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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

Le Deal du moment :
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HRP : ce RP est une suite directe à Bouc Emissaire.

Non Agon ne s’était pas offusqué que l’on parle de prêtre comme d’un « métier ». Après tout, c’était bien la vision qu’il en avait. Un médiateur-psychologue-orateur aussi loin que l’avaient porté ses missions. Il n’avait pas non plus vraiment relevé que l’on puisse remettre en doute l’existence des Eternels. Après tout, ce ne serait pas la première non-croyante qu’il croiserait, bien que la Citadelle soit particulièrement exposée au Culte d’Etro. Vesper, sous le masque d’une simple civile, avait en fait eu bien de la chance.

Néanmoins… question difficile que cette jeune femme lui posait. «  Je le prends pas mal non, vous en faites pas. » Comment lui répondre ? — Agon prenait un court instant de réflexion. « Comment vous dire… »

La voix sèche de Villiers le coupa net. « La Foi ne s’ébranle pas à la première épreuve venue. Ou bien ce n’était pas de la Foi. Mais une sorte de croyance, juste là pour se dire que tout ira bien et que si ce n’est pas le cas, on peut rejeter tout le mal subi sur elle. » Son regard, passé sur ses deux protégés, était aussi dur et aiguisé que l’était la lame de son épée.
Il y allait… peut-être fort.
Cette Claire semblait toute fébrile et tremblante depuis qu’ils étaient partis, et s’il y avait une chose que le paladin ne possédait manifestement pas, c’était du tact. Ou de la diplomatie. Il était temps de rattraper tout ça. Agon avisa la réfugiée d’un sourire qui se voulait rassurant.

« Mon camarade est un peu à cran, dit-il en baissant d’un ton. Il faut lui pardonner son ton dur. Je vais essayer vous répondre un peu mieux. »

Ce n’était pas la première fois qu’on le questionnait sur l’objet, ou bien la difficulté, ou non, de son office. Souvent, dans de petits villages de campagne où il n’y avait guère de prêtre pour résider à l’année. Et Agon avait fini par trouver des éléments de réponse qu’il jugeait assez satisfaisants.
En fait, selon les grands spécialistes de la doctrine religieuse, il faisait partie de la mouvance tolérante du culte. Il en était des plus rigides et fanatiques donc, mais lui préférait se représenter un Sanctum à l’image de celle qu’il avait de son entité patronne. La générosité, le pardon, la tolérance.

Claire avait peut-être froissé Villiers. Quelque part, elle sous-entendait que la Foi puisse être bien aisément balayée. Mais aussi loin qu’Agon était concerné, il ne s’en refroidirait pas.

« En vérité, c’est compliqué de vous répondre. Enfin, oui et non. Ce que je peux dire déjà, c’est que ce ne sera pas facile pour moi, oui, mais comme pour tout le monde. On va tous avoir des tâches difficiles. Vous aussi. Alors… — lâcha-t-il tout en soulevant un pan de sa soutane, afin d’éviter de se prendre les pieds dans une racine — je serai présent comme possible.
J’ai bien conscience que les gens du Domaine ne sont pas des enfants qu’on pourrait « cajoler ». Comment dire… dont on sècherait les larmes, et puis tout irait d’un coup mieux. L’une de mes tâches, c’est de les accompagner en veillant à ce que les valeurs de celle que je sers demeurent. Pour moi de la générosité, du courage, de la tolérance. De la compassion aussi.

Aider à se relever, ne pas sombrer, d’un côté. Et puis de l’autre ne pas se redresser porté par la haine, la recherche de la violence.
Croyez-moi. On peut parfois se « remettre » d’une tragédie, mais d’une façon bien plus néfaste qu’autre chose. Pour l’âme s’entend.
 »

Le prêtre prit le temps de lever le nez vers les branches des arbres au feuillage verdoyant. Le soleil perçait de quelques rayons dorés et chaleureux ces ramées en un spectacle apaisant. C’est un bruit qui avait attiré son attention — et ce n’était au final, rien qu’un écureuil qui s’échinait à rejoindre son abri. Une petite boule de poils rousse aux yeux ronds et brillants, qui s’arrêta un tout petit instant pour observer ces intrus qui composaient l’expédition du Sanctum en quête d’eau. Puis qui repartit aussi vite qu’il était venu. Agon ne l’avait même pas vraiment observé.
Il en avait vu bien trop, de ces gens qui avaient sombré plus qu’ils ne s’étaient remis.
Et il n’y avait souvent rien à y faire. Pas sans déployer des efforts surhumains. Malgré son discours optimiste, il doutait franchement de sa capacité à pouvoir réellement changer les choses.
C’était bien un propre des tragédies.

« Enfin, bref, s’entendit-il souffler en revenant à son interlocutrice, peu aisé, mais aussi… ou peut-être surtout parce qu’extrêmement difficile et douloureux pour… « ces gens », comme vous di — … disons pour tous. » — après tout, elle en faisait elle aussi partie, même si elle semblait se considérer hors du groupe. Il l’examinait rapidement du regard, jusqu’ici encore un peu ailleurs. Veiller à ne pas l’avoir plus retournée que Villiers. Il sourit, mais de façade. Quelque chose dans ce qu’il avait dit, dans cet échange, le dérangeait un peu. Sans qu’il sache quoi. Sûrement son discours bien trop positif par rapport à sa pensée, il s’en convainquait. « Pour ce qui est de la Foi, reprit-il, je crois qu’elle vient ensuite. Il faut déjà voir et croire en ce qu’Etro incarne, pour voir et croire en elle. Et puis j’aime me dire qu’elle préfère un monde où ses valeurs sont en chacun, qu’un monde où on s’attache à tout prix à ce qu’on vénère son nom. » Villiers leur jetait des regards de temps à autres, tendant l’oreille à ce qu’ils pouvaient se dire. Sans nul doute, il grincerait des dents à entendre les propos de l’homme de foi. Heureusement, peut-être, ce ne semblait pas être le cas.

