Quatre jours.
Une bouteille de whisky.
Douze repas de faillots, d’œufs, de bouillies de céréales et de viande.
Quinze litres de café.
Trois pauses urgentes aux toilettes.
Deux bains.
Une visite au médecin-dentiste-légiste-croquemort local.
Trois gélules de charbon.
Des hectares à pertes de vue : collines de terre battue ocre, de buisson d’épineux, d’herbes rases plus ou moins vertes, ponctuées de quelques bêtes en train de paître sous la surveillance tendue des cowboys armés H24.
Un vol de bétail.
Un raid sur des indiens.
Un « blanc » finalement responsable arrêté par le sheriff.
Huit tintements de cloche d’école.
Une trentaine de « DING » concluant la bonne réception dans un crachoir à tabac à chiquer.
Six chansons.
Douze pokers.
Une naissance.
Une demi centaine d’insultes ou supposé.[
Deux politesses.
Une minuscule pépite d’or.
Un duel.
Deux décès.
Trois modifications du panneau de bienvenue à Hill Valley, annonçant le nombre d’habitants.
Mais pas la moindre information sur les bandits et leur diligence capable de traversés les routes stellaires, ayant cambriolés le coffre de Picsou dans les Citées Dorées du Consulat.
Lenore soupirait longuement devant un énième café pendant que son estomac se tordait, observant son reflet sur le verre usé et poli qui servait de miroir, tout le long du mur derrière le comptoir. Elle ne se reconnaissait même plus. Pâle, un chignon et des mèches artificiellement bouclées, outrageusement maquillée et pomponnée, dans une robe à nombreux jupons d’un vert feutré.
Le tic d’une horloge cachée quelque part dans ce saloon égrenait un temps anormalement long. Il n’y avait rien à faire en journée et la chaleur n’aidait pas, même si ce n’était rien face à la température au Colisée.
La mercenaire était partie, comme d’autres, pour ce tout nouveau monde découvert suite au braquage extraordinaire qui avait eu lieux, et à la demande de la journaliste de retrouver ses bandits.
Ce n’était pas une promesse officielle de récompense. Mais au pire, même si le retour de la fortune n’était pas rémunéré, elle se ferait le devoir d’accueillir bénévolement ses pièces orphelines et abandonnées par leur propriétaire.
Du moins, c’était l’idée de base. Enquêter sur ses bandits qui avaient réussis à semer la police du Consulat.
Lenore avait laissé aux autres l’enquête de voisinage, l’aide aux autorités local, bref les techniques habituelles et au final cela s’était avéré plus judicieux. Les étrangers sont mal vus ici. Beaucoup d’enquêteurs trop insistants ont finis derrière les barreaux le temps de « dégriser » et de comprendre qu’il valait mieux ne pas remuer la poussière.
La rousse s’était dirigée immédiatement auprès du saloon. Elle n’avait pas eu le temps d’en passer le double battant de bois, accueillie par une sorte de danseuse de cabaret, habillée comme elle à l’heure actuelle, et qui n’était plus de toute première jeunesse malgré la peinture. Une allure de vieux magasins repeint à neuf. Elle avait un accent à couper le beurre et aussi peu de manière qu’une poissonnière.
« Hey ma jolie ! T’es Didi, Dis ? »
« …euh... pardon je n’ai pas bien compris ? » Lenore essayait de décrypter le langage local.
« T’es Didi, que j’dis. »
« De t’façon, j’vois pô bi’n qui qu’çà p’rrait êt’ d’aut’. Allez vi’ns don’ par-là, qu’y a du boulot. T’toute freluquette mais t’quiète t’va f’nir musc’ée comm’ nous aut’. T’s’ra bi’n n’rris icite don’. »
« Gné ? »
La mercenaire n’avait pas trop eu le temps de comprendre ce qu’il se passait, tirée par cette femme à travers le saloon puis vers les étages.
