L’étudiant ne savait pas où habitait exactement le grand ténébreux, mais il espérait que des villageois pourraient le renseigner. Le dos voûté, la tête baissée, marchant d’un pas lent, il devait y avoir un demi-kilomètre entre l’endroit où il s’était posé et sa destination provisoire. Il renifla. Il devait faire peine à voir mais pour une fois, il se fichait du regard des autres.
Lorsque le maître de la keyblade arriva au milieu de la place où se tenait la boulangerie et le stand délabré du vendeur de poisson, il fut un brin interloqué. Les marchands avaient la mine lugubre, les rares habitants qu’il pouvait voir pressaient le pas. Était-ce son arrivée qui avait provoqué de telles réactions ? Pensaient-ils qu’il venait les maltraiter ? Non. Ce n’était pas possible. Pas avec la démarche qu’il avait adopté. À moins que la Coalition s’amuse à employer ce genre de stratagème pour leur faire baisser leur garde… juste avant de faire ce dont elle avait l’habitude.
-Excusez moi monsieur…
-Si tu n’achètes rien, dégage petit, grogna le vendeur de poisson.
Il n’eut pas plus de chance avec le boulanger. Le blond se demanda s’il y avait une taverne dans ce petit hameau. Peut-être pourrait-on le renseigner là-bas ? Enfin, si les consommateurs n’étaient pas complètement saouls lorsqu’il arriverait. Auquel cas, il risquait de sérieux ennuis. Il n’avait pas besoin de ça actuellement. Il grimaça mais reprit néanmoins sa route. Il s’arrêta un instant devant la librairie avant de penser que le libraire n’aurait rien pour lui – et puis William n’apparaissait pas être le genre de type à fréquenter ces boutiques, à première vue.
La façade de la taverne paraissait quelconque – s’il exceptait la plaque concernant un certain Gaston – l’intérieur en revanche semblait plus chaleureux – pas aussi sale qu’il s’y attendait – mais incroyablement plus terrifiant que les mines lugubres des habitants dans les rues. De nombreuses têtes d’animaux peuplaient les murs, et un emblème en forme de tête de sanglier marquait la pierre au-dessus de la cheminée. Qui pouvait aimer ce genre de décoration ? Secouant la tête, le jeune homme s’approcha du bar pendant qu’une serveuse s’occupait un peu plus loin d’une table de chasseurs s’il en jugeait leur attirail.
-Bonjour monsieur…
-Qu’est-ce que tu bois étranger ?
-Hum… rien, répondit-il dans un sourire gêné. J’aimerai sav…
-T’es dans une taverne. Si tu bois pas, dégage. J’ai pas de temps à perdre.
-Bon bon. Vous fâchez pas. Je prendrai… un lait ?
-Tu me prends pour une vache gamin ? Grommela le tavernier en lui versant tout de même le liquide demandé.
-Merci. Comme je vous le disais, j’aimerai savoir si vous savez où habite un gars nommé William. Il est plutôt musclé, à la mine lugubre et des cheveux gras. Il aime souvent se balader torse nu.
-T’es de ce genre là alors ? Remarque vu ta dégaine ça m’étonne pas. J’connais pas de William.
Le keybladeur baissa la tête, regardant son verre quelques instants. Vers qui devait-il se tourner maintenant ? Il prit son liquide commandée avec regret – il n’aimait même pas le lait – et s’installa à une table non loin du groupe bruyant – et apparemment déjà rond comme des queues de pelle – qui se moqua allègrement de sa boisson d’enfant et de femmelette. Il ne répondit pas et plongea sa tête dans son verre, grimaçant à chaque gorgée. Cependant, il n’eut pas le luxe de la tranquillité ou la solitude lorsque le plus gros d’entre eux s’approcha de lui.
-Alors fillette, qu’est-ce que tu viens, rota-t-il, faire dans l’coin ? Tu cherches ta moman ? Rigola-t-il.
-Non. Je cherche un gars nommé William.
-Un gars ? Répéta-t-il avant de lui lancer un regard. Un gars ? Répéta-t-il plus fort, et plus proche de lui. On aime pas les gens comme toi. Dégage d’ici.
-Je…
-Allez, dégage ! Hurla-t-il.
-Je ne crois pas, murmura-t-il.
Septimus se leva d’un bond et éclata son verre sur le nez du gros lard. D’un mouvement désordonné, les copains de ce dernier plongèrent sur leurs armes. Il leva la main, et expulsa plusieurs rayons lasers qui vinrent briser les chopes de ses adversaires. Puis de son autre main, il fit apparaître la keyblade et leur jeta un regard haineux, empli de toute la force et la fureur qu’il ressentait à l’instant.
-Je ne ferai pas ça si j’étais vous, dit-il froidement tandis que la serveuse sortait en courant de l’établissement.