« Nous nous arrêtons ici. » — encore caché par quelques fourrés, l’un des étangs clairs de la forêt s’apprêtait à se dévoiler à eux. Ses oiseaux chantants, son eau calme, sa brise légère. Au loin, une petite file de canards qui profitait de cet espace de quiétude infinie et éternelle. Agon avisa Claire avec un léger haussement d’épaule qu’il n’avait su contenir. « Il faut croire que même cette forêt trouve que ma réponse prend des tournants bien trop philosophiques. » — il esquissa un sourire tandis que le petit groupe d’intrus progressait jusqu’aux berges.

Remplir les gourdes, ou encore le petit gobelet, ne prit pas bien longtemps. Villiers avait insisté pour que le prêtre et la civile restent en retrait, couverts par la végétation, pendant qu’il s’exposait en allant chercher l’eau. Quelques aller-retour qui furent l’occasion de brefs échanges.

« — Quand avez-vous perdu trace des membres de votre famille ? Villiers est plutôt bien au courant concernant l’évacuation, il saura peut-être vous aider à les retrouver plus facilement.
- De quel quartier venez-vous ? Ce sera un début. »
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Je pus croire un instant qu'il était devin. Je ne pouvais que me sentir que concernée par cette idée. Une personne qui se serait remise d'une tragédie en prenant un chemin qui destinait son âme aux enfers. Et s'il y avait quelque chose en laquelle je devais croire, n'était-ce pas ces Enfers, qu'elles soient d'Hadès, sous terre ou parmi les autres, parmi les vivants ? Je n'avais eu de cesse de rencontrer ces Enfers au long de mon parcours, et à chaque fois que la lumière s'était faite un peu plus forte on m'avait rappelé qu'il était déjà trop tard pour ça, « trop tard pour toi ».

Mais il ne pouvait parler directement de moi, car il ne me connaissait pas, il ne connaissait qu'une « Claire » perdue.

Je restai en retrait comme ordonné lorsque nous nous arrêtâmes à proximité des étangs, admirant le paysage si placide qu'il semblait n'avoir jamais été touché par main d'homme. Je regardais les bottines boueuses de notre accompagnant maculer le tapis vert. A première vue, il était totalement inoffensif mais s'il on y mettait le pied, on n'était pas totalement sûr d'en sortir vivant.

Je m'étais contentée de rester muette lorsqu'il m'avait parlé de la dure tâche qui l'incombait. Cela pouvait passer pour une forme de respect de la part d'une personne ne croyant pas mais respectant l'espoir des autres. La vérité était toute autre, je préférais ne pas me risquer à parler d'une culture que je connaissais mal.

Il allait par contre bien falloir répondre à la question qui me fut posée ensuite. Et je ne connaissais ni nom de rue, ni place, ni quartier. Une peur certaine s'empara de mon esprit car le jeu allait prendre rapidement fin s'ils doutaient de ma version. Mais après tout, pourquoi en douteraient-ils ? Je n'étais qu'une femme parmi les autres, pourquoi douter d'une survivante parmi tant d'autres ?

Dans le cas contraire, il allait falloir fuir dans un terrain que je ne connaissais pas et/ou me débarrasser définitivement de cette petite escorte. Je n'avais rien contre ce jeune prête mais au jeu de sauver la vie d'un autre ou la mienne, le choix avait souvent été défavorable aux autres. Dans quelle situation houleuse m'étais-je encore coincée, je ne cessais de me le demander.

J'improvisai rapidement une version vague, peut-être celle d'une femme ne s'attendant pas à être interrogée sur les coordonnées précises de sa maison.

-Ils étaient dans la maison, je... je pense. J'étais partie le matin pour aller chercher un peu de blé.  Allez savoir pourquoi, dans la fumée et en évitant des brasiers, je ne suis même pas parvenue à retrouver ma propre maison.


J'arrivais presque à avoir de la pitié pour cette femme qui avait peut-être perdu pour toujours sa famille dans le souffle infernal du dragon. Non, elle n'existait pas, elle n'était que le fruit de mon imagination survivaliste.

Je reposai mon regard sur notre escorte qui semblait attendre quelque chose. Je sursautai d'un coup, me rappelant la question qu'il avait posée en suite de celle du prêtre.

-La porte, nous n'habitons pas très loin de la porte et de sa herse, vous voyez ? A quelques pâtés de maison de là. Vous pensez qu'ils ont pu sortir par la porte et prendre le pont ?


Je savais que Death et ses sbires étaient entrés justement par cette position et qu'ils avaient du faire beaucoup de victimes. Mais Claire ne pouvait pas savoir tout cela. Quant au dragon, avait-il embrasé cette partie de la ville par laquelle le chef de la Coalition noire avait du s'échapper ? A quel point cet énorme monstre avait-il été contrôlé en vérité ?
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Que sa famille ait pu fuir par la Grand-Porte était à la vérité moins que probable. Prêtre qu’il était, ou prêtre ayant aidé à l’évacuation qu’il était plutôt, Agon savait très bien que les templiers et paladins avaient justement tout fait — tout — pour éviter d’y rapatrier les civils. Les attaquants au sol avaient percé les défenses de la Citadelle à cet endroit.

Mais cela, Claire ne le savait peut-être pas. Claire n’avait peut-être pas, comme il l’avait fait, tendu l’oreille à chaque échange rapide entre les hommes d’armes pour se tenir au courant de l’évolution de la situation. Pour se tenir au courant de tout danger, comme de toute opportunité supplémentaire de survie.

