L'ombre du Dragon

Il y a des jours où l’on aimerait bien rester dans son lit, couché, tranquille, loin des tracas de la vie. N’avoir aucune obligation, aucun stress, être à l’aise et pouvoir regarder la trotteuse d’une horloge sans avoir cette goutte de sueur froide descendant doucement le long de notre nuque… Chen est un bon vivant, il faut le reconnaître. Il a des plaisirs simples dans la vie, comme de boire une bière fraîchement mise en bouteilles, ou encore de rester assis sur une chaise à contempler les alambics faire leurs oeuvres, doucement, avec précision. Bref, il aime prendre son temps quand l’envie d’aventure est au plus bas.

Seulement, aujourd’hui ne sera pas une journée calme. Il aurait pu s’en douter en parcourant la missive de Genesis, le pressant à le rejoindre au Sommet des Arts. Les quelques mots sur ce papier, aussi alarmant soient-ils,  aurait s’en doute du presser l’animal, mais la nature optimiste du pandaren le pousse à croire que la situation n’est pas aussi grave que le laissant entendre le porte-parole. Et ça, c’est la première erreur faite par Chen aujourd’hui.

***
L’urgence de la situation a poussé Chen à prendre le premier trajet en direction de la Terre des Dragons, et surtout, le dernier de la journée. Pas de détour par la brasserie pour prendre la moindre chose, il n’a pas le temps, il en a déjà trop perdu. Le brasseur quitte les Jardins Radieux avec pour seul objet son ordre de mission et une carte indiquant le village dont il s’occupera de l’évacuation.

Il est assis sur un banquette miteuse d’un vol de seconde zone, personne d’autre n’occupe le compartiment, si ce n’est l’hôtesse de la Shin-Ra. Il est essoufflé et stressé, il a traversé la citée aussi vite qu’il le pouvait, espérant rattraper son retard. Le Dragon a passé son sinistre message il y a maintenant plus de cinq heures, il arrivera à destination en début de soirée… Et dieu seul sait combien de temps il prendra pour arriver à ce village.

Je suis tellement stupide…
Depuis combien de temps est-il dans ce vaisseau ? Chen le sait bien, il n’a pas cessé de regarder l’horloge, observant la course de la grande aiguille, et cherchant un moyen d’atteindre le village avant l’arrivée du Dragon. Il répète frénétiquement le même geste :  regarder le plan mesurer les distance, regarder l’horloge et rebelote. Il ne voyait qu’un seul moyen d’arriver à temps pour sauver les villageois, mais elle ne dépend pas de lui.

- Pardon… Madame ?
- Oui monsieur, que puis-je faire pour vous aider ?
- J’ai une demande à vous faire, voyez-vous, je suis envoyé du Consulat… Regarder, j’ai mon emblème, juste là… Je dois impérativement atteindre un des villages du pays avant le levé du jour. Serait-il possible de changer le plan de vol ?
- Désolé monsieur, nous avons un horaire très chargé et nous ne pouvons perdre du temps en faisant un détour.
- Mais… Des vies sont en danger ! Tian-Long est… J’ai de quoi payer !
- Il est impossible de changer le plan de vol monsieur. Mais vous pouvez toujours louer un véhicule pour vous rendre à votre destination.
- Oh, c’est parfait, merci madame.
- Mais je doute qu’il soit encore ouvert à cette heure, vous devriez attendre demain.
Le sourire que l’hôtesse a fait apparaître sur le visage du pandaren disparu aussitôt la dernière phrase prononcé. Il a espéré un instant pour retourner se morfondre, il ne pourra jamais arriver à temps.

- Puis-je faire autre chose ?
- À moins que vous me trouviez un vélo, je ne crois pas, merci quand même…
- Je peux toujours envoyer un message à la station, nous vous trouverons peut-être ça.
- …Merci
Finalement, il n’a pas d’autre solution que de traverser la Terre des Dragons à pied. Chen connaît le pays, il y a vécu une partie de sa vie, mais ça ne l’aiderait pas à aller plus vite. Il recommença à le même cirque que tout à l’heure, regardant la course inéluctable du temps et complètement impuissant devant le malheur des villageois qu’il se devait de sauver.

***
Le vaisseau se posa finalement en début de soirée. Le soleil entamait lentement sa descente, laissant place à l’obscurité. Le consul descend les marches quatre à quatre, espérant toujours arriver à temps, mais fut interrompu dans sa course par l’hôtesse.

- Attendez ! Monsieur !
- Désolé, je n’ai pas le temps…
- Nous vous avons trouvé un moyen de locomotion, demandé à l’accueil.
- M…Merci !
- Préparer votre porte-monnaie.
Courant de plus belle, le brasseur quitta la piste d’atterrissage et traversa le hall de la station en direction de l’accueil. Il y a du monde, beaucoup de monde, des femmes et des enfants surtout. Il n’y a personne devant le comptoir, tous les habitants trainent, attendant le prochain vol. Une autre hôtesse le regarde arriver et range ses papiers.

