« Aaah ! »
Lenore chuta lourdement sur la fin de la répétition. Volontairement mais les autres ne devaient pas s’en douter. Les danses ça va bien quinze jours, pour le coup elle avait besoin d’une pause. Un peu de théâtre s’imposait. Ne pas réussir à se redresser convenablement sur sa jambe. Faire comme si elle souffrait. Ne poser qu’un pied au sol.
« Bah v’là aut’ chose… Qu’est c’qu’t’arrives don’ Didi ? »
« Ça me lance dans la cuisse… j’ai dû me faire un claquage. »
Boiter, se laisser lourdement peser sur l’épaule de Cookie qui l’aide à regagner le comptoir pour s’asseoir.
« Montr’ moi don’, c’p’têt pô grand-chose. » Fit- elle en relevant la jupe pour masser la cuisse à nue au grand bonheur des regards furtifs.
« Foutre diable ! » Cracha Lenore en se raidissant. Elle tapait du poing sur le comptoir mimant une douleur vive en serrant les dents et grognant lorsqu’elle pinçait le muscle.
« Mouais ça a pas l’air bi’n méchant mais j’préfère pô qu’tu gigotes p’dant deux jours. D’coup pour c’soir va f’lloir s’passer d’toi. J’t’enverrai l’doc’ pour matter ça, on sait j’mais.»
La mercenaire lâcha un soupir, se voulant d’une grande déception. Voilà qui lui accordait un peu de répit pour faire ce qu’elle avait à faire. Pour ses collègues par contre, la fin de répétition se changea en début d’une nouvelle. Danser à trois et danser à deux n’était plus du tout la même chorégraphie. Cookie les reprit aussitôt en main sans même leur laisser un temps pour souffler au grand désespoir de Sue-Helen. Lenore les plaignait en masquant un sourire fugace. Sourire qui mourut vite à la vue du gamin aux colts à l’autre bout du comptoir, levant son verre vers elle.
Lenore tourna le regard pour papoter avec Karlson, histoire de passer le temps et de garder la main sur les informations en ville. Il y avait quelques vols de bétails, notamment dans l’un des grands ranch au nord de la ville, des broutilles de commerce habituelles entre l’épicier et le cordonnier, mais rien d’exceptionnel. Calamity Jane restait en ville jusqu’à la fin des réparations de la diligence. Elle tournait pas mal dans les plaines à surveiller les mouvements des indiens en cas de vengeance au massacre qui avait eu lieu pour défendre le véhicule en danger. Le tavernier et la femme de l’ouest se connaissait depuis un moment visiblement, et il confirma ses talents au tir à la carabine et au pistage.
La mercenaire regardait ses collègues se démener sur la piste bon grés mal grés. Elle ne voulait pas rater le prochain passage de la femme de l’Ouest si talentueuse. C’était aussi pour cela qu’elle c’était octroyer une pause avec sa petite scène d’actrice. Elle avait monté un plan pour se débarrasser du gamin aux colts. Il comprenait l’apprentissage du tir au révolver avec Jane et hoper, pour que celui-ci puisse survivre au duel que lui lancerait ce type qui semblait préparer quelque chose contre la rousse. Duel que Lenore devait provoquer en poussant la future victime à bout. Mais chaque chose en son temps.
Les répétitions cessèrent définitivement, le temps pour les filles de se rafraichir et de se changer et elles circulèrent dans la salle qui se remplissait au fur et à mesure du début de soirée, pour discuter avec des habitués souriants. Lenore étant cloué au comptoir, ses clients l’entouraient debout, faisant preuve d’empathie devant sa blessure imaginaire. Elle les rassurait, souriait de son plus beau sourire et gloussait comme son rôle le lui demandait pour égayer la journée de ces travailleurs. C’était là le succès du Double Colt après tout, en plus d’être la seule taverne de la ville.
Le soleil se couchait déjà, quand Calamity Jane poussa la porte à double battant du saloon, frappant ses vêtements pour en ôter la poussière d’une journée de cavale dans les grandes plaines. Elle fit signe à Karlson pour son habituel verre de whisky en déposant son fusil contre le bois, s’éclaircissant la gorge en envoyant dans un crachoir une chique digne d’un vieux shériff. Karlson discuta avec elle des positions indiennes qu’elle avait pu apercevoir. Lenore en profita pour laisser trainer une oreille dans la direction, cette affaire d’indiens lui permettrait une excellente excuse pour lui demander des cours.
