L'Homme, le Prince et le Cristal Szp8L'Homme, le Prince et le Cristal 4kdkL'Homme, le Prince et le Cristal 4kdk
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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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[Mini-Série]


Pour le grand Agent Lutz au teint pâle, la foret était une construction organique, avec ses lois et ses règles. Les déformations des arbres, l'irrégularité du sol, les herbes, les champignons aux formes et tailles différentes n'étaient que l'illusion du chaos. La forêt était organisée, logique, comme tous ceux qui vivaient dedans.

Pour la jeune Sesheta au teint mat, cette forêt était belle, même défraîchie.

Pour Sesheta, la petite pluie qui commençait à tomber faisait de la musique, et c'était un enchantement pour ses oreilles. Pour l'Agent Lutz, elle interférait avec la subtile mécanique de ses instruments et gênait ses facultés d'analyse.

Les deux envoyés de la B.I.C. (Brigade d'Investigation des Contes) marchaient presque côte à côte sous le ciel lourd, lui dans son costume distingué et bleu comme l'océan, elle dans sa tenue légère et ample, blanche et verte. Sesheta était un peu en avant et elle pressait le pas, sa sacoche battant en rythme sur ses hanches. La cadence de l'Agent Lutz était régulière. De temps à autre, mécaniquement, il réajustait son long couvre chef sur son crane dégarni.


"Dépêchez-vous, Lutz ! faut qu'on le trouve ce cristal." "Et que comptez-vous faire après l'avoir trouvé, Sesheta ?" La jeune fille au teint mat se retourna, un sourire innocent aux lèvres. "Le dessiner, bien sûr ! Le soumettre à votre expertise. On ne va pas l'emporter avec nous, c'est la Première Directive !" L'Agent Lutz la dépassa sans la regarder. Bien qu'aucun son ne sortit de sa bouche et de son nez, elle devina à son regard éteint qu'il soupirait intérieurement. "Une directive que vous avez tendance à oublier, et que je suis obligé de vous rappeler. Nous ne devons pas..."

"Interférer dans le déroulement de l'histoire, je sais." Elle trottina pour le rattraper, sautant par dessus un champignon. "Ca ne vous dérange jamais d'être un simple observateur ? Vous n'avez pas envie parfois de faire partie d'une histoire fantastique ?" "Non. Chaque chose à sa place." La voix de Lutz était monotone, comme s'il récitait. "Chacun son rôle. Nous ne devons pas questionner les ordres et les motivations de ceux qui en savent plus que nous. Nous ne devons pas modifier le destin des personnages que nous rencontrons. Vous respectez votre quota de contes, vous serez payée. Vous pourrez donner l'argent à votre famille. C'est bien pour ça que vous avez rejoint la BIC, je me trompe ?"

Il ne se trompait pas, comme d'habitude, même si ce n'était pas la seule raison. Elle soupira, cherchant dans le décor végétal qui les entourait le moindre petit détail qui détonnait, la moindre petite chose qui pouvait sortir de l'ordinaire. "Et vous Lutz ? Ça fait trois mois qu'on enquête ensemble, mais je ne sais presque rien de vous. Pourquoi vous avez rejoint la Brigade d'investigation ?" Pendant quelques secondes, on n'entendit que le chant des oiseaux. Puis il répondit d'un ton neutre : "C'était mon devoir." "Ah bon ? Pourquoi ?" "Sesheta. Je ne suis pas l'objet de notre investigation. Concentrez-vous sur le cristal, si jamais il existe." Sesheta grogna et gratta arbitrairement sa chevelure. "Je suis sûre qu'il existe. Ce gars avait l'air sincère." "Aucun élément factuel ne peut confirmer l'hypothèse que le dénommé Sora nous a dit la vérité." "Ça se voyait dans ses yeux !" "Une analyse subjective, donc hasardeuse." Elle grogna de nouveau et croisa les bras. "Et votre bidule détecteur là, il détecte rien ?" Lutz souleva son grand haut de forme, révélant un triangle de verre fixé à sa tête par un tube en bronze qui semblait entrer dans son crâne. A chaque fois qu'elle le voyait, Sesheta grimaçait. Ça devait faire mal, quand même. Le triangle de verre était entouré de deux anneaux de bronze qui pour le moment restaient immobiles. "Non. Rien." fit Sesheta, visiblement déçue. "Nous ne sommes pas assez près du phénomène. La pluie réduit le champ de détection du prisme." Sans émotion particulière, Lutz remit son couvre chef en place, dissimulant l'étrange instrument.

Ils cheminèrent dans la forêt aux grandes cimes plusieurs minutes. Pour passer le temps, Sesheta émettait des hypothèses improbables sur les pouvoirs du fameux cristal. Lutz l'écoutait placidement. Ils restaient malgré tout à l'affût car le soleil commençait lentement à décliner et il leur fallait encore vérifier 3 contes pour remplir leur quota de la journée. Toujours aucune âme qui vive autour d'eux, seuls les oiseaux chantaient au loin.
"Bon sang, ils sont passés où tous les animaux ? HE-HO ! Y' A QUELQU'UN ICI ? ON A BESOIN D'AIDE !" "Alerter les animaux de notre présence ne les fera pas venir à nous. En toute logique, nous créons l'effet inverse." "Lutz, si nous sommes dans un conte, tout peut arriver, même le plus improbable ! Nous devons enquêter en conséquence." "Oui. La Cinquième Directive. Vous avez raison, Sesheta."

Elle avait en effet raison. A peine leur échange terminé, un bruissement les alerta. Ça venait d'un buisson tout proche. Un museau blanc à la truffe rose en dépassait, reniflant. Sesheta leva un doigt pour signifier à Lutz de ne pas bouger et s'accroupit près du buisson. "Bonjour ? Ne t'inquiète pas, nous ne te voulons aucun mal." "Mon père disait toujours : "méfie-toi de l'Homme. Il n'en a que pour sa pomme." répondit le museau. Sesheta sourit : "Ah, mais je ne suis pas un homme. Je m'appelle Sesheta, je suis une fille. Et toi ?" Le buisson se secoua. Les agents de la BIC purent voir apparaitre de grands yeux orangés curieux et apeurés. "Je suis... un lapin." "Enchantée, monsieur Lapin. Moi et mon ami, nous cherchons un cristal. Il est sûrement dans cette forêt. Tu ne l'aurais pas vu par hasard ?" "Oh oui ! Je veux dire, non-non ! Pour.. Pourquoi vous le cherchez ?" "Hé bien... parce que nous sommes curieux, comme toi ! Rassure-toi, nous ne voulons pas le prendre." "Hmmmmmm...."

Après une brève hésitation, le lapin sauta de sa cachette et se retrouva devant eux. Il avait la fourrure grise, sauf sur le ventre où elle devenait blanche. Les oreilles dressées, il observait tour à tour les deux humains. Lutz se pencha en avant et tendit un petit bout de carton à Pan-Pan. "Bonjour. Agent Lutz de la BIC. Si jamais vous croisez un jour sur votre chemin quelque chose de fantastique, qui vous parait véritablement bizarre, fondamentalement inexpli-" "Euh Luuuutz... C'est pas le moment là," fit Sesheta, les sourcils froncés. Son comparse resta interdit. Le lapin en profita pour agripper la carte avec une de ses pattes avant et la grignoter. "Non. C'est pas bon. Je préfère les fleurs de trèfle. Dites, c'est quoi là, sur votre tête ?" Il levait le museau vers Sesheta qui, après deux secondes d'interrogation, comprit ce qui avait attiré le regard du lapin. "Oh, c'est un ruban, pour attacher les cheveux." Tout en parlant, elle défit le ruban rose et sa chevelure crépue et mouillée retomba sur ses épaules en ondulant. L'animal renifla le ruban qu'elle lui tendait et frappa frénétiquement le sol avec une de ses pattes arrière. "Oh oui. Ça ira parfaitement. Donnez-moi le ruban et je vous amènerai au cristal. Enfin, plus ou moins. Je connais quelqu'un qui sait où il est !" Sans attendre l'autorisation de Lutz, Sesheta attacha le bout de tissu à une patte avant du lapin qui se laissa faire.

