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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Franchement, il faudrait peut-être que le Haut-Prêtre revoie les statuts de la boîte. Agon voulait bien croire qu’aller faire le tour des campagnes et gérer des paysans douteux soit de son ressort, mais pas la récolte d’informations. Enfin, si. Mais non. Mettons, que de chercher à savoir si dans une région le Culte d’Etro n’est pas bien perçu, et faire action marketing, ça oui, cela pouvait être pour sa pomme. En revanche, courir après une bande de petits cons armés et possédant des ‘machines’ (sans plus de précisions), ça lui semblait plus un travail à la mesure de ses camarades entraînés aux missions de terrain.

Ou alors le Primarque voulait faire de ses prêtres des agents de folie avec option espion ninja à la clef. Non. A la vérité, il y avait bien des raisons qui pouvaient justifier ce choix. A commencer par la baisse des effectifs au sein du Sanctum. Après une guerre civile et une attaque de type draconico-sans-coeur, avec leurs lots de morts tragiques et d’incapacitations, il n’était pas bien difficile de supposer, même sans connaître les chiffres exacts, que les agents à disposition du culte étaient en nombre réduit.
Alors Agon s’était résigné, en un sens. Même s’il peut pester, même s’il peut être de mauvaise foi, il reste un homme qui se dit bien souvent que ‘les choses sont comme ça, point’ (bien qu’il puisse avoir des sursauts bien plus contestataires). Il avait tiqué, tout au plus, mais ce n’est pas comme si ce genre de mission sortait de ses domaines de compétence, bien que ses supérieurs n’en aient, a priori, pas conscience. Qu’on se le dise : le prêtre avait les capacités, mais sûrement pas l’envie. Il tenterait de faire ça vite, même s’il le ferait.

Il avait sa petite idée sur l’endroit où il débuterait ses recherches. Un petit village isolé, en marge de la route allant vers la Forêt des Etangs et d’où les nouvelles étaient parvenues. Pour cette mission, il avait ôté sa soutane, peu pratique pour les déplacements rapides comme pour la discrétion, pour une tenue plus classique. Sait-on jamais, une mauvaise rencontre est vite arrivée et ses réflexes lui revenaient. Armé d’un coutelas et d’une épée courte qu’on lui avait gracieusement laissée (plus à but de dissuasion que parce qu’il savait réellement s’en servir), il dépassait la Grande-Porte de la Citadelle. Après les chantiers et les ruines, il contemplait une fois encore ce pont dont il ne pouvait s’empêcher de se dire, désormais : ‘ils ont trouvé le moyen de passer par la porte principale’. Il y avait là un long, très long, pont. Et ils étaient tout de même entrés. Il ne fallait décidément pas se frotter de trop près à l’un de ces fous furieux de la Coalition, vraiment pas.

« — OHE ! AGON ! » A quelques dizaines de mètres derrière lui, on hélait son nom. Une voix lumineuse et reconnaissable. Le prêtre se retourna simplement en saluant Rhys, templier et connaissance des plus amicales, de la main.

Il était accompagné de deux collègues manifestement, qui avançaient dans leurs armures rutilantes tandis que le jeune homme faisait de rapides enjambées vers le désormais et temporaire enquêteur. « Eh bien alors, qu’est-ce que tu fais là ? J’ai failli pas te reconnaître sans ta soutane ! Tu sors profiter du soleil d’Eté ? Pas un mauvais temps pour faire bronzette ! ajouta-t-il plein d’enthousiasme une fois à sa portée.
- Je suis plutôt en plein travail. Je vais vers Umdenwald.
- Pas de pause pour la foi hein ? dit-il d’un ton plaisantant. Mais t’y vas à pied ? C’est pas très loin mais pas franchement à côté pour autant.
- Je fais ce que je peux figure-toi…
- Tu devrais prendre une monture.
- J’en prendrais une si je savais monter. »

Rhys écarquilla les yeux. « Attend, t’es là depuis des mois et t’as pas pris de cours d’équitation ? Ah-ah, Agon, c’est un peu la base des longs déplacements ici ! Ah merde, t’es mal barré. Renseigne-toi, t’es prêtre. Je suis sûr que quelqu’un trouvera moyen à t’apprendre ça sans rechigner — le ton n’était pas méchant en soi, mais il était clair que l’idée l’amusait bien. Agon ne put retenir un sourire cynique.
- Je te remercie pour ta sollicitude en tous les cas, sifflait-il donc avec ironie. Enfin tu vas où comme ça ?
- On part en mission dans un autre monde. Le Primarque mobilise tout le monde et semble vouloir que ça bouge, alors je sors du Domaine.
- Ah, je vois.
- Mais, eh ! Rhys tapota l’épaule du prêtre. Je reviens et j’te montre qui démonte l’autre à l’Âge des Royaumes ! Et puis qui sait, tu seras amené à sortir de ce monde aussi dans pas longtemps.
- Espérons-le. Le Domaine n’est pas le seul monde qui souffre, et Etro les aime tous. »

