- Mini-série -
Je me réveillais dans la cabine d'un vaisseau, épuisée. Je fus prise d'un sursaut, je ne reconnaissais rien autour de moi. Il y avait des boutons et des lumières qui clignotaient de partout. Je jetai un regard a ma gauche, le jeune garçon qui m'avait sauvée de Tortuga tenait les commandes du vaiseeau. Il était trop concentré sur la route, il n'avait pas remarqué mon réveil.
Je décidais de ne pas bouger. Pas pour le moment, je ne le connaissais pas. Je l'avais suivi instinctivement, pensant qu'avec lui je serais en sécurité.. Quelle idiote je faisais. Peut-être que ce qui m'attendait était pire que ce que je subissais à Tortuga... Enfin, il m'avait donné une arme, et je l'avais toujours sur moi, je la sentais le long de ma cuisse, bloquée dans un de mes bas. Elle pourrait m'être utile si jamais la situation dégénérait. Même sans savoir viser, à cette distance je ne risquais pas de manquer mon tir.
Soudainement, ma gorge me démangea. Je tentais de faire passer cette sensation désagréable en arrêtant de respirer, mais c'était pire. Je n'eus d'autre choix que de tousser.
Ah, tu es réveillée, enfin ! Tu vas bien ? fit-il sans lâcher la route des yeux.
Oui, merci. Et... merci de m'avoir sauvée...
Quoiqu'il se passe, je lui devais quand même la reconnaissance de m'avoir sortie de la taverne/bordel de Tortuga.
Maddie, c'est ça ? C'est un joli nom.
Merci, je suppose. Je... je ne suis pas habituée aux compliments monsieur Théodore...
Il me semblait avoir entendu qu'il s'appelait comme ça. Mais je n'étais sûre de rien. La panique qui avait suivi avait chamboulé mon esprit. Je ne revoyais plus que de brèves visions de la lutte et de mon saut par la fenêtre.
Monsieur Théodore ? Il se mit a rire. Ne m'appelle pas comme ça, moi c'est Roxas. J'ai pris un faux nom pour mon escale à Tortuga. Et tu peux me tutoyer, je n'ai absolument rien de noble.
Roxas ? C'est pas très commun comme nom !
Silence. Est-ce que j'avais dit quelque chose de mal ? Je n'espérais pas. Après tout il n'avait pas l'air bien méchant, enfin ça ne m'empêchait pas de rester sur mes gardes.
Je n'avais jamais vu l'espace. C'était magnifique. Je supposais que les planètes qui nous entouraient étaient ces fameux « autres mondes » dont on m'avait parlé.
Tu n'as jamais quitté Port Royal, je me trompe ?
Non. C'est la première fois que je voyage. J'avais entendu parler des autres mondes en écoutant les conversations des clients, mais je ne m'imaginais pas que l'espace était aussi beau.
Ouais, ça fait toujours cet effet la première fois. Profites-en, après, à force de voyager on n'y prête plus attention.
Je me demandais ce qui allait m'arriver maintenant. Je n'avais nulle part où aller. Ce qui restait de ma famille était à Port Royal, et de toutes façons je n'avais pas vraiment envie de les revoir. C'était à cause d'eux que je m'étais retrouvée sur l'île de Tortuga. Mon père, alcoolique, m'avait vendue pour pouvoir continuer de se saoûler. A croire que je ne valais pas mieux qu'un tonneau de rhum.
Dites... Dis moi. Où vas t-on ?
A vrai dire, je ne sais pas vraiment. J'ai des choses à faire, mais d'abord je dois te trouver un endroit où vivre. Je ne peux pas te garder avec moi, c'est trop dangereux. Je ne t'ai pas sortie d'une galère pour te plonger dans une trentaine d'autres.
Sur ces mots, il ria. Je n'arrivais pas à comprendre. Il semblait se satisfaire de sa situation. C'était un vrai casse tête.
Un endroit où vivre ? Mais je n'ai nulle part où aller. Je ne connais que Port Royal...
Tu veux peut-être que je t'y remmène ?
Non !
Ça va, je blaguais... reste zen.
