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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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J’attendais là, assis par terre, une boule au ventre. J’regardais la soirée, l’apparition des premières étoiles, les feux qui s’allumaient dans tout l’camp… Et putain, quel camp… Y avait d’ces tentes partout, c’était un genre d’armée entière qui s’planquait là. Et ça f’sait des années qu’on les empêchait de bouger et de buter ce qu’ils voyaient. Le plan était : On fait rien tant que les dragons sont encore là-bas… parce que bon, les Huns allaient pas s’occuper des problèmes des Chinois, ça valait rien. On laissait ce pays s’affaiblir avant de les démonter, c’tait le plan. On craignait qu’à partir du moment où leur contact, Ultimecia, était morte, qu’ça les rendrait incontrôlables mais ces mecs avaient pas envie d’se frotter aux trois dragons…

Bon… moi j’étais assis près d’une grande tente silencieuse. On distinguait pas de lumière derrière la toile. J’m’appuyais pas contre l’un des pans de la tente de guerre mais… j’sentais le tissu qui m’effleurait l’dos. J’étais comme à mon habitude, avec mon arme près de moi et à côté d’moi y avait un soda et une bière, aucune des deux ouvertes.

J’étais pas bien. Ca m’faisait mal d’être dans cette situation de merde, là en train de… compter mes solutions. Le salopard en moi avait du r’faire son apparition pour la poule qu’était dans cette tente. Là ma mission c’était de sauver les meubles. J’devais faire mon possible pour que tout ça serve vraiment.
Donc là j’me sentais pas mal de d’voir faire ce que j’allais faire, j’me sentais mal par rapport à ce que j’avais d’jà fait.

‘Fin… Allez. Plus vite c’était fait…

J’me suis levé et je me suis approché de l’entrée de la tente. Tout ça, cette histoire, c’était avant qu’j’parte au Colisée de l’Olympe faire tous mes trucs… mais c’était quand même que la première fois qu’j’allais la voir. Roxas avait quand même fait en sorte qu’elle soit pas trop mal traitée… Y avait des gars qu’on payait cher pour qu’ils surveillent qu’aucun Hun fasse ses trucs de Hun à la rousse. Perso j’avais rien contre elle mais j’avais une vision un peu moins rose d’la prison… J’avais été plusieurs fois enfermé dans des trous horribles donc… perso j’doutais qu’une dure comme elle puisse péter les plombs aussi facilement simplement enchaînée à une chaise.

Alors j’suis entré. Y f’sait super sombre dans la tente… quand j’ai laissé tomber le pan de la tente derrière moi, la salle entière était genre méga obscure. J’pouvais voir un rayon de lumière ramper au sol et atteindre les pieds d’la p’tite dame… attachée au centre de la pièce sur une chaise. Même en m’approchant j’ai pas pu distinguer son visage, trop sombre encore. Fallait qu’mes yeux s’habituent au noir.

J’ai déposé les deux boissons au sol… et j’suis resté debout un instant comme ça.


« T’es réveillé, ma p’tite ? »

J’avais parlé à mi-voix… limite pas trop sûr de moi. J’pouvais voir un peu la couverture sur ses jambes mais pas encore le reste.

« Tu m’reconnais ? »

J’savais même pas si elle était réveillée… Ca se trouve, elle pionçait d’un sommeil de l’enclume mais dans le doute. J’me disais qu’elle allait bien finir par ouvrir un œil, au pire. J’ai pas expliqué qui j’étais… J’me suis dit qu’elle allait s’rappeler assez vite qu’elle m’connaissait, si au hasard elle m’confondait avec un des Mongoles.

« J’aurais aimé v’nir plus tôt. T’as du t’emmerder à parler à personne pendant tout c’temps. C’tait pas mon intention, désolé. »

Alors j’me suis assis en tailleur devant elle, les deux boissons derrière moi, mon arme à ma droite plantée dans l'sol… et la gamine à un mètre de moi à peine. J’levais un peu la tête pour regarder la silhouette de son visage, en attendant une réaction.
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L'absence du flot continuel d'informations qui l'avait baignée pendant des années s'était tarie. Tranchée d'un coup sec. Son esprit n'était qu'un espace blanc et sans attaches. Ses pensées étaient allées et venues, tournant pendant quelques jours autour d'informations obsolètes. Tout se terminait invariablement avec Roxas et son discours, bousculant ses idées, la mettant face à des conclusions étranges. Comme si elle avait tenté de traverser une rivière à gué et s'était arrêtée, de l'eau jusqu'à la taille, pour se rendre compte que ce qu'elle cherchait était sur le rivage. Trop loin déjà.

La Lumière, Ravness, tout cela était loin.

Son esprit cartésien avait tôt fait de considérer pesamment l'absence d'opportunités. Chances d'évasions nulles. C'était tout, et elle devait composer avec ça.

Elle n'avait probablement pas connu pire, s'était-elle dit alors que son corps refusait de lui répondre de la manière à laquelle elle était habituée. Elle avait vu, comme une spectatrice, ses capacités physiques diminuées au plus strict minimum. Elle passait les plus grandes parties de ses journées allongée, et, lorsqu'elle recevait de la visite et depuis qu'elle était en état, attachée à une chaise, sommairement. Ses poignets portaient la marque constante de liens serrés. Elle ne le disait pas, ou plus, mais c'était inutile de l'attacher ainsi.

Au bout d'un certain temps, ses cicatrices s'étaient refermées, pour en arriver à leur état actuel de longues choses immondes le long de son corps. Sur ses côtes, ses hanches, ses jambes. Il y avait quelques temps déjà que leur vue n'était plus vraiment un problème. Enfin, bien sûr que ça l'était toujours, ce qu'elle voyait, c'était elle. C'était quelque chose d'autre. Elle se demandait comment elle allait bien pouvoir faire. Faire quoi ? N'importe quoi. Elle n'avait pas marché plus d'un mètre depuis des mois, confinée dans cette tente. Ses muscles avaient fondu, elle le savait bien. Elle ne connaissait que trop bien le cycle du corps d'un prisonnier enfermé dans un espace clos.

Cette vie étrange qui était désormais la sienne était meublée de peu de choses dont des repas réguliers et l'attente presque intéressée de la venue de visiteurs. Ils ne parlaient pas sa langue, et elle ne parlait pas la sienne. Les mots n'avaient aucun sens, et ils ne cherchaient pas à lui parler où à lui expliquer quoi que ce fut. L'inventaire de ses connaissances était.... Désespérément vide, depuis les mois qu'elle avait passé ici. Combien de temps avait-elle bien pu passer dans cette tente ? Aucun moyen de le savoir.

Un mouvement à l'entrée de la tente lui fit relever la tête, lentement, les muscles endoloris de son cou ne lui permettant aucune fantaisie.    

Le contre-jour ne lui indiqua pas grand chose à propos de son visiteur. Seulement, sa stature était équivoque ; ce n'était pas un Hun. Son épée fut suffisante pour que son esprit saute sur la conclusion la plus évidente. C'était lui.