La mercenaire attendit que le spectacle commence afin de se débarrasser de ses clients, de retour aux tables. Elle sautilla vers un siège plus près de la femme de l’Ouest pour engager la discussion sur ses repérages.
« Et bien... qu’est-ce qu’il t’est arrivée minette ? Tu t’es fouler la patte sur un entrechat ? »
« A peu près oui. » Ricana Lenore. « J’ai un peu entendu votre discussion avec Karlson. Les peaux-rouges sont si proche de la ville ? Vous pensez qu’ils vont attaquer de nouveau ? »
« Ça je sais pas chérie. Mais je préfère prendre les devants, ça m’as toujours réussit jusqu’ici. » Fit-elle en buvant rapidement son whisky.
« J’aimerai vous aider, même si j’ai vraiment pas été très utile pour le coup de la diligence… J’en ai un peu marre de ne pas servir à grand-chose ici. » Dit-elle malgré le coup d’œil désapprobateur du tavernier.
« Dit t’es assez grande pour te prendre par la main. Personne ne vivra ta vie à ta place. »
Lenore jeta un regard à l’entrée, lorsque Hoper poussa les battants. Elle le regarda avec insistance avant de revenir à la discussion avec Calamity, espérant qu’il les rejoigne au comptoir.
« Justement, je veux venir avec vous la prochaine fois. Mais armée cette fois. Et j’aimerais que vous m’appreniez à tirer. Je veux pouvoir me défendre toute seule et ne pas me faire dézinguer en prenant la diligence par une attaque de sauvage. »
« Que je t’apprenne à tirer ? Pourquoi moi ? »
« Vous êtes la meilleure du coin. Karlson l’assure, alors autant demander la plus douée. » Fit-elle avec un sourire convaincant.
« Avec ma jambe dans le sac, j’ai du temps tout de suite si vous voulez bien. Je vous revaudrais ça. »
Jane réfléchit quelques minutes avant d’hausser les épaules et d’accepter en récupérant son fusil. Elle demanda quelques bouteilles vides au tavernier qui souffla son désaccord tacite et suivit la mercenaire qui la guida vers l’arrière-cour du saloon.
Lun 16 Jan 2017 - 10:16Lenore chuta lourdement sur la fin de la répétition. Volontairement mais les autres ne devaient pas s’en douter. Les danses ça va bien quinze jours, pour le coup elle avait besoin d’une pause. Un peu de théâtre s’imposait. Ne pas réussir à se redresser convenablement sur sa jambe. Faire comme si elle souffrait. Ne poser qu’un pied au sol.
« Bah v’là aut’ chose… Qu’est c’qu’t’arrives don’ Didi ? »
« Ça me lance dans la cuisse… j’ai dû me faire un claquage. »
Boiter, se laisser lourdement peser sur l’épaule de Cookie qui l’aide à regagner le comptoir pour s’asseoir.
« Montr’ moi don’, c’p’têt pô grand-chose. » Fit- elle en relevant la jupe pour masser la cuisse à nue au grand bonheur des regards furtifs.
« Foutre diable ! » Cracha Lenore en se raidissant. Elle tapait du poing sur le comptoir mimant une douleur vive en serrant les dents et grognant lorsqu’elle pinçait le muscle.
« Mouais ça a pas l’air bi’n méchant mais j’préfère pô qu’tu gigotes p’dant deux jours. D’coup pour c’soir va f’lloir s’passer d’toi. J’t’enverrai l’doc’ pour matter ça, on sait j’mais.»
La mercenaire lâcha un soupir, se voulant d’une grande déception. Voilà qui lui accordait un peu de répit pour faire ce qu’elle avait à faire. Pour ses collègues par contre, la fin de répétition se changea en début d’une nouvelle. Danser à trois et danser à deux n’était plus du tout la même chorégraphie. Cookie les reprit aussitôt en main sans même leur laisser un temps pour souffler au grand désespoir de Sue-Helen. Lenore les plaignait en masquant un sourire fugace. Sourire qui mourut vite à la vue du gamin aux colts à l’autre bout du comptoir, levant son verre vers elle.