Agon préférait chasser de son esprit que la famille de cette fragile fleur puisse être enfermée vive dans une quelconque cave dont la sortie fut encombrée, ou avoir fini rôtie sur les pavés. Une légère sensation de dégoût lui monta à la gorge, et l’odeur de chair brûlée qu’il avait sentie plus tôt gagna son palais. Sans vouloir mentir — il savait que le paladin ne le laisserait pas passer, pas si ouvertement — il cherchait à la rassurer. Tentait d’arborer une expression calme. Le prêtre posait une main aussi chaleureuse et réconfortante que possible sur l’épaule de Claire. « Nous allons vous aider à les retrouver. »

Son regard fuit la jeune femme pour trouver refuge chez Villiers. Le rouquin conservait des traits emprunts de sang froid — mais il lisait la fatigue dans ses yeux. L’adrénaline qui l’avait porté tombait sur ses épaules, et il réalisait concrètement ce qu’il s’était passé, et ce qui était était à venir. Son ardeur jusque là tenace laissa place à une blessure invisible mais profonde. De celles que les médecins ne savent guérir — mais son ascétique rigidité demeurait là pour cacher cette plaie de l’âme.
L’épuisement qu’Agon lut dans les prunelles de son camarade vint le frapper comme de plein fouet.

Ils étaient vivants.

Mais nombreux ce soir pleureraient plutôt que de se réjouir.

Esquissant un sourire compatissant, Agon savait qu’il devrait briser le silence. « Villiers. Comment devrait se passer la suite des évènements ? »
Il n’avait pas voulu risquer de demander quand la famille de la réfugiée avait pu être évacuée selon ses estimations. Ni même si elle avait pu l’être. Il ne voulait pas lui donner plus d’espoirs qu’elle ne devait déjà en nourrir — et devoir supporter en plus de ses pleurs potentiels, de l’avoir poussée à croire.

« Nous devons attendre, commença-t-il. Lorsque les cloches retentiront ou que les cor résonneront, nous pourrons nous organiser. J’enverrai Allis aux nouvelles. »

Il marqua un temps de réflexion.

« Nous devrons sûrement camper en forêt cette nuit si nous n’avons pas d’instructions. »

Il faudrait, une fois l’attaque passée, éteindre les incendies. Cela prendrait du temps. Il faudrait que les hommes du Sanctum sécurisent la zone. Plus de temps.
Un campement s’organiserait sûrement mais cela ne se ferait pas si vite. Certains civils seraient sûrement redirigés vers les hameaux voisins… mais ils ne pourraient contenir toute une vague de réfugiés.

Le prêtre réalisait bien ça. Un profond sentiment d’usure vint polir son esprit — lui donnant un regard aussi doux que mélancolique. Et qu’il n’avait que rarement arboré.

« Je vois — il dit ces mots en un soupir éreinté. Chaque chose en son temps. Rentrons calmement. L’eau est attendue je crois. »

Il sourit finement.

Ses yeux passèrent de Villiers à Claire, afin de jauger s’ils étaient prêts à se mettre en marche. Un détail qu’il n’avait su remarquer plus tôt accrocha son regard, qui se fit rond une fraction de seconde — « Vous êtes pieds nus ?! »
Une constatation simple mais qui l’arracha à ses réflexions pour une surprise légère. « Attendez on doit… » Villiers fronça les sourcils, alors qu’Agon regardait autour de lui — c’était idiot, aucune paire de bottes n’allait demeurer, là, pendue à une branche. « Je vais vous passer les miennes… on se mettra en route ensuite. »

Il se réconfortait en se disant qu’il avait au moins des chaussettes pour protéger ses pieds…
Il n’était plus à ça près.

Qu’est-ce qui le chiffonnait..? Ah. « Pourquoi vous les avez retirées ? Vous n’en mettez pas pour aller dans les champs ? » demandait-il en s’abaissant.
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J’avais sans doute le teint blafard. Encore une fois, je restais interdite devant une de leur question. Je commençais à me sentir acculée, semblant m’enfoncer dans la nécessité d’une situation plus précise. Et pourtant, plus je serais amenée à donner plus des précisions, plus j’aurais de chance de commettre une erreur, de me contredire à un moment ou à un autre. Je fis un mouvement en avant.

-Non, non, je vous en prie, ce n’est pas la peine, ça ira, je peux faire sans. Gardez vos chaussures, vous en aurez sans doute plus besoin que moi !


Je n’avais évidemment pas pu garder mes bottes, car elles n’étaient pas adaptées pour une villageoise, une mère de famille vivant au Domaine Enchanté dans la plus grande simplicité. Je les visualisais se décomposer dans le brasier. Il fallait vite choisir : continuer à jouer le jeu, inventer autre chose de stupide ou me débarrasser de mes escortes. J’en étais capable et nous étions suffisamment isolés pour que cela ne soit entendu du reste du camp. Pourtant, il y avait des risques, et je ne ressentirais aucun plaisir à blesser ou tuer cette personne qui tentait de se montrer secourable.

Pourtant, je devais me douter que si cette personne doutait de moi, elle n’hésiterait pas à me dénoncer. Bien que cela soit puisse paraître incongru, je répondis avec une pointe de rire. Sans doute était-ce improbable étant donné les circonstances, mais pourquoi pas après tout, et il y avait bien  eu mépris.

-Je crois que vous m’avez mal comprise. Quand j’ai dit que j’allais chercher du blé, je n’allais pas le cueillir… C’est à dire…


En inventant cette histoire, j’avais effectivement visualisé la scène : moi me promenant dans cette ville et me dirigeant vers un marché regroupant quelques fermiers pour acheter mon blé.

-… J’étais simplement sortie ce matin pour l’acheter.


Je levai les yeux vers le ciel de façon puis je replaçai une mèche de mes cheveux derrière une oreille.

-Quant à mes chaussures…


J’essayais de sortir quelque chose de plausible, mais pourraient-ils y croire ?

-Pendant l’attaque, tout le monde courrait dans tous les sens pour se cacher du dragon.  Il faut croire que le souffle d’un dragon est d’une puissance telle qu’on ne peut l’imaginer, une chaleur telle qu’elle s’insinue dans le sol, dans la pierre et qu’elle y reste prisonnière. Après m’être cachée dans une bâtisse avec d’autres gens un moment, je me suis remise à courir. A ce moment là, il n’y avait pas encore trop de fumée, alors je savais où j’étais et où je devais aller.


Je fis une pause pour expirer, cela me permettait de réfléchir au fur et à mesure que j’énonçais cette histoire un peu folle.

