Putain de manoir…
J’arpentais les couloirs du quartier général de la Coalition, il n’y avait personne dans les couloirs pour m’emmerder, juste ma solitude et le corbeau à mon épaule pour m’accompagner. Je venais juste de domestiquer le dernier jouet de la Princesse, il me restait encore à écrire ce rapport pour lui faire part de la réussite de son idée à la con. Qu’aillait-elle bien foutre d’un T-Rex attaché à ce putain de manoir, je n’en avais aucune idée, je me demandais encore à quoi rimaient les objectifs des missions où elle m’envoyait.
C’était triste à dire, mais elle s’attardait du détail. Nous sommes la Coalition ! Pourquoi nous attarder sur des mondes inutiles comme le Pays Imaginaires ou encore Atlantica, nous n’avons que dalle à en tirer, pas d’arme, pas de soldat, pas de puissance… Rien.
Nous avions déjà de nombreux mondes sous notre joug, enfin, en théorie. Le Pays des Merveilles refusait notre autorité et nous défiait publiquement… Tu parles d’une réputation pour la Coalition, et la Princesse ne faisait rien pour éliminer la Reine de Coeur.
J’oubliais presque la Forêt de Sherwood, un monde pauvre et déchiré par une guerre que nous n’avons même pas provoqué, et que nous n’allions probablement pas gagner non plus. Nous n’avons même pas main basse sur notre propre monde, la résistance défie depuis des années notre autorité, je me demande comment Ariez peut se prétendre maîtresse d’un tel merdier… Je me demande même si le Château de la Bête lui obéit vraiment, et que dire d’Agrabah.
Enfin arrivé dans la chambre grassement offerte par le Boss, je pouvais m’occuper de mon rapport. Assis devant le bureau, j’empoignais une plume et commençais à écrire les quelques lignes résumant la situation. Pas grand chose au final : le T-Rex est dominé, je suis toujours en vie, ses sujets son heureux du spectacle offert, elle a vraiment eu une idée fantastique.
Un torchon quoi, je jetais la plume et glissais le papier dans l’enveloppe, elle attendra demain avant de recevoir ce rapport. Je m’appuyais contre le dossier et posais mes mains sur ma nuque, encore une journée de passé sous ses ordres, une journée de trop.
Le croassement du corbeau attirait mon attention, je me retournais pour voir Dust tenant dans ses serres une longue cape noire. Je me levais et m’approchais pour l’attraper et la soulever devant moi, d’où venait-elle ? D’un regard vers le corbeau, il s’envolait pour retourner sur le sommet de l’armoire. Regardant à nouveau la cape, je la mettais sur mes épaules, l’entièreté de mon corps était cachée, je recouvrais mon visage de la capuche et allais m’observer dans le miroir.
Si on ne faisait pas attention, j’étais méconnaissable, mise à part le masque d’os recouvrant mon visage. Mais qu’est-ce que je pouvais faire d’un tel anonymat, surtout ici ? Un autre coassement de Dust m’attirait, il était maintenant posé sur l’appui de fenêtre et tapait son bec vers une tour dépassant les maisons de la ville… Une tour de garde. J’avais déjà détruit un poste à l’aide d’Adrix, il était peut-être temps de continuer à gangrener se groupe de l’intérieur.
Une fois la main sur la poignée, prêt à quitté ma chambre, je me rappelais d’une chose : je dois garder l’anonymat le plus complet. De retour devant le miroir, j’enlevais mes gants de cuir et posais ma main droite sur le masque. D’un geste lent, je le soulevais pour le retirer et le poser sur le meuble… Je ne l’avais pas enlevé depuis longtemps, et d’un geste hésitant, je relevais ma tête pour découvrir mon visage. Il n’avait pas changé, j’avais toujours mon nez crochu et le front plat, mes lèvres étaient bleues, comme privé de sang et la peau toujours aussi grise. La seule différence était l’épaisse cicatrice partant de mon oeil droit vers ma lèvre, dernier cadeau de l’albanais avant ma mort. Je déposais finalement mes faux sur les même meubles, on ne devait pas me reconnaître aussi facilement…
Je déambulais dans les rues de la ville, il faisait nuit, enfin, l’heure était au sommeil. Les habitants étaient rentrés chez eux, les chaumières étaient éteintes, seules quelques troupes de garde patrouillait Habillé de ma longue cape noire, je me déplaçais dans les ombres pour éviter de me faire repérer, encore deux rues et j’étais en vue de la tour.
