Surkesh marche, à pas volontairement lent et peu pressé, trainant ses longues pattes dans la direction indiquée avec toute l'énergie d'une bête qui va à l'abattoir. A sa suite, Safety le suit de près tout en le tenant en joug de son flingue à gros calibre. Dans la sombre rue, seulement éclairée par des lampadaires, le sans-cœur observe le soleil noir qui fait le jour, sans lune ni étoiles, plus sombre que la nuit elle-même. Ca lui avait manqué, tout ce temps. Déjà lorsqu'il était humain, Surkesh aimait ces rayons de ténèbres qui irradiaient la citée du crépuscule... et aujourd'hui plus encore. Comme si c'était hier. L'envoyé des mercenaires se souvenait de ces rues qui vont et viennent et montent et descendent et s'entrecroisent en tout sens tel un dédale urbain de bâtiments de différentes formes et hauteurs. Une ville pleine de cachettes, idéale pour rôder tout en se dissimulant dans l'obscurité. La faible luminosité a ses avantages... l'endroit est plongé dans les ténèbres que Surkesh prétend maitriser et dont il est fait, ça le renforce... l'aide à se faire discret. Son ombre, en revanche, est bien moins dense et étendue, de facto plus faible ce qui n'est pas le cas du reste de son arsenal.
Brusquement, la créature se retourne et attrape entre ses griffes la main armée d'un flingue de son escorte. En simultané, son autre main fait naitre dans un grande geste un espace insonorisé englobant le garde noir. Le coup de feux part, laisse une balle encastrée dans le sol mais sans un bruit. L'instant d'après, des filets d'énergies violets entoure le bras libre du sans-cœur en hélices... se rejoignent au niveau de ses griffes et forment une lame dans le prolongement de son bras comme les fils forment la corde. Surkesh plonge ensuite sa matière noire dans la gorge de sa victime et lui dévore le cœur. Le corps disparaît alors, dévoré par sa propre ombre et le sans-cœur qui en nait est à son tour anéanti.
Le sans-cœur regarde la douille au sol, le visage stoïque mais intérieurement très déçu et frustré.
Ses deux sorts se dissipent alors que la créature se met en route de l'usine d'armements, à une centaine de mètres environs de là. Rien ne sert de courir, il lui faut être furtif, pas nécessairement rapide. Ca se positionne alors sur ses quatre membres pour se déplacer, doucement, avec précaution. Ne recourant point à la vue mais à sa détection magique pour situer les nombreux gardes noirs qui font la sécurité ici, Surkesh en détecte un sacré nombre et pour cause. On trouve ici leur caserne, leur intendante... ainsi que leur fabrique d'armes à feux et d'explosifs. Rien à voir avec un quartier touristique, c'est le moins qu'on puisse dire.
Par chance, la citée du crépuscule n'est pas seulement sombre... c'est aussi, comme je le disais déjà plus haut, une ville incroyablement compliquée. Un dédale de rues et de bâtiments de différentes formes et largeurs et hauteurs qui vont et viennent et montent et descendent pour un résultat chaotique. Si la Coalition Noire a, depuis le temps, semer une forêt de lampadaires en son Q.G, l'on trouve encore quelques ruelles, par-ci par-là, qui se font coupe-gorge dans une obscurité dès plus dense. Le sans-cœur progresse donc dans le labyrinthe, évitant les gardes noirs en ronde avec aisance. Certes ils sont nombreux... mais pas assez pour être partout et tout le temps à la fois. Capable d'en percevoir la présence sur vingt mètre, ce n'était pas si compliqué pour Surkesh de se glisser entre eux comme l'eau passe entre les interstices d'une vieux mur de pierre. Hélas, ça ne peut être si facile que ça non plus... plus on approche de l'usine, plus la surveillance se fait oppressante et les ennemis denses. Parmi toutes ses qualités, la détection magique ou sensorielle des gardes noirs ne dépasse pas celle d'humains communs. A ras du sol, recouvert d'un sort d'invisibilité éphémère, à couvert de l'ombre, le sans-cœur diminuait la distance qui lui était permise d'avoir entre lui et les sentinelles sans que ces dernières ne le détectent.
