Elle n’avait jamais fait partie d’un tel équipage. Bien sûr, la troupe de théâtre comprenait une vraie petite assemblée avec toute sorte de personnages, tous admirables à leur façon, mais ici tout était différent. Il régnait sur le pont une atmosphère de travail, d’investissement à la tâche en cours, à savoir : prendre le large. Elle savait que dans quelques instants, cet énorme navire allait prendre de l’altitude, se détacher miraculeusement de l’eau pour s’envoler dans l’espace. Une folie. Les inventeurs des dernières années avaient permis cela. La révolution technologique avait changé bien des choses, comme le fait qu’elle puisse découvrir les mondes librement.
Peu de personnes restaient inactives pendant cette manoeuvre, Raiponce pouvait donc distinguer le véritable équipage des personnes envoyées spécifiquement au Nouveau Monde. Elle détailla chacun d’entre eux. Le Panda était, au sens littéral du terme, inoubliable. Elle avait déjà pu l’apercevoir lors d’un rassemblement des Consuls. C’était une personne qu’on ne pouvait ignorer, que ce soit par son apparence, ou par ses changements d’attitude réguliers, tantôt ivre et inconvenant, tantôt très sérieux et investi. Il y avait aussi un homme à la chevelure fauve, insaisissable et inquiétant. Raiponce se décida à éviter son regard pour le reste du voyage, espérant ne surtout pas attirer son attention. Elle n’était pas de celles qui craignent facilement, mais il y avait véritablement quelque chose qui la mettait mal à l’aise chez lui, une aura désagréable.
Quand elle sentit une force immense emporter sous ses pieds le bateau dans les airs, cherchant d’abord son équilibre, Raiponce s’appuya dangereusement sur le bord pour pouvoir observer les eaux tomber sur la mer, tandis que la proue se distançait de la triste gravité.
La jeune fille sursauta, elle ne s’attendait pas du tout à avoir attirer l’attention sur elle. Elle se retourna et trouva à ses côtés un homme d’une petite soixantaine d’années. Il semblait sympathique et avait déjà la main tendue vers elle comme s’il se tenait prêt à l’empêcher de basculer.
Elle se montra totalement inflexible avec l’officier de pont. Si bien qu’il finit par se décourager et proposa à la jeune femme de visiter avec lui le pont supérieur et les gaillards. Ils se mirent en marche et tandis que Raiponce regardait tout autour d’elle, le vieil homme lui expliquait la charge de chaque matelot, lui détaillait l’utilité de chaque instrument.
Elle posa son oeil sur la lunette et orienta nerveusement la longue vue vers l’univers entier qui les entourait.
Elle pensa à cet instant qu’elle n’avait même pas saisi l’opportunité d’être avec deux Consuls à bord pour s’entretenir avec eux. Cependant, les remords ne s’éternisèrent pas concernant l’homme aux cheveux rouges.
Tandis que l’officier donnait des ordres à ses subalternes, Raiponce s’adossa au bord du navire et observa le phénomène surréel qui menait grâce à des vents invisibles le bateau vers sa destination. Si on lui avait dit qu’elle pourrait voir un jour pareil phénomène quand elle était au sommet de sa tour, elle aurait eu bien de la peine à le croire. Tous les livres qu’elle avait à l’époque dataient déjà de longtemps et ne faisaient aucune mention des voyages entre les mondes tel qu’elle en avait déjà vécus. La jeune fille avait désormais l’impression d’avoir accompli en partie son rêve et même de l’avoir surpassé. Et même si elle avait du mal à se résigner, elle ne pouvait s’empêcher de penser à sa mère qui devait l’attendre depuis déjà de longs mois.
Maintenant qu’elle connaissait la vérité que cette dernière lui avait cachée et obscurcie pour d’étranges raisons, Raiponce était tout à fait incapable de renoncer à cette nouvelle existence de liberté. Elle avait eu raison de croire qu’elle pouvait s’en sortir dans le monde extérieur car elle avait déjà montré ses capacités à plusieurs occasions. Elle avait rempli plusieurs missions d’une certaine importance, avait réussi à gérer des personnages imprévisibles et susceptibles. Elle se préparait à se rendre directement en zone dangereuse pour secourir des blessés et si possible les sauver. N’était-ce donc pas la preuve que la jeune enfant était devenue une adulte ? Elle en était convaincue.
Pourtant, elle aimait sa mère, parfois égoiste, souvent imparfaite, mais par moment si généreuse. Le simple fait qu’elle soit sa mère les liait à tout jamais et cela comptait énormément pour la jeune fille. Elle ne voulait pas la perdre. Même si elle était désormais convaincue que Mère Gothel avait eu tort et que leur rencontre se solderait certainement par une grande dispute où les points de vue seraient défendus avec vivacité, il lui manquait cet amour maternel, celui auquel on ne renonce jamais.
Intérieurement, elle se promit de retourner dans son monde d’origine, d’aller à la rencontre de sa mère, et de réussir à la convaincre d’accepter qu’elle n’était plus une enfant, qu’elle pouvait donc battre de ses propres ailes. Elle aspirait à une relation idyllique, celle où l’entente est parfaite et où chacun est content pour l’autre, une relation où les deux femmes pourraient continuer à se voir, à se visiter et à prendre des nouvelles, avec la satisfaction d’avoir réussi à s’entendre malgré leur ancien différend.
Cet élan d’optimisme eut pour effet de rendre le voyage beaucoup plus court qu’il l’était en réalité. Après quelques heures, chacun put observer au loin le nouveau monde qui apparaissait dans la brume lointaine d’une fin d’après-midi. Raiponce, qui tenait encore la longue-vue qu’on lui avait confiée, la tendit à l’officier et s’adressa à lui avec empressement.
