Jour Après Jour [Libre] Szp8Jour Après Jour [Libre] 4kdkJour Après Jour [Libre] 4kdk
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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Jour Après Jour [Libre]

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Quatre murs et un lit. Quatre grands murs plus gris que blancs, un grand lit aux draps rouges, un bureau blanc, une porte fermée à clef et une grande fenêtre scellée. Une cheminée, trop grande elle aussi. Voilà à quoi se résumait le monde de Sora. On l'avait parqué là en attendant d'autres ordres.

Le premier jour, il eut la visite de l'infirmière, celle-là même qui l'avait ausculté après l'incident.
"Vous vous sentez comment ?" lui demanda-t-elle. "Seul", rétorqua-t-il sans sourire. "Mais je vais bien. J'ai mal nulle part. Ma jambe est comme neuve." Elle approuva simplement de la tête, faisant chavirer un peu ses deux couettes blondes. Le programme de reconstruction temporelle de Nikoleis avait fonctionné à merveille : il ne restait que le souvenir de la douleur. "Et mes yeux ?" "On a pas encore trouvé d'explication médicale." La petite moue de ses lèvres en disait long sur leurs probabilités de réussite.

Yen Sid aurait sûrement pu expliquer ce cercle noir qui bordait maintenant ses pupilles... il aurait pu expliquer bien des choses : sa disparition, sa réapparition soudaine, ces souvenirs étranges qui revenaient, cette deuxième voix dans sa tête. Mais Yen Sid était mort.

Seul, on avait le temps de se poser beaucoup de questions. Sora n'aimait pas être seul. Pour s'occuper l'esprit, il fit les cent pas dans la pièce, compta le nombre d'ornements sur les murs, défit le lit, refit le lit, rampa sous le lit à la recherche d'un trésor caché, tenta d'allumer un feu dans la cheminée avec un sort de Brasier (aucun effet), essaya d'ouvrir la porte, la fenêtre. Il eut même l'idée, pour s'amuser et passer le temps, de maintenir l'oreiller rouge dans les airs le plus longtemps possible au moyen de ses poings et pieds.

Debout sur le lit, pieds bien ancrés, il se concentra pour invoquer Chaîne Royale... toujours du vide et de l'air. Il appela le Génie, Simba, Mushu, Stitch, Clochette et tous les autres, mais ils devaient être en vacances. La nuit venue, il passa un peu de temps à regarder les étoiles qui brillaient de l'autre côté de la fenêtre. Tant de mondes encore inconnus, inexplorés, tant de monde encore à sauver. Puis il se coucha, seul. Le sommeil s'empara rapidement de lui, comme toujours.

La première nuit, il ne rêva pas.

Le deuxième jour, il eut la visite d'un garde portant un plateau repas.
"Vous savez combien de temps je vais rester ici ?" "Non, désolé. Tout dépend de Dame Cissnei." répondit poliment le soldat casqué à la pilosité marquante. Il referma sans cérémonie la porte derrière lui et Sora se jeta sur les croque-monsieur tant son ventre criait famine. Puis, rassasié, il se remit à ses exercices.

"Brasier !" Toujours rien dans la cheminée.
"Génie !" Personne.
"268... peut mieux faire." L'oreiller rouge commençait à montrer des signes d'usure. Il le remit à sa place et lui donna des petites tapes pour qu'il reprenne sa forme originelle.

Combien de temps encore ? Pourquoi le retenait-on ainsi à l'écart ? Qu'est-ce qui retardait autant Cissnei ? Pourquoi Nikoleis avait-il dit
"il faudra que l'on se sépare ?" Malgré toutes ses tentatives pour les repousser, les questions revenaient à la charge. Le Roi Mickey aurait pu répondre à certaines d'entre elles, lui qui figurait parmi ses tous derniers souvenirs d'avant sa réapparition. Il le revoyait comme s'il était là devant lui. Il était si triste...

La nuit était tombée. Est-ce que Kairi allait bien ? Dans les poches de son pantacourt, il n'y avait aucun mot, aucun porte-bonheur, aucun bout de paopu. Par delà la fenêtre, l'étoile des Iles du Destin devait encore briller, mais elle n'éclairait plus la plage, ni la cabane, ni les radeaux... Etait-il vraiment dans le bon univers si son monde avait disparu ? La question tourna et tourna dans sa tête jusqu'à ce que le sommeille la réduise au silence.

