Dès le matin, les oiseaux quittent les branches... comme un collier qui s'égrène, on les voit s'éparpiller dans l'air bleu, touts blancs ! Et se poser plus loin sur quelque toit. Oh ! Les charmants oiseaux joyeux ! Comme ils maraudent ! Comme ils pillent ! Où va ce tas de petits gueux, que tous les souffles éparpillent ? Ils s'en vont au clair firmament. Leur voix raille. Leur bec lutine. Ils font rire éternellement... la grande nature et enfants de Chine. Ils vont aux bois ! Ils vont aux champs ! A nos toits remplis de mensonges... avec des cris ! Avec des chants ! Passant et fuyant, pareils aux songes. Comme ils sont près du ciel vivant, de l'aurore fraîche et douce. Ces gais bohémiens du vent n'amassent rien qu'un peu de mousse ! Toute la terre est sous leurs yeux... et le poète met, pour ces purs êtres frêles, un triomphe mystérieux dans la légèreté des ailes. Atteignent-ils les astres ? Non... mais ils montent jusqu'aux nuages ! Vers le rêveur, leur compagnon, ils vont, familiers et sauvages. La grâce est tout leur mouvement, la volupté toute leur vie ! Pendant qu'ils volent vaguement, la Chine immense est ravie. L'oiseau va moins haut que la fusée, c'est l'ivresse dans la nuée. Vénus pouvait bien les prêter à cet artiste débridé !Orchestre du Très-Haut, bardes de ses louanges ! Ils chantent à l'été mourant des notes de bonheur ! Ils parcourent les airs avec des ailes d'anges, échappés tout joyeux des jardins des seigneurs. Ceux-là qui sur face au Consulat meurent. Les plumés remplissent le ciel de musique et de joie : la jeune fille embaume et verdit leur prison, l'enfant passe la main sur leur duvet de soie, le vieillard les nourrit au seuil de sa maison.Certains, parmi les plus malins, se saisissent des petits parchemins... ceux-là qui sont accrochés à leurs écrins. Entre leurs plumes, on trouvera des petits parchemins. Ils sont signés Consulat, marqués de son emblème flamboyant. On y découvre des poèmes, au hasard, qui vante le triomphe des consuls et compte la chute des dragons ! Car oui, mes amis, sachez-le ! Ce sont bien les passionnés qui ont vaincus Tian-Long et Shen-Long ! Et toute la chine le sait désormais... là où pleuvait les flammes ; là où grondait l'orage ; le ciel, désormais, pleure de joie milles poèmes. Des poèmes sur le triomphe ! Des poèmes sur l'espoir ! Des mots qui rimes et qui vers, ou pas, simplement des mots ! Des mots qui chantent la gloire d'une Chine débarrassé du joug des Dragons à tout jamais ! Des rizières jusqu'à la chambre de l'empereur, tous sauront qu'ici, le Consulat ne fait pas que parler !
Les victoires sur l'opinion se gagnent comme les victoires sur le champ de bataille, par l'éclair de l'inspiration, la rapidité de la résolution, la justesse du coup d'œil, la présence de l'esprit, la fermeté du caractère, la connaissance des hommes. Parler de poésie chinoise serait un pléonasme... la Chine est déjà le plus beau des poèmes à elle toute seule. La Chine c'est trois mille ans de perfection, tant dans son art de vivre que dans l'art lui-même et sa culture. Élégance, beauté, cruauté, raffinement, philosophie, subtilité, science, médecine, poésie, art des nuances, elle a tout créé, tout inventé, tout donné au monde. Sans la Chine, sans son écriture, sa peinture, son art du paysage, sa sculpture, sa cuisine, sa pensée, l'humanité ne serait qu'un brouillon de civilisation, une plate, veule et vile tentative pour l'homme de se hisser hors du néant. Sachez aussi qu'un unique vers d'un poète inconnu, un seul trait du pinceau raffiné d'un calligraphe, un unique air de flûte tremblant dans la nuit sous la lune au bord du Yang-Tsé, peut racheter toutes les erreurs commises de par le monde.
Arthur se baladait...
L'épouse d'un guerrier est assise près de sa fenêtre. Le cœur lourd, elle brode une rose blanche sur un coussin de soie. Elle s'est piqué le doigt ! Son sang coule sur la rose blanche, qui devient une rose rouge. Sa pensée va retrouver son bien-aimé qui est à la guerre et dont le sang rougit peut-être la neige. Elle entend le galop d'un cheval... son bien aimé arrive-t-il enfin ? Ce n'est que son cœur qui bat à grands coups dans sa poitrine. Elle se penche davantage sur le coussin et elle brode d'argent ses larmes qui entourent la rose rouge. Combien sont-elles dans ce cas ?
Au moins sauront-elles, qu'à tout jamais, le Consulat est là !