"Parfait ! Suivez-moi ! On va voir le Grand Prince de la Forêt !" Excité, il frappa frénétiquement le sol et se mit à détaler entre les arbres. Sesheta et Lutz se regardèrent. Elle souriait : "Un prince, c'est bon signe, non ?" Les yeux gris de Lutz étaient vides d'expression. "Vous n'auriez pas dû lui donner le ruban. Nous interférons déjà trop dans..." "Ça va, c'est un ruban ! Vous voulez vraiment qu'on reste là toute la nuit ?" Il ne dit rien et elle sut qu'elle venait de marquer un point. "Bon alors, vous venez ? Et faites pas de bruit !" criait le lapin qui avait déjà pris de l'avance. Sesheta ne se fit pas prier et Lutz la suivit d'un pas moins rapide. Tout en trottinant, il sortit de sa ceinture un tube métallique avec des rouages qu'il approcha de sa bouche. Il pressa un bouton sur le côté et les rouages se mirent à tourner.  "Rapport G-566, premières observations. Un mammifère de la famille des Léporidés nous guide à travers l'étendue boisée vers le dénommé 'Grand Prince de la Forêt', qui aurait, je répète : aurait connaissance de l'emplacement du cristal, l'objet de notre enquête. La pluviométrie est estimée à zéro virgule deux millimètres. Hormis les végétaux, une confirmation auditive de la présence de vertébrés tétrapodes ailés et le léporidé déjà référencé, nous n'avons pour le moment pas croisé d'autres formes de vie."

Ils coururent bien cinq minutes avant d'arriver dans une zone peuplée de feuillus. Le lapin s'arrêta et se dressa sur ses pattes arrières, les oreilles tendues. Il renifla les alentours. "Bizarre. Le Prince vient toujours ici pour surveiller les hardes quand la prairie est trop dangereuse." Sur ses gardes, Sesheta agrippa machinalement le petit poignard à sa ceinture. Il n'y avait ni le Prince, ni les hardes. L'air était un peu plus lourd, le ciel plus gris, et les oiseaux s'étaient tus. Imperturbable, Lutz avait déjà sorti une loupe de sa ceinture pour observer les empreintes de pattes autour des feuillus. "Alors, le Prince est un cerf ?" demanda-t-il. "Hmhm", fit le lapin en approuvant de la tête. Puis il gambada de feuillu en feuillu en criant : "Bambi ? Bambiii ! C'est pas l'hiver, t'es où ?"
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Les deux humains et leur guide lapin ne remarquèrent pas les iris émeraudes qui les observaient, plus loin à travers le feuillage des buissons. La distance et le clapotement étouffé de la pluie fine ne permettait pas de distinguer la conversation. Tout ce que Lenore observait n'était qu'une présence au milieu de la forêt qui n'était pas celle qu'elle recherchait. Elle avait entendu des bruits, des pas, des discussions et c'était caché au cas où.Elle s'en désintéressa, les laissant à leurs affaires. En d'autres occasions, elle aurait certainement été plus curieuse mais elle avait sa mission à réaliser.

Elle s'éloigna en silence, protégée par sa cape grise de l'humidité que le ciel obscurci pleurait. La pluie couvrait le froissement de tissu de son déplacement aux aguets, ses pas alertes et assurés sur le tapis d'humus se faisaient feutrés. L'obscurité allait devenir gênante pour sa recherche. Ce serait bientôt les heures des prédateurs, des peurs et des innommables. Elle devait retrouver les autres agents avant le crépuscule.

La mercenaire se souvenait avoir déjà aperçu la femme au teint mat et le type en costume bleu au quartier général des enquêteurs de la brigade des contes, en ville, ici même dans le monde de Grimm. Elle y avait été engagée plusieurs fois, du temps où elle chassait seule en forêt. Avant le Centurio. Ils fonctionnaient toujours en binôme, ni plus ni moins. Il était donc étonnant que son contact habituel à la brigade lui demande de retrouver et guider deux agents, alors qu'un autre duo était déjà sur place. La coïncidence les feraient mener au même endroit pour deux enquêtes parallèles sur des phénomènes inexpliqués? A Grimm c'était possible. La Forêt des Contes ne portait pas ce nom sans raison.

La rousse finit par repérer une odeur âcre de fumée qui la guida jusqu'au campement de ses clients. Entre un feu de camp protégé de la pluie et une tente, un curieux gaillard brun en costume noir se mordait la main pour étouffer ses cris de rage et de douleur. La blonde platine à lunettes et chignon strict qui lui faisait face, bandait son pied blessé.


" J'en ai maaaaaaaaaaaaarre! Animaux de merde, pièges de merde,forêt de merde! PAYS DE MERDE! Bougonna le brun.

- Arrête de bouger Stefan. Je dois terminer ton bandage si tu veux pas y gagner la gangrène. Répliqua sa collègue calmement.

- Ça fait des jours qu'on trouve rien à part des pièges à loup, à ours, à... je ne sais même pas quoi! Ils avaient manger un champi qu'il fallait pas et ils ont halluciner, ouais! Ça pousse pas en pleine forêt les cristaux. J'crèverai pas comme un con pour des prunes!

- Tu crèveras juste comme un con pour des munnies. Ironisa-t-elle sans y paraître.

- Ta gueule Béa... Toi aussi t'en a plein le cul, je te rappelle.

- Alors, tu ne sais plus mettre un pied devant l'autre Steph? Fit Lenore amusée en s'avançant calmement dans le camp.

- Oh ce n'est que toi.Dit tranquillement Béa en rangeant son pistolet dans son holster.

- Ah enfin! Ils ont finis par t'envoyer bordel. Trois fois que je leur demande.Piailla l'homme en se frottant l'arrête du nez sur laquelle trônait un pansement.

- J'aime me faire désirer, mon chou. Sourit la mercenaire. Alors c'est quoi cette fois que vous n'arrivez pas à trouver, pour que ton patron perde patience?

- Un cristal, pas n'importe lequel bien sûr. Ne cherches pas à nous refourguer un bout de quartz ramassé dans les carrières comme la dernière fois.

- Hey il avait l'air de te plaire pourtant. T'en a eu pour ton argent.Ricana Lenore.

Béa s'éloigna un instant, un petit objet comme un écran s'éclaira à son poignet. Elle s'isola, portant une main à son oreille.


- Elle sourit toujours pas? Chuchota la rousse.

- La frigide? Tu me diras c'était peut être la perte de conscience due à la douleur mais je crois l'avoir vu étiré les lèvres quand j'ai mis le pied dans les mâchoires de fer du piège. Même pas elle m'en aurait empêché.Grogna-t-il.

- Tu m'étonnes. Dire que j'ai raté le spectacle.

- On dirait que l'agent de la BIC est sur notre affaire. D'après son rapport, un lapin le guide auprès d'un cerf. Expliqua la blonde en revenant.

- Il a grillé un boulon?

- Ça m'a étonné mais oui j'ai vu un autre duo de chez vous plus loin, une chênaie où on croise souvent des hardes de cerf.

Les deux agents en noir se regardèrent longuement.

- T'es pas vraiment en état pour le moment et de nuit vous allez me gêner plus qu'autre chose. Restez là, ça ne sera pas ma première chasse à l'homme. Qui sait... Ils voudront peut-être d'un guide qui connait le coin de forêt... Gardez le feu allumé et ne vous faites pas manger."

Lenore les entendait murmurer entre eux en repartant dans les bois. Elle espérait retrouver l'autre duo non trop loin de l'endroit où elle les avait vu.
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"Bambi ! Bambiiii !"

Le lapin galopait autour des buissons, s’arrêtant régulièrement pour flairer les environs. A en juger par son parcours erratique, il n'avait aucune piste. La jeune Sesheta le regardait faire, à la fois amusée et un poil angoissée. Le soleil déclinait drôlement vite à l'horizon et l'immense nuage qui surplombait la forêt était de plus en plus noir et menaçant. "Bambi. Vous avez trace de ce nom quelque part, Lutz ?" Son collègue avait une mémoire prodigieuse, c'était presque s'il pouvait réciter par cœur tous les rapports des agents de la BIC.

L'agent Lutz se redressa bien droit et parut songeur quelques secondes avant de déclarer :
"Ce nom est inconnu de nos services. De nombreuses personnes nous ont témoigné l'existence de 'princes', mais la plupart des récits n'ont pu être vérifiés. Et il n'a jamais été fait mention spécifique d'un 'Grand Prince de la Forêt.' "Les princes, ça n'existe pas vraiment", commenta Sesheta dans un soupir et, pour une fois, Lutz fut surpris. "Du scepticisme, venant de vous ?" "Du vécu. Et si on se concentrait sur la mission ?" Les lèvres sèches de l'homme s'étirèrent pour former un sourire pas très naturel : "Vous avez raison." Immédiatement, il se pencha à nouveau pour observer les maigres traces animales au sol.

"Bambiiii !" s'égosillait le lapin un peu plus loin, tout près d'un grand chêne.

"Mais... bon sang de.. qu'est-ce que c'est ENCORE que ce raffut ?"


"Lutz, venez !" Sesheta trottina jusqu'au grand chêne d'où semblait provenir cette voix vieille et chevrotante. Lutz fit de même avec son pas habituel, ni trop pressé, ni trop lent.

