Le peuple de la chine était outré par ce qu’il s’était passé il y a peu, lors d’une nuit. Le tombeau du précédent empereur pillé, souillé et saccagé ! La mort des gardes et surtout de trois prêtresses avait été un vrai scandale, les gens ne cessaient de parler ; mais qui avait pu être l’auteur de cet acte inhumain ? A ce que l’on disait, l’empereur avait mis sur cette affaire ses meilleurs détectives et la tête(s) de ce(s) assassin(s) étai(en)t mise(s) à prix et une somme très élevé qui permettrait de faire vivre toute une famille sur plusieurs générations. Tout ça ne rassurait pas le jeune archer, qui savait qu’un jour ou l’autre ils sauront que c’était lui…
D’ailleurs, il jouait très bien la comédie, faisant mine d’être autant choqué que les habitants, participants ainsi aux ragots et sur l’avancement de la recherche. L’empereur avait même demandé à Trystan d’enquêter et de participer à la chasse à l’homme. L’épervier se voyait mal se tirer lui-même une flèche dans le cœur… Or Trystan avait autre chose en tête : la deuxième partie de la mission. La dernière fois, il avait trouvé la mission incohérente avec la première, et là il ne trouvait aucuns liens entre les deux parties. Pourtant il était plutôt futé l’épervier, cependant il séchait complétement sur ce point.
Un matin il partit donc, arc et carquois au dos, dans la forêt où il commençait à avoir ses repères. Il ne s’était jamais aventuré du côté-là ; car il n’y avait pas beaucoup de gibier là-bas. Chaque pas fait dans cette forêt le transportait dans son monde, étant un prédateur à l’affut du moindre fait et geste de son gibier. Aujourd’hui il ne partait pas chasser, mais trouver un être dont l’apparence était humaine et ne l’était pas pour autant. Le jeune homme savait où était le territoire de cet esprit : il avait questionné les habitants du village qui ne connaissaient pas le chemin exact, mais les descriptions qui firent du lieu maudit, furent suffisantes pour Trystan. Le rythme de marche du jeune homme était plus lent qu’à l’habitude et révélait une petite boiterie. La brûlure sur l’une de ses plantes de pied n’avait pas encore guéri, mais il garda son mal en silence, continuant sa route comme si rien n’était.
Soudain, Trystan se stoppa net dans son avancé. Il venait de pénétrer dans une zone étrange. Rien à l’œil, ni à l’odorat et ni à l’ouïe délimitait ce terrain. Or l’archer avait l’impression ne pas être à sa place, de plus sa peur était en éveil comme si quelque chose n’allait pas. Il resta de marbre et observa devant lui, Trystan remarqua qu’un cours d’eau s’écoulait non loin. Il s’y dirigea sans craintes, ayant déjà fait le tour et rien à signaler, mise à part ce mal-être. Posant son postérieur sur un rocher qui bordait la rivière, l’épervier ôta sa botte en cuir afin de tremper son pied brûlant dans l’eau fraîche. Trystan lâcha un soupir de soulagement, même si la douleur et la gêner étaient toujours présentes, elles s’étaient atténuées un peu.
Crac…
Trystan sursauta, il n’avait rien entendu ni vu venir ! L’épervier se leva d’un bon tout en attrapant son arc et une flèche. Il se retourna sa flèche pointée dans la direction du bruit. Le jeune homme se retrouva nez à nez avec un drôle d’être… Il était physiquement humain, mais Trystan n’arrivait pas à déterminer s’il était un mâle ou une femelle, un hermaphrodite ? Il n’en savait rien. Ses yeux bleus comme le ciel, étaient si paisibles. Ses traits de visages fins et élégants révélaient la même beauté que la nature qui les entourait. Ses cheveux arrivant au-dessus des épaules étaient turquoises et un peu translucides comme l’eau pure. Son regard était aussi surpris que celui de Trystan en voyant des bois de cerf dressés sur sa tête. Alors que le jeune homme était fixe comme un tigre devant une proie, son pied brûlé lui lança une décharge de douleur et il perdit l’équilibre, ne sachant pas comment ni pourquoi. L’épervier se retrouva par terre, étonné de ce qui venait de lui arriver.