L'usine apparaît alors, en vu pour le monstre qui se retrouve soudain dans une impasse. Après les rondes extérieurs, qui ont toujours lieu et le force à rester en mouvement constant, voilà qu'apparaissent à son grand dam des postes fixes. Toutes les entrées de l'usine sont gardés par des hommes -mais aussi quelques femmes- armés jusqu'aux dents. Alors oui... Surkesh pense bien à les éliminer un par un, discrètement... mais de base, il lui faudrait les éliminer deux par deux au minimum puisqu'aucun garde ne se ballade seul. Et s'il le fait... en admettant qu'il y arrive sans un bruit... on comprendra forcément que quelque chose ne va pas dans les plus brefs délais. De toute façon, il n'y arriverait pas sans bruit. Donc... seule solution... choper l'entrée où la sécurité y est la moins dense et entrer en force aussi rapidement que possible pour, ensuite, se cacher dans l'usine. A partir de là, la sécurité se mettra en branle et les choses vont rapidement devenir tendu dans le coin.
Bordel, pensa-t-il... il lui faut récupérer Kano l'ingénieur. L'ayant lui-même recruter du temps où il était humain, Surkesh connaît un peu le personnage. A la base, il a quitté la terre des dragons puisque devant de l'argent aux triades et s'est alors mis à travailler pour le consulat au jardin radieux ; dès lors, il s'est mis à devoir de sous à picsou.
A ce moment-là, dans son usine de l'époque, il avait prévu un vaisseau pour s'échapper au cas où... et le sans-cœur est sûr qu'il en a prévu un dans cette usine là aussi. Après tout, si l'artificier avait prit ses précautions pour le Consulat, il les a forcément prise pour un groupe comme la coalition sacrément réputée pour être terriblement intraitable. Ce vaisseau va être le seul ticket de sortie possible pour Surkesh. Par contre, Kano est un opportuniste fini qui, évidement, ne pense qu'à son intérêt. Qu'il trahisse la Coalition Noire ? Oui, c'est tout à fait possible... mais pour faire quoi au juste ? Si le sans-cœur l'exfiltrait pour le ramener à la Shinra, alors là oui, il aurait tenté de le convaincre puisque ça serait dans l'intérêt et le profit de Kano. Sauf que le Centurio... ? Ca ne fait pas rêver, très honnêtement, surtout avec la longue liste de leurs problèmes bien connu. Soit... ca va être un kidnapping en règle. En résumé : Surkesh est ici seul, sans allié, entouré d'ennemis... et va le rester jusqu'à son départ de ce monde.
Suffirait qu'il sache voyager entre les mondes comme savent le faire même les plus faibles de sa race, ca serait déjà plus simple... mais non, comme toujours avec Surkesh, il faut que ça soit compliqué au possible.
« Quand faut y allez... » Pensa le sans-cœur pour lui-même, considérant l'option de faire machine arrière. Pourtant, il s'y refusa. Son égo voulait récupérer l'ingénieur, quelque chose en lui désirait ardemment prouver que Surkesh... peu importe son incarnation... n'est pas à prendre à la légère. Démontrer, ne serait-ce qu'à lui-même, que son existence a de l'importance et un impact. Qu'il n'est juste pas une créature comme une autre. « ...faut y allez. »
Depuis une ruelle, les plus attentifs aperçoivent un grappin de matière noire qui fend l'air et brise le verre d'une fenêtre pour s'agripper au rebord. Soudain, la corde rétrécit et hisse... une forme transparente jusqu'à l'intérieur de l'usine. A partir de là, l'ambiance devient incroyablement tendu, la garde noire se met en alerte en réaction au verre brisé. Surkesh, lui, se viande brutalement à l'atterrissage mais se relève, presque comme si de rien n'était et se rue à la recherche de l'ingénieur. Par chance, l'usine est particulièrement bien éclairé... l'empêchant d'être aussi furtif qu'au dehors mais lui offrant une ombre bien plus ample et dense. Celle-ci se déforme, suit son maitre et reste changeante, balaye quiconque sur son passage... enveloppe soudain le sans-cœur qui se fige pour contrer des jets d'explosifs. L'ombre s'étend jusqu'à se dissoudre sous l'effet du flash de la lumière.
Puis arrive le grappin, ensorcelé d'un sort mental, pour ligoter ces quelques agresseurs... gardes noirs ou subalternes de Kano ? Surkesh poursuit sa route en sprintant pour sa vie.
On rentre alors dans le vif du sujet... son grappin se dissipe et son ombre est revenu à la normale... alors que le sans-cœur court comme un dératé, redevenu visible dans l'usine... il arrache péniblement une grille d'aération et reprend forme humaine pour se glisser dans les conduits. Le temps joue contre lui... et il doit se dépêcher alors que le bâtiment se remplit déjà de gardes noirs... mais honnêtement, ce n'est pas ce qui l'inquiète le plus.
Dernière édition par Surkesh le Mar 3 Oct 2017 - 15:24, édité 1 fois