Le soleil était levé depuis quelques heures déjà, éclairant le village qui était en grande activité : les gens cultivaient, s’occupaient du bétail, marchandaient, nettoyaient, préparaient le thé… L’épervier venait de sortir de la forêt, couvert de la cape brune qui lui tenait chaud en plus des vêtements qu’il avait en dessous. Il resta là, à observer ce village, réfléchissant à sa mission et aux points faibles qu’il devra éviter. Une fois repassé en tête son plan et les éventuels problèmes qu’il pourrait rencontrer, Trystan marcha en direction du champ de riz le plus proche. Il y trouva deux, trois ouvriers avec de grands paniers surement fait en feuilles de bambous. En passant à côté d’eux, ils le saluèrent en s’inclina, et Trystan fit de même en mémorisant la façon dont ils se saluèrent. Puis il s’adressa à eux :

« Bonjour. J’espère que la récolte est bonne. »
« Bonjour, oui les rizières ont beaucoup données cette année. Mais nous manquons de main d’œuvre… »

La chance semblait sourit à l’épervier ; lui cherchait un boulot et l’homme semblait chercher un ouvrier. Esquivant un léger sourire, l’épervier continua le petit dialogue avec le paysan. L’archer apprit qu’il avait une petite famille ; une femme et un jeune garçon. Quant à Trystan, il lui expliqua qu’il était venu dans le coin afin de s’y installer, donc il cherchait du travail et un toit. Le chinois lui proposa de l’embaucher, même s’il était étranger et n’avait pas vraiment d’expérience dans le domaine. Aux yeux de l’homme, il avait un physique apte à cette tâche.

C’est donc comme ça, que le jeune homme arriva dans la maison d’un père de famille. Il ne vivait pas dans une habitation de luxe, mais Trystan était intrigué par l’architecture. Lui qui n’avait connu que les maisons typées moyen-âge, en pierre à plusieurs étages avec des fenêtres. Ici il n’y avait pas d’étages, les portes qui étaient coulissantes avaient une ossature en bois recouverte d’une toile. D’ailleurs le matériel principal des habitations d’ici était le bois. Trystan se plia aux rituels des chinois ; avant de rentrée dans la maison de son hôte, il fit comme lui en enlevant ses chaussures, il mangea avec des baquettes, il respecta et admira le service du thé et il pria même avec l’homme, sa femme et son enfant. L’archer faisait tout ça, car grâce à cet agriculteur il avait un toit et un travail, tout ce qu’il lui fallait pour accomplir sa mission…

Le réveil ne fut pas si facile : il n’avait pas l’habitude de dormir sur un futon et le changement de monde ne l’avait pas aidé à bien dormir. Après un petit déjeuner accompagné du meilleur thé parfumé qu’il avait pu goûter, Trystan et son hôte partirent travailler. Au début l’air frais du matin était bien présent, mais au fur et à mesure que le soleil s’élevait dans le ciel, la chaleur était de plus en plus pesante. L’archer avait gardé ses vêtements qui composaient plusieurs couches de tissus au-dessus de sa peau. Il s’était entêté un bon moment de la matinée à n’enlever aucuns morceaux de tissus. Le jeune homme était trop attachée à ses valeurs, tellement qu’il avait même amené son arc emballé dans un sac à dos qu’il ne quittait pas. Mais ramasser du riz était une tâche fatigante et avec un poids en plus c’était insupportable. Trystan était une personne têtue, il garda son sac mais avant la pause déjeuner il enleva sa cape, ses ceintures et tout le tralala ; pour qu’il ne reste plus que sa chemise blanche, son pantalon, ses bottes et son foulard sur la tête. Tout le reste, il le fourra dans son sac avec son arme. La transpiration lui coulait sur la nuque et la récolte était une corvée de plus en plus dure. L’épervier fut content quand tout le monde s’arrêta pour prendre une pause, s’asseyant avec le groupe d’ouvrier, il s’inséra assez facilement à eux. Trystan resta silencieux et écouta les conversations ne ratant pas une seule miette des discutions ni de son repas. Les chinois furent curieux de savoir qui était ce nouvel arrivant étranger :


« Et toi, tu viens d’où ? »
« Je viens de l’autre côté de la muraille, plus loin que le territoire des Huns… »

Le silence s’était installée, tous regardaient le jeune homme, le dévisageant. Trystan avait compris qu’ils le prenaient pour un ennemi. Sans même qu’ils expriment leurs pensées, il leur lança :

« Vous croyez que les Huns m’auraient envoyé espionner dans les rizières ? Non ils m’auraient dit d’aller dans un camp de l’armée ! »
« Pourquoi es-tu venu ici alors ? »
« Les terres de mon peuple se font aussi envahir et détruire par les Huns. Nous avons essayé de leur résister, mais ils revenaient toujours plus forts. J’ai combattu plus d’une fois contre eux… Je ne voulais pas devenir leur esclave, alors je me suis enfuie de mon pays qui allait être à la merci des Huns. Je suis venu chez vous en Chine, car je savais que votre pays résistait contre ces barbares. »

Le silence se fit de nouveau autour de lui, mais les gens n’éprouvait plus de la crainte envers Trystan, plutôt de la compréhension ; eux aussi vivaient un moment difficile à cause des Huns.

« Moi je connais qu’un seul remède contre tous ses malheurs : l’hazia ! »

Les hommes semblèrent d’un seul coup flotter sur un petit nuage, comme si ils étaient en train de penser à un rêve des plus agréables. Puis ils se regardèrent tour à tour et acquièrent de la tête. L’un d’eux sortit une petite bourse dans laquelle se trouvait une poudre blanchâtre :

« Avec ça mon jeune ami, tu quittes le monde rempli de soucis pour voguer un instant dans le bonheur pur. Sans cette poudre, pas mal de personnes auraient craqué et nous auraient quittées pour de bon. Veux-tu tester ? »
« Non ça ira, merci… »

Trystan sourit à l’intérieur de lui-même ; sa mission allait être plus facile qu’il ne l’avait pensé. Mais jamais il ne toucherait jamais à quelconques stupéfiants, drogues et autres, car cela trouble ses sens de chasseurs ! L’épervier vit les autres partir dans une sorte de transe, leurs visages laissèrent une expression de béatitude. Lui resta là, seul à surveiller le groupe et réfléchissant à la suite de son aventure ici.