Retour sur le Champ

- C’est quoi ce bordel ! s’exclama Natsu les yeux grand ouvert en observant le gigantesque cratère neigeux aux abords de la forêt du haut des remparts de la Colonie.
- C’est ce que j’essaye de t’expliquer depuis cinq minutes tête de pioche ! répéta une nouvelle fois Séolem avant de pointer du bras la mer de conifère, recouvert d’un blanc manteau, qui s’étendait au loin devant eux. On a subit un nombre répété d’attaques éclairs dans la forêt, beaucoup des nôtres sont tombé…Mercenaires comme Colons…Et Hier on a essuyé une attaque comme on en avait jamais vue depuis qu’on est là ! on a à peine eu le temps de calculer ce monstre que…
- Quel Monstre ? Le Chasseur Ardent apposa ses mains sur le rebord de la palissade afin de garder un semblant d’équilibre pendant que son esprit commençait à s’embrumer de regret et que son souffle s’emportait….Bordel ! Il quittait la Colonie quelques semaines et ça devenait un véritable enfer.
- Celui qu’est apparu d’un coup et qu’a bousillé notre avant-poste en une seule salve. Y’a d’abord eu un immense brasier, puis ce truc…et puis POUF !

Natsu serra les poings et les dents en tentant de contenir sa rage. Il retournait son cerveau dans tous les sens pour tenter de comprendre qui pouvait bien être responsable de cela…mais une seule réponse lui vint en tête : les Indiens !
Depuis que les Mercenaires s’étaient installés dans ce Monde, les natifs n’avaient pas cessé un seul instant de les harceler et de les agresser dans leur minage…Alors qu’ils n’avaient jamais fait de mal à aucun d’entre eux ! Merde !

- Ces emplumés du Nouveau Monde sont en train de dépasser les bornes ! Puisque c’est comme ça on va allez les chercher chez eux ! et on va leur bousiller la face autant qu’ils l’ont fait pour nous !
- Et ben tu risques d’être seul sur ce coup-ci mon pote, prononça à demi-mot Séolem en lançant un regard bref derrière son épaule.
- Qu’est-ce que tu racontes ? Me dis pas que vous allez rester ici les bras croisés en attendant qu’ils reviennent quand même !
- Les hommes sont effrayé Natsu ! Plus personne n’ose pénétrer dans la forêt de peur de se faire massacrer. Et puis qu’est-ce qui nous dit que la grosse bestiole n’était pas qu’un simple avertissement ? On réussit enfin à trouver un de leur campement, on le saccage bien comme il faut….et tout d’un coup on reçoit la visite d’un truc sortie tout droit de l’Enfer ! T’imagine si on recommence ! Ils nous enverront le même truc…voir pire !
- Si c’est que ça j’men occuperais ! Ils vont voir qu’avec moi ça sera pas aussi facile !
- Arrête de toujours tout vouloir faire par toi-même ! On ne sait pas combien de ces trucs ils ont encore ! Si tu les énerve encore plus ils finiront par nous envoyer quelque chose que même toi tu ne pourras pas combattre…et nous on se ramassera dans la face ton insouciance.
- Et si Fred en avait pas il serait une gonzesse ! Avec toutes tes suppositions on arrivera jamais à rien ! Si j’avais dût me poser des questions chaque fois que j’ai eu une idée j’en serais pas là aujourd’hui !
- C’est sûr que t’aurais peut-être fait moins de ravage durant la plupart de tes contrats….
- Va t’faire foutre !

Soudain, une voix autoritaire et nasillarde se fit violement entendre dans tous le campement à l’appel du Chasseur Ardent.

- Monsieur Dragneel !
- Oh non pas lui….émit péniblement Natsu avant de se retourner en direction du Gouverneur Radcliff avec un air agacé. Quoi ! Qu’est-ce qu’il y’a ? Le ton dure de sa voix eu l’effet d’un coup de fouet sur le Noble qui stoppa son avancée instantanément.
- Je…je voulais savoir si vous aviez été mis au courant de ce qui s’était déroulé durant votre absence…..ainsi que connaitre vos idées pour la suite.
- Il m’énerve celui-là ! grinça le Mercenaire aux cheveux roses entre ses dents tout en se tordant de frustration. Pourquoi il faut que dès que je revienne tout le monde m’emmerde avec leurs problèmes !
- Peut-être parce que t’es le responsable du coin…lui répondit Séolem avec la même intensité vocale.
- Et ben putain…heureusement que j’suis pas le Chef des Mercos alors ! j’deviendrais fous !
- Faudrait que le Centurio soit dans une sacrée merde pour n’avoir personne d’autre que toi pour te nommer Chef.
- Monsieur Dragneel !!!!
- MAIS TU VAS LA FERMER TA GUEULE TOI !!! Hurla à plein poumons le Draconicus en embrasant le bout de sa langue. QUAND J’AURAIS UN TRUC A TE DIRE J’TE SONNERAIS ! RETOURNES TE DORER LA COUENNE AVANT QUE J’TE LA CRAME !

Choqué, mais en même temps terrifié par la colère et le sérieux qui se dégageait en ce moment même du Chasseur Ardent, le bourgeois gentilhomme ne demanda pas son reste et préféra éviter d’envenimer encore plus une situation dans laquelle les mots finiraient pas être remplacés par les poings. Aussi barbare que soit une telle pratique aux yeux de Radcliff, il n’avait pas envie de subir le courroux de ce jeune homme dont il avait eu le temps d’entendre parler de ces faits d’armes et de son pouvoir destructeur. De ce dernier commençait d’ailleurs à s’échapper de nombreuses flammèches partout sur son corps. Ses muscles tressaillaient de frustration tandis qu’une flamme malsaine était en train de s’allumer lentement dans son regard.

Au même moment, nombreux furent les Mercenaires et les Colons qui avaient pris le partie pour Radcliff à fixer amèrement Natsu un bref instant avant de retourner à leur tâche. Ce détail n’échappa pas aux regards de Séolem qui dût se mettre en face du Mercenaire aux cheveux roses afin de le fixer dans les yeux et de s’accaparer toutes son attention.

- Calme-toi Natsu ! J’te rappel que beaucoup des nôtres et des Colons sont du côté de Radcliff….Encore plus depuis l’attaque de ce monstre. Pratiquement tout le monde a peur de la forêt maintenant. Et tant qu’on ne trouve pas une solution au calme pour sortir de cette merde, la seule chose que tu arriveras à faire en t’énervant d’avantage c’est de perdre de plus en plus de partisans à notre projet…Et Radcliff renforcera son autorité sur les autres !
- Dans ce cas y’a qu’à leur rappeler que ce sont les Mercos qui commande ici et pas lui !
- Si tu fais ça tu vas juste réussir à donner plus d’influence à ce gros lard. Les mots sont une arme redoutable, et leur opposer tes poings rendront leur pouvoir encore plus fort.
- J’vais tous les mettre au pas si c’est que ça !
- Ça reste des Mercenaires Natsu ! tu les a déjà vus s’écraser contre l’adversité ? tu vas juste les rendre encore plus haineux envers toi ! Bordel arrête un peu de penser uniquement avec ton instinct impulsif et réfléchit aux conséquences de tes actes.

Ce dernier se mit à grommeler alors que ses flammes se réduisaient au fil de la conversation. Séolem connaissait bien le phénomène et savait qu’il suffisait de partir sur une conversation où il n’avait qu’un avis limité comme toujours pour espérer le calmer un tant soit peu. Cela avait parfois tendant à l’énerver de ne pas toujours savoir quoi répondre. Mais en ce moment précis, il était conscient que c’était sa colère et sa frustration qui l’empêchaient de penser convenablement. Et puis tant d’évènements dernièrement ne lui avaient pas permis de se concentrer convenablement…L’échec de sa capture, l’assassinat des Gladiateurs du Colisée…et l’arrivé de cet ancien membre de la Coalition Noire n’avait pas aidé à calmer ses démons intérieurs.

- Désolés pour m’être emporté vieux….finit-il par prononcer après s’être frotté le visage d’une main tandis que l’autre tremblait encore de frustration. A peine arrivé qu’on me sort un bordel ambulant…J’ai même pas eu le temps de me remettre du voyage.