"Pardon Monsieur Hibou ! Je ne voulais pas vous rév-" "Il ne fait pas encore nuit Pan-Pan. Tu devrais savoir qu'à un âge aussi vénérable que le mien, il faut un bon repos quotidien. Et qu'à tu donc à crier part- ah, mais !" Le vieil hibou, qui sortait de son trou perché dans le chêne, venait d'apercevoir Sesheta. Ses grands yeux jaunes et ronds se figèrent de peur. "Un Homme ? Tu as amené un Homme ici ?" "Je ne suis pas un homme, je suis une f-" "Tutututut, nonononon, je ne veux rien entendre de vous !" Il s'était couvert les oreilles avec ses ailes. "Pan-Pan, as-tu pensé au risque que tu nous fais tous prendre ? Tu as pensé à Miss Bunny ? A tes filles ?"

Pan-pan avait baissé le museau et les oreilles. Il avait l'air tout penaud et soudain plus jeune. "Mais eux, ils sont gentils. Et ils veulent juste voir le Crist-" "Le Cristal ? Quel Cristal ? Il n'y a pas de Cristal ici ! Allez, Ouste !" Le hibou s'avança sur sa branche et balança ses ailes en direction de Sesheta qui recula d'un pas, bien qu'elle fut hors de portée. "Du vent ! Comme si il n'y avait déjà pas assez d'Hommes dans cette forêt." "Intéressant. Il y a donc d'autres 'hommes' non loin de nous ?" Lutz avait fini par les rejoindre. Lui ne semblait nullement impressionné par la petite scène du volatile. "Les oiseaux m'ont réveillé tout a l'heure pour me dire qu'ils se trouvaient dans un campement tout proche ! Alors j'ai envoyé tout le monde se cacher. Vous ne les retrouverez jamais." "A quoi ressemblaient-ils, ces hommes ?" "A des Hommes ! Comme vous. Partez maintenant, quittez notre forêt, ou j'envoie les sangliers !" "Mais on a pas de sang-" "Cak !" Le cri strident du hibou fit taire le lapin, et le silence régna quelques secondes.

"Entendu. Nous partons", fit Lutz. "Mais..." "Non, Sesheta. Vous me suivez." Il avait déjà fait volte-face pour rebrousser chemin. Elle l'observa partir, le visage renfrogné. Puis elle mit les mains dans ses poches et le suivit, frappant au passage dans un caillou. "C'est vraiment trop bête." "Attendez ! Votre ruban." Le lapin trottinait derrière elle. Elle se retourna et se pencha vers lui, forçant un sourire. "Tu peux le garder, j'en ai d'autres à la maison. C'est un cadeau." L'animal observa la patte où elle lui avait noué le bout de tissu et lui sourit à son tour. "Merci, Setsh- Sesht -..." "Sesheta. Au revoir, Pan-Pan."

Lorsqu'ils furent assez loin, Monsieur Hibou sauta de sa branche et atterrit près du lapin. "Je savais que ce Cristal allait nous amener des problèmes. Il est trop brillant. Biiiennn trop brillant. Et les Hommes aiment ce qui brillent." Pan-pan regardait toujours son nouveau ruban. "Où est Bambi, Monsieur Hibou ? Ca fait des jours que je l'ai pas vu." "Ouh. Son cas m'inquiète davantage. Depuis qu'il a trouvé le Cristal, il n'a d'yeux que pour lui. Il s'est cloisonné dans une cave non loin d'ici et refuse qu'on le dérange. Résultat, plus personne ne surveille les herdes. Il y a bien moi, mais je n'ai pas les cornes pour ça !" "Hmmm"... Pan-pan réfléchissait. Monsieur Hibou s'en rendit compte et retrouva aussitôt de l'entrain. "Allons, ne te fais pas trop de souci. C'est notre Prince, il sait ce qu'il fait. Il reviendra à la raison. Et si son heure est venue, Geno prendra sa relève. Quant à toi, tu devrais retourner auprès de ta famille. Allez, allez, au trot !" Monsieur Hibou poussa le derrière de Pan-Pan avec une de ses ailes, et le lapin détala.

Se croyant enfin seul, le vieil oiseau soupira.
"Heureusement que je veille."

***

"On aurait pu rester. Je suis sûre qu'il n'y a pas vraiment de sang-"
- Sesheta. Votre irresponsabilité sera consignée dans mon prochain rapport."
- Irre-quoi ?"
- Nous avons dérange l'écosystème de cette forêt sans trouver la moindre preuve de l'existence de ce Cristal.
- Mais Pan-Pan.. le lapin nous a dit qu'il savait..."
Lutz s'arrêta et la toisa de haut. La pluie faisait des clapotis sur son haut de forme. "Il ne vous est pas venu à l'esprit que ce mammifère vous ait menti, juste pour obtenir votre ruban ?" Elle cligna des yeux, soutenant son regard. "Non. Le Cristal existe." "Arrêtez de croire tout ce que les gens vous racontent."

Pourtant, elle voulait croire ce que lui avait dit ce garçon. Elle l'avait ressenti. Entre les mots, elle avait entendu son appel à l'aide. Le visage de Sora, ce petit air mutin qui avait attisé sa curiosité, elle n'arrivait pas à l'enlever de son esprit. Il leur avait promis une histoire, mais elle se doutait, non, elle savait qu'il y en avait une encore plus grosse derrière. Une immense, de celles qu'on oubliait pas de si tôt.

"Travaillez-vous pour lui ? Ou pour la B.I.C. ? Qui vous donne l'argent pour subvenir aux besoins de votre famille ?" Lutz usait toujours de la même rengaine pour la convaincre de rester dans les clous. On aurait dit un disque rayé. Pourtant, à chaque fois, ça faisait mouche. "Très bien", soupira-t-elle en baissant les épaules. "Que nous reste-t-il à vérifier ?" "Un homme prétend comprendre le langage des animaux après avoir mangé un serpent blanc." "Génial. On a pas eu besoin de bouffer du serpent pour les comprendre, ceux-là." "Et une mère prétend que des lutins ont enlevé son enfant, en le remplaçant par.. un petit monstre avec une grosse tête qui ne fait que boire et manger." "Elle est sûre que c'est pas son gosse ?" "C'est ce que nous devrons déterminer, et le temps presse."

Elle acquiesça et ils se remirent en marche.

"Quand vous l'aurez trouvé, surtout cachez-le bien. Je reviendrai."

La voix de Sora était si claire aux oreilles de Sesheta qu'il aurait pu être là, juste à côté d'elle. Elle s'arrêta. "Qu'avez-vous ?" lui demanda Lutz. "Un... un caillou dans ma chaussure." Elle s'assit à même le sol mouillé et entreprit de défaire méthodiquement ses lacets. Lutz en profita pour continuer son rapport oral, relatant à son tube les derniers événements. Parfait, ça prendrait un peu de temps.
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Lenore n’avait eu aucun mal à retrouver la trace des deux agents de trop sur cette affaire. Elle s’était bien gardée de trop approcher du lapin afin qu’il ne perçoive pas son odeur humaine diluée par la pluie. Elle aurait pu se présenter à eux comme guide ou trappeur mais à leurs épaules basses et têtes renfrognées, ils n’avaient pas obtenu de réponses, ils baissaient littéralement les bras. Ils en devenaient inutiles.

Alors que l’animal dans son vieux chêne, auprès duquel ils avaient été menés, lui semblait détenir l’information que tous recherchait. Le vieux hibou avait quelques années à son actif, ses couleurs devenaient ternes et à ses réactions, il défendait farouchement son savoir.

La mercenaire avait attendu. Une fois suffisamment loin, une fois le lapin de nouveau reparti, elle s’approcha de l’arbre au large tronc sur la pointe des bottes. La circonférence du perchoir ne permettait pas de l’encercler même avec sa corde nouée à sa taille. Elle devait monter à l’ancienne.

Quelques nœuds le long de l’écorce suffisaient pour que démarre l’ascension de quelques mètres. Elle secoua la main sans trahir le moindre mot, le moindre cri de surprise ni d’effroi quand un insecte se posa sur le dos de sa main, agrippée à une première branche.

Elle se hissa dans des gestes mesurés et silencieux pour approcher de l’entrée du trou dans lequel le hibou dormait, assis sur ses pattes telle une statue duveteuse aux yeux clos. Elle veillait à ne pas alerter l’animal.

Lenore sécurisa avant tout sa position sur la branche, puis retira la fibule qui accrochait sa cape. Celle-ci lui servit de filet et de sac lorsque le volatile chercha à s’enfuir, agitant ses ailes une fois enfermé dans le tissu, hurlant au secours dans le langage de l’homme.

