’il tient avec deux chaînes. Etrange, je ne vois pas trop à quoi il va nous servir. Je prends un air sérieux pour débuter cette mission.


« Bonjour à tous, messieurs ! Gunther et Yijun me connaissent déjà, cependant je vais tout de même me présenter en quelques mots. Je m’appelle Madame Song Huayan. Vous avez le luxe de pouvoir m’appeler Madame Song. Je suis en charge de cette opération d’extraction et j’espère que nous pourrons la mener dans de bonnes conditions. Maintenant que nous sommes tous prêts et arrivés à Xi’An, nous allons pouvoir rejoindre la troupe et débuter notre chemin jusqu’au lieu où le potentiel gisement se trouve. Amenez-moi mon cheval et en route ! » dis-je dans un semblant de motivation.

Yijun et les autres se regardent rapidement entre eux. Yijun hausse un peu la voix et demande :


« Pardonnez-moi Madame Song mais… Quels chevaux ? Quelle troupe ? » demande Yijun, honnête.

Je les regarde un instant, ils ont vraiment l’air peiné. Je n’ose même pas retourner la tête vers Francis que j’entends déjà pouffer de rire. La Shin-Ra, la plus grande entreprise de tous les temps, a des employés incapables de s’organiser au minimum pour une expédition ! Je vais les faire fouetter, ils ne l’auront pas volé ! Je pense qu’ils voient que je suis affreusement en colère devant leur incompétence car certains reculent de quelques pas. Au bout d’une minute de long silence, ponctuée par les pouffements de rire de Francis qui semblent dire « On va prendre chère les gars ! », je m’avance vers eux et là je deviens tout de suite plus autoritaire :


« Je suis entourée d’incapables et de bras cassés ! Vous allez tenter de récupérer un peu de jugeote pendant cette expédition car je peux vous dire que sinon, le nombre de coups de fouet que vous allez prendre sera inscrit au livre des records de la Shin-Ra ! » crié-je.

Je marque une pause, maintenant il va falloir donner des ordres pour tenter de récupérer le temps perdu :

« Yijun ! Trouve moi des mercenaires supplémentaires pour nous accompagner parce que j’imagine que ceux-là sont pas capables de se servir de leurs armes non plus ! Trouve moi également des lances et une cargaison d’armes en plus ! Vous seriez capables de perdre votre propre pantalon dans le noir ! Tu les paies avec les munnies de la Shin-Ra, ou les tiens, je n’en ai strictement rien à faire. Tu te feras rembourser par le service Ressources Humaines. GUNTHER ! Trouve moi des mineurs, ou du moins des gens capables de se servir d’une pelle et d’une pioche ! Francis ! Au lieu de ricaner comme une coureuse de remparts, débrouille-toi pour trouver de la nourriture et de l’eau ainsi que des charrettes pour le convoi ! Il nous en faut pour trois semaines au moins, sinon on risque d’être à court. 
- Mais Madame Song, la grande question que je me pose : est-ce qu’il ne serait pas nécessaire de prendre de la bière à la place de l’eau ? Je veux dire, ça hydrate beaucoup mieux !
- Francis, je te fouetterai moi-même quand j’en aurai l’occasion.
- Je prends ça comme un non, ça marche chef ! 
- Et toi là, celui avec les chiens ! Quel est ton nom ?
- Li Guo Madame Song !
- Li Guo, trouve moi cinq chevaux supplémentaires que les gradés puissent se mouvoir plus rapidement !
- Oui Madame !
- Et les deux benêts là, prenez des branches et camoufler le vaisseau de Francis !
- Oui Chef !
- Et j’oubliai, vous tous avant de partir, le premier qui se fait remarquer par les agents du Consulat, je le ferai fouetter pour incompétence. Suis-je claire ?
- Oui !
- Oui, qui ?!
- Oui Madame Song ! » répondent-ils en cœur. Tous les individus partent à leur mission, la plupart se dirigent en ville tandis que les deux derniers cherchent déjà des branches pour cacher le vaisseau.

Le temps perdu pour rien. On va devoir constituer un convoi en quelques heures, c’est une chance si on ne se retrouve pas en pénurie de quelque chose d’ici quelques jours.  Je sors un bout de parchemin du vaisseau de Francis et j’écris :  


« A l’attention de Song Gao,
Je suis la femme de ta vie et je t’attends là où les collines chantent et pleurent. Là où le bruit des pioches ne raisonne plus.
Je ne resterai pas longtemps. 
H »
.

Je sais ce que vous allez dire : comment mon frère va t-il comprendre ce message ? C’est très simple. La femme de sa vie, c’est moi bien sûr. Je suis la sœur parfaite après tout. Là où les collines chantent et pleurent, c’est le lieu d’extraction où je dois me rendre avec l’escorte de bras cassés : on dit qu’elles chantent et pleurent à cause des attaques mongoles dans la région. Ils ont une tendance à crier et hurler quand ils chargent, voir pour donner des ordres à la cavalerie. Non loin de là où nous allons, se trouve également une ancienne carrière, qui a été abandonnée depuis quelques années je crois. Plus assez rentable à cause des attaques récurrentes des barbares des steppes. Je plis le parchemin et appose mon sceau dessus. Je range tout ce petit matériel et je me dirige vers la ville, à pied donc. Les autres ont déjà pris de l’avance manifestement, je les vois déjà aux portes de la ville. Je traverse les champs pour rejoindre une route qui se dirige vers la ville. Je me glisse dans un convoi pour passer discrètement à l’intérieur de la ville.

Pourquoi autant de précautions ? Le Consulat, bien sûr. Bien qu’officiellement, il n’y a qu’un protectorat qui lie l’Empire au Consulat, il est fort probable que la capitale soit gorgée d’agents des consuls qui surveillent la moindre activité des autres factions. C’est pourquoi je préfère écrire un message un peu codé et ne pas chercher à rencontrer mon frère directement. Je serai repérée tout de suite avec la chance que j’ai. Je mets ma capuche et une fois les portes passées, je me déplace dans les petites rues du centre-ville. Je cherche la garnison principale. Après deux bonnes heures de recherche à travers la ville, je trouve enfin le quartier de commandement des unités en faction dans la région autour de Xi’An. Je me mets à l’abri des regards un instant, et je change les traits de mon visage pour me faire passer pour une étrangère. Cheveux blonds, yeux bleus, poitrine plus conséquente, cela devrait suffire. Je me dirige vers le garde en faction devant le bâtiment. Il me fit signe d’arrêter d’avancer.

« Halte là. Que puis-je faire pour vous, mademoiselle ?
- Je souhaiterai parler à l’officier de garde s’il vous plaît.
- Attendez un instant. »

Il fait signe à un autre garde qui rentre dans le bâtiment derrière lui. Après quelques minutes, le garde ressort avec un homme portant une tenue d’officier.

« Venez mademoiselle. » dit-il.

Je le suis et nous rentrons dans le quartier de commandement. Ce n’est pas le centre de commandement de toute l’armée impériale, uniquement les unités en faction autour de la ville qui gèrent au minimum les défenses de la ville contre les agressions étrangères.

« Que puis-je faire pour vous ?
- Pourriez-vous transmettre un message à un camarade militaire de ma part ?
- Qu’est-ce que c’est ?
- Une lettre de remerciement pour l’officier Song Gao. Il a sauvé une famille de voyageurs d’une attaque et cette famille m’a payé pour vous donner ce message.
- Soit. Il est de retour de patrouille aujourd’hui, je lui donnerai à son arrivée.
- Très bien, au revoir Officier, je vous remercie. » dis-je, le ton très aimable et doux, tout en lui remettant le message.