-Pardonnez-moi, c’est un peu comme si je revivais la situation…


Je fixai alors le prêtre, l’air plus implacable. Je connaissais le pouvoir de ce dragon, l’intensité de son brasier pour l’avoir combattu moi-même.

-Toujours est-il que plus j’avançais dans cette rue, dévastée par le dragon quelques instants plus tôt, plus je sentais que même le sol était en train de brûler sous mes pieds, et mes semelles avec. J’ai couru aussi longtemps que je le pouvais avec, jusqu’à être hors de danger. Je sentais que le cuir me brulait le pied, alors j’ai tout enlevé. Peut-être le cuir aurait-il fini par fusionner avec la peau..


Je fis mine de lui montrer mes pieds, puis me ravisai. En vérité, s’ils devaient être ampoulés ou abîmés, ce serait plutôt l’oeuvre d’une longue marche à pieds nus. Et s’ils posaient plus de questions… Eh bien il ne me resterait plus grand-chose à faire.
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La fatigue pesait sur le prêtre, était venue éroder sa vigilance. S’il avait cru entendre Villiers se renfrogner à l’évocation du cuir brûlé se fondant avec la chair humaine dans un marasme écœurant… lui resta interdit un très léger instant. Une pincée de temps. La sensation d’un point à l’arrière de la nuque.

Le doute.

Quelque chose de terriblement mauvais était en train de se passer — un peu plus, et Agon aurait pu entendre le bruit des voitures circulant dans les rues d’Illusiopolis, et l’odeur de pisse et d’ordures d’une ruelle sale. Le moment du deal : est-ce que ce mec essaie de m’avoir ?
Cette sensation. Ce doute. Ce point à l’arrière de la nuque. Quelque chose de terriblement mauvais était en train de se passer, oui, et pour cause ; le discours de Claire avait sonné aux oreilles du jeune homme avec une fâcheuse discordance.

Et il ne parvenait pas à se l’ôter du crâne.

Discrète. Hésitante, parfois. Frêle. Son rire l’avait peu fait tiquer à dire vrai. Oui, il l’avait relevé, oui il avait sonné à son oreille mais… n’y en avait-il pas certains qui auraient pu essayer d’en user comme un exutoire pour leur angoisse ? Simplement, il n’y avait pas eu que le rire.
La frêle, discrète, hésitante Claire. Petite chose perdue. Elle avait levé les yeux au ciel en replaçant sa main dans ses cheveux tout en racontant son histoire. Tout en se justifiant. Elle marquait des pauses, mais le prêtre n’y lisait plus la même confusion. Une confusion qui de fait était logique : la jeune femme avait survécu à une expérience traumatisante. Agon avait bel et bien demandé pourquoi elle les avait retirées, ces chaussures. Oui. Mais il ne s’attendait pas à une véritable réponse.

L’attitude de Claire avait changé. Elle s’était mise sur un mode défensif que son interlocuteur connaissait en réalité assez, d’instinct. Temporiser. Elle temporisait. Se donner du temps était bien souvent salvateur. Il fallait seulement savoir le faire correctement — et Claire se perdait et s’empêtrait dans des explications inutiles. Son récit de l’attaque était presque trop posé. Pas assez d’hésitations, pas assez d’expressions marquées par la peine, par l’horreur.
Claire avait trop de recul. Un peu ? Bien trop ? Quoiqu’il en était, cela remettait en perspective une partie de leurs échanges.

Agon esquissa un sourire qui se voulait rassurant. « Vous avez sûrement pris la bonne décision. Vous êtes hors de danger maintenant. »

Et encore ! N’était-ce pas que le prêtre se faisait trop suspicieux ? Allons Agon… pourquoi ? Que pourrait-elle avoir à cacher ?
Peut-être faisait-elle quelque chose de répréhensible au moment de l’attaque, peut-être devait-elle donc inventer une quelconque histoire pour ne pas avoir à transmettre les véritables événements aux autorités.

Le jeune homme se moquait bien des pillards. Si elle en était, Claire ne représentait pas un réel danger, se disait-il.

Restait néanmoins toujours la possibilité qu’elle ne le soit pas. N’avait-il pas entendu les hommes d’armes parler d’agents ennemis se disperser dans les rues pour s’attaquer aux civils ?

Non, c’était ridicule. Si son but était de faire des dommages parmi les civils… pourquoi s’être écartée ? Et puis si elle avait été un agent de la Coalition, elle les aurait sûrement tués !
… rassurant.

Non.

Pas du tout.

« Vous êtes sûre que cela va aller ? » demanda-t-il pour se laisser le temps de réfléchir. Elle hocha la tête.

Plus il la détaillait, plus le prêtre sentait un nouveau malaise s’inviter, telle une sur-couche, par-dessus celui qu’il ressentait d’ores et déjà. Agon avait longtemps pu se targuer d’être assez fin observateur. Il avait même, de l’aveu de certains, le « sixième sens du sale rat. » Plusieurs fois, il avait su estimer avec une justesse relative le style de ses adversaires en 1v1, par exemple — ce, avant même qu’ils ne se mettent joyeusement sur la tronche. D’autres fois, il avait pu pressentir si le type sur lequel il s’attardait un moment était un utilisateur de magie.
Et ce que cet instinct lui criait désormais qu’il s’attardait sur Claire…

Il ne savait pas dire pourquoi…

Elle semblait si fine. Si fragile.

Pourquoi avait-il le sentiment qu’elle pourrait l’exécuter avant qu’il n’ait eu le temps d’appeler à l’aide, si elle le voulait ?

Et pourquoi ce putain d’instinct ne s’était-il pas manifesté plus tôt ?! C’est pas de l’instinct ça ! Non. Il devait se tromper. La journée l’avait abattu. C’était forcément ça. Pourquoi serait-ce autre chose ?

Pourquoi se sentait-il pourtant si sûr de lui ? — « En route dans ce cas. N’hésitez pas à me dire si vous revenez sur votre décision. »

Il allait devoir en parler à Villiers — peut-être aussi à Allis. Par sécurité, au moins ? Mais le prêtre ne pouvait engager la discussion ici. Et puis le chemin du retour lui permettrait de finir de se décider.
Agon, presque désespérément, s’accrochait à l’idée que ses sens aient pu le tromper.


