Ce qu’y a de marrant avec le Père Noël… Non ça va, je vous la refais pas.

Ca faisait deux semaines que je marchais. En gros… pour vous raconter. Au début ça allait… C’était pas le chemin du chaperon rouge, c’tait pas tout dallé tout beau mais c’tait relativement plat. Je longeais la mer depuis la Grèce et j’étais entré en territoire perse en finalement très peu d’ temps. Et  là z’allez me dire « Oh t’as vu des femmes à poil, des gays avec des piercings partout » ou encore plein de références pas marrantes à un film pas bon, sauf que non… même moi j’ai même pas pu vérifier mes clichés sur les Perses jusque-là parce que Ahah ! Territoire perse mon cul, devant moi c’était montagne sur montagne. Pour aller là où je voulais aller, c’était la mort, l’Himalaya, le Niagara, tout ça… Et pas beaucoup de gens. Non en gros, j’ai croisé… un mec. Et c’était même pas un Perse, c’était un Grec. Le mec il était là pour cueillir des fleurs dans les montagnes, un truc du genre. Et le mec il me dit plus ou moins en ces mots : Ouais, nyanyanya, t’as bien raison Jecht, tu te diriges vers Persépolis, nyanya, mais t’y seras peut-être jamais parce que jusque là-bas, c’est le Mordor.

Il a été assez cool pour me signaler qu’y avait une ville sur mon chemin, plus ou moins entre deux montagnes… trouduc. Et qu’y fallait qu’j’prenne un bateau pour pas me taper toute l’Anatolie, ce à quoi je lui ai répondu que je ne connaissais pas cette Anatolie mais que je voulais quand même bien me la taper si elle était jolie. J’ai trouvé ma blague drôle, lui pas du tout, et on s’est quitté comme de vieux amis, en ne se parlant plus du tout de toute notre vie.

Ahah…

L’Anatolie… Ah.

Oui donc. Puis là moi, j’avais quand même pas été suffisamment abruti pour pas m’apercevoir que jusqu’à la Perse, y avait deux trois collines et six milles chaînes de montagne à traverser… du coup j’étais un peu préparé. Et… bah j’ai mis mes moufles quoi.

Le pire c’était pas le froid… En vrai c’était carrément supportable, ça. Non le pire c’était l’air qui manquait…
Non en vrai le pire ça restait les pieds… Bah ouais j’avais mal. Puis j’suis un mec spontané, moi. A la base j’avais pris des bottines, plein de bonnes résolutions. J’ai… pas arrêté de me casser la gueule en grimpant, j’ai mis ça sur le dos des bottines, j’étais… vé…nère… du coup j’ai lancé mes basquettes du haut de mon perchoir. Deux secondes plus tard, je regrette. Deux heures plus tard, je pleure vraiment en espérant pouvoir réussir à revenir un peu en arrière dans le temps, histoire de garder ces merdes.

Bon et donc… je vous la fais courte. Un homme normal fait genre 4 ou 5km par heure en marchant. Moi bon, à la louche je dirais que j’en fais 13 ou 14 parce que voilà…

Deux semaines donc… Quatorze jours, ça ça va. Puis 14 x 14 ou plutôt disons 14 x 15 parce que la valorisation c’est important…
Plus ou moins 250 kilomètres parcourus.

Ca m’aidait pas tellement dans la mesure où j’savais pas à combien de kilomètres était Attalia, la ville où j’allais prendre un bateau. Mais voilà, à vue d’œil, comme ça…  Deux choses : J’étais plus trop loin, j’avais bien progressé dans la montagne.
D’autrement… ça veut rien dire… bah j’étais complètement paumé.

Sauf que si on veut être tout à fait exact, ahah… c’était pas 100% vrai. Ok je ne voyais pas Attalia mais j’avais une boussole… j’avais aussi la certitude que comme Attalia était une ville avec des bateaux, c’était aussi une ville près de la mer et moi je pouvais voir la mer quasi tout le temps. Et dès que je pouvais, je braquais sud justement pour rejoindre la mer.

Alors bon. Sauf si Attalia est sous terre ou invisible, je devais bien, un moment, tomber dessus.