Alors que le Chasseur Ardent respirait profondément pour mieux se remettre les idées en place, Séolem lui adressa une petite tape amicale sur l’épaule pour lui montrer son soutien en silence. Lorsque la pression fut finalement redescendue un tant soit peu, le jeune homme aux cheveux roses gratifia son compagnon d’un signe de tête avant de se mettre à chercher du regard un certain borgne que l’on avait élu remplaçant le temps de l’absence de Natsu.

- Il est où Auron ?
- A la lisière de la forêt. Lui répondit son ami en pointant la direction du cratère. C’est le seul qui a encore le cran de s’y rendre…Il a obligé deux ou trois d’entre nous à le suivre pour l’assister dans sa surveillance.
- Au moins il reste pas vautré dans l’alcool, dit-il amèrement.
- Encore à lui faire la gueule ? Il n’a pas arrêté de faire du bon boulot depuis qu’il est là tu sais ! lâche le un peu avec cette histoire tu veux bien….

Pour seule réponse, le jeune homme aux cheveux roses poussa un faible grommellement avant de prendre le chemin de sa tente pour y déposer ses bagages.
Celle-ci était à peu près dans le même état qu’il l’avait laissé avant son départ : un petit bureau, sur lequel reposait l’ensemble des rapports de missions de ce Monde, était situé à l’autre extrémité de l’entrée ; un banc improvisé, taillé dans un arbre, trônait juste en face du meuble ; Et un lit de fortune juste à droite de l’entrée où le mercenaire s’écroula en laissant tomber son sac mal rafistoler par terre.

Dans un soupir de fatigue, le Chasseur Ardent ferma les yeux en tentant de retrouver un semblant de calme dans sa tête. Et avant même qu’il ne s’en rende compte, il s’assoupit.

Dans sa tente dont l’entrée laissait filtrer une mince pellicule de neige, Natsu Ronflait bruyamment à plat ventre sur son lit, un filet de bave s’écoulant lentement de sa bouche grande ouverte alors qu’il profitait encore de son profond sommeil réparateur sans discontinuité depuis qu’il était arrivé la veille. Pourtant, l’activité qui régnait depuis déjà fort longtemps dans le Campement finit par parvenir à ses oreilles et le réveilla d’un spasme musculaire qui le fit sursauter soudainement avant de se retrouver à quatre pattes sur son couchage. Le soubresaut réveilla alors vigoureusement la blessure de son flanc qui lui coupa la respiration pendant quelques secondes en même temps qu’il se pliait en deux en grinçant amèrement des dents. Attendant patiemment que la douleur finisse par passer. Une demi-minute plus tard, il se redressa les yeux perdus dans le vide, et il fallut plusieurs secondes au jeune homme aux cheveux roses avant de retrouver une lueur de vie et d’intelligence dans le regard pour réaliser où il se trouvait.

Se laissant de nouveau choir dans son lit de fortune en maugréant quelques paroles incompréhensibles même pour lui, Natsu laissait désormais le temps à son cerveau de se remettre en marche, principalement pour se rappeler de ce qu’il faisait exactement ici et de pourquoi il était de retour….Une activité qu’il ne cessait de pratiquer depuis son retour de la Terre des Dragons. Lui qui n’avait jamais rien fait d’autre que d’avancer toujours tout droit en vivant au jour le jour, sans jamais penser au lendemain et à ses contrariétés. Voilà maintenant qu’il se mettait à devoir prendre en considération tellement de choses…Mais pourquoi avait-il accepté cette place de « Chef de Chantier » pour la Colonie ? Il n’avait pas l’impression d’être fait pour toute cette gestion, ne se sentait pas d’être capable de penser à tant de choses à la fois….rien que le fait de commencer à repenser à tout ce qu’il allait devoir faire pour gérer l’organisation du campement lui donnait l’envie de se rendormir jusqu’à la semaine prochaine…Ces Indiens allaient définitivement le faire sortir de ses gonds, et cela risquerait de ne pas être jolie à voir.
Mais pour l’instant il devait trouver la motivation de se lever une nouvelle fois pour travailler…Lui qui avait toujours adoré la liberté, voyagé dans n’importe quel Monde pour remplir des contrats qui lui permettrait de se remplir les poches tout en renflouant le Centurio….Il était une boule d’énergie dont le Cœur flamboyait d’une énergie sans fin. Pour lui c’était terrible de rester toujours au moins endroit sans pouvoir se permettre d’aller voir du paysage.

Soupirant fortement en accompagnement de nouveaux grommèlements dans son oreiller, le Mercenaire cherchait encore une motivation pour sortir de son état de procrastination…Gérer les autres….quel calvaire….Lui-même ne savait pas comment se gérer efficacement. Il avait toujours préféré attendre les indications de ses supérieurs ou de ses camarades pour avoir une ligne de conduite à suivre avant de l’arranger à sa façon. C’était tellement fatiguant de trouver une raison valable à ses yeux pour se lever qu’il faillit ne pas entendre que l’on frappait sur sa tente pour l’appeler.

- Yo Natsu ! fit une voix féminine forte. T’es debout ?
- Gmmmrrmlmgrmlmlrg
- J’vais prendre ça pour un oui…Bouge-toi les fesses s’te plait, les autres t’attendent pour une p’tite réunion du matin.
- Hmmgrlblhmmmm….
- Pas dans quinze ans

Le Chasseur Ardent soupira, grommela une nouvelle fois, frappa mollement sa tête contre son oreiller deux ou trois fois avant de se relever pour se mettre en position assise sur son lit.
Ses nouvelles chaussures maintenant en visuel, il s’amusait à les fixer en repensant à son ami Roxas qui avait imaginé le concept de ces trucs…Un peu beaucoup large…mais terriblement efficace contre le froid et la neige de la saison…bien mieux que ses sandales habituelles en tout cas.
Après un long bâillement qui dévoila ses canines bestiales, le jeune homme aux cheveux roses claqua sa langue plusieurs fois dans sa bouche pour en retirer l’impression pâteuse qu’il y avait. Puis il se décida finalement à se lever en titubant encore somnolant les yeux à moitié ouverts dans un énième grognement pendant qu’il se grattait l’arrière du crâne.

Lorsqu’il sortit enfin de sa tente après avoir mis la main sur sa canne, un léger courant d’air glacial vint gifler ses bras nus et son visage, le frigorifiant pratiquement sur place en même temps que ce coup de fouet eu réussit à le réveiller totalement de sa léthargie. Ses Yeux clignèrent de douleur sous la vive lumière blanchâtre que reflétait le manteau de neige qui s’était posé sur l’ensemble du Campement dans la nuit et qui ne semblait pas destiné à se stopper pour l’instant.

- Froiiiiiiiiiiiiiid se mit-il à scander stupidement en claquant des dents quelques secondes avant de concentrer un brin de magie flamboyante tout autour de son corps et de relâcher une légère vague de chaleur qui lui permit de supporter la fraicheur ambiante comme si il était en été…Heureusement qu’il avait un peu mieux apprit à utiliser ses pouvoirs magiques, sinon il aurait déjà mis le feu au campement rien qu’avec cette manipulation.

Avec ce regain d’énergie qu’il venait de bénéficier, le Chasseur Ardent balaya le campement des yeux à la recherche d’éléments qui pourrait lui donner matière à remplir son rôle de chef. Oui il n’aimait pas sa nouvelle fonction, mais il ne la détestait pas vraiment autant que ça…c’était juste la fatigue et la flemme qui l’avait poussé à être aussi négatif à ce sujet. Il était conscient qu’il n’avait pas la même façon de voir les choses que Oakley, Judith, Angelica, Auron ou Montblanc….qu’il préférait se laisser porter par son instinct. Mais il savait qu’il pouvait toujours compter sur ses camarades pour l’aiguiller dans la bonne direction pour qu’il fasse un travail des plus correctes. Il n’avait qu’à écouter ce qui se disait et ensuite agir en conséquence….rien de bien difficile en somme pour son esprit simpliste.

Chacun de ses pas s’accompagnait d’une petite flaque d’eau dans le sol à cause de la vive chaleur qu’il dégageait, faisant se retourner la plupart des Colons qui n’avaient pas l’habitude de voir quelqu’un se promener aussi peu couvert en de telles températures.
Sur son bonhomme de chemin, il croisa un petit groupe d’individus à la mine sombre qui se dirigeait en direction de la porte du campement menant à la forêt. Lorsque Natsu prit la peine de mieux regarder la composition de l’équipe, il reconnut immédiatement l’imposant manteau rouge d’Auron à leur tête. Epée à lame noire sur son épaule, et marchant d’un pas déterminé.

