Il existe une panoplie de trucs qu'Emmet adore : les chiens obéissants, par exemple, mais aussi les affiches de règlements dans les parcs, la cacophonie sur les chantiers, les émissions de télé populaires, le président de Briquebourg ( !), les hits de l'heure à la radio, les oiseaux qui gazouillent le matin, les voyages organisés, les balades romantiques sur la plage ( !!), les vêtements bien pliés, les gens qui s'excusent après avoir commis une grave erreur, les renards en costume ( !!) et... prendre le train ! Oh ouais, Emmet adore prendre le train !
Mais bon, on ne peut lui en vouloir : qui n'aime pas se retrouver au milieu d'un wagon bondé d'individus un peu louches et en sueur ? Qui n'aime pas ça ?!

...

C'est ce que je pensais.

Emmet, tout rayonnant, sort de la navette de la Shinra, oublie de payer le conducteur comme seul un bon citoyen sait le faire et se met à gambader dans la gare en cherchant le prochain départ vers son doux pays natal.
La question qui tue : parbleu ! où se trouve son pays natal ? Tiens, demandons aux étrangers définitivement de mauvaise humeur qui maraudent sur les quais. Pour ce faire, formulons tout d'abord une question sensée, Emmet, car comme le dit le proverbe bien connu, « qui veut une réponse doit avoir une question ».

Bref, formulons !


« Salut, je m'appelle Emmet et je cherche mon pays natal. »

Ce n'est pas une question, ça.

« Salut, je m'appelle Emmet. Citoyen, pourriez-vous m'indiquer le chemin vers mon pays natal ? »

Emmet, Emmet... Un peu d'élégance, allons.

« Salut, je m'appelle Emmet. Citoyen, pourriez-vous m'indiquer le chemin vers mon pays natal je vous prie ? »

C'est mieux. Maintenant, précise un peu.

« Salut, je m'appelle Emmet. Citoyen, pourriez-vous m'indiquer le chemin vers Briquebourg je vous prie ? »

Bien, bien ! On tient quelque chose. Efface le superflu, et c'est bon.

« Salut, je m'appelle Emmet. »

... L'autre superflu.

« Citoyen, pourriez-vous m'indiquer le chemin vers Briquebourg je vous prie ? »

Et voilà ! Cela fait, on peut dès lors passer à la deuxième étape de ce super-plan : poser cette même question aux individus sur la gare. Mais à qui s'adresser ?

Emmet fait un tour sur lui-même avec sa maladresse habituelle (voir ici : perdre pied et se retrouver le front contre le sol, avant de se relever avec toute la misère du monde) et cherche dans la foule quelqu'un qui pourrait bien répondre à son interrogation. C'est plus difficile qu'il croyait, le pauvre !
En effet, comme il peut le constater d'un simple coup d'œil, c'est le Festival international des gens désagréables et impolis ici ! Les passants se bousculent sans se parler, se parlent sans écouter, écoutent sans entendre et entendent sans le vouloir (quelle poésie, dis donc !). Alors, à qui demander ? Autant entrer dans un wagon et se laisser porter par le destin.

Et une dame répond :


« Brique-quoi ? »

Et un vieillard borgne et probablement sourd s'exclame :

« La Cour des miracles ? C'est à la Cité des rêves. »

Et un jeune garçon aux cheveux ébouriffés s'écrie :

« D'accord ! »

Et un homme louche au long manteau noir rétorque :

« Briquebourg... Je ne connais pas. Par contre, je connais beaucoup de charpentiers. »

Et une rouquine dit enfin :