Une bonne chose de faite. Je sors du bâtiment pour reprendre mes traits normaux et je visite un peu la ville. Mes hommes n’ont certainement pas encore tout préparé, donc j’ai un peu de temps. Xi’An est une capitale magnifique, avec une architecture traditionnelle régulièrement restaurée pour continuer à éblouir ses visiteurs. C’est également un lieu de choix pour l’armée impériale pour affronter les expéditions des sauvages des steppes, la ville étant située à l’ouest de la Chine, proche des zones de combat habituelles.
En fin d’après-midi, je décide de retourner au vaisseau de Francis. Je remarque que je ne suis pas la seule à me diriger vers cette position. En effet, lorsque j’approche enfin du vaisseau de Francis, qui a été camouflé derrière de nombreux branchages, je trouve toute une petite troupe.


« Mettez la bière dans ce chariot-là, je l’escorterai personnellement ! » crie Francis de l’autre côté de la clairière.

Je me passe de commentaire pour la bière. Outre ce détail, cela ressemble déjà un peu plus à une expédition. De petits groupes se forment, les hommes discutent entre eux, leurs sacs de voyage sont rassemblés dans un chariot, mes deux agents de terrain surveillent le tout. Les cheveux paissent l’herbe de la clairière en attendant de pouvoir commencer la route. Je vois que Gunther, Francis et Guo sont là, ils sont entrain de discuter. Je me dirige vers eux.

« Où est Yijun ?
- Il est pas encore revenu de Xi’An. Il devrait pas tarder.
- Madame Song, j’ai réussi à trouver trente travailleurs en ville. Ils sont tous arrivés, ils sont vigoureux et sont à un prix convenable, Ja !
- Les chevaux sont tous là également, Madame.
- La bière est également prête.
- J’espère que vous avez pris de l’eau aussi Francis. Sinon je ne vous garantie pas de revenir entier de ce voyage.
- Vous inquiétez pas. » me répond-il.

Alors que le soleil commence à décliner peu à peu, Yijun arrive avec une petite troupe d’hommes, une vingtaine à vu de nez. Un chariot tiré par un cheval transporte les munitions et armes supplémentaires. Il s’approche de moi pour me faire son rapport.

« J’ai trouvé vingt-trois hommes disponibles en ville. Essentiellement des hommes de main peu chères mais qui sont capables de se battre et de nous garantir une certaine sécurité.
- Qu’est-ce que vous entendez par une certaine sécurité ?
- J’entends qu’ils ne se battent pas aussi bien que moi.
- Je vois. J'imagine que ce sera suffisant. »

Voyant que le soleil décline, nous n’avons pas beaucoup de temps pour nous éloigner de la ville. Si nous restons trop à proximité, les gardes de l’armée viendront nous arrêter ou nous dire de dégager en vitesse. Je me dirige vers le plus beau cheval, un bel étalon noir. Un pur-sang. Je le remarque quand quelque chose est de qualité. Je monte dessus. Je me place au milieu de la clairière, de sorte à être entendue de tout le monde. Les gens me regardent, ils se doutent qu’il va se passer quelque chose.

« Messieurs, nous n’avons pas le droit de stationner si près de la capitale. Notre expédition commence donc maintenant. Nous allons marcher une heure vers le nord-est pour monter le camp pour la nuit ! Alors à vos postes et plus vite que ça ! »

Le camp s’agite de nouveau. Les chevaux sont mis sur les chariots, l’équipement est chargé. Les mercenaires prennent leurs positions défensives sur les côtés de la caravane, pour protéger des attaques de flanc. Je remarque cependant que mon équipe de choc ne sait pas quoi faire et reste planter dans le sol. Je me dirige vers eux au trot pour m’arrêter à leur niveau.

« Montez sur les chevaux ! Vous attendez quoi ? Yijun et Gunther, vous restez près de moi, Francis, monte sur le chariot de tête ! Li Guo, monte sur un cheval et utilise tes chiens pour nous alerter en cas de problèmes, tu seras notre éclaireur !
- A vos ordres !
- Hors de question que je sois sur un chariot, je prends un cheval aussi ! » répond Francis, vexé de ne pas être de mon escorte rapprochée.

Cependant, il ne perd pas de temps et fonce vers un cheval pouvant lui convenir. Mais il y a un problème :
« Mais Francis, tu ne sais pas monter à cheval !
- M’en fout ! »

Oh et puis flûte, il fait ce qu’il veut. S’il se brise la nuque en tombant, je serai débarrassée comme ça. La caravane prend forme, elle est constituée de onze chariots : trois vides pour les gemmes rouges que nous trouverons peut-être sur le lieu d’extraction, quatre chariots pour la nourriture, deux pour les boissons, un chariot avec les armes et munitions supplémentaires et le dernier chariot porte les tentes pour la nuit. Quelques personnes sont dans les chariots, mais la plupart marche à l’arrière ou au milieu. Je me place en tête avec mes trois comparses à mes côtés. La traversée se fait silencieuse. Le vent des steppes se refroidit peu à peu avec l’avancée de la pénombre. Nous nous éloignons de la ville, dont les lumières s’affaiblissent au fur et à mesure que nous avançons. Lorsque l’obscurité devient trop présente et que nous sommes suffisamment loin, je marque l’arrêt.

« Montez le camp ! Et vite ! Faites un cercle avec les chariots, cela nous protégera en cas d’attaques. »

L’expédition s’exécute. On fait un cercle avec les chariots, on commence à préparer la nourriture du soir, on allume quelques feux de camp. On lève les tentes, plus ou moins petites. Certains dormiront à la belle étoile, heureusement nous ne sommes pas dans les périodes de fortes pluies ou de froid glacial. La soirée passe dans une bonne ambiance, les hommes font connaissance. Ils se socialisent entre eux. Je reste un peu à l’écart. Je n’aime pas m’attacher, ça fait mal quand on doit se débarrasser de quelque chose après.
Je me mets à l’écart du cercle des chariots pour contempler les vastes plaines balayées gentiment par le vent venant de l’est.


« Belle soirée, n’est-ce pas ? » dit une voix venant de derrière moi. C’est celle d’Yijun, je crois.

« Seuls les nuages gâchent le tableau.
- C’est vrai.
- Vous pensez qu’on va trouver quelque chose à extraire ?
- Je n’en sais rien à vrai dire Yijun. Peut-être que oui, peut-être que non.
- En tout cas, je suis content de faire cette aventure avec vous.
- Ah oui ? Serait-ce trop indiscret de demander pourquoi ?
- Pas du tout. Je pense que vous êtes quelqu’un d’efficace. Vous êtes belle, c’est sûr. Pourtant vous savez réfléchir. D’ailleurs, je me demande pourquoi vous avez rejoint la Shin-Ra et pas une autre faction ?
- Je pourrais vous retourner la question.
- Moi, c’est pour l’argent, essentiellement. Et vous ? »

C’est une question personnelle qu’il pose ce jeune homme. Oui, je dis jeune homme même si nous avons un âge très proche. J’ai rejoint la Shin-Ra en partie car je pense c’est la meilleure piste que j’ai pour retrouver mon mari. Je vais tenter de l’enfumer.

« Les aléas de la vie, Yijun. Les aléas de la vie.
- C’est par rapport à votre mari ? Vous avez pris sa place de ce que j’ai entendu au vaisseau-Mère.
- C’est en partie vrai, oui. »

Un petit moment de silence.

« Pourquoi l’argent d’ailleurs, Yijun ?
- Une longue histoire.
- Dites toujours.
- La femme que j’aime, à Chengdu, est d’une famille riche. Mes parents étant pauvres, on ne peut organiser le mariage comme il devrait l’être. Ainsi, vu que je suis plutôt doué pour tuer des gens, je me suis engagé dans la Shin-Ra pour réunir suffisamment d’argent.
- Comment s’appelle l’heureuse élue ?
- Chen Liang.
- Jolie ?
- Très, même si moins que vous.
- Pas très romantique ça.
- Pas faux, mais je suis objectif.»

