Ce qui a précédé
Je parcourais l'indomptable forêt silencieuse, accompagné d'une aimable solitude, appréciant au plus haut point cet ombrage ignoré. Dans ses sombres détours, en rêvant égaré, j'ai éprouvé un sentiment libre d’inquiétude tout simili que je fut. Je me suis rappelé touts les pièges et percevait leurs présences, fantômes, traumatisés par le déminage... s'il en restait un ? Cette seule idée m'empêchait de marcher sereinement, portant une attention complète à chacun de mes pas. Des arbres, des gazons, une douce tristesse... le vent que j’entendais murmuré avec mollesse... j'avançais au bruit de l'eau, sur un tapis de fleurs et d’herbes printanières. Tout parla, tout me plut sous ces voûtes tranquilles. Le trajet, plutôt long sembla ne durer qu'un instant de quiétude absolue, avant d'arriver au Village des Indiens. Des peaux-rouges à moitié dénudés, désormais armées de balistes grâce aux mercenaires, m'observant d'un œil méfiant. En moins de quelques secondes, toutes les armes étaient braqués sur moi... et j'ai simplement levé les bras en l'air, tâchant d'apparaitre aussi pacifique que possible. En soit, je n'étais pas encore mot, ce qui était bon signe... et soit, il me semble que ce sont des alliés.
" Qui être toi ? " Lança l'un des Indiens, extrêmement musclé et haut, qui me recouvrit de son ombre en se postant devant moi.
" Vorys Melkiore, Officier de la Lumière. " Ai-je dit, plutôt hésitant quand à l'expression à adopter. Devais-je sourire ? Vu leurs têtes, je ne pensais pas que ça leurs plairaient. Faire la tête n'aiderait pas non plus... et j'ai finis par être simplement neutre, inexpressif, plutôt honnête.
" Nous attacher toi et demander aux gardes. Si toi mentir... toi avoir problèmes, Regard-de-Sans-Cœur. "
Regard-de-Sans-Cœur ? Sans parler de mon regard, un simili n'a pas de cœur donc... ce surnom m'allait plutôt bien et je le trouvais relativement classe... mais en même temps, pas très flatteur. Je me suis donc laissé faire, terminant encordé à un totem de la tête au torse mais après ça, on n'a pas fait très attention à moi jusqu'à ce qu'on me libère. Certes, je ne suis pas forcément le plus réputé à ma lumière mais entre ma main manquante et mes yeux jaunes, j'ai mon lot de signe distinctif... sans oublier que j'ai participer au déminage de ce monde. On m'a donc libéré pour, ensuite, être interrogé sur mon but par le même qui m'a fait prisonnier. Je lui ait expliqué que j'avais besoin des pouvoirs du chamans pour libérer une âme prisonnière d'un joyau et... ça n'a pas plu à l'Indien qui m'a tout de même conduit jusqu'au chaman.
Nous voilà donc, assis en tailleur face au chaman, lui-même assis en tailleur, seulement séparé par un feu de camp dans l'enceinte de son tipi et sous l’œil attentif du guerrier.
" Que toi vouloir, Regard-de-Sans-Cœur ? "
Je sort le bijou d'Euripide de ma poche... et immédiatement, l'impassible chaman avec plus de rides que de visage réagit, plissant les yeux.
" Une âme est prisonnière de ce joyau et je souhaiterais l'en libérer. "
Depuis ma libération, j'arbore sur mon visage un sourire froid et courtois, les yeux doux mais... j'ai cassé ma couverture face aux Indiens. Un instant, j'ai cessé de simuler un cœur et depuis, je dessine des expressions creuses sur ma face de simili. Le chaman me fait signe de la main alors que je dépose délicatement et respectueusement le joyau dans le creux de sa main tendue. Celui le laisse alors pendre au niveau de son visage, l'observant avec une attention toute particulière.