La forêt demeurait fidèle à elle-même. Vivante. Grouillante. Tandis que le petit groupe reprenait son chemin entre les arbres qui en composaient le manteau verdoyant, le jeune homme prit sur lui de s’adresser à son « camarade de foi. » « Tout ça juste après ces événements avec le Stratège… c’est horrible. » fit-il mine de laisser échapper, fatigué. « Nous serons forts. »

La réponse de Villiers aurait peut-être dû lui inspirer le respect. Inflexible.
Agon ne l’avait cependant écoutée qu’à moitié.

« Vos paroles sont pleines de résolution. »

Sous ses airs peinés, il guettait.

« Je crains que tous n’aient pas votre détermination. »

Claire. Réagissait-elle au moins à l’évocation de ce massacre qui avait meurtri son monde, sa cité, sûrement au moins une personne de sa connaissance, plus que récemment ?
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Plus nous nous rapprochions, plus je me sentais accablée, acculée, comme s’il n’y avait plus d’échappatoire. Leur présence était devenue presque insupportable. J’écoutais les réponses du prêtre, cherchant à peser le pour et le contre derrière ses attitudes. Je ne parvenais à me décider : avais-je réussi à les convaincre ? Avais-je prononcé quelque phrase qui m’aurait totalement décrédibilisée auprès de ces gens dont le quotidien se faisait en ce monde ? Je ne pouvais le deviner car tous deux restaient finalement très pudiques, au delà de cette barrière de sollicitude.

Il n’y avait finalement rien dans ses réponses, que des banalités, comme s’il avait cherché à éluder la discussion qu’il venait lui-même de lancer. Et cela n’avait rien de rassurant.

Il y avait bien une échappatoire, mais je l’avais mise de côté. Pourtant… Pourtant si je devais agir, c’était maintenant, et non à proximité du campement de fortune. Mais comment procéder, si légèrement armée ? Leur discussion était bien lointaine, bourdonnant de façon incompréhensible dans mes oreilles, tandis que je fixai quelques secondes l’épée à la ceinture de l’officier du Sanctum. Ce dernier ouvrait la marche et Agon la fermait. C’était évidemment une position peu favorable à la mutinerie mais je n’étais pas démunie. Ce grand gaillard était sans l’ombre d’un doute robuste, mais ne serait pas assez rapide.

L’instant d’après, je mimai de trébucher en avant, laissant échapper un léger cri de surprise. Une maladresse à priori sans importance mais qui fit se retourner l’homme qui me précédait par réflex chevaleresque.

-Attention..!


Je me rattrapai presque sur à sa hauteur, à quelques centimètres de ses jambes, et tandis que je me relevais, je saisis le pommeau et extirpai l’épée de son emprise. Le bruit de la lame qui sortait de son fourreau, si bien connu de mes oreilles, alerta certainement les deux hommes d’un coup, mais tout alla très vite. Tout en relevant la dite épée vers le ciel, je frappai le soldat au menton lui ôtant une grimace qui déforma son visage. Il fut sonné quelques instants, ce qui me laissa le temps de le frapper du plat de la lame au niveau des cervicales en passant dans son dos, faisant ainsi face au prêtre. L’officier, lui, expira un grognement puis tomba en avant, sonné pour au moins quelques minutes.

Cette situation aurait pu en amuser un autre, mais ce n’était pas mon cas, j’étais presque irritée d’avoir du feindre, inventer autant d’histoires et de me retrouver au point de départ, ou même dans pire situation. En cet instant, j’avais le dessus mais m’échapper de ce monde allait devenir tâche beaucoup moins aisée. Une certaine lassitude s’était emparée de moi et bien que cela pût me faire passer pour un monstre, je ne la cachais pas.

-Vous posez trop de questions, Monsieur Wiley. Aussi, criez ou faites quelque chose de stupide et je me fais un plaisir d’arracher un nouveau prêtre à ce pays et à sa religion. Vous conviendrez que vos pertes récentes sont déjà suffisantes.


L’un ou l’autre pouvait être tué à n’importe quel instant, mais je n’y étais pas encore résolue, à moins d’y être contrainte. Et dans ce cas, tout pouvait aller très vite.

-Que vais-je faire de vous ?


J’aurais pu les tuer. Et pourtant, ce besoin inextricable et stupide de montrer que nous n’étions pas tous des bêtes de sang, que nous savions faire « le bon choix » ; ce besoin de toujours prouver quelque chose aux autres pour se rassurer, revenait encore et encore, comme une erreur, un schéma, que je serais condamnée à reproduire indéfiniment. Cette rédemption était vaine, dérisoire, et je m’y accrochais. Mais à la fin, tout cela ne changerait rien à ce que j’étais devenue. Je serais seule à devoir vivre avec moi-même.
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Ok. Calme-toi.

Cette fille va probablement t’ouvrir en deux mais… non ! Elle ne va pas t’ouvrir en deux, et tout va très bien se passer. Tout est dans la tête qu’ils disent, hein ? Et toi, tu essaies de te contenir pour ne pas partir en vrille. L’angoisse en tâche de fond qui t’avait étranglé alors que tu fuyais la mort revient te saisir à la gorge. Tendu. Tu te souviendras pour l’avenir : la paranoïa, tu n’en as jamais assez. « Mais non mais non, tu te fais des idées… » te disais-tu. Tu cherchais des excuses, encore. Des idées tu parles ! — Et voilà qu’en une fraction de seconde « Claire » était passée de jeune fille perdue, à personne suspecte, à menace de type « Alerte rouge tu risques d’y passer ! »

Tu avais raison, en un sens. Elle aurait bien pu t’exécuter avant que tu n’aies appelé à l’aide.