Je marchais donc… devait être 18:00… et je pouvais encore avancer. Bon et je sais que c’est pas mon genre la contemplation, mais la vue… La vue quoi ! J’vais pas faire genre j’m’en fous. Parce que de tout là-haut, à quarante mille kilomètres d’altitude, il faisait pas seulement froid, il faisait… Non. C’était superbe. La vue était dingue. Je pouvais voir des kilomètres et des kilomètres de petites collines et de montagnes, c’était comme des dunes gigantesques dans un désert. Et y avait que Jecht, juste lui au-dessus du monde.
Les Grecs étaient vraiment des foutus crétins… J’étais passé devant le Mont Olympe. Et les mecs, ils vénèrent des pécores qui crèchent là-bas. Alors bordel, moi qui suis là, et qu’j’ai d’vant moi une montagne encore plus balèze. Qui c’est qui se cache tout là-haut ? Quel dieu méga badass fait sa loi sur la Perse ? Puis moi j’en savais rin. Ca se trouve, ils sont tellement costauds, les Perses… que même des dieux putains de plus puissants que Zeus et sa famille, ils les vénèrent pas.

Franchement, t’es Grec, tu regardes un coup vers la Perse et tu sais ce que tu vas vénérer puis fin de l’histoire.

Bref et bon, j’marchais. Vous l’voyez, je pensais à plein de trucs. J’pensais à la suite, j’pensais aussi que là, là tout de suite, j’me sentais assez bien et en paix avec l’environnement. Les Songes, les mercenaires, vraiment les machins habituels.
Puis pas mal à Belle et Alice.

J’commençais à un peu descendre. Y avait une sorte de p’tit sentier naturel, enneigé mais franchement praticable. J’y allais doucement, j’utilisais un peu ma claymore comme un appui pour pas me viander. Pour vous dire j’étais vraiment à flanc de montagne, là, si j’tombais, je dégringolais tout d’une traite. Alors sans doute que j’aurais survécu mais si y a 1% de chance pour que Jecht puisse effectivement crever, je préfère pas risquer de tomber dessus.

C’est fou comme c’était un peu un cercle, tout ça… la vie, j’veux dire. J’avais l’impression de toujours revivre des mêmes sensations dans le même ordre, des fois. Tout avait commencé au jardin radieux avec une famille dans laquelle j’étais pas très bien… mais c’était quand  même mes sœurs et ma mère quoi. Puis y a eu ce moment cool où j’étais un sportif reconnu, et n’ayons pas peur des mots, carrément une star pour ce que ça a duré. Puis la merde en tant que soldat, qu’était vraiment super pénible… Puis j’ai fondé une famille et j’ai vécu plus heureux que je le serai jamais… Et puis elle est morte, et puis ça continue comme ça.

Mais au final, j’avais pour la troisième fois de ma vie une famille. Et je l’aimais, cette famille. Belle et Alice, en vrai, je pense je pourrais crever pour elle dans la seconde tant elles sont tout ce que j’ai. Alors je sais pas si c’est le bonheur… Parfois, j’me dis qu’j’veux être le seul au soleil, parce qu’à la seule perspective que tout aille bien et qu’Alice et Belle retournent chacune chez elles… Bah j’me dis que non. Je veux carrément leur bonheur mais j’en ai vraiment marre d’être le sacrifié, le dommage collatéral. Je veux pour une fois avoir le droit d’être prioritaire en question de bonheur. Alors j’voulais pas que la Bête revienne. Et j’voulais pas que le pays des merveilles s’en sorte.

Un père ou un mari ou un ami proche pour elles, en vrai j’m’en foutais. J’vannais Belle absolument toutes les cinq secondes mais tout ce que je voulais, c’est être proche d’elles deux. Ouais y a des sentiments mais ça, y en a toujours. J’étais sincère avec moi, c’est tout.

Je me suis arrêté un moment en regardant mon chemin… et m’suis rendu compte qu’j’aurais p’têtre pas du commencer à descendre. Parce qu’j’voyais pas de coin pour dormir et qu’j’voulais pas rester à flanc comme ça durant la nuit, statique. C’était p’têtre pas le plus malin mais j’ai continué par là.  Alors j’ai continué à descendre alors que clairement, pour moi c’était déjà le noir. Ouais parce que j’me dirigeais vers l’est à flanc de montagne… faut qu’j’t’explique où se couche le soleil ? En vrai ma seule source de lumière c’était le ciel encore faiblement éclairé… puis sinon j’étais dans l’ombre et un froid encore plus intense. C’était pas ma première nuit mais d’une le froid… de deux le vent. Et là je sentais des bourrasques s’abattre sur la montagne, j’ai gravé dégusté.