Nous rigolons quelques instants.

« Il se fait tard. Je vais me coucher, tâchez de vous reposer, un long périple nous attend demain.
- Très bien, Madame. Passez une bonne nuit. »

J’ai droit à une petite tente, pas un grand luxe pour la première nuit mais assez pour dormir loin des odeurs douteuses en provenance des couches masculines. La nuit se passe sans incidents. Je suis réveillée à l’aube par le soleil. Je suis l’une des premières à être réveillée. J’en profite pour me faire une bonne petite toilette dans ma tente. Je me prépare un petit-déjeuner. Les hommes commencent à se réveiller. C’est mieux pour eux car dans une heure ils seront réveillés par le bruit du cor que Francis a embarqué pour les individus qui osent dormir trop longtemps. La moitié du camp est désormais presque prête, certains finissent de manger, d’autres d’ores et déjà prêts à reprendre la route. Je retrouve Francis, bide à l’air, puant la bière entrain de cuver dans la charrette des boissons. Je prends un bâton qui traîne dans le chariot et je le tape sur le bide pour le réveiller. Il se redresse soudainement en vomissant un rot venu des confins des Sept Enfers, l’odeur est telle que je dois descendre du chariot pour sauver ma vie.

« Qu’est-ce que c’est Madame Song ?
- Debout sale ivrogne, on lève le camp ! 
- Quoi, déjà ?
- Ramenez votre satané cor et sonnez le réveil, sinon on sera encore là dans deux jours ! »

Il saute de la charrette et se dirige vers son d’où il sort une petite corne, qui est certainement le fameux cor. Il souffle dedans et un son très grave sort. Tous les rêveurs sont tirés brusquement de leur sommeil. Je rejoins mon cheval et chevauche à travers le campement.

« En route ! Tous à son poste, on reprend la route ! Direction nord-ouest ! On n’attend pas les traînards ! »

La route est longue jusqu’au point de rendez-vous. On va l’atteindre certainement demain matin. Sauf si nous sommes très rapides, ce dont je doute. Nous rejoignons une route, plus rapide pour voyager rapidement qu’à travers les collines. Tout semble se dérouler correctement.

« C’est sympa ce coin, Madame Song.
- Et pourtant les Mongols rôdent parfois dans ces collines.
- J’imagine qu’il tremble tous de peur devant vous.
- Bien entendu. Ils n’ont jamais vu une vraie femme de leur vie. Me voir devrait les étourdir pour un moment.
- Prenez pas trop la confiance non plus.
- En parlant de confiance, comment se passe votre apprentissage avec votre cheval ?
- Hé bien, mauvaise langue que vous êtes, cela se passe très… » commence t-il à dire d’un ton faussement hautain pour se moquer de moi, cependant sa monture ne le laisse pas finir sa phrase et se met à avancer brusquement en sautillant trop rapidement pour Francis qui tombe sur le côté de son cheval. Le bruit de l’impact au sol de Francis est quelque peu impressionnant, dû à son poids j’imagine.

« Vous allez bien Francis ? Yijun va l’aider à se relever. » dis-je. Yijun se détâchant de moi pour rejoindre Francis au sol.

« Je vais bien ! Je vais bien ! Je peux me relever ! Rien de casser ! J’ai vu une belle fleur au sol, j’ai voulu la ramasser !
- Fait gaffe Franciiis, tu vas ressembler bientôt à un cochon si tu restes trop longtemps à quatre pattes ! Ja ! Ahaha ! » dit Gunther.

« Fait gaffe Gunther, si tu continues je vais te transformer en choucroute garnie, tu l’auras pa volé ! » répond Francis, un peu vexé, nettoyant son pantalon.

La suite de la journée se passe sans évènements majeurs. Nous avançons, le soir venu nous montons le camp pour la nuit. Yijun s’occupe d’organiser les tours de gardes avec les mercenaires : nous ne sommes plus dans une région très sécurisée. Il va falloir que nous fassions très attention à présent. Nous réutilisons les chariots et les charrettes pour nous faire une petite protection comme lors de la première nuit. Je remarque que Gunther, Yijun, Francis, Li Guo et les deux autres agents de la Shin-Ra restent ensemble autour d’un des feux de camp. Je décide de les rejoindre pour m’inviter dans leur conversation, après tout je n’ai rien de mieux à faire pour l’instant. Francis a déjà attaqué sa quantité de bières du soir. Oui, il a un quota à respecter selon le moment de la journée. Ne me demandez pas pourquoi. Je m’assois près d'eux.

« On m’appelait la « Furie Rouge » quand j’étais chez les SOLDATS de la Shin-Ra, c’est vous dire que les gars en face, ils se chiaient dessus quand ils me voyaient charger !
- Et pourquoi la « Furie Rouge » ?
- Tu veux connaître ma meilleure stratégie de combat Yijun ?
- Bien sûr ! Vous étiez SOLDAT de première classe !
- Ma meilleure stratégie, c’est de ne pas en avoir : je fonce dans le tas et je défonce tout. Jusqu’à présent, ça a plutôt bien marché.
- Jusqu’à très récemment, oui. » conclu-je.

Les autres me regardent, me demandant implicitement de détailler mon intervention.


« Francis m’a poursuivi dans une sorte de petit véhicule qu’ils appellent une voiturette à la Costa del Sol. Il m’a coursé en ville sur plusieurs centaines de mètres avant de se crasher. J’ai dû fournir un rapport sur cet incident.
- Ouais désolé Madame Song, je vous ai dit que je recommencerai plus.
- J’espère bien. »

Un petit instant de silence, puis Li Guo prend la parole.

« Et alors du coup, pourquoi la « Furie Rouge » ? Foncez dans le tas c’est pas suffisant pour un surnom !
- C’est pas faux, petit. En fait, c’est tout con. Quand les pauvres gars en face me voit arriver et commencer à trancher dans le tas, ils pensent que je suis couvert de sang !
- Pourquoi « ils pensent » ?
- Bah comme je l’ai dit c’est tout con : en fait je fais de l’hypertension, donc je deviens rouge comme un pinard dans le feu de l’action ! »

Notre petit comité éclate de rire. Effectivement, c’est tout con. Merci Francis.

« Et alors, vous tous, comment vous avez rejoint la Shin-Ra ? Parfois on entend des histoires assez drôles. » demande Francis.

Je me tourne vers les autres. Certains semblent hésiter. Yijun se lance.

« J’avais, et j’ai toujours d’ailleurs, besoin d’argent pour marier la femme que j’aime !
- Pfffff ! Gros dragueur que tu es, je ne le crois ! 
- Et pourtant c’est vrai ! La drague c’est juste un petit jeu pour pas que je perde mon charme !
- Ecoutez donc ce grand séducteur ! Ja !
- En tout cas petit, j’aimerais bien te voir combattre un jour ! J’aurai aimé voir ce que j’aurai pu être avec moins de poids et plus d’agilité ! Hahaha ! 
- Je me débrouille pas mal c’est vrai.
- Où est-ce que tu as appris ?
- Auprès d’un maître dans le sud de la Chine. Un moine itinérant que j’ai accompagné pendant trois ans sur les routes du Guangzhou.
- Ah ouais pas mal ! Ça a plus de gueule que Micheline la maître d’armes du Vaisseau-Mère ! Quand je pense que j’ai essayé de me la faire à l’époque, vous verriez le cageot que c’est aujourd’hui !
- Francis ! Un peu de tenue en ma présence je te prie !
- Oui, oui… Pardon Madame Song. »

Je me tourne vers le jeune Li Guo et ses deux chiens, couchés près de lui. Ce n’est pas banal, ça !