Sortir du domaine… ce sera peut-être le moment de faire ses adieux à Agon Wiley. L’escroc sourit doucement à l’adresse de son acolyte, pensif. « Enfin ! Tu n’as qu’à faire un bout de chemin avec nous. On ira simplement la Station quand tu continueras ta route ! »

Ils attendirent les deux camarades du templier, et partagèrent quelques longues minutes jusqu’au croisement où ils se quittèrent. Rhys saluait chaudement celui qu’il percevait comme un ami, tandis que les autres, plus protocolaires, le gratifièrent d’un salut parfaitement exécuté. Bien sûr, l’homme d’armes n’avait pas occulté les lames portées par son homologue de foi, et l’avait questionné au sujet de sa mission. En soi, Agon n’avait rien à lui dissimuler là-dessus. Rhys avait perdu son sourire un moment pour une mine plus concernée. Avant qu’ils ne se quittent, elle lui était revenue. « Je t’accompagnerais bien, mais ma mission…
- Vas-y Rhys. Je suis un grand garçon. Etro te garde. »

Un bon gars ce Rhys.
Leurs chemins se séparèrent.

— — —

Umdenwald était, moins qu’un village, un hameau. Peut-être même moins qu’un hameau, quatre maisons éloignées les unes des autres se battant en duel au milieu de grands champs. La seule chose les unissant était une petite bâtisse supposée marquer un lieu de rassemblement, avec une petite placette qui était tout sauf pavée.
Le prêtre, avec quelques heures de marche dans les jambes, frappa à la seule porte qui ne lui sembla pas demander un grand effort supplémentaire. En vain. Il n’y avait personne. Se laissant choir dos à celle-ci, il sortit de son escarcelle les indications qu’il avait reçues sur les paysans ayant fait appel au Sanctum. Il semblait qu’Umdenwald abritait une petite coopérative agricole, formée des familles de ses habitants. Sûrement un moyen de se serrer les coudes en cas de période difficile. Bien que le hameau ne soit pas loin de la Citadelle, il était un peu éloigné des routes généralement empruntées par les caravanes marchandes, et il apparaissait évident que cela n’était pas à l’avantage de sa prospérité.

Il rendrait visite à celui qui était indiqué comme le ‘leader’ de ce petit groupement. Il devait avoir reçu de ses voisins tous les renseignements nécessaires et c’était lui qui avait rédigé la missive adressée au Sanctum et signalant le passage d’hommes suspects sur leurs terres. La lettre était restée assez évasive sur de nombreux points d’importance, à commencer par savoir d’où venait et vers où allait le convoi armé, ou une description claire de ce que les hommes portaient ou transportaient.

Agon fit ainsi la rencontre de Griendich Habsucht, un propriétaire terrien appliqué, logique, pratique, mais qui n’avait pas l’air du genre à vouloir se salir les mains ou avoir des problèmes. Pas un grand homme d’idéaux, il faisait ce que son père lui avait appris et qu’il avait appris de son père avant lui — et même s’il était bien établi et avait quelques économies il ne voyait aucun intérêt à s’étendre au-delà de son petit tertre familial. Alors pensez ! Que ces terres puissent devenir peu sûres du passage d’hommes étranges l’inquiétait. Plus parce qu’il craignait de la réputation amoindrie que son patelin pourrait avoir, décourageant les quelques intermédiaires faisant encore le détour jusqu’ici, que parce qu’il craignait pour la vie de ses voisins.

Le prêtre n’avait pas eu trop de mal à le convaincre, bien qu’il ne porte pas la tenue d’usage, de sa profession. Il avait emmené avec lui son ordre de mission, signé de la main et du sceau du Haut-Prêtre, en guise de preuve — et l’homme n’en avait pas remis la validité en question.