Et c’est donc alors qu’j’descendais la montagne enneigé qu’il s’est passé le truc le plus improbable de la vie… J’entends un bruit. Au début ça se confondait avec le vent sur la montagne. Puis ça avait l’air d’être un glissement, une sorte de… J’sais pas.

Quand je me suis retourné une première fois, j’ai rien vu.
Quand je me suis retourné une deuxième fois, là ouais.

Ahah.

Une énorme masse m’a percuté à genre du 80km/h, j’ai lâché mon arme sous la surprise et je me suis étalé avant de rouler bouler sur plusieurs mètres, le souffle complètement coupé. Je dégringolais la montagne sur des dizaines de mètres. Un moment j’ai réussi à mettre mes pieds en aval et avec mon bras protégé d’un brassard, j’ai planté mes griffes dans la neige, essayant de m’arrêter.
Finalement, avec mes deux bras je parviens à me rattraper à un petit roc.
Et putain… rien de cassé, ça c’est la neige mais… j’avais un putain de mal de dos. Alors je me suis relevé tant bien que mal et j’ai regardé la montagne. Je le voyais pas…

M’avait semblé que c’était genre un mec de deux fois mon gabarit avec un gros manteau qui glissait sur la neige. Je voyais à peine ma claymore qu’était partiellement enfouie sous la neige, à une putain de centaines de mètres au-dessus de moi.

J’ai soupiré…  et j’ai couru ;
Et couru c’est vite dit, j’étais ralenti de la mort. Mes pieds s’enfonçaient dans la neige et avançaient à peine… et la montée était rude. J’étais trop lent, à ce rythme j’allais jamais la récupérer mais j’ai persévéré, j’ai fait au plus vite.

Mon brassard métallique faisait pas mal de bruit, et pareil pour la neige qui craquelait sous mes pieds… du coup y m’a fallu pas mal de temps pour faire gaffe. Y avait de nouveau ce glissement… Il se rapprochait. Et c’est pas comme si j’voyais toute la montagne, moi, j’étais dans un creux pas possible. Du coup quand le snowboarder a utilisé une butte comme un tremplin pour me fondre sur la gueule, je l’ai pas vu immédiatement. Mais j’ai levé le regard et pendant deux secondes, j’l’ai un peu regardé à défaut de pouvoir faire autre chose. Un visage totalement noir et deux yeux jaunes, emmitouflé sous plusieurs couches d’anorak, de bonnets et d’écharpes de plein de couleurs différentes. Et il était méga basé. C’était la taille d’un rocher qu’allait me rentrer dans le lard. Je me suis pris le plat de son snowboard dans la tronche et me suis étalé. Coup de chance, mon seul bon réflexe a été de directement m’accrocher au sol comme j’pouvais.


« Merde… »

J’avais du sang dans la bouche sur ma barbe… j’en avais même foutu plein sur la neige immaculée. Putain de nature.

Je déteste les sans-cœurs… Et ça c’en était bien un.

Alors j’me suis levé et je l’ai vu descendre en snowboard… Qu’est-ce que tu voulais que je fasse ? J’allais pas le poursuivre. Le mec avait fait son truc, non ? Il allait remonter tout en haut de la montagne pour me redescendre sur la gueule ? Jusque-là… franchement j’ai décidé de l’ignorer. C’est concept comme idée de sans-cœur ouais, mais ça marche genre une fois.

Et j’ai continué à grimper la montagne pour ramasser ma…

Euh…

Là, j’ai entendu un truc. C’était plus un glissement, c’était comme un grincement, un craquement… J’ai tourné mon regard et j’ai vu le snowboarder surfer sur un chemin de glace qui grandissait au fur et à mesure et qui… bah… remontait.


« Putain et d’où j’ai pas ça, moi ? »

J’ai galopé comme un cochon, limite je trébuchais et en arrivais à courir à quatre pattes. J’entendais Iceberg arriver jusqu’à moi en mode méga paniqué. Il était plus lent quand il montait sur son arc-en-ciel de glace que quand il snowboardait mais t’inquiètes qu’il était pas plus léger. Il allait me démonter.