« Et toi Li Guo ?
- Oh rien d’extraordinaire ! J’avais besoin d’argent, et la Shin-Ra me paraissait plus éthique et responsable que le groupe des Mercenaires, à l’époque.
- A l’époque ?
- Non mais… Enfin, voilà…
- On a compris, ne t’en fais pas !
- Sinon et bien… Je me suis formé à Yulin, dans le Guangxi. Là-bas, j’ai rejoint un maître d’armes qui est également un maître chiens. Il m’a formé pour pouvoir dresser les molosses et les utiliser pour combattre, pister, traquer et a utilisé les armes blanches.
- Un parcours respectable !
- Tu parais jeune, tu es parti tôt de chez toi ?
- En fait, ma famille a été tuée quand j’avais l’âge de dix ans lors d’une attaque mongole. Ils ont dévasté le village, mes parents et mes frères avec. J’ai été recueilli par un marchand qui m’a emmené dans le Guangxi et là j’ai réussi à convaincre le maître de me prendre en apprentissage.
- Ah désolé, je savais pas petit…
- C’est pas grave, vous ne pouviez pas savoir ! »

Les deux nouveaux venus que je ne connais pas encore s’avancent un peu et enlèvent leurs foulards. Ce sont des jumeaux ! Je ne m’y attendais vraiment pas.

« Vous auriez pu le dire que vous étiez jumeaux ! C’est tellement rare !
- On vous connaissait pas trop, du coup on restait très professionnels.
- Arrrrr ! Ja ! C’est important le professionnalisme !
- Quels sont vos noms ?
- Clément et Quentin Dupont, nous sommes originaires du monde de la Cité des Rêves. On y a passé notre enfance, puis on a décidé de rejoindre la Shin-Ra car la solde est bonne et on voyage beaucoup !
- P’tain les gars, comment on fait pour vous différencier ? »

Les autres ne semblent pas capables de les dissocier, mais moi qui suis habituée à scruter les visages pour pouvoir les reproduire plus tard, deux détails n’arrivent pas à m’échapper : les sourcils et la couleur de leurs vêtements. Clément a les sourcils absolument pas froncés, ce qui lui donne un regard curieux et doux si ce n’est enfantin, et il a l’air d’aimer la couleur orange ; Quentin a les sourcils très froncés, ce qui lui donne un regard colérique, ou très sérieux, et il a l’air d’apprécier le vert. Ils ont la peau très blanche comme moi, leurs yeux sont d’un bleu azur perçant et ils ont un aspect physique entre le fin et l’athlétique. Ils sont assis juste à côté de Francis, et les deux jumeaux réunis ne doivent pas faire la moitié de son poids. J’exagère à peine. Ils ont l’air d’être de très jeunes adultes. Ils sont rentrés récemment dans l’entreprise. Ils nous racontent qu’ils savent tirer aussi bien avec leurs fusils qu’avec des arcs et sont très performants en corps-à-corps. C’est une bonne chose, les collines ne sont jamais sûrs avec les mongols. La nuit se déroule tranquillement. Tout est tranquille. Cela m’inquiète quelque peu. C’es trop calme…

Nous reprenons la route le lendemain et nous arrivons enfin sur le site d’extraction en fin de matinée. Le site se situe à trois kilomètres de l’ancienne carrière locale, pour l’instant, il ne s’agit ni plus ni moins qu’un léger affaissement sur le flanc d’une montagne. Je rassemble mon équipe et donne les premiers ordres.


« Les jumeaux, gérer la sécurité avec les mercenaires. Gunther, fait monter le camp sur ce flanc de montagne, nous serons moins exposés en cas d’attaque. Francis, fait en sorte que personne ne puisse toucher aux réserves de nourriture et de boisson sans notre accord. Yijun, ordonne aux ouvriers de déjeuner et ensuite qu’ils se mettent au travail en contrebas. Aujourd’hui ils ne travailleront que sept heures, demain ce sera neuf heures en comptant la pause pour le repas. »

Les hommes se dispersent pour remplir leurs tâches respectives. Au moins, ils deviennent disciplinés.
« Qu’est-ce que je fais moi Madame Song ? » demande Li Guo. Mince, je l’avais oublié.

« Prend un cheval et tes chiens et fait une petite inspection des alentours. Nous n’aurons pas assez d’eau potable je pense, essaye de voir s’il n’y a pas une source pas très loin.
- Ce sera fait, Madame ! »

Bien. Que les travaux commencent. La première semaine passe et l’ensemble des activités se déroulent bien. Si ce n’est que nous n’avons toujours pas réussi à trouver les fameuses gemmes que demande le Président de la Shin-Ra. Je ne sais pas ce qu’il veut en faire, mais moi au moins je sais où se trouve le site d’extraction maintenant. Cela peut me servir un jour, au cas où les bonus annuels sont annulés ou parce que Scarlett la secrétaire de direction a encore, comme par hasard, perdue nos fiches de paie. Enfin, mes inquiétudes sont vite dissipées lors de la fin de la première semaine.

« Madame Song ! Madame Song ! Ja !» dit Gunther en accourant vers ma tente.

« Qu’est-ce qu’il y a Gunther ?
- On a trouvé les gemmes ! On a trouvé les gemmes ! Venez voir ! »

Je le suis en descendant la pente de terre et de pierres, les ouvriers ont l’air contents d’avoir enfin trouvé quelque chose. Je m’approche de l’endroit désigné par Gunther. Une petite fissure laisse en effet devinée la présence des fameuses gemmes rouges dans les sols de ce lieu.

« Vous savez ce que vous avez à faire Gunther.
- Très bien Madame Song ! Ja ! Ja ! Ja ! Allez les gars, il faut charger les trois chariots au plus vite ! »

Je m’éloigne de l’endroit, mine de rien ça sent particulièrement la sueur ici. Va falloir que je sorte de cette fosse. Je remarque Francis, accoudé sur une pierre entrain de manger une pomme.

« N’empêche Madame Song, ça irait plus vite si on s’y mettait tous non ?
- Est-ce que j’ai l’air d’un paysan ou d’un mineur selon toi ?
- J’irai pas jusque-là mais…
- Tu vois cette pioche par terre Francis ?
- Oui, très bien pourquoi ?
- CREUSE ! Tu vas voir on va aller plus vite ! »

Il s’exécute, redoutant désormais ma colère. Je sors de là pour rejoindre ma tente. Quelques jours passent, le climat n’est pas trop dur avec nous. Heureusement que nous sommes partis pendant la bonne période de l’année. Un chariot et demi sont déjà plein. Les ouvriers travaillent vite, j’aime cette efficacité. De plus, j’ai fait installer ma grande tente, comme ça je peux vivre relativement confortablement.
A la fin de la première semaine, je suis perturbée pendant mon dîner par Li Guo qui rentre, alerté, dans ma tente.


« Pardonnez cette intrusion Madame Song, mais une troupe de trente soldats impériaux est en approche.
- Trente ? Ce n'est pas une patrouille ça.
- Qu’est-ce qu’on fait ?
- Va chercher leur officier en charge, et ramène-le ici. Mais soit prudent, si quelque chose est louche, demande à tes chiens d’aboyer pour que nous soyons prévenus.
- Bien ! »

Il sort de la tente. Je regarde rapidement mon miroir pour me refaire une petite beauté. Je me demande bien qui vient me rendre une petite visite à cette heure tardive. Une forte chance que ce soit mon frère. J’ai une petite boule au ventre, cela fait très longtemps maintenant que je ne l’ai pas vu. J’espère que cela va bien se passer. Je sors de ma tente, attentive. Après quelques minutes, deux chevaux s’approchent dans l’obscurité. Je n’ai pas de mal à reconnaître leurs deux cavaliers : Li Guo et ses chiens, avec mon frère Song Gao.

A peine le pied à terre, il me saute dans les bras, m’enlaçant. Je l’enlace aussi, cela fait tellement longtemps. Bien sûr, nous nous écrivons souvent, mais ce n’est pas pareil que de se voir en vrai, face à face. De sœur à frère.