Il y avait eu du passage, et ce depuis un moment. D’abord un gros groupement transportant ce qu’il avait appelé les ‘machines’ plus grosses qu’un boeuf et dont il était incapable de dire à quoi elles pouvaient servir, sinon qu’il n’en avait jamais vu de telles, puis plus régulièrement, il y avait eu des gens en noir, ou en tous les cas des couleurs sombres, avec des épées difformes de celles dont on dit qu’elles crachent du feu. Ils avaient fait des allées et venues par petits groupes. Jamais ils n’avaient échangé un mot avec les paysans, et ils devaient se penser discrets, mais leur accoutrement n’était absolument pas usuel et leurs convois les plus importants avaient marqué et endommagé la terre. Impossible de louper ça, surtout à l’époque des moissons de céréales, où les paysans passaient leur temps aux quatre coins de leurs champs.

« — Des épées qui crachent du feu ?
- Oui ! Et qu’on tient sous le bras ! »

Comment des gens si proches de la Citadelle pouvaient-ils être si ignorants quand à Brücken-Fluss, bourgade qu’il avait visité récemment, Agon avait vu des réverbères ? Il prit son carnet et un crayon, griffonnant de façon très approximative un fusil des plus rudimentaires. « Ce genre de chose ?
- Eh bien ce n’est pas ce qu’il y a de plus ressemblant… sans vouloir critiquer votre sens artistique n’est-ce pas hein ?! Mais de loin, oui, somme toute. Quelques peu. »
Etait-il nécessaire de dire que le prêtre n’était pas rassuré ?

Des fusils et des machines jamais vues. Il était probable qu’ils ne soient pas d’ici ou qu’ils aient reçu, en tous les cas, leur équipement d’ailleurs. Mais revenir sur ses pas pour interroger les agents de la station Shinra lui ferait peut-être faire des aller-retour inutiles. Non il tenterait d’en apprendre déjà un peu plus.
Selon Griendich, les convois semblaient se diriger vers la Forêt aux Etangs, voire même la longer sur une certaine longueur. Sa fille, alors qu’elle se rendait au hameau d’Ente-Gesang, afin de se fournir en fourrures pour préparer les habits d’hiver, avait d’ailleurs appris que les habitants y avaient aussi vu passer des hommes vêtus de façon très « originale » sinon franchement inquiétante. Notamment, les chasseurs avaient repéré une activité anormale dans les bois. Peut-être des agents de Maléfique ! La sorcière allait certainement refaire surface pour plonger le monde dans le désespoir ! Le cinquantenaire s’agitait d’une panique intérieure qu’il peinait à réfréner.

Non, Agon doutait que ce soit ça. Ou peut-être ne l’espérait-il tout simplement pas. D’un autre côté, une des pistes les plus plausibles pour l’heure était celle d’un avant-poste que la Coalition Noire aurait pu établir sur le monde, profitant de la désorganisation née de leur incursion, et ce n’était pas vraiment plus réjouissant. « Mène-moi à Ente-Gesang. Je dois parler à leurs chasseurs. »
Griendich accepta sans broncher. Que le Sanctum s’occupe de cette affaire était tout à fait à son avantage, et tant qu’il ne s’agissait que de faire profiter de son moyen de transport à un prêtre, il ne se risquait pas trop au danger.

— — —

Le propriétaire terrien laissa Agon en bordure du hameau, où le prêtre dépassa une ferme avant de croiser le chemin d’une femme de pêcheur prête à lui indiquer le chemin de la demeure du Garde-Chasse. Si les chasseurs eux-mêmes étaient de sortie, il semblait qu’ils aient confié leurs découvertes à ce protecteur des bois.

Ente-Gesang n’était pas bien grand, mais bénéficiait d’une certaine diversité d’activité. Il y avait quelques familles paysannes, mais surtout des chasseurs et pêcheurs profitant de la faune du bois adjacent. Un herboriste réputé était aussi installé là, avec ses deux apprentis, mais les individus dont les chasseurs avaient rapporté la présence le dissuadait de trop s’aventurer dans la forêt.

Le Garde-Chasse, un homme, encore (la société du Domaine n’étant pas vraiment paritaire sur les offices et les postes), se préparait à quitter sa demeure lorsque le prêtre le rejoignit. La femme l’accompagnant, passées les salutations d’usage, se retira, quelques peu mal à l’aise - et il fallait dire que l’homme n’avait pas l’air des plus avenants. Il avait quelque chose d’un peu distant, de terriblement inconfortant. Tant et si bien qu’Agon se prit à évaluer son niveau de menace. Bien taillé, pas l’air spécialement lent. Un bon gars qu’il valait mieux ne pas trop chercher mais qu’il aurait toutes ses chances de défaire en un-contre-un. « On m’a informé que les chasseurs du village avaient aperçu des hommes aux accoutrements et armes étranges par ici. Je suis là pour effectuer une enquête pour le Sanctum.
- Vos informations sont exactes.
- Vous pourriez m’en dire un peu plus sur ce qu’ils vous ont confié ? Vous comprendrez que j’essaie de faire mon travail le plus efficacement et rapidement possible… il ne faudrait pas que la situation s’envenime.
- Il y a du passage, des petits groupes d’hommes en armure sombre, plus cuir que mailles. Ils ont des armes faites pour le tir, mais pas d’ici. » Manifestement, il était plus renseigné que les paysans d’Umdenwald.