Mais elle ne l’a pas fait. Pourquoi ? Tu as peut-être encore une chance. Villiers aussi est en vie… bien que hors jeu. Ton interlocutrice ne semble pas vouloir se débarrasser de vous tout de suite. Tu lèves légèrement les mains, en évidence, dans l'espoir de communiquer tes intentions… non-aggressives. Après tout, ce n’est pas comme si tu allais pouvoir courir sur cette femme armée, toi, ta… enfin, voilà, et ton « courage. » Pas de front, en tous les cas. Tu penses, tu réfléchis. Tu te demandes à quel moment tu aurais dû agir autrement. Est-ce qu’il y avait un moyen d’éviter ça ? Maintenant que tu y consacrais un peu de réflexion, tu pouvais presque saluer les efforts de comédie de ta « camarade. » Tes questions n’avaient pas été faciles pour qui s’inventerait une histoire. Tu avais cherché à guetter un peu ses réactions pour te rassurer lorsque tu avais eu un doute : mauvais bail. Et là… maintenant ? Maintenant quoi ? Tu ne sais pas qui elle est, tu ne sais pas ce que tu pourrais dire ou ne pas dire. Si seulement tu avais une idée de ce qu’elle pouvait vouloir maintenant ! Oui, quoi ? Tu te dis « c’est peut-être un agent ! » Mais ce pourrait aussi être une pillarde. Allons, soyons fous, une ancienne loyaliste du « Stratège » ! Non, non, arrête de te retourner la tête comme ça. L’important, ce n’est pas que tu ne saches pas qui elle est, ou ce qu’elle veut . C’est que tu puisses l’apprendre — et de préférence sans que ton sang ne serve à nourrir les crocus. Sans la froisser plus qu’elle ne l’est déjà.

Bien, calme-toi. Arrête de te dire que tu ne fais pas le poids. C’est bon, tu as déjà vécu des situations fort peu accommodantes. Tu te tiens dans une posture qui n’est pas menaçante — quoiqu’un peu bas sur tes appuis tout de même. Tu es méfiant, tu restes prêt à réagir.
Tu fixes « Claire » d’un air aussi contenu que possible ; il ne faut pas que tu agisses hâtivement. Si elle feint dans ta direction… tu pourras essayer de la contrer. Oui, c’est ce que tu te dis. Le pire qui puisse arriver : vous vous retrouvez en un contre un. Gérable. Le pire ? Non… le pire, c’eut été si elle n’avait pas été seule. Mais tu te risques à une conclusion précipitée : elle est seule. Pourquoi toute cette comédie autrement ?

— Calme.

Le jeune homme tâche de taire le coeur battant sa poitrine. Il n’y a guère qu’une chose qu’il puisse faire dans l’immédiat, il en est conscient : être attentif, la jauger. Être à l’écoute. Attendre, et voir ce qu’elle veut, maintenant qu’elle est en position de force. Un instant s’est écoulé, tout juste. Une éternité.
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Rester calme. Pouvais-je l’être ? Comment l’aurais-je pu ? J’avais perdu le contrôle la journée entière. J’avais laissé mon vaisseau derrière moi, estimant qu’il y avait trop de risque à le récupérer, puis j’avais été propulsée d’une rencontre à une autre, incapable de faire autre chose que ce qu’une survivante aurait fait dans pareille situation : fuir.

A présent, il ne posait plus de question. Je pensais qu'il n'en menait pas large, même s’il restait digne et encore debout sur ses jambes. Ce que je voulais c’était partir et ne pas faire de « dégât » inutile, priver quelqu’un d’un futur, d’un bonheur potentiel. J’avais fait assez de mal aujourd’hui, j’en avais à vrai dire assez fait pour le reste de ma vie, mais sur ce point j’étais certaine de n’en avoir pas fini.

-Vous ne comprenez pas. Vous ne pouvez pas comprendre, ce n’est pas grave. Ca ne m’amuse pas de jouer, cette journée, c’est… c’est une catastrophe.


Tout en les surveillant du coin de l’oeil, lui et le garde, je regardais les alentours. A présent nous étions assez isolés.

-Quoi que je vous dise ou vous demande, de toute façon, vous n’en ferez rien. Alors faites ce qui vous chante.


Il y avait sur la droite un coin de forêt plus sombre, s’éloignant de la ville. Les arbres étaient plus rapprochés et les buissons obstruaient la marche. Mais je savais que j’allais y arriver. Là où un homme normal serait ralenti et ne pourrait suivre la cadence, moi j’avais ma chance. Je jetai un dernier coup d’oeil à l’homme qui me faisait face.

S’il me poursuivait, il allait mourrir. A chaque fois que j’avais du choisir entre moi et les autres, le résultat avait été décevant, décevant pour tout le monde.

-Vivez.


En quelques enjambées je fus déjà loin de lui. Après une dizaine de secondes, il ne pouvait déjà plus me voir. J’enjambais la broussaille, les ronces éraflaient la peau de mes jambes à m’en piquer les yeux, mais je n’avais pas mal, c’était une douleur vivifiante. La solitude, le presque-silence, c’était ça vivre. Je pouvais respirer, respirer profondément et emplir mon être de plus d’air qu’il pouvait en contenir. J’inspirais à m’en faire mal à la gorge, au thorax. J’étais loin du feu, loin de Death. Il n’y avait que nature autour de moi. Mes cheveux volaient dans les airs, attrapant des feuilles dans leur passage, me donnant des airs d’excentriques, de fée des bois un peu trop romantique.

Au bout d’une demi-heure je m’arrêtai à proximité d’une nouvelle clairière dont la lumière ne laissait présager qu’il y avait dans le ciel de gros nuages de fumée non loin de là. Je n’osai apparaître à la lumière, de peine d’être repérée. Quelques oiseaux virevoltaient dans les airs, inconscients de ma présence. Je m’assis sur une souche et me frottai le visage. Il était plein de poussière, de la poussière pleine de vies à présent réduites à cet état. Je le savais mais je m’écartais de cette vérité, lui donnant l’importance qu’il m’était supportable de lui donner.

Qu’allais-je faire à présent ? Je me donnai le même conseil que celui que j’avais si élégamment offert.

-Vivre.

