Le bruit de la plume sur le papier et l'odeur de cire, la lumière de la bougie, les pages feuilletées. Tout ces détails étaient une musique fine et délicate aux oreilles de Sauron. Porteurs de souvenirs qu'il pensait perdus depuis des décennies. Il devait l'admettre en ce moment, alors qu'un mince sourire se dessinait sur ses lèvres, qu'ils étaient plutôt, et très simplement, enfouis dans un coin de sa mémoire. Il n'avait fallu que quelques heures dans cette bibliothèque pour qu'il se retrouve submergé, ne cherchant pas le moins du monde à refaire surface. Se perdant dans l'agréable méandre de sa mémoire.
Cela avait commencé par un livre, présenté à son regard sur sa simple étagère de bois nu, relié de cuir. En venant ici, il ne s’était pas attendu à des détails ni à des fioritures, l'endroit n'étant après-tout qu'un couvent. Mais qu'elle surprise avait-il eu à l'ouverture de ce livre. Les couleurs et le dessin, les mots écrits uniformément. Chaque page était une merveille. Il avait découvert ici, dans ces bâtiments de pierre offerts aux affres du vent, un microcosme fascinant. Non pas qu'il eut jamais envie d'en faire partie, il trouvait dans cet endroit, dans ce monastère, quelque chose qui éveillait sa curiosité.
Ces gens vivaient reclus dans la prière. Reclus dans le travail. Leurs longues journées rythmées par le recueillement et l'enluminure. Ils ne parlaient pas ou peu, et lorsqu'ils le faisaient c'était dans un lourd accent et un sabyre qui devait leur être propre. Ou propre à leur région ? Sauron n'en avait alors aucune idée, et ce n'était qu'un détail en plus qu'il se chargerait d'étudier plus tard. Chaque nouveau monde était une civilisation nouvelle. Chaque personne qu'il rencontrait, chaque pièce visitée, chaque livre ouvert. Bien sûr, il s'était déjà rendu à Paris et son souvenir restait vivace dans son esprit. Comment oublier une cité aussi lumineuse ? Bien que sa première visite fut courte, il s'était dès lors juré d'y retourner.
Pourtant, telle ne fut pas sa destination. Car, plutôt que de retourner en villégiature pure et simple dans cette cité de lumière – l'utilisation du terme « Lumière » était à prendre avec des pincettes, et il l'avait appris à ses dépends en observant les réactions curieuses de ses interlocuteurs à chaque fois qu'il parlait de Paris en ces termes. 'Paris, à la Lumière ?' 'Mais non, le Consulat ne laisserait jamais une chose pareille se produire !' Ah, le langage. Fascinant.
Sa destination était -pour y revenir, un monastère. Sis en dehors de la ville, mais néanmoins à vue de ses abords. Le sans-cœur avait découvert quelques livres manuscrits dans la Bibliothèque du Sommet de l'Art ; un précis concernant la forge d'art. Les détails et les enluminures étaient d'une précision fantastique, ainsi Sauron avait-il désiré le lire dans son intégralité. Là était-il donc, à parcourir les rayonnages, cherchant vainement un livre semblable à son trésor récemment trouvé au Jardin Radieux. De la même facture. Du même auteur. Sur le même sujet ? La patience était son arme, mais il se retrouvait acculé et au bord du gouffre, les moines ne signant pas leurs travaux. Oh, et, même s'il se jurait d'un jour s'améliorer dans ce domaine ; il ne comprenait pas un traître-mot de la langue employée par l'écrivain. Il saurait bien entendu dire qu'il s'agissait de la même, un enfant pourrait en dire autant ! Mais la comprendre...
De debout entre deux rayonnages, Sauron s'était lentement rapproché de la lueur d'une bougie, sur une simple table de bois ; un phare dans l'obscure bibliothèque. Sans vraiment se préoccuper de l'heure, il s'assit dans un bruissement de ses vêtements sombres et continua sa lecture. Détaillant chaque boucle et chaque point de ces inscriptions, ses yeux luisant d'intérêt. Ce n'était pas un précis sur les métaux à employer dans la conception de bijoux, et ça pour rien au monde, mais chaque page était délicatement ornée de motifs et de couleurs. Ombre parmi les ombres, le vent pour unique indication de son actuelle situation, le lointain bruit des moines arpentant les couloirs, il se retrouvait sur la fine situation de paix qu'il appréciait tant.
Un lourd battement de cloche l'arracha à sa contemplation mièvre et le fit sursauter. Quel était leur rythme de vie ? La cloche ne sonnait pas à chaque heure, mais bien plus lentement. Quelle heure était-il ? Il ne devait pas être tard, il faisait même encore jour et, à cette époque de l'année l'apparition du soleil était quelque chose de rare. Un soupir lui échappa, trahi par la blancheur de son souffle dans l'air froid. De toute évidence, les moines parlaient autant qu'ils mettaient des bûches dans leurs âtres.