Je restais immobile un instant devant la lourde porte de bois, le bras levé, prêt à frapper. Combien y avait-il d’homme dans le bâtiment ? Le plan était simple, tuer tous les gardes et foutre le feu à la tour, mais me retrouver seul contre une vingtaine d’hommes, je ne pense pas que la simplicité sera le maître-mot. Je donnais trois grands coups, résonnant dans la ruelle. Immobile pendant un instant, j’attendais que ma première victime vienne m’ouvrir. Un râle se faisant entendre à travers le bois et des pas s’approchais doucement, le spectacle allait commencer.
Un homme à peine plus grand que moi se dessinait dans le chambranle, il me toisait de haut en bas avant d’ouvrir grand la porte et s’avancer en ma direction. Il s’apprêtait à ouvrir la bouche, mais avant qu’un son ne sorte, je serrais mon poing et donnais un coup dans sa gorge. Le choc le faisait basculer en arrière mais aucun cris ne sortait, il portait ses mains au visage les yeux ouverts, il avait tout le loisir de voir arriver le prochain coup dans son ventre. Maintenant à genou devant moi, je m’abaissais pour attraper son épée à la ceinture, je la dégainais pour ensuite lui trancher la gorge, un bruit écoeurant se produisait quand il essayait de parler, attirant l’attention des autres gardes.
Il était trois, assis à table, des cartes dans les mains. Ils m’observaient, le regard vide devant la scène à laquelle ils venaient d’assister, et d’un coup se relevaient en attrapant leurs armes. Ne me faisant pas attendre, je me jetais dans la mêlée, l’épée droit devant moi pour empaler le garde le plus proche. Ma lame le traversait de part en part, j’empoignais sa main pour récupérer son arme, une dague, pour ensuite jeter le corps sur la table.
Debout face au deux autre, l’épée dans la main droite et la dague dans la gauche, je restais immobile, attendant une réaction de leurs part.
- Mais putain ! T’es qui ?!
- Mauvaise question…
Je sautais dans sa direction, donnais un coups horizontale avec l’épée pour casser garde et je plongeais la dague dans sa gorge, le mettant automatiquement à genou, faisant ruisselé le sang sur ses vêtements.
À moi la garde !
Des bruits se faisant entendre à l’étage, plusieurs pas venait à mes oreilles, les restes devaient se reposer à l’étage. D’un coup d’oeil rapide, je voyais des boîtes de munitions prêt de la porte d’entrée, je me dirigeais vers elle et renversais le contenu à même le sol, devant le garde abasourdie par ma réaction. Une lampe-tempête était accrochées au mur, prêt de l’escalier d’où venait les gardes, sans plus attendre, je lançais la dague sur le dernier garde qui l’esquivait en se jetant par terre. Je traversais la pièce à toute allure pour attraper la poignée de la lampe à l’aide de la pointe de ma lame quand les renforts descendaient les marches. D’un saute, je retournais à la porte d’entrée et observais la petite troupe arrivée, il était maintenant une vingtaine armée d’épée et de fusils. Les canons étaient pointés vers moi quand je lançais la lampe sur le sol, répandant de l’huile enflammée autour des balles. J’avais juste le temps de me mettre à couvert quand les tirs des gardes s’écraser contre le mur de pierre.
J’attendais quelques secondes à couvert que le feu fasse son travail, j’entendais surtout un garde gueuler sa haine et des ordres aux autres. Quand, d’un coup, des dizaines de coups de feu partirent dans tous les sens pendant une dizaines de seconde, une fois le silence retombé, je regardais dans la pièce pour voir le feu s’attaquer au bois autour de tous les cadavres. Le feu avait déclencher toutes les munitions que j’avais répandu par terre, tuant ou blessant les gardes dans la pièces.
Je restais devant la tour, observant le feu prendre peu à peu. La Princesse n’allait pas rester inactive en voyant ses postes être détruit les uns après les autres, et le meilleur dans tous ça ? Les rebelles étaient les coupables idéales. L’incendie prenait de l’ampleur, réveillant les habitants des maisons voisines. Je lâchais l’épée devant la tour et m’en retournais en direction du manoir, j’en avais fait assez pour ce soir.