« — Bien que nos chasseurs les aient aperçu, il semble qu’ils évoluent en général hors des territoires de chasse de la communauté. Ils auraient aussi bien pu ne pas être repérés, mais il apparaît que certains ne connaissent pas assez l’endroit pour éviter toutes les zones fréquentées.
- Il n’y a pas eu d’incident ?
- Aucun.
- Bon… bien. »

Le prêtre soupira. Des hommes en tenues sombres, équipés d’armes à feu, oeuvrant dans les bois mais hors des terrains de chasse et ayant transporté des machines inconnues. Bien qu’il n’ait pas découvert le fond de l’affaire, au moins il pouvait estimer qu’il avait un peu plus délimité le centre d’action du mystérieux groupe. « Je peux voir les cartes de vos terrains de chasse et les lieux où ces hommes ont été repérés ? » — Winfried, le garde-chasse, acquiesça.

Ses cartes étaient somme toutes assez précises, et les lieux utilisés par les différents chasseurs, de même que les endroits où résidaient usuellement certaines races animales, étaient bien répertoriés. Un homme consciencieux et investi dans son métier. Il montra à son visiteur les emplacements désignés par les membres de sa communauté. Ils se trouvaient parmi les plus lointains des terrains de chasse, et les cartes les couvraient sur de longues distances. Qui qu’aient été ces hommes, ils se terraient profondément dans la forêt. « J’aurais besoin d’une copie de cette carte, avec les emplacements indiqués.
- Un long travail. De copie.
- Euh, ouiles Eternels bénissent le scanner et l’imprimante…Excusez j’suis plus habitué à…
- Il existe des mondes où tout se fait instantanément ? demanda-t-il d’un ton presque détaché, comme si la réponse ne lui importait en fait que peu.
- Pas exactement, mais on va dire ça.
- Je vais m’arranger. »
Il commençait à rouler la carte, sans plus d’explications. « Mhm. » — Agon n’était pas franchement à l’aise. « Aussi, j’aurai besoin demain que vous ou l’un des chasseurs m’accompagne dans le bois. J’aimerais tenter d’apercevoir l’un de ces hommes.
- Et où dormirez-vous ce soir ?
- … à l’auberge ?
- Il n’y en a pas. »
Maudis soient les récits fantastiques à deux balle où tous les villages ont une auberge ! Le prêtre se trouvait là bien penaud. « Eh bien…
- Vous passerez la nuit ici.
- … merci. » Ou pas. Le comportement pour le moins distant du garde-chasse n’avait rien de rassurant, et Agon sentait venir une soirée gênante et pesante. Même le rire gras de Gregor, illustre paysan qu’il avait déjà vu à plusieurs reprises et chez qui il avait vécu quelques jours, lui semblait préférable en perspective.

Il eut du mal à dormir. Il n’était pas en confiance, et ses vieilles habitudes revenaient. Allongé sur un canapé tout sauf confortable, il avait de là où il était vue sur les escaliers menant au premier, et à la chambre du garde-chasse, et sur la porte. Les vitres étaient d’un verre trop vieux et flou pour qu’on puisse le mettre en joug de l’extérieur. Une base cachée de la Coalition… si ça avait été le cas, et que leurs hommes avaient été repérés par les chasseurs, ils les auraient probablement exécutés… ou choisi de dominer le village pour que les informations ne s’échappent pas. Ou alors de façon contrôlée.

Cela pourrait expliquer que les gens d’Ente-Gesang n’aient pas eux-mêmes contacté les autorités. Oui mais pourquoi en avoir parlé à la fille de Griendich alors ?

Non, il se faisait des idées. Tout avait une explication logique. Il l’aurait au matin en s’entretenant avec Winfried.

Ou alors… il aurait sauté pied joints dans un piège ?