La deuxième nuit, il ne rêva pas.

Le troisième jour, il eut la visite du garde bien barbu. Il claudiquait un peu.
"Nikoleis peut remettre votre jambe en état, vous savez." "Non. J'ai pas confiance en ces bidules temporels. Et mes erreurs, je les garde. Attention, c'est chaud." Sora souleva le couvercle du plateau tandis que l'homme refermait la porte à clef derrière lui. C'était un grand plat de pâtes avec des boulettes de viande. La fourchette et la cuillère étaient en plastique. Sora se remplit la panse en aspirant bruyamment les pâtes. Lorsqu'il eut fini, il repoussa le plateau repas et commença sa séance quotidienne d'exercices.

"Glacier !" Non, décidément...
"Stitch !" Aucune trace de l'expérience 626.
"264... 265... 266..."
"Haaaaaaaa-couac !"
"Hein ?" L'oreiller retomba au sol. Son agresseur tourna la tête vers le foyer de la cheminée d'où sortait en se dandinant une forme toute noire. Un Sans-Coeur ! Sora se mit en garde, serrant les poings.
"Sooraa ?" Cette voix, cette manière si singulière de prononcer les r, cette façon étrange de marcher, ces pieds palmés, c'était... "Donald !!"

Une vague de chaleur envahit soudain son corps, semblable à celle qui l'avait submergé lorsqu'il avait aspiré la poussière de la Pierre. C'était bien le Canard le plus facétieux, maladroit et génial de tous les mondes réunis. Il le rejoignit en trois enjambées et le prit entre ses bras pour lui faire faire deux tours complets.

"Hin-hin-hin" rit le canard en salissant les vêtements et les bras du jeune homme. Sora n'en avait absolument rien à faire. Un bref échange de regards suffit pour combler toutes les années d'absence. Puis un autre "Haaaaaa" et un bruit de chute plus lourd leur fit ployer le cou. "Dingo !" "Gwarsh... C'était la bonne, cette fois !" "Ha-ha !" Sora reposa Donald et courut enlacer le chien anthropomorphe, finissant de se salir par la même occasion. "Combien de cheminées vous avez ramoné en me cherchant ?"

"Voyons voir... hmmm" commença Dingo en comptant sur ses doigts. Donald croisa les bras et tapa au sol de sa palme gauche, laissant une grande marque de suie sur le sol lustré. "Peu importe ! On t'a retrouvé ! Enfin... si tu es bien Sora." "Comment ça ? Bien sûr que c'est moi ! J'ai changé tant que ça ?" Donald se rapprocha, brandissant son bâton de mage, l'air inquisiteur et méfiant. "Souris, pour voir !"

Sora lâcha Dingo, mit ses deux mains sur ses hanches et afficha ses deux rangées de dents blanches. "Alors ?" Le canard et le chien échangèrent un regard entendu et hochèrent la tête ensemble. "Mais Sora, tu étais passé où ? Le Roi n'a jamais voulu nous le dire !" "Et c'est vrai, ce qu'on raconte ? Ton sans-coeur a attaqué Nikoleis ?" En aparté, Donald ajouta : "Il l'avait sûrement mérité..."

Le sourire de Sora disparut et ses mains retombèrent. Il avait espéré que Donald et Dingo aient des réponses, mais comme lui, ils n'avaient que des questions. "Je ne sais pas où j'étais. Je sais juste que c'était nécessaire, et que je suis revenu trop tôt ici. Je crois que je me faisais soigner, mais ce n'était pas terminé. Ca explique peut-être pourquoi je n'ai plus de keyblade, ni de magie, ni... rien, en fait. Juste mon sans coeur. Et oui, j'ai attaqué Nikoleis, mais j'ai réussi à reprendre le contrôle et il n'est pas blessé !"

Donald et Dingo s'échangèrent un nouveau regard, plus perplexe cette fois. "Au moins, tu es revenu. Beaucoup de gens s'inquiétaient pour toi." "Et tu vas aller mieux. Ta keyblade n'est pas perdue, elle est liée à ton coeur. Tu as toujours un coeur, n'est-ce-pas ?" "Oui..." Sora porta la main à sa poitrine. "Oui. Il est bien là." C'était étrangement réconfortant de sentir ces battements réguliers.