" Pas une âme prisonnière. " A-t-il dit, inspirant longuement dans son calumet avant d'en expirer la fumée avec la même lenteur, sans pour autant détacher ses yeux du bijou. " Deux. "
" Vous pouvez les libérer, chaman ? "
Il me répond d'un signe de tête affirmatif... avant d'enfin reposer ses yeux sur moi, me perforant de son regard ancien et sage, je ne doute pas un seul instant de tout ce qu'il a pu voir. Je n'ai pour seule arme que mon épée, offerte par la garde à l'occasion du déminage de la Forêt Indomptée et... soit, je doute que ça serve face à des esprits. Bizarrement, plus ça va, plus cette mission me tient à cœur... et je me rends compte, chaque seconde qui passe, que quelque chose me manque. C'est bizarre... au fond, ça m'arrange bien de me foutre de ses esprits et de ne ressentir aucune peine ou compassion à leurs égards. On va dire que je suis curieux de ce qui va bien pouvoir se passer. Ce qui me... dérangeait... c'est l'idée de ne rien ressentir face à cette histoire de bijou hanté et d'esprit, comment se fait-ce ? Ça me frustre énormément et je ne comprends pas. C'est bien ça mon problème, tout ce que je fait me parait désormais... parfaitement inutile et dispensable. J'ai l'impression que ma vie est devenu un peu comme un jeu-vidéo... c'est sympa mais ça ne mène à rien de concret. J'aime me dire que j'aide les gens, ou les esprits, au moins un peu... et je n'ai plus que ça à me raccrocher. Pas tellement envie de la gloire que d'avoir une raison d'exister.
Et il a fallu que j'attende d'être un simili pour comprendre l'intérêt de l'altruisme ? Ça me laisse perplexe.
Soit, le chaman pose sa pipe et se lève pour allez chercher une paire de tam-tam... se rassoit en tailleur devant le feu, observe encore un instant le bijou, puis le jette au feu qui s'embrase d'un rouge démoniaque. L'indien joue un rythme primaire et tribale, marmonnant des sons qui le sont tout autant. En un instant, une fumée couleur sang envahit le tipi et... mes yeux se fatiguent d'un coup, j'ai l'impression de planer tant je me sens léger... mais pourtant si lourd à la fois. On entends les pleurs, exactement les mêmes que lors de la nuit où j'ai dormi avec le bijou... mais quelque chose étouffe les pleures... alors qu'elle semble suffoquer sous les échos lointains d'un homme furieux qui hurle. Puis elle apparait... dans une robe grecque, déchirée et ensanglantée, son visage marqué d'un œil au beurre noire, ses bras nus couverts de bleus, les yeux inondés.
" Esprit, nous allons vous libérez. "
" Vous ne pouvez pas. Euripide m'a condamné... m'a marié à lui dès son plus jeune âge, j'ai voulu m'enfuir mais n'ait pas pu... et jusque dans la mort, Euripide m'a condamné à demeurer dans la cage avec lui pour l’éternité. Cela fait des siècles maintenant. "
La cage... ?
" La cage théâtrale emprisonnant des femmes et des hommes qui se détruisent mutuellement par l'intensité de leurs amours et de leurs haines ? C'est bien ça ? C'est l'invention d'Euripide... ? "
" Euripide, le Tragique, a créer la cage en hommage à sa muse, créant un sort bien pire que la mort. Quand cette dernière est venue le chercher, il a fuit et déçu Melopmène, elle le condamna à demeurer dans sa propre création... et Euripide m'emmena avec lui. Détruisez la cage, réduisez-nous à néant, c'est le seul moyen. "
" Il doit bien y avoir une autre solution. "
" Nos existences sont marqués du sceau de la tragédie, il n'y aura pas de fin heureuse. "
Puis tout s'est dissipé... j'ai récupéré le bijou, essayant de le détruire à coup d'épées, sans succès... et les Indiens s'y sont essayés aussi, là aussi, sans succès. Ce n'est qu'un rubis après tout, quelqu'un avec suffisamment de force ou de puissance magique devrait pouvoir y arriver. Quoique... il me semble qu'après le diamant, c'est l'une des pierres précieuses les plus solides qui soit. Au moins, Cissneï savait de quoi il en retournait. Peut-être que Melopmène et son fils, le tragédien, pourraient trouver une solution ? Ou même Hadès ? Quoiqu'il en soit, de mon côté, la mission s'arrêtait là.