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Vivre.

Elle n’avait pas eu à le lui dire deux fois ; et aussi vite qu’elle avait parlé, elle s’était esquivée. Agon saisissait l’opportunité. Qu’elle parte, il ne la poursuivrait pas. Le prêtre ne se sentait d’humeur ni héroïque, ni suicidaire. Personne n’attendrait de lui qu’il ait poursuivi une femme capable de maîtriser en un temps, deux mouvements, un fier paladin du Sanctum. Personne… si ?

Le jeune homme en jouerait, s’il le fallait.

Elle était partie, ne laissant derrière elle que le souffle d’une brise âpre, portant l’odeur de la cendre. Une minute s’était écoulée. Un peu moins peut-être.

Les jambes du prêtre flanchèrent, lui arrachant un soupir lourd.

Vivre.

Il était vivant.

Ce n’était pas le poids de cette seule interaction avec « Claire, » et la peur qui en était née, qui le fit s’effondrer. C’était celui du feu, celui des corps brûlés, celui des cris et des larmes ; de la douleur, du déchirement dont il avait été témoin. Il peinait à réaliser ce qu’il avait vécu. Peut-être ne le comprendrait-il jamais pleinement. Le départ de la jeune femme, si rapide, avait cependant emporté une chose : la sensation de suspens.

Quoiqu’il ait pu dire ou penser, jusqu’ici, il y avait toujours la possibilité d’un rebondissement nouveau. Quoiqu’il ait pu dire ou penser, jusqu’ici, il aurait pu y avoir une attaque supplémentaire, une prise à revers dans les bois, ou… qu’en savait-il ?

Mais là, sur l’instant, il lui semblait que rien de plus ne pouvait se produire.

Que c’était fini.

Il se laissa tomber en arrière — prit une profonde inspiration. Il se serait presque senti avoir le vertige.

Le corps de Villiers, étalé tout proche de lui, remua sensiblement. Sa gorge lâcha un râle confus et furieux. Agon redressa le buste, sa voix frappée d’une fatigue soudaine : « — Restez tranquille. Ne forcez pas. 
- Où est… où… »

Si ses mots étaient décousus, son regard était net et sûr. Le paladin voulait des réponses, et celle qui l’avait agressé n’était plus là pour les lui donner. Résolu, le prêtre passa à genoux, se rapprochant par là de son collègue. Il se voulait rassurant, et posa la main sur son épaule, l’invitant à éviter tout geste brusque. « Elle est partie. » Agon avisa la face de l’homme d’armes, puis l’arrière de son crâne. Villiers aurait sûrement un sacré hématome au menton, mais le prêtre ne pensait pas qu’il subirait plus de séquelles.

Voyant le paladin chercher à se redresser, le jeune homme le retint. « Elle est déjà loin, » lui assura-t-il.

« Comment ? » s’enquit celui-ci. « Depuis quand je suis..?
- Un moment. »

Agon ne lui mentait pas réellement. L’homme d’armes avait bel et bien été inconscient, un temps, et il pensait « Claire » loin d’eux. Elle avait été là, quelques minutes auparavant, mais sa vitesse le lui avait soufflé : elle devait être au moins aussi douée, sinon plus que lui, pour la fuite. Rester vague avec le paladin l’empêcherait peut-être de se mettre en tête avoir une chance de la rattraper… et de ne pas en revenir, si tel était le cas.

Villiers se redressa néanmoins brusquement, saisissant le bras de son interlocuteur. Ce dernier retint un sursaut. « Et vous ?! » s’écria-t-il, avant de se reprendre. « Vous… » A observer son collègue de plus près, il réalisa que le prêtre n’avait rien. Sa soudaine inquiétude était infondée. Il s’apaisa.

« — Son but n’était pas de nous tuer, souffla Agon.
- Qui était cette femme ?
- Je ne sais pas.

Vous pourrez faire votre rapport, une fois que nous nous serons occupés de… quand ce sera possible.
 »

Le paladin acquiesça, la gorge nouée. Son corps était lourd, écrasé par la fatigue — et par l’échec dont il se persuadait avoir le fardeau. Le prêtre n’approuvait guère, sans oser le lui dire, de peur de lancer un débat dont il ne verrait pas la fin : son collègue n’aurait rien pu faire, sinon se faire tuer.

Il marqua un temps, pensif. Les derniers mots de « Claire » lui revinrent.

Le dernier mot, plus exactement.

Il ferma les yeux quelques secondes.

« Venez, » dit-il en se redressant finalement, tendant la main à son collègue. « Allis va finir par s’inquiéter. »
Ils avaient, après tout, laissé le jeune aspirant seul avec les civils, lorsqu’ils étaient partis chercher de l’eau en compagnie de leur futur agresseur. Agon ne lui enviait pas l’expérience : ces gens étaient éreintés, blessés, désespérés — et le garçon devait, simple adolescent qu’il était, porter leurs inquiétudes, et les rassurer.

« Nous devrions changer d’abri, par sécurité. Elle n’a certes pas voulu nous tuer, mais elle a des informations sur notre position, » fit-il, achevant de convaincre le paladin en lui donnant un nouvel objectif en phase avec ses idéaux.

Villiers se releva sans sourciller — Agon lui sourit brièvement.

Vivre.

Il y comptait bien.
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Sacré retour en arrière !
Je me souviens vaguement qu’Agon était parti avec les citoyens dans un bosquet ou une forêt si je ne me trompe pas, et que Vesper s’était cachée parmi eux !

Du coup, le début va être un peu abrupte pour une reprise mais… Ca va !
Bonne initiative d’avoir mis le lien de BE d’ailleurs Ag !