Décidément cette partie de la forêt recelait d’animaux étranges doués de parole bien qu’ils ne hachaient pas les mots sous l’effort comme l’avait fait le Loup. La mercenaire tenta de calmer l’énergumène avant de redescendre pour ne pas risquer un accident bête.


« Calme toi, tout se passera bien si tu fais ce que je te dis, pour toi et pour les autres.  Dit-elle en bluffant.

- Les autres ? ... Ouuuuuh… Par tous les cieux… »
Répondit-il arrêtant totalement de se débattre.




La mercenaire revint trouver le campement de ses clients, tenant fermement sa cape et son colis contre elle. Elle se faisait lentement détremper par la pluie sans son manteau mais ne s’attarda pas près du feu maintenu allumé. Elle pénétra directement dans la tente où se réfugiait Stefan, rapidement rejoint par Béa qui devait surveiller les environs.


« Déjà de retour ? Ne me dit pas que tu les as perdus. Questionna le brun.

- Tu es désagréable quand tu es blessé… quand tu ne l’es pas également ceci dit. Je les ai trouvés et j’ai même trouvé mieux. Rétorqua Lenore en levant son paquet de tissu.

- Le cristal ? Demanda-t-il avec un large sourire.

- Oui, non, je connais cette forêt comme ma poche, mais je ne fais pas de miracle. Par contre notre invité sait surement… Répondit-elle en ouvrant doucement l’emprise de sa cape sur l’animal. Elle ne manqua pas de rapidement l’attraper par la naissance des ailes pour le maintenir en leur compagnie.

- Le hibou semble avoir connaissance du cristal, l’agent de la BIC n’as pas su obtenir l’information effectivement. Ils ont rebroussé chemin. Dit Béa calmement en tapotant sur son petit écran au poignet.

- Un cristal ? Quel cristal ? Il n’y a rien de ce genre dans notre forêt. Vous perdez votre temps, Humains. Piaillait le volatile rapidement, la poitrine soulever par sa respiration apeurée.

- Visiblement il sait parler. Parfait, c’est mon exercice préféré. La blonde platine posa son écran et fouilla dans ses affaires pour sortir pinces et scalpels.

- ça pour parler il va en dire des choses … contrairement à toi, elle, elle fait des miracles. Ricana Stefan.

- Ouh c’était méchant. Tu vois c’est pour ça que t’es célibataire. Ça ne fait pas parti de mon travail, je vous le laisse, je préfère me réchauffer devant le feu. » Conclut Lenore en récupérant sa cape.

Les cris perçants du hibou peuplèrent le silence du camp. Il y perdit des plumes, suffisamment pour ne pas pouvoir voler, assez pour le faire avouer l’existence du cristal, jalousement gardé par un cerf surnommé le Prince de la forêt. Ce dernier semblait se terrer dans une grotte cachée derrière une petite cascade contournant la clairière où les cervidés se désaltéraient habituellement.

Lenore reconnu l’endroit à sa description bien qu’elle ignorait la présence d’une grotte sous la course de l’eau. Béa nettoyait ses outils en transmettant les informations à la mercenaire, lui demandant de s’en charger rapidement avant que les autres agents ne changent d’avis. Comme toujours le timbre de sa voix calme ne laissait aucune prétention au refus.

La rousse leva les yeux au ciel obscurcit du soir, chargé de gros temps. Au moins la plupart des animaux seraient terrés de peur dans leurs tanières. Ce n’était pas un temps pour chasser, même pour un prédateur. L’orage allait-il éclater ou déverserait-il sa rancœur plus loin sur d’autres mécréants plus méritants ?

Elle quitta à regret la faible chaleur du feu, pour se plonger de nouveau dans sa forêt profonde où la lumière faiblissait à chaque pas. Elle connaissait des repères immuables et finit après une bonne marche forcée auprès de la fameuse clairière. Elle n’eut d’autre choix que de percer le voile de la cascade pour atteindre la grotte dissimulée de l’autre côté, roulant sur elle-même.

La mercenaire vidait l’eau de ses bottes en maugréant, pendant que ses yeux s’adaptaient à l’obscurité. Une lueur blanche comme la neige filtrait au détour d’un coude dans ce boyau de roche naturel. Les murmures de l’eau masquait à peine d’autres chuchotements larmoyants, une présence.

Aux aguets, elle s'apprêtait à s'approcher du fond de la grotte, lorsqu'une ombre difforme se dessina dans le rideau d'eau. Elle chercha un renfoncement dans la paroi suffisant pour masquer sa présence, le temps d'identifier le visiteur inattendu et d'agir en conséquence.
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L'homme qui passa le rideau d'eau retira aussitôt son grand haut de forme. Sur sa tête était fixé un triangle de verre entouré de rouages qui tournaient lentement. Le triangle émettait une faible lueur verte. "C'est bien ici. Venez", fit-il au rideau d'eau en remettant son couvre-chef. L'eau dégoulinait de ses habits, mais il n'y prêtait aucune attention. Une jeune femme apparut deux secondes plus tard et secoua immédiatement sa grande chevelure noire et frisée. "Vous voyez bien que j'avais raison !" s'exclama-t-elle et sa voix se répercuta sur les parois rocheuses, créant un écho. "Vous faites trop de bruit, Sesheta."

Elle se tut mais son grand sourire voulait tout dire. Elle avait raison. Elle avait bien fait de gagner du temps en prétextant renouer ses lacets, puis en feignant une crampe, puis en invitant Lutz à se questionner sur la présence d'autres agents dans la forêt, puis en croyant avoir entendu du bruit pas loin, puis en débattant avec lui du bien fondé de la Première Directive. Pendant tout ce temps elle avait tant espéré qu'il se passe quelque chose qui les empêche de partir. Son souhait avait été exaucé lorsque le petit lapin, sûrement pris de remords, était venu leur raconter ce que le vieil hibou lui avait révélé : le Prince et le Cristal se terraient derrière la cascade. Convaincre Lutz de s'y rendre fut aisé avec un brin de logique. Comme ils avaient de toute manière perdu trop de temps pour effectuer les autres observations de la journée, autant terminer celle en cours pour ne pas rentrer bredouille au QG.

On y voyait goutte dans la grotte. On devinait à peine les rochers sur les côtés et tout ce qu'ils pouvaient dissimuler. Mais au fond, il y avait de la lumière. Lutz replia sa canne télescopique qui l'avait aidé à aborder la cascade et la rangea à sa ceinture.
"Avançons", fit-il doctement. "Et cette fois-ci, vous me laissez parler". "D'accord, d'accord. C'est vous l'expert".

Ils marchèrent, suivant la lumière, et prirent un virage à droite. Le chemin s'élargissait pour former une véritable caverne, grande, haute et irrégulière. A son centre, à même le sol, trônait le cristal. Étonnant qu'autant de lumière puisse émaner d'une pierre si petite. Pour autant, elle ne les aveuglait pas. Ils pouvaient très bien voir le grand cerf, affalé sur le sol, protégeant le cristal de ses pattes avant et le museau presque collé contre lui.

"Monsieur le Prince..." commença Sesheta en s'avançant, mais Lutz lui barra la route de son bras en lui lançant un regard courroucé. Elle se mordit la lèvre inférieure et croisa les bras. Lutz s'avança alors de son pas régulier et s'arrêta à trois mètres de l'animal. Sans inflexion particulière, il débita son discours d'approche A.3, car il lui semblait le mieux correspondre à la situation : "Bonjour. Agent Lutz de la Brigade d'Investigation des Contes. Nous sommes venus vérifier la présence et les propriétés d'un objet aux influences anormales."

"Le fragment ?" fit le cerf d'une voix grave et triste, sans même lever les yeux vers eux. Lutz sembla hésiter un instant, puis hocha sèchement la tête.
"Oui. Le fragment. Si vous voulez.
- Vous l'avez vu. Partez, maintenant.
- Nous devons procéder à une étude approfondie de sa composition. C'est notre travail. Nous y sommes mandatés. J'ai sur moi les outils nécessaires, cela ne prendra que quelques-
- Vous êtes encore là", soupira le cerf et seul son ventre bougeait un peu. "Je peux vous donner ma garantie que nous ne cherchons pas à vous le subtiliser. D'après mes données-
- Oh bon sang Lutz !
- Sesheta, je vous ai dit-
- Mais vous vous débrouillez comme un manche ! Déjà, c'est pas comme ça qu'on parle à un Prince de la Forêt. Le social, c'est vraiment pas votre truc."

