Etro, protège tes enfants

Le passage de la Montagne Interdite, une traversée crainte. Peu d’hommes s’étaient risqué à emprunter ce sentier longeant les falaises de la montagne, et encore moins étaient revenus du château de la sorcière pour conter ses exploits. Des histoires aussi invraisemblables les unes que les autres nous parvenaient des pics rocheux, parlant de magie noire, de dragon et de monstre. Les rares conteurs répandant ses histoires dans les rues étaient traités de fou, personne au Domaine ne voulait croire au mal de la montagne.
Et puis arriva un merveilleux évènement, la Princesse Aurore était née. Les nobles et dirigeants du royaume s’étaient rassemblé pour assister à ce jour, le peuple s’était amassé dans les rues du domaine pour transmettre ses voeux au nouveau-né. Ce fut ce jour que le mal décida de quitter son perchoir au sommet de la montagne pour montrer son vrai visage, Maléfique s’invita à la cérémonie royale. Depuis ce jour, la terreur gagnait les coeurs des habitants du Domaine quand on susurrait le nom de la sorcière.

Mais cela, c’était il y a des années.

Depuis que le prince Philippe, maintenant dirigeant de son royaume, avait vaincu Maléfique à l’aide d’un maître de la Keyblade, la terreur avait quitter le coeur des gens. Aurore était de retour, la joie régnait de nouveau sur tout le domaine. Malheureusement, un autre mal avait pris ses droits dans les ruines du château et s’apprêtait à frapper le royaume. La princesse fut enlevée par la Coalition Noire, et le mal quitta une nouvelle fois la montagne mais laissa une plaie béante sur chaque citoyens.

L’histoire avait montré par deux fois que le mal vivait au sommet de cette montagne, l’homme ne retient pas ses leçons, et l’histoire recommença une fois de plus. Un ange déchu prit à son tour possession des veilles pierres et maudit la terre, le mal était prêt à s’abattre de nouveau sur le domaine.
Mais un homme désirait éviter de reproduire les erreurs passées. L’actuel Primarque du Sanctum gravit le sentier et prit d’assaut le château de la sorcière, coupant la tête du serpent avant que son venin n’infiltre la terre du royaume. Une nouvelle fois, le mal fut vaincu, mais l’histoire ne devait plus se reproduire, le dirigeant décida de prendre possession de ses terres. Les hommes du groupe religieux s’étaient mobilisés pour la conquête de la montagne et attendaient les dernières ressources nécessaires à la réalisation de ce grand projet.

Les portes de la citadelle se fermaient sur le convoi du Sanctum, sir Hewley avait pressé une troupe de Templier dirigée par Pentaghast afin de sécuriser la livraison jusqu’au sommet de la Montagne Interdite. Certaines rumeurs étaient parvenues aux oreilles du Primarque, les ronces de la sorcière noire auraient été aperçues le long du sentier menant aux ruines du château. Habituellement, personne ne se soucierait de plante aussi banale au milieu de ces terres ravagées. Mais les derniers rapports faisaient état d’une activité hostile de la part de la faune, plusieurs gardes auraient été attaqués et grièvement blessés en voulant rejoindre leurs frères.

Le soleil était haut dans le ciel quand le convoi arriva au sentier menant au sommet de la montagne. D’un geste de la main, Pentaghast stoppa le chariot et ordonna aux Templiers de poser pied à terre et de se mettre en formation. La Dame s’avança en tête de convoi et attrapa les rennes du mulet tirant le chariot rempli de vivre et d’autres ressources. Le regard sévère de la Dame parcourait le paysage désolé menant à la Montagne Interdite, à la recherche de la moindre ronce. Après un bref soupir d’exaspération, elle se retourna et s’adressa aux autres Templiers.