Les matelots s’empressèrent de rejoindre leur poste pour entamer la descente. Les voiles vibrèrent quelques instants et le bateau s’inclina de quelques degrés. Progressivement, la coque s’approcha de la surface de l’eau, si bien que la jeune fille eut l’impression que la carcasse du bateau allait se briser sur les vagues. Au moment de l’entrée dans la mer, tous se tinrent fermement à ce qu’ils pouvaient, Raiponce, bien que préparée, faillit lacher la corde qu’elle tenait, tant le choc avait été grand. Plusieurs tonneaux sortirent d’ailleurs de leurs cordages et roulèrent de l’autre côté du pont, surprenant quelques matelots au passage. Quand tout fut fini et maitrisé et que le bateau reprit son avancée vers la plage, tous rirent en coeur, plus par soulagement que par amusement.
Quelques minutes plus tard, le bateau s’arrêta à une certaine distance de la plage, afin de ne pas toucher le fond. Raiponce proposa de faire partie du premier transport, insistant sur le caractère urgent de sa mission. Elle venait en effet de se rappeler qu’elle était venue pour porter secours aux Indiens qui avaient été blessés assez grièvement. Quand ils eurent rejoint la terre ferme, la jeune femme insista pour qu’un des hommes l’accompagne le plus rapidement possible au campement du Consulat.
Après une dizaine de minutes de marche rapide, accompagnée de l’homme, elle atteint le campement. Personne ne faisait encore attention aux nouveaux arrivés car ils étaient pour le moment les deux seuls à être parvenus jusque là.
Raiponce le regarda un instant partir dans l’autre sens, presque déçue et intimidée du fait d’être à présent seul pour se présenter et expliquer la raison de sa présence ici. Elle devait faire vite pourtant.
Une voix féminine venait de la sortir de sa réflexion, elle se retourna vers son origine et trouva une jeune femme, un peu plus âgée qu’elle, en habits pratiques, mais qui n’en restait pas pour autant tout à fait ravissante.
Elle hésita sur ce dernier point, appréhendant avec pas mal de doute la réaction de la Botaniste, apparemment férue de sciences concrètes.
La botaniste prit par le bras Raiponce et l’emmena sans demander son autorisation vers une grande tente non loin de là. Elle ouvrit le pan de tissus et incita Raiponce à pénétrer dans la tente.
Raiponce observa la scène. Tout autour d’elle, des lits de fortune, installés parallèlement en deux rangées. Il y avait déjà deux personnes dans la pièce. Une femme d’âge mur approcha des deux jeunes femmes, faisant un signe de tête à la botaniste.
Les trois femmes et le jeune homme se mirent à la tâche. Raiponce se dirigea vers un Indien qui semblait souffrir et dont personne ne s’occupait alors. Quand la jeune fille s’approcha de lui, il eut un mouvement de recul. Doucement, elle posa sa main sur le bras et parla d’une voix calme et apaisante.
L’homme au début réticent, finit par se laisser faire et observa les gestes de la jeune fille avec toujours un peu de réserve. Raiponce fit l’inventaire de ses blessures et décida de se concentrer sur celles qu’elle pouvait soigner, et si possible les plus graves. Discrètement, elle saisit une mèche de ses cheveux et l’enroula autour du bras blessé de l’indien, le fit passer contre son torse et se mit à chanter sa chanson, sous les yeux incrédules de ce dernier.
L’homme désigna ses cheveux, apparemment effrayé par cet acte magique.
La lumière traversait la longue chevelure de Raiponce pour se diriger vers son bras et son buste. L’indien était sur le point de se débattre, puis il s’immobilisa lorsque les picotements le traversèrent, lui ôtant alors la douleur localement. La jeune fille déroula sa chevelure et mit à la lumière du jour la zone concernée par la guérison.
L’indien s’affola pendant quelques instants, il remua son bras dans tous les sens, tira sur la peau de son torse, frotta dessus comme pour voir si ce n’était pas que du maquillage. Entre temps, la botaniste avait rejoint Raiponce et avait pu observer le résultat.
Raiponce observa l’expression de Eréone, convaincue qu’elle était sincère. Elle lui adressa un chaleureux sourire en guise de remerciements. L’infirmière et le jeune homme avait été trop occupés par leurs occupations pour se rendre compte de ce qui venait de se passer. Elle n’ignorait pas que son secret ne pourrait pas en rester éternellement un si elle l’utilisait régulièrement, mais elle avait espoir qu’il ne s’ébruiterait pas trop rapidement. Malgré que les peurs de Mère Gothel étaient tout à fait exagérées, elle avait raison en un point, le pouvoir de Raiponce avait une certaine valeur et il pourrait être réduit à néant si on s’en prenait à ses cheveux. Et il n’existait à priori aucune solution à ce problème. Elle se pencha à nouveau vers l’indien et le rassura en l’invitant à s’allonger.
L’homme suivit son conseil et les deux jeunes femmes s’éloignèrent de lui. Raiponce avait senti son énergie drainée par cette magie. Elle savait qu’elle ne pourrait pas le faire indéfiniment sans finir par perdre conscience. Mais il lui restait encore suffisamment de force pour aider un autre homme. Elle tapota l’épaule de la botaniste et l’encouragea à continuer.
A l’instant où elle prononçait ces mots, quelqu’un entra dans la tente en trombe. A bout de souffle, il prit appui sur ses genoux et tenta de reprendre sa respiration. Margaux s’approcha de l’entrée, et tout en s’essuyant les mains sur une serviette, questionna le nouvel arrivant.
Avec le dénommé Nicolas, elles sortirent de la tente. Cinq hommes furent recrutés en plus du jeune homme pour s’occuper de porter les brancards. Quand ils eurent fini de s’équiper, ils se mirent en route.
Nicolas connaissait la position approximative des blessés et Eréone se sentait désormais plus à l’aise avec l’orientation dans cette zone. Ils préférèrent néanmoins utiliser des instruments d’orientation pour ne pas se perdre.
Elles échangèrent un regard entendu. Raiponce avait pour habitude de pouvoir se lier avec tout type de personnes, elle différait donc de l’autre jeune femme en ce point. Elle pouvait néanmoins apprécier ses qualités d’initiative et ses compétences.