Le sang du Draconicus ne fit qu’un tour avant de siffler soudainement le petit groupe dont les membres se retournèrent immédiatement pour regarder celui qui les avait ainsi appelés. L’Aurore Rouge levant un sourcil de surprise derrière ses lunettes rondes

- Vous allez où comme ça les gars ! demanda Natsu d’un ton strict sans s’en rendre compte.
- On al….
- On va faire des tours de garde à l’orée de la forêt...coupa Auron de son habituel ton neutre en s’avançant légèrement en direction du Chasseur Ardent...Il faut bien surveiller ces indiens…
- Et vous en avez parlé à qui ? continua le Mercenaire aux cheveux rose en se rapprochant à son tour de l’équipe. L’animosité qu’il avait envers Auron reprenant petit à petit le pas dans sa tête alors que son comportement le rendait au fils du temps plus antipathique.
- A Radcliff….Pourquoi ?
- Parce que depuis un p’tit moment c’est moi le chef de la sécurité dans le coin ! Du coup ça serait bien que quand j’suis là on me tienne au courant de ce qu’il se passe…
- Tu dormais ! j'avais pas envie d'attendre la fin de ton Hibernation. J'ai vu ça avec Radcliff qu'est tout autant responsable que toi !
- Radliff il s’occupe des Colons, le coupa-t-il soudainement exaspéré par la seule présence du Vétéran et s’emportant dans ses propres propos, et moi des Mercenaires ! Si on commence à faire du n’importe quoi on risque de perdre encore un truc à cause de ces cons d’indiens.
- C’est pour ça qu’on va surveiller la forêt Natsu ! pour être sûr de ne pas nous faire avoir une nouvelle fois !
- N’empêche que maintenant que j’suis revenue, t’aurais quand même put attendre de me prévenir moi avant de te barrer dans ton coin !
- Si tu veux…soupira l’Aurore Rouge d’exaspération….voila mon rapport: j’ai l’intention d’embarquer quelques gars avec moi pour assurer la sécurité à l’entrée de la forêt ! C’est bon t’es content avec ça ?
- Mouai...finit par émettre le Chasseur Ardent après plusieurs secondes de silence à défier son interlocuteur d’un regard noir…. On va dire que ça le fait pour ce coup-ci…Oubliez pas de me faire un rapport de votre patrouille après !
- Va vraiment falloir que tu lèves le pied Natsu ! lâcha le borgne en tournant les talons. Ton nouveau rôle te monte trop à la tête…
- Pas autant que l’alcool avec toi ! railla ce dernier en mettant les mains en portevoix avant de faire de même pour rejoindre le lieu de la réunion.

A ces mots, Auron stoppa quelques instant ses pas pour prendre une profonde inspiration dans le but d’évacuer l’énervement que lui causait son compagnon avant de forcer soudainement le pas de sa troupe pour rattraper leur retard sur leur temps de garde.

A l’extérieur de la Colonie, juste à côté de la Porte d’entrée menant en direction de la forêt, ce trouvait un feu de camp autour duquel se serraient un petit groupe de Mercenaires dont chacun possédaient un rôle important dans la gestion du Campement. Miranda, avec sa lance contre son torse et se cheveux noirs noués en une longue tresse dans son dos, était affiliée à l’entrainement journalier des combattants dans le Campement depuis qu’elle avait réchappée de justesse à une violente attaque de la Coalition Noire. Carlton, fière écossais en kilt par tous les temps, à la carrure imposante dont l’immense épée à deux mains était fixée dans son dos, était à la tête de l’unité d’éclaireur. Finn, le bombardier/pyrotechnicien, gérait la sécurité des Mines avec son œil expert dans l’infrastructure -et surtout la démolition de cette dernière-. Seolem, dont le bouclier au sol qui dissimulait une fine lame dentelée se remplissait de neige, était responsables de la dépense des provisions et des armements du Campement.

Lorsque la responsable des entrainements, à force d’impatience à grelotter dans le froid de l’hiver, finit par regarder par-dessus son épaule. Ce fut un mélange de ravissement et de frustration qui réchauffa son corps à la vue du Chasseur Ardent qui daignait enfin les rejoindre en compagnie du Capitaine Travis « Dans le mille » Hitman, qui a la charge de la sécurité du large depuis Fortuna, l’arrière-poste des flots de la Colonie.

- Ah ben te voilà foutu lézard ! Brailla Miranda avec une moue amère en voyant arriver le Chasseur Ardent en tenue habituelle. Ça te ferait mal d’avoir un peu de considération pour les copains en t’habillant normalement de temps à autres ! Qu’est-ce qui t’a retardé pour la réunion ? le paysage !
- Une mauvaise rencontre, souligna le Capitaine Travis en accélérant le pas pour rejoindre le feu de camp et s’y réchauffer. Je l’ai croisé alors qu’il prenait la porte de sortie menant à l’océan….Monsieur Natsu ne voulait pas emprunter le même chemin que Monsieur Auron. Alors il a préféré faire le tour du campement.

Un long silence s’installa pendant que l’ensemble du petit groupe se mit à fixer le Chasseur Ardent d’un regard qui trahissait leur exaspération ainsi que leur sidération à son égard, couplé d’un profond soupir blasé. Ce dernier répondit par un simple claquement de langue râleur avant de rejoindre à son tour la mauvaise troupe et de leur faire profiter d’une source de chaleur supplémentaire.

- Va vraiment falloir que vous régliez votre problème tous les deux, reprit Séolem en se retournant vers le feu de camp. Trouvez-vous un coin tranquille et dite vous les choses entre quatre yeux bordel !
- J’pense qu’une paire d’claque s’ras b’in mieux pour c’con ! souligna l’imposant Carlton. C’n’importe quoi d’prendre un contrat sur l’tête d’un pote !
- On ne va pas encore revenir sur ce débat les gars ! On est tous d’accord qu’Auron à merdé sur ce coup ! Mais à la différence de l’autre dragonnet de service, nous on a finis par passer l’éponge dessus.
- J’suis pas d’c’t’avis ! y’en a plein qu’pense qu’lui casser la gueule ça s’rais correct’ !
- Et moi je ne suis pas totalement de l’avis qu’on lui tombe dessus comme la peste, émit mollement Finn en levant la main pour faire remarquer son commentaire. Mais au moins qu’on lui fasse rentrer dans le crâne que ce qu’il a fait n’était pas cool….Un peu comme quand Natsu faisait d’énorme conneries autrefois.
- Genre, comme la fois où on le lui a répété pendant un mois tout entier dans le Centurio ? ironisa Miranda à l’aide d’un ton exagérément sarcastique. J’pense que c’est bon il a eu sa dose de reproche maintenant ! il est suffisamment mature, comparé à certain, pour apprendre de ses erreurs !
- Ouai voilà ! acquiesça Seolem en se frottant les bras, un peu comme ça en effet.

De nouveau, tous les regards se tournèrent dans la direction de Natsu alors que celui-ci fixait impassiblement les flammes de ses yeux verts. Lorsqu’il comprit que pratiquement tout le monde attendait de savoir si oui ou non il avait l’intention de faire avancer la chose, celui-ci les fixa d’un air désintéressé en prononçant ces simples mots :

- Je l’emmerde !
- Et c’est avec ce formidable mot d’esprit que nous passons sans plus tarder à un nouveau sujet de conversation : La réunion du jour ! lâcha Travis sur un ton qu’il voulait décontracter et plaisantin afin de changer l’ambiance morose qui commençait à s’abattre sur le petit groupe. Miranda, vous avez la parole !

Saluant l’initiative du Capitaine d’un geste de la tête, la femme brune souffla une dernière fois dans ses mains pour y dégeler les jointures avant d’entamer le début de cette réunion. La première chose à faire étant de s’assurer que Natsu soit au courant des dernières nouvelles.