Agon laissa sa main glisser jusqu’à son ceinturon et ses armes, posées au sol de façon à ce qu’il puisse les atteindre sans avoir à trop bouger. Lentement, il se saisit du coutelas encore dans son fourreau, qu’il cala dans son pantalon. Il se redressait alors, se levant en faisant le moins de bruit possible sur un parquet pourtant vieillissant. Il tendit l’oreille, mais il n’avait entendu depuis que Winfried était monté aucun ronflement. Ce qui pouvait tout aussi bien signifier qu’il dormait, que dire qu’il était éveillé et attendait. La deuxième option le fit frémir.

Non, il y avait forcément une explication et il faisait une petite paranoïa. Bien sûr. Enfin. Il n’y avait rien de mal à vérifier que ce cher garde-chasse n’ait rien de compromettant dans ses affaires, n’est-ce pas ? Juste affaire de se rassurer.

Table simple sans tiroirs, ratelier, secrétaire ! — là était sa cible. Un pas, puis deux, un faible grincement puis une pause. Du bruit à l’étage ? Non. L’usurpateur arriva sans mal jusqu’au meuble simple. Il n’avait jamais fait ça que de nombreuses années — il ouvrit doucement les tiroirs, rabaissa le battant avec délicatesse, parcourut les papiers d’une hâte maîtrisée. Rien qui semble compromettant en soi, essentiellement des documents officiels portant sur des régulations de chasse et pêche. Ceci étant, s’il y avait réellement collusion, il n’y aurait peut-être pas trace écrite. Mais cela, il ne pouvait que difficilement s’en assurer. L’idée qui lui vint en tête ne lui plaisait que peu. Mais il compterai sur ses… talents, d’acteur.

— — —

« — Alors pourquoi exactement n’avez-vous pas averti les autorités ? »
Oui, on pouvait difficilement faire plus but en blanc, mais Agon espérait pouvoir déceler quelque chose dans les traits de son hôte. Et puis alors que celui-ci venait de descendre dans la pièce commune, manifestement non-armé, il était tout à fait désavantagé par rapport au prêtre qui lui, avait bien prit la peine de remettre son ceinturon. En cas de dérapage, il avait le dessus. Ni vu, ni connu, détendu. Du moins, le ton qu’il cherchait à employer devait avoir selon toutes ses espérances, une apparence de décontraction. Winfried leva la tête vers lui, impassible. « La fille du type d’Umdenwald avait dit que son père allait s’en charger. Il suffisait d’attendre. Vous êtes là d’ailleurs. »
« — Oui enfin s’il y avait eu un problème avec celle missive, ou un contretemps..?
- Alors nous aurions demandé audience à notre Roi.
- Je vois. Pragmatique. »
En tous les cas s’il y avait une personne à une jamais inviter à une soirée c’était lui. De quoi vous plomber l’ambiance sur trois générations. « Votre bourgmestre est donc de votre avis ? Ou le dirigeant de ce village ? 
- C’est moi. »
Là, Agon ne savait plus quoi penser des villageois. Devait-il les plaindre ou alors se questionner sur leur santé mentale ? « Nous élisons notre représentant pour un cycle ici. Des petits malins ont voté en force pour moi cet hiver. Paraît-il, je semble avoir la tête sur les épaules… » … et la capacité d’expression d’une moule agonisante, retint son hôte en pensée. « Quoiqu’il en soit, nous devrions nous mettre en route. »

Bien qu’Agon n’ait rien trouvé de compromettant, il serait sur ses gardes.

— — —

La forêt respirait la tranquillité, à peine troublée par le chant des oiseaux. Les deux hommes progressaient sur les chemins sûrs que le garde-chasse connaissait et le prêtre était bien obligé de lui faire confiance — autant qu’il le pouvait. Jamais il ne lui faisait dos, et il gardait la main prête à saisir son arme. Que voulez-vous ? Déformation professionnelle.

Pour le moins peu habitué à évoluer en forêt, Agon se sentait là bien moins à son avantage qu’il avait pu l’être auparavant. Il voulait se hurler de cesser de se méfier de son guide, mais les circonstances et la capacité de son hôte à être difficile à lire ne jouaient pas en sa faveur. « — Là. Winfried parlait à voix basse. Nous approchons de la zone où les hommes ont été aperçus.
- Espérons qu’ils montrent le bout de leur nez.
- Téméraire pour un prêtre.
- A la recherche de l’efficacité plutôt. »
Etait-il en train d’essayer de le sonder ? Ce type ne le rassurait pas, et il ne lui avait pas laissé le temps de s’entretenir avec les gens du hameau pour prendre la mesure de sa fiabilité. Sciemment, ou non, était la question.
« — Si nous progressons, nous risquons de les alerter, ajouta-t-il sobrement.
- C’est la bordure de leur périmètre vous disiez. Si vous voulez vraiment leur tomber dessus, il faudra avancer. »
Certes. Le prêtre suivait du regard les moindres faits et gestes de Winfried tandis que celui-ci s’arrêtait périodiquement, armé d’un arc orné, posant ses yeux marrons sur le sol à la recherche, apparemment, de traces. L’homme arborait une coupe courte, cheveux si blonds qu’ils étaient presque difficiles à voir. Plusieurs fois, il faisait marquer au prêtre de petits détours, lui pointant du doigt les pièges laissés là par les chasseurs d’Ente-Gesang. A la mi-journée, ils firent un arrêt. Un endroit que le guide semblait trouver sûr. Pour Agon, il s’agissait du pied d’un arbre comme presque tous les autres. Le milieu citadin lui était ô combien plus familier.
Ils n’échangèrent qu’une poignée de mots.