Un sentiment de vide se creusa dans sa poitrine, alors qu'elle entrouvrit la bouche pour dire quelque chose. Son esprit tourna court, sans parvenir à rien. Ses yeux restèrent fixés sur l'arrivant, détaillant son ravisseur. Égal à lui-même : il n'avait pas changé depuis leur première, toute première rencontre. Des souvenirs qu'elle avait crus oubliés revinrent à la surface. Le détail d'une cicatrice, d'un tatouage démesuré au symbole inconnu. Sans même les apercevoir clairement dans le contre-jour, le souvenir des détails de son visage lui revint, et elle devinait le reste. Un visage dur, marqué. Tous ces souvenirs revenaient par vagues sans son aval. Alors que son visage et son corps restaient figés, brisés dans un frémissement qui anéantit son raisonnement presque parfaitement conditionné par cette bonne vieille Shin-Ra. S'ils savaient...

Elle resserra les lèvres, détendant ses nerfs à vifs. Plus dans une vaine tentative de limiter la douleur dans son corps fatigué que par souci d'apparence. Elle n'avait rien à lui dire, tout à entendre, et ne put lui offrir qu'un sentiment à mi-chemin entre la crainte et une résolution ; accord tacite d'un esprit arrivé à la plus simple des conclusions. Quoi qu'il arriverait, elle devrait le vivre comme la pierre au fond du lit d'une rivière voyait l'eau quotidienne.
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« Bon… Je… »

Je… Je savais strictement pas quoi dire, voilà ce que j’avais envie de lui lâcher. Elle disait rien, me regardait juste et elle’m’faisait un peu flipper… Dans le genre « vous avez détruit ma vie. Je vais mourir là puis j’vais vous hanter, gros connards », ell’s’posait là.
Petit à petit j’commençais à la distinguer bien mieux. J’voyais ses cheveux gras, sa sale mine, son corps recouvert d’une épaisse figure et surtout qu’elle était immobilisée à sa chaise. J’l’avais déjà trouvée plus jolie et déjà, ça suffisait à un peu me foutre le moral en l’air.


« Je… j’ai apporté une limonade et… » j’ai r’gardé ma bière… « parce que c’est ma fête, aujourd’hui. » , qu’j’ai dit en la r’gardant à nouveau dans les yeux. Un peu plus bas j’ai dit « La fête de tous ceux dont le prénom commence par un j. »
Je lui ai souri en prenant la limonade et la bière qu’étaient posés derrière moi et j’les ai mis juste devant.

« Bonne fête Jecht ! »

J’ai décapsulé ma bière d’une main, l’ai posée au sol, ai ouvert la canette et me suis levé. Je l’ai mise juste au pied d’une des chaises de Cissneï avant d’aller dans son dos et de commencer à la délier. J’étais pas… complètement abruti. C’était pas une tactique, une preuve de confiance ou quoi que ce soit pour qu’elle dise « Mince, il m’a peut-être défoncé la gueule, c’te fils de pute, mais il m’a offert une canette après m’avoir redonné un semblant d’once de liberté ! P’tête que c’est un mec bien ! »

Non c’était vraiment juste… juste pour qu’elle puisse boire sa limonade tranquille. J’ai même délié ses jambes et tout.

Je me suis rassis juste après ça à côté de mon arme toujours plantée au sol et j’ai bu une gorgée de ma bière avant d’la r’poser, pacque bon… une bière c’est pas grand-chose et c’est vite enfilé. J’ai attendu d’voir si elle buvait mais… j’étais p’têtre trop pressé, j’ai direct recommencé à parler. C’que j’devais lui dire était, sans déconner… de ma propre initiative. Comme toujours, z’allez dire… Moi je… voulais pas m’arrêter à ce qu’on disait, nous les songes. J’voulais rester maître de mes actes, jamais obéir aux ordres. Et bon évidemment que Roxas me donnait pas d’ordre, encore heureux… mais là, c’que j’comptais faire, j’savais pas comment lui allait réagir.


« Euh… ce que Roxas t’a dit… était un ramassis de conneries. Enfin pas tout tout… Y a un gros fond d’vérité mais c’qu’est sûr c’est que tes potes de la lumière s’rebellaient pas contre toi quand j’t’ai chopée. ‘Fin… p’têtre que c’est le cas, mais j’en sais rien. »

J’m’imaginais con si vraiment y avait la moitié de son château qui voulaient prendre sa place… Mais bon y avait peu de chances… Après j’les connaissais quasiment… non même, j’les connaissais pas du tout à part de c’que Roxas m’en avait dit.
J’me suis raclé la gorge et un peu plus posé, j’ai dit :


« On t’a absolument pas enlevée pour sauver ta belle gueule de quoi qu’ce soit… Roxas t’a menti… j’imagine pasqu’il avait les j’tons qu’la vérité ait pas l’air aussi sexy qu’une affaire de trahison. »

L’obscurité et le fait qu’elle ait l’air d’une tueuse la rendaient un peu difficile à décrypter donc… j’ai rien osé croire sur c’qu’elle pensait bien. Mais le grand Jecht a p’tête jamais obéi à un ordre de toute sa putain de vie et était un putain d’vrai rebelle, donc l’fait qu’elle soit surpris c’était limite un détail. J’voulais être sincère pour qu’elle ait une vraie chance de s’en sortir.

« Est-ce que t’es curieuse de savoir ce qu’on veut et tout ? Tu veux savoir pourquoi j’t’ai enl’vée et… tout ça ? Ou t’as décidé de t’en foutre ? »
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Il lui fallut un peu de temps pour réaliser, pour que les mots de Jecht s'impriment dans son esprit, puis encore quelques secondes pour qu'elle puisse trouver quelque chose à répondre. Le temps ne lui faisait pas vraiment défaut, dans la mesure ou le colosse ne semblait pas avoir envie de s'arrêter de parler. Ses réponses, aussi loin qu'elle y songeait, lui semblaient vides de sens. Elles ne paraissaient pas opportunes, tout simplement. Elle s'était habituée de nouveau au silence qui lui seyait comme une vieille chemise qu'elle appréciait. Écouter, enregistrer dans un mutisme calme. Son conditionnement ressortait bien à un moment peu commun, mais il était là maintenant et c'était peut-être ce qui avait permis à son esprit de garder sa cohésion. Elle vivait chaque jour comme le précédent, sans vraiment penser à avoir vécu un jour de plus. Elle ne pensait pas vraiment à ce qui allait arriver après, mais songeait à ce qu'elle avait traversé avec la question revenant de temps à autres. 'Comment ai-je fait ça ?' Comment avait-elle traversé tout ça ? Jour après jour. Comment avait-elle survécu ? Son esprit cartésien lui répondait évidemment. Plutôt mal, mais elle vivait encore.