L’esprit se mit sur les genoux devant Trystan, et attrapa de ses douces mains le pied déchaussé de l’archer. Il l’examina attentivement, alors que Trystan le dévisageait ne sachant s’il devait craindre cet être ou lui faire confiance. Il attendit que le cornu lui lâche la jambe, il le fit mais parti tout de suite après. L’archer en profita pour ce relever, ramasser son arme et tapoter ses vêtements sales dû à sa chute. Après un certain temps de réflexion, il se dit que cet hermaphrodite n’était qu’autre que l’esprit portant malchance qu’il recherchait et que cela expliquait sa chute incompréhensive, lui qui est très agile. Le jeune homme allait remettre sa chaussure quand l’être revenu, les bras remplis de plantes fraîchement arrachées. Ils se regardèrent, tous les deux semblaient perdu : ne sachant ce que voulait l’autre. Trystan ne sortit pas son arc ; cet esprit ne lui voulait aucun mal et il l’avait compris. Son regard d’un bleu apaisant riva sur le pied brûlé de l’archer. L’esprit s’approcha encore jusqu’à être face à lui, il posa les plantes à terre et s’abaissa à son tour. L’hermaphrodite montra du doigt le pied déchaussé de Trystan, qui le leva vers lui. L’esprit frotta quelques feuilles sur la brûlure, puis avec une grande feuille, il banda le pied. L’épervier se fit soigner sans rien dire, perplexe.
Mais il fut encore plus surpris que les plantes firent effet ; la douleur c’était comme arrêtée. Et Trystan en était bien content, il pouvait poser le pied à terre sans problème. Il remit sa bottine, puis remercia l’esprit en s’inclinant :
« Merci infiniment. Quel est votre nom ? »
L’esprit ne répondit pas, mais pas parce qu’il n’avait pas envie : Trystan constata qu’il ne pouvait pas parler. Il semblerait que chez lui, la parole passe par les sentiments qu’il dégage. A cet instant il souriait à l’archer. Un oiseau se posa en chantonnant alors que le jeune garçon se demandait comment il allait faire pour que cet esprit le suive.
«Euh… Je peux t’appeler Azur, comme le bleu de tes yeux ? »
L’esprit acquiesça d’un signe de tête, ses traits si doux de son visage révélaient tellement bien ses pensées que Trystan avait comme l’impression qu’Azur était heureux d’avoir un humain avec qui passer du temps. Au village personne ne voulait de lui ; il était fui comme la peste car il apportait le mauvais œil sur les gens à ce que l’on dit. D’ailleurs comment l’amener là-bas ? Trystan usait toujours de la même façon : la menace. Mais l’esprit aux yeux azurs n’était pas comme les humains. Alors pour la première fois il demanda simplement :
« Est-ce que tu voudrais bien me suivre jusqu’au village ? Il y a une personne qui voudrait te rencontrer. »
Azur semblait étonné par ce que venait de dire Trystan. Au village ? Cela était impossible : tout le monde allait le rejeter et fuir ! Mais une personne voulait le voir, et cela intriguait grandement Azur. L’épervier voyait bien dans les yeux ciel de l’esprit qu’il hésitait, curieux et à la fois apeuré. Alors il décida d’éveiller encore plus son désir.
« Cette personne m’a envoyé pour t’escorter jusqu’à lui, car il ne peut pas se déplacer… »
Trystan allait sortir une série de précisions tout en faisant exprès de rester larges, mais l’esprit portant le mauvais œil s’était empressé de taper dans ses mains, sourire aux lèvres comme un enfant qui a hâte de partir en voyage. L’épervier ne fit pas attendre l’esprit, de peur qu’il change d’avis. Ils partirent donc en direction du village, et au grand soulagement de l’archer, son pied ne l’empêchait plus de marcher. Il ne s’attachait pas vraiment à Azur, mais son silence, ses soins et sa discrétion plaisait à Trystan, s’il devait avoir un compagnon de voyage, il serait comme cet esprit.