« Je suis heureux de te voir ma sœur !
- Moi aussi, mon frère ! On m’a dit que tu avais des hommes avec toi ?
- T’inquiète pas pour eux, ils vont se stationner avec tes travailleurs. D’ailleurs va falloir que tu m’expliques la raison du message codé.
- Bien sûr, vient à l’intérieur, j’ai de quoi manger.
- Je te suis, Huayan. »

Nous entrons dans ma tente. Il dépose son casque à l’entrée et pose ses armes à côté de la table. Il enlève sa cape pour la plier soigneusement sur l’un des côtés de la tente. Je remarque qu’il n’est plus le jeune homme athlétique que j’ai connu, il semble être très musclé et fort. Il a les cheveux longs, comme tout Han qui se respecte. Il a les traits fins, comme moi. Cependant je remarque une petite cicatrice sur son visage.

« Tu n’avais pas cette cicatrice la dernière fois que je t’ai vu.
- J’ai pris un petit coup de hache d’un envahisseur. Je ne l’ai pas manqué en retour, je peux te le promettre.
- Je veux bien te croire. »

Nous partageons le repas que je m’étais préparée.

« Comment vont les affaires ?
- Elles se passent plutôt bien. Je ne prends pas particulièrement plaisir à travailler pour la Shin-Ra. Mais au moins, j’ai l’occasion d’apprendre des choses.
- Tu tisses ta toile comme une araignée. C’est bien.
- Tout à fait. Sans compter que je suis payée, correctement disons.
- Tu te rappelles quand on était petits et qu’on jouait au détective et à la dame ?
- Comment l’oublier ?
- Tu me faisais tourner en bourrique comme un jeune idiot ! Qu’est-ce qu’on a rigolé !
- C’est vrai ! C’était la bonne époque avec Papa et Maman. »

Nous marquons une pause, nous abaissons nos yeux dans nos plats. Nos regards vides, nous ressassons nos souvenirs d’enfance, j’ai l’impression que c’était hier, et pourtant tout ceci date.

« Les parents et toi, vous me manquez, tu sais.
- Quelle idée d’avoir rejoint l’armée aussi ?
- Les barbares sont nombreux, il faut bien que quelqu’un fasse le travail.
- Certes. Au moins grâce à toi, je dors plus tranquille la nuit.
- Tu devrais me remercier oui ! Rigole, rigole ! »

Nous finissons le repas, l’heure du thé est venue. Après quelques gorgées, Gao prend un air plus sérieux. J’imagine qu’il va me parler de mes affaires minières soudaines.

« Pourquoi le message codé ?
- Je n’ai pas envie que le Consulat sache que je suis ici.
- Pourquoi ? As-tu peur d’eux ? Ils n’ont qu’un accord de Protectorat avec l’Empire après tout.
- Par principe. Les artistes et compagnie, je ne fais pas confiance. Ils te font une jolie danse et pendant leur entracte ils te prennent ton argent dans ton dos.
- Ahahaha ! Tu es bien ma sœur ! C’était pour ça le message codé ?
- Bien entendu. Le Président de la Shin-Ra m’a envoyé pour récupérer des gemmes rouges.
- Cela m’explique déjà plus pourquoi le message codé.
- Ne le prend pas mal, mais je n’ai pas nécessairement confiance aux personnes du gouvernement ou dans l’armée si je ne les connais pas. Je te rappelle qu’il y a des Etats dans les montagnes loin au sud-ouest qui sont soi-disant indépendants mais sous protectorat impérial : on sait très bien qui mène la danse dans ces pays-là. Par conséquent, cette relation avec le Consulat m’inquiète pour mes affaires, du coup je fais profil bas quand je viens en Chine.
- C’est pas faux. » dit-il.

Gao n’a jamais été un grand penseur, c’est plus un homme d’action. Bien qu’il soit éduqué et qu’il ne soit pas le dernier des idiots, il ne m’égal pas. Ce genre de calculs politiques ne lui viennent pas nécessairement à l’esprit tout de suite et souvent il prend donc du retard. Cependant, c’est un fin guerrier. Cela au moins, j’en suis sûre.

« Tu vas rester un peu avec nous ici ?
- Oui. Officiellement, je suis sensé patrouiller dans le secteur. Cependant la protection des civils est une priorité donc on vous raccompagnera en ville. J’espère que tes mineurs travaillent vite.
- Normalement, nous devrions rester moins longtemps que prévu. Je pensai que l’extraction durerait plus longtemps, mais apparemment les gemmes rouges sont en abondance ici.
- Parfait. »

Avec l’approvisionnement des soldats, le séjour se passe bien. Même si je remarque que les soldats de l’Empire semblent préoccupés : ils redoutent une attaque j’imagine. Je crains une attaque moi aussi : c’est courant que des petites troupes très mobiles parcourent les campagnes pour faucher des civils, piller ou faire du sabotage pour harceler les troupes impériales. Il va falloir se montrer prudent sur le retour. Je passe ces quelques jours avec mon frère, nous nous rappelons le bon vieux temps, les farces que nous faisions à notre bon vieux Lin Xupeng. A la fin de la seconde semaine, les chariots sont plein de gemmes rouges, nous les camouflons avec de larges draps pour éviter les soupçons ou les tentations de chacun.

Nous plions nos affaires et nous mettons en route, direction Xi’An. Nous avançons sur une petite route, à travers les vertes collines. Les vastes prairies nous offrent de beaux paysages, à chacun d’eux, Francis lâche un mot grossier pour exprimer sa joie. A la fin de la première journée de voyage, nous dressons notre camp à côté de cette petite route : cette fois-ci, nous laissons les chariots sur le chemin, les soldats de l’Empire campent dans la prairie à côté et les travailleurs ainsi que les mercenaires restent à proximité des chariots. Nous coordonnons les rondes pour la nuit entre gardes et mercenaires. Je dors mal cette nuit-là, le vent est froid. A l’aube, je rejoins Gao. Nous nous enlaçons une dernière fois, certainement pour un long moment : sa troupe va finalement rester ici pour en rejoindre une autre. Un messager lui a fait parvenir l’ordre de la garnison à l’aube.


« Ecris moi mon frère. Fait attention à toi.
- Toi aussi Huayan, soit prudente s’il te plaît. Je n’ai qu’une sœur. » répond-il, un peu ému.

Je rejoins mes officiers –enfin mon équipe, vous m’avez compris- qui sont entrain de prendre le repas du matin ensemble.


« Tâchez d’êtres tous prêts d’ici deux heures. Nous n’avons pas de temps à perdre sur la route.
- Oui chef ! » répondent-ils en cœur.

Je vérifie bien ma tenue, je fais un petit du côté des chariots à gemmes rouges. J’aimerais les voir d’un peu plus près. Je monte dans l’un des chariots et je les observe. Elles sont belles, bien que pas encore taillées. Une belle couleur, entre l’écarlate et le bordeaux, selon la luminosité. Leur valeur doit être conséquente, je me demande bien ce que le Président va bien faire de tout ça. Je ressors du chariot, et je me dirige vers la tête de la caravane qui vient de se remettre en marche. Je vois que Francis est déjà sur son cheval, entrain de discuter avec Li Guo. Ils me saluent lorsque j’arrive.


« On parlait justement de vous, Madame Song !
- En bien j’espère ?
- Bien sûr que non ! Qu’est-ce que vous croyez ?
- …
- Oui bon, pardon Madame… Chef… On se demandait ce que la Shin-Ra pourrait bien faire de ces trucs qui brillent rouges ?
- Je ne saurai vous dire moi-même Francis.
- C’est vrai que c’est … Attendez…
- Quoi ?
- Chut ! Ecoutez… »

Li Guo se fige, semblant se concentrer sur son ouïe. Et effectivement, quelque chose cloche. On peut entendre comme un vrombissement dans l’air. Je regarde immédiatement le ciel mais je ne vois aucun orage. Qu’est-ce que cela peut être ? Ne me dîtes pas que…

« Oh non !  Nous sommes attaqués !» crie Li Guo.

