Escorte

Un sans-coeur…
La Princesse Ariez venait de me confirmer les rumeurs à travers ce bout de papier, elle était bel et bien devenue une ombre, semblable à celle qu’elle aimait tant manipuler. J’avais eu du mal à croire qu’elle c’était rendue seule attaquer le Consulat, elle, que je n’ai jamais vu quitter le Château de la Bête, trop occupé à se prélasser dans son palais.

Je serais le poing, le papier toujours au creux de ma main. C’est quoi ce bordel, comment avait-elle pu imaginer un instant prendre d’assaut le quartier général d’un autre groupe. L’histoire de la défaite d’Ariez devait s’être répandue comme une trainée de poudre, gonflant d’orgueils les artistes et redonnant l’espoir aux peuples des provinces coalisés.

Comment allons-nous maintenir la peur quand les journaux montraient leur tyran vaincu par un brasseur, un forgeron et un tragédien ?! Putain…

Qu’elle conne, jalouse et prétentieuse…
Je roulais le papier en boule, et le jetais dans la poubelle du coin de ma chambre au manoir. Elle comptait sur moi pour que j’escorte sa précieuse Princesse de Coeur, très bien, mais elle pouvait toujours rêver pour me voir essuyer l’attaque de ses ennemis… Je vais faire les choses à ma façon.

***
Depuis le temps que j’accumulais les munnies avec les missions, il fallait bien que je trouve une utilité à ce pactole. Et depuis l’expérience avec l’autre alcoolique de Port-Royale, je ne veux plus rien avoir à faire avec la Shin-ra… Putain d’escrocs.

Je m’étais rendu à la boutique de la Coalition il y a quelque jours avec une grosse commande, un vaisseau. Le magasinier m’avait tiré une tête de six pieds de long, je le voyais encore geindre avec ses potions dans les mains, me suppliant de lui donner un délai pour pouvoir répondre à mes exigences. Il y a quelque chose de pourri au sein de ce groupe.
Bref, je lui avais donné ce qu’il voulait, avec pour seule obligation de me livrer la bête à la caserne de la Garde Noire. Et par chance, j’ai reçu une missive de Marvin en même temps que l’ordre de mission, m’invitant à venir voir mon nouveau jouet.

Que le pouvoir avait bon goût, j’avais quitté le manoir et rejoins les lourdes portes en fer de ma caserne. Qui, à partir de maintenant, me serait chaque fois ouverte par ce brave Marvin. Depuis notre dernière, altercation, il était devenu doux comme un agneau, et il obéissait à chacun de mes ordres. Une bien belle marionnette.
Il me guidait vers la porte du hangar, j’avais ordonné à mes hommes qu’ils me fassent de la place. Cette place-forte était devenu ma zone, et je ne voyais pas de meilleur endroit pour ranger une nouvelle preuve de ma position dans la hiérarchie de cette Coalition. Il attrapait la poignée des lourdes portes coulissante et la faisait glisser pour que j’admire enfin la bête.

Et bien, ces noël avant l’heure…
Je m’approchais et posais ma main sur la carlingue d’acier de mon vaisseau, un engin splendide. Je n’avais assez que pour me prendre un petit vaisseau, mais entre nous, qu’est-ce que j’aurais bien pu foutre avec un engin plus conséquent ? Je ne comptais pas vraiment me balader avec d’autre type, sauf histoire de ballade mon jeune toutou, Marvin.

- C’est un Viper Mk2, un bel engin pour partir chasser sur les routes stellaires. 
- Je pense, Marvin, que j’ai autre chose à foutre que de m’attarder dans l’espace.
Il n’était pas bien grand, cinq mètres de long tout au plus. Le cockpit ne pouvait accueillir qu’une seule personne, le pilote, mais je distinguais les compartiments arrières, assez grands pour accueillir deux passagers. Ma main toujours posée à la pointe de l’appareil, je me dirigeais vers l’arrière du vaisseau, passant au-dessous des larges ailes latérales sur lesquelles reposaient deux blocs brasiers, surement la propulsion vertical et horizontale.
Arrivé à l’arrière, je distinguais une large poignée et tirais dessus, ouvrant la passerelle arrière, seul accès au vaisseau. Je montais finalement dedans et me retournais vers mes soldats, observant eux aussi la machine.

Je pars avec pour la journée, Marv, tu t’occuperas des hommes jusqu’à ce soir, entrainement aux armes blanches. Et tu resteras ici jusqu’à mon retour, tu garderas les portes ouvertes.
Je me retournais et m’apprêtais à m’asseoir sur mon siège quand un des gardes m’interpellait.

- Patron, ce qu’on raconte sur la Princesse…
- C’est vrai, vous êtes sous les ordres d’un sans-coeur.
- Sauf votre respect, nous n’avons de compte à rendre qu’à une seule personne.
Je souriais derrière le masque, la Garde Noire ne répondait maintenant plus qu’à son intendant, une chance pour moi. Je prenais place sur le siège du pilote et démarrais le vaisseau pour son premier vol.

***
Au bout d’une heure de trajet au volant de ma nouvelle acquisition, je voyais flotter face à moi le monde du Château de la Bête. Ça avait quelque chose d’impressionnant de naviguer au milieu des Routes Stellaires, tous ses mondes si faciles à atteindre. J’abaissais le levier et m’apprêtais à descendre afin de récupérer mon colis chez la Princesse.

Une fois dans le ciel, tous semblaient si petit. Je voyais le toit de la station Shin’ra, ainsi que le village où j’aurais eu besoin de trouver un autre moyen complètement débile pour rejoindre la cours du château, cette immense forêt, on aurait dit qu’elle s’étendait jusqu’à l’horizon. Et finalement, le Château se dressant fièrement à flan de falaise, je comprenais maintenant pourquoi Ariez vivait ici, elle devait avoir la paix.
Je continuais ma descente en direction de la cour du château, en plissant les yeux, je distinguais quelque chose, ou quelqu’un au milieu de celle-ci.

Je posais mon vaisseau devant la personne, l’éteignais et me rendais à l’arrière afin d’ouvrir la trappe et enfin découvrir cette très chère Cendrillon. La passerelle s’abaissait lentement, me faisant découvrir lentement la Princesse de Coeur.
Une jeune femme, elle devait avoir quoi ? Vingt, vingt-cinq ans, des cheveux blonds attacher en queue-de-cheval par un simple lacet noir. La passerelle continuait de s’abaisser, je fixais sont regard, des yeux du bleu profond mais approfondi par la fatigue, pour une fille prisonnière d’Ariez, elle semblait étrangement en bon état. Comme je l’attendais en entendant son titre, j’étais persuadé de la voir revêtue d’une large robe scintillante et puant la richesse, mais elle était plutôt couverte de haillons. Une simple robe longue brune et par-dessous, une sorte de chemise d’un bleu azur un peu détint.

Le bruit sourd de la passerelle résonnait dans la cour, je descendais le long de celle-ci et m’arrêtais en face de la jeune femme. Elle était assise par terre, les mains liées  à un anneau incrusté dans le sol et entourer par un chandelier et une garde-robe.

Vous devez être le dénommé ”Death“ ?
Je regardais autour de moi, cherchant l’homme m’ayant adresser la parole, mais rien.

- Qui…
- Le chandelier monsieur.
J’abaissais mon regard et le posais sur le chandelier, qui avait changé de place par rapport à avant et je distinguais un trousseau de clé accroché à sa hanse.

- Marrant, la faute d’Ariez ?
- Une vieille histoire, vous emmenez mademoiselle avec vous ?
- À la bonne volonté de la Princesse.
- Je vois, prenez ses clés et démarré maintenant, aucun de nous deux désirs voir un accident dans l’enceinte du Château.
Le chandelier me tendait les clés et s’en allait en compagnie de l’armoire, me laissant seul face à la dénommer Cendrillon. Je la toisais une fois de plus, elle était restée silencieuse, mais observant les jardins désolés de cette cour.
Je m’abaissais et défaisais les liens de la jeune femme, la laissant libre de ses mouvements. Je rangeais ensuite le trousseau et les chaînes dans ma poche et tendais ma main devant-elle.

Ma dame, je vous invite à me suivre… Nous allons quitter ce monde.
Elle regardait mon masque et ma main par alternance, d’abord hésitante, elle finit par l’attraper et se relever. Quand sa peau touchait la mienne, je sentais une forte douleur, comme une brûle me transperçant la chair, je relâchais l’emprise aussitôt et frottais la paume de ma main. Rien, aucune trace, que c’était-il passé ?

- Je..
- Ne vous faite pas d’illusion, je suis juste le coursier… Vous quittez une cellule pour une autre, montez maintenant.
Elle refermait la bouche et empruntait la passerelle, la tristesse se lisait sur son visage. Je la regardais monter et s’asseoir sur un des bancs du compartiment arrière, fixant ses pieds.
Je mettais main contre la paroi du vaisseau et me retournais pour observer les fenêtres du château, elle était là, en train de me regarder embarquer sa précieuse Princesse de coeur loin d’elle. Je me demandais bien à quoi elle ressemblait maintenant qu’elle était devenue une ombre.

En l’espace de quelques minutes, nous avions quitté le monde du Château de la Bête et atteins les Routes Stellaires. Je tournais la tête pour voir Cendrillon, elle n’avait pas bougé d’un cil depuis notre départ.
Je retournais aux commandes et configurer le chemin de retour avant de lancer le pilote automatique et la rejoindre dans la soute. Je m’asseyais en face d’elle, les coudes en appui sur mes genoux.

Nous arriverons dans un peu plus d’une heure, je vous débarquerais en face du Manoir et l’on vous escortera vers votre nouvelle cellule.
Elle restait silencieux, quand j’ai commencé à parler, elle s’était un peu recroquevillée sur elle-même. Frottant le haut de ses bras et laissant couler une larme le long de sa joue.
Je restais immobile un instant, attendant… Je ne sais quoi d’elle. Qu’elle idée à la con de vouloir faire la causette avec elle. Je me relevais et retournais vers mon cockpit quand, d’une petite voix geignarde, elle attirait mon attention.

Où… Où m’emmenez-vous ?
Je me retournais et m’appuyais contre l’encadrement de la porte du poste de pilotage, la dévisageant de haut en bas, elle n’avait pas changer de position.

Citée du Crépuscule, quartier-général de la Coalition Noire. J’aurais envie de te dire que c’est un endroit charmant, mais ce serait te mentir… Et je n’en verrait pas l’utilité.
Elle fondait soudainement en larmes, tombant de son siège et se repliant sur elle-même sur le sol. J’observais la scène quelques instants, qu’est-ce que je pouvais faire contre ça ? Pas grand chose à vrai dire, sauf la relâcher peut-être, mais ce serait signé mon arrêt de mort.
Je la laissant à son occupation et retournait sans le cockpit, refermant la porte derrière moi et m’installant confortablement. Dans un peu plus d’une demi-heure, je pourrais la donner à l’intendant en chef et en finir avec cette histoire.

***
Le vaisseau se posait en face des portes de Manoir, à proximité du T-Rex gardant l’entrée de la bâtisse. J’ouvrais la passerelle arrière, mais laissais tourner les moteurs avant de me rendre dans la soute et relever Cendrillon.

L’intendant en Chef m’attendait devant les portes, fixe sur ses jambes et les mains croisé dans le dos. Il me regardait descendre avec la Princesse, il me faisait un signe de tête avant de l’attraper par l’avant-bras et l’attirer à l’intérieur du manoir.
Je voyais la jeune femme disparaître dans l’encadrement, elle jetait un dernier regard en ma direction avant que les lourdes portes en bois ne se ferme.

Et une autre mission d’accomplie…

Je me retournais et rentrais dans mon vaisseau, maintenant cette tâche finie, je pourrais m’occuper un peu plus de mes Gardes Noires.