Enfin, il changea vite d’avis : il se sentait observé depuis un certain temps. Et il n’avait pas tords : d’une souplesse sans égal un tigre bondit d’un seul coup sur leur chemin, grognant et montrant ses dents menaçantes. Le chasseur voyant clairement dans les yeux du fauve qu’il n’allait pas hésiter à leur sauté dessus. Alors il sortit une flèche, l’arma et tira sur le tigre… Sauf que sa flèche se planta dans l’arbre à gauche de l’animal, qui avait suivi du regard la trajectoire du projectile et semblait se moquer de l’archer qui avait loupé sa cible. Trystan était d’abord surpris, puis agacé ! Ce n’était pas possible qu’il ait raté son tire, il avait fait comme d’habitude ! Il reprit une flèche et de nouveau tira entre les yeux du tigre qui s’approchait doucement. Sa flèche se planta devant les pattes avant, ne touchant pas de nouveau le fauve rayé. Trystan était perplexe, jusqu’au moment où il comprit qu’Azur ne lui portait pas du tout chance ! L’animal avait reculé de quelques pas avec la flèche qui avait stoppé son avancé, Trystan en profita pour fixer l’esprit d’un air pressé :
« Hé ! Aide-moi à me débarrasser de ce tigre au lieu de me porter la poisse ! »
Sauf que voilà : d’une part Azur ne pouvait rien faire contre la malchance qu’il donnait à ceux qui l’entouraient, et de deux l’esprit était en pleine admiration sur deux oiseaux qui faisaient leur nid, ne prêtant guère attention au danger qui était face à eux. Cela énerva encore plus Trystan qui perdit patience face à l’incapacité de réagir au danger. La panique le gagna, surtout quand le tigre roula des épaules, prêt à bondir :
« AZUR !!! Fait quelque chose. »
L’esprit se tourna vers Trystan et le fauve, ses yeux couleur ciel fixèrent sans ciller le regard du tigre. L’animal se stoppa net dans son élan et s’assit sur ses deux pattes arrière la tête légèrement sur le côté. L’épervier resta figé de stupeur : Azur savait parler ou du moins commander les animaux ?!! Le tigre tourna le dos à ses deux proies et rebroussa chemin. Trystan soupira, soulagé de voir le fauve partir, et alla ramasser ses flèches les remettant dans son carquois. Puis il attrapa Azur par le bras et lui fit presser le pas : il ne devait pas trainer dans la forêt car l’archer était comme un lapin ici sans rien pour se défendre.
Ils arrivèrent à la lisière de la forêt, sains et saufs sans rencontrer d’autres difficultés sur le trajet. Ils marchèrent le long du chemin amenant au village, Azur semblait admirer ce monde qu’il ne connaissait pas, il n’avait jamais dû sortir de la forêt de bambous. D’après ce qu’il savait, au village personne ne pouvait voir l’esprit poisseux. Le jeune homme décida alors d’attendre la nuit qui n’allait pas tarder. L’archer avait choisi un endroit où personne ne passerait et où rien de grave ne pouvait leur arriver. Une fois que seules les étoiles éclairaient le ciel sombre, ils se dirigèrent vers la maison de Trystan. Or avec la malchance qu’attirait Azur, ils croisèrent quelques villageois qui partirent en courant face à l’esprit aux bois de cerfs. Trystan espéra surtout de ne pas croiser de garde ou autre. Et ce fut la seule chance qu’il ait eu de ne pas en voir. Azur et l’archer arrivèrent finalement sans trop d’encombres au grand soulagement de Trystan, il posa son arc et ses flèches au coin de la pièce et espéra que l’homme encapuchonné allait vite venir chercher l’esprit porteur du mauvais œil. Durant ce temps l’épervier surveilla que rien de malchanceux n’arrivèrent et il essaya de faire le lien entre les missions qu’il a eu à faire à la Terre des Dragons… Est-ce que cet esprit avait d’autres pouvoirs ; comme donner vie avec les os d’une personne ? Cela ne rassura pas Trystan…
D’ailleurs, il jouait très bien la comédie, faisant mine d’être autant choqué que les habitants, participants ainsi aux ragots et sur l’avancement de la recherche. L’empereur avait même demandé à Trystan d’enquêter et de participer à la chasse à l’homme. L’épervier se voyait mal se tirer lui-même une flèche dans le cœur… Or Trystan avait autre chose en tête : la deuxième partie de la mission. La dernière fois, il avait trouvé la mission incohérente avec la première, et là il ne trouvait aucuns liens entre les deux parties. Pourtant il était plutôt futé l’épervier, cependant il séchait complétement sur ce point.
