Le bureau de l’intendant, ma seconde demeure depuis que la Princesse m’ait promus à ce grade. Depuis combien de temps maintenant, un an ? Je n’en sais rien, les jours passent et se ressemblent depuis bien trop longtemps. Être la seule autorité en vigueur à quelque chose de reposant, bien trop reposant. Je passe mes journées le cul sur une chaise à remplir des piles de dossiers ou à envoyé des jeunes recrues accomplir la besogne que je n’imagine même plus accomplir. Merde, depuis combien de temps le gamin est dans nos rangs…? Négligemment, j’attrape une feuille dépassant de son dossier, son premier rapport de mission daté de plusieurs mois et la dernière apparition d’Hayner suite à nos exécutions mensuels. Merde, qu’aie-je fait depuis que je me prélasse dans mon autorité, outre répondre à des provocations de mercenaire sans importance. Putain, qu’est-ce que je suis en train de devenir, un pâle reflet de l’autre conne dans son château ?!
J’abaissais mon regard à mes pieds, contemplant ma ceinture libre de ses armes. Où sont-elles ? Accroché à un crochet du mur en face de moi, ainsi que l’hostler de mon arme de poing. N’importe qu’elle abruti pourrait défoncer la porte et me tirer une balle dans la tête que je serais incapable de me défendre. Je suis comme un chat d’appartement en plein hiver, gras et oisif, jouant avec un crayon et du papier pour tuer le temps et attendant l’été pour perdre cette couche graisseuse dans laquelle je me complais. Je ne quitte plus ce monde, mais merde, pourquoi ?! Je ne crains personne… Je suis l’Intendant de la Garde Noire, l’homme le plus craint et respecté de tous les royaumes de la Coalition Noire. J’ordonne et les autres exécutent, cependant, je reste caché derrière de grands murs en béton. C’est quoi mon putain de problème !
Respirant fort sous l’énervement, je me relevais et faisant les cent pas dans cette pièce minuscule. Le rapport de la bête de métal était arrivé ce matin, m’indiquant qu’il ne restait plus que des cendres du village, le dernier endroit où j’ai laissé exploser ma rage. Mais oui, c’est ça… Le goût du sang, je l’ai perdu depuis bien trop longtemps. Je renie ma vraie nature dans cette pièce, je suis le Faucheur, néanmoins, je ne prends plus aucune vie. Un sourire mauvais se dessinait sur mon visage, oui, j’avais besoin de sentir mes lames perforer la chair. Il me fallait trouver des adversaires à combattre, des hommes à mutilé ou de simple vie à prendre. Sans attendre un instant de plus, j’attrapais mes armes repliées et les attachais aux boucles de ma ceinture et quittais ce monde sans dire mot à quiconque. Mon vaisseau, je n’avais besoin que de lui pour me conduire vers l’unique soulagement, ce soir, je profiterais du sommeil du juste.
Jecht le mercenaire, j’ai une dette envers toi. Et je m’en vais la régler en terminant le travail du gamin au Colisée de l’Olympe, j’espère que tes confrères seront plus courageux que toi.
Le soleil se couchait sur la mine de soufre des Mercenaires, il m’a fallu plus de temps pour rejoindre cet endroit du monde. Je posais mon vaisseau en retrait de l’entrée de la mine, à une bonne centaine de mètre, néanmoins, je doutais que je sois passé inaperçu. Le temps que les moteurs se coupent et que la passerelle me permette de sortir qu’un patrouille de trois hommes pointait leurs mousquets sur mon visage en hurlant de décliner mon identité. Je m’immobilisais devant eux, le haut de ma colonne vertébrale un brin courbé alors que je perçais leurs regards du mien. Ma tête était légèrement inclinée alors que j’exaltais la situation, le sang, je l’entendais battre dans leurs corps… Il m’appelait, il attendait de pouvoir se répandre sur le sol. J’abaissais alors mes mains, les approchant du manche de mes faux et leurs répondais dans un seul souffle.
Le Faucheur est à vos portes…
J’empoignais le manche de chacune de mes armes et les dépliais dans un bruit aigu, la lumière de la lune reluisant mes armes restées bien trop longtemps inutilisé. Et la seconde suivante, j’entendais un des hommes hurler d’ouvrir le feu, les éclairs des mousquets fendirent l’air alors que les balles de plombs entamaient leurs courses vers ma chair. Je tournais alors sur moi-même, entravant la course d’une de celle-ci de ma lame et la faisant ricocher en direction du sol et en m’abaissant sur moi-même afin d’éviter les deux autres. Elles sifflèrent au-dessus de la tête alors que je donnais une forte impulsion dans mes mollets afin de me propulser sur le premier à ma porter et porter un coup dans son abdomen. La lame incurvée traversait son corps de part en part et celui-ci crachait déjà du sang dans une mimique de douleur, je relâchais le manche de mon arme pour empoigner celui de la sienne et le poussais ensuite pour le voir tomber comme une pierre. Le bruit sourd ainsi que le nuage de poussière se levaient devant le regard impuissant des deux derniers hommes de la patrouille, la peur gagnait leurs coeur, me faisant sourire d’autant plus.