"Bien ! Alors on y va ! Le roi nous a confié une mission trèèèès importante !" "Je peux venir avec vous ?", s'enquit Sora, plein d'espoir. Il ne voulait pas rester un jour de plus dans cette chambre sans vie ! Donald détourna la tête. Dingo sembla hésiter et choisir ses mots avec prudence : "Dame Cissnei veut te voir d'abord. Elle veut..." "S'assurer que je ne suis pas dangereux ?"

Un long silence s'installa. Il n'y avait pas besoin de réponse, de toute manière.

"Euhhhh Donald... On a pas eu l'autorisation de venir voir Sora, pas vrai ?"
"C'est vrai."
"Eeet... on est quand même venus. Par la cheminée."
"Oui Dingo ! Et ?"
"Et.. comment on repart sans alerter les gardes ?"
"Ah... ... ... J'y avais pas pensé."

"On dirait que vous êtes bloqués avec moi !" clama Sora en passant les bras derrière sa tête. A ce moment précis, des bruits de commotion et une clameur leur parvinrent aux oreilles. Ça venait de l'autre côté de la porte. "Des sans-coeur ?" "Sans doute. Ils attaquent tous les jours, depuis que la Pierre Angulaire a été détruite. Dingo, on peut en profiter pour se faufiler dehors ! Ouvre la porte !"

Sans attendre, Dingo courut insérer une petite clef tirée de sa poche dans la serrure. Un cliquetis se fit entendre, les gonds grincèrent un peu et le chien passa sa tête par l’entrebâillement avant de lever le pouce pour ses compagnons. Donald se dandina jusqu'à lui, tira la porte et ils sortirent. Dingo commença à fermer derrière eux, mais il se retint et leurs deux têtes noires se retournèrent vers Sora qui, lui, n'avait pas bougé.

"Sora, tu as sauvé beaucoup de mondes..."
"... et ils s'en souviennent encore."
"Dame Cissnei le sait aussi. Elle prendra la bonne décision."
"Et on se reverra après !"

"Mais je peux vous aider là, maintenant !" clama Sora devant une porte qui se refermait déjà. "Hmmph !". Dents et poings serrées, il alla se jeter sur le lit. Il en voulait un peu à Donald et Dingo. A l'époque, ils n'avaient pas hésité, tous les trois ensemble, à désobéir à de mauvais ordres, même ceux du Roi. Encore une preuve que les choses avaient bel et bien changé...

La troisième nuit, il ne rêva pas.

Le quatrième jour, il eut la visite de...
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Le quatrième jour, il eut la visite du même garde à la barbe pendante. Celui-ci se figea, les yeux rivés sur les dalles, puis reprit sa marche comme si de rien n'était. Il déposa le plateau-repas et s'en fut sans un mot. Sora le regarda faire avec une certaine appréhension... si le soldat faisait un rapport sur les empreintes palmées et noires qui ornaient le sol, Donald était cuit et Dingo avec lui. Faute d'équipement, il avait bien essayé d'appeler Dumbo pour laver tout ça, mais l'éléphant faisait la sourde oreille... un comble !

La porte se rouvrit avant qu'il n'ait eu le temps de trop s'inquiéter. L'homme pileux jeta un balai jaune au centre de la chambre. Sora tourna la tête vers lui avec un sourire entendu :
"Merci !" "Je ne le fais pas pour toi. Si Ravness apprend que tu as eu des visiteurs non autorisés, j'ai pas fini d'en entendre parler." "Merci quand même", insista Sora sans rabaisser les lèvres. Le garde soupira et referma la porte à clef, les laissant seuls, lui et le balai.

"Bien... Balai, debout !"

Le manche et les poils ne se redressèrent pas, à la grande irritation du garçon. Est-ce qu'une chose pouvait se passer bien ? C'était le moment, là ! Il flanqua un grand coup de pied dans l'ustensile qui décrivit un début d'arc de cercle dans les airs avant de se redresser bien droit. "Ah ! Tu dormais ou quoi ? Tu peux nettoyer ça ?" demanda-t-il en pointant du doigt les traces de suie au sol. Le manche du balai pencha légèrement sur la gauche et ses petites mains jaunes se posèrent sur ses... enfin sur ce qui aurait pu être ses hanches.