« Et bien, bonne fête Jecht. »


Quoi qu'elle pensa, la phrase était dite. Ses joues rougirent, de honte. Tant de possibilités de réponses froides et assassines ruinées. Mais dans quel but les auraient-elle formulées ? Pourquoi ? Elle n'avait pas à chercher à continuer un affrontement qu'elle savait perdu d'avance. Accepter, d'adapter. Même si le premier verbe ne faisait pas réellement partie du vocabulaire, et encore moins du lexique des Turks, le second était peut-être son credo le plus important. Elle n'était plus une Turk depuis qu'elle s'était glissée par la petite porte alors que les registres n'étaient plus tenus, alors elle avait tous les droits.

Incluant le droit de rester attachée.

Non. Libre de se mouvoir, remarqua-t-elle avec surprise.

Elle glissa son bras le long de son corps, lentement, afin de récupérer la bouteille. L'obscurité l'empêchait de détailler quoi que ce fut, et elle en était de loin soulagée. Sa masse musculaire avait fondu comme on pouvait s'y attendre d'un corps en inactivité. Et ce n'était pas beau à voir. Ses jointures étaient osseuses, rougies, gonflées, couvertes de cicatrices comme le reste de son corps, pour y repenser, encore une fois. Pensée fugace et parasite dans son esprit raisonnable trop longtemps confiné.

La sensation de la bouteille conte sa paume fut étrange, et ses doigts s'y aggravèrent alors qu'elle la remontait, pour la garder contre elle en équilibre bancal. Elle n'avait pas envie qu'on la lui prenne, cette bouteille. Après-tout, elle s'attendait au pire.

Après les révélations de Roxas, qui l'avaient occupée jusqu'à ce qu'elle en eut fait le tour puis rangées au fond de ses pensées, vinrent les révélations de Jecht, contredisant celles de Roxas. Quel cinéma.

En ignorant le passage sur la Lumière, songea-t-elle en portant le goulot de la bouteille à ses lèvres, qui avait toutes ses chances d'être sans sources et faux. Il y avait la suite. Leur but, à eux, cette alliance de Roxas et de Jecht. Deux monstres.

Monstres en termes de puissance, Roxas était... un cas particulier, pas un monstre. Un monstre n'avait pas de remords. Le Président n'avait pas de remords, Roxas avait l'air d'en avoir éprouvé, quand même au moins un peu. Ce type, Jecht, il lui parlait, il lui faisait un peu pitié.

L'avantage de son mutisme, c'était quand même que personne ne sache ce qu'elle pouvait bien penser. Non elle n'avait pas le monopole de la pitié. Il l'avait. Ses lui-même, sur ses actes, et sur elle aussi, bien entendu. Il pouvait la prendre en pitié, ce qui était très simple à faire en fin de compte.

Les commissures de ses lèvres s’étirent en un fin sourire, tant par le délice de la boisson que par l'agréable surprise d'une réponse.

Elle son contredisait, elle n'en avait pas vraiment rien à foutre, et elle voulait des réponses. Pourquoi était-elle là ? C'était quand même quelque chose qui lui tenait à cœur, enfin, sinon une question qui la taraudait la nuit alors qu'elle n'arrivait pas à trouver le sommeil.

« Dis-moi. »

Ses mots allèrent se perdre dans l'obscurité.

« J'aimerais bien savoir. »


C'était plus une envie qu'un désir.

Avoir envie de savoir était comme avoir envie de vivre, pour elle, les deux désirs se mêlaient, et avaient pendant longtemps étés liés. Elle n'oubliait jamais vraiment qui elle avait pu être. Ainsi, c'était avec le cœur battant et un intérêt timide, néanmoins croissant, qu'elle attendait la réponse. Elle en venait à espérer, allez, faites qu'il réponde.
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J'ai fait un de ces larges sourires, bien content qu'elle... D'une, elle boit le soda ! Sérieux, j'avais tellement imaginé qu'elle allait le verser au sol pour cracher sur ma main tendue et tout. Non... Voilà !
De deux, elle m'avait souhaité bonne fête, ce qu'était franchement sympa. Puis finalement elle veut bien m'parler et elle veut bien m'écouter !


« Super ! »

J'cachais même pas ma joie, ça d'vait sembler glauque alors qu'la fille restait ma prisonnière mais... 'fin voilà.
J'ai commencé à m'gratter la nuque... et m'suis mis à réfléchir à c'par quoi j'allais commencer. Franch'ment... J'savais pas trop jusqu'où aller ou même où j'devais commencer. Genre... pourquoi les songes existaient ? Pourquoi on l'avait enlevée elle à ce moment-là ? Pourquoi on l'avait pas tuée ?
Ouais mon but c'était pas juste d'être sincère. J'avais quand même un but, là.


« Bon... D'jà... T'sais, la fois où on s'est rencontré pour la première fois ? D'jà c'qu'est sûr c'est que... notre intention était pas qu'y ait des morts. Et bon... je sais que c'est ma faute, t'méprends pas. Et j'vais pas faire genre qu'j'regrette quoi que ce soit. »

Ouf putain j'étais tellement flou là ... même moi j'me comprenais pas.

« On a pas mal changé depuis cette fois-là... Ca remonte, en plus... genre cinq ans ? Mais... à ce moment-là et encore maint'nant, notre but c'est de... foutre le chaos. »

J'étais quasiment sûr qu'c'était genre la première fois qu'un songe parlait de l'état de songe à quelqu'un comme ça... à part à un futur songe. C'tait tout le truc, fallait pas qu'j'aille trop loin, à nouveau.

« On fait monter un climat infernal ici et là d'puis des années. On essaie juste de pas aller trop loin pour éviter qu'des mondes crèvent ou quoi. J'dis pas qu'on est gentil... On est des enfants de salaud mais c'est c'qu'on fait. »

Ah et voilà... C'était après avoir dit ça qu'j'me suis fait la réflexion qu'y a un truc qu'j'aurais du dire avant.

« On cherche à atteindre le Kingdom Hearts... Me demande pas trop comment mais Konst...

Je me suis arrêté net...

« Konst...ate... Constate qu'on sait qu'ça va s'passer. Comme un genre de... réveil. Si on continue ce qu'on fait, le Kingdom Hearts va se réveiller. Et nous... on va en prendre possession. J't'en dis pas plus, tu comprends... »

Pfiou... J'm'en étais bien tiré. Ca m'aurait mis mal direct... Konstantine était genre méga connu à un moment et voilà l'type qu'on associe direct à la coalition noire et tout. Nan si elle savait l'origine des songes elle aurait vite tout compris de travers.

« C'pour ça qu'on t'a enlevée. Juste pour ça... On fait en sorte que... qu'ce soit la merde... Qu'aucun groupe ait un avantage trop gros sur un autre. Alors... vu qu't'es la chef de la lumière... et qu't'es entourée de branques qu'savent pas quoi faire d'leurs mains si on leur dit pas comment bequeter... »

Ouais fin... allez. J'rappelle juste que quand Ulti et moi on a attaqué les deux lumineux, ils étaient dans la cité du crépuscule... D'jà qu'y s'étaient cons...