Un matin il partit donc, arc et carquois au dos, dans la forêt où il commençait à avoir ses repères. Il ne s’était jamais aventuré du côté-là ; car il n’y avait pas beaucoup de gibier là-bas. Chaque pas fait dans cette forêt le transportait dans son monde, étant un prédateur à l’affut du moindre fait et geste de son gibier. Aujourd’hui il ne partait pas chasser, mais trouver un être dont l’apparence était humaine et ne l’était pas pour autant. Le jeune homme savait où était le territoire de cet esprit : il avait questionné les habitants du village qui ne connaissaient pas le chemin exact, mais les descriptions qui firent du lieu maudit, furent suffisantes pour Trystan. Le rythme de marche du jeune homme était plus lent qu’à l’habitude et révélait une petite boiterie. La brûlure sur l’une de ses plantes de pied n’avait pas encore guéri, mais il garda son mal en silence, continuant sa route comme si rien n’était.
Soudain, Trystan se stoppa net dans son avancé. Il venait de pénétrer dans une zone étrange. Rien à l’œil, ni à l’odorat et ni à l’ouïe délimitait ce terrain. Or l’archer avait l’impression ne pas être à sa place, de plus sa peur était en éveil comme si quelque chose n’allait pas. Il resta de marbre et observa devant lui, Trystan remarqua qu’un cours d’eau s’écoulait non loin. Il s’y dirigea sans craintes, ayant déjà fait le tour et rien à signaler, mise à part ce mal-être. Posant son postérieur sur un rocher qui bordait la rivière, l’épervier ôta sa botte en cuir afin de tremper son pied brûlant dans l’eau fraîche. Trystan lâcha un soupir de soulagement, même si la douleur et la gêner étaient toujours présentes, elles s’étaient atténuées un peu.
Crac…
Trystan sursauta, il n’avait rien entendu ni vu venir ! L’épervier se leva d’un bon tout en attrapant son arc et une flèche. Il se retourna sa flèche pointée dans la direction du bruit. Le jeune homme se retrouva nez à nez avec un drôle d’être… Il était physiquement humain, mais Trystan n’arrivait pas à déterminer s’il était un mâle ou une femelle, un hermaphrodite ? Il n’en savait rien. Ses yeux bleus comme le ciel, étaient si paisibles. Ses traits de visages fins et élégants révélaient la même beauté que la nature qui les entourait. Ses cheveux arrivant au-dessus des épaules étaient turquoises et un peu translucides comme l’eau pure. Son regard était aussi surpris que celui de Trystan en voyant des bois de cerf dressés sur sa tête. Alors que le jeune homme était fixe comme un tigre devant une proie, son pied brûlé lui lança une décharge de douleur et il perdit l’équilibre, ne sachant pas comment ni pourquoi. L’épervier se retrouva par terre, étonné de ce qui venait de lui arriver.