Dans la prairie, à quatre cents mètres de la tête de la caravane, je vois les soldats de l’Empire s’activer et se rassembler autour d’un homme à cheval, que j’identifie immédiatement comme mon frère. La panique se répand quelque peu dans mes propres rangs.


« Li Guo, stoppe la caravane ! »

Il part immédiatement parler au conducteur du premier chariot pour qu’il s’arrête. Sur la colline qui surplombe la plaine, nous voyons déjà des formes se dresser et des cris. Ce vrombissement, ces cris… Ce sont les barbares ! Les sauvages attaquent ! Mon sang ne fait qu’un tour et je me mets immédiatement à aller de la tête vers l’arrière de la caravane. Francis ne reste pas sur place et m’accompagne.

« Prenez vos armes ! Formez une ligne !
- Formez la ligne ! Bande d’attardés !
- Lances et boucliers ! Lances et boucliers ! Lances et boucliers !
- Formez la putain ligne, MAINTENANT ! »

Les mercenaires prennent leurs armes et forment une ligne sur le flanc de la caravane. Gunther, Yijun et les jumeaux nous rejoignent tandis que Li Guo finit de stopper la caravane.

« Madame Song, on a encore le temps de se tirer ! On va se faire massacrer ! » dit Francis, visiblement inquiet.

Du haut de la colline, les mongols commencent à dévaler la pente menant aux soldats de l’Empire. C’est une petite troupe, ils doivent être une quarantaine, à vu de nez. Ils chargent de manière anarchique, mais leurs cris me pétrifient d’effroi : c’est la première fois que je suis directement confrontée à ces monstres. On dirait des bêtes sauvages qui chevauchent vers leurs proies. Je n’aimerais pas être l’un des lanciers de mon frère à cet instant. Gao a formé une ligne en arc de cercle, pour éviter de se faire prendre par les flancs trop rapidement. Ses hommes se répartissent devant lui pour former un carré de lances. Cependant, c’est risqué : ils sont « prisonniers » et ne peuvent pas vraiment s’enfuir. Ils vont être encerclés rapidement.


« Yijun, rassemble des archers et met toi à porter de tirs !
- On risquerait de toucher les soldats de votre frère Madame, c’est trop dangereux à cette distance … »

Il a raison le bougre. J’opte pour une autre tactique. Je trottine sur plusieurs mètres, haranguant les hommes que j’ai à disposition.

« Rassemblement ! Formez des rangs de cinq par cinq ! Prenez vos armes ! Prenez vos armes ! TOUT LE MONDE !
- Cinq par cinq, en ligne ! Tout de suite ! »

Pendant que les mineurs prennent d’assaut le chariot d’armes supplémentaires et que les mercenaires se massent derrière moi, j’observe la charge des mongols. Des archers montés harcèlent les troupes en tirant des flèches, je vois que certains soldats sont touchés. Ils vont bientôt percutés les soldats de l’Empire.

« Madame Song, c’est pas pour faire ma petite chatte, mais faudrait qu’on dégage ! On pourra pas les retenir ! » me répète Francis. Je ne l’écoute pas.

J’observe la charge qui va être d’une grande violence vu la vitesse à laquelle les mongols vont. Mes hommes se regroupent autour de moi : ils forment des rangées de cinq par cinq comme je leur ai demandé. Nous sommes loin de la discipline impériale, mais au moins c’est mieux organisé que les mongols.


« Yijun ! Prend ceux capables de tirer avec des arcs et positionne toi sur le terrain pour pouvoir tirer sur ces sauvages !
- ARCHERS ! Avec moi ! » dit-il, s’éloignant de moi à cheval et levant son arc pour regrouper les quelques tireurs que nous avons qui courent désormais vers le champ de bataille. Dix hommes le suivent.
Francis descend de son cheval pour se jeter vers le chariot d’armes, d’où il sort une sorte de de gros marteau. Il revient vers son cheval, qu’il maîtrise déjà un peu mieux. Les hommes attendent les ordres, je sens de la peur dans leurs regards. Attendre est pire que tout : ils ne savent pas quoi faire, ça les stresse.


« Qu’est-ce qu’on fait Madame Song ? On se replie ? »

Je regarde les dix archers d’Yijun se mettre en position.

« En joue ! » crie Yijun.

Je regarde la scène, j’hésite. J’ai peur de prendre une décision. Quelque soit ma décision, elle sera chère.


« 火 !(Huo)  » crie Yijun.

Les quelques flèches s’élèvent loin dans les airs jusqu’à toucher quelques chevaucheurs mongols. Les soldats de l’Empire n’ont aucune chance si je n’interviens pas. J’ai pris ma décision. Les chevaux mongols percutent enfin les troupes de mon frère, j’entends d’ici les cris des soldats. Je vais donner un peu de voix aux soldats mongols.

« Madame Song ?! 
- Il est hors de question que j’abandonne mon frère à ces barbares des steppes ! Je vais sauver mon frère ! » crié-je, de sorte que tous m’entendent.

J’en profite pour invoquer mon fouet éthérique. Je vais en avoir besoin aujourd’hui. Et puis, ça peut impressionner mes hommes et ils en ont besoin je crois.

« Oh et puis merde, crie Francis tout en brandissant son marteau de guerre, on va pas rester là à se branler ! ALLEZ LES GARS, SUIVEZ MADAME SOOOOOONG ! »

Je me mets au galop, suivie de mon équipe et des hommes que nous avons à disposition. J’entends autour de moi des voix s’élever dans les airs :

« Chargeeeeeeeez ! YAY ! »

Je ne suis pas une combattante, mais je ne vais pas laisser mon seul frère crever comme un chien. C’est un jeu dangereux auquel je joue, mais je n’ai pas le choix. La bataille est bien engagée dans la prairie, les soldats sont dépassés par le nombre de mongols à cheval, ma charge devrait être la bienvenue. Nous dépassons les archers d’Yijun, qui nous rejoignent dans notre charge. C’est un instant glorieux !

Mon équipe arrive en premier au contact, nous allons plus vite à cheval, mais je suis surprise de la vitesse à laquelle mes hommes chargent, ils dévalent la pente de la prairie comme des forcenés. Je vais devoir prendre note des techniques de motivation de Francis. Je suis la première qui arrive dans la mêlée, je charge sur le premier mongol à pied venu : je le percute de plein fouet avec ma monture ! Francis balaie l’air avec son marteau et percute un cavalier de plein fouet. Gunther utilise une arbalète à répétition ( Chu Ko Nu ) pour tirer sur les archers montés qui tournent autour de la mêlée comme des vautours. Li Guo et les jumeaux chargent dans le tas, je les perds de vue. La mêlée est d’une grande violence, beaucoup de chevaux sont déjà à terre, beaucoup de morts. Il y a trop de soldats de l’Empire au sol, je vais inverser cette tendance.


« Tuez-les tous ! Chargez ! »

Mes hommes arrivent à ce moment-là et rejoignent la mêlée, les lances sont particulièrement appréciées contre les mongols montés. Autour de moi, j’entends des cris, des ordres, des cris, de la souffrance. Alors que mon cheval continue de galoper au milieu de la mêlée, un mongol monté percute mon cheval avec une lance. Je suis renversée par terre, la jambe coincée sous mon cheval. Je suis sonnée. Le mongol se relève : il a perdu son cheval dans l’impact. Mais lui il peut bouger, il s’approche de moi avec son épée courte. Il s’approche de moi en criant et alors que je vois ma dernière heure arrivée, cet homme est transpercé par une lance au niveau du torse. Le soldat s’effondre sur le côté.