La journée, au final, ne fut que peu productive, et les deux hommes firent une halte pour la nuit dans une cabane de chasse, près de l’un des nombreux étangs de la région. Se trouver seul avec cette énigme de garde-chasse dont il ne savait que peu de choses n’avait rien de bien enthousiasmant, mais la journée avait apaisé les craintes du prêtre. Si son but était de le trahir, il l’aurait sûrement déjà fait. Non ? Et s’il s’agissait simplement de le mener sur une fausse piste en attendant qu’Agon rentre chez lui, au moins pouvait-il espérer s’en tirer sain et sauf. Ce qui, dans le scénario où il se faisait tuer à la gloire d’un groupuscule obscur, n’était pas vraiment certain.
En somme ou bien Winfried était de son côté, ou il ne l’était pas mais n’avait pas l’intention de le tuer. Au moins tentait-il de s’en convaincre.

Si Morphée n’avait pas été plus fort que lui, Agon aurait sûrement veillé une nuit de plus.

Et fort heureusement manifestement, le garde-chasse avait bien tout sauf prévu de l’exécuter pendant son sommeil.

Le second jour fut bien plus riche en informations. Après deux heures à progresser dans la forêt, le garde-chasse avait repéré des traces au sol suggérant un passage régulier d’hommes vêtus plus ou moins lourdement. Agon l’observait faire. Ce n’était jamais mauvais à prendre, quelques réflexes de pistage. Les deux hommes parvinrent jusqu’à un endroit plus clairsemé dans ce bois autrement dense. Les traces suggéraient des passages réguliers, sur un itinéraire souvent fixe. Un petit sillon se formait dans l’herbe et la terre. « — Des rondes ? » interrogeait le prêtre presque plus pour lui-même. « Possible. S’ils passent régulièrement ici on devrait se mettre en observation. » Winfried soufflait ces mots en faisant signe à Agon de le suivre. Ils s’écartèrent de ce chemin en formation. Il n’avait pas plu ces derniers jours par ici, et si les pas de leurs cibles étaient bien visible à force de passage, ceux des deux acolytes l’étaient peu ou pas. Leur cache paraissait idéale. Assez loin des traces, des buissons assez fournis leur permettrait d’être dissimulés à la vue de leurs cibles. Il n’y avait là où ils étaient aucunes traces de passage, suggérant que les hommes n’allaient jamais ici précisément. Et s’ils devaient jouer de malchance, Agon et son compère les verraient venir, ou les entendraient.

L’attente. Il la connaissait bien. Quoiqu’elle ne soit jamais agréable en soi, il l’avait rarement vécue comme aussi pesante. Qui étaient les gusses qui traînaient par ici ? N’avoir aucune donnée était ce qui était le plus problématique.
Et de façon surprenante, c’est de voir le calme du garde-chasse qui permit à Agon de se recentrer. Ces mois en tant que prêtre l’avaient rendu moins bon. Plus nerveux pour un rien. Allez mon vieux quoi ! Ce n’est qu’une mission de repérage. Tu en as déjà fait, et déjà sur des terrains qui n’étaient pas à ton avantage avec des collègues que tu connaissais peu.

L’attente.

Longue.

