Je m’arrête… son rire résonne jusque dans les hauteurs du ciel, un frisson parcourt mon échine, remontant dans l’ossature de mon aile, la faisait vaciller un instant. Sinistre, il avait la sonorité d’une torture, comme si ce rire lui ponçait la gorge rouillée. La description de Lulu était clair, c’est une sorcière… supposée ange déchue. Quoique soit cette chose, elle doit mourir. Aujourd’hui le but va au-delà de la suppression de cette abomination… non, il est question de prendre une bonne fois pour toute possession du Château de Maléfique qui se dessine au loin, plus noire encore que le ciel couleur encre, comme une porte ouverte sur le mal. Tout le monde craint le retour de Maléfique et c’est aux Paladins, l’armée religieuse du Sanctum que de s’établir ici… au cœur même des ténèbres. Je vois déjà toutes les possibilités et tout l’impact d’une telle victoire. En contrôlant les deux extrémités du domaine, peut-être parviendra-t-on a lutter contre ces grandes étendues planes qui nous causent tant de problème. Les choses avancent.
Je redescends d’un vol en piqué, atterrissant lourdement sur le sol… puis je regarde froid comme l’acier la dizaine de Paladin présent. A voix haute, je m’exprime durement.
« Bien, vous allez devoir atteindre à pied le Château de Maléfique et passer outre cette malédiction. Lulu m’assure que c’est magique, de même que la magie s’oppose à l’esprit. Restez concentrer et déterminer, faite face à la fatigue surnaturelle qui vous étreindra comme une douce mort. Marchez ou périssez, mais quoique vous fassiez, ne ralentissez personne. »
Je me saisis de son épée-broyeuse.
« Quand à moi, je vais distraire la sorcière… ainsi, même si elle vous repère, elle s’occupera de toute façon de moi. »
Puis je m’envole tandis qu’ils partent sans un mot en direction du Château… une lumière vive attire mon regard, traversant le ciel comme un feu d’artifice. Je hurle à mes hommes en bas de regarder en haut ! Pour mon plus grand effroi, deux boules de feux suivent bien vite… je vole vers la première que je disperse d’un coup de sabre. Les flammes partent dans tous les sens mais par chance, ne s’accrochent pas… mes hommes continuent leurs routes. C’est atroce… je mets le plat de ma lame en protection, encaissait malgré moi de plein fouet une boule de feu beaucoup plus puissante que la précédente ! La dernière que je suppose être dans le même genre se dirige… là où mes hommes sont rendus.
L’explosion est terrible, extrêmement violente mais pas tant que cette raclée… un sort pour me distraire, un autre pour me blesser et un dernier pour les paladins. Je décide de leur faire confiance et fonce après un léger temps d’arrêt jusqu’à l’endroit où j’ai vu partir les brasiers partir.
Après ce qui vient de se passer, son rire ne provoque chez moi plus la moindre émotion…
Je cherche mes hommes du regard, très rapidement… mais entre les flammes et la fumée, je n’en aperçois aucun mort ou vif, mon attention se reporte sur le Château. Les Paladins ne sont pas très mobiles et nous le paierons très cher si on n’encaisse pas plus. L’air se fait de plus en plus sombre à mesure que j’approche… et mon corps se crispe en un instant ! L’impression qu’un serpent constricteur vient de m’enserrer douloureusement, mes os sur le point de craquer. Ca se resserre et oppose une force, comme si c’était vivant… mais ce n’est qu’un sort de lien qui parvient à m’empêcher de respirer. Ma respiration est brusquement coupé, mon corps soudain tiré par une force surnaturelle jusqu’en dessous de moi… dans la cour.
La gravité, complètement paralysée et l’instant d’après pris par une chute libre, le corps aussi désarticulée qu’une marionnette… je relève lentement ma lourde carcasse endolorie, supportant sans défaillir le rictus cruel de l’ange déchue. Mon regard trahit l’attention totale que j’accorde à la sorcière et alors qu’elle m’afflige d’un coup de pied ridicule mais réveillant mes blessures encore fraiches, son visage se déforme de douleur.