Dim 9 Avr 2017 - 12:46Je parcourais l'indomptable forêt silencieuse, accompagné d'une aimable solitude, appréciant au plus haut point cet ombrage ignoré. Dans ses sombres détours, en rêvant égaré, j'ai éprouvé un sentiment libre d’inquiétude tout simili que je fut. Je me suis rappelé touts les pièges et percevait leurs présences, fantômes, traumatisés par le déminage... s'il en restait un ? Cette seule idée m'empêchait de marcher sereinement, portant une attention complète à chacun de mes pas. Des arbres, des gazons, une douce tristesse... le vent que j’entendais murmuré avec mollesse... j'avançais au bruit de l'eau, sur un tapis de fleurs et d’herbes printanières. Tout parla, tout me plut sous ces voûtes tranquilles. Le trajet, plutôt long sembla ne durer qu'un instant de quiétude absolue, avant d'arriver au Village des Indiens. Des peaux-rouges à moitié dénudés, désormais armées de balistes grâce aux mercenaires, m'observant d'un œil méfiant. En moins de quelques secondes, toutes les armes étaient braqués sur moi... et j'ai simplement levé les bras en l'air, tâchant d'apparaitre aussi pacifique que possible. En soit, je n'étais pas encore mot, ce qui était bon signe... et soit, il me semble que ce sont des alliés.
" Qui être toi ? " Lança l'un des Indiens, extrêmement musclé et haut, qui me recouvrit de son ombre en se postant devant moi.
" Vorys Melkiore, Officier de la Lumière. " Ai-je dit, plutôt hésitant quand à l'expression à adopter. Devais-je sourire ? Vu leurs têtes, je ne pensais pas que ça leurs plairaient. Faire la tête n'aiderait pas non plus... et j'ai finis par être simplement neutre, inexpressif, plutôt honnête.
" Nous attacher toi et demander aux gardes. Si toi mentir... toi avoir problèmes, Regard-de-Sans-Cœur. "
Regard-de-Sans-Cœur ? Sans parler de mon regard, un simili n'a pas de cœur donc... ce surnom m'allait plutôt bien et je le trouvais relativement classe... mais en même temps, pas très flatteur. Je me suis donc laissé faire, terminant encordé à un totem de la tête au torse mais après ça, on n'a pas fait très attention à moi jusqu'à ce qu'on me libère. Certes, je ne suis pas forcément le plus réputé à ma lumière mais entre ma main manquante et mes yeux jaunes, j'ai mon lot de signe distinctif... sans oublier que j'ai participer au déminage de ce monde. On m'a donc libéré pour, ensuite, être interrogé sur mon but par le même qui m'a fait prisonnier. Je lui ait expliqué que j'avais besoin des pouvoirs du chamans pour libérer une âme prisonnière d'un joyau et... ça n'a pas plu à l'Indien qui m'a tout de même conduit jusqu'au chaman.
Nous voilà donc, assis en tailleur face au chaman, lui-même assis en tailleur, seulement séparé par un feu de camp dans l'enceinte de son tipi et sous l’œil attentif du guerrier.
" Que toi vouloir, Regard-de-Sans-Cœur ? "
Je sort le bijou d'Euripide de ma poche... et immédiatement, l'impassible chaman avec plus de rides que de visage réagit, plissant les yeux.
" Une âme est prisonnière de ce joyau et je souhaiterais l'en libérer. "
Depuis ma libération, j'arbore sur mon visage un sourire froid et courtois, les yeux doux mais... j'ai cassé ma couverture face aux Indiens. Un instant, j'ai cessé de simuler un cœur et depuis, je dessine des expressions creuses sur ma face de simili. Le chaman me fait signe de la main alors que je dépose délicatement et respectueusement le joyau dans le creux de sa main tendue. Celui le laisse alors pendre au niveau de son visage, l'observant avec une attention toute particulière.