Je me suis retourné au dernier moment, juste avant qu’il m’envoie sa monture dans la nuque. J’ai calé ma brassière sur son coup. Je me suis retrouvé comme enfoncé dans la neige sous le poids du truc, mon gant en métal me rentrant limite dans la peau mais avec une belle occasion.


« Tu vas redescendre plus vite qu’en tire-fesse , connard ! »

Boum ! Ma réplique lui a sans doute fait plus mal qu’une pluie de météorites dans la tronche mais dans le doute… Je lui ai balancé une droite aussi bien sentie que mon humour dans le ventre, le dégageant de son promontoire, brisant sa piste de glace de merde avant de recommencer à courir.
Fait chier… le tire-fesse n’a jamais redescendu personne… Non maintenant je m’en rends compte mais là sur le moment, dans le feu du move…

J’pouvais entendre le sans-cœur revenir en mode iceberg. Là depuis j’ai bien réfléchi à un nom cool que j’pourrais lui donner et ça a donné : Le Monosumo. C’est à la limite du brillant.

Et finalement, m’y revoilà. Je saisis violemment ma claymore sous la neige et la prends à deux mains… Ouh je l’attendais et il allait voir du pays, cet enfoiré. Il s’approchait avec la peur bien propre à ces taches de sans-cœurs, c’est-à-dire aucune…  Je le voyais penché vers l’arrière sur son snowboard, « face à la pente », tu vois le genre. J’voyais un peu le dessous de sa planche. ‘Fin on s’en fout. Ce qui est plus important c’est la réplique que j’lui ai lancée juste après qui franchement, était bien inspirée.


« T’es même pas une piste verte pour moi. »

Et alors que j’allais lui homeruné sa mère, le mec décolle de son serpent de glace et fait une putain de pirouette dans les airs, genre dix milles tours sur lui-même, la main gauche qui tient le bord de sa planche.

« Et d’où il décolle ? Y a un ressort ?! »

Il arrive à une dizaine de mètres de moi en amont, pivote sur son snow et fond bien plus vite que 9,81m/s². Rien d’humain… et j’m’y connais…

Ma claymore plantée dans le sol, ma main gauche dessus, je m’échauffe un peu ma gauche, dérouillant mon épaule. Et juste avant qu’il me rentre dedans, je tente un direct au visage. S’il avait eu des dents, ce sans-cœur, sûr qu’il en aurait plus… Il en avait pas donc il a pas eu l’air perturbé par la différence mais je lui ai démonté le visage.

Pour mes dents, c’était un peu le même délire puisque quand je me suis ramassé sa planche qui fait à peu près vingt kilomètres sur la totale étendue de mon corps entier, j’ai volé dans les cieux… J’ai perdu conscience un moment, je le jure… je me suis réveillé seulement quand je me suis écrasé avec aucune idée de la distance parcourue pour mon baptême de l’air.

Ma claymore s’est plantée pas loin peu après moi et, à entendre le bruit sourd un peu plus loin, j’étais pas le seul à m’être viandé.

Je me suis relevé finalement. Mais il m’a fallu plus d’une minute, sans rire. J’ai repris ma claymore en grognant de douleur. Quand j’allais raconter ça à Ukiyo, sérieux… je suis sûr qu’il y croirait à peine tant le truc était balèze.

Non ‘fin j’allais plutôt en parler à Roxas. Ukiyo aurait pas été impressionné.

Non p’tête que j’allais garder ça pour moi, ça fait déjà assez mal comme ça.

Je l’ai aperçu un instant, super haut, ayant remonté la montagne comme rien. Pfiou… dire que j’étais tout là-haut dix minutes avant ? Ça valait le coup de perdre un tibia. Et là grande question… statique ou pas. J’m’en ramassais sans doute plus que lui.

Puis là, l’idée de génie. J’avais pas de snowboard mais j’avais un truc de la  même taille… qu’était vaguement de la même forme. Ma foutue claymore. Oh la la j’en revenais pas que j’allais faire un truc aussi cool. Alors ouais, j’ai mis ma claymore sur le sol, à plat… J’ai posé mes pieds dessus et ça a commencé à glisser.