Finalement debout, je l’attaque et elle se contente d’esquiver mes coups… démontrant une passivité que rien ne laissait présager. Elle ne s’échappe et m’attends simplement, esquivant au dernier moment, maladroitement… mais esquivant. A chaque coup, à deux doigts de l’avoir sans l’atteindre… sachant qu’un seul coup pourrait suffire, ca m’enrage au plus haut point, alors je me concentre un peu plus sur mes coups. Fatalement, mon lien de douleur se brise et comme si elle pouvait le sentir, un feu mauvais au violet surnaturel prend naissance entre ses doigts crochus de sorcière. Je vois ça… et je me repli, entre elle et le lien de douleur que je cherche à installer, mon esprit s’emmêle. Elle bouge et d’un battement d’aile, je charge dans sa direction, la repoussant plus loin d’un coup d’épaule rapide. L’abomination roule sur le sol, semblant presque rebondir et se tordre comme une poupée chiffon avant de se relever, ses yeux malveillants brillants avec intensité.
Elle pousse un cri de rage, je crois savoir qu’une incantation interrompu est très désagréable. Je la regarde et alors qu’elle incante… je me concentre sur ce corps squelettique qui semble maintenant porter sa propre peau comme un vêtement. Un lien de douleur se forme et j’encaisse la boule de feu de plein fouet ! Ca… me dévore et reste accroché quelques secondes avant de s’envoler, laissant d’affreuses brûlures passés à travers mes vêtements. Quand à la sorcière… elle ressent bien sûre la douleur mais passe facilement outre, témoignant d’un psychisme qui dépasse le miens.
Je m’envole et mon souffle haletant m’alerte en même temps que je sens une étrange sensation s’envoler… le sol est parcouru de veines verdâtres, battant à l’unisson comme un cœur vicieux. Et je ne m’en suis même pas rendu compte, dès que j’utilise le psychisme, j’oublie tout et me focalise uniquement sur ma cible. Ca me joue des tours, je me hisse d’une impulsion pénible de l’aile et retombe lourdement sur la sorcière ! Mon épée s’abaisse mais ne brise que le sol de la cour, provoque une légère secousse qui la tremble un instant… je frappe !
La fatigue perturbe ma notion des distances et je n’ai fait que lui entailler une joue… alors je m’avance encore vers elle, faisant de mon mieux pour l’empêcher d’incanter. J’accélère brusquement, lancé sur ma ligne sans moyen de dévier au risque de perdre mon équilibre. Je reçois un coup de griffe que je me contente de sentir… et une douleur m’attrape. Comme un surin planté dans le foie, ca me bloque sur le coup… du poison. Je la vois qui prend de la distance, et moi, simplement paralysé. Elle se dirige dans les sombres et étroits couloirs du Château, cherchant à s’octroyer un avantage du terrain qu’il sera impossible de pallier après toutes ses épreuves.
Le tintement métallique d’une dizaine d’armures retentit comme une fanfare céleste. Un homme se place devant moi, brandissant une masse dans une main et un grimoire dans l’autre. Sans même regarder il effectue de mystérieux signes et une aura verte m’enveloppe quand sa paume se tourne vers moi. Il ne me soigne pas… mais m’a débarrassé du poisson alors que les neufs autres ont déjà acculés la sorcière dans un coin de court, craignant malgré tout de l’approcher. Elle aussi ne lançait pas le moindre sort, tout aussi craintive.
Or, mes Paladins n’ont pas à être craintifs, rien ne peut plus leur arriver désormais.
« Ayez foi en moi et rien n’arrivera ! Tuez-la ! »
La sorcière s’agite nerveusement dans tout les sens, incantant des sorts en rafales vers les Paladins qui passèrent petit à petit au travers du barrage magique. Elle mourut et je m’assis un instant, ses sorts, je les ai tous encaisser à leurs places… je vais bien, c’est certain. Je me relève, malgré tout dans un sale état. Le Paladin à la masse et au grimoire m’observe avec sévérité, un regard qui ne me plait mais c’est après tout lui le guérisseur. Je ne peux que comprendre son désespoir, lui qui vouait sa vie à soigner se voit forcer de blesser et tuer aux côtés de ceux qui se fichent en apparence de le faire. De ce désespoir il tire une grande force, acceptant sans aucun problème deux philosophies aux antipodes pour rendre le monde meilleure, logiquement ou pas.
Paladin est un double-emploi de clergé et de combattant… tous ici sont initiés aux deux, tous sont lettrés contrairement aux templiers. Mais lui est surement le plus érudit d’entre nous tous, toujours un peu plus en retrait. Ca ne lui plait mais ca m’importe peu… le guérisseur est toujours celui qu’on expose le moins. S’il voulait se battre et risquer sa vie chaque jour, il n’avait qu’à faire comme Vilkas. D’ailleurs…
« Bien il faut que j’aille… »
Et le guérisseur me ramène au sol sans ménagement.