Avec une vitesse et une habileté sans égale, Lenore se retrouva déguisée de sa tenue actuelle. Aussi rapidement qu’on enfile un godillot avec un chausse pied. La rousse bredouillait des bribes de questionnement entre deux passages de tissu, le souffle coupé par le corset trop serré. Puis la poupée mercenaire fût de nouveau entrainée sans consentement pour être plantée devant le comptoir au rez de chaussé, devant le patron de l’établissement. Un gros chauve moustachu aux grosses bacchantes et petites lunettes, posa son regard sur sa nouvelle danseuse.
« Vous êtes un peu en avance mademoiselle Didi Sunshine. Bienvenue au Double Colt. Je sais que ce n’est pas la grande ville ici, mais on fera ce qu’on peut pour que vous vous sentiez bien, si vous n’êtes pas trop exigeante. Cookie vous expliquera les danses et les habitudes de la région. »Dit-il d’un ton calme et posé.
Pourquoi les taverniers sont-ils toujours tous en train de nettoyer des verres quand on leur parle ?
Sa chemise rayée maintenue par des bretelles et une bande de tissu sur chaque biceps alors que ses manches étaient retroussées au niveau du coude, lui donnait un certain civisme.
Karlson parlait si bien, clairement pas comme Cookie, sa chef de salle, que l’on se demandait s’il ne venait pas d’ailleurs. Mais contre toute attente, il était né ici et n’avait jamais mis les pieds ailleurs à plus de dix kilomètres aux alentours. Il connaissait la région comme sa poche, les habitants, les habitués, les habitudes.
Lenore était donc désormais, par la force des choses, Didi Sunshine, danseuse de cabaret dans le saloon de Hill Valley. Couverture parfaite pour elle qui lui laisserait apprendre bon nombre d’informations facilement.
Mais pour le moment, aucune information sur les coupables du braquage. Pourtant des rumeurs de banditismes étaient fréquentes dans le coin et les affiches pour chasseurs de prime étaient nombreuses sur la façade du bureau du sherif juste de l’autre côté de la Rue Principale, côte à côte avec la petite banque locale.
Une autre chose dérangeait la mercenaire dans ce monde. Les femmes étaient reléguées à leur faible nature de pauvres choses incapables de se défendre seule. En soit, ce n’était pas bien grave, jouer le jeu de la victime permettait souvent d’avoir l’ascendant sur quelqu’un. Les hommes de ce monde se faisaient un point d’honneur à les protéger et défendre, ils seraient donc facile à manipuler. Cependant, tous étaient armés de fusil ou de pistolets, ou presque, et ce, de façon quasiment permanente. La mercenaire n’aimait guère ce danger potentiel et permanent. En cas de problème que pourrait-elle faire ?
Heureusement les filles, à savoir « Didi », Jiji et Sou-Helen étaient choyés et sous l’œil paternel de Cookie et Karlson. Qui viendrait se mettre à dos la seule source de distraction de la ville.
Non pour le moment elle devait faire profil bas. Rester en ville, danser, chanter, rire, discuter et surtout écouter. Sans oublier de survivre à la cuisine locale….
Ce dimanche, la diligence passait en ville, elle apporterait certainement son lot de nouveautés, elle devait encore patienter. La véritable Didi risquait d’ailleurs d’en descendre. Elle devra prendre les devants et la réceptionner pour la convaincre qu’ici, le patron n’avait plus un rond et fermait boutique, lui payer son billet pour Deadwood, prochaine destination de la diligence, en lui assurant qu’elle y était attendue au saloon, que tout était déjà réglé, et veiller à ce qu’elle reparte sans avoir parler à personne.
Et attendre…. Encore….
« Didi dis ! r’branch’ t’caf’tière et vi’ns don’ s’couer tes jambonneaux par icite ! » Cookie la tirait de sa rêverie.
« J’arrive ! » Lenore finit son jus de chaussette qu’ils appelaient café pour regagner la scène, à l’heure de la répétition. Les danses n’étaient pas très compliquées mais très énergiques et coordonnées. De quoi réveillé un public désespéré.
Tout ce monde était déprimant pour la mercenaire. Elle ne tenait que par la soif de l’or qui se répandait plus vite que la grippe ici et le souvenir d’autres mondes meilleurs, celui de Port Royal et de Grimm.