L’un d’entre eux dégaina une dague alors que l’autre faisait déjà demi-tour, prêt à s’enfuir. Oh non, il n’aura pas cette chance, je retourna alors la faux dans ma main gauche afin que la lame passe derrière mon dos et d’un coup, je lançais mon arme afin de la faire tournoyer dans sa direction et l’éventrer à son tour. Le cri de rage du dernier me rappelais à l’ordre quand je le vis se jeter sur moi prêt à me planter, juste le temps de ramener le mousquet contre mon torse et le placer de tel sorte que la dague se plante dans la poignée de celui-ci. Maintenant tout proche, je relevais le fusil pour casser le nez du gars et d’un coup de pied dans le torse, le coucher à quelques mètres de moi. Je m’approchais alors d’un pas lent, lui trop occupé à presser sa main contre la fracture afin de calmer l’afflux de sang, je le regardais de toute ma taille et jubilant de le voir ainsi à ma merci. Lentement, j’attrapais l’arme au bout du canon et pointais la crosse vers le bas. Et dans un geste répétitif, je frappais son visage jusqu’à ce qu’il ne reste qu’une pâte rouge visqueuse et que les cris s’arrêtent.
Le goût du sang est tellement exquis, il m’en fallait plus.
Je jetais le mousquet et me dirigea vers les deux autres corps afin de reprendre mes armes en main, et comme une machine, je m’avançais en direction des feux de camp dressé à l’entrée de la mine. Peut-être par souci du spectacle, je laissais traîner mes armes sur le sol tout en m’approchant. Néanmoins, aucune bruit de metal ne résonnait, seulement le bruit des pierres remuées par-dessus le bruit de mes pas s’enfonçant dans ce gravier. Peu à peu, j’entendais le bruit des conversations se rapprocher de moi, l’excitation que je ressentais était palpable et n’arrêtait pas d’augmenter à la mesure de mes pas.
Jusqu’à ce que finalement, de longues ombres dansantes sous le crépitement des flammes apparaissent devant-moi. Le spectacle allait pouvoir commencer, mais il n’y aura pas de présentation cette fois.
Je me jetais dans la mêlée, tenant les armes du bout de leurs manches afin de les abattre dans un mouvement long dans les corps à ma portée. Cette sensation unique, comme quand on enfonce un couteau dans du beurre, ou encore le bruit du metal perforant la chair, c’était sensationnel. Je me sentais revivre, comme si je sortais d’un cauchemar d’oisiveté où j’étais incapable de faire quoi que ce soit. Il fallut attendre une dizaine de secondes pour qu’il puisse répondre à mon attaque, et déjà je voyais les lames s’approcher de moi. Je raffermis mon emprise et rapproche les lames de mon corps pour me protéger, j’entendais le metal s’entrechoquer devant moi avant de repousser les lames et abattre de nouveau mes faux dans mes ennemis. Deux corps tombaient lourdement, je les enjambais afin d’enchaîner les coups rapides dans toutes les directions sans faire distinction entre les hommes armés ou blessés… Ils périront tous !
Le choc des lames, la chair qui se découpe et les balles volant en tout sens. Les mots manquaient pour décrire l’ivresse dans laquelle j’étais plongée, le sang coulant et les mercenaires criaient, une symphonie douce à mes oreilles.
Une douleur soudaine dans le dos, je tourne la tête et aperçois un homme pointant ne lance imbibé de sang, le mien. Dans un cri, je me retourne et frappe verticalement pour propulser sa lance au sol et courir dans sa direction et coller mon poing dans sa mâchoire, je la sentis craquer sous mes articulations. Il tombait en arrière, mais je m’empressais de le rattraper en plantant la lame dans son omoplate et le ramenait sur moi afin de l’utiliser comme bouclier vivant face au tir de mousquet. Merde, il commençait à se rassembler. Je relâchais le corps et me propulsais en arrière pour tomber nez à nez avec deux hommes, épées pointées vers moi. La première passa à quelques centimètres de mon torse, mais la seconde se planta dans ma jambe. Dans un cri de rage, je lâchais mes armes et attrapais leur crâne et les tirais en arrière, les faisant tomber avec moi. Une fois au sol, j’effectuai une simple roulade pour m’écarter d’eux et toujours allongé, je levais ma jambe pour écraser mon talon sur la tête du plus proche. Un bruit gras résonna, je profitais de l’instant pour récupérer mes armes et me propulser dans une direction sans homme à combattre.
J’amenais la main sur ma jambe, l’effervescence du combat passé et la douleur rappliquait. D’un regard, je distinguais encore des hommes debout prêts à me traquer. J’ai chargé en solitaire et ils se sont regroupés, prêts à abattre la bête assez folle pour s’attaquer à eu. Mon coeur me suppliait de retourner me battre, mais ma tête était satisfaite de cette soirée. J’étais repu, le sang avait étanché cette soif belliqueuse.
Sans demander mon reste, je rengainais mes armes et plongeais ma main dans la sacoche accrochée à ma ceinture pour ressortir plusieurs bâtons d’explosifs et une boite d’allumettes. Dans un geste lent, je craquais le soufre au bout de la brindille et allumais les mèches des bombes avant de les balancer face à moi. Une série d’explosion se fit ensuite entendre, propulsant des morceaux de corps en charpie dans les airs et calmant définitivement cette faim. Je me retournais alors, profitant de la situation pour rejoindre le vaisseau. Demain, je désirais quiconque d’assez sot pour me défier et ainsi montrer que je ne suis pas ce gros chat incapable d’attraper une souris.