La tête de Lutz se tournait tour à tour vers le cerf et sa collègue. Finalement, il fit un pas en arrière. "Très bien. Essayez." Sesheta décroisa les bras et s'avança à son tour vers le cerf, la tête courbée en signe de respect. Il avait beau l'air las, fatigué et faible, il restait magnifique. Et il pouvait les embrocher avec ses bois s'il lui en prenait l'envie. "Monsieur le Prince.. c'est votre ami Pan-Pan qui nous a dit ou vous trouver." Les yeux ronds du cerf se tournèrent vers elle. Elle les voyait très bien, proches comme ils étaient du cristal. "Il.. s'inquiète pour vous. Comme Monsieur Hibou. Vous... vous ne surveillez pas le troupeau.
- Je ne peux pas. Je dois garder le fragment.
- Pourquoi ?
- Quelqu'un doit venir le récupérer."

Les muscles chétifs de Sesheta se détendirent. Elle dit le nom aussitôt qu'elle y pensa. "Sora." Le cerf releva la tête. "Vous le connaissez." "Oui ! Oui ! C'est lui qui nous a demandé de venir", s'extasia-t-elle en remuant de des bras. Ce qui lui arrivait était assez fou, plus fou que ce qu'ils avaient pu rencontrer jusque là dans leurs enquêtes. Mais ce qui lui faisait encore plus plaisir, c'était qu'elle y avait une part. Bambi lui confierait le cristal, elle irait retrouver le jeune homme qui lui expliquerait tout, qui lui serait reconnaissant. Non, elle ne lui demanderait pas d'argent, elle demanderait juste la suite de l'histoire ! Et si il y avait d'autres cristaux ? Combien d'aventures aussi dingues pouvait-elle vivre ?

"Il serait venu lui-même. C'est trop important pour lui." Le ton de Bambi se faisait méfiant. Sesheta recula instinctivement, surprise par ce revirement. "Il.. il n'avait pas le temps." "Mensonge. Ce fragment contient des souvenirs qui lui sont chers. Et d'autres qui me sont chers."

Deux cris. Deux séparations. Deux sourires. Deux voix rassurantes, encourageantes. Deux ventres doux et chauds. Un coup de fusil. Une course effrénée sous la neige. Une séparation à jamais. Tout tournait, se mélangeait dans la tête du Prince de la Forêt depuis qu'il avait trouvé le cristal. Il devait s'en séparer, il le savait. Le rendre à qui de droit. "Je dois le garder. Je dois garder ces souvenirs de ma mère", disait-il pourtant. "De votre mère ?" répéta Sesheta avec l'air de celle qui n'y comprenait plus rien. "Est-ce une propriété du cristal ?" intervint Lutz, inquisiteur.

Sans répondre, Bambi saisit le fragment lumineux dans sa bouche et se releva.
"Attendez !" fit Sesheta en levant les bras, et le cerf secoua ses bois dans sa direction. Elle prit peur et recula encore. Alors le cerf bondit en avant et fila vers l'entrée de la caverne. Sesheta ne tarda pas à courir à sa poursuite. "Non, Sesheta, nous-" "Taisez-vous et suivez-moi."

Tant pis pour les remontrances. Ils s'étaient trop impliqués, sûrement, et maintenant c'était trop tard. Hors de question qu'elle n'ait pas le fin mot de l'histoire.
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Alors les agents en trop étaient revenus. Jusqu'ici, elle avait pu les éviter en restant tapie dans l'ombre. Bien qu'ils passèrent près d'elle sans l'apercevoir, la promiscuité d'une caverne risquait de l'obliger à agir. Soit il n'y avait ni prince ni pierre, soit il y avait effectivement l'un ou l'autre, voire les deux. Auquel cas, elle pouvait toujours attendre qu'ils fassent tout le travail pour finalement leur faire les poches après coup. Cependant il y avait encore un risque, celui de ne plus en avoir l'occasion, celui d'être incapable de le leur voler.

Elle jugea plus prudent de quitter sa cachette de fortune pour suivre à pas feutré le duo qui s'était enfoncé dans le boyau de pierre. Passée le coude du chemin, elle resta derrière la paroi, sa cape grise lui permettant un certain camouflage au vu de la teinte de la roche.

Le duo discutait avec le cerf, jeune adulte mais ayant une certaine prestance typique de ces animaux majestueux.

La lumière du cristal et la réverbération du son sur les murs de la caverne lui permettaient de suivre confortablement la discussion malgré les quelques mètres de distance.
L'objet tant convoité de tous dégageait quelque chose par ses reflets, non seulement une lueur douce, mais clairement de quoi attiser la curiosité. Il était destiné à un certain Sora d'après l'animal mais lui même ne semblait pas prêt à s'en séparer.

Le destinataire ne récupérerait assurément jamais son bien, elle était payée pour le ramener à la BAC après tout. Elle ignorait ce qu'ils faisaient de tout ce qu'ils trouvaient et ils ne lui auraient jamais expliqué de toute façon.






La femme à la tignasse frisée fit un geste de trop, ou eut une parole qui ne plut pas à l'animal. Il se releva, la menaça suffisamment pour qu'elle recule et en profita pour se carapater, se dirigeant vers la sortie avec le cristal entre les dents.

Lenore devait réagir vite. Ils ne pourraient pas arrêter ou suivre la course du cervidé. Elle n'avait plus le temps de se cacher, ni le luxe de laisser s'enfuir l'objet de sa mission.
Elle n'eut pas d'autres choix, à défaut de plan convenable, que de sauter sur le dos du cerf lorsqu'il passa à sa portée. Les cours accélérés d'équitation du Farwest allaient servir. Elle s'accrocha aux bois, se faisant emporter par la course du quadrupède. Se servant de cet élan, elle s'installa à califourchon sur son dos. L'animal, surpris, se mit à bondir pour s'en débarrasser sans pour autant diminuer sa vitesse de course, ni changer de direction.

La mercenaire s'accrocha fermement à la base des bois, serrant les cuisses sur les flancs de l'animal pour éviter la chute. Elle se plaqua contre son encolure lorsque le poids de la chute d'eau se fit sentir, lorsqu'ils sortirent enfin de la caverne et traversèrent la cascade qui en masquait l'entrée. Les deux humains étaient à leur suite. Tant pis, elle n'avait pas eu le choix. S'ils étaient armés, ils ne tireraient pas sur l'animal. Elle devait tenir bon pour le fatiguer alors qu'il bondissait haut, se cambrant, les sabots dans la rivière.

Le cerf voyant qu'il ne parvenait pas à se débarrasser de l'importune se mit à galoper vers les arbres, sans vouloir les esquiver. Elle sentit les muscles de l'animal se contracter, alors qu'il jetait son flanc contre un tronc pour la faire chuter. La mercenaire comprit juste à temps la manœuvre pour se laisser tomber et rouler au sol, alors que Bambi percutait l'arbre lâchant le cristal dans un râle de douleur.

Lenore se précipita pour ramasser la pierre mais fut surprise par l'assaut d'une image, un souvenir alors qu'elle le prenait en main. La dernière embrassade avec sa mère, alors qu'elle partait pour la ville pour devenir apprentie à la boulangerie. Chaleureuse, insouciante. Un souvenir qui avait le gout amer d'un coup de poignard en plein cœur. Un instant d'hésitation qui suffit au cerf pour lui asséner un coup de bois qui la fit revenir à la réalité en heurtant le sol. Il se releva rapidement, prêt à charger ramures en avant.


" Rend le moi! Il m'est important!" Fit Bambi avec douleur et tristesse la suppliant.

La mercenaire encore sous le choc rangea le cristal dans une poche. Elle y avait vu sa mère, un fragment de bonheur, cela faisait si longtemps, elle en avait oublier comment sa mère était radieuse. Elle en voulait plus! Elle ne pouvait pas le rendre. Ni à Bambi, ni même ses clients, ni même à ce Sora!

L'animal comptait charger, elle fit quelques pas de côté pour se placer devant un buisson épais et épineux et lorsque le cerf lui fonça dessus, elle fit un bond sur le côté, aussi haut et loin qu'elle put, laissant le malheureux Prince se débattre, les bois empêtrés.

Elle jeta un dernier coup d’œil vers le duo humain qui approchait et prit ses jambes à son cou. Détalant à travers la forêt qu'elle connaissait tant pour les semer.
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Au mépris du danger et la respiration haletante, Sesheta sauta au travers du filet d'eau qui marquait l'entrée de la grotte. Elle se réceptionna trois mètres plus bas dans une roulade improvisée et se releva aussitôt. Le Prince de la Forêt ? Il était là, un peu plus loin, menaçant de ses bois une autre personne. Cette autre personne tenait le cristal en main. "Mais c'est qui, celle là ?" Dans la pénombre naissante, elle distinguait à peine une chevelure rousse. D'où venait cette fille ? Elle lui rappelait quelqu'un...