Mer 7 Déc 2016 - 10:42Une bouteille de whisky.
Douze repas de faillots, d’œufs, de bouillies de céréales et de viande.
Quinze litres de café.
Trois pauses urgentes aux toilettes.
Deux bains.
Une visite au médecin-dentiste-légiste-croquemort local.
Trois gélules de charbon.
Des hectares à pertes de vue : collines de terre battue ocre, de buisson d’épineux, d’herbes rases plus ou moins vertes, ponctuées de quelques bêtes en train de paître sous la surveillance tendue des cowboys armés H24.
Un vol de bétail.
Un raid sur des indiens.
Un « blanc » finalement responsable arrêté par le sheriff.
Huit tintements de cloche d’école.
Une trentaine de « DING » concluant la bonne réception dans un crachoir à tabac à chiquer.
Six chansons.
Douze pokers.
Une naissance.
Une demi centaine d’insultes ou supposé.[
Deux politesses.
Une minuscule pépite d’or.
Un duel.
Deux décès.
Trois modifications du panneau de bienvenue à Hill Valley, annonçant le nombre d’habitants.
Mais pas la moindre information sur les bandits et leur diligence capable de traversés les routes stellaires, ayant cambriolés le coffre de Picsou dans les Citées Dorées du Consulat.
Lenore soupirait longuement devant un énième café pendant que son estomac se tordait, observant son reflet sur le verre usé et poli qui servait de miroir, tout le long du mur derrière le comptoir. Elle ne se reconnaissait même plus. Pâle, un chignon et des mèches artificiellement bouclées, outrageusement maquillée et pomponnée, dans une robe à nombreux jupons d’un vert feutré.
Le tic d’une horloge cachée quelque part dans ce saloon égrenait un temps anormalement long. Il n’y avait rien à faire en journée et la chaleur n’aidait pas, même si ce n’était rien face à la température au Colisée.
La mercenaire était partie, comme d’autres, pour ce tout nouveau monde découvert suite au braquage extraordinaire qui avait eu lieux, et à la demande de la journaliste de retrouver ses bandits.
Ce n’était pas une promesse officielle de récompense. Mais au pire, même si le retour de la fortune n’était pas rémunéré, elle se ferait le devoir d’accueillir bénévolement ses pièces orphelines et abandonnées par leur propriétaire.
Du moins, c’était l’idée de base. Enquêter sur ses bandits qui avaient réussis à semer la police du Consulat.
Lenore avait laissé aux autres l’enquête de voisinage, l’aide aux autorités local, bref les techniques habituelles et au final cela s’était avéré plus judicieux. Les étrangers sont mal vus ici. Beaucoup d’enquêteurs trop insistants ont finis derrière les barreaux le temps de « dégriser » et de comprendre qu’il valait mieux ne pas remuer la poussière.
La rousse s’était dirigée immédiatement auprès du saloon. Elle n’avait pas eu le temps d’en passer le double battant de bois, accueillie par une sorte de danseuse de cabaret, habillée comme elle à l’heure actuelle, et qui n’était plus de toute première jeunesse malgré la peinture. Une allure de vieux magasins repeint à neuf. Elle avait un accent à couper le beurre et aussi peu de manière qu’une poissonnière.
« Hey ma jolie ! T’es Didi, Dis ? »
« …euh... pardon je n’ai pas bien compris ? » Lenore essayait de décrypter le langage local.
« T’es Didi, que j’dis. »
« De t’façon, j’vois pô bi’n qui qu’çà p’rrait êt’ d’aut’. Allez vi’ns don’ par-là, qu’y a du boulot. T’toute freluquette mais t’quiète t’va f’nir musc’ée comm’ nous aut’. T’s’ra bi’n n’rris icite don’. »
« Gné ? »
La mercenaire n’avait pas trop eu le temps de comprendre ce qu’il se passait, tirée par cette femme à travers le saloon puis vers les étages.