- Pour ce qui est de l’état des lieux, on est en train de vivre un sacré merdier. Tout d’abord, on a une de nos mines -enfin un enchevêtrement de galeries creusées par les Colons- qui s’est entièrement affaissés et à ensevelit tous nos gars qui y bossait….il parait qu’une cinquantaine d’hommes étaient sur le chantier ce jour-là. Miranda prit quelques instants de pause pour ne pas engloutir le petit cerveau de Natsu sous trop d’information avant de reprendre. Ensuite on a également perdu un homme qui était parties en éclaireur dans la forêt cette semaine…toujours aucune trace de son corps. Et pour finir, on a entièrement perdu Fort-de-Forêt et ces douze occupants–dont Peter et Samantha qui avaient la charge de la sécurité de la forêt-  suite à l’attaque d’un monstre gigantesque sortie tout droit de nul part….Le premier et dernier avant-poste qu’on avait enfin réussit à construire avec l’aval de pratiquement tout le monde…Ah et pour les bonnes nouvelles, on a mis la main sur un petit campement indiens qu’on a entièrement vidé de ce qu’il possédait avant de le bruler « pour le fun ». A savoir des pots en terre cuite, des peaux de bêtes et des espèces de bijoux primitifs en os d’animaux…..Mais malheureusement il n’y avait pas d’or comme l’avait promis Radcliff !
- Comment ça ? réagit alors Natsu aux derniers propos de sa camarade.
- Ah ouai c’est vrai t’es pas au courant de la dernière idée du Gouverneur ! ricana sournoisement Seolem entre deux claquements de mâchoire. Il dit que si on ne trouve pas d’or dans le sol depuis tout ce temps, c’est parce que ce sont les indiens qui ont tout prit pour eux depuis le début…Du coup la nouvelle priorité maintenant c’est de leur foncer dans le lard et de lui prendre leur Or de force….Sauf qu’avec ce qu’il s’est passé dernièrement, plus personne ne veut retourner dans la forêt ou affronter les peaux-rouges de peur qu’ils soient capable de faire appel à une autre bestiole du même genre qui a ravagé Fort-de-Forêt.
- Traduction….enchaina Finn sur un ton las. On a avancé d’un pas et on a reculé de douze…
- Wowowowowo une minute ! fit le Chasseur Ardent en agitant ses bras devant lui pour demander le calme avant de se tourner son regard en direction de celui de Séolem. Hier tu m’as dit que de plus en plus des nôtres se mettaient a adhérer aux idées du gros ! et maintenant tu me sort qu’il tient pratiquement plus ses idées….faut qu’on m’explique là je pige plus rien !
- C’tait un p’tit camp d’rien d’tout ! l’à juste dit qu’les indiens avaient tout prit avant d’fuir comme des lâches….On t’leur a mis une belle branlée c’jours-là à c’est cons. Le colosse écossais termina sa phrase par un rire gras et triomphale.
- En clair il a encore réussit à sauver son cul ! grinça furieusement des dents le jeune homme aux cheveux rose.

Miranda profita du petit échange entre Carlton et Natsu pour rajouter quelques buches de bois dans le feu afin d’y raviver les flammes. Puis elle reprit la parole :

- Sauf que pour ce coup-ci il n’a rien dit contre nous pour nous pourrir la vie ! Il a même félicité tout le monde et à dit que la prochaine fois on aura plus de chance….Maintenant il faut voir quand aura lieu cette fameuse « prochaine fois »…
- C’est pour ça que la priorité est de redonner le moral aux troupes ! Si on parvient gonfler leur confiance en eux ils auront déjà moins peur d’une nouvelle attaque de ce monstre gigantesque et seront plus enclin à retourner dans la forêt casser de l’Indien.
- C’pas gagné…’sont tous à bout…ç’fait trop l’ngtemps qu’la plupart sont ici….
- Non la vraie priorité c’est notre entente avec Radcliffe ! Si on continue à être autant divisé entre les Colons et les Mercenaires ont fonce tout droit dans un mur ! On doit sympathiser avec ce type…

La plupart des membres de la réunion furent sur le point de protester fortement. Ça il ne fallait pas être un fin mentaliste pour le deviner quand on voyait leur regard qui s’écarquillait lentement de colère. C’est pourquoi Miranda interrompit leurs paroles avant même qu’ils n’eurent le temps d’ouvrir leur bouche en levant la paume de sa main dans leur direction.

- Laissez-moi d’abord finir et après vous aurez le droit de l’ouvrir ! Le plus gros problème de cette Colonie c’est qu’elle est coupé en deux : ceux qui sont avec le Centurio, et ceux qui sont avec Radcliffe. Au début il n’y avait que le Centurio, puis Radcliffe a commencé à nous discrédité pour je ne sais qu’elle raison…Le problème, c’est qu’aux lieux de le faire taire certain d’entre nous n’ont fait que lui donner raisons en agissant comme des imbéciles. Son regard balayait les garçons qui l’écoutaient sans s’attarder sur qui que ce soit en particulier…mais la plupart comprirent instantanément ce qu’elle voulait entendre par là. A cause de ça, on se dispute tous le même os alors qu’on est censé le partager à la base ! A nous tous on devrait parvenir à trouver quelque chose de plus gros à se mettre sous la dent, mais on passe plus notre temps à mettre des bâtons dans les roues de nos propres alliés qu’autre chose ! C’est pour ça que si on redevient copain-copain avec Radcliffe, on aura plus de faciliter à redonner de la confiance aux autres et à nous coordonner tous ensemble pour aller dans cette putain de forêt pour trouver ces putains d’indiens et leur prendre leur putain d’or pour enfin rentrer chez nous !

Les derniers mots de la brune furent teintés d’une pointe de férocité tandis que ces compagnons la fixaient désormais avec une certaine crainte dans leur regard à son égard…Quand elle commençait à parler comme ça, c’était jamais bon signe.

- Mais…finit par se permettre Natsu légèrement hésitant…C’est lui qu’à voulut que je devienne le responsable en chef des Mercenaires de la Colonie…Moi j’ai rien demandé à la base.
- Ça t’fais pas on l’sais d’jà !
- Je crois que ce que veut dire Carlton ! reprit rapidement Travis pour éviter tout malentendu. C’est qu’on pense tous que Radcliffe n’a fait cette manœuvre que dans le but d’avoir un bouc émissaire sur qui cracher son venin. Réfléchit un peu, en te mettant à la tête de tous les Mercenaires de la colonie tu deviens leur porte-parole, mais tu les représente également ! De ce fait, si l’un d’entre nous fait quoi que ce soit, c’est sur toi que les conséquences retomberont en matière de critique. Mais si toi-même commet agit d’une certaine façon, alors nous seront tous mis dans le même panier que toi pour cela. De cette façon, peu importe qui fait quoi, tu seras toujours le seul vers qui Radcliffe se tournera pour traiter affaire. Ce n’est qu’une façon de lui faciliter le travail.
- Tout ça pour faire moins de travail ? Se mit à s’emporter le Chasseur Ardent. Il est gonflé ce gros lard !
- Et c’est reparti ! souffla Miranda d’exaspération en se pinçant les yeux. Arrêtez un peu de lui tirer des balles dans le pied ! Ce n’est pas comme ça que l’on arrivera à changer notre vision de lui ! Il faut aussi voir cette nomination comme une façon de mettre un peu d’ordre dans nos rangs. Bon sang on est la seule Faction à ne pas avoir de vrai Leader à notre tête. Et ne me donnez pas le nom de Fred parce que vous savez tous comme moi qu’il n’est pas notre chef ! C’est, au mieux, le conseiller du Centurio. On est tous d’accord que Natsu n’est pas le candidat idéale pour ce poste, mais ça n’empêche que c’est lui qu’on vient de nommer et il faut s’y faire.
- Ouai ‘fin…c’t’un non Merco’ qu’élie un p’tit chef Merco’….v’la voyez la logique ?
- J’suis d’accord avec Carlton ! J’ai rien contre toi Natsu….Mais si il voulait tant que ça un responsable on aurait pu voter nous même pour le choisir.
- Pour élire quelqu’un il faut qu’il y ait des personnes qui veulent être élus, lança la lancière avec un regard froid…L’un d’entre vous aurait eu envie de ce présenter peut être ?

Le court silence qui répondit à sa question fut plus que suffisant pour faire connaitre les avis de chacun.