« C’est comme dans Age de Glace, putain ! »

Premier virage, première humiliation, je me suis déshydraté l’entièreté du corps en laissant ma claymore partir sans moi. Et heureusement que personne m’a vu courir après… c’est un coup à se forger une réputation de loser.

C’est-y pas à ce moment-là qu’il me saisit, vrai de vrai, par le col de mon manteau. J’ai rien pu faire, il a descendu la montagne avec une vitesse juste malade en me tenant par la peau du cou comme on tient un matou.


« Conn-Blbffrfhrm » me suis-je exprimé très naturellement quand il m’a plongé la tête dans la neige alors qu’il continuait à glisser, me faisant bouffer terre et neige dans la descente. Il m’a sorti du coaltar quelques secondes plus tard. Mon visage était en sang et j’étais aveuglé, j’ai pas vu venir la suite mais je l’ai sentie… Il m’a balancé contre un rocher dans une violence totale avant de se casser.

Jamais de ma vie, j’pense… j’avais autant chié contre un sans-cœur. Et j’vous dis ça, sur le moment, quand mes yeux se sont ouverts, j’étais surpris d’être vivant. Le mec m’avait ouvert de partout. Mon manteau était en lambeau et j’pouvais sentir du sang couler de partout de mon corps. Là j’vous dis, j’étais plus vraiment maître de moi. J’étais hors de moi !

Je l’ai vu remonter sur son serpent de glace, à une trentaine de mètres de moi. A moi… J’ai brandi ma claymore jusqu’à ce qu’elle soit limite derrière mon épaule.


« Jecht Shoot ! »

Ma lame a volé en tournoyant de la mort et est venue fracasser son chemin de glace. Il s’est retrouvé une seconde à cinq mètres de hauteur sans rien en-dessous de lui, et dans le mauvais sens… je l’ai pas vu se casser la gueule mais ça a fait du bruit.  Alors j’ai couru comme un dératé dans sa direction. Une fois immobile, il pouvait faire six cent kilos, je le battais comme je défonçais tout le putain de monde !
Et quand j’arrive, rien, à nouveau… au dernier moment, je le vois monter peut-être à deux centimètres du sol sur son parcours de glace. Il me bouscule et m’envoie péter dans la neige. Rien, pa de douleur, juste de la colère à l’état pur.


« Raaaaahh ! »

Je me relève en serrant les poings à m’en faire éclater les os. Je le voyais bien, aucune butte pour le cacher, je pouvais voir son parcours dans le moindre détail alors qu’il remontait à deux cents mètres de moi… J’ai mis mes deux mains au sol en le fixant, en respirant longuement. J’avais du mal à calmer mon palpitant, j’avais l’impression d’exploser ! Il glissait en ligne droite vers moi, gagnant une vitesse phénoménale. J’ai pas hésité… Il était à une cinquantaine de mètres quand j’ai relevé très brusquement les mains, soulevant un peu de neige dans mon geste…

« Nova titanesque, pétasse ! »

Et sur un rectangle de genre cent mètres sur cinquante devant moi, toute la neige a été soulevée par la seule force de mes deux bras… Direct, j’ai vu le Monosumo chuter,  il avait plus rien pour faire ses cabrioles, que de la terre… Et tout ça lui est retombé sur la gueule ainsi qu’un peu sur la mienne, gravité oblige… Je m’en suis dépêtré comme je pouvais…

Et je l’ai vu qui commençait lui aussi à émerger.
Sérieux… Mon attaque la plus balèze, qu’j’me suis dit.

Là, un grondement… soit c’était le dieu des Perses dont j’vous parlais tantôt… soit c’était pire encore. J’ai levé mes yeux vers le pic de la montagne… C’était comme si elle tremblait.

J’ai couru comme un dératé, j’ai rien attendu, je me suis précipité non pas vers la pente mais vers ma claymore qu’était à une dizaine de mètres pendant que la terre tremblait et que du coin de l’œil, une avalanche s’apprêtait à nous avaler, le sans-cœur et moi.

Je l’ai atteint… et je me suis préparé. Y avait rien à faire mais moi j’le sentais presque comme… le truc, il fallait au moins que je m’y prépare. J’ai dérouillé mon épaule en faisant quelques mouvements de bras, j’ai gratté ma barbe avec style… et la vague de neige m’a bouffé.