" Pas une âme prisonnière. " A-t-il dit, inspirant longuement dans son calumet avant d'en expirer la fumée avec la même lenteur, sans pour autant détacher ses yeux du bijou. " Deux. "
" Vous pouvez les libérer, chaman ? "
Il me répond d'un signe de tête affirmatif... avant d'enfin reposer ses yeux sur moi, me perforant de son regard ancien et sage, je ne doute pas un seul instant de tout ce qu'il a pu voir. Je n'ai pour seule arme que mon épée, offerte par la garde à l'occasion du déminage de la Forêt Indomptée et... soit, je doute que ça serve face à des esprits. Bizarrement, plus ça va, plus cette mission me tient à cœur... et je me rends compte, chaque seconde qui passe, que quelque chose me manque. C'est bizarre... au fond, ça m'arrange bien de me foutre de ses esprits et de ne ressentir aucune peine ou compassion à leurs égards. On va dire que je suis curieux de ce qui va bien pouvoir se passer. Ce qui me... dérangeait... c'est l'idée de ne rien ressentir face à cette histoire de bijou hanté et d'esprit, comment se fait-ce ? Ça me frustre énormément et je ne comprends pas. C'est bien ça mon problème, tout ce que je fait me parait désormais... parfaitement inutile et dispensable. J'ai l'impression que ma vie est devenu un peu comme un jeu-vidéo... c'est sympa mais ça ne mène à rien de concret. J'aime me dire que j'aide les gens, ou les esprits, au moins un peu... et je n'ai plus que ça à me raccrocher. Pas tellement envie de la gloire que d'avoir une raison d'exister.
Et il a fallu que j'attende d'être un simili pour comprendre l'intérêt de l'altruisme ? Ça me laisse perplexe.
Soit, le chaman pose sa pipe et se lève pour allez chercher une paire de tam-tam... se rassoit en tailleur devant le feu, observe encore un instant le bijou, puis le jette au feu qui s'embrase d'un rouge démoniaque. L'indien joue un rythme primaire et tribale, marmonnant des sons qui le sont tout autant. En un instant, une fumée couleur sang envahit le tipi et... mes yeux se fatiguent d'un coup, j'ai l'impression de planer tant je me sens léger... mais pourtant si lourd à la fois. On entends les pleurs, exactement les mêmes que lors de la nuit où j'ai dormi avec le bijou... mais quelque chose étouffe les pleures... alors qu'elle semble suffoquer sous les échos lointains d'un homme furieux qui hurle. Puis elle apparait... dans une robe grecque, déchirée et ensanglantée, son visage marqué d'un œil au beurre noire, ses bras nus couverts de bleus, les yeux inondés.
" Esprit, nous allons vous libérez. "
" Vous ne pouvez pas. Euripide m'a condamné... m'a marié à lui dès son plus jeune âge, j'ai voulu m'enfuir mais n'ait pas pu... et jusque dans la mort, Euripide m'a condamné à demeurer dans la cage avec lui pour l’éternité. Cela fait des siècles maintenant. "
La cage... ?
" La cage théâtrale emprisonnant des femmes et des hommes qui se détruisent mutuellement par l'intensité de leurs amours et de leurs haines ? C'est bien ça ? C'est l'invention d'Euripide... ? "
" Euripide, le Tragique, a créer la cage en hommage à sa muse, créant un sort bien pire que la mort. Quand cette dernière est venue le chercher, il a fuit et déçu Melopmène, elle le condamna à demeurer dans sa propre création... et Euripide m'emmena avec lui. Détruisez la cage, réduisez-nous à néant, c'est le seul moyen. "
" Il doit bien y avoir une autre solution. "
" Nos existences sont marqués du sceau de la tragédie, il n'y aura pas de fin heureuse. "
Puis tout s'est dissipé... j'ai récupéré le bijou, essayant de le détruire à coup d'épées, sans succès... et les Indiens s'y sont essayés aussi, là aussi, sans succès. Ce n'est qu'un rubis après tout, quelqu'un avec suffisamment de force ou de puissance magique devrait pouvoir y arriver. Quoique... il me semble qu'après le diamant, c'est l'une des pierres précieuses les plus solides qui soit. Au moins, Cissneï savait de quoi il en retournait. Peut-être que Melopmène et son fils, le tragédien, pourraient trouver une solution ? Ou même Hadès ? Quoiqu'il en soit, de mon côté, la mission s'arrêtait là.