Mais enfin ! Les voix, les bruits de pas. Un équipement lourd, un cliquetis distinctif. Ils étaient trois. Ils discutaient. Deux femmes et un homme. Pas d’accent. Si ? Peut-être un mais dont il ne distinguait pas l’origine. Winfried bougeait lentement. Adossés chacun à un arbre, ils pivotaient avec prudence pour aviser leurs mystérieux ‘envahisseurs’. « — Prêtes à profiter de vos hommes en rentrant au Vaisseau-Mère les filles ? 
- Ta gueule, t’es le seul à être casé et tu le sais.
- Simple question de charme.
- Tu riras moins quand tout ce que tu trouveras chez toi ce sera une machine à pleurs et une nana névrosée » — petit ton piquant qui fit sourire Agon. Mais les termes ne trompaient pas. Vaisseau-mère ? Il lui fallait en avoir le coeur net. Il se pencha un peu plus en avant pour distinguer leurs tenues et…

« — Attendez. Vous avez entendu ? »

Le temps se suspendit l’espace d’un instant alors que le religieux avait posé la main sur une pousse un peu sèche. Les yeux de Winfried passèrent d’Agon à l’équipe de surveillance. Presque sans réagir — mais son emprise sur son arme s’était faite plus forte. « — Non… tu as entendu quelque chose ?
- J’ai cru…
- Sûrement un piaf.
- Ou un sans-coeur. Souvenez-vous qu’il y a eu attaque quand l’escouade de Brown était ici. Vigilance. » Bruit ô combien tristement aisé à reconnaître. Elle armait son attirail. Le petit coup d’oeil que le prêtre avait pu glisser avait au moins été suffisant pour confirmer ses soupçons : ils bossaient pour la Shinra. Bordel de merde qu’est-ce que ces gens faisaient là ? Sans en parler aux autorités en plus ? Le fric offre des passe-droits mais là merde ! Quand ça allait se savoir, ça allait être une bombe. Et ça pouvait aussi bien très bien finir que très mal pour le Sanctum. La Shinra, c’est une entreprise. Mais une entreprise puissante avec un corps armé. Et le temps qu’il avait passé à Illusiopolis… Agon savait que ce n’était pas la boîte avec la politique commerciale ou sociale la plus pure des mondes.

L’équipe s’était immobilisée depuis de longues secondes maintenant, attentive — et les postures peu agréables à tenir d’Agon comme Winfried les rendaient particulièrement dangereuses.

L’homme fit quelques pas dans leur direction.

S’il s’approchait trop…

« Bon, y’a rien. Retour à la mine. »

Il recula.

Quelques instants de plus, et les deux hommes prirent une bouffée d’air sylvestre bienvenue.

— — —

Evidemment, Agon n’allait pas se rendre à la station Shinra pour poser des questions sur les convois. Le risque de créer un incident diplomatique, ou bien de tout simplement informer la compagnie que le Sanctum était au courant de ses activités au Domaine quand le Primarque pourrait vouloir en jouer plus habilement, lui avaient ôté toute envie de parler à un employé de ce lieu qu’il fréquentait pourtant régulièrement pour sa connexion.

Ca, plus l’envie de ne pas être identifié par la compagnie comme un fauteur de troubles ou une vilaine punaise à éradiquer.

Les cartes de Winfried n’indiquaient aucune mine. La Shinra devait creuser en cherchant quelque chose de particulier, mais les explorateurs forestiers n’avaient sûrement pas les moyens d’infiltrer l’endroit. Pas sans les uniformes nécessaires — et inutile de les alerter en découvrant qu’ils avaient une faille de sécurité pendant ou après-coup.
Le mieux était de faire le rapport, et attendre. D’autant qu’Agon, prêtre qu’il était, n’avait aucune envie de s’exposer plus que ce qu’il avait pu l’être aujourd’hui. Connaissant le chemin du retour, ils arrivèrent en fin de journée à Ente-Gesang. Toute la nuit durant, et pendant la matinée, ils travaillèrent afin d’effectuer une carte décente sur laquelle les emplacements où les hommes de la Shinra avaient été aperçus se trouvaient, tout comme le lieu où ils avaient fait eux-même leur rencontre.

Agon partit sans délai le lendemain. Finalement, il n’aurait pas dû douter de ce Winfried. Tout aussi étrange qu’il soit. Il était simplement… dans son monde.

— — —

Le lendemain, à la Citadelle, rapport est adressé au Haut-Prêtre.

    Haut-Prêtre,

    Vous m’aviez donné pour mission de me renseigner sur la présence d’hommes armés et non-identifiés circulant sur le territoire royal. Après avoir échangé avec l’un des hommes nous ayant prévenus de ces déploiements suspects, j’ai pu isoler avec la collaboration du garde-chasse du hameau voisin, Ente-Gesang, les emplacements où ces hommes avaient été repérés dans la forêt.

    Notre enquête nous a révélé que ces individus étaient des agents de la Shinra, manifestement en poste autour d’une mine. Tout au moins en portaient-ils l’équipement. Aucune excavation n’est présente sur les cartes du garde-chasse Winfried dont j’ai eu l’aide. J’ai pris soin de vous faire parvenir ces documents. Il ne nous a pas été possible, au risques de nous compromettre trop lourdement, d’approcher le lieu qu’ils semblaient veiller.