J'avais l'impression de rêver. C'était bête à dire, mais en deux années, c'était la seule personne à me considérer comme une personne et pas comme un simple bout de viande. Les regards pervers des clients de l'ancien bar dans lequel je servais... Je n'aurai plus à les subir. C'était une vraie délivrance.
Et... pourquoi m'avoir sortie de là ? Pourquoi moi, et pas une autre ?
On va dire que tu m'as tapée dans l'oeil.
Pardon ?
Pardon ?
Non... c'est pas... c'est pas ce que je voulais dire. Non, c'est tombé sur toi comme ça aurait pu tomber sur une autre. Simplement, je t'ai vue, a bout de forces, fatiguée et las de ton quotidien. Ça se lisait clairement sur ton visage. Un guerrier de la lumière ne pouvait décemment pas te laisser croupir ici. Alors, j'ai improvisé, je t'ai faite monter à l'étage, et je t'ai sortie de là.
C'était a mon tour de lui sourire. Un guerrier de la lumière, hein ? Au moins j'étais sûre d'être en sécurité. Le peu de méfiance qu'il me restait vis a vis de lui s'envola. Bien sûr il ne me voyait pas, les yeux toujours rivés sur la route, et c'était tant mieux. Ça aurait été d'autant plus gênant si il m'avait remarquée. J'étais d'un naturel timide.
Si ça ne te dérange pas, j'aimerais rester avec toi encore quelques temps. Au moins le temps de trouver un endroit où aller.
Il ne répondit pas immédiatement. Il semblait réfléchir. S'il refusait, je pouvais le comprendre, il n'avait pas forcément besoin de quelqu'un qui traînerait dans ses pattes. Je pourrais le gêner. Mais je ne connaissais vraiment rien des mondes, et peut-être que je pourrais apprendre des choses en restant avec lui.
Je suis désolé, c'est pas possible.
Mais pourquoi ?
Je te l'ai dit, c'est trop dangereux. Je ne peux pas t'embarquer n'importe où. Tu pourrais être blessée, ou même pire.
Roxas... V... Tu es là seule personne qui s'est intéressée à mon cas depuis des lustres. Tu m'as faite quitter le trou a rat qu'est Tortuga. Tu as l'air de connaître énormément de choses sur les mondes qui nous entourent, et moi je ne connais rien. Je pensais que j'aurais pu découvrir un petit peu des mondes grâce à toi.
Et de nouveau, un silence. Quelque part, j'avais peur. J'avais peur de me retrouver parachutée dans un monde que je connaissais pas, et qu'il m'arrive le même sort. J'avais peur de devoir redonner de mon corps. Je ne pourrai pas le supporter une nouvelle fois.
Ok. Tu resteras avec moi. Mais tu feras ce que je te dis, et tu ne me quitteras pas d'une semelle. J'ai beaucoup à faire, je ne voudrais pas perdre du temps à devoir te sauver à gauche à droite. Je ne le dis pas méchamment, j'espère que tu comprends.
Je fis un large hochement de tête. Ainsi j'allais rester avec lui quelques temps. Ça allait me laisser du temps pour réfléchir.
Tu sais tirer ?
Comment ?
L'arme que je t'ai donnée. Tu l'as toujours ? Tu sais t'en servir ?
Je tirais un peu ma robe pour y dévoiler le haut de mes bas où le pistolet était rangé. Je n'avais jamais vraiment appris à me servir d'armes. Mon boulot était d'obéir à des ordres et surtout, de ne pas me plaindre sous peine de me faire rouer de coups.
Non...
Alors nous allons commencer par ça. Je vais prendre un peu de temps pour t'expliquer comment te défendre. Puis ce genre d'enseignement, c'est le genre de choses qui te servira toute ta vie, fais moi confiance là-dessus. Direction, la Contrée du Départ, en plus c'est pas un monde que tu vas visiter d'ordinaire.
Il actionna quelques manettes et le vaisseau prit rapidement de la vitesse. Je fus presque aspirée dans mon siège, mais je me cramponnais aux bords de toutes mes forces. La Contrée du Départ... voilà un nom rigolo pour le début de mon périple.