« On a paralysé ton groupe... Il a déjà un r'tard de malade sur les autres. »

J'étais encore bin loin d'avoir tout dit mais... j'me suis dit qu'j'allais la laisser encaisser l'fait qu'Roxas était une pétasse. Moi... bah à priori ell'm'détestait d'jà donc elle pouvait m'regarder avec encore plus de haine, j'étais d'jà mal dans ma peau, à la regarder là.
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« Si tu voulais mettre des bâtons dans les roues de quelqu'un, sachant que la Lumière y arrivait très bien toute seule, tu aurais du enlever Genesis Rhapsodos ou Ariez, histoire de vraiment bloquer quelque chose qui avance. Je ne vais pas te dire que bloquer quelque chose qui n'avance pas est inutile, mais tu as ma pensée. »

Elle avait dit tout ça bien plus sèchement qu'elle ne l'avait souhaité. Ce type en face d'elle était toujours aussi dangereux que lors de toutes les fois où elle avait eu affaire à lui. Elle ne faisait plus état des résultats de ces rencontres plus ou moins fortuites ; chacun s'étant soldé à un barreau différent de l'échelle de la catastrophe. Elle ne savait pas sa manière de penser, et elle aurait aimé la connaître, aussi peu ragoutant que cela semblait être. Pensait-il vraiment tout ce qu'il disait où jouait-il le jeu de l'abruti à la force immense ? Il avait un air de père de famille, comme ceux que l'on voyait dans les films. Musclé, ne sachant pas vraiment utiliser le plein potentiel d'un discours réglé comme du papier à musique.

« Je ne comprends... vraiment pas. Vos buts, vos plans. »

Pour quel compte faisaient-ils ça, le leur ? Qui pouvait bien avoir une idée pareille. Il y avait quelque chose, quand même, quelque chose qui faisait que les humains restaient d'un côté, et que les âmes, la magie, les sans-cœur, les choses surnaturelles, incluant le Kingdom Hearts... restent de l'autre côté. De l'autre côté de quoi ? Très bonne question. Du côté d'une barrière que personne ne pouvait franchir, très probablement. Afin que tout le monde aille pour le mieux. Il n'allait pas tout de même lui faire croire qu'il faisait ça pour le bien commun. Qu'est-ce que quelqu'un pouvait obtenir du chaos provoqué par un changement inopiné de propriétaire du Kingdom Hearts ?

Elle avait eu accès à des notes de recherche, des documents, des informations, aussi savait-elle ce qu'était le Kingdom Hearts, aussi savait-elle qu'il était bien mieux là où il était, et qu'il valait mieux ne pas essayer de faire c qui équivaudrait à frapper un chat avec un bâton. Tout de même, elle se réservait dans ses dires ; ne sachant rien avec exactitude. Tout ce qu'elle savait était passé date, et elle le savait bien. Aussi essayait-elle d'écouter tout ce que cet homme disait dans l'espoir de glaner quelques informations, ne prenant le risque de demander quelque chose.

« Et vous comptez me retenir ici jusqu'à la fin des temps ? J'aurais bien des choses à redire de votre esprit tactique. »
reprit-elle. « D'ailleurs. Aucune précision sur ce 'on' que vous me servez depuis le début ? C'est bien beau mais ça ne me dit rien. Pas de nom, pas d'organisation, pas de chiffres... une organisation fantôme ? »



Elle n'avait cessé de remarquer les différentes occurrences : Jecht parlait d' « eux » comme d'un tout dont il faisait partie. Lui, et Roxas, très probablement. Depuis combien de temps en faisait-il partie ? L'idée d'une organisation secrète était fantasque, et ridicule au mieux, mais en réalité, après l'Année Noire, des groupuscules avaient bien pu se former ; et si tenté que leurs membres étaient assez forts, ils avaient bien pu passer sous le radar et se faire leur petite place. Pour sortir de l'ombre quand leur moment viendrait.

Mais là encore, quel était le but de cette discussion ? Cissneï n'en voyait pas le moindre.
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« Je ne comprends... vraiment pas. Vos buts, vos plans. »

Rah... cette gamine était un putain d'ange. À l'entendre dire ses trucs, j'm'attendais presqu'à la voir joindre ses mains et monter dans l'royaume du papa tout puissant direct, sans confession. Franch'ment... ça m'faisait d'la peine d'l'avoir mise dans c'te situation. Elle était aussi compréhensive qu'on pouvait l'être, ça m'tuait. J'me suis frotté le front avec mon bras avant de boire une gorgée d'ma bière. J'la r'gardais toujours avec cette impression qu'était pas conne qu'elle avait encore que'que chose à dire. Qu'elle pensait à un truc, tu vois.
Bah... c'était pas finalement si intéressant qu'ça, c'qu'elle a dit ensuite. Elle s'énervait un peu, tu vois... J'allais pas la frapper hein mais franchement, ses conseils tactiques, j'allais faire sans. Y a rien qui peut contrôler Jecht.

J'ai r'posé ma bière sur le sol, j'ai pris une longue inspiration... puis j'ai r'pris ma bière et m'suis r'bu une longue gorgée. Purée... déjà plus grand chose.
J'allais parler pour espacer mes gorgées.

Et j'ai réfléchi à c'qu'j'allais lui dire avant de parler... Elle voulait savoir le but. Ouais le Kingdom Hearts. Ca j'lui avais déjà dit. Mais pourquoi ? Au fond, j'me sentais qu'à moitié d'expliquer pour Roxas ou Ukiyo. En face de la p'tite rousse, y avait que Jecht. C'est pour Jecht qu'j'devais répondre.


« Ma femme est morte y a à peu près onze ou douze ans... quand les sans-coeurs ont commencé à tout détruire et que... 'Fin bref. Elle a été transformée en sans-coeur avant que mon monde soit détruit... Du coup même quand Ansem a été vaincu et tout, bah elle est pas revenue, contrairement à moi. »

J'jouais avec le goulot de ma bouteille en r'gardant mes pieds. Bah...

« J'étais super malheureux. En fait j'suis d'venu fou... J'ai tué plein de gens tellement j'étais en colère... mais c'était pas des sympas. 'Fin... j'ai déconné et j'ai abandonné mon gamin qu'était tout jeune. J'l'ai laissé à des gens un peu plus fiables que moi. »

Ca aurait pu s'arrêter là, hein. À la base ça allait pas plus loin. C'était... toute la raison pour laquelle j'avais rejoint Konstantine... Mais héhé !

« Cinq ans plus tard, Astral attaque le monde où vivait mon fils et... voilà. Mort aussi. »

J'ai regardé la jolie rousse et j'lui ai fait un grand sourire blagueur, genre indifférent à c'qu'j'venais de dire. J'avais pas l'habitude de raconter ça. J'l'avais dit à... Konstantine... Ukiyo p'têtre. Roxas savait qu'j'étais veuf et puis y a Belle et Alice qu'étaient au courant.