Ils s’arrêtèrent subitement. Les champs de maïs s’étendaient à partir de ce point sur plusieurs kilomètres.
Eréone désigna les armes que les six hommes avaient suspendues sur leurs dos. Ils se remirent en marche.
Le soleil commençait à s’effacer derrière la cime des arbres. Tous se regardèrent, convaincus qu’il fallait vraiment faire vite. Ils se mirent au pas de course. Raiponce suivait avec une certaine difficulté ce rythme rapide ainsi que les grandes enjambées des hommes en dépit des brancards qu’ils transportaient. Elle trébucha plusieurs fois sur les cailloux.
Soudain, Eréone qui se tenait en tête des troupes, sursauta brusquement, émettant un petit cri de stupeur. Les autres la rejoignirent et découvrirent la cachette des indiens, un peu en contrebas du passage, bien cachés sous les épis. Seules leurs plumes et décorations ressortaient du décors. Tous se précipitèrent vers les blessés et les inspectèrent. Ils étaient tous les trois allongés. Un seul d’entre eux paraissait à peu près conscient, somnolant.
La jeune fille sentit un courant froid traverser son dos de haut en bas. Elle n’avait jamais vu de mort. Voilà pourquoi elle hésita quelques instants avant de se tourner vers le corps du présumé mort.
Lorsqu’elle eut la vision du corps sous ses yeux, elle fut instantanément convaincue que Nicolas avait vu juste. Sa peau était déjà décolorée. Elle avança sa main tremblante vers le bras de l’indien et fut choquée par sa froideur. Elle la retira immédiatement. L’idée qu’elle ne puisse désormais plus rien faire pour ce malheureux venait de lui retourner l’estomac. Elle se retint difficilement de s’en rendre malade et de verser une larme. Elle devait bien garder en tête que la survie des autres dépendait de leurs concentrations à tous.
La jeune fille tenta du mieux qu’elle pouvait de se concentrer à nouveau sur les autres indiens. Elle demanda aux hommes d’attendre avant de les mettre sur les brancards. Il fallait vérifier que le choc ne serait pas trop fort. L’homme qu’elle auscultait avait une blessure assez conséquente au niveau du bassin ainsi qu’une profonde entaille juste au dessus du genoux. Chacune de ces blessures était un obstacle sérieux à ce qu’il ait pu fuir. Il fallait intervenir rapidement, et ça ne pouvait attendre le campement. Elle se rapprocha d’Eréone et lui murmura discrètement.
La botaniste se releva, pleine d’assurance et s’approcha des hommes qui attendaient à proximité avec leurs brancards.
Raiponce attendit qu’ils soient à une distance suffisante que pour ne pas apercevoir la lumière qui émanerait de ses cheveux. Elle prononça à nouveau l’incantation, réveillant au passage l’autre indien qui fut certainement convaincu de délirer tant il fut choqué.
Quand elle eut fini de chanter, les blessures profondes avaient été soignées. Il ne restait que quelques entailles moins sérieuses qui l’empêcheraient de se déplacer pendant quelques temps mais qui le laisseraient indemne.
Elle adressa un sourire chaleureux à sa collègue d’un jour. Ensuite, elle se sentit beaucoup plus faible et fut forcée de s’asseoir pour récupérer quelques instants.
La botaniste quitta la cachette pour quelques instants et lança un appel aux hommes.
Peu de personnes restaient inactives pendant cette manoeuvre, Raiponce pouvait donc distinguer le véritable équipage des personnes envoyées spécifiquement au Nouveau Monde. Elle détailla chacun d’entre eux. Le Panda était, au sens littéral du terme, inoubliable. Elle avait déjà pu l’apercevoir lors d’un rassemblement des Consuls. C’était une personne qu’on ne pouvait ignorer, que ce soit par son apparence, ou par ses changements d’attitude réguliers, tantôt ivre et inconvenant, tantôt très sérieux et investi. Il y avait aussi un homme à la chevelure fauve, insaisissable et inquiétant. Raiponce se décida à éviter son regard pour le reste du voyage, espérant ne surtout pas attirer son attention. Elle n’était pas de celles qui craignent facilement, mais il y avait véritablement quelque chose qui la mettait mal à l’aise chez lui, une aura désagréable.
Quand elle sentit une force immense emporter sous ses pieds le bateau dans les airs, cherchant d’abord son équilibre, Raiponce s’appuya dangereusement sur le bord pour pouvoir observer les eaux tomber sur la mer, tandis que la proue se distançait de la triste gravité.
-Attention, Mademoiselle ! Il vaudrait mieux pour moi que je ne vous perde pas en chemin pour le Nouveau Monde.
La jeune fille sursauta, elle ne s’attendait pas du tout à avoir attirer l’attention sur elle. Elle se retourna et trouva à ses côtés un homme d’une petite soixantaine d’années. Il semblait sympathique et avait déjà la main tendue vers elle comme s’il se tenait prêt à l’empêcher de basculer.
-Excusez-moi ! C’est juste que… C’est tellement différent d’un voyage en vaisseau. Tout est beaucoup plus intense, le vent marin… c’est enivrant !
-Justement, Mademoiselle, il est fourbe, et il pourrait bien vous surprendre au détour d’un changement!
-Oh, ne craignez rien, je ferai attention.
-Vous êtes sûre que vous ne préférez pas descendre dans les cabines pour le trajet ? Ce serait plus prudent…
-C’est absolument hors de question !
-Justement, Mademoiselle, il est fourbe, et il pourrait bien vous surprendre au détour d’un changement!
-Oh, ne craignez rien, je ferai attention.
-Vous êtes sûre que vous ne préférez pas descendre dans les cabines pour le trajet ? Ce serait plus prudent…
-C’est absolument hors de question !