« Ah, tu l’ouvres moins ta grande bouche, hein mon salaud ! »

Francis est comme déchainé, il soulève le cheval que je puisse dégager ma jambe : il est couvert de sang, sa tête est rouge comme le sang. Son vieux marcel blanc est rouge sang, du sang de nos ennemis.  

« C’est l’hypertension, vous en faîtes pas !
- Où est mon frère ?!
- Je sais pas ! »

Nous sommes interrompus par les combattants ennemis, Francis s’en charge. Il fait voltiger son marteau en faisant tomber un, l’autre se prendra un coup en plein visage. Je regarde autour de moi, je cherche mon frère. Je vois Li Guo qui se sert sa colichemarde pour bloquer une attaque ennemie, ses chiens se jettent sur les jambes du pauvre mongol qui finit transpercer par l’épée du jeune homme. Je vois que les travailleurs se défendent comme ils peuvent, mais ils sont dépassés par la rapidité des mongols et leur sauvagerie. Yijun a rejoint le combat au sol aussi, il se démène comme un démon pour protéger Gunther qui toujours sur son cheval, essaye d’abattre des ennemis à distance. Yijun se bat glorieusement à l'épée longue. Ils arrivent à maintenir une belle cadence de coups malgré les nombreux adversaires. J’aperçois enfin les jumeaux qui se battent côte à côte, ils sont effectivement très agiles, les mongols n’ont pas d’avantages avec eux. Les jumeaux ont un style de combat singulier : ils sont complémentaires et se battent réellement ensemble. Ils exécutent de petites coupures, puis lorsque l'adversaire est affaiblie, ils leur tranchent la gorge. Efficace, rapide et mortel. Francis n'est pas le plus efficace des combattants, mais c'est certainement le plus impressionnant avec ses larges coups de marteau de guerre. Il écrase ses adversaires pour des mouches.  

« Battez-vous de toutes vos forces ! » Personne ne m’entend vraiment d’ici.

C’est à cet instant que je vois une boule de feu, je ne sais pas d’où elle vient, elle explose sur les soldats de l’Empire, qui meurent dans les flammes. Je suis projetée par le so
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J’ouvre les yeux, je suis allongée dans un chariot. Je pose la main sur ma blessure, il n’y a plus rien. Yijun me regarde et sourit :

« Tout va bien, j’ai soigné votre blessure.
- Il n’y a pas de cicatrices ?
- Non, je l’ai fait par magie.
- Merci… Que s’est-il passé ? Depuis combien de temps je dors ?
- Nous avons gagné la bataille. Votre frère est en vie, si vous avez la force vous pouvez sortir. Vous avez dormi pendant huit heures. Nous sommes en fin d’après-midi maintenant.
- Oui, je veux sortir. Je dois voir le champ de bataille. »

Il m’aide à me relever. Je remets correctement mes cheveux. Ma tenue est déchirée au niveau de la blessure : au moins il n’en a pas profité pour jouer au pervers pendant mon inconscience. La lumière du soleil me fait un peu mal aux yeux, Yijun me donne une lance sur laquelle je m’appuie pour marcher. Je vois que la caravane est intacte. Parcontre le champ de bataille, c’est une autre histoire. Je vois de nombreux corps au sol, les soldats de l’Empire survivants trient les corps. Les chinois d’un côté, les mongols de l’autre. Un homme à cheval s’approche de moi, il s’agit de Gao. Il est en vie ! Il descend de sa monture et me prend dans ses bras délicatement pour ne pas appuyer sur ma blessure.

« Je suis si content que tu sois remise ma sœur !
- Moi aussi mon frère. Tu as cru que j’allais t’abandonner pas vrai ?
- Pas un seul instant ! »

Nous rigolons un peu. Pas trop, ce serait irrespectueux de ceux qui sont morts.

« Fait moi la visite du champ de bataille.
- Très bien. Je te préviens, c'est un triste spectacle. »

Nous avançons vers les corps, l’impact des deux boules de feu ou des sphères explosives, je ne saurai comment les décrire, est encore présent.

« Sur mes trente soldats, dix-neuf sont morts. Les onze survivants sont blessés mais ils devraient se remettre. On t'a retrouvé à cet endroit, près de la zone d'impact. Tu étais inconsciente et tu avais perdu beaucoup de sang. J'ai cru que tu étais morte. Heureusement, l'agent Yijun sait utiliser la magie de guérison.
- Je l'ignorai. Je le remercie personnellement. Et de mon côté, combien de morts ?
- Onze de tes travailleurs armés ont survécu, deux sont blessés grièvement. Neuf mercenaires ont survécu. L’un était grièvement blessé, il a demandé à ce qu’on l’achève pour qu’il ne souffre pas. Nous avons accepté.
- Les mongols sont tous morts ?
- Non, selon ce que m’ont rapporté les hommes, cinq se sont enfuis.
- Combien sont morts ?
- Trente-huit.
- Ce n’est pas assez.
- Ne soit pas trop vindicative, la guerre est une chose amère.
- Va dire ça aux familles des hommes qui sont morts. »

Je remarque des formes familières près des tas de corps. Mon équipe. Ils sont en vie, c’est une chance. Ils sont encore sales de la bataille, ils ont dû tuer beaucoup d’hommes vu la quantité de sang et de terre sur eux.

« Madame Song ! Vous êtes en vie ! Ja ! Ja ! » crie Gunther, visiblement content de me voir.

« Nous savions que vous étiez forte, mais vous nous avez impressionné ! Cette charge dans la bataille était belle. » disent les jumeaux.

« Madame Song, je suis pas un émotif, mais cette bataille m’a rendu un certain goût pour la vie. Qu’est-ce qu’ont fait de ces fils de p**** ?
- Des corps, vous voulez dire ?
- Ouais, moi je serai pour qu’on envoie un message aux prochains abrutis qui voudraient s’en prendre à nous.
- J’ai déjà une idée. Vous avez trouvé le corps du chef de la meute ?
- Oui, le voilà Madame ! » dit Li Guo.

En effet, ils ont disposé le corps du chef des mongols à part. Il n’est pas mort de l’explosion. Le souffle de l’explosion l’a projeté dans les airs, tout comme moi, sauf que lui a atterri sur une lance. Il est mort embroché comme un cochon, et non je ne manque pas de respect à Gunther.

« Les jumeaux, vous qui venez d’un autre monde : savez-vous comment on déshonore un homme en Terre des Dragons ? Un Han ou un Mongol en tout cas ?
- Euh… Non.
- Comment vous faîtes ?
- On lui coupe les cheveux. »

Je prends un couteau et je m’approche du cadavre. Je prends ses cheveux – j’indique que je remets mes gants avant, je reste hygiénique, même dans l’adversité- et je lui coupe sauvagement. Je prends sa crinière et la répand sur son corps.

« Voilà. »

« Maintenant que je me suis vengée, nous allons venger les soldats morts pour que nous puissions vivre. Prenez une dizaine de têtes du tas, tranchez-les et placez-les sur des pics. Cela servira d’avertissement à ces sauvages.
- Ce ne sont pas les méthodes de l’Empire Huayan.
- Ça tombe bien : je ne suis pas l’Empire. Veuillez procéder. » dis-je, autoritaire.

Francis et Yijun se chargent de faire ce sale travail, les autres ne sont pas nécessairement volontaires pour cette tâche. Ils sont d’accord pour le principe de venger nos compagnons d’expédition, mais tranchez la tête d’un mort, n’est pas chose facile. Moralement parlant. Une fois la tâche accomplie, les corbeaux et autres vautours commencent à se masser dans les airs. Les mongols ont offert un beau festin pour eux.