« J'dis pas qu'y a qu'moi qu'ai vécu c'genre de truc. J'dis juste que je veux de nouveau être heureux. »

Je me suis gratté la terre tout en continuant à lui sourire.

« Et... Kingdom Hearts, si tu l'atteins... bah tout est possible. Y en a qui veulent régner sur l'univers, y en a qui veulent d'venir des dieux. Moi j'veux r'trouver ma vie... ma femme et mon gamin. Et puis tu sais. Être un peu heureux pour une fois. »

...

Putain.
J'me suis l'vé brusquement. Tellement qu'j'ai renversé le reste de ma bière sur le sol. J'me suis penché pour arranger ça mais au final j'me suis r'dressé... avant de tourner le dos à Cissneï et m'approcher des pans de la tente.
C'est pas de moi qu'on dira qu'j'suis un pleurnichard ! J'ai laissé échapper un rire, sans montrer mon visage à la gamine.

Quelle connerie. J'riais nerveusement. J'sentais mes doigts trembler un peu, c'était débile. Putain, ces merdes commençaient à dater. Quelle nouvelle ? Oh bah mon fils est mort depuis maintenant six ans ! Ouais c'est pas nouveau mais c'est toujours pareil. Quelle connerie.


« Tu f'rais quoi... ? »

J'lui tournais le dos... et putain mon arme était derrière moi et j'l'avais libérée. C'était bien bien con. Après j'suis Jecht... Et Jecht il en a rien à foutre.

« T'f'rais quoi si t'avais le Kingdom Hearts dans l'creux de ta main ? Qu'est-ce que tu changerais ? »
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« Tout est possible.. »

Cissneï avait écouté patiemment ; il avait plus envie de parler que toute autre chose, de toute évidence. Alors elle l'avait écouté. En l'observant patiemment. Sa famille était morte dans des circonstances particulières ; et tout ce qu'il voulait, et bien, c'était les revoir.

Un frémissement lui parcourut l'échine. Deux forces s'opposaient en elle et elle ne savait pas laquelle croire.

Laquelle ? Celle qui prônait le scepticisme ? Il mentait. Il ne pouvait pas être cru. Ou bien... Elle-même. Celle qui n'était pas un agent sans âme de la Shin-Ra ; cette conscience qui avait mis des années à s'éveiller alors que toute notion d'emploi du temps et d'écoute radio, de questionnaires et d'observation disparaissait doucement de ses veines. Toutes ces notions percées dans son esprit à coups d'entraînements, dans des salles sombres.

Ses mains à la peau gercée et aux phalanges rougies de sang.

Dans un écho ; elle l'entendit lui demander une question. Une question que dans ses rêves, elle s'était posée. Que voudrait-elle faire si elle pouvait tout faire.

« Et bien... »

Elle cligna des yeux ; une fois, deux fois. Déglutit. Un petit rire nerveux lui échappa ; comme si, en un instant, elle s'imaginait ce choix à sa portée.

Elle balbutia quelques mots. Qui pouvait l'entendre de toutes manières ? Cet homme ne dirait rien à personne. C'était à peine s'il appartenait au monde réel. Il... était particulier et son esprit ne comprenait pas ; elle le voyait, lui parlait et répondait à ses questions. Elle ne savait pas ; il l'avait frappée et réduit dans cet état. Et elle était ici, dans cet espace liminal étrange, où elle attendait sans savoir quoi attendre.

« Me souvenir du nom de mes parents. Et.. avoir... Avoir fait des études, oui, je... j'aurais adoré...»

Adoré faire quoi ? Le sourire ne voulait pas la quitter. « Quand j'étais petite j'aurais voulu.. »

Elle ne se souvenait pas. Sa phrase resta en suspens, comme avalée par les ténèbres de la pièce. Tandis qu'elle fronçait les sourcils. Elle était lancée. Il fallait que ça lui revienne. Par pitié, que cela lui revienne. Ses lèvres cherchaient un mot, un mot libérateur.

« J'étais toute petite quand j'ai commencé à.. » tuer. « J'ai... oublié. » Mon nom, mon âge, mes parents, mes frères et sœurs. « C'est... regrettable, vraiment. »

Elle baisse les yeux, fixant un point, son regard perdu dans le vague, les yeux grands ouverts, en proie à une panique douce. « Plus que tout au monde je voudrais me souvenir- » laissa-t-elle échapper dans un souffle.

Elle soupira. Les sanglots n'étaient pas venus, et elle s'estimait fière. Ses épaules détendues, elle se calma. Tandis qu'à son insu le plus total, des larmes coulaient le long de ses joues.

Sa poitrine se soulevait et se baissait à un rythme lent et régulier, tandis que son esprit, vide, faisait le point. Elle ne cherchait pas à parvenir à une conclusion.

« Juste me souvenir et avoir eu le choix. J'aimerais avoir refusé l'offre de cet homme. »


Refusé le contrat. Ne jamais avoir appartenu à la Shin-Ra.  
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« Plus que tout au monde je voudrais me souvenir- »

J'étais comme, t'sais... accroché à ses paroles, tu vois. C'qu'elle me disait, ça m'touchait direct. J'étais pas indifférent, j'te jure. Pas parce qu'elle avait eu une vie visiblement un peu pourrie, non... Ca, tu l'devines juste en voyant la fille... Tu peux pas d'venir aussi dure en ayant une vie sympa.

Non c'tait juste la réponse qu'elle m'avait donnée, en fait. « Tu voudrais faire quoi ? » Qu'j'lui ai dit... Et je m'attendais à une réponse de Miss île de France, j'm'attendais grave à « La paix, la lumière, l'éducation ». J'vais t'dire, c'est même un truc sur l'quel j'comptais. J'pensais qu'elle me dirait ça et j'lui aurais dit « C'est possible ! » mais là elle me disait des trucs qu'avaient rien à voir avec le monde ou l'univers ou même un pays. C'était juste pour sa gueule.

Et je trouvais ça génial. J'trouvais ça putain de cool de sa part.

Dans l'univers, mec, y a que toi... Que ta gueule. Les gens, la nature, tout ça... ça n'existe que par rapport à ta gueule. Alors quel putain de mal il y a à penser à sa propre vie ? A se mettre au premier plan ? Cette meuf était exactement comme moi... La chose qu'elle ferait si elle pouvait tout faire, c'est r'dev'nir heureuse ! Ou l'être au moins une fois dans sa vie, j'sais pas.
Cette fille était pas égoïste. Elle était entière. Elle était vraie.