Elle se montra totalement inflexible avec l’officier de pont. Si bien qu’il finit par se décourager et proposa à la jeune femme de visiter avec lui le pont supérieur et les gaillards. Ils se mirent en marche et tandis que Raiponce regardait tout autour d’elle, le vieil homme lui expliquait la charge de chaque matelot, lui détaillait l’utilité de chaque instrument.
-Essayez donc cette longue vue, Mademoiselle.
-Oh, merci ! Vous pensez qu’on peut encore voir Paris ?
-Ah, non ! C’est un peu trop loin maintenant.
-Oh, merci ! Vous pensez qu’on peut encore voir Paris ?
-Ah, non ! C’est un peu trop loin maintenant.
Elle posa son oeil sur la lunette et orienta nerveusement la longue vue vers l’univers entier qui les entourait.
-C’est fantastique ! On voit bien mieux les galaxies lointaines avec cet instrument ! Vous y êtes déjà allé ?
-Si l’astronomie vous intéresse, il faut viser plus loin que la longue-vue. Je suis certain qu’il y a des spécialistes au Consulat !
-J’imagine, oui, mais je n’ai pas encore eu beaucoup d’occasions de parler avec des Consuls. Je suis une récente recrue, en comparaison avec d’autres.
-Si l’astronomie vous intéresse, il faut viser plus loin que la longue-vue. Je suis certain qu’il y a des spécialistes au Consulat !
-J’imagine, oui, mais je n’ai pas encore eu beaucoup d’occasions de parler avec des Consuls. Je suis une récente recrue, en comparaison avec d’autres.
Elle pensa à cet instant qu’elle n’avait même pas saisi l’opportunité d’être avec deux Consuls à bord pour s’entretenir avec eux. Cependant, les remords ne s’éternisèrent pas concernant l’homme aux cheveux rouges.
Tandis que l’officier donnait des ordres à ses subalternes, Raiponce s’adossa au bord du navire et observa le phénomène surréel qui menait grâce à des vents invisibles le bateau vers sa destination. Si on lui avait dit qu’elle pourrait voir un jour pareil phénomène quand elle était au sommet de sa tour, elle aurait eu bien de la peine à le croire. Tous les livres qu’elle avait à l’époque dataient déjà de longtemps et ne faisaient aucune mention des voyages entre les mondes tel qu’elle en avait déjà vécus. La jeune fille avait désormais l’impression d’avoir accompli en partie son rêve et même de l’avoir surpassé. Et même si elle avait du mal à se résigner, elle ne pouvait s’empêcher de penser à sa mère qui devait l’attendre depuis déjà de longs mois.
Maintenant qu’elle connaissait la vérité que cette dernière lui avait cachée et obscurcie pour d’étranges raisons, Raiponce était tout à fait incapable de renoncer à cette nouvelle existence de liberté. Elle avait eu raison de croire qu’elle pouvait s’en sortir dans le monde extérieur car elle avait déjà montré ses capacités à plusieurs occasions. Elle avait rempli plusieurs missions d’une certaine importance, avait réussi à gérer des personnages imprévisibles et susceptibles. Elle se préparait à se rendre directement en zone dangereuse pour secourir des blessés et si possible les sauver. N’était-ce donc pas la preuve que la jeune enfant était devenue une adulte ? Elle en était convaincue.
Pourtant, elle aimait sa mère, parfois égoiste, souvent imparfaite, mais par moment si généreuse. Le simple fait qu’elle soit sa mère les liait à tout jamais et cela comptait énormément pour la jeune fille. Elle ne voulait pas la perdre. Même si elle était désormais convaincue que Mère Gothel avait eu tort et que leur rencontre se solderait certainement par une grande dispute où les points de vue seraient défendus avec vivacité, il lui manquait cet amour maternel, celui auquel on ne renonce jamais.
Intérieurement, elle se promit de retourner dans son monde d’origine, d’aller à la rencontre de sa mère, et de réussir à la convaincre d’accepter qu’elle n’était plus une enfant, qu’elle pouvait donc battre de ses propres ailes. Elle aspirait à une relation idyllique, celle où l’entente est parfaite et où chacun est content pour l’autre, une relation où les deux femmes pourraient continuer à se voir, à se visiter et à prendre des nouvelles, avec la satisfaction d’avoir réussi à s’entendre malgré leur ancien différend.
Cet élan d’optimisme eut pour effet de rendre le voyage beaucoup plus court qu’il l’était en réalité. Après quelques heures, chacun put observer au loin le nouveau monde qui apparaissait dans la brume lointaine d’une fin d’après-midi. Raiponce, qui tenait encore la longue-vue qu’on lui avait confiée, la tendit à l’officier et s’adressa à lui avec empressement.
-L’amerrissage s’annonce-t-il paisible ?
-Paisible ? Ca, non ! Jamais ! Mais c’est un peu plus compliqué aujourd’hui qu’à l’accoutumée, car les eaux ont l’air agitées. Que tout le monde se prépare au choc, accrochez-vous bien !
-Paisible ? Ca, non ! Jamais ! Mais c’est un peu plus compliqué aujourd’hui qu’à l’accoutumée, car les eaux ont l’air agitées. Que tout le monde se prépare au choc, accrochez-vous bien !
Les matelots s’empressèrent de rejoindre leur poste pour entamer la descente. Les voiles vibrèrent quelques instants et le bateau s’inclina de quelques degrés. Progressivement, la coque s’approcha de la surface de l’eau, si bien que la jeune fille eut l’impression que la carcasse du bateau allait se briser sur les vagues. Au moment de l’entrée dans la mer, tous se tinrent fermement à ce qu’ils pouvaient, Raiponce, bien que préparée, faillit lacher la corde qu’elle tenait, tant le choc avait été grand. Plusieurs tonneaux sortirent d’ailleurs de leurs cordages et roulèrent de l’autre côté du pont, surprenant quelques matelots au passage. Quand tout fut fini et maitrisé et que le bateau reprit son avancée vers la plage, tous rirent en coeur, plus par soulagement que par amusement.