Pas le temps. Il fallait récupérer le cristal. Oui, elle l'avait décidé. Le cerf chargea la voleuse, qui esquiva de justesse, laissant l'animal s'emmêler dans les épines du gros buisson juste derrière elle.
"Pas mal", jugea Sesheta, soudain un peu jalouse. Malheureusement, plutôt que d'expliquer la raison de sa présence ou de ses actes, la voleuse prit tout de suite ses jambes à son cou. Sesheta cria : "Attendez !" sans effet. Elle tourna la tête vers la cascade, d'où émergeait tranquillement l'agent Lutz. Trempé du haut de forme aux bottes, il la toisait de haut sans rien dire.

"Oh et puis merde," grogna-t-elle pour elle-même en se mettant aux trousses de la voleuse. Elle allait en prendre pour son grade au QG. Peut-être même qu'ils allaient la virer pour interférence, avec retenue de salaire. Courant comme une dératée entre les arbres, le regard braqué sur la rousse qui venait de lui piquer SON histoire, elle en venait presque à regretter d'avoir rencontré le jeune homme qui les avait lancé là dedans.

Droit comme un i, l'eau dégoulinant sur ses vêtements, Lutz la regardait filer sous la pluie, impassible. Lorsqu'elle fut hors de vue, il décrocha sa canne télescopique de sa ceinture, la déplia et entreprit de descendre les quelques rochers qui le séparaient de la terre ferme. Il n'était pas très agile, mais sa raideur pouvait passer pour du flegme. Il y avait donc une certaine grâce à ses mouvements. Plus loin, le cerf se débattait encore dans son buisson. Il s'en approcha et s'arrêta quelques mètres devant, les deux mains appuyées sur le pommeau de sa canne.

Observant d'un air placide l'animal se débattre, il se mit à calculer dans sa tête les différentes probabilités. L'histoire aurait-elle eu une issue différente sans leur intervention ? Il abandonna bien vite ses calculs, les différents facteurs à prendre en compte étant trop nombreux. Le cerf arrêta de gigoter et lui lançait maintenant un regard suppliant. Une demande d'aide, certainement. Lutz toussota sans bouger.


"Maintenant que le cristal s'éloigne, ressentez-vous avec autant d'intensité les souvenirs de votre mère ?"

Pour seule réponse, le cerf rua de plus belle dans les épines, achevant d'enchevêtrer ses bois. Son flanc saignait un peu et ses pattes flageolaient. "Répondez à ma question et je vous aiderai peut-être." Impuissant, le cerf lâcha un brame déchirant. Rien n'y répondit. Il n'y avait pas d'autres animaux aux alentours, juste cet homme. Alors il souffla entre ses narines et ferma les yeux. "Non. Les souvenirs s'effacent." "Intéressant. Soyez plus précis, je vous prie. S'effacent-ils complètement ?" "Ils... non", fit le cerf, légèrement étonné. "Ils deviennent flous. Distants." "Hm. Et d'autres souvenirs reprennent leur place, c'est bien ça ?" "Oui. Féline. Geno. Gurri." Bambi essayait de relever le cou, mais sa prison d'épines l'en empêchait. "Je dois les rejoindre. Ma place est auprès de la harde. Aidez-moi."

Lutz pesa le pour et le contre quelques secondes. Ils avaient fait fuir l'animal, ils étaient donc en partie responsables de sa situation. Et si jamais Sesheta apprenait qu'il l'avait laissé comme ça, il n'aurait pas fini d'en entendre parler. Alors il retira le pommeau de sa canne, révélant un poignard effilé et affûté. "Ne bougez pas". La lame trancha les épines tortueuses une à une, méthodiquement. Cela lui prit bien une minute. Une fois sa liberté retrouvée, le cerf s'ébroua. "Merci. Quand vous verrez Sora, dites-lui mon nom. Bambi. Il m'a sans doute oublié moi aussi." Sans demander son reste, Bambi se mit à galoper droit devant lui. Lutz le regarda filer, et lorsqu'il fut assez loin, l'agent souleva légèrement son haut de forme avec son index, dans un salut pudique et solitaire.

Il sortit de sa ceinture le tube en métal qui lui servait à enregistrer ses rapports oraux et enclencha le mécanisme. Les petits rouages se mirent à tourner.
"Rapport G-566, deuxième ajout. Il y a sans doute une morale à cette histoire, mais je laisserai le soin aux équipes compétentes de la faire surgir. Les faits sont ainsi : Le Prince de la Forêt est un cerf répondant au patronyme de Bambi. Le cristal, que le cerf nomme fragment, est maintenant en possession d'une tierce personne dont je n'ai pu établir l'identité précise. L'agent Sesheta est à sa poursuite. Les capacités pulmonaires, la force musculaire et le manque flagrant de discernement de l'agent Sesheta laissent présager une issue négative. Quant au cristal, ou fragment, il semble posséder la capacité de faire ressurgir des souvenirs passés liés à la génitrice de la personne ou créature qui le touche. A son contact prolongé, la victime paraît alors dépossédée de toute faculté d'action positive et se terre dans la mélancolie, gardant le cristal près d'elle comme s'il s'agissait effectivement de la personne chère et perdue. L'effet s'estompe puis disparaît dès l'éloignement du cristal. Une analyse plus poussée étant maintenant impossible, et le flux naturel de l'histoire irrémédiablement perturbé par notre enquête, je clos donc le dossier G-566 et ferai un rapport détaillé à notre prochain passage au Quartier Général. Je demande également une investigation psychologique complète de l'Agent Sesheta afin d'évaluer sa capacité à poursuivre nos missions."

Une seule chose le tarabustait encore, mais il ne souhaitait vraiment pas que ses supérieurs se posent plus de questions sur l'affaire. Qui étaient les autres 'hommes' dans le campement ? Si c'est écrit, les coïncidences n'arrivent jamais par hasard. C'était la Huitième Directive.

***

"Putain, elle court vite. Ohlala, elle court vite," s’époumonait Sesheta, ce qui n'allait pas aider sa respiration. "HALTE ! Agent Sesheta de la BIC !" cria-t-elle à la voleuse qui la distançait déjà. "Non ? Bon... ah... j'aurais essayé." Tout son effort était concentré dans sa course, même si quelques méninges dans son cerveau s'attelaient à retrouver le souvenir de cette voleuse aux cheveux roux. Voleuse. Rousse. Pont. Troll. Oui, ça lui revenait, une de leurs enquêtes avec Lutz sur un troll qui faisait payer le passage d'un pont, pas loin de la ville. La rumeur était archi-fausse comme bien souvent. Le troll était en fait une mendiante, jeune et agressive, prête à détrousser les voyageurs s'ils ne lui donnaient pas une petite pièce. Lorsqu'ils l'avaient approché, elle avait couru, très vite, et ils avaient perdu sa trace. Et ce faux troll était rousse.

Lutz pourrait sûrement retrouver trace d'elle dans les archives plus tard. Pour l'instant, il s'agissait de ne pas la laisser s'échapper avec le cristal. Sauf que...


"Elle court vraiment, vraiment vite." Le coeur de Sesheta battait à faire mal dans sa poitrine, ses jambes étaient du coton, l'air frais du soir lui brûlait la gorge. Peut-être qu'elle ne verrait pas la fin de cette histoire parce qu'elle était sensée y mourir ? Pourquoi, pourquoi s'était-elle mis dans la tête qu'elle devait intervenir ? Lutz avait raison, comme souvent. Faire son travail, dessiner et annoter les événements, c'était tout ce qu'on lui avait demandé, tout ce dont elle avait besoin pour vivre et faire vivre sa famille. Et voilà qu'elle risquait tout, tout. Dans son doute, elle ne vit pas venir une grosse racine d'arbre qui sortait de terre sur son chemin et se prit les pieds dedans. Après un beau plongeon, elle se retrouva face dans la terre et y resta immobile plusieurs secondes, la respiration rauque et hâchée. "Ok, j'abandonne." Elle cogna quand même du poing sur le sol mouillé. Elle en voulait à la forêt entière !

"Sesheta ! Sesheta !"


Cette voix, elle la reconnaissait. C'était "Pan-Pan. Qu'est-ce que.. qu'est-ce que tu fais là ?" Le lapin s'approchait d'elle à toute allure, visiblement paniqué. Le ruban qu'elle lui avait donné était toujours noué à une de ses pattes avant, mais la terre lui avait fait perdre des couleurs. "Je t'ai entendu crier. J'ai cru que toi aussi tu étais... Enfin, tout a l'heure, les oiseaux ont entendu crier, ça venait du camp des Hommes ! Ils m'ont dit que c'était Maître-Hibou. Je suis allé en reconnaissance et il est là bas, ils l'ont déplumé, ils vont sûrement le cuire, il faut le sauver ! Pourquoi t'es par terre, tu cherches des truffes ?" Sesheta décolla son visage du tapis de terre et de feuille, elle offrit un sourire triste au lapin. "Non, je cherche un sens à tout ça." "Tout ça quoi ?" "Oh, la vie, tout ça." Voyant que le lapin flairait le vide, elle reprit : "Laisse tomber." "Si tu veux, je peux t'apprendre à courir vite et sans tomber. Mais plus tard, il faut sauver Maître Hibou !" Il tambourinait le sol d'une patte arrière, impatient. "Et que veux-tu que je fasse ?" "Ce sont des Hommes, comme toi. Tu peux leur parler, tu peux leur offrir quelque chose en échange, je sais pas ! Vite, suis-moi."