« Juste me souvenir et avoir eu le choix. J'aimerais avoir refusé l'offre de cet homme. »

« Ouais... » qu'j'ai dit, plus pour moi qu'pour elle. J'ai écarté un des pans de la tente et j'ai r'gardé les Huns et les tentes du camp. Y'faisaient pas attention à nous, y z'étaient occupés à chais pas quoi. Putain mais... y a personne d'épargné, quand t'y penses. La vie c'est ça... être comme elle, comme eux, comme moi. Tu r'grettes, tu subis et t'espères. Qu'est-ce que le moindre de ces Huns avait envie d'faire au lieu d'être là ? C'tait quoi l'but du premier d'entre eux ? S'ils pouvaient être ailleurs, sûrement que... bah qu'ils seraient ailleurs.

« On est dans un putain de monde de merde. »

Joyeuse fête, Jecht, hein. C'tait bien un truc qu'j'avais réussi c'jour-là. Foutre le seum à tout l'monde.

« Là-haut. »

Je me suis r'tourné vers la fille et me suis arrêté de parler quand j'ai vu qu'elle pleurait. J'ai sout'nu son r'gard parce qu'elle me r'gardait et j'ai continué.

« Tout est possible. Tu peux revenir en arrière, tout effacer. Tu peux... décider de tout revivre ou de tout arrêter. Tu peux s'tu veux voir en boucle le même souv'nir jusqu'à la fin des temps. »

Pas se souvenir du nom de ses parents, hein. J'arrivais même pas à les plaindre. Ma mère débordait pas d'amour et j'ai jamais connu mon père. Et j'avais laissé tomber mon fils. L'amour paternel j'connaissais pas.
Mais pas savoir, c'est toujours dur, tu vois. Autant savoir... au moins un peu. Les doutes c'est pire que tout.
Je me suis approché d'elle. Pas mal quand même. J'étais plus proche qu'avant quand je me suis assis en tailleur.


« On va devoir te tuer, ma p'tite. »

Je l'ai r'gardée dans les yeux, attendant une réaction. Elle avait déjà un peu enl'vé son masque, non,? C'était pas trop tard pour m'faire croire qu'elle r'ssentait plus rien ?

« On n'a pas du tout envie. Putain laisse-moi te dire que c'est la dernière chose que j'ai envie de faire sur la terre. »

Et putain ça on pouvait pas m'enl'ver qu'c'était sincère. J's'rais jamais v'nu sinon. J'lui aurais jamais dit ce que j'allais lui dire là.

« Ta seule échappatoire c'est de nous rejoindre. Y a qu'un des nôtres qui peut autant en savoir sur notre gueule. Un des nôtres ou un mort. »
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Elle accueillit sa dernière phrase avec un silence pensif. Son esprit passant par les quelques propositions et leurs échappatoires. Comme une pierre rebondissant sur la surface lisse de l'eau, d'un point à un autre, et à un autre, et à un autre encore. Son cœur battit à la chamade alors qu'une bouffée de chaleur la prit à la gorge. Son corps était en vie et le lui faisait savoir. Ses muscles se tendaient, sa mâchoire se serra. C'était ainsi, alors qu'elle n'était plus rien quelques secondes auparavant, qu'elle reprenait conscience.

Le lien qui l'unissait avec cette organisation qui avait régi sa vie était tranché. Non, il avait éclaté, dans une myriade de possibilités, et elle, elle dansait au dessus du vide. Dans une valse avec la mort.

« Je t'ai toujours vu comme quelqu'un qui tuait ses cibles sans mot dire, sinon une remarque bien placée. Tu as brisé mes cauchemars les plus horribles en à peu près trente secondes, Jecht. »

Elle contemplait le reflet de ses pensées ; elle-même, alors qu'une heure plus tôt elle en aurait été prisonnière. Elle songeait. Oh elle aurait choisi la solution qui aurait donné le plus de sens, le plus de possibilités à la Lumière. Il pouvait la tuer, maintenant, cela n'aurait rien changé. Mais il était possible que cela change.

Elle pouvait mourir maintenant, mais elle mourrait libre.

« Tu me donnes un espoir de vie, et de connaissance. » reprit-elle.

Son léger sourire était comme une allégorie qui prenait vie. Sous le bris de sa peau, froissée de larmes encore humides. Elle voulait croire qu'elle était encore la personne qu'elle était avant de tenir une arme pour la première fois. Elle n'avait jamais abandonné une certaine bonne nature, et avait toujours voulu aider les autres et ce même si son travail avait été la tuerie et l'extraction d'informations, l'espionnage et le recel. Elle avait dirigé les forces de la Lumière jusqu'à maintenant. Et elle en savait, et en savait beaucoup, de ce fait.

« Qu'est-ce qui pourrait me dire que tu ne vas pas me broyer le crâne d'un coup d'épée aussi tôt que j'aurais dit oui ? Parce que... parce que je vais dire oui, c'est aussi stupide que ça ! » dit-elle, dans un petit rire. « Un partie de moi te dirait que c'est stratégiquement avantageux. Une autre s'accroche à la vie que j'ai. »

Le Kingdom Hearts était une solution envisageable. Et peut-être pouvait-elle à la fois se redonner une vie et sauver la Lumière, éliminer les ténèbres ; les noyer définitivement.

« Jecht. S'il y a une solution pour réaliser tout ce que je désire -et tu sais lesquels, puisque tu me connaît plutôt bien désormais, je pourrais mourir, je reviendrais pour l'obtenir. »

Son esprit, éveillé comme une vieille machine branlante maintenant réchauffée et prête à réfléchir une fois de plus, sautait de pierre en pierre sur une rivière qui menaçait de l'emporter, elle toute entière. L'allégorie de la grenouille. C'était idiot.

« Je suis prête à t'aider, Jecht. »


Ce type.

Son esprit opposait une dernière bataille quant à la qualification de cet homme. Elle l'avait maintenu dans un souvenir d'effroi, de tétanie. Elle n'avait pas compris ses motivations. Mais ses motivations...

Et bien, si elle doutait de ses motivations et qu'elle le faisait savoir, elle était morte. Mais elle était dans ce cas étrange où elle ne pouvait pas non plus le considérer comme un type mauvais. Un type mauvais l'aurait éliminée sans mot dire. Sans rien lui laisser. Il était inutile qu'il lui donne de faux espoirs ; ils n'avaient pas de comptes à se rendre, pas dans ce sens là du moins. Et puis, il ne semblait pas être le genre d'homme qui faisait ça. Bon dieu, il avait déjà du mal à trouver ses mots et il lui offrait un soda !

« Tu pourrais avoir besoin de documents et qui appartiennent à la Lumière, d'informations. Je mettrais tout ceci à ta disposition. Si Roxas ne l'a pas déjà fait. Si en échange vous... nous pourrions obtenir le Kingdom Hearts et que je puisse obtenir ce que je désire, alors oui, je vous rejoint. »

Ses parents en vie, la Lumière pérenne et sauve. Et tellement, tellement d'autres choses.