Sora soupira.
"Alleez !" Le manche pencha rapidement en avant et en arrière, signe qu'il était apparemment prêt à obtempérer. Puis il lui sauta dessus "Argl, non, non NON !" et se mit à épousseter son visage... ou plutôt l'étouffer. Sora se battit avec le manche jusqu'à ce qu'il puisse l'empoigner et l'envoyer valdinguer au loin. Pas couard, l'ustensile se remit sur ses poils et se prépara à charger de nouveau...

"Ça suffit ! Brasier !" C'était un réflexe du passé, ça n'allait sûrement pas remarcher comme ça, tout à c...

Une boule de feu surgit devant le ventre de Sora et fondit sur la cible. Le bois se mit à cramer tout doucement et le balai à courir en cercle, l'air définitivement mal à l'aise.


"Ca marche ???" s'étonna Sora. "Oups. Glacier ! Glacier !"

Le pauvre balai courait trop vite, pas facile de viser - surtout après deux ans sans exercice - mais par un coup de chance, la troisième volée de glace intercepta le fuyard et figea manche et poils brunis dans un cocon bleu-gris. Lorsque le cocon se dispersa, le balai chuta et ça fit "poc". Un peu embarrassé, Sora s'avança vers le grand brûlé et se pencha en avant. Les premières syllabes du mot "déso.." eurent à peine le temps de franchir ses lèvres que, comme par magie, les traces de feu disparurent. Mais le balai, lui, ne se releva pas.

Sora mit ça sur le compte de l'épuisement de ses réserves magiques et s'empara du manche. Il était bon pour nettoyer les traces de suie avec sa propre huile de coude. Lorsque le sol eut retrouvé un aspect présentable, il déposa le balai près de la porte et se mit à ses exercices, avec un score très honorable de 325 rebonds d'oreiller mais aucun tintinnabulement de Clochette à ses oreilles.

La nuit était tombée. Où était passé Riku ? Son meilleur ami n'en avait toujours fait qu'à sa tête, suivant sa propre voie, toujours sur le fil du rasoir entre ténèbres et lumière. Il eut un sourire en pensant à ce que Xemnas leur avait dit, dans la fureur du combat :
"Riku, n'es tu pas jaloux de Sora ?" Xemnas n'avait jamais rien compris à rien. Devant la fenêtre, yeux levés, Sora attrapa la couronne qui ornait son pendentif et la serra très fort dans sa paume.


La quatrième nuit, il rêva. Il était perdu. A gauche, à droite, en haut, en bas, tout était noir. Il flottait dans ce non-univers, en suspension, seul, seul depuis si longtemps qu'il en avait perdu tout espoir. C'était sûrement ça, la mort : seul à chavirer pour l'éternité.

Non. Il n'était pas seul. Il y avait un bruit, comme une voile qui se mettait au vent, mais un bruit récurrent, un bruit d'ailes. Il les entendait s'approcher, et au fur et à mesure que le son revenait, tous ses membres engourdis se réveillaient. Ses pieds trouvèrent un appui, puis son ventre et son menton, et ses bras. Il chevauchait quelque-ch... Il releva le buste. Il était dans le trop grand lit et ses draps étaient moites de sueur. Quelques étoiles brillaient faiblement à travers les nuages, derrière la fenêtre. Il repoussa les draps, enfila ses vêtements et se plaça au centre de la chambre. Un nom résonnait dans sa tête, un nom à la fois inconnu et familier, un nom qu'il devait absolument prononcer.


"Elliott."

Sans savoir pourquoi, son cœur venait de s'emballer. Les secondes s’égrainèrent au seul bruit de ses battements... mais malgré son fol espoir soudain, rien n'apparut. Il baissa alors la tête avec une soudaine et puissante envie de pleurer. "Alors, c'était juste mon imagination ?" Il ferma les yeux, tentant de se souvenir son rêve, mais celui-ci s'évanouissait déjà de sa mémoire. Trainant des pieds, il voulut rejoindre le lit.

