L’homme qui est venu te recruter au Château de la Bête te téléporte dans une cour herbeuse devant un manoir au paraître vétuste. Rien qu’à sa vue, tu comprends que tu as changé de monde. Sans demander son reste, ton nouveau collègue repart avec son vaisseau gummi vers d’autres pérégrinations. Le voyage fut enivrant pour toi. Jamais tu n’avais imaginé l’espace interplanétaire aussi beau. Tu contemplas avec plaisir. Tu ne détachas que très rarement ton regard de ces nébuleuses et autres objets stellaires. Bien sûr, tu ne laissas rien paraître aux yeux de ton interlocuteur qui avait peine à t’arracher quelques paroles.
Que la Coalition ait besoin de toi te semble un brin insensé. Que peut-on attendre d’un assassin tel que toi ? Cela t’échappe. Après tout, tu n’es bonne qu’à tuer. Mais, bon si enfin tu peux obtenir richesse et pouvoir, cela t’est bien égal. Tu rentres donc dans la bâtisse et, là, tu es estomaquée par le changement de ton. Autant l’extérieure semble paisible, autant l’intérieur reflète une activité intense. La déco aussi contraste avec la façade. Elle te paraît plus sombre, un peu à l’image de tous ceux qui t’entourent. Deux escaliers menant à l’étage supérieur, encadrant une immense baie vitrée, s’offrent à toi. Il existe aussi deux portes de part et d’autre de la pièce.
Tu t’approches de ce que tu pourrais assimiler à l’« accueil », un simple bureau qui se confond parfaitement avec l’atmosphère ambiante, mais qu’on devine comme ne faisant pas partie du mobilier d’origine, et te présente. La réceptionniste te regarde de pied en cap et te répond de sa voix de crécelle que l’on t’attend à la salle de briefing. Elle te donne un plan du bâtiment. En ton for intérieur, cela te fait sourire. Comme si tu pouvais te perdre. Tu gravis donc la volée de marches pour rejoindre le premier comme indiqué. Tu te diriges vers la porte de gauche et y frappes quelques coups. On te somme de rentrer. La pièce n’est pas particulièrement grande, mais elle est d’un blanc immaculé. Une ample table trône en son centre. Un homme est assis sur une chaise, le nez rivé sur des rapports divers. Il détonne de la pureté environnante par son apparence obscure. Tes Ténèbres réagissent à son contact. Tu le sens, elles sont vastes en lui également. Ton briefing va débuter.
Tu ressors de la pièce, cinq minutes plus tard, une carte à la main et un contrat d’assassinat, pour ne pas changer, sur un groupe dissident affilié au Sanctum qui aurait commis le meurtre de la Princesse Ariez. Tu avais entendu parler de ce meurtre entre deux missions pour ton ancienne organisation. Eux-mêmes ne savaient pas vraiment de quoi il en retournait. Tu n’aurais jamais imaginé, à ce moment-là, que tu en viendrais à poursuivre les meurtriers de la Princesse. Par contre, un problème de taille se place entre toi et la réussite de la mission. Comment te déplacer vers ton monde natal ? Bien sûr, il y a les transports en commun de la Shin-ra, mais comment les payeras-tu ? Tout en réfléchissant à une solution, tu te diriges vers l’armurerie. En fin de compte, le plan t’aura aidé à discerner les services proposés par la Coalition. Une fois arrivée à bon port, tu demandes au tenancier s’il peut aiguiser tes deux épées. Pendant ce temps, tu fais un peu le tour des étales. Tu y trouves un panel varié d’armes, du simple poignard à l’immense hache à deux mains, en passant par des armes à feu plus sophistiquer que ceux du monde de la Bête. Au détour d’une rangée, ton regard se fige sur une paire de Colts, enfin c’est ce qu’indique le petit écriteau.
-Je peux les emporter ? demandes-tu en saisissant les objets de ta convoitise.
-Vous faites partie de la Coalition Noir, non ? C’est donc à votre entière disposition. Voici vos deux armes, aussi tranchantes qu’à l’origine, et j’imagine que vous aurez besoin de cet holster et d’un paquet de munitions.