Avec une vitesse et une habileté sans égale, Lenore se retrouva déguisée de sa tenue actuelle. Aussi rapidement qu’on enfile un godillot avec un chausse pied. La rousse bredouillait des bribes de questionnement entre deux passages de tissu, le souffle coupé par le corset trop serré. Puis la poupée mercenaire fût de nouveau entrainée sans consentement pour être plantée devant le comptoir au rez de chaussé, devant le patron de l’établissement. Un gros chauve moustachu aux grosses bacchantes et petites lunettes, posa son regard sur sa nouvelle danseuse.
« Vous êtes un peu en avance mademoiselle Didi Sunshine. Bienvenue au Double Colt. Je sais que ce n’est pas la grande ville ici, mais on fera ce qu’on peut pour que vous vous sentiez bien, si vous n’êtes pas trop exigeante. Cookie vous expliquera les danses et les habitudes de la région. »Dit-il d’un ton calme et posé.
Pourquoi les taverniers sont-ils toujours tous en train de nettoyer des verres quand on leur parle ?
Sa chemise rayée maintenue par des bretelles et une bande de tissu sur chaque biceps alors que ses manches étaient retroussées au niveau du coude, lui donnait un certain civisme.
Karlson parlait si bien, clairement pas comme Cookie, sa chef de salle, que l’on se demandait s’il ne venait pas d’ailleurs. Mais contre toute attente, il était né ici et n’avait jamais mis les pieds ailleurs à plus de dix kilomètres aux alentours. Il connaissait la région comme sa poche, les habitants, les habitués, les habitudes.
Lenore était donc désormais, par la force des choses, Didi Sunshine, danseuse de cabaret dans le saloon de Hill Valley. Couverture parfaite pour elle qui lui laisserait apprendre bon nombre d’informations facilement.
Mais pour le moment, aucune information sur les coupables du braquage. Pourtant des rumeurs de banditismes étaient fréquentes dans le coin et les affiches pour chasseurs de prime étaient nombreuses sur la façade du bureau du sherif juste de l’autre côté de la Rue Principale, côte à côte avec la petite banque locale.
Une autre chose dérangeait la mercenaire dans ce monde. Les femmes étaient reléguées à leur faible nature de pauvres choses incapables de se défendre seule. En soit, ce n’était pas bien grave, jouer le jeu de la victime permettait souvent d’avoir l’ascendant sur quelqu’un. Les hommes de ce monde se faisaient un point d’honneur à les protéger et défendre, ils seraient donc facile à manipuler. Cependant, tous étaient armés de fusil ou de pistolets, ou presque, et ce, de façon quasiment permanente. La mercenaire n’aimait guère ce danger potentiel et permanent. En cas de problème que pourrait-elle faire ?
Heureusement les filles, à savoir « Didi », Jiji et Sou-Helen étaient choyés et sous l’œil paternel de Cookie et Karlson. Qui viendrait se mettre à dos la seule source de distraction de la ville.
Non pour le moment elle devait faire profil bas. Rester en ville, danser, chanter, rire, discuter et surtout écouter. Sans oublier de survivre à la cuisine locale….
Ce dimanche, la diligence passait en ville, elle apporterait certainement son lot de nouveautés, elle devait encore patienter. La véritable Didi risquait d’ailleurs d’en descendre. Elle devra prendre les devants et la réceptionner pour la convaincre qu’ici, le patron n’avait plus un rond et fermait boutique, lui payer son billet pour Deadwood, prochaine destination de la diligence, en lui assurant qu’elle y était attendue au saloon, que tout était déjà réglé, et veiller à ce qu’elle reparte sans avoir parler à personne.
Et attendre…. Encore….
« Didi dis ! r’branch’ t’caf’tière et vi’ns don’ s’couer tes jambonneaux par icite ! » Cookie la tirait de sa rêverie.
« J’arrive ! » Lenore finit son jus de chaussette qu’ils appelaient café pour regagner la scène, à l’heure de la répétition. Les danses n’étaient pas très compliquées mais très énergiques et coordonnées. De quoi réveillé un public désespéré.
Tout ce monde était déprimant pour la mercenaire. Elle ne tenait que par la soif de l’or qui se répandait plus vite que la grippe ici et le souvenir d’autres mondes meilleurs, celui de Port Royal et de Grimm.