    Nous n’avons pas eu traces des machines mentionnées. Sûrement se trouvent-elles au lieu de leur centre d’opérations.

    Selon les témoignages recueillis, il y aurait eu des aller-retour depuis le site sur les dernières semaines. Il est fort probable que certains agent aient ainsi été relevés.

    Sans l’autorité nécessaire, et surtout sans votre aval, vous comprendrez que je n’aie pas cherché à obtenir de la Shinra les données concernant les passagers en partance ou à destination du Domaine. Au risque de les alerter.

    Etro vous garde,

    A.W.
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Je te l’ai déjà dit mais je le redis ici : désolé du temps que ça m’a pris pour te commenter.

Tes missions sont longues, ce qui n’est pas  un mal, mais du coup je fais la « plus facile » des deux !
Et pour commencer, on va s’attaquer au négatif.
Chen te l’a déjà dit sur son dernier commentaire donc je ne vais pas insister dessus mais fais attention ! Comme je l’ai dit, tes textes sont longs, et bien écrit (sur tout ce que j’ai lu de toi, tout en fait, je n’ai pas du voir plus de 5 fautes). Tu crées une véritable atmosphère et des pnjs au background fournis. Mais ! Tu perds régulièrement ton lecteur. Généralement, quand je te lis, il faut que je sois au calme, et parfaitement concentré pour te comprendre, pour saisir ce que tu nous montres à voir. Et même comme ça, j’ai généralement besoin de relire la phrase et/ou le paragraphe trois fois pour avoir une petite idée de ce que tu as écrit (bon ça c’est ma faute, je ne suis pas très malin!). Je ne peux que te redonner le conseil de Chen : essaie de faire des phrases plus courtes, et de ne te concentrer que sur un objet, une idée à la fois. Tu crées des plans assez cinématographiques des lieux, tout en ayant la richesse de la littérature, mais c’est un peu brouillon ! Encore un petit effort est ça sera parfait ! Comme cette critique (qui aurait été plus minime vu que tu as découpé en plusieurs parties ton rp)  vaudra aussi pour ton autre mission, je ne la redirai pas.

Bon, ce point-ci (qui devait être petit normalement…) est fait, passons à la suite !
Ah oui, je m’en souviens ! J’en avais parlé à Rufus, et j’en parlerai plus longuement sur ton autre mission puisque de mémoire elle est surtout concernée, mais qu’est-ce que c’est que cette idée d’embêter les pauvres fonctionnaires d’une entreprise diabolique ?
Plus sérieusement, je comprends que tu veuilles questionner le personnel de la Shinra pour obtenir des infos, mais ce n’est pas la sécurité de la station, ou la guichetière qui te permettra d’obtenir ce que tu veux. Il faudrait viser un haut cadre qui travaille au Vaisseau-Mère, et ça, personne, en dehors du personnel de la Shinra, n’y a réellement accès sans rendez-vous.

Et je pense que c’est tout pour le négatif !
Pour le positif, j’en ai déjà parlé plutôt, mais tu écris vraiment bien ! Tu as montré la destruction de la ville, ses efforts pour se relever. Tu crées un environnement varié et vaste pour le monde. Tu as des pnjs crédibles et avec lesquels on s’attache (ou pas selon le bonhomme) facilement. J’en ai fait des tas et des tas sur le négatif, mais je pinaille. Je cherche la petite bête.
Alors que le positif me donne toujours envie de te lire, d’en découvrir plus. Je suis devenu accro et avide de tes rps!^^
Par contre ouais… tu vas me faire une carte des environs parce qu’avec tous ces villages allemands, je m’y retrouve plus !

J’ai hâte de retrouver Rhys, et j’espère que ça donnera à la Shinra (salut Kurt!) des idées pour réutiliser tes pnjs de garde. L’escouade me semble assez sympa ! Et j’aimerai découvrir ses aventures !

Bon, je ne vais pas m’éterniser plus (tu risquerais de prendre la grosse tête!), j’ai eu une excellente impression avec ce rp.

Mission avancée ! Tu t’es quand même sacrément rapprochée du danger pour un peureux !
Tu gagnes 32 points d'expérience ainsi que 305 munnies et 3 PS (2 en dextérité, et 1 en psychisme).
Sur ta route, tu as découvert un morceau de gemme à moitié enfouie dans la terre. Bravo !
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