J’ai lu votre premier rp et pour l’instant tout ce que je trouve à dire (outre le jeu sympa entre deux imposteurs, l’un prêtre, l’autre victime)… Ça concerne Vesper !
Durant l’attaque alors que tous attaquaient à terre, de front, tu es resté dans ton vaisseau. Véritable ovni parmi les massacres ! Et ce jeu continue ici avec toute la duperie et se cacher avec les survivants. C’est super sympa !
Même Death/Namtar qui adore manipuler les autres, je ne pense pas qu’il aurait choisi cette méthode-là. Je ne pense pas que ça lui aurait traverser l’esprit de faire profil bas alors que son attaque était réussi. Fuir, combattre oui. Se cacher non.
Les autres étant à des kilomètres de cet esprit aussi… C’est bien de le retrouver même durant ta fuite ! Bon, après, tu mets bien l’accent sur le fait qu’ils sont toujours en danger si jamais ta couverture sautait ! Mais comme un bon ovni de la Coa, tu ne cherches pas la destruction des autres à tout prix !

Je n’ai pas encore lu le deuxième rp de Ves mais…
La mention des bottes était assez drôle. Le fait qu’Agon regarde si elles poussent sur les arbres, je dois dire que ça m’a arraché un sourire !
La galère de Vesper est aussi réaliste que comique. Comment justifier d’être pied nu en effet !
Et… Je pense qu’au-dela de ralentir BE et sa conclusion, vous avez bien fait de faire ce rp à part. Je sais que personnellement, ça ne m’aurait pas déranger, mais d’autres auraient pu voir d’un mauvais œil le ton léger de votre rp (malgré des conséquences qui pourraient être dramatique pour l’un comme pour l’autre).
Donc encore une fois, bonne initiative de votre part !

Le moment de réalisation d’Ag… Basé sur sa propre expérience, sur son passé. Etape par étape. C’est super bien amené, rien à redire dessus ! Et en tant que lecteur, on se dit à ce moment-là qu’il faut pas qu’il déconne, qu’il reste prudent… sinon il est mort vu les capacités de Peper (Pots) !
Et ce que j’aime particulièrement, c’est qu’en détaillant ta façon de procédé, ce qui te met la puce à l’oreille (et ce que tu « reproduits » toi-même pour réfléchir à tout ça) tu permets à Vesper de faire de même. De devenir encore plus méfiante, tendue par la situation. De se dire qu’elle a été démasquée… Et ça ne donne que plus envie de connaître la suite !
(Petite parenthèse ! Y a quelques fautes ou oublies dans vos rps mais rien de bien gênant ou quoi ! Par contre, je dois dire que voir un « 1v1 » dans le texte m’a fait grincé des dents ! C’est personnel, certains peuvent ne pas être dérangé par ça mais… Ouais, l’avoir écrit en toute lettre aurait été préférable)
O.K.
Je ne m’attendais pas en plein milieu du rp à ça… Je pensais que ça allait continuer un peu plus longtemps ce jeu de Qui suis-je mais… pourquoi pas ! Ca change un peu la dynamique du rp, ça change les relations et… Ca fait sens. Vesper devient une bête acculée, blessée… donc dangereuse !
Par contre, il ne me semble pas que des épées dont les fourreau sont globalement en cuir, fasse réellement un bruit caractéristique (ou en tout cas, si clair, fort et distinct). Mais je peux me tromper, il faudrait que je consulte l’historienne du forum pour ça !
Bon, sachant qu’Agon « meurt » plus tard pour qu’Erik « ressuscite », je sais qu’il ne court aucun danger. Et en prime on rajoute la gentillesse de Peper au mélange pour savoir qu’il n’y a pas de soucis ! Pourtant… Même avec ces informations, on reste dans le rp. On continue de se demander à quel point ça va dégénérer. À quel point Vesper veut se distancier de l’image violente de la Coa et ce qu’elle est prête à faire et sacrifier pour ça (à l’exception de sa vie, bien évidemment).

Malgré le moment de tension, le petit passage comique dans la tête d’Ag désamorce complètement celle-ci. On retombe sur quelque chose de léger, presque comique. Et je pense qu’après BE (pour ceux qui lisaient les deux à la suite) c’était bienvenue. On reste sur la même trame narrative mais avec moins d’enjeux, moins de lourdeur.
C’est… marrant. Autant le premier rp était super long, avec beaucoup de discours (et en même temps, vous faisiez beaucoup en un seul rp avec tout le voyage) autant celui-ci… Moins long, mais il ne se passe quasiment rien ! Et « pire » que ça, on s’attend à ce qu’Agon parle, pour sauver sa peau ou que sais-je mais… Non ! On reste dans sa tête, on esquisse un sourire et… On est dans l’attente comme lui, incertain de la suite.
En te lisant Ves, j’ai d’abord pensé que ça allait finir en confidences, puis limite en caprice ou… exaspération. Et en fait, ça se finit encore différemment ! Je trouve l’abandon un peu « rapide » compte tenu des circonstances dans lesquels vous étiez. Après, je peux comprendre. Vous êtes occupé irl, le rp a déjà presque deux ans, vous n’êtes plus dedans. Et si ça reste toujours logique… Ouais, il y a cette rapidité qui est un peu dommage tout de même.
Et ton rp se conclut, laissant le lecteur se demander si nous n’avons pas affaire à une Vesper sauvage maintenant ! Vivant de baies, éloignée de tout !

Rp final, tu résumes un peu ce que ressent Ag par rapport à tout ça, et on se reconnecte avec BE donc… rien à redire !

C’était un rp agréable et alors que je m’attendais à y passer du temps, très rapide à lire ! Donc bravo pour ça !
Je ne vous fais plus attendre plus longtemps, vos notes !
Pour toutes les deux, mission avancée !
30 points d'expérience + 300 munnies + 3 PS
2 en symb et 1 en psy pour Ag (et comme ta fiche est encore au sanctum je vais pouvoir te les ajouter), 2 en psy et 1 en dex pour toi Peper ! Je te laisse modifier ta fiche.
En prime, Ag tu reçois un rapport !

Peper, tu trouves un papier coller à la poignée de l’épée, surement lors de ta fuite.
Tu obtiens la compétence de symbiose rang 1 :
Moogle Team : Actif. L’utilisateur peut invoquer la Moogle Team, soit quatre mogs en tenue de super-héros prêts à en découdre avec les ennemis. Sym : 19
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