- Mini-série -
Le jour se levait de nouveau. De minces rayons de soleil passaient à travers les rideaux usés et venaient sur mon visage. Je fronçais légèrement les sourcils avant de lentement ouvrir les yeux. J'attendis quelques instants avant de me redresser, de m'asseoir en tailleur sur le lit et de me passer les mains sur le visage.
Je regardais tout autour de moi. Cette chambre dans laquelle j'étais... ce n'était pas le grand luxe, mais c'était toujours mieux que tout ce que j'avais pu connaître jusqu'à maintenant. Je me levais et me dirigeais vers la fenêtre. J'ouvris les rideaux et mis mon bras sur mon front pour ne pas m'éblouir. Toute la cour était baignée de lumière. De tout ceci se dégageait une atmosphère sereine.
Après quelques minutes, je décidais de sortir de la chambre. Je déambulais dans les couloirs du manoir sans réel but. Roxas devait encore dormir et je ne voulais pas le déranger. Aussi, je me laissais guider par l'agencement de la bâtisse. Mes pas m’amenèrent à des escaliers qui menaient au rez-de-chaussée. Je les empruntais et, à mis parcours, une odeur désagréable me parvint.
Je continuais d'avancer dans la direction de l'odeur et arrivais bientôt au couloir du rez-de-chaussée. De là où venaient l'odeur s'échappait aussi un nuage de fumée grisâtre. Ça sentait le brûlé.
MERDE !
C'était la voix de Roxas ! Qu'est-ce qu'il pouvait bien bricoler ? J'avançais d'une dizaine de pas avant de le découvrir aux... prises avec la cuisine. Je m'arrêtais à l'encadrement de porte, et me couvris le nez de mon t-shirt.
Il était là, affolé et agacé. Devant lui fumait grossièrement une poêle, au point que toute la pièce et le début du couloir étaient voilés. Face à ce spectacle, je ne pus me retenir de ricaner. Il essayait de faire plusieurs trucs en même temps, il avait pressé des oranges mais en avait renversé la moitié au sol dans un mouvement de précipitation, le pain qu'il avait tenté de griller était noirci et semblait irrécupérable et la poêle elle, ne donnait que de petits ronds de pâte carbonisés.
Je toquais à la porte ouverte sur le côté et il sursauta. Il se tourna vers moi pris en flagrant délit et, gêné, se mit a se frotter l'arrière de la tête.
Oh, euh, Maddie. Euh... C'est pas encore prêt. Je... Tu veux du jus d'orange ?
C'était trop, j'éclatais de rire. Qui aurait cru qu'un héros tel que lui était tout juste incapable de préparer des choses simples ?
Oui, je veux bien, merci. Mais d'abord je vais t'aider à nettoyer le champ de bataille.
Je lui tendis de quoi nettoyer le sol et m'occupais de jeter tout ce qui était brûlé. Lorsque nous en eûmes fini, j'eus le droit à de piètres excuses.
Non, mais, c'est ces vieux trucs là. Au château c'est mieux foutu. Là on dirait des trucs du siècle dernier du coup c'est pas simple.
Ouais, ouais. dis-je, souriante. C'est la faute du matériel, il date trop, il n'est plus efficace.
Je le regardais de haut en bas. A trop rester dans la fumée, sa peau était noircie par endroits. Je lui proposais donc d'aller se laver, pendant que je m'occupais de rattraper ses bêtises. Après avoir insisté, il accepta.
Je m'employais donc à la tâche. Je préparais des pancakes et du jus de fruit. Étonnamment, les ustensiles semblaient mieux fonctionner avec moi qu'avec lui. Il redescendit lorsque tout fût prêt. Lorsqu'il arriva dans la cuisine il regarda ce que j'avais préparé et regarda les poêles.
C'est pas grave, on peut pas être bon partout !
Il ne répondit que d'un simple son et s'assied. Je fis de même et nous commençâmes à prendre le petit déjeuner. Ce n'était pas très bon, mais au mois c'était comestible. Roxas mangea silencieusement et me félicita lorsqu'il eût fini.
Bon, tu es prête pour aujourd'hui ?
Tout ceci m'avait presque fait oublier pourquoi nous étions ici. Je répondis par l'affirmative, pas trop sûre de moi. Le pouvoir qu'il m'avait confié la veille me terrifiait. C'est comme s'il faisait de moi quelqu'un d'important. Mais est-ce que j'étais prête à endosser les responsabilités que cela impliquait ?
Plus que de t'apprendre à manier ça, je vais aussi t'expliquer à quoi elle peut te servir. Pour ça, je te demanderai d'être attentive, si jamais tu as des questions, poses-les moi au fur et a mesure, c'est tellement complexe que je risque moi-même de me perdre.