« Vous trainez encore des séquelles de la dernière attaque de ces deux démons… et si vous ne voulez pas être impotent, il va falloir suivre mes consignes. » Me dit-il de sa voix lente et forte, je le sais sage et bon, la situation n’exige plus que je produise des efforts, alors je m’exécute.
« Vilkas ! »
Tout l’inverse de Torin le guérisseur et le moins érudit d’entre nous. Il a la particularité de ne pas savoir lire… ni écrire… et ce qu’on prenait pour de l’illettrisme était en réalité un handicap. Fils de forgeron et devant aider son père comme chaque fils au domaine, ses jeunes yeux ont été meurtris par le feu de la forge. Si cela n’a jamais semblé le déranger pour assurer sa fonction en première ligne, ca l’empêche de lire les écritures, toutes trop petites pour lui. Pourtant, il insista et insista pour intégrer les Paladins, montrant la détermination nécessaire à la fonction. Un prêtre lui enseigna ce qu’il devait savoir par la parole et lui fit la lecture. On apprit que Vilkas était simple et que grâce à ça, il pouvait intégrer les concepts parfois paradoxaux, acceptant sans problème les données changeantes. Lorsqu’on ne le convoque pas comme aujourd’hui, Vilkas est l’homme en charge des archives du Sanctum avec sous sa gestion quelques templiers eux aussi illettrés.
Ses pupilles transparentes parvenaient à lui donner un air vide, accentué par le côté sauvage que donnaient les deux traits sur chacune de ses joues.
« Bien, je dois préparer la prochaine étape… fait le tour du propriétaire avec les hommes. Tout ce qui vit ici doit être évacué ou tué dans l’instant, selon sa nature. »
« Oui, Ser ! »
Et Vilkas partit avec quatre Paladins pour inspecter le Château. Celle qui restait, Hilda, alla ensuite sur mon ordre veiller à ce que nul ne franchisse le grand portail noir. En le fermant, pour commencer, avant d’ensuite inspecter les remparts tandis que je restais là à subir les soins presque douloureux de Torin.
« Bien… Vilkas va retourner aux Archives, Hilda à la Citadelle extérieure et on ne va pas laisser le soigneur dans un Château aussi isolé. Ca et tous les autres qui doivent retourner à leurs fonctions. »
« Qui donc va assurer la sécurité ici ? Henri ? »
« Non, il doit rester à la Citadelle pour assurer la sécurité. Lulu n’est pas faite pour cela et la seule option qui me reste… c’est Fabrizio Valeri. »
« Hum… vous parliez de lui comme s’il n’était pas mûr, non ? »
« Oui mais son dernier rapport de mission m’a… convaincu d’un changement. »
« Vous voulez dire que c’est lui qui va… »
« En effet. »
Jeu 10 Avr 2014 - 20:47Je redescends d’un vol en piqué, atterrissant lourdement sur le sol… puis je regarde froid comme l’acier la dizaine de Paladin présent. A voix haute, je m’exprime durement.
« Bien, vous allez devoir atteindre à pied le Château de Maléfique et passer outre cette malédiction. Lulu m’assure que c’est magique, de même que la magie s’oppose à l’esprit. Restez concentrer et déterminer, faite face à la fatigue surnaturelle qui vous étreindra comme une douce mort. Marchez ou périssez, mais quoique vous fassiez, ne ralentissez personne. »
Je me saisis de son épée-broyeuse.
« Quand à moi, je vais distraire la sorcière… ainsi, même si elle vous repère, elle s’occupera de toute façon de moi. »
Puis je m’envole tandis qu’ils partent sans un mot en direction du Château… une lumière vive attire mon regard, traversant le ciel comme un feu d’artifice. Je hurle à mes hommes en bas de regarder en haut ! Pour mon plus grand effroi, deux boules de feux suivent bien vite… je vole vers la première que je disperse d’un coup de sabre. Les flammes partent dans tous les sens mais par chance, ne s’accrochent pas… mes hommes continuent leurs routes. C’est atroce… je mets le plat de ma lame en protection, encaissait malgré moi de plein fouet une boule de feu beaucoup plus puissante que la précédente ! La dernière que je suppose être dans le même genre se dirige… là où mes hommes sont rendus.
L’explosion est terrible, extrêmement violente mais pas tant que cette raclée… un sort pour me distraire, un autre pour me blesser et un dernier pour les paladins. Je décide de leur faire confiance et fonce après un léger temps d’arrêt jusqu’à l’endroit où j’ai vu partir les brasiers partir.