« Allons honorer nos morts. »

Nous nous éloignons et regroupons les tas appartenant à l’armée impériale et à notre corps expéditionnaire. En d’autres lieux, nous pourrions ramener ces corps à la ville, cependant, il reste encore une journée de marche, si ce n’est plus avec le retard que nous avons pris. Les corps risquent de pourrir pendant le voyage et d’apporter des maladies dans Xi’An. Nous allons devoir faire de notre mieux ici. Gao relève les identités des soldats morts, je fais de même avec les travailleurs et les mercenaires. C’est difficile de compter ses propres morts. Une épreuve psychologique se présente à moi. Je commence par les travailleurs, Gunther me confie la liste. Je dis un nom et il me présente le corps.

« Chang Zhou. Deng Tai. Cai Guanting. Qiu Ping. He Jia. Meng Hui. Chen Ah. Kang Zexian. Liao Kun. Zhao Shi. Lin Chen. Fan Qing. Long Jiang. Han Jiahao. Zhan Wen. Lian Mu. Gu Xuegang. Xiao Ru. Yang Hai. » dis-je, sérieuse mais avec un brin de tristesse dans la voie. Beaucoup étaient jeunes. Est-ce ma faute ou celle des Mongols ? Question de point de vue j’imagine… Je n’aurais pas dû les entraîner là-dedans. Ils n’étaient pas des guerriers. Dix-neuf morts.

Je me dirige vers les mercenaires. Même processus, avec Yijun cette fois-ci.

Quatorze morts.


« Deng Zhenkang. Shi An. Xun Ping. Du Su. Tao Hu. Wei Hong. Frederick Gilliam. Cory Blevins. Tommy Bray. Ray Thornton. Lucas Vérany. Fernand Touchard. Samo. Samuel White. »

Nous sommes prêts. Nous nous éloignons un peu. On amène de l’encens et de l’huile. La tradition chinoise veut que nous brûlions les corps. Pas de mise en terre, très rare. L’incinération est le plus pratique dans notre cas par ailleurs. Le bucher funéraire est prêt. Nous nous agenouillons devant les corps. Nous prions un moment, à genou devant eux. Lorsque le moment est venu, nous nous relevons et lançons la crémation. Nous jetons deux torches sur l’huile et les corps s’embrasent peu à peu. Nous faisons en sorte que tout brûle, qu’aucun corps ne restent. Une fois ceci fait, nous nous éloignons. Mon frère me dit encore une fois à bientôt. Je lui redis de faire attention. Alors que je retourne vers la caravane, toujours en m’aidant de la lance, Yijun s’approche de moi.

« Tenez. Avant que vous arriviez, j’ai trouvé ça sur le corps du chef mongol. » dit-il en sortant quelque chose de sa poche.

Il me glisse quelque chose dans la main. Je m’arrête, il s’éloigne de moi. Il s’agit d’un parchemin avec… Mon sceau ?! Je lis le contenu. Je suis stupéfaite : il s’agit du message codé que j’avais fait parvenir à mon frère pour indiquer notre lieu de rendez-vous. Il s’agit d’un original. Mon frère n’a pas pu organiser cette attaque, il n’a aucune raison de le faire contre moi. Parcontre, les autres officiers de la garnison… Quel idiot ce Gao ! Il aurait dû prendre le message avec lui, pas le laisser à la garnison ! J’enrage. C’est ainsi que désormais je sais qu’il y a quelque chose qui se trame : cette attaque n’est pas un fruit du hasard. Ma vengeance sera terrible.

Après un voyage relativement calme par rapport à la bataille, nous rejoignons la clairière où le vaisseau de Francis est toujours camouflé. Je décide de faire un discours du haut d’une charrette : impossible pour moi de tenir sur un cheval. Même si ma blessure est guérie, je ressens encore la douleur dans mes chairs.

« Mes amis, je vous remercie de votre dévotion durant cette expédition. La Shin-Ra n’est pas ingrate, chacun d’entre vous toucherez une prime de risques supplémentaire à votre salaire existant. La somme qui normalement aurait due être accordée aux autres mineurs seront versées à leurs familles. Les combattants mercenaires sont également concernés par cette prime. Pour des raisons évidentes de mémoire et de sécurité, je vous demanderai de ne pas ébruiter ce qu’il s’est passé pendant cette expédition. Je vous en remercie, et bon courage à tous. Vous en aurez besoin. » dis-je, au bord de l’épuisement.

« Gunther et Yijun, faites-en sorte que tous ces hommes et leurs familles touchent leurs salaires plus une prime. Li Guo et les jumeaux, aidez-les du mieux que vous le pouvez. Ils le méritent tous.
- Ja Madame Song ! 
- Je vais rentrer avec Francis au Vaisseau-Mère. On vous enverra un transporteur demain matin. Tâchez d’avoir fini le travail d’ici-là et chargez les chariots de gemmes dès que le vaisseau arrive.
- Nous ferons selon vos ordres Madame Song.
- Merci… Merci à tous. J’ai une dette envers vous. Envers vous tous. »

Francis m’aide à monter dans le vaisseau. Je fais un dernier signe de tête à mon équipe pour lui dire au revoir, la porte se ferme. Je m’assois, j’ai encore mal à ma blessure.

« Je suis content que vous ayez survécu Madame Song. C’est pas pour vous vexez, mais honnêtement, vous êtes vraiment une femme qui a des c*******.
- J’apprécie le compliment, merci. Rentrons au Vaisseau-Mère, nous avons beaucoup à faire. Ma blessure me relance, j’espère que cela ne durera pas longtemps.
- Tout de suite Madame ! »

Le vaisseau de Francis décolle, nous voyons nos confrères en bas nous dire au revoir. Puis nous nous élevons dans le ciel, direction le Vaisseau-Mère. Je m’endors sur ma chaise, épuisée, blessée, meurtrie par cette expédition.

Je vous en fais la promesse : ce n’est pas… Terminé.
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Ayé ! J'ai fini !

Alors... la note ne va pas forcément être aussi longue que ton RP j'te préviens ! Faut pas que t'en sois déçu de toutes façons. Quoi que je dise par après, j'ai bien aimé ce RP.

Pour plusieurs raisons. C'est le récit d'un véritable voyage qu'on a là. On a l'épreuve du voyage, du background pour Francis, Yujin et ton personnage. C'est cool, j'aime bien. Bon, j'vais pas t'dire que la meilleure histoire c'est celle de Francis, parce que c'est évident.

Mais ouais, j'ai bien aimé que tu prennes le temps d'expliquer tout ça. Tu prends le temps de décrire les mecs, les lieux... La bataille est très bien décrite aussi. Cerise sur le gâteau ? Parler de l'éthique et de la responsabilité de la Shinra !

Après, certaines fois, y'a des trucs qui marchent moins bien. Tu as aussi des mots qui manquent par moment. Est-ce que c'est grave ? Non, pas trop. Est-ce que c'est excusable ? Bah vu la taille du texte, ouais j'pense ^^ Mine de rien, c'pas si évident que ça de faire un texte aussi long.

Du coup ouais, a froid ce que j'en retiens, c'est une épopée, du développement de personnage, de la bonne description de combat... En somme, ça fait de ton RP un bon RP. C'est dommage que la taille puisse rebuter certains lecteurs, parce qu'il vaut vraiment le coup d'être lu !

J'suis assez content. En plus, t'as pu faire ce que tu voulais en Terre des Dragons. Moi, j'ai eu ce que je voulais aussi. C'est parfait ! Juste une petite chose... pense à faire attention à tes PS. T'as certes 30 de psychisme, mais t'as 5 et 6 de force et défense. Faut vraiment que t'améliores ta défense, là t'es plus fragile qu'un mec normalement constitué.

Allez, pour la durée, les conditions, et tout ça, ce sera difficile :

40 points d'expérience + 370 munnies + 4 PS, tous en défense. ZBREH.
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