L’esprit se mit sur les genoux devant Trystan, et attrapa de ses douces mains le pied déchaussé de l’archer. Il l’examina attentivement, alors que Trystan le dévisageait ne sachant s’il devait craindre cet être ou lui faire confiance. Il attendit que le cornu lui lâche la jambe, il le fit mais parti tout de suite après. L’archer en profita pour ce relever, ramasser son arme et tapoter ses vêtements sales dû à sa chute. Après un certain temps de réflexion, il se dit que cet hermaphrodite n’était qu’autre que l’esprit portant malchance qu’il recherchait et que cela expliquait sa chute incompréhensive, lui qui est très agile. Le jeune homme allait remettre sa chaussure quand l’être revenu, les bras remplis de plantes fraîchement arrachées. Ils se regardèrent, tous les deux semblaient perdu : ne sachant ce que voulait l’autre. Trystan ne sortit pas son arc ; cet esprit ne lui voulait aucun mal et il l’avait compris. Son regard d’un bleu apaisant riva sur le pied brûlé de l’archer. L’esprit s’approcha encore jusqu’à être face à lui, il posa les plantes à terre et s’abaissa à son tour. L’hermaphrodite montra du doigt le pied déchaussé de Trystan, qui le leva vers lui. L’esprit frotta quelques feuilles sur la brûlure, puis avec une grande feuille, il banda le pied. L’épervier se fit soigner sans rien dire, perplexe.
Mais il fut encore plus surpris que les plantes firent effet ; la douleur c’était comme arrêtée. Et Trystan en était bien content, il pouvait poser le pied à terre sans problème. Il remit sa bottine, puis remercia l’esprit en s’inclinant :
« Merci infiniment. Quel est votre nom ? »
L’esprit ne répondit pas, mais pas parce qu’il n’avait pas envie : Trystan constata qu’il ne pouvait pas parler. Il semblerait que chez lui, la parole passe par les sentiments qu’il dégage. A cet instant il souriait à l’archer. Un oiseau se posa en chantonnant alors que le jeune garçon se demandait comment il allait faire pour que cet esprit le suive.
«Euh… Je peux t’appeler Azur, comme le bleu de tes yeux ? »
L’esprit acquiesça d’un signe de tête, ses traits si doux de son visage révélaient tellement bien ses pensées que Trystan avait comme l’impression qu’Azur était heureux d’avoir un humain avec qui passer du temps. Au village personne ne voulait de lui ; il était fui comme la peste car il apportait le mauvais œil sur les gens à ce que l’on dit. D’ailleurs comment l’amener là-bas ? Trystan usait toujours de la même façon : la menace. Mais l’esprit aux yeux azurs n’était pas comme les humains. Alors pour la première fois il demanda simplement :
« Est-ce que tu voudrais bien me suivre jusqu’au village ? Il y a une personne qui voudrait te rencontrer. »
Azur semblait étonné par ce que venait de dire Trystan. Au village ? Cela était impossible : tout le monde allait le rejeter et fuir ! Mais une personne voulait le voir, et cela intriguait grandement Azur. L’épervier voyait bien dans les yeux ciel de l’esprit qu’il hésitait, curieux et à la fois apeuré. Alors il décida d’éveiller encore plus son désir.
« Cette personne m’a envoyé pour t’escorter jusqu’à lui, car il ne peut pas se déplacer… »
Trystan allait sortir une série de précisions tout en faisant exprès de rester larges, mais l’esprit portant le mauvais œil s’était empressé de taper dans ses mains, sourire aux lèvres comme un enfant qui a hâte de partir en voyage. L’épervier ne fit pas attendre l’esprit, de peur qu’il change d’avis. Ils partirent donc en direction du village, et au grand soulagement de l’archer, son pied ne l’empêchait plus de marcher. Il ne s’attachait pas vraiment à Azur, mais son silence, ses soins et sa discrétion plaisait à Trystan, s’il devait avoir un compagnon de voyage, il serait comme cet esprit.