Aucune trace des ronces. Que deux ferment la marche, moi-même et les autres tracerons la route… Rester vigilant, malgré la nature de la menace.
Cinq Templiers ont été mobilisés pour sécuriser le convoi. Pentaghast comprenait l’importance de la mission et partageait la vision du chef des Paladins, le château de Maléfique ferait un excellent point de chute en cas de danger pour le Sanctum. Mais il fallait ouvrir les yeux… Des ronces, une menace ? Personne n’ignorait le pouvoir de la Sorcière Noire, mais de là à croire qu’elle aurait dressé de tels pièges et que ceux-ci s’enclenchent aussi longtemps après son règne. Quelle absurdité, elle pouvait se charger seule de ça et ne pas bousculer les rondes et autres gardes.

Tirant sur les rennes de l’animal, Pentaghast emprunta le chemin de pierre longeant les falaises de la Montagne Interdite suivit par ses frères, l’arme en dehors du fourreau.

Comme le pensait le Templier, ils n’avaient essuyé aucune attaque après une heure de marche. Les gardes avaient fini par ranger leurs épées, cherchant un moyen de se distraire au sommet du pic montagneux. La seule difficulté qu’ils avaient réellement encourue jusqu’à cet instant était le changement de température. Avant qu’il n’emprunte le sentier, le soleil était à son point culminant et irradiait de sa chaleur les membres du Sanctum, forçant la plupart à se défaire du lourd casque emblématique de leur ordre. Maintenant à flanc de montagne, un vent froid harcelait les armures d’acier assombri par le manque de clarté. D’épais nuage semblait dorénavant régner sans partage dans un ciel habituellement clément, allant jusqu’à masquer le soleil du Domaine Enchanté.

C’était le bras devant son visage que Pentaghast traversait la montagne, les yeux plissés, fixant le chemin devant elle qui n’en semblait pas vouloir se finir. Le vent se faisait de plus en plus fort, faisant onduler la longue cape noire que la Dame portait, claquant à chaque bourrasque.
Les Templiers aperçurent enfin les contours du château de Maléfique après avoir contourné la dernière pique. Un large chemin taillé dans la roche se dressait devant eux, amenant jusqu’à un pont de pierre brut annonçant l’entrée du domaine de la Sorcière Noire. Pentaghast leva sa main, faisant signe à ses hommes d’hâter la cadence. Pressés de goûter au repos, les Templiers ne firent plus attention et s’avancèrent sur la dernière portion du chemin.

À peine les Templiers posèrent pied sur le chemin de pierre taillée qu’un craquement se fit entendre, suivit d’un braiment grave. Avant que Pentaghast ne puisse se retourner, le mulet se dressa sur ses postérieurs et rua en direction du château, percutant la garde de plein fouet et l’envoya à plusieurs mètres, la tête dans le vide du ravin.

Sonnée, la garde roula sur elle-même et s’écarta de la chute mortelle. Face contre terre, Pentaghast prit appui sur ses mains pour se redresser et posa un genou à terre, le regard fixé vers le convoi. Le chariot était à l’arrêt et en travers du chemin, la Dame plissa les yeux pour distinguer les contours de l’animal. D’épais bras noir parsemée de pointe enroulaient chaque membre du mulet et le maintenaient au sol, la Dame se mordit les lèvres et frappa le sol de son poing pour avoir été aussi stupide.

Commandante !
L’un des Templiers s’approchait de la jeune femme et tendit son bras pour l’aider à se relever. Elle l’attrapa et une fois sur ses deux jambes, dégaina son épée de la main droite et empoigna son bouclier de fer de la main gauche. D’un seul geste, les quatre gardes dégainèrent eux aussi leurs armes, la Dame tourna le regard vers ses frères et d’un signe de tête, ordonna la charge.
Le pas lourd des armures résonnèrent dans la vallée, semblable au tambour de la guerre. Comme une provocation, d’autres ronces firent leurs apparitions et agrippèrent le harnais de l’animal avant de le briser. Un crissement résonna pendant que le chariot se mit lentement en branle, se rapprochant du vide alors que les plantes agrippant le mulet se mirent en mouvement pour le jeter par-dessus le chemin de pierre

Vite ! Retenez ce chariot !
Deux hommes se précipitèrent à l’arrière et bloquèrent le chariot de toutes leurs forces, mais à peine s’étaient-ils arrêtés que des branches apparurent et s’enroulèrent à leurs chevilles. D’un coup vertical, la Dame fendit l’air de sa lame et sectionna les plantes avant quelles ne face quoi que ce soit. Les deux autres Templiers tournèrent le dos à leurs frères, l’arme brandit prêt à s’abattre. Pentaghast remontait le long du chariot, rengaina son épée et attrapa les restes du harnais afin de diriger le convoi le long du chemin.