Une clameur s'éleva de l'autre côté de la fenêtre en contrebas. Sora se précipita pour voir ce qui se tramait : visiblement, les sans-cœur avaient profité du ciel très nuageux et noir pour une attaque en masse contre le château. Il cogna rageusement du poing contre le carreau :
"Je peux me battre aussi !" Il cogna et recogna, plus par dépit qu'avec force, mais au quatrième coup, son poing n'atteignit pas la vitre.

"Hooooooaaaa !" Il venait d'être pris en tenaille par il ne savait quoi et se trouvait maintenant à 1 mètre, non 2 mètres du sol ! Les Sans-Coeur ! Il y en avait aussi à l'intérieur, et à en juger par ce qui lui arrivait, celui-ci devait être... un Furtif ! Saleté de lézard invisible ! De ses mains, il frappa autour de lui, heurtant la peau sèche de l'animal qui émit un borborygme de douleur. L'étreinte contre son corps se durcit un peu, l'empêchant de bouger bras et jambes. Il fallait se rendre à l'évidence : il était tout à fait impuissant. Rien de nouveau depuis sa réapparition, donc, si ce n'est que là, c'était carrément flagrant.

"A l'aide ! Quelqu'un !" hurla-t-il en espérant que les gardes n'étaient pas en train de roupiller là-dehors, ou qu'ils n'étaient pas déjà aux prises avec d'autres ennemis. Il était maintenant à 3 mètres du sol... ce devait être un Furtif géant. Qu'allait-il faire ? Le gober ? Le fracasser contre le sol ? Le balancer à travers la fenêtre ? Le taillader en lambeaux de chair ? Il y avait forcément une solution pour lui échapper, c'était trop bête de finir comme ça...

La porte s'ouvrit avec une certaine grâce et, dans le filet de lumière en provenance du couloir, une figure si familière fit son apparition. En panique, Sora ne s'autorisa qu'une pleine seconde de surprise avant que l'affolement ne reprenne la main :
"T'en as mis du temps ! C'est un Furtif, tues-le ! Vite !"
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  • Ça devenait une routine de se relever la nuit pour défendre le château. Décidemment, l'absence de la pierre angulaire était une vraie plaie ! De ma chambre, j'avais entendu que ça se remuait dans le couloir. Les gardes se mettaient en position. A les entendre c'était une attaque assez importante. Soufflant, j'ai poussé mes couettes, me suis levé, me suis habillé et suis sorti.

    C'était vraiment l'anarchie. Les sans cœurs n'avaient pas poussé jusqu'aux appartements mais ils ne devaient pas être loin. Je descendis une volée de marches prêt a en découdre, quand on me somma (!) d'aller défendre l'appartement au fond du couloir. J'y allais donc, gardant le couloir en cas de debordement.

    Au bout de quelques instants, j'entendis comme un bruit de lutte dans la pièce derrière moi. Quelqu'un devait se débattre et appellait à l'aide. Mais cette voix... j'eus une vague de frissons qui parcoururent mon dos. Oui c'était lui ! J'ouvris la porte, et le vis aux prises avec quelque chose.


    T'en as mis du temps ! C'est un Furtif, tues-le ! Vite !

    Surpris, j'invoquais mes armes pour libérer mon double. Les Furtifs étaient des sans-coeurs qui avaient le don de se rendre invisibles, aussi j'essayais de le discerner à l'aide de ma magie. Je fus étonné de voir qu'il ne s'agissait en fait que d'un... dragon ? Mais qu'est-ce qu'un dragon foutait ici ? Il fallait que je délivre Sora. Un dragon n'était certes, pas un sans cœurs, mais il restait tout de même dangereux. Je courrus vers la bestiole invisble et donnais quelques coups de keyblade pour le faire lâcher prise.

    Ce fut un succès puisque le reptile lâcha Sora qui tomba d'un petit mètre. Je courrus pour le rattraper, mais ne fus pas assez rapide. Je lui tendis donc la main pour l'aider à se relever avant de l'inviter à se reculer.


    D'abord des sans-coeurs, maintenant un dragon, on peut dire que tu tombes au bon moment toi !