Quelques minutes plus tard, le bateau s’arrêta à une certaine distance de la plage, afin de ne pas toucher le fond. Raiponce proposa de faire partie du premier transport, insistant sur le caractère urgent de sa mission. Elle venait en effet de se rappeler qu’elle était venue pour porter secours aux Indiens qui avaient été blessés assez grièvement. Quand ils eurent rejoint la terre ferme, la jeune femme insista pour qu’un des hommes l’accompagne le plus rapidement possible au campement du Consulat.
Après une dizaine de minutes de marche rapide, accompagnée de l’homme, elle atteint le campement. Personne ne faisait encore attention aux nouveaux arrivés car ils étaient pour le moment les deux seuls à être parvenus jusque là.
-Excusez-moi, Mademoiselle, mais maintenant, il faut vraiment que je rejoigne la barque, j’ai encore du travail sur le bateau.
-Oh ! Pardonnez-moi, bien sûr ! Je ne voulais pas vous embêter, vous pouvez y aller, merci de m’avoir accompagnée et dites bien merci au Capitaine de ma part !
-Très bien, il n’y a pas de problème, Mademoiselle. Bonne chance à vous.
-Oh ! Pardonnez-moi, bien sûr ! Je ne voulais pas vous embêter, vous pouvez y aller, merci de m’avoir accompagnée et dites bien merci au Capitaine de ma part !
-Très bien, il n’y a pas de problème, Mademoiselle. Bonne chance à vous.
Raiponce le regarda un instant partir dans l’autre sens, presque déçue et intimidée du fait d’être à présent seul pour se présenter et expliquer la raison de sa présence ici. Elle devait faire vite pourtant.
-…Je peux vous aider ?
Une voix féminine venait de la sortir de sa réflexion, elle se retourna vers son origine et trouva une jeune femme, un peu plus âgée qu’elle, en habits pratiques, mais qui n’en restait pas pour autant tout à fait ravissante.
-Pardon ! Oui…! En effet. Je viens d’arriver avec le nouveau bateau. On m’envoie pour porter secours aux indiens… Vous savez, le drame au campement des Mercenaires ?
-Ouf ! Vous êtes là ! Mais où sont les autres ? Je ne veux pas vous vexer… mais…
-Ils arrivent, bien sûr, mais je suis surtout venue pour les blessés. C’est un domaine où je pourrai me montrer plus utile que dans n’importe quel autre…!
-Vous êtes médecin !? C’est parfait, enfin une scientifique ! Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureuse de voir une personne enfin saine d’esprit. Moi qui suis botaniste, vous savez…
-En fait… Pas tout à fait, je suis plutôt ce qu’on pourrait appeler une…guérisseuse ?
-Ouf ! Vous êtes là ! Mais où sont les autres ? Je ne veux pas vous vexer… mais…
-Ils arrivent, bien sûr, mais je suis surtout venue pour les blessés. C’est un domaine où je pourrai me montrer plus utile que dans n’importe quel autre…!
-Vous êtes médecin !? C’est parfait, enfin une scientifique ! Vous ne pouvez pas savoir à quel point je suis heureuse de voir une personne enfin saine d’esprit. Moi qui suis botaniste, vous savez…
-En fait… Pas tout à fait, je suis plutôt ce qu’on pourrait appeler une…guérisseuse ?
Elle hésita sur ce dernier point, appréhendant avec pas mal de doute la réaction de la Botaniste, apparemment férue de sciences concrètes.
-Oh. Eh bien… Ce n’est pas grave, on fera avec vous. De plus, vous ne m’êtes pas antipathique.
La botaniste prit par le bras Raiponce et l’emmena sans demander son autorisation vers une grande tente non loin de là. Elle ouvrit le pan de tissus et incita Raiponce à pénétrer dans la tente.
-C’est ici.
Raiponce observa la scène. Tout autour d’elle, des lits de fortune, installés parallèlement en deux rangées. Il y avait déjà deux personnes dans la pièce. Une femme d’âge mur approcha des deux jeunes femmes, faisant un signe de tête à la botaniste.
-Elle vient pour nous aider. Elle n’est pas médecin par contre, plutôt guérisseuse.
-Toute aide est bonne à prendre Mademoiselle. Si vous avez un peu de magie et de patience, je suis toute ouïe. Avec Eréone, qui est botaniste, et Jean, un volontaire sans aucune compétence médicale mais très consciencieux, nous sommes pour le moment trois.
-Je vous aiderai du mieux que je peux.
-Il y a bien un médecin, mais je viens juste de l’envoyer se reposer pour au moins quelques heures. Nous avons veillé toute la nuit précédente jusqu’ici.
-Et vous, vous tenez le coup ?
-Pour le moment… ça va. Remettons-nous au travail. Si vous avez besoin d’aide, nous sommes là.
-J’ai préparé quelques décoctions antiseptiques pour vous Margaux. Je vous donne celles-ci et m’occupe de celles-là. Il y a aussi des bandages de miel, ça aide pour la cicatrisation. Au fait, comment vous appelez-vous ?
-Raiponce.
-Dans ce cas, Raiponce, prenez ce tablier. Et faites attention à ce que vos cheveux soit bien retenus en arrière.
-Pas de problème.
-Toute aide est bonne à prendre Mademoiselle. Si vous avez un peu de magie et de patience, je suis toute ouïe. Avec Eréone, qui est botaniste, et Jean, un volontaire sans aucune compétence médicale mais très consciencieux, nous sommes pour le moment trois.
-Je vous aiderai du mieux que je peux.
-Il y a bien un médecin, mais je viens juste de l’envoyer se reposer pour au moins quelques heures. Nous avons veillé toute la nuit précédente jusqu’ici.
-Et vous, vous tenez le coup ?
-Pour le moment… ça va. Remettons-nous au travail. Si vous avez besoin d’aide, nous sommes là.