Enfin, il changea vite d’avis : il se sentait observé depuis un certain temps. Et il n’avait pas tords : d’une souplesse sans égal un tigre bondit d’un seul coup sur leur chemin, grognant et montrant ses dents menaçantes. Le chasseur voyant clairement dans les yeux du fauve qu’il n’allait pas hésiter à leur sauté dessus. Alors il sortit une flèche, l’arma et tira sur le tigre… Sauf que sa flèche se planta dans l’arbre à gauche de l’animal, qui avait suivi du regard la trajectoire du projectile et semblait se moquer de l’archer qui avait loupé sa cible. Trystan était d’abord surpris, puis agacé ! Ce n’était pas possible qu’il ait raté son tire, il avait fait comme d’habitude ! Il reprit une flèche et de nouveau tira entre les yeux du tigre qui s’approchait doucement. Sa flèche se planta devant les pattes avant, ne touchant pas de nouveau le fauve rayé. Trystan était perplexe, jusqu’au moment où il comprit qu’Azur ne lui portait pas du tout chance ! L’animal avait reculé de quelques pas avec la flèche qui avait stoppé son avancé, Trystan en profita pour fixer l’esprit d’un air pressé :
« Hé ! Aide-moi à me débarrasser de ce tigre au lieu de me porter la poisse ! »
Sauf que voilà : d’une part Azur ne pouvait rien faire contre la malchance qu’il donnait à ceux qui l’entouraient, et de deux l’esprit était en pleine admiration sur deux oiseaux qui faisaient leur nid, ne prêtant guère attention au danger qui était face à eux. Cela énerva encore plus Trystan qui perdit patience face à l’incapacité de réagir au danger. La panique le gagna, surtout quand le tigre roula des épaules, prêt à bondir :
« AZUR !!! Fait quelque chose. »
L’esprit se tourna vers Trystan et le fauve, ses yeux couleur ciel fixèrent sans ciller le regard du tigre. L’animal se stoppa net dans son élan et s’assit sur ses deux pattes arrière la tête légèrement sur le côté. L’épervier resta figé de stupeur : Azur savait parler ou du moins commander les animaux ?!! Le tigre tourna le dos à ses deux proies et rebroussa chemin. Trystan soupira, soulagé de voir le fauve partir, et alla ramasser ses flèches les remettant dans son carquois. Puis il attrapa Azur par le bras et lui fit presser le pas : il ne devait pas trainer dans la forêt car l’archer était comme un lapin ici sans rien pour se défendre.
Ils arrivèrent à la lisière de la forêt, sains et saufs sans rencontrer d’autres difficultés sur le trajet. Ils marchèrent le long du chemin amenant au village, Azur semblait admirer ce monde qu’il ne connaissait pas, il n’avait jamais dû sortir de la forêt de bambous. D’après ce qu’il savait, au village personne ne pouvait voir l’esprit poisseux. Le jeune homme décida alors d’attendre la nuit qui n’allait pas tarder. L’archer avait choisi un endroit où personne ne passerait et où rien de grave ne pouvait leur arriver. Une fois que seules les étoiles éclairaient le ciel sombre, ils se dirigèrent vers la maison de Trystan. Or avec la malchance qu’attirait Azur, ils croisèrent quelques villageois qui partirent en courant face à l’esprit aux bois de cerfs. Trystan espéra surtout de ne pas croiser de garde ou autre. Et ce fut la seule chance qu’il ait eu de ne pas en voir. Azur et l’archer arrivèrent finalement sans trop d’encombres au grand soulagement de Trystan, il posa son arc et ses flèches au coin de la pièce et espéra que l’homme encapuchonné allait vite venir chercher l’esprit porteur du mauvais œil. Durant ce temps l’épervier surveilla que rien de malchanceux n’arrivèrent et il essaya de faire le lien entre les missions qu’il a eu à faire à la Terre des Dragons… Est-ce que cet esprit avait d’autres pouvoirs ; comme donner vie avec les os d’une personne ? Cela ne rassura pas Trystan…