Un rêve qui devenait réalité. Même si c'était une illusion, elle préférait mourir maintenant en y croyant dur comme fer, ou bien vivre en travaillant dans cet objectif. Dans les deux cas elle était gagnante.
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« Tu as brisé mes cauchemars les plus horribles en à peu près trente secondes, Jecht. »

J'ai souri du coin des lèvres quand elle m'a dit ça, alors qu'j'étais encore tout proche d'elle. Moi, un cauchemar horrible, hein ? C'était pas trop comme ça qu'j'voulais qu'on me voie. J'préférais être badass, impressionnant. Non... un cauchemar, ça m'donnait un côté trop méchant qu'j'assumais pas totalement. J'ai un peu calé là-dessus ouais mais j'ai écouté la p'tite, tout c'qu'elle a dit. Simplement j'ai pas réagi avant qu'elle le dise.

Elle acceptait.

Mon sourire s'est allongé mais... putain, une partie de moi y croyait tellement pas. C'tait trop beau, j'te dirais. C'était tellement l'angoisse pour nous d'la buter ! On... a tellement paniqué, on s'est tellement dit qu'elle était bien une des seules qu'on n'avait pas envie de tuer comme ça, tu vois. Cette fille... au fond on s'était pas vraiment dit un jour qu'elle pouvait nous rejoindre, non. Qu'est-ce qu'on pouvait savoir ?

Alors ça m'apaisait de fou, c'qu'elle me disait. J'ai ri à sa façon trop bizarre d'accepter ma proposition. J'avais l'impression de lui proposer un job à dix mille le mois vu son entrain, à Cissneï.

Non puis la meuf. C'tait genre unique !  Bon elle était plus attachée mais l'image, quoi. Elle v'nait d'accepter d'rejoindre des types qui l'avaient tabassée et enchaînée pendant des semaines à une chaise de merde. Et en cinq secondes trente, la fille, elle te propose des plans, des projets, te propose de te filer des infos et tout.

J'avais encore dit que dalle, j'me contentais de pouffer quand elle parlait, me grattant la barbe. J'avais chaud tellement j'étais content !

Elle m'avait posé dix mille questions, un truc comme ça mais j'la r'gardais encore et j'ai dit, après de longues secondes.


« Tu me fais plaisir, Cissneï ! T'as pas idée ! »

J'me suis penché vers elle et lui ai fait une petite tape sur le g'nou, qu'j'savais même pas si j'l'avais cassé ou pas.

« Avec toi... On aura le Kingdom Hearts. Putain ! J'en suis sûr, j'ai comme un pressentiment. » J'étais genre super excité, j'avais envie d'la prendre dans mes bras ! « Et même si tu crèves d'ailleurs, t'as raison. Même si tu meurs, on t'f'ra r'venir quand on y sera ! »

J'venais d'dire un truc un peu trash mais... avec masse joie tu vois.

« Mais tu crèveras pas ! Ils sauront p'têt jamais qu't'es avec nous ! Tu vas... guider la lumière vers un ch'min qui nous arrange, t'vois. Les rapports, Roxas nous les filait déjà, on connait les plans d'la lumière d'puis qu'on l'a, mais... ça va être mille fois plus facile. On va créer un chaos sans nom et quand... on sera sur un putain d'hamac, tout nus, posés tranquilles sur Kingdom Hearts... Tu f'ras l'monde à ton image ! »

P'tain c'était parfait ! Moi j'm'en foutais d'diriger les mondes. Roxas ça d'vait être pareil... Et Ukiyo c'était spéc. Donc si elle avait envie de rendre la lumière toute puissante, bah rien ne l'empêcherait !

« Ca fait d'toi une songe, p'tite. C'est un mot que tu diras qu'à nous, note bien. Les songes n'existent pas pour le reste du monde ! On est comme... un putain de vent. On nous voit pas mais on voit ce qu'on déplace ! Classe, hein ? »

J'ai enchaîné direct avec le truc le plus important à dire. J'ai un peu effacé mon sourire pour le dire pasque c'était sérieux.

« Alors par contre. J'déteste d'voir faire ça mais si jamais tu décidais de te foutre de nous et raconter tous nos secrets aux mauvaises personnes... On n'aurait plus rien à perdre et dans la minute, p'têtre moi mais sûrement Roxas tuerait absoluement tout l'monde, y compris toi, dans ton château. »
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« J'ai déjà vu pire que tes menaces, mais crois bien que je ne vais pas vous trahir alors que j'ai rejoint votre groupuscule depuis à peu près deux minutes. » répondit Cissneï d'un air calme. « Je ne me permettrais pas d'être la cause de la chute de la Lumière. »

Maintenant qu'elle avait une possibilité de restaurer tout ce qu'elle avait détruit et laissé en ruines, elle n'allait pas s'arroger le droit de tout abandonner. Elle ne devait pas, et pour l'instant elle n'en avait aucune envie. Cissneï avait, pendant un certain temps, vécu comme si elle était face à ses derniers instants. L'idée d'une vie possible dans un proche futur était... Quelque chose qu'elle n'arrivait pas à qualifier. Elle y pensait, continuellement depuis que Jecht lui avait énoncé cette possibilité. Celle de la vie, tout simplement. Et son cœur bondissait dans sa poitrine.

Les idéaux des Songes ; détruire et semer la discorde, n'étaient pas vraiment les siens, mais là encore, avait-elle déjà eu des scrupules à travailler pour une organisation qui se fichait de la vie de son prochain ? Ce n'était même pas une question digne d'être posée tant sa réponse était évidente. Cependant, Cissneï se fichait bien de ce qui arrivait aux autres tant que la Lumière restait pérenne.

Et si elle pouvait atteindre ses objectifs personnels, c'était encore mieux non ?

Parce qu'elle n'avait jamais vraiment eu d'objectifs personnels sur le long terme ; et non, la Lumière n'était pas un objectif personnel. Et maintenant, elle le réalisait soudainement. Une sombre réserve se dessinait au fond de son cœur ; elle n'avait pas envie que tout ceci soit faux, et elle tenait absolument à garder une part d'elle claire d'esprit afin de ne pas se jeter dans une gueule de loup béante. Mais que risquait-elle en réalité ? Derrière-elle, la suivant constamment, était une falaise abrupte qui ne lui promettait que la mort et ce depuis qu'elle avait perdu nom et famille. Un faux pas et elle mourrait ; et aujourd'hui elle était au bord de cette falaise.

Elle n'en avait réchappé que par un coup du destin en sa faveur, comme ceux-ci arrivaient parfois alors qu'ils avaient toute chance de ne jamais venir. Alors, si elle devait choisir entre une mort qui avait toutes ses chances d'arriver et une possible chute vers le trépas, elle choisissait le royaume du possible sans se retourner vers la mort sûre et certaine.

«  Restons sur terre, on a tout notre temps pour penser à l'avenir, je ne sais pas ce qui a bien pu se passer, ni combien de temps s'est écoulé depuis que vous avez décidé de m'enlever. »


S'ensuivit un regard appuyé sur la montagne de muscles en face d'elle.