- Au final, Radcliffe nous a évités de continuer à perdre du temps dans la gestion de notre organisation. Mais le fait que Natsu soit le Chef de la Colonie ne veut pas dire qu’il est celui qui décide de tout ! Il faut qu’on lui apporte notre assistance du mieux possible. C’est pour ça que nous avons établie des rôles pour chacun des plus hauts gradés d’entre nous…Pour permettre à notre dragonnet national de s’y retrouver dans tout ce foutoir et pour qu’il ne foute pas le feu à n’importe quoi.
- Dit comme ça….j’ai l’impression de servir à rien du tout….juste d’être une sorte de statue derrière laquelle on se cache quand ça tourne mal.
- Ne dit pas ça imbécile ! lui lâchât amicalement Séolem en lui donnant une tape sur l’épaule qui le secoua suffisamment peu pour que sa blessure ne le fasse pas souffrir. T’es pas aussi idiot que tu le penses ! si t’arrêtais cinq minutes de foncer dans le tas et d’écouter tous ceux qui te traitent de couillon fini à la pisse d’âne…
- …J’ai jamais entendu quelqu’un dire ça….
- ….Alors peut être que tu parviendras à devenir beaucoup plus performant que ce que tu es maintenant ! Et qui sait….peut être qu’un jour tu deviendras un vrai chef de Mercenaires
- L’encourage pas trop s’’te plait, murmura Carlton à ses oreilles.

C’était étrange pour le Mercenaire aux cheveux roses….Avec toute la puissance qu’il avait accumulé pendant ces années de travail acharnées à combattre des ennemis plus redoutables les uns que les autres, le voilà qui se retrouvait totalement incapable de faire quoi que ce soit par lui-même. Certes il n’était pas parfais et avait ses domaines de prédilections…mais il ne s’était jamais sentie aussi inutile qu’en cet instant. Même sa fougue et sa volonté venaient de se heurter à un mur qu’il ne pourrait jamais vaincre à coup de poing et de flammes, lui qui avait depuis longtemps l’habitude de foncer dans l’adversité pour que ses compagnons n’aient pas à subir de travail pénible…C’était maintenant lui qui se retrouvait à la traîne ! Et cela ne faisait que le perturber au point de le rendre pratiquement absent du reste de la conversation.

Le Chasseur Ardent fut ramené à la raison par Miranda qui l’invita à le suivre dans le campement pendant que les autres retournaient tous à leur poste. Sans vraiment s’en rendre compte, le voilà qui se rendait à la tente de Radcliffe afin de commencer à mettre en place le projet de réunification des Colons et des Mercenaires imaginé par Miranda.

Appuyé sur mon bureau à étudier les nombreux rapports de missions de mes hommes et de ceux des Mercenaires, je tentais de me retrouver dans cet amoncèlement d’information afin de dessiner au mieux un semblant de cartographie sur cette carte vierge que nous possédions lors de notre arrivé dans ce nouveau monde. Celle-ci, parsemée de nombreux dessins de richesse et autres trésors plus faramineux les uns que les autres, avait servi comme point de départ à mon leitmotiv visant à encourager les Colons pour trouver rapidement et efficacement de l’or. Maintenant elle était lentement en train de causer un discrédit sur ma personne.
Mais j’avais trouvé la solution au problème ! Il ne faisait aucun doute que c’était ces maudits sauvages qui s’étaient accaparés toutes les riches de ses terres. L’or, et les pierres précieuses qui dormaient dans le sol avaient tous été excavés sans exception. Il y avait tant d’hectares de nature, et pourtant ces indiens n’avaient pas laissé une seule pépite à nous mettre sous la main. Leur avarice ne semble connaitre aucune limite ! Et bien tant pis pour eux !

Nous somme venues dans le seul but de nous enrichir, mais puisque ces malpropres ne nous laisse pas le choix, nous allons devoir nous faire violence ! Encore plus qu’auparavant ! Les acculer dans leur derniers retranchement, les capturer et les torturer jusqu’à ce qu’ils nous révèlent où ils pouvaient avoir caché toute ces richesses. Et pour cela j’avais plus que jamais besoin de ces Mercenaires. Incompétents pour gérer une organisation comme cette Colonie, mais qui ont déjà démontré leurs aptitudes martiales. Ce sont des soldats et des guerriers sans cervelles, je n’ai qu’à leur offrir une bataille ou une guerre et ils obéiront sans rechigner si la fortune se à la fin de ce massacre.
Mais tout d’abord, je dois m’entretenir avec ce sauvageon aux cheveux rose ! Il est leur leader, et je dois admettre qu’il a tenu bien plus longtemps que je ne l’avais prévu dans ce rôle. Mais c’est finalement une bonne chose qu’il n’ait pas cédé à mes provocations ou qu’il n’ait pas cherché à évincer mon autorité. Sa simplicité d’esprit n’a fait qu’accroitre mon influence et à me donner raison sur leur comportement. Certains d’entre eux partagent même mon avis ! Ce sont des bêtes qui ne comprennent que les batailles et l’argent. Et ils sont d’accord avec le fait que je suis le seul qui soit capable de réfléchir aux directives à prendre pendant qu’eux se consacrent à leur tuerie de masse ! Mais les autres….ils réfléchissent trop ! Ils ne devraient même pas avoir à réfléchir ! Ce sont des armes, et une arme ne réfléchit pas ! Elle se contente de faire ce pourquoi elle a été conçu : combattre….Mais ce Natsu….il est différent des autres…il est une arme à double-tranchant, dangereuse pour tous ceux qui l’entoure. Capable de blesser ces ennemis comme ceux qui l’utilisent. Il n’a aucune logique et fait tout ce qui sort de l’ordinaire. Discuter avec lui ne sera pas une partie de plaisir


- Monsieur Radcliffe ? Fit une voix féminine à l’entrée de ma tente. Miranda et Natsu du Centurio ! nous aimerions nous entretenir avec vous quelques instants….
- T’es obligé d’être aussi formel avec lui ! Râla à demi-mot une autre voie que je devinais être celle de ce jeune homme mal luné. Je crus également entendre comme un léger claquement sec avant que ce Natsu ne se mette à nouveau à bougonner entre ses dents.
- Entrez-donc, leur répondis-je tout en dépoussiérants le col de ma chemise en soie.

Alors que je me tenais noblement droit face à l’entrée des deux Mercenaires qui me demandaient audience, Wiggins vint se poster dans mon dos pour donner quelques coups de peignes à ma chevelure noire.

- Et bien…Que puis-je pour notre entraineuse et le gérant de la sécurité ? Manqueriez-vous de matériels pour vos exercices ? Ou bien avez-vous besoin de quelques outils particuliers pour débusquer ces indiens ?

Un silence se fit en unique réponse. Si la dénommée Miranda se campait sur ses positions avec une grâce militaire, le jeune homme aux cheveux rose lui semblait éviter de croiser mon regard. Mais la mine sombre qu’il arborait ne faisait que renforcer mon avis à son sujet : ce n’est qu’un sauvageon sans manière !

Au bout de quelques secondes, la femme brune effectua un rapide mouvement envers son collègue. Tout du moins je pensais avoir vu quelque chose bouger au niveau de son bras…mais je ne suis pas sûr de ce que j’avance. L’instant d’après, Natsu se mit à faire une grimace exagérée de douleur que l’on retenait difficilement avant d’apposer sa main sur son flanc et de chercher à reprendre son souffle. Ce n’est d’ailleurs qu’à cet instant que je remarquai qu’il était pourvut d’une canne en bois pour l’aider à se tenir debout. Il semblerait qu’il ait rencontré de nombreux déboires depuis la dernière fois que nous nous vîmes. Peu importe ! Ce n’était pas le plus préoccupant pour le moment.

- On vient pour faire la paix….se mit enfin à prononcer d’un ton insolent ce jeune homme à la coiffure improbable sans pour autant me regarder dans les yeux…..Un manque cruel de respect et de courtoisie.

Une seconde impression de mouvement émana de Miranda, mais cette fois-ci, je fus rassuré de ne pas avoir d’hallucinations car j’entendis un nouveau claquement sec qui fit brièvement pencher en avant la tête du gérant de la sécurité. Etait-il vraiment en train de se prendre une correction sous mes yeux ?

- J’veux dire….reprit-il les narines gonflées de frustration après un bref coup d’œil vers sa camarade…que les copains et moi on aimerait….Partager plus que des bouts de papier avec vous….au sujet de ce qu’il se passe dans la Colonie.

J’ouvris mes yeux de surprise, et tout en m’asseyant sur le rebord de mon bureau je l’invitai à continuer de parler d’un geste de la tête.

- Voilà avec les copains….on se dit que…ben…on a pas vraiment bien évolué avec les Colons depuis le début de toute cette entreprise….Et que le fait de….de séparer les Mercenaires des Colons c’était pas le truc le plus intelligent qui soit…pour vous comme pour nous….Du coup ben….ça serait  pas mal de commencer à vraiment bosser ensemble pour trouver de l’or et casser la gueule aux Indiens.