Poussez !
Les bras se raidirent alors que doucement, le chariot reprenait sa route, un des deux Templiers veillant sur ses frères se retourna pour aider à la poussé du convoi. La Dame tira sur ses jambes, tentant d’aider ses frères à avancer la charge. Quand elle tourna la tête pour encourager ses frères, elle vit des centaines de ronces émergées du ravin et se dresser derrière eux, prête à s’abattre.
La frayeur se lisait dans les yeux de Pentaghast, elle lâcha prise l’harnais et fit un pas de côté pour se retrouver face à cette marée, toutes les pointes face à elle convergèrent en un point et foncèrent en direction du convoi. La Dame se mordit les lèvres alors qu’une lumière blanche brilla dans le creux de sa main libre, elle brandit son poing fermé devant son visage alors que la lumière s’intensifia. D’un geste, elle abaissa son poing tout en l’ouvrant, faisant apparaître juste derrière ses frères un immense mur de lumière faisant la largeur du chemin. Les ronces de ténèbres le percutèrent de plein-fouets, les dispersant un instant.

La Lumière d’Étro resta fixe, observant les ronces s’agiter derrière le mur. Le dernier Templier passait à côté de la Dame et attrapa le harnais et donna la direction à suivre, il n’était plus qu’à une centaine de mètres de l’entrée du château. Les plantes agissaient d’une seule et même volonté, il ne leur fallut pas longtemps avant de passer en dessous du mur d’or et de se regrouper devant la Dame. Pentaghast fronça alors les sourcils, se concentra de toutes ses forces, faisant briller son corps tout entier d’une aura de Lumière. Les ténèbres se jetèrent alors sur elle, avide de vouloir atteindre ce coeur lumineux. Une vague de lumière émana de son corps et se propagea sur tout le chemin, arrêtant instantanément les ronces et galvanisant ses frères.

La lumière s’estompa peu à peu et la Dame tomba les deux genoux à terre, essoufflée. Pour la première fois de sa vie, elle avait relâché toute la Lumière de son corps et avait réussi à stopper les ombres de la montagne. Elle leva les yeux pour voir les ronces retourner dans le vide du ravin, un sourire se dessinait sur son visage.

C’est un miracle !
Pentaghast dégaina son épée et s’aida de celle-ci pour se relever et se retourner, le convoi avait atteint le sommet de la pente et était maintenant sur le pont de pierre. Les Templiers acclamaient le fait d’armes que venait d’accomplir la garde, gênant quelque peu la Dame. Elle s’avança vers ses hommes, l’arme toujours dans la main alors que d’un coup, les ronces surgirent du vide entourant les Templiers et s’abattirent sur eux dans un bruit lourd.
La vision bloquait Pentaghast, son épée et son bouclier glissaient lentement de ses mains avant de tomber sur le sol dans une cohue métallique. La Dame se laissa tomber, les deux genoux à terre, impuissante devant la scène.

Étro, tends-moi la main et je lutterais pour toi… Donne-moi ta force et je vaincrais pour toi… Je t’en pris, que ta lumière illumine tes ennemis et me montre la voie du juste…
Pentaghast abaissait alors la tête, des larmes naissantes glissaient le long de ses joues. Alors que, devant-elle, l’amas de ronce grouillant s’illumina un instant avant qu’une colonne de Lumière s’abatte sur la zone, irradiant les plantes. Provoquant un souffle dans toute la zone, alertant les membres du Sanctum stationnant dans le château et plant la Dame au sol.
Elle se relevait difficilement alors qu’une troupe de Templier se pressait à l’autre bout du pont de pierre, rejoignant le convoi et les compagnons d’armes allongés à même le sol. Aujourd’hui, la déesse Étro était intervenue pour aider le Sanctum, et jamais Pentaghast n’oubliera ce jour.