Sesheta se releva, pas très convaincue. Qui était assez vil pour torturer un vieux hibou ? Et que lui feraient-ils s'ils la découvraient ? Non, elle avait déjà assez pris de risques comme ça. Mais si la rousse était avec eux...

"Tu viens ?"
"Oui."

Ils coururent bien cinq bonnes minutes sous une pluie battante avant d'arriver à l'orée du petit campement. Il n'y avait là qu'une petite tente, un feu de camp qui résistait tant bien que mal à la pluie car on l'en avait protégé, et trois personnes en pleine conversation. Pan-Pan ne voulait pas s'aventurer trop près, de peur de finir en civet. Il laissa donc Sesheta y aller une fois son souffle retrouvé. La jeune agente éreintée se faufila d'arbre en arbre, mettant à profit les leçons d'approche discrète qu'on enseignait à toute nouvelle recrue de la BIC. Sa petite taille était un avantage, la nuit tombante également. Finalement, elle fut assez près pour entendre la conversation. Un genou à terre, le corps dissimulé par un arbre, elle écouta.
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Lenore grimpa dans un arbre pour reprendre son souffle, surveiller ses arrières et vérifier que personne n'était à ses trousses.

Elle devait réfléchir. Sa mission était terminée, elle avait le cristal. Mais avait-elle eu une illusion? Elle voulait vérifier, revoir encore une fois sa mère, mais la luminosité de la pierre allait trahir sa cachette alors que la nuit s'était finalement installée sur la forêt. Elle devait retourner au camp de ses clients et leur rendre l'objet... Non! Elle ne pourrait pas s'en séparer. Ils la traqueraient pour récupérer le cristal à tout prix. Elle devait les convaincre que la mission était un échec, qu'ils devaient renoncer. La pierre devait disparaître. Oui! C'était parfait.





Assurée d'avoir semé tout le monde, y compris la jeune brunette peu dégourdie de l'autre équipe, elle cacha la pierre sous la souche d'un arbre au physique ramassé sur lui même. Elle revint ensuite au campement des agents de la BAC. Béa était là, une main sur l'oreille à regarder son écran au poignet.

Lenore leur expliqua tout dans le moindre détails, après tout le meilleur mensonge reste la vérité. Elle omit juste de parler de sa vision et n'eut pas le temps de conclure sur le combat avec le cerf dont elle comptait modifier la teneur.


" On s'en fiche des détails, le rapport de l'agent mentionne que tu as le cristal, alors donne le nous.Coupa-t-elle d'un ton autoritaire.

- J'aimerai bien mais je ne l'ai plus.La mercenaire devait rapidement trouver à modifier son mensonges, elle n'avait pas compter avec les informations de cette source inconnue.

- Quoi tu l'as perdu bêtement en cours de route, c'est ça? On te connais trop pour y croire. Fit le blessé perplexe.

- Justement tu me connais.Sourit Lenore Si je veux un joli caillou, je sais où en trouver et je préfère l'argent. Non Je ne l'ai pas vraiment perdu, en fait il s'est volatilisé une fois trop loin de l'animal. Un flash comme un éclair et POUF! Parti en cendre lumineuse comme s'il se désintégrait... C'était joli mais impossible de garder le moindre éclat en main.Elle haussa les épaules, se donnant l'air convaincue de ses propres paroles.

- Tu te fou de moi là?Maugréa Stefan

- C'est pas que j'ai pas confiance en toi, mais tu permets que je te fouille? Demanda la blonde.

- Ah! Sinon ça je peux encore le faire! Ricana l'homme de la BAC en haussant les sourcils.

Du calme mon chou, Béa a un meilleur doigté... Répondit la mercenaire d'un ton taquin.

La femme de la BAC fouilla la rousse qui avait ouvert les bras, volontaire. Elle savait pertinemment que le cristal était caché ailleurs. La blonde se piqua sur l'une des aiguilles de son corset en palpant.


- Ah en profites pas, ça c'était pas une poche! Plaisanta Lenore alors que la blonde fronçait les sourcils.

- Même pas vous me laissez profiter, Tssskk... Bon mission terminée je présume, on va au moins pouvoir enfin rentrer. Par contre t'as échoué hein. Crois pas te faire payer, ou en tout cas, démerdes toi avec le patron. Conclut-il.

-Hey comment je pouvais savoir, vous m'avez rien dit sur ce truc dès le départ! Vous même vous n'avez pas l'air de connaitre quoique ce soit dessus. Fit la mercenaire en une moue crédible. Après tout elle aurait bien aimer être payer malgré tout en plus. Et le hibou?

- Enterré derrière."





Elle les quitta une fois les explications données pour rejoindre le coin de forêt où elle avait dissimulé le cristal sous la souche. Toujours méfiante, elle chercha rapidement autour d'elle avant de reprendre son précieux en main. Une fois de plus, elle revit la scène chaleureuse, le sourire fier de sa mère, leur dernière embrassade... Elle se vit violence pour échapper la vision à son regard, elle ne pouvait pas rester ici. Elle ne put empêcher les larmes de couler sur ses joues alors qu'elle regagnait à la faveur de la nuit la station Shinra pour rentrer au Centurio.
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Ils avaient tué le hibou.

Les enfoirés.

Ils n'avaient vraiment pas de cœur. Sesheta ne savait pas ce qui la retenait d'aller les engueuler comme du poisson pourri et de leur cogner quelques beignes au passage. Peut-être sa répulsion à l'idée de finir enterrée à côté du volatile ? Avec sa taille fine et son manque d'adresse au combat, elle ne pouvait espérer sortir gagnante de l'affrontement. Le grand brun n'avait pas l'air commode, en plus d'avoir des manières détestables. La blondasse avait un pistolet.

La mort du hibou lui faisait mal au cœur, mais elle ne devait pas se déconcentrer. Elle était venue pour récupérer le cristal, ou au moins en savoir plus sur celle qui l'avait volé. Visiblement, la rousse avait fait ça juste pour de l'argent. Alors pourquoi mentait-elle en prétendant que le cristal s'était volatilisé ? Sesheta n'y croyait pas, c'était sûrement une ruse pour aller revendre le cristal au plus offrant, plus tard. Bien sûr, les deux gogos tombaient dans le panneau, ils ne se doutaient pas une seconde des pouvoirs de l'objet qu'ils convoitaient.

Tant mieux. Qu'ils se barrent, ça ferait déjà ça de moins à gérer. Quant à elle, elle suivrait la rousse vers l'endroit où elle avait sûrement dissimulé le cristal, la prendrait par surprise d'une manière ou d'une autre, récupérerait l'objet magique et irait retrouver ce Sora pour lui demander de tout expliquer. Elle pouffa silencieusement pour elle-même. Tout avait l'air si simple, en fait. Le frisson de l'aventure, celui qu'elle n'avait fait qu'effleurer jusque là en côtoyant tous ces contes, ce doux frisson lui faisait un effet dingue.

L'échange entre les trois voleurs s'achevait et la rousse quittait le campement. C'était le moment. Elle se redressa contre son arbre, prête à la poursuivre en restant bien à l'écart de la lumière que produisait le feu de camp. L'homme et la femme dans le camp reprenaient leur conversation, qu'elle écouta d'une oreille distraite :


"Allez Béa, on se casse d'ici ! J'en peux plus de cette pluie."

"Le patron ne sera pas du tout content qu'on rentre bredouille."

Encore ce patron. Qui était-il ? Sûrement un mauvais homme prêt à tout pour obtenir des objets magiques. Même prêt à tuer des vieux hiboux !

"J'préfère affronter ses sermons plutôt que de rester une minute de plus dans cette forêt de merde."

"Tu t'en fous peut-être Stefan, mais à la BAC, nous avons une réputation à entretenir."

Sesheta délaissa la rousse pour focaliser son attention sur eux. La QUOI ?