S'étirant et repoussant ses cheveux hors de son visage, il lança un regard dans la pièce où il se trouvait, et soupira de nouveau.
Cela avait commencé par un livre, présenté à son regard sur sa simple étagère de bois nu, relié de cuir. En venant ici, il ne s’était pas attendu à des détails ni à des fioritures, l'endroit n'étant après-tout qu'un couvent. Mais qu'elle surprise avait-il eu à l'ouverture de ce livre. Les couleurs et le dessin, les mots écrits uniformément. Chaque page était une merveille. Il avait découvert ici, dans ces bâtiments de pierre offerts aux affres du vent, un microcosme fascinant. Non pas qu'il eut jamais envie d'en faire partie, il trouvait dans cet endroit, dans ce monastère, quelque chose qui éveillait sa curiosité.
Ces gens vivaient reclus dans la prière. Reclus dans le travail. Leurs longues journées rythmées par le recueillement et l'enluminure. Ils ne parlaient pas ou peu, et lorsqu'ils le faisaient c'était dans un lourd accent et un sabyre qui devait leur être propre. Ou propre à leur région ? Sauron n'en avait alors aucune idée, et ce n'était qu'un détail en plus qu'il se chargerait d'étudier plus tard. Chaque nouveau monde était une civilisation nouvelle. Chaque personne qu'il rencontrait, chaque pièce visitée, chaque livre ouvert. Bien sûr, il s'était déjà rendu à Paris et son souvenir restait vivace dans son esprit. Comment oublier une cité aussi lumineuse ? Bien que sa première visite fut courte, il s'était dès lors juré d'y retourner.
Pourtant, telle ne fut pas sa destination. Car, plutôt que de retourner en villégiature pure et simple dans cette cité de lumière – l'utilisation du terme « Lumière » était à prendre avec des pincettes, et il l'avait appris à ses dépends en observant les réactions curieuses de ses interlocuteurs à chaque fois qu'il parlait de Paris en ces termes. 'Paris, à la Lumière ?' 'Mais non, le Consulat ne laisserait jamais une chose pareille se produire !' Ah, le langage. Fascinant.
Sa destination était -pour y revenir, un monastère. Sis en dehors de la ville, mais néanmoins à vue de ses abords. Le sans-cœur avait découvert quelques livres manuscrits dans la Bibliothèque du Sommet de l'Art ; un précis concernant la forge d'art. Les détails et les enluminures étaient d'une précision fantastique, ainsi Sauron avait-il désiré le lire dans son intégralité. Là était-il donc, à parcourir les rayonnages, cherchant vainement un livre semblable à son trésor récemment trouvé au Jardin Radieux. De la même facture. Du même auteur. Sur le même sujet ? La patience était son arme, mais il se retrouvait acculé et au bord du gouffre, les moines ne signant pas leurs travaux. Oh, et, même s'il se jurait d'un jour s'améliorer dans ce domaine ; il ne comprenait pas un traître-mot de la langue employée par l'écrivain. Il saurait bien entendu dire qu'il s'agissait de la même, un enfant pourrait en dire autant ! Mais la comprendre...
De debout entre deux rayonnages, Sauron s'était lentement rapproché de la lueur d'une bougie, sur une simple table de bois ; un phare dans l'obscure bibliothèque. Sans vraiment se préoccuper de l'heure, il s'assit dans un bruissement de ses vêtements sombres et continua sa lecture. Détaillant chaque boucle et chaque point de ces inscriptions, ses yeux luisant d'intérêt. Ce n'était pas un précis sur les métaux à employer dans la conception de bijoux, et ça pour rien au monde, mais chaque page était délicatement ornée de motifs et de couleurs. Ombre parmi les ombres, le vent pour unique indication de son actuelle situation, le lointain bruit des moines arpentant les couloirs, il se retrouvait sur la fine situation de paix qu'il appréciait tant.
Un lourd battement de cloche l'arracha à sa contemplation mièvre et le fit sursauter. Quel était leur rythme de vie ? La cloche ne sonnait pas à chaque heure, mais bien plus lentement. Quelle heure était-il ? Il ne devait pas être tard, il faisait même encore jour et, à cette époque de l'année l'apparition du soleil était quelque chose de rare. Un soupir lui échappa, trahi par la blancheur de son souffle dans l'air froid. De toute évidence, les moines parlaient autant qu'ils mettaient des bûches dans leurs âtres.
S'étirant et repoussant ses cheveux hors de son visage, il lança un regard dans la pièce où il se trouvait, et soupira de nouveau.