-J’ai préparé quelques décoctions antiseptiques pour vous Margaux. Je vous donne celles-ci et m’occupe de celles-là. Il y a aussi des bandages de miel, ça aide pour la cicatrisation. Au fait, comment vous appelez-vous ?
-Raiponce.
-Dans ce cas, Raiponce, prenez ce tablier. Et faites attention à ce que vos cheveux soit bien retenus en arrière.
-Pas de problème.
Les trois femmes et le jeune homme se mirent à la tâche. Raiponce se dirigea vers un Indien qui semblait souffrir et dont personne ne s’occupait alors. Quand la jeune fille s’approcha de lui, il eut un mouvement de recul. Doucement, elle posa sa main sur le bras et parla d’une voix calme et apaisante.
-Ami, Consulat, ne vous en faites pas, tout ce que je veux, c’est vous aider.
L’homme au début réticent, finit par se laisser faire et observa les gestes de la jeune fille avec toujours un peu de réserve. Raiponce fit l’inventaire de ses blessures et décida de se concentrer sur celles qu’elle pouvait soigner, et si possible les plus graves. Discrètement, elle saisit une mèche de ses cheveux et l’enroula autour du bras blessé de l’indien, le fit passer contre son torse et se mit à chanter sa chanson, sous les yeux incrédules de ce dernier.
-Fleur aux pétales d’or, répands ta magie… Inverse le temps, rends moi ce qu’il m’a pris…
-Keeshoch !
-Keeshoch !
L’homme désigna ses cheveux, apparemment effrayé par cet acte magique.
-Guéris mes blessures, éloigne la pluie, ce destin impure…
La lumière traversait la longue chevelure de Raiponce pour se diriger vers son bras et son buste. L’indien était sur le point de se débattre, puis il s’immobilisa lorsque les picotements le traversèrent, lui ôtant alors la douleur localement. La jeune fille déroula sa chevelure et mit à la lumière du jour la zone concernée par la guérison.
-Voilà…
L’indien s’affola pendant quelques instants, il remua son bras dans tous les sens, tira sur la peau de son torse, frotta dessus comme pour voir si ce n’était pas que du maquillage. Entre temps, la botaniste avait rejoint Raiponce et avait pu observer le résultat.
-Alors ça…. C’est un sacré pouvoir…
-Je me demandais…
-Oui…?
-Peut-être pourriez-vous garder les circonstances de cette guérison pour vous, non ? Je tiens vraiment à aider les autres, mais je ne suis pas sûre que ça servirait cette cause, si…
-Pas de problème, et puis, entre moi et l’indien, votre secret ne risque pas grand-chose. Tout le monde a ses petits secrets.
-Je me demandais…
-Oui…?
-Peut-être pourriez-vous garder les circonstances de cette guérison pour vous, non ? Je tiens vraiment à aider les autres, mais je ne suis pas sûre que ça servirait cette cause, si…
-Pas de problème, et puis, entre moi et l’indien, votre secret ne risque pas grand-chose. Tout le monde a ses petits secrets.
Raiponce observa l’expression de Eréone, convaincue qu’elle était sincère. Elle lui adressa un chaleureux sourire en guise de remerciements. L’infirmière et le jeune homme avait été trop occupés par leurs occupations pour se rendre compte de ce qui venait de se passer. Elle n’ignorait pas que son secret ne pourrait pas en rester éternellement un si elle l’utilisait régulièrement, mais elle avait espoir qu’il ne s’ébruiterait pas trop rapidement. Malgré que les peurs de Mère Gothel étaient tout à fait exagérées, elle avait raison en un point, le pouvoir de Raiponce avait une certaine valeur et il pourrait être réduit à néant si on s’en prenait à ses cheveux. Et il n’existait à priori aucune solution à ce problème. Elle se pencha à nouveau vers l’indien et le rassura en l’invitant à s’allonger.
-Restez couché encore un peu… Reposez-vous.
L’homme suivit son conseil et les deux jeunes femmes s’éloignèrent de lui. Raiponce avait senti son énergie drainée par cette magie. Elle savait qu’elle ne pourrait pas le faire indéfiniment sans finir par perdre conscience. Mais il lui restait encore suffisamment de force pour aider un autre homme. Elle tapota l’épaule de la botaniste et l’encouragea à continuer.
-Allez, au suivant !
A l’instant où elle prononçait ces mots, quelqu’un entra dans la tente en trombe. A bout de souffle, il prit appui sur ses genoux et tenta de reprendre sa respiration. Margaux s’approcha de l’entrée, et tout en s’essuyant les mains sur une serviette, questionna le nouvel arrivant.
-De quoi s’agit-il Nicolas ?
-C’est.. On vient de me donner l’ordre de vous prévenir. Apparemment, tous les blessés de la tuerie du camp des Mercenaires ne sont pas parvenus jusqu’à nous…
-Comment est-ce possible ? Je pensais qu’on avait envoyé des hommes pour les chercher ?
-C’est le cas, mais certains ont échappé à notre regard, apparemment. Il y aurait trois Indiens, très mal au point, cachés le long d’un champ de maïs. Impossible de les faire marcher apparemment. Je pense qu’il vaudrait mieux qu’ils soient pris en charge par vos soins et brancardés jusqu’ici.
-Ces trois-là plus ceux qu’on a ici, en nombre cela correspond à ce que Genesis m’avait dit concernant l’observation de l’éclaireur.
-En effet… Nous avions fini par croire que ce dernier avait mal interprété les événements, ou que leurs frères les avaient aidés.
-Ils ne les ont sûrement pas vus non plus. Par cette saison, le maïs est haut, c’est pour ça que c’est une très bonne cachette.
-Il faut que nous nous divisions. Certains doivent rester ici et d’autres se rendre sur place.
-Margaux, je peux y aller. Je connais bien la région, mieux que vous d’ailleurs. J’ai déjà fait plusieurs expéditions avec d’autres consuls. Faites moi confiance.