« Est-ce qu'il y aurait un moyen que je sache en détail ce qui s'est passé ? Et dans combien de temps est-ce que vous songez à me laisser partir ? Maintenant que vous n'avez plus à me trouver une jolie colline où laisser moisir mon cadavre, il va falloir y penser.  Sauf si vous  avez un autre but secret et mystérieux bien entendu. »

Avec chaque instant, c'était une nouvelle pensée qui venait faire irruption dans son crâne. Il y avait des jours maintenant qu'elle n'avait plus songé à la Lumière, et elle n'avait pas vu Roxas depuis encore plus longtemps, aussi ne savait-elle pas ce qui pouvait bien arriver dans les mondes lumineux. Oh, une vague, très vague image de Ravness lui revenait. une idée de confiance, ébréchée par les mots du Maréchal à son propos. Mais elle avait du se charger du plus gros du travail. Il y avait Sora, et puis le Roi Mickey.... Que devenaient-ils ? Perdue dans les ramifications de son groupe, elle ne savait plus à quoi penser et resta silencieuse, le regard dérivant déjà vers diverses idées, vers un futur qui lui était revenu possible.
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« Eh beh ma jolie, rien d’marrant. Comme nous, not’but c’était d’paralyser la lumière, c’est exact’ment c’qui s’est passé. Ta lumière est… dans l’statu quo l’plus total. En gros… y a pas grand-chose qui tourne. L’aut’meuf est toujours en train d’se battre avec les animaux du bois d’quatre sous à Sherwood… puis les autres y glandent. Rox’ m’a dit qu’les gardes m’naient un peu la barque, faute de mieux. »

Là j’allais lui parler de c’que Roxas faisait mais… c’était chaud. Nan à c’moment-là, y’f’sait plus de truc pour la coalition noire que pour la lumière ou même les songes alors y avait d’quoi s’poser des questions. Même moi j’m’en posais parfois. Nan j’allais laisser Cissneï s’débrouiller pour apprendre, d’la bouche d’l’autre idiot, qu’c’était un agent genre… triple.

« Le pays des merveilles et la fourmilière n’existent plus. »

J’ai fait silence. C’est marrant pasque j’y réfléchissais pas tant que ça mais… en soi, c’est jamais ce qu’on avait voulu pour le pays des merveilles. Nous, on voulait foutre le bordel là-bas en s’disant qu’la Coalition noire allait être affaiblie. Sauf que non… Cette connasse de Coalition l’avait complètement laissé tomber. Alors ouais, l’pays des merveilles, à la base c’était de notre faute mais… ça m’faisait chier de me dire que personne avait essayé de le sauver avant qu’ça soit trop tard.
… J’allais p’têt’ pas parler tout d’suite de ce qu’on avait fait là-bas non plus. Putain… dit comme ça, Roxas agent triple plus le pays des merveilles, on avait vraiment l’air d’enculés.



« Euh… »

Putain si seulement y avait un genre d’historique, t’vois… qu’j’puisse me rappeler…. Euh…

« Si. Oui. Ariez est morte. »

Et j’l’ai pas dit tout content, nan. Ca m’restait encore en travers de la gorge et putain… Putain je sais pas mais j’le prenais personnellement. J’savais même pas à qui j’en voulais et je savais pas ce que je reprochais vraiment. Elle était d’venue un sans-coeur juste avant ça. Donc pour moi c’est comme si elle s’était fait crever au jardin radieux quand elle l’avait attaqué. Elle avait fait la conne. P’têt’ qu’elle l’avait mérité. P’têt que l’consulat avait fait sa connasse.
Mais sûrement que… Un jour quelqu’un finirait par la regretter.
Ouais j’savais pas pourquoi j’le pensais mais j’en étais sûr. C’était une petite pétasse mais… y avait quelque chose que j’aimais chez elle, en-dehors de… de son p’tit cul. Y avait un truc.


« Purée... »

J’ai mis mes mains sur mes hanches et j’ai soupiré en r’gardant l’sol.

« On n’est pas sûrs de qui c’est. Mais maintenant, leur chef c’est un dénommé Death. Y… m’casse les couilles d’puis un moment. Tu le reconnaîtras facilement si tu le vois. Il… Il a une tête de bite. »

Impossible de le confondre.
Purée celui-là. J’allais au Colisée de l’olympe puis de retour, j’allais l’humilier mais genre jusqu’à la fin de sa vie. J’le défoncerais puis j’le mettrais tout nu puis j’le fouetterais avec une serviette de bain ! Jusqu’à la mort. Il était dead.


« Bon… J’en sais rien, j’vis dans l’présent, moi. »

J’l’ai regardée dans les yeux. J’me suis approché d’elle, genre proche et tout. J’ai mis un de ses bras autour de ma nuque et j’l’ai aidée à s’rel’ver. J’la soutenais d’un bras, sans mal, pasqu’obligé elle devait encore être toute naze, vu comme ces connards de Mongols savaient pas soigner conv’nablement.

« Tu peux y aller maintenant. On a d’la route, faut… arriver jusqu’au concessionnaire qu’est pas tout près donc… t’as juste le temps qu’il faut pour tomber amoureuse de moi. »

J’ai pris mon arme de mon aut’main et on est sortis de la tente.

« Si t’as trop mal, j’peux t’porter genre… dans les bras et tout, style prince Charmant. Mais c’est sûr j’vais en profiter pour te tripoter, donc c’est toi qui décides. »

Et pendant qu’on avançait dans le campement, genre immense, hein, j’lui ai raconté.

« J’ai vu qu’tu savais te battre pas trop trop mal. Après, tu vas surtout avoir une importance politique et tout… puis t’es maligne. Mais j’aimerais quand même bien te tester. Donc avant de rentrer chez toi, tu vas faire un truc avec Roxas. On devait le faire lui et moi mais j’ai mieux à faire. Tu vas retourner à l’endroit où je t’ai fracassé la gueule, la ville d’halloween. Je veux que tu prennes un appareil photo. Avec Roxas, vous allez détruire la porte qui mène au pays de Noël. »

J’ai marqué une pause et j’ai ignoré le regard sûrement interrogateur de Cissneï.

« Là-bas c’est pire que l’enfer. Y reste rien. Tous les lutins sont morts ou transformés en sans-coeurs et… c’est dang’reux de ouf. Si la Coalition noire se sert des lutins pour s’faire des armes de dingue, ça va merder. Donc vous détruisez ça. »

On s’dirigeait vers un chariot. J’l’ai aidée à grimper dedans et en la regardant dans les yeux, j’lui ai dit :

« L’appareil photo c’est pour prendre des clichés de toi en tenue de soubrette et de comment ça se passe. Pour que je puisse avoir une vision d’ensemble sur... »

J’l’ai regardée de haut en bas, et de bas en haut… et je me suis un peu attardé vers le milieu et…

« tes capacités. »
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