"Ecoute, Lenore est la meilleure sur le marché. Elle a plus le cristal." Il agitait ses bras comme pour chasser des mouches. "Circulez, y'a rien à voir ! Et si elle nous a menti, t'auras qu'a vérifier le rapport que va faire le robot et corraborer avec ce qu'elle a dit." La blonde réajusta ses lunettes trempées par la pluie et soupira. "Corroborer. Mais tu as raison. Les rapports de ces robots sont vraiment détaillés. Et l'agent Lutz est un des plus perfectionnés, rien ne lui échappe. Si il dit autre chose, on saura qu'elle nous a roulés."

Sesheta les écoutait les yeux et la bouche grands ouverts. Elle n'en croyait pas ses oreilles. Lutz... l'agent avec qui elle avait passé les trois derniers mois à enquêter sur les différentes histoires qu'on refourguait à la BIC... était un robot ? D'accord, il lui avait toujours semblé un peu bizarre, à se tenir toujours très droit, à répéter souvent les mêmes choses, à se souvenir de tout, même des moindres détails, à manquer singulièrement d'imagination, mais des intellos coincés des fesses, elle en avait déjà croisé avant. Il n'était même pas humain ? Et il faisait des rapports pour eux ? Il travaillait pour eux ?

L'homme enlevait les draps qui protégeaient le feu de camp de la pluie. Très vite, il fit vraiment noir.
"Bon, même si on a de gros doutes, ça va pas être facile de la choper et de lui faire avouer." La blonde défaisait la tente. "Je te rappelle que j'étais contre l'idée de solliciter ses services au départ. Tu aurais pu attendre pour étouffer le feu." "Le patron a toujours raison. Et il aime pas se faire doubler. Désolé, je veux juste. Me. Tirer. D'ici. J'ai failli perdre un pied, tu sais ! Un peu de compassion." La fille souffla par le nez et ils continuèrent de remballer leur campement en échangeant des platitudes.

Sesheta en savait déjà assez, de toute manière. Elle en savait même trop. En une minute, son paradigme avait été malmené, il lui avait explosé à la figure. Elle qui s'était imaginé avoir trouvé le boulot parfait, à chasser des histoires, dessiner des monstres en étant bien payée ! Voilà que tout devait être remis en cause. Son collègue, un traître. La BAC, jumeau diabolique de la BIC. Si le I était pour Investigation, le A devait être... Acquisition ? Appropriation ? Achèvement des Contes ? Ca lui faisait froid dans le dos, plus froid encore que ses vêtements trempés.

Bien sûr, elle avait complètement perdu de vue la voleuse, et elle ne retrouverait pas le cristal. Quelque part, elle s'en voulait d'avoir déçu les attentes de ce jeune homme aux yeux si bleus. Mais à cet instant précis, et cette fois elle en était sûre, elle aurait préféré ne jamais l'avoir croisé.

Quand ils furent partis, elle retourna auprès de Pan-Pan et lui raconta la voix cassée ce qui était arrivé au hibou. Le lapin resta interdit un moment, flairant tristement l'air. Puis il lui dit d'un ton grinçant :
"Il avait raison. Les choses ne changent jamais. L'Homme reste l'Homme". Pan-Pan se détourna d'elle et disparut presque aussitôt dans la nuit. Elle était seule.
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Alors ! Ben déjà, j'écris ce commentaire sur Office. J'ai pas envie de faire une connerie et de le perdre en plein milieu ^^

J'ai... du mal à appréhender le commentaire d'un RP aussi long, ça sera peut-être pas méga jojo j'vous préviens ! Mais ça va, j'vais y arriver vous en faites pas. J'vais faire comme les grands, j'vais procéder par joueur !

Commençons par Sora !

J'ai beaucoup aimé ta partie. J'ai beaucoup aimé les agents aussi. C'était plutôt cool ! Au début j'étais paumé un peu, j'étais pas sûr de tout piger, mais au final ça a été. J'ai vu peu de fautes, ce qui est bien. J'ai pas vu de phrases yolo qui voulaient rien dire. C'est vraiment un truc qui me saoule ^^ Je crois qu'on en parlait y'a pas longtemps, les fautes d'orthographes c'est pardonnable. C'est dommage mais pardonnable. Mais alors les phrases qui veulent strictement rien dire, où il manque un truc... Ça ça m'énerve ^^ J'en ai vu plein récemment et je trouve que c'est du gâchis. T'es pris dans le texte, y'a une phrase chelou qui arrive de nul part... Et paf, t'es sorti de l'atmosphère. Enfin, je m'éternise pas sur ma vie, là il n'y en a pas et c'est très bien !

Tes personnages sont attachants. J'aime bien la BIC (j'aime pas la BAC), le concept est fun, les personnages ont vraiment une personnalité bien developpée. On se range direct du côté de Sesheta. Lutz paraît méga bizarre sans savoir pourquoi. C'est un peu le gars chiant, trop droit dans ses bottes, qui brime Sesheta de fou ! Mais bon c'est son rôle et, même si j'aime pas, tu rends bien le truc ! Niveau interprétation c'est du bon. Pan-pan, Bambi... J'ai trouvé ça plutôt cohérent des vagues souvenirs que j'en ai. Y'avait beaucoup d'émotion en fait du côté de Bambi, c'était vraiment cool à tel point que j'étais triste pour lui.... et que je voulais mettre des grosses tartes à Lenore, notamment quand elle le chevauche et qu'il se blesse. La souffrance de Bambi n'est pas « cool », mais elle est bien faite je trouve, mais si ça reste peu présent. Enfin... y'a pas beaucoup de temps dédié à ça, mais c'est suffisant. Clair, net, précis. GG

Du coup ben... Ouais, j'suis plutôt content ! C'était vraiment bien. J'ai pas vu de post en dessous, l'histoire était cohérente, son cheminement aussi. Bravo.

On passe à Lenore !

T'es tellement détestable ^^ Je... Je sais pas en fait. Je vais commencer par les trucs bateau ! Donc, pareil que Sora, j'ai pas vu de phrase complètement wtf, mais j'ai vu quelques fautes ça et là. Comme je disais c'est pardonnable hein, c'est moins de ta faute que si c'était un problème de relecture, mais ouais... essaie de faire attention aux verbes. L'emploi est bon, dans le sens où ça sonne, mais l'écriture est pas toujours tip top. Je pense que t'aurais moyen de t'améliorer en plus ! Le truc con quand t'es pas sûre, c'est d'ouvrir un bête Bescherelle. Y'a pas de honte à le faire, et puis t'apprends des trucs ! Et puis au bout d'un moment, à force de le faire ça va imprimer et tu seras la pro des conjugaisons ! Donc ouais, même si c'est pas très grave, je t'encourage quand même à essayer de perfectionner ce point. Ça demande pas énorme de travail ^^

Pour ce qui est du fond... Bon, je le redis ton perso est vraiment pas sympa ! Je t'avoue ne connaître de la BAC que ce que je viens d'en lire, mais j'ai cerné les personnages assez simplement. Bon point donc. Tout le passage de la traque est bon et très dans ton personnage. Sur ce point là, c'est pas franchement du neuf mais t'as rodé le truc, aussi bien quand il s'agit d'interactions avec les PNJ que dans tes actions. Par contre c'est fou... Ça c'est pas du tout objectif mais... j'arrive tellement pas à avoir de l'empathie pour ton personnage ! Le coup de la pierre, de vouloir la garder... C'est cohérent, compréhensible mais... je sais pas. J'ai pas été du tout sensible au moment où tu parles de ta mère. Est-ce que c'est parce que les actions... disons discutables de ton personnage, influent ? Je pense que ouais. Pourtant, autant j'ai l'habitude de dire que quand on chercher la merde et qu'on la trouve, faut pas se plaindre, autant là... Lenore n'a rien cherché du tout (je parle de la boucherie de Grimm), autant j'arrive pas à être triste pour elle ^^ Mais d'autres le sont, donc ça doit venir de moi je pense.

Sinon, comme Sora, t'es restée plutôt cohérente tout au long du RP. Y'a pas un moment où je me suis arrêté pour me dire « Euh... Quoi ? ». Qu'il s'agisse de toi ou de Sora, j'ai tout lu d'une traite, sans lassitude... Y'avait pas de moment un peu mort quoi. C'était cool !

Donc voilà mes petites crêpes au sucre, c'est un bon RP ! J'ai vraiment bien aimé le lire, découvrir de nouveaux personnages, et tout ça. J'suis... plutôt content. Ouais.

Lenore :

Normal : 22 xp, 200 munnies, 3 PS. Un en dextérité, un en force et l'autre en... défense !
Vu qu'il s'agit d'un exploit de ton côté, ça fait -380 munnies avec la puterie de la Shinra ! Faites bien attention à respecter ça ^^ (ajoute toi ta thune de la notation et retire par après)


Sora :

Bon, c'est une mini-série pour toi ^^ Donc très facile, pas le choix !

Très facile : 5 xp, 50 munnies, 1 PS en Psychisme.
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