-Vous pourriez y aller avec…
-Laissez moi emmener Raiponce avec moi, j’ai pu voir qu’elle était très compétente dans son domaine. A nous deux plus quelques hommes, nous pourrons gérer les premiers soins et le transport des blessés jusqu’ici. De plus, je suis convaincue que c’est ici que tout le monde a besoin de vous.
-Si vous êtes bien sûre de vous, je m’en remets à votre jugement. Partez au plus vite, cela peut être une question de minutes.
-C’est.. On vient de me donner l’ordre de vous prévenir. Apparemment, tous les blessés de la tuerie du camp des Mercenaires ne sont pas parvenus jusqu’à nous…
-Comment est-ce possible ? Je pensais qu’on avait envoyé des hommes pour les chercher ?
-C’est le cas, mais certains ont échappé à notre regard, apparemment. Il y aurait trois Indiens, très mal au point, cachés le long d’un champ de maïs. Impossible de les faire marcher apparemment. Je pense qu’il vaudrait mieux qu’ils soient pris en charge par vos soins et brancardés jusqu’ici.
-Ces trois-là plus ceux qu’on a ici, en nombre cela correspond à ce que Genesis m’avait dit concernant l’observation de l’éclaireur.
-En effet… Nous avions fini par croire que ce dernier avait mal interprété les événements, ou que leurs frères les avaient aidés.
-Ils ne les ont sûrement pas vus non plus. Par cette saison, le maïs est haut, c’est pour ça que c’est une très bonne cachette.
-Il faut que nous nous divisions. Certains doivent rester ici et d’autres se rendre sur place.
-Margaux, je peux y aller. Je connais bien la région, mieux que vous d’ailleurs. J’ai déjà fait plusieurs expéditions avec d’autres consuls. Faites moi confiance.
-Vous pourriez y aller avec…
-Laissez moi emmener Raiponce avec moi, j’ai pu voir qu’elle était très compétente dans son domaine. A nous deux plus quelques hommes, nous pourrons gérer les premiers soins et le transport des blessés jusqu’ici. De plus, je suis convaincue que c’est ici que tout le monde a besoin de vous.
-Si vous êtes bien sûre de vous, je m’en remets à votre jugement. Partez au plus vite, cela peut être une question de minutes.
Avec le dénommé Nicolas, elles sortirent de la tente. Cinq hommes furent recrutés en plus du jeune homme pour s’occuper de porter les brancards. Quand ils eurent fini de s’équiper, ils se mirent en route.
Nicolas connaissait la position approximative des blessés et Eréone se sentait désormais plus à l’aise avec l’orientation dans cette zone. Ils préférèrent néanmoins utiliser des instruments d’orientation pour ne pas se perdre.
-Il ne faut jamais être trop confiant ici. Et bien que ce soit mon sujet d’étude, je ne tiens vraiment pas à me perdre dans cette nature envahissante. La faune est vraiment très variée, vous savez.
-Je vous crois sans problème, avec tant de végétation, d’arbres, de point d’eau…
-Sans parler de tous ces terriers, toutes ces grottes, ces ravins…
-On dirait que vous ne vous amusez pas vraiment ici.
-C’est mon métier, et je l’accepte parce que je l’ai choisi. J’ai de bonnes opportunités d’avenir avec le Consulat… Mais c’est vrai que je ne me plais pas ici. De plus, j’ai du mal à m’entendre avec la plupart des nouveaux arrivants. On peut dire que vous faites figure d’exception.
-Je vous crois sans problème, avec tant de végétation, d’arbres, de point d’eau…
-Sans parler de tous ces terriers, toutes ces grottes, ces ravins…
-On dirait que vous ne vous amusez pas vraiment ici.
-C’est mon métier, et je l’accepte parce que je l’ai choisi. J’ai de bonnes opportunités d’avenir avec le Consulat… Mais c’est vrai que je ne me plais pas ici. De plus, j’ai du mal à m’entendre avec la plupart des nouveaux arrivants. On peut dire que vous faites figure d’exception.
Elles échangèrent un regard entendu. Raiponce avait pour habitude de pouvoir se lier avec tout type de personnes, elle différait donc de l’autre jeune femme en ce point. Elle pouvait néanmoins apprécier ses qualités d’initiative et ses compétences.
-Je suis certaine qu’on vous a mal jugée.
-Je suis moi même responsable de ce fait, mais je n’irai certainement pas pleurer pour qu’on m’aime.
-Je suis moi même responsable de ce fait, mais je n’irai certainement pas pleurer pour qu’on m’aime.
Ils s’arrêtèrent subitement. Les champs de maïs s’étendaient à partir de ce point sur plusieurs kilomètres.
-Bon, et bien nous y sommes j’imagine.
-Oui, mais encore faut-il les retrouver.
-Aucun d’entre vous ne les a vus de ses propres yeux ?
-Non, j’étais en patrouille ici lorsque des camarades sont venus jusqu’à moi et m’ont raconté l’histoire. Etant le plus rapide et le moins fatigué, je me suis dépêché de rejoindre le camp avant les autres.
-C’est logique. Cherchons ensemble. Je préfère que nous restions groupés. Il n’est après tout pas impossible de tomber sur l’ennemi, et je ne préférerais pas être seule si ça devait arriver.
-Oui, mais encore faut-il les retrouver.
-Aucun d’entre vous ne les a vus de ses propres yeux ?
-Non, j’étais en patrouille ici lorsque des camarades sont venus jusqu’à moi et m’ont raconté l’histoire. Etant le plus rapide et le moins fatigué, je me suis dépêché de rejoindre le camp avant les autres.
-C’est logique. Cherchons ensemble. Je préfère que nous restions groupés. Il n’est après tout pas impossible de tomber sur l’ennemi, et je ne préférerais pas être seule si ça devait arriver.
Eréone désigna les armes que les six hommes avaient suspendues sur leurs dos. Ils se remirent en marche.
-Normalement, ils doivent être le long d’un des passages centraux des champs de maïs.