Il lança un nouveau regard à Miranda. Celle-ci sembla lui lancer un regard d’approbation sur ce qu’il venait de dire….bien que la moue qu’elle faisait pouvait laisser penser qu’elle n’était pas totalement satisfaite du résultat final. Bien évidemment, ce jeune homme n’était pas fait pour les grands discours, mais j’avais tout de même réussit à comprendre où il voulait en venir….Ainsi donc, ces affamés de la violence et de la richesse avaient commencé à faire germer une idée dans leur esprit étriqué. Partager les informations de vives voix, travailler main dans la main comme de véritables professionnels responsables, et par-dessus tout : me donner la possibilité d’immiscer mon jugement et mes idées parmi les leurs ! Cette opportunité ne pouvait pas être plus belle ! De cette façon je pourrais me faire mieux entendre par les autres Mercenaires. Je pourrais même bien finir par devenir la seule et unique tête pensante de toute cette organisation une fois qu’ils auront compris et réalisé que je suis le plus à-même de diriger. Et si tout cela se fait avec le consentement et l’aval de celui qui est à leur tête, aucun d’entre eux ne se permettra de contredire mes choix et mes directives…..En ayant l’élément le plus incontrôlable de mon côté, je m’octroi une sécurité de choix dans mes prochaines actions…enfin…je pense

Je jubile intérieurement. Mais je ne dois rien laisser transparaitre. Je fais alors semblant de soupirer comme si on me retirait un poids du corps, relâchant mes épaules pour me retourner face à la carte de la zone.

- Je dois vous avouer que….cela fais un moment que je réfléchis à ces derniers évènements. Je ne cesse de me dire que nous sommes tous partie d’un mauvais pied…moi le premier je fus responsable de bon nombre de maladresse…Il faut me comprendre, je n’avais aucune expérience dans ce genre de domaine, à expérimenter la vie sur le terrain, à côtoyer des individus qui n’appartiennent pas au même milieu culturel que moi….J’étais déboussolé, j’ai essayé de faire en sorte d’adapter la Colonie à ma vision plutôt que de chercher à m’adapter à vous. Et au bout d’un moment, j’ai fini par me rendre compte de mes erreurs. Malheureusement…je ne suis qu’un individu avec sa fierté. Je n’arrivais pas à extérioriser mes émotions…alors, j’ai préféré continuer à me murer dans ce silence tout en commençant à réparer mes erreurs, somme toutes grossièrement mais….
- Donc ça veut dire qu’on bosse de nouveau ensemble ou non ?

Je me crispai instinctivement pour ne pas répondre à une telle insolence….il me fallait garder la tête froide face à un individu pareil. Pourtant, il m’était difficile de ne pas lui vociférer en plein visage toute l’amertume que j’avais à son égard. L’instant d’après, j’entendis un énième claquement, plus fort que les deux précédents cependant. Lorsque je me retournai avec un large sourire hypocrite, je pus constater que cette fois-ci, le Mercenaire aux cheveux rose peinait à respirer alors qu’il transpirait à grosses goutte en se tenant les côtes. Quant à la Miranda, et bien elle continuait de se tenir aussi respectueusement que le demandait la bonne conduite…du moins pour une femme. Mais elle ne se priva pas de me retourner un sourire courtois.

- Je n’irais pas jusqu’à dire que nous ne travaillions pas ensemble. Je pense plutôt que nous avions oubliez l’importance collectif de cette entreprise. Un Nouveau Monde comme celui-ci peut facilement faire perdre ses repères au plus respecté des hommes s’il ne prend pas garde. Mais maintenant que nous avons pu nous parler franchement, je pense que nous pouvons dire qu’il s’agit d’un nouveau départ que nous allons nous efforcer d’embellir afin de garder le cap sur nos objectifs…Enfin je veux dire : sur VOS objectifs ! après tout, je ne suis là qu’en matière d’aide à la gestion de la Colonie.
- Et nous ne vous remercierons jamais assez pour le travail que vous avez réalisé auprès des Colons, Gouverneur Radcliffe ! me répondit respectueuse la femme aux cheveux d’ébène en inclinant la tête.
- Je vous en prie Miranda, je continuais de passer de la paumade sur celle-ci, elle semblait plus encline à boire mes paroles que ce malappris de Natsu. Votre rôle dans la Colonie à vous et à vos camarades l’est tout autant ! sans vous, nous n’aurions probablement pas pu survivre longtemps face à ces indiens.
- Je pense qu’il nous faudra rassembler tous les hommes afin de les mettre au courant de notre choix respectif à enterrer la hache de guerre entre nous et à avancer d’un front commun vers nos objectifs. Nous pourrions profiter de la pause déjeunée pour cela ! qu’en pensez-vous ?
- C’est une idée remarquable ! plus vite nous résoudrons nos différends et plus vite nous pourront nous remettre au travail.
- Et comme ça nous pourrons démarrer notre première vraie réunion tous ensemble afin d’échanger nos idées et nos avis sur la gestion de la Colonie.
- Fort bien ! je vais commencer à préparer mes dossiers pour cet évènement.
- Dans ce cas nous n’avons plus qu’à retourner à nos occupations en attendant…Merci d’avoir accepté de partager un peu de votre temps avec nous.
- Ce n’est rien, ma tente est toujours ouverte pour discuter de la progression de cette Colonie.

Après nous être salué, les deux Mercenaires quittèrent mes appartements. Quant à moi, je patientai un temps afin de m’assurer qu’ils s’étaient suffisamment éloignés. Puis j’empoignai Wiggins dans mes bras en l’emportant dans une courte valse victorieuse.

- Holala Monsieur ! lâchât-il tout émoustillé. Cette conversation vous a enfin redonné le sourire à ce que je vois ! cela me fait énormément plaisir !
- Vous n’avez pas idée à quel point Wiggins ! Les choses commencent enfin à aller dans mon sens ! Ces Mercenaires n’y voient que des courbettes et des politesses. Bientôt ils seront obligés d’accepter mes idées, ils seront obligés de reconnaitre ma place ! Et alors avant même qu’ils ne s’en rendent compte, ils m’auront laissé un contrôle sur la Colonie bien plus grand qu’auparavant !
- C’est magnifique de voir qu’enfin vous allez vous entendre avec ces gens ! peut-être même que certains d’entre eux  pourront devenir de bons confidents !
- Je n’ai pas le temps Wiggins ! je me dois de préparer des documents pour cette réunion ! il me faut faire une bonne impression pour que les Mercenaires croient en ma participation. Plus elle sera grandiloquente, et mieux nous démarrerons cette nouvelle association !

J’allai alors m’installer dans mon fauteuil, cherchant et classant toutes les feuilles qui trainaient sur mon bureau afin de décider de ce que je pourrais dire lors de cette prochaine réunion. Il fallait que cela soit suffisant pour que ces fanatique de l’argent et de la guerre se mettent à m’accepter dans leur groupe….même si ce n’est qu’un petit peu….Chaque pas comptera dans ma progression au pouvoir !

Midi….l’heure du crime gastronomique !

Les membres de la Colonie commençaient lentement à se regrouper au cœur de celle-ci, tous attiré par le fumet délicat et appétissant que leur servait le cantinier aujourd’hui….Enfin, « Délicat et appétissant » était un ensemble de mot que tout le monde dans le coin avait fini par adopter par dépit. Le même repas tous les jours n’était pas quelque chose qui allait aider les membres de cette grande expédition à avoir un moral d’acier…..« Repas » aussi était un euphémisme, une telle tamboui mélangeant blé, lard et fromage -le tout cuit en même temps pour aller plus vite- ressemblait à une grosse pâtée verdâtre dont sûrement même un homme mourant de faim ne voudrait pas. En même temps, le cantinier était -paraît-il- un ancien maître bourreau….sa spécialité devait être les morts lente et douloureuse….probablement.
Mais quand on a besoin d’énergie pour travailler et que l’on vie dans le coin depuis un temps certain déjà, faire le difficile n’est pas vraiment dans l’état d’esprit des gens. Pas plus que la joie de vivre d’ailleurs.