Après ce qui vient de se passer, son rire ne provoque chez moi plus la moindre émotion…
Je cherche mes hommes du regard, très rapidement… mais entre les flammes et la fumée, je n’en aperçois aucun mort ou vif, mon attention se reporte sur le Château. Les Paladins ne sont pas très mobiles et nous le paierons très cher si on n’encaisse pas plus. L’air se fait de plus en plus sombre à mesure que j’approche… et mon corps se crispe en un instant ! L’impression qu’un serpent constricteur vient de m’enserrer douloureusement, mes os sur le point de craquer. Ca se resserre et oppose une force, comme si c’était vivant… mais ce n’est qu’un sort de lien qui parvient à m’empêcher de respirer. Ma respiration est brusquement coupé, mon corps soudain tiré par une force surnaturelle jusqu’en dessous de moi… dans la cour.
La gravité, complètement paralysée et l’instant d’après pris par une chute libre, le corps aussi désarticulée qu’une marionnette… je relève lentement ma lourde carcasse endolorie, supportant sans défaillir le rictus cruel de l’ange déchue. Mon regard trahit l’attention totale que j’accorde à la sorcière et alors qu’elle m’afflige d’un coup de pied ridicule mais réveillant mes blessures encore fraiches, son visage se déforme de douleur.
Finalement debout, je l’attaque et elle se contente d’esquiver mes coups… démontrant une passivité que rien ne laissait présager. Elle ne s’échappe et m’attends simplement, esquivant au dernier moment, maladroitement… mais esquivant. A chaque coup, à deux doigts de l’avoir sans l’atteindre… sachant qu’un seul coup pourrait suffire, ca m’enrage au plus haut point, alors je me concentre un peu plus sur mes coups. Fatalement, mon lien de douleur se brise et comme si elle pouvait le sentir, un feu mauvais au violet surnaturel prend naissance entre ses doigts crochus de sorcière. Je vois ça… et je me repli, entre elle et le lien de douleur que je cherche à installer, mon esprit s’emmêle. Elle bouge et d’un battement d’aile, je charge dans sa direction, la repoussant plus loin d’un coup d’épaule rapide. L’abomination roule sur le sol, semblant presque rebondir et se tordre comme une poupée chiffon avant de se relever, ses yeux malveillants brillants avec intensité.
Elle pousse un cri de rage, je crois savoir qu’une incantation interrompu est très désagréable. Je la regarde et alors qu’elle incante… je me concentre sur ce corps squelettique qui semble maintenant porter sa propre peau comme un vêtement. Un lien de douleur se forme et j’encaisse la boule de feu de plein fouet ! Ca… me dévore et reste accroché quelques secondes avant de s’envoler, laissant d’affreuses brûlures passés à travers mes vêtements. Quand à la sorcière… elle ressent bien sûre la douleur mais passe facilement outre, témoignant d’un psychisme qui dépasse le miens.
Je m’envole et mon souffle haletant m’alerte en même temps que je sens une étrange sensation s’envoler… le sol est parcouru de veines verdâtres, battant à l’unisson comme un cœur vicieux. Et je ne m’en suis même pas rendu compte, dès que j’utilise le psychisme, j’oublie tout et me focalise uniquement sur ma cible. Ca me joue des tours, je me hisse d’une impulsion pénible de l’aile et retombe lourdement sur la sorcière ! Mon épée s’abaisse mais ne brise que le sol de la cour, provoque une légère secousse qui la tremble un instant… je frappe !
La fatigue perturbe ma notion des distances et je n’ai fait que lui entailler une joue… alors je m’avance encore vers elle, faisant de mon mieux pour l’empêcher d’incanter. J’accélère brusquement, lancé sur ma ligne sans moyen de dévier au risque de perdre mon équilibre. Je reçois un coup de griffe que je me contente de sentir… et une douleur m’attrape. Comme un surin planté dans le foie, ca me bloque sur le coup… du poison. Je la vois qui prend de la distance, et moi, simplement paralysé. Elle se dirige dans les sombres et étroits couloirs du Château, cherchant à s’octroyer un avantage du terrain qu’il sera impossible de pallier après toutes ses épreuves.
Le tintement métallique d’une dizaine d’armures retentit comme une fanfare céleste. Un homme se place devant moi, brandissant une masse dans une main et un grimoire dans l’autre. Sans même regarder il effectue de mystérieux signes et une aura verte m’enveloppe quand sa paume se tourne vers moi. Il ne me soigne pas… mais m’a débarrassé du poisson alors que les neufs autres ont déjà acculés la sorcière dans un coin de court, craignant malgré tout de l’approcher. Elle aussi ne lançait pas le moindre sort, tout aussi craintive.