-Alors « entrons ». Mais dépêchons-nous, il sera bien tôt bien plus difficile de trouver quoi que ce soit, même avec des torches. De plus, je ne tiens pas particulièrement à déclencher un incendie.
-Alors « entrons ». Mais dépêchons-nous, il sera bien tôt bien plus difficile de trouver quoi que ce soit, même avec des torches. De plus, je ne tiens pas particulièrement à déclencher un incendie.
Le soleil commençait à s’effacer derrière la cime des arbres. Tous se regardèrent, convaincus qu’il fallait vraiment faire vite. Ils se mirent au pas de course. Raiponce suivait avec une certaine difficulté ce rythme rapide ainsi que les grandes enjambées des hommes en dépit des brancards qu’ils transportaient. Elle trébucha plusieurs fois sur les cailloux.
-Ca va, mademoiselle ? Je veux dire… avec vos cheveux.
-Oui… Merci, Nicolas. Je me demande où ils se cachent.
-On va les trouver.
-Oui… Merci, Nicolas. Je me demande où ils se cachent.
-On va les trouver.
Soudain, Eréone qui se tenait en tête des troupes, sursauta brusquement, émettant un petit cri de stupeur. Les autres la rejoignirent et découvrirent la cachette des indiens, un peu en contrebas du passage, bien cachés sous les épis. Seules leurs plumes et décorations ressortaient du décors. Tous se précipitèrent vers les blessés et les inspectèrent. Ils étaient tous les trois allongés. Un seul d’entre eux paraissait à peu près conscient, somnolant.
-Mademoiselle, je pense qu’il est trop tard pour celui-ci, il est mort.
La jeune fille sentit un courant froid traverser son dos de haut en bas. Elle n’avait jamais vu de mort. Voilà pourquoi elle hésita quelques instants avant de se tourner vers le corps du présumé mort.
-Raiponce, vous voulez que je m’en charge ?
-Non… Merci, ça va aller.
-Non… Merci, ça va aller.
Lorsqu’elle eut la vision du corps sous ses yeux, elle fut instantanément convaincue que Nicolas avait vu juste. Sa peau était déjà décolorée. Elle avança sa main tremblante vers le bras de l’indien et fut choquée par sa froideur. Elle la retira immédiatement. L’idée qu’elle ne puisse désormais plus rien faire pour ce malheureux venait de lui retourner l’estomac. Elle se retint difficilement de s’en rendre malade et de verser une larme. Elle devait bien garder en tête que la survie des autres dépendait de leurs concentrations à tous.
-Que fait-on de celui-là…? Ca ne sert…
-Mettez le quand même dans un brancard. Je pense que ses frères et sa famille voudront lui rendre un dernier honneur. Nous trouverons un moyen au campement de leur rapporter le corps.
-Mettez le quand même dans un brancard. Je pense que ses frères et sa famille voudront lui rendre un dernier honneur. Nous trouverons un moyen au campement de leur rapporter le corps.
La jeune fille tenta du mieux qu’elle pouvait de se concentrer à nouveau sur les autres indiens. Elle demanda aux hommes d’attendre avant de les mettre sur les brancards. Il fallait vérifier que le choc ne serait pas trop fort. L’homme qu’elle auscultait avait une blessure assez conséquente au niveau du bassin ainsi qu’une profonde entaille juste au dessus du genoux. Chacune de ces blessures était un obstacle sérieux à ce qu’il ait pu fuir. Il fallait intervenir rapidement, et ça ne pouvait attendre le campement. Elle se rapprocha d’Eréone et lui murmura discrètement.
-Celui-ci a perdu beaucoup de sang, il est probablement inconscient depuis plusieurs heures, pensez-vous que vous pourriez faire quelque chose pour que nos amis n’assistent pas à…
-Comptez sur moi.
-Comptez sur moi.
La botaniste se releva, pleine d’assurance et s’approcha des hommes qui attendaient à proximité avec leurs brancards.
-Messieurs, les premiers soins pourraient prendre un certain temps. Dans un soucis de sécurité, pourriez-vous aller monter la garde tout autour ? Ecartez-vous suffisamment afin d’avoir un point de vue assez global et de pouvoir apercevoir quelqu’un d’assez loin.
-C’est vous le chef, appelez nous lorsque vous serez prêtes à transporter les blessés et le défunt.
-Vous pouvez laisser les brancards ici. Ils ne vous seront d’aucune utilité contre les colons.
-C’est vous le chef, appelez nous lorsque vous serez prêtes à transporter les blessés et le défunt.
-Vous pouvez laisser les brancards ici. Ils ne vous seront d’aucune utilité contre les colons.
Raiponce attendit qu’ils soient à une distance suffisante que pour ne pas apercevoir la lumière qui émanerait de ses cheveux. Elle prononça à nouveau l’incantation, réveillant au passage l’autre indien qui fut certainement convaincu de délirer tant il fut choqué.
Quand elle eut fini de chanter, les blessures profondes avaient été soignées. Il ne restait que quelques entailles moins sérieuses qui l’empêcheraient de se déplacer pendant quelques temps mais qui le laisseraient indemne.
-C’est vraiment… merveilleux. Et dire que je suis censée détester la magie. Vous avez trouvé une convertie.
Elle adressa un sourire chaleureux à sa collègue d’un jour. Ensuite, elle se sentit beaucoup plus faible et fut forcée de s’asseoir pour récupérer quelques instants.
-Bon. On va arrêter avec la magie. J’ai soigné les infections de celui-là, il n’a pas besoin de vos soins dans l’immédiat. Ca va aller ?
-D’accord, merci… vous pouvez rappeler les hommes.
-D’accord, merci… vous pouvez rappeler les hommes.
La botaniste quitta la cachette pour quelques instants et lança un appel aux hommes.
-Messieurs, vous pouvez revenir, on va pouvoir se remettre en chemin… Au fait, lequel d’entre vous serait prêt à prendre mon amie sur son dos ?