    Et les gens s'étonnaient qu'on avait besoin de lui. Pire que la keyblade, il attirait vraiment les situations les plus... loufoques ? Quoi qu'il en soit, nous allions faire équipe pour nous débarrasser de cette menace. Je lui jetais un regard, espérons qu'il n'aie pas oublié comment se battre.
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Les keyblade de Roxas heurtèrent la chair de la créature invisible qui, dans sa souffrance, secoua Sora avant de le lâcher complètement. Sora s'étala ventre au sol dans un petit "oomph" et grinça des dents. Il aurait dû se sentir beaucoup plus soulagé que ça, et la douleur qu'il ressentait était plus bien grande que celle d'une simple chute. Relevant le menton, il avisa le visage de Roxas et empoigna sa main pour se retrouver propulsé sur ses deux pieds.

"Un dragon ?" Il fronça les sourcils et se retourna vers la créature. "C'est pas un drag..." Une rangée de flammes apparut du milieu de la pièce et fila droit vers eux. Sora poussa Roxas sur la droite et esquiva à gauche. Les flammes teintèrent de noir les carreaux de la fenêtre derrière eux. Deux d'entre eux se brisèrent en mille petits bouts de verre. "D'accord, c'est un dragon." Mais d'où venait-il ? Il avait rencontré bien des dragons au cours de ses aventures mais aucun n'avait le pouvoir de se rendre invisible, et ils étaient tous trop grands pour tenir dans cette pièce.

Plus tard les questions : ils étaient en danger. Reflétant les mouvements de Roxas, il se mit en garde de son côté avant de se souvenir qu'il n'avait pas de keyblade.
"Euh... je reste derrière, je préfère la magie." Il n'eut cependant pas le temps de faire quoi que ce soit. Un mouvement de queue lui fit quitter le sol et voler de l'autre côté de la pièce. Ce n'était pas aussi douloureux que ça, constata-t-il en se relevant... comme si la créature ne souhaitait pas vraiment lui faire mal. En tendant l'oreille, il pouvait entendre les borborygmes barytons du dragon. Ce n'était pas vraiment de la colère... les "hooonn" et autres "uuuuh" révélaient plutôt... de la tristesse ?

"Mais qu'est-ce-que... qui es-tu ?" lança Sora en serrant les poings. "Montre-toi !!"

Des étincelles bleues se mirent à éclater à la place supposée de la créature, révélant d'abord la forme de son corps, typique à celle d'un dragon. Puis le bleu s'estompa, révélant plusieurs teintes de vert, du rose, une longue queue, des écailles, des grands yeux, un museau proéminent, des oreilles semblables à celle d'un chien, une touffe de cheveux un peu ridicule et des ailes bien trop petites par rapport au ventre.

Sora resta bouche bée devant l'apparition. Il avait l'étrange impression d'avoir déjà vu cette créature quelque part, sans se souvenir précisément où et quand. En tout cas, il ne ressemblait ni à un sans-coeur ni à un simili. Il n'avait même pas l'air méchant, juste... perdu. Ses yeux regardaient partout sans se fixer nulle part, comme à la recherche d'une issue. La queue se baladait erratiquement dans la chambre, et lorsqu'elle heurta le lit, il se mit lui aussi à voler à la rencontre d'un mur. Les lourds pieds martelaient le sol, faisant vibrer à coup sûr tout le château ou une bonne partie.


"Roxas, attends !" Ce n'était vraiment pas normal. Bon sang, pourquoi ne se souvenait-il pas de son nom ? C'était sur le bout de sa langue...

Les ailes se mirent à frapper nerveusement l'air, et tout le rêve de Sora lui revint d'un coup. D'ailleurs, ce n'était pas un rêve. C'était vraiment arrivé. Il s'était retrouvé seul, perdu dans un monde de ténèbres éternelles, et c'était ces ailes là qui l'avaient retrouvé. C'était ces ailes qui l'avaient porté et ramené à la lumière.
"Elliott !" clama-t-il, les yeux grands ouverts. La tête du dragon arrêta son manège et ses yeux se fixèrent sur la voix qui venait de prononcer son nom. "Owaaa", gémit-il en retour avant d'abaisser son long cou pour amener son museau à un mètre à peine du garçon.