Lenore tourna le regard pour papoter avec Karlson, histoire de passer le temps et de garder la main sur les informations en ville. Il y avait quelques vols de bétails, notamment dans l’un des grands ranch au nord de la ville, des broutilles de commerce habituelles entre l’épicier et le cordonnier, mais rien d’exceptionnel. Calamity Jane restait en ville jusqu’à la fin des réparations de la diligence. Elle tournait pas mal dans les plaines à surveiller les mouvements des indiens en cas de vengeance au massacre qui avait eu lieu pour défendre le véhicule en danger. Le tavernier et la femme de l’ouest se connaissait depuis un moment visiblement, et il confirma ses talents au tir à la carabine et au pistage.
La mercenaire regardait ses collègues se démener sur la piste bon grés mal grés. Elle ne voulait pas rater le prochain passage de la femme de l’Ouest si talentueuse. C’était aussi pour cela qu’elle c’était octroyer une pause avec sa petite scène d’actrice. Elle avait monté un plan pour se débarrasser du gamin aux colts. Il comprenait l’apprentissage du tir au révolver avec Jane et hoper, pour que celui-ci puisse survivre au duel que lui lancerait ce type qui semblait préparer quelque chose contre la rousse. Duel que Lenore devait provoquer en poussant la future victime à bout. Mais chaque chose en son temps.
Les répétitions cessèrent définitivement, le temps pour les filles de se rafraichir et de se changer et elles circulèrent dans la salle qui se remplissait au fur et à mesure du début de soirée, pour discuter avec des habitués souriants. Lenore étant cloué au comptoir, ses clients l’entouraient debout, faisant preuve d’empathie devant sa blessure imaginaire. Elle les rassurait, souriait de son plus beau sourire et gloussait comme son rôle le lui demandait pour égayer la journée de ces travailleurs. C’était là le succès du Double Colt après tout, en plus d’être la seule taverne de la ville.
Le soleil se couchait déjà, quand Calamity Jane poussa la porte à double battant du saloon, frappant ses vêtements pour en ôter la poussière d’une journée de cavale dans les grandes plaines. Elle fit signe à Karlson pour son habituel verre de whisky en déposant son fusil contre le bois, s’éclaircissant la gorge en envoyant dans un crachoir une chique digne d’un vieux shériff. Karlson discuta avec elle des positions indiennes qu’elle avait pu apercevoir. Lenore en profita pour laisser trainer une oreille dans la direction, cette affaire d’indiens lui permettrait une excellente excuse pour lui demander des cours.
La mercenaire attendit que le spectacle commence afin de se débarrasser de ses clients, de retour aux tables. Elle sautilla vers un siège plus près de la femme de l’Ouest pour engager la discussion sur ses repérages.
« Et bien... qu’est-ce qu’il t’est arrivée minette ? Tu t’es fouler la patte sur un entrechat ? »
« A peu près oui. » Ricana Lenore. « J’ai un peu entendu votre discussion avec Karlson. Les peaux-rouges sont si proche de la ville ? Vous pensez qu’ils vont attaquer de nouveau ? »
« Ça je sais pas chérie. Mais je préfère prendre les devants, ça m’as toujours réussit jusqu’ici. » Fit-elle en buvant rapidement son whisky.
« J’aimerai vous aider, même si j’ai vraiment pas été très utile pour le coup de la diligence… J’en ai un peu marre de ne pas servir à grand-chose ici. » Dit-elle malgré le coup d’œil désapprobateur du tavernier.
« Dit t’es assez grande pour te prendre par la main. Personne ne vivra ta vie à ta place. »
Lenore jeta un regard à l’entrée, lorsque Hoper poussa les battants. Elle le regarda avec insistance avant de revenir à la discussion avec Calamity, espérant qu’il les rejoigne au comptoir.
« Justement, je veux venir avec vous la prochaine fois. Mais armée cette fois. Et j’aimerais que vous m’appreniez à tirer. Je veux pouvoir me défendre toute seule et ne pas me faire dézinguer en prenant la diligence par une attaque de sauvage. »
« Que je t’apprenne à tirer ? Pourquoi moi ? »
« Vous êtes la meilleure du coin. Karlson l’assure, alors autant demander la plus douée. » Fit-elle avec un sourire convaincant.
« Avec ma jambe dans le sac, j’ai du temps tout de suite si vous voulez bien. Je vous revaudrais ça. »
Jane réfléchit quelques minutes avant d’hausser les épaules et d’accepter en récupérant son fusil. Elle demanda quelques bouteilles vides au tavernier qui souffla son désaccord tacite et suivit la mercenaire qui la guida vers l’arrière-cour du saloon.