Une fois tes deux nouveaux outils à ta ceinture et tes lames dans leurs fourreaux, tu te décides à suivre ton instinct et prends la direction de l’accès à la station Shin-ra. Tu te dis qu’avoir ces deux revolvers qui pendouillent sur tes flans te rappelle un peu ton entraînement pendant ces quelques années pour l’organisation. Ils n’étaient pas aussi poussés technologiquement, mais leur utilisation doit être similaire. Sur le chemin, plusieurs sentiments naissent en toi. L’architecture t’apparaît si différente de celle de ton monde. Cela t’émerveille un tant soit peu. Le summum de ce ressenti t’envahit quand tu aperçois pour la première fois la gare et son clocher. Tu te promets de te poster en haut de la tour pour admirer la vue qu’elle offre dès que tu en auras le temps. Tu rentres enfin dans la station. Problème, c’est que tu n’as pas d’argent pour payer le trajet. Il va falloir que tu emploies tes bonnes vieilles techniques. Tu repères rapidement le guichet. Tu t’en approches et portes ta dévolue sur la pauvre victime qui vient de dépenser ses munnies dans un billet pour le Château de la Bête. Tu te diriges vers le malheureux d’un pas ferme et le bouscules. D’un seul geste à peine perceptible, tu lui subtilises ce dont tu as besoin dans la poche intérieure de sa veste. Tu t’excuses pour la maladresse et reprends ton chemin. Voilà une bonne chose de faite. En possession d’un ticket pour ton ancien chez-toi, tu te diriges vers le pont d’embarcation correspondant. Cinq minutes plus tard, tu es assise au fond d’un transport en direction du lieu de ton contrat.
Le trajet ne te sembla pas long une dizaine de minutes tout au plus. De plus, aucun Sans-Cœur ne vous attaqua comme pendant l’aller avec ton bienfaiteur. La Shin-ra devait sûrement employer des chemins sécurisés. Tu arrives promptement à terre. Revenir ici, aussi rapidement, ne te procure aucune sensation réelle. Après tout, rien ne t’y rattache vraiment, à part l'organisation.
Tu sors de la station du monde de la Bête et te diriges vers un vendeur d’élément utile pour l’alchimie de ta connaissance afin de refaire tes stocks. Tu as précédemment rendu services au tenancier. Tu lui prends aussi une fiole de poison et de fumée. Depuis, il t'offre tes achats en signe de gratitude. Après tes acquisitions, tu commences ton chemin vers l’emplacement secret des membres du Sanctum que tu as mémorisé sur les documents fournis par Death. Tu imaginas aussi divers plans pour venir à bout de ton job. Tu arrives diligemment aux pieds des premiers arbres du Bois aux Loups. Tu t’y engouffres avec prudence. Le terrain est désastreux, tu imagines que tes vêtements vont devoir être reprisés par la suite de cette expédition forestière. Au fil de ta marche, les ronces viennent s’agripper à ton manteau, le déchirant par endroit. Tu pestes un peu, mais finis par ne plus y penser. Au bout de dix bonnes minutes, la forêt se fait plus épaisse, les rayons du soleil sont quasi tout filtrer par la verdure. Au bout d’un certain temps, qui te paraît durer une éternité, tu arrives enfin à proximité du lieu décrit par l’ordre de mission. Tu grimpes à l’aide de ton grappin à un arbre proche et te postes sur une solide branche. Tu reprends ton souffle tout en observant la vigie qui veille à ne pas être surprise par des gens malveillants comme toi. Tu attends, guettes, épies le moment propice pour pouvoir agir. Tu imprègnes également quelques fléchettes de la solution toxique que tu as acquis plutôt. Enfin, quand tu vois le garde piquer du nez malgré lui, tu te propulses furtivement de rameau en rameau pour te stopper net sur le branchage surplombant l’homme somnolant. Tu sors ta dague, préparant ton assaut. Quand le bougre s’est complètement endormi, tu effectues un saut vers lui et l’égorges sans bavure.