Je hochais verticalement la tête et posais les coudes sur la table, serrant les poings et posais mes joues dessus.
Donc la keyblade, comme son nom l'indique c'est à la fois une arme, et une clé. Je me doute que tu sais comment fonctionne une arme, aussi je passerai directement à l'étape « clé ». Une clé ouvre et ferme des serrures, t'es d'accord. Il y en a de deux sortes, les plus courantes, les serrures que l'on retrouve partout, sur des portes, sur des verrous et les moins courantes : les serrures des mondes.
Les serrures des... mondes ?
Attends, j'y venais. Ce monde-ci, tu l'as bien vu, est différent de Port Royal. Il en existe plein d'autres. D'ailleurs, même si tu es curieuse, ne mets jamais les pieds à la Cité du Crépuscule, au Château de la Bête, au Pays des Merveilles, à Oerba, à la Fin des Mondes, Agrabah, la Forêt de Sherwood, la Terre des Dragons et surtout pas à Illusiopolis.
Il y a autant de mondes que ça ? Et pourquoi je ne devrais pas y aller ?
Il y en a encore plus, mais tu ne dois pas y aller parce que ces mondes sont super dangereux. Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose.
Je souris. Son expression était super sérieuse. Mais, je l'écoutais et je prenais en compte ses conseils.
Donc les mondes. Comme toi, ils possèdent un cœur, et ce cœur c'est leur serrure. Il existe des entités appelées sans-coeurs qui se « nourrisent » de cœurs. Manger le cœur des mondes fait partie de leurs buts. Le rôle de la keyblade est des protéger les mondes des sans-coeurs. Alors, je ne dis pas que tu dois les chasser ou quoi, non. Je serai même tenté de te dire de fuir ces choses autant que tu le peux.
Alors qu'est-ce que je dois en faire ?
Pour l'instant rien. Si je t'ai donné ce pouvoir, c'est avant tout pour te défendre. Je veux que lorsque nous nous quitterons, je sois sûr que tu sois capable de te défendre. Je ne voudrais pas que tu subisses un retour à la case départ.
Le problème c'est que ces sans-coeurs sont attirés par la keyblade, ou du moins, par le cœur de la personne qui la porte. Souvent tu seras amenées à les rencontrer, mais à aucun moment tu ne devras baisser ta garde, d'accord ? Il en existe de toutes sortes, certains ont même une apparence docile et mignonne, mais tous, sans exception voudront ton cœur.
Donc, c'est un cadeau empoisonné ?
En quelque sorte, mais je ne te l'aurais pas donnée si je ne te pensais pas capable. Je crois en toi.
Je pense que pour la théorie je t'ai expliqué le principal. Où ne pas aller, à quoi ça sert, et ce qui concerne les sans-coeurs. Si tu le veux bien, nous poursuivrons dehors, pour la pratique.
J'acquiesçai d'un signe de tête et il se leva, passant la porte, puis la porte d'entrée pour se rendre dans la cour. A mon tour je me levai et le rejoignis. Une fois dehors, je le vis sur la plate-forme centrale équipé de ses deux armes. Je m'approchais.
Appelle la tienne. Tu te rappelles de comment on fait ?
Je tendis ma main devant moi, et ma keyblade apparut.
C'est bien. Tu vas frapper ce mannequin, je veux voir comment tu t'y prends.
Il me montra un mannequin de bois au bord de la plate-forme. Je m’exécutais et commença à le frapper de toutes mes forces, donnant des coups amples sur la statue de bois. Au bout de peut-être une minute, il m'arrêta.
C'est pas mal. Au moins, tu la tiens pas par la lame. Je lui jetai un regard noir. Je plaisante. Laisse-tomber le mannequin, t'as déjà besoin de passer au stade au dessus.
Il se mit en garde, faisant tournoyer ses armes.
Tu vas devoir me toucher, dit-il un sourire jusqu'au oreilles.
Je me jetai donc sur lui, et lui donna plusieurs coups. Il les para avec une seule arme et de l'autre riposta en arrêtant son coup juste avant l'impact.
Touché !
Nous prîmes une brève pause, et sans prévenir, je repartis à l'assaut. Il continuait de parer mes coups et je tentais d'analyser les failles. Évidemment, elles n'étaient pas nombreuses, mais elles apparaissaient à rythmes réguliers. Je compris qu'elle était volontaire, aussi, je saisis ma chance et réussis à le toucher. Il fit un bond en arrière.
Bien joué ! Tu as analysé mes positions et tu as réussi à trouver le bon moment pour attaquer. Je suis fier de toi. Maintenant, c'est moi qui t'attaques, et tu dois te défendre.