Depuis une heure, la neige avait cessé de tomber, et quelques discrets rayons de soleil commençaient à percer les nuages sombres dans le ciel. Permettant d’apporter une touche de couleur de-ci et de-là dans la Colonie. Ce n’était pas grand-chose, mais cela annonçait au moins un retour tardif au printemps, ainsi qu’un léger début de hausse de température.

Comme à leur habitude, Mercenaires et Colons étaient divisés en multitudes de petits groupes pour déjeuner. Chacun ayant vue leur membre nouer des affinités entre eux, mais aussi parce que les différends entre les partisans de Radcliff et du Centurio n’avaient toujours pas fais enterrer la hache de guerre dans leur conflit à la suprématie de la Colonie.



Alors que tout le monde se nourrissait aussi bien cela leur était permis, le Gouverneur bedonnant, paré de son habituelle tenue violette, se rendit aux coté du cantinier, se servant d’une des nombreuses caisses de victuailles vide comme d’un piédestal afin de trôner au milieu du Campement. Se campant fièrement et noblement, il toussota quelque peu afin de se chauffer la voix, attirant au passage le regard de quelques curieux. Dégainant alors cérémoniellement son épée, Radcliff tapota sur la marmite en fonte pratiquement vide afin que l’écho métallique lui permette de se faire mieux remarquer.
De leur côtés, les dirigeants Mercenaires rameutaient le plus de leur partisans pour qu’ils se concentrent sur ce que pourrait avoir à formuler le Gouverneur. On parvint même à faire taire Carlton qui avait l’intention de faire de nouveau sonner sa cornemuse pour fêter la Saint Patrick…Chose que l’imposant Ecossais digéra assez mal

- Mes très chères Camarades ! je ne puis vous exprimer combien je suis fière de votre courage et de votre détermination ! Voici près de deux ans et demi que cette aventure a débutée. Nous avons connu des hauts et des bas, affronté les dangers de cette nature que l’on dit « indomptable », survécut aux assauts répétés de ces Sauvages sans âme….Et vous êtes encore là ! à tenir face à l’adversité, à continuer coute que coute cette aventure où Richesse et Gloire vous tend les bras à tous ! Beaucoup me diront que c’est parce que nous avons décrété que nul ne pourrait quitter la Colonie tant que nous ne trouvions pas d’or. Pourtant, vous êtes des hommes libres ! Explorateurs, Guerriers et Rebelle ! Vous êtes plus indomptables que cette Nature, rien ne peut vous retenir contre votre grès ! vous auriez pu partir de votre propre chef si cela avait véritablement été difficile pour vous. Et pourtant vous êtes encore ici à espérer ! Car oui ! C’est l’Espoir qui vous anime ! L’Espoir qui vous fait continuer sans relâche ! Parce que vous êtes vous-même l’Espoir que vos camarades, vos familles et l’ensemble de vos proches recherche désespérément ! Vous êtes les précurseurs d’une nouvelle ère de grandeur pour votre Monde ! Port Royale se souviendra de vous non comme des découvreurs, mais comme des héros qui lui auront apporté cette lueur d’Espoir et de Grandeur.


Certains buvaient les paroles de Radcliff, d’autre y prêtaient une oreille attentif sans pour autant se sentir entièrement concerné, et d’autre encore rejetaient en bloc tout ce qu’ils pouvaient entendre sortir de sa bouche. Mais cette dernière catégorie était bien moins importante que d’ordinaire, avec les dirigeants Mercenaires qui servaient de modèle en écoutant attentivement le discours du Gouverneur.

- Pour cela, nous devons tous ensemble continuer à aller de l’avant ! A faire face au danger et à l’adversité avec le même courage et cette Foi commune qui nous guide et nous unie dans cette expédition aux proportions gargantuesques ! Il n’y a pas besoin que nous soyons Mercenaires ou Colons, nous sommes des Aventuriers, mais demains nous seront des Légendes ! En conjuguant nos forces respectives, nous serons capables de franchir tous les obstacles que cette Terre cherchera à mettre sur notre route. Mais pour cela, nous devons avant tous faire la paix avec nous-même ! Assez de ces batailles entre frères d’armes, assez de ces querelles pour des terres dont nous somme devenu les propriétaires depuis notre arrivé sur cette plage il y a plus de deux ans. Nos ennemis ne sont pas ceux qui se tiennent à nos côtés en ce moment même, mais ceux qui nous ont volé notre Or et toutes nos Richesses ! Ceux qui nous harcèlent nuits et jours afin de nous obliger à partir ! Ceux dont le cœur est l’âme sont rongés par la cupidité, l’égoïsme, et la sauvagerie abjecte. Vous l’avez compris, je vous parle de ces….
- FARFADET !!!!!!!!!!!!!! Ce mit soudainement à hurler Carlton en tendant son imposant bras dans une direction du campement.

L’ensemble des regards se tournèrent alors vers l’Ecossais avant de fixer l’endroit qu’il pointait du doigt : Au milieu des caisses de munitions et de poudres à canon se trouvait une créature aussi haute qu’un enfant de six ans, vêtue d’une veste courte et d’un short vert d’où descendait de longue chaussette blanche qui venaient se terminer dans d’imposant sabot en bois. Une longue et énorme barbe rousse encadrait la partie inférieure de son visage, tandis que la partie supérieure était coiffée d’un protubérant chapeau assortie au couleur de ses vêtements.
Aux hurlements du mercenaire, l’étrange créature vouta légèrement son dos tout en fixant de ses énormes yeux jaunes comme l’or la multitude d’individus qui le dévisageait perplexe.

- C’est quoi ce truc ? finit par prononcer Séolem pour briser le silence qui s’était abattu sur le Campement. J’t’ai jamais vue aussi terrifié Carl’…
- C’pas d’la peur ! c’d’la prudence pur’ment élémentaire contr’ c’t’bestiole ! Les Farfadets viennent d’mon pays, et c’les plus gros voleur qui soient !
- Des Voleurs ?! Ce truc veut nous voler ! à la simple idée de se faire dérober des affaires par une telle créature, l’ensemble des habitants de la Colonie furent soudainement pris d’un élan commun de fierté retrouvée. Ils avaient peut être subit quelques mauvais coups dernièrement avec cette étrange et gigantesque créature….mais une petite bestiole comme celle-ci qui cherchait à leur chiper des affaires….ça il n’était pas question qu’en tant qu’hommes ils laissent passer un tel affront.
- Chopez-le !
- Fait’ gaffe ! C’truc à une chance d’malade !

Au même moment où les habitants de la Colonie se ruèrent comme une seule entité en direction du Farfadet, ce dernier se mit à son tour à courir d’un pas gaucher et bondissant. Cependant, sa vitesse de déplacement étant proportionnelle à sa taille, il ne fut pas assez rapide pour se retrouver encercler en un instant entre deux tentes.

- Bouge pas saloperie, ricana un Colon en se craquant les phalanges tandis que lui et ses compagnons s’avançaient lentement de leur proie.

Le lutin écossais se mit alors à dodeliner sur place avant de retirer son haut de forme coloré pour en sortir un Trèfle à 4 feuilles aussi grand que lui. Puis, il se mit à le secouer énergiquement de ses deux bras dans un tintement de clochette. Chose qui amusa encore plus ses agresseurs. L’instant d’après, une bourrasque souffla soudainement sur le Campement, frappant énergiquement l’une des tentes qui se trouvait aux côtés du groupe et dont les cordages gelée cédèrent sous la force du vent. Le résultat : les hommes se firent recouvrir la partie supérieure de leur corps sous le voilage de la tente avant de s’écrouler stupidement au sol sous leur propre agitation. Le Farfadet quant à lui continua sa route comme si de rien n’était, ne s’arrêtant un très court instant que pour chiper quelques objets et outils de toutes tailles qu’il enfonçait dans son couvre-chef.

Radcliff et d’autres hommes apprêtèrent leur fusil avant de mettre en joue l’insupportable créature. Mais au moment de tirer, cette dernière agita une nouvelle fois son trèfle géant. Et alors, soit les mèches s’éteignirent car trop humide, soit la poudre n’explosa pas car le silex se bloquait, soit l’arme explosait tout simplement dans une petite explosion qui recouvrit le visage de ses utilisateur d’un masque noire. Le Gouverneur lui-même fut victime de cette mésaventure, et le choc de l’explosion le fit glisser tête la première dans la marmite du cantinier.