Or, mes Paladins n’ont pas à être craintifs, rien ne peut plus leur arriver désormais.
« Ayez foi en moi et rien n’arrivera ! Tuez-la ! »
La sorcière s’agite nerveusement dans tout les sens, incantant des sorts en rafales vers les Paladins qui passèrent petit à petit au travers du barrage magique. Elle mourut et je m’assis un instant, ses sorts, je les ai tous encaisser à leurs places… je vais bien, c’est certain. Je me relève, malgré tout dans un sale état. Le Paladin à la masse et au grimoire m’observe avec sévérité, un regard qui ne me plait mais c’est après tout lui le guérisseur. Je ne peux que comprendre son désespoir, lui qui vouait sa vie à soigner se voit forcer de blesser et tuer aux côtés de ceux qui se fichent en apparence de le faire. De ce désespoir il tire une grande force, acceptant sans aucun problème deux philosophies aux antipodes pour rendre le monde meilleure, logiquement ou pas.
Paladin est un double-emploi de clergé et de combattant… tous ici sont initiés aux deux, tous sont lettrés contrairement aux templiers. Mais lui est surement le plus érudit d’entre nous tous, toujours un peu plus en retrait. Ca ne lui plait mais ca m’importe peu… le guérisseur est toujours celui qu’on expose le moins. S’il voulait se battre et risquer sa vie chaque jour, il n’avait qu’à faire comme Vilkas. D’ailleurs…
« Bien il faut que j’aille… »
Et le guérisseur me ramène au sol sans ménagement.
« Vous trainez encore des séquelles de la dernière attaque de ces deux démons… et si vous ne voulez pas être impotent, il va falloir suivre mes consignes. » Me dit-il de sa voix lente et forte, je le sais sage et bon, la situation n’exige plus que je produise des efforts, alors je m’exécute.
« Vilkas ! »
Tout l’inverse de Torin le guérisseur et le moins érudit d’entre nous. Il a la particularité de ne pas savoir lire… ni écrire… et ce qu’on prenait pour de l’illettrisme était en réalité un handicap. Fils de forgeron et devant aider son père comme chaque fils au domaine, ses jeunes yeux ont été meurtris par le feu de la forge. Si cela n’a jamais semblé le déranger pour assurer sa fonction en première ligne, ca l’empêche de lire les écritures, toutes trop petites pour lui. Pourtant, il insista et insista pour intégrer les Paladins, montrant la détermination nécessaire à la fonction. Un prêtre lui enseigna ce qu’il devait savoir par la parole et lui fit la lecture. On apprit que Vilkas était simple et que grâce à ça, il pouvait intégrer les concepts parfois paradoxaux, acceptant sans problème les données changeantes. Lorsqu’on ne le convoque pas comme aujourd’hui, Vilkas est l’homme en charge des archives du Sanctum avec sous sa gestion quelques templiers eux aussi illettrés.
Ses pupilles transparentes parvenaient à lui donner un air vide, accentué par le côté sauvage que donnaient les deux traits sur chacune de ses joues.
« Bien, je dois préparer la prochaine étape… fait le tour du propriétaire avec les hommes. Tout ce qui vit ici doit être évacué ou tué dans l’instant, selon sa nature. »
« Oui, Ser ! »
Et Vilkas partit avec quatre Paladins pour inspecter le Château. Celle qui restait, Hilda, alla ensuite sur mon ordre veiller à ce que nul ne franchisse le grand portail noir. En le fermant, pour commencer, avant d’ensuite inspecter les remparts tandis que je restais là à subir les soins presque douloureux de Torin.
« Bien… Vilkas va retourner aux Archives, Hilda à la Citadelle extérieure et on ne va pas laisser le soigneur dans un Château aussi isolé. Ca et tous les autres qui doivent retourner à leurs fonctions. »
« Qui donc va assurer la sécurité ici ? Henri ? »
« Non, il doit rester à la Citadelle pour assurer la sécurité. Lulu n’est pas faite pour cela et la seule option qui me reste… c’est Fabrizio Valeri. »
« Hum… vous parliez de lui comme s’il n’était pas mûr, non ? »
« Oui mais son dernier rapport de mission m’a… convaincu d’un changement. »
« Vous voulez dire que c’est lui qui va… »
« En effet. »