Et sans temps mort, il parcourut la distance qui nous séparait en une fraction de seconde. Je sursautais et me protégeais derrière mon arme. Je parais son coups, mais il entama une série de coups ultra rapides. Je tentais de parer autant que je le pouvais, mais bientôt le rythme se trouvait être insoutenable. Je sentis une lourdeur dans mes bras, il m'était de plus en plus difficile de les bouger et bientôt je laissai tomber mon arme au sol. Aussitôt, je me serrai le bras avec ma main, gémissant de douleur.
Roxas s'arrêta aussitôt et me pris le bras. Ça va ? Je t'ai touchée ? me demanda t-il. Je lui répondis que non, que j'avais juste une crampe et que mon bras était engourdi.
Désolé. J'y suis allé un peu fort. Je pensais pas que ça pouvait arriver.
« Un peu ? »
Ouais, bon, ok. Assieds toi, je vais te chercher de l'eau.
Je m'assieds et le vit rentrer dans le manoir. J'étais nulle. Je n'allais pas y arriver. Quand il revint, il me tendit un verre d'eau que j'avalai d'une traite, puis lorsque j'eus fini, il s'assied à côté de moi.
Je sais ce que tu penses. Mais il ne faut pas que tu te décourages aussi vite. Tu es infiniment plus douée à l'épée qu'au pistolet, rappelles-toi d'hier. Il te faut juste un petit peu d'entraînement.
Il me sourit, et je lui souris en retour. A ce moment, lorsque nous avons croisé nos regards, le temps s'est figé. Il était là, à quelques centimètres de moi. Il me regardait et je le regardais. Je le voyais bouger ses lèvres, il me parlait, mais la seule chose que j'entendais à ce moment là étaient mes battements de cœur. Pourquoi ? Était-ce là un des effets secondaires de la keyblade, ou était-ce tout autre chose ?
J'entendais mes battements de cœur s'accélérer jusqu'à ce que le rythme soit totalement chaotique. Il se leva et s'en alla se positionner à quelques dizaines de mètres de moi. Je reprenais peu à peu mes esprits. Le son de mes battements de cœur s'estompa peu à peu et le rythme se calma jusqu'à ce que tout revienne à la normale. Qu'est-ce qu'il m'était arrivé ? Cette sensation était à la fois exaltante et effrayante.
Maddie ?
Je vis Roxas qui me faisait un signe de main, pour me sortir de mes pensées. Cette fois-ci, il me proposait un autre exercice. J'avouais ne plus avoir la tête à ça, mais j'acceptai pour lui faire plaisir. Il invoqua donc une créature et me demanda de la combattre. J'appelai donc mon arme à moi et commençais à frapper ma cible. C'était une créature très étrange, elle était blanche et ne possédait pas de visage. Par moments, elle semblait même désarticulée et se mouvait avec une agilité qui faisait froid dans le dos. On aurait même pu presque la croire dénuée d'os tant elle se tordait dans tout les sens.
Je lui portais donc un coup, puis deux, puis un autre et l'expulsa à l'autre bout de la plate-forme. Elle revint vers moi, se faufilant à la manière d'un serpent sur le sol, me passa entre les jambes et tenta de m'attaquer. Je parais le coup et ripostais immédiatement, renouvelant mon enchaînement de trois coups. La créature finit par disparaître dans un relâchement d'éclairs blancs.
Roxas m'applaudit et se rapprocha de moi. Il me félicita de ma réussite et réussit à me convaincre que je pouvais réussir à faire quelque chose de mes dix doigts. Dé là, je ne sais pas ce qui m'a pris, mais je me suis laissée tomber vers lui. Il me rattrapa et je passais mes mains autour de son cou. Il mis sa main dans le haut de mon dos, et de son haut main m'attrapa les jambes.
On dirait que je t'ai demandé trop d'efforts. Je pense qu'il est temps pour toi de te reposer un peu.
Sans que je ne sache pourquoi, je me mis à le traiter d'idiot dans mes pensées alors que nous faisions la route jusqu'à ma chambre. Mais, au final, ce n'était pas si déplaisant. J'avouais avoir été un peu fatiguée par son entraînement, et je ne crachais pas sur l'idée de piquer un somme, mais le plus important dans tout ça, c'était que j'étais là, près de lui.
Lorsque nous arrivâmes à la chambre il me posa sur mon lit. J'ouvris les yeux et je le vis debout, à côté de moi, un peu penché, en train de me couvrir.
Tu... Tu vas vraiment partir ?
Il resta muet quelques instants, se contenant de poser la couverture sur moi. Et je fermais lentement les yeux, m'assoupissant.
Je réfléchis.