De nombreux poursuivants tentèrent de capturer la créature à bras le corps, malheureusement la neige commençait à fondre par endroit, et chacun d’entre eux perdirent l’équilibre en glissant avant de s’écraser contre d’autres compagnons qui partagèrent alors leur malheur. Carlton fut cependant un des rares à parvenir à s’approcher du Farfadet en enfonçant ses pieds solidement dans le sol froid et dure. Réussissant ainsi à lui bloquer le passage de toute sa stature.

- Meurs salop’rie d’communiste !

Nouveau tintement du trèfle géant, nouvelle bourrasque qui vint d’un coup soulever le kilt de l’Ecossais qui se figea d’un coup dans un frisson glaciale. Puis ce fut une violente série d’éternuements de sa part qui l’obligèrent à baisser les armes, tandis qu’une partie de ses compagnons qui poursuivaient le Farfadet se mirent à vomir leur déjeuner de dégout.

- Pour l’amour du ciel….Hoqueta le Capitaine Travis. Carlton ! on t’avait dit de mettre un slip !
- C’est pas humain d’être aussi poilu à cet endroit ! surenchérit un autre après avoir recraché les restes de la veille.

Et la petite créature irlandaise continua son avancée sans faire attention à ce qui arrivait à ses poursuivants.

Rapidement, le Campement se retrouva sans-dessus dessous. Et les tensions entre les factions ne tardèrent pas à se réveiller. Chacune accusant l’autre de son incompétence quant à la capture d’un seul être. Très vite, de nombreuses disputes et rixes se déclenchèrent dans la Colonie où les hautes sphères des Mercenaires –ainsi qu’un Radcliff recouvert de tamboui- tentèrent de calmer la fureur de leur compagnon.
Soudain, une explosion retentit vers l’une des portes d’entrée de la Colonie. Natsu avait essayé de capturer la créature folklorique à son tour en la carbonisant d’un sort de Brasier. Mais la canne sur laquelle il s’appuyait venait de se briser à cause de termites qui y avaient élue domicile sans qu’il ne le sache, lui faisant alors perdre l’équilibre et tirer son projectile à côté de sa cible.  Si le sort ne fit aucun blessé grâce à l’intervention d’Auron qui le bloqua de sa lame noire, son souffle fit tomber à la renverser plusieurs Colons et Mercenaire, ainsi que le Farfadet qui en perdit son chapeau, dévoilant alors une tête ronde et entièrement noire…

- Une minute…Fit le Chasseur Ardent en plissant les yeux. C’est pas un Farfalle ! C’est un putain de sans-cœur Leprechaune ! Y’A UN SANS-CŒUR DANS LA COLONIE !

Ceux qui étaient à portée d’audition pour capter les dernières paroles du jeune homme aux cheveux roses stoppèrent tous leurs agissements pour faire remonter cette information capitale jusqu’aux autres dirigeant de la Colonie. Quand ils furent mis au courant, leur visage blêmit en même temps que ne se dessinait une lueur mauvaise dans leur regard.

- Qu’est-ce que cela à de si déconcertant ? S’étonna Radcliff. Ce n’est pas la première fois que vous avez affaire à une de ces créatures.
- Vous avez déjà croisé une de ces saloperies dans le coin depuis notre arrivé ?
- Pas que je sache….
- Parce qu’il n’y en avait pas ! Si l’un d’entre eux est parvenu à entrer dans ce Monde, on peut être sûr que d’autre ne vont pas tarder à suivre le pas ! Comme si on n’avait pas assez de soucie comme ça dernièrement. Il faut le détruire coute que coute avant qu’il ne reparte. On peut probablement ralentir leur arrivé en faisant ainsi….si ça se trouve c’est une sorte d’éclaireur.

Pendant que Miranda et les autres commençaient à donner des ordres plus directs. Natsu, suivit de l’Aurore rouge se précipitaient à la poursuite de la créature Ténébreuse qui avait récupéré sa coiffe et venait de dépasser les portes de la Colonie.

- Reviens ici sale bête ! aboya le Chasseur Ardent en boitant difficilement. J’vais te faire bouffer ton chapeau à la con !
- Reste sur tes gardes Natsu….ce truc…
- J’ai pas d’ordre à recevoir de toi ! Grogna-t-il à l’adresse de son compagnon.

A force de s’agiter, la douleur de sa blessure recommença à se réveiller et à le tirailler atrocement, l’obligeant à stopper sa poursuite. Auron fit de même pendant qu’il réfléchissait à ce qu’il avait pu observer de leur adversaire. Puis, après avoir attendu quelques instants, balaya le sol d’un puissant mouvement de sabre qui projeta une onde tranchante dans la direction de la créature.
Encore une fois, cette dernière agita son étrange arme, et chuta mollement sur une pierre qui le fit s’écarter suffisamment de l’attaque de l’Aurore Rouge pour se retrouver hors de danger. Cependant, ce n’était pas elle que le Vétéran visait réellement, mais le piège explosif qui était situé non loin. L’explosion qui en résultat projeta violement le Leprechaun dans les airs avant qu’il ne s’écrase difficilement quelques mètres plus loin. Cela confirma bien ce qu’Auron avait crue deviner dans le campement.

- Il se protège de nos attaques directes avec son Trèfle. Mais pas des dommages collatéraux si ils sont trop important…Natsu tu
- J’t’ais déjà dit que j’avais pas d’ordre à recevoir de toi ! vociféra le Mercenaire aux cheveux rose en embrasant son corps de colère et de douleur.
- J’allais juste te dire de rentrer te coucher. T’es même pas en état d’attraper un mouche actuellement. Alors un sans-cœur.
- …..T’as dit quoi là !
- Tu m’as bien entendu. T’es plus que l’ombre de toi-même mon pauvre petit Dragonnet. Il va falloir te faire une raison et retourner boire un bol de soupe chaude pour que tu ne tombe pas malade.

Suite à ces paroles, Natsu voulut asséner un coup de poing rageur à son camarade, mais celui-ci avait déjà anticipé son action et s’était suffisamment reculer pour ne pas subir l’onde de choc embrasé qui lui était destiné.

- Retourne lécher les pieds de la Coalition et fous moi la paix connard ! Hurla-t-il en devenant un véritable volcan humain tant les flammes qui s’échappaient de son corps étaient grandes et ardentes. Faisant fondre instantanément la neige qui l’entourait jusqu’au rivage

Maintenant, sa colère et son égo étaient tous deux suffisamment élevé pour lui permettre de faire abstraction de la douleur. Un Sceau élémentaire vint apparaitre sous ses pieds tandis qu’il concentrait dans chacune de ces mains l’équivalent d’un Brasier X. De son coté, Auron  se mit à concentrer tout son pouvoir magique pour un unique sort de Air ++. Son inexpérience dans ce domaine lui demandait bien plus de temps de focalisation que son comparse. Mais il parvint à terminer son Sort au même moment que Natsu qui combina ses deux mains en un unique rayon colossal. Couplé avec la magie d’Auron, le tir embrasé tripla de volume. Et toute la Chance du Monde ne permis pas au malheureux Sans-cœur d’éviter ou de se protéger d’une telle attaque.
Le sol trembla, les quelques pièges explosif encore présent dans le coin furent balayé par le raz-de-marée enflammé laissa un profond sillon calciné dans le sol….jusqu’à l’orée de la forêt où se trouvait autrefois l’Avant-poste des Mercenaires.
Les deux compagnons, épuisés par leur effort magique et physique s’écroulèrent essoufflé au sol. Auron se soutenant à l’aide de son épée pour paraitre moins faible qu’il ne l’était. Natsu en revanche venait cracher une importante part de sa colère envers son camarade. Accompagné par la fatigue mentale des derniers jours, il abandonna la conscience pour le sommeil reposant et réparateur.

La strie terrestre n’avait rien à envier au cratère qu’avait percé le monstre la fois précédente. Elle était même bien plus impressionnante ! Chose que tous les membres de la Colonie pouvaient attester. Et en un sens, cela fut un avantage pour les dirigeants du Campement, car cette démonstration de force de leurs deux meilleurs éléments avait permis de démontrer la force de frappe dont possédait la Colonie pour leur permettre de faire face à une prochaine invasion. Maintenant, l’inquiétude de la plupart des Mercenaires à ce sujet s’était envolée. Bien que le doute soit encore présent dans leur esprit et leur cœur.

Mais quand un soucie disparait, un nouveau survient : les Sans-cœurs ont réussi à trouver une brèche dans ce monde pour s’y incruster !