Sora ne bougea pas d'un centimètre. Il n'avait plus peur. Le dragon le renifla avant de chantonner
"O-waaaa !" Les lèvres de Sora se fendirent d'un sourire, petit au début, immense deux secondes plus tard. Il rit et fit deux pas pour enserrer le museau du dragon entre ses deux bras. "Elliott. Pardon." Ses yeux s’embuèrent de larmes joyeuses et tristes à la fois. Comment avait-il pu oublier ? Ils restèrent un instant ainsi, Sora immobile, Elliott aussi, sauf sa queue qui se balançait de joie dans la pièce.

Après un temps, Sora relâcha son étreinte, essuya ses yeux et se tourna vers Roxas qui ne devait absolument rien capter à la situation. Il sourit à son blond de simili :
"Roxas, je te présente Elliott le Dragon. C'est lui qui m'a ramené ici. Il n'est pas méchant, il avait juste peur... comme nous. Viens."

"Walinnnn."
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    C'est... le dragon... qui t'as ramené ici ? Ramené d'où ?

    Je comprenais que dalle sérieux. Sora était revenu ok, mais on ne m'avait pas dit qu'il était revenu en dragon. Enfin c'était quand même incensé... Jamais ces derniers jours j'ai vu mon double arriver comme une fleur au château a dos de dragon.

    Dehors, c'était toujours la guerre. Les sans cœurs déferlaient sur le château en une vague instoppable. On avait déjà repoussé une attaque comme ça, mais merde, on allait encore avoir des pertes.

    Au même moment, cinq sphères noires se dessinèrent au dessus du sol, et des soldats en sortirent. Je me remis en garde et jetai un coup d'oeil a Sora avant de lui faire un signe de tête. Je passais a l'attaque mais malheureusement, au fur et a mesure que nous éliminions des sans cœurs, d'autres faisaient leur apparition, aussi nous nous étions retrouvé face a des Soldats Volants, des Nocturnes Rouges et même une Crypto Ombre !


    Sora, je sais pas toi mais je galère ! Tu peux pas demander a ton pote de faire le ménage un peu ?
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Ramené d'où ? C'était bien la question. Sa mémoire des dernières années était en miettes, mais maintenant qu'il avait vu Elliott, ça lui paraissait bigrement évident : c'était bien le dragon qui l'avait sauvé et ramené. En caressant son museau humide, Sora fouillait dans sa tête à la recherche d'une explication un tantinet sensée. Tout ce qui lui revenait, c'était les bribes d'un rêve passé et le bruit des toutes petites ailes d'Elliott. Peut-être que lui se souvenait ?

Les sans-coeur empêchèrent Sora de lui poser la question. Les cinq soldats n'eurent que le temps d'apparaître et se dandiner crânement avant d'être expédiés par Roxas. Sans cesser de s'appuyer sur la tête du dragon, Sora le regardait faire. Son double avait beau ne pas avoir beaucoup changé physiquement, il était devenu un véritable maître de la keyblade. Chaque mouvement lui semblait millimétré, presque mécanisé, comme s'ils étaient devenus routiniers.

Soldats volants. Nocturnes cracheurs de feu. Les sans-coeur étaient encore les mêmes, deux, trois ans après. Allaient-ils devoir se battre ainsi jusqu'à la fin ? Verraient-ils même la fin des sans-coeur ?

Une crypto-ombre maintenant, et l'interpellation de Roxas qui lui fit soudain prendre conscience que, perdu dans ses pensées, il ne faisait absolument rien pour l'aider. Il tenta bien une énième fois d'invoquer chaîne royale et poussa un énième soupir. Alors il joignit les mains par dessus sa tête, et
"Glacier !" envoya un petit pic de glace sur le nocturne qui s'intéressait à lui d'un peu trop près. Le nocturne encaissa le choc sans cesser son avancée.

"Glacier !" Cette fois-ci, aucun pic n'apparut et Sora gronda. Il n'allait quand même pas le cogner à mains nues. Évitant de justesse une boule de feu, il sauta sur le lit, récupéra l'oreiller rouge et, d'un bond fort bien exécuté, le ficha sur la trogne du nocturne. Assommé, le mage au petit chapeau jaune tomba au sol près d'une patte d'