Le mystérieux trou décrit par cette Vesper Earl s’offre enfin à toi. Tu sondes les souterrains, mais tu ne détectes aucune personne dans un rayon de vingt mètres. Tu te glisses alors dans ce tunnel et ce que tu y découvres t’intrigue beaucoup. Une immense galerie au mur parsemé de torches de façon régulière. Tu te dis qu’il aura fallu énormément de temps pour construire tout ça dans le plus grand des secrets. Tu commences ton exploration de cette grotte. À mesure que tu t’y enfuis, ta respiration devient de plus en plus saccade. L’air a du mal à pénétrer aussi bas sous terre. Fréquemment, tu essayes de pressentir la moindre présence quelconque, mais tu ne détectes encore rien. Tu espères qu’ils ne t’ont pas repéré et pris la fuite. Au bout d’une demi-heure de marche discrète, silencieuse et méthodique, au détour d’un tournant, tu ressens enfin les traces d’êtres vivants ici bas à une quinzaine de mètres sur ta gauche. Tu passes la tête pour essayer d’apercevoir le chemin qui t’attend, mais tout ce que tu vois c’est un trou à mi-hauteur d’homme donnant sur une impressionnante cavité. Tu te risques à avancer jusqu’à l’encadrement du creux. Un dernier sondage t’indique que trois personnes parlent entre eux autour de quelques choses et deux autres font le guet. D’un légué coup d’œil, tu remarques plusieurs bâtiments taillés dans la roche elle-même.
Tu prends ton souffle une dernière fois et te sors de ta cachette. Tu repères les deux gardes et leur décoches par le biais de tes gantelets deux flèches empoisonnées. Ils s’effondrent devant la porte quasi instantanément après l’impact. Le bruit sourd alerte un peu les trois pélots à l’intérieur. Tu mémorises vaguement la position des trois lascars et balances une potion de fumée. Tu rentres brusquement dans la pièce et en tues deux au fil de tes épées d’un seul mouvement vif. Cependant, le troisième, alors que les vapeurs commencent à disparaître, te tire dessus. Il te touche malencontreusement à l’épaule. Le choc te fait reculer et trébucher sur les deux corps à tes pieds.
-Toi et les tiens n’arrêteront jamais le Sanctum ! Crie-t-il, déjà au loin. Qu’importe le fait que tu nous stop ici et maintenant, nos projets seront toujours en marche.
La provocation glisse sur toi comme un l’eau sur un miroir. Tu te ressaisis de ta blessure tant bien que mal. Tu y appliques un sort de soin, mais cela ne restaure qu’un peu de ton énergie. Tu entames une course contre ton agresseur. Malgré ton imposant manteau, ta course n’est aucunement impactée. Tu arrives rapidement sur ses talons, mais il bifurque à un croisement.
-Tu ne me trouveras jamais dans ce dédale. Tu as perdu !
Tu te dis qu’il peut s’enfuir autant qu’il veut, tu arriveras toujours à le retrouver. Tu suis ce qu’indique ton sonar, mais pour égayer un peu la poursuite, tu comptes le prendre à contresens. Cinq minutes plus tard, tu te présentes devant lui. Tu vois dans son regard la peur naître rapidement. Il tend le bras tenant son arme à feu, armant le chien. Tu ne le laisses pourtant pas faire le moindre autre geste. D’un mouvement ample, tu plantes ta dague dans le cœur du membre du Sanctum. Une détonation se fait entendre simultanément. Une vive douleur te lancine le flanc droit. Enfin, tu te laisses tomber au sol, attendant que le tiraillement passe. Tu fouilles le cadavre à la recherche de quelque chose d’important. Tu y descelles une lettre destinée au pontife de la religion et de quoi reprendre les transports dans l’autre sens. Tu te dis qu’il faudra que tu passes chez un tailleur de ta connaissance aussi. Mais pour l’heure, tu prends un peu de repos avant de te soigner et te faire la route inverse. Finalement, c’était un peu plus palpitant que les missions qu’on te confiait au paravent.