- Bonjou… Bonsoir ! On m’a dit que vous aviez un…
- Il y a un cheval dehors, apprêté pour vous…
- Merci ! Mille mercis !
- Ça vous coûtera cinq cents munnies, payable d’avance. Et l’animal doit être de retour demain matin.
Chen n’a jamais monté à cheval, mais à l’heure actuelle, il n’a pas à faire la fine bouche. Après un départ plutôt difficile pour le consul, et surtout le cheval, le nouveau duo se rue vers le nord. Il est neuf heures du soir, et l’aube se lève tôt en cette période de l’année.

La lune est haute dans le ciel, et par chance, elle est pleine. Le cheval n’a pas pris de pause et a galopé pendant deux longues heures en direction du village de Yang-Sen. Le pandaren secouer sur le dos de l’animal aperçu des lumières au loin, le village n’est plus qu’à un jet de pierre. C’est étrange à dire, mais il sera arrivé à temps grâce à la Shin-Ra, enfin, surtout grâce à l’hôtesse du vaisseau.

***
Il est tard, nous approchons de minuit et le village s’active encore à l’évacuation, mais dans une bazar général. Des dizaines de charrettes et de brouettes bouchent le trajet, les habitants hurlent entre eux pour savoir qui a raison et doit rester ici pour apaiser la colère du Dragon. Le cheval s’arrêta à l’entrée du village, devant tous les habitants et d’un bond, descend du cheval pour faire fasse aux habitants. À peine les pattes posées au sol qu’une dizaine de gardes s’opposèrent à lui, lance pointé contre le pandaren.

- Ola, calmez-vous… Je suis de votre côté !
- Oui c’est ça ! Les autres ont dit pareil avant de piller nos ressources.
- Je suis envoyé par le Consulat, je suis là pour vous.
- À cette heure-ci ? Vous nous prenez pour les derniers des imbéciles ma parole ! Foutez le camp d’ici !
- Mon nom est Chen Stormstout, Maître Brasseur du Consulat ! J’ai été envoyé par notre porte-parole afin d’organiser l’évacuation du village avant l’arriver du Dragon… Regarder mon insigne sur le coeur, c’est la preuve de ma bonne volonté ! Alors assez perdu de temps !
- Vous arriver trop tard, nous n’avons plus besoin de vous.
Le consul regarde par-dessus l’épaule des gardes pour observer les préparatifs, rien n’a bougé depuis son arrivé.

Il n’est jamais trop tard ! Mais si vous continuer à vous obstiner, les habitants que vous tenté de défendre souffriront du joug du dragon… Alors laissé moi passer !
D’un coup de patte, Chen abaissa les lances et entra dans le village. La lumière des torches éclaire faiblement les visages des habitants, les hommes du village s’activent à charger les charrettes pendant que les femmes rassurent les enfants. Rien n’a bougé pendant la journée, la nuit va être longue pour l’envoyé du Consulat. Il passa à côté d’un homme et attrapa sa torche, il écarta quelques hommes et grimpa sur une des charrettes. Il a perdu trop de temps pour venir, il doit maintenant en gagner pour sauver le village.

- Habitant de Yang-Sen, le Consulat à entendu votre appel. Le Consulat à entendu la menace planant au-dessus de vos têtes et il est arrivé pour vous sortir de cet enfer ! Mais comme vous le savez, il ne nous reste plus beaucoup de temps, le Dragon à promis d’attaquer à l’aube, alors profitons ensemble de ce temps pour se mettre à l’abri !
- Vous croyez qu’on fait quoi là ?!
- Si le Consulat nous a vraiment entendues, ou sont ses hommes ? Et ses vaisseaux ? Un seul homme pour nous aider ? Le Consulat ce moque de nous !
Les habitants se sont arrêtés, maintenant, tous les regards sont pointés sur le pandaren.

Je ne suis pas venue ici pour défendre mes couleurs, mais pour vous éviter le pire ! Arrêter de chercher le responsable de vos malheurs, et travaillons ensemble avant qu’il ne soit trop tard !
La troupe est maintenant silencieuse, observant toujours, les secondes se changent en minutes avant qu’un des gardes ne répondent.

Alors, Consulat, que devons nous faire ?
Chen sourit à ces paroles, il descendit de son perchoir et se dirigea vers le garde ayant répondu. Il lui tendit la torche pour ensuite montrer une des rares charrettes vide.

Mettez toute la nourriture que vous trouvez dedans ! C’est le plus important, je me moque de vos meubles. Quant à la garde, rassembler les femmes et les enfants, ils doivent partir maintenant ! Le reste des hommes, venez avec moi, on doit libérer l’entrée ! Et on commence maintenant ! L’aube approche.
Une heure passa, puis une deuxième avant que la colonne se mette en marche. Les gardes ouvrent la marche, suivirent les femmes pour l’exode vers la station Shin-Ra, nous ne pouvons pas les transférer maintenant, mais nous ne pouvons pas les laisser ici. Chen resta en arrière, s’assurant que chaque homme, chaque femme et chaque enfant aient quitté les lieux. Du haut de son cheval, il parcourt une dernière fois les rues, et observé la colonne s’éloigner doucement du village alors que les premiers rayons du soleil percent l’horizon.

Un nouveau jour se lève pour vous, humain. Que l’aube soit rouge de votre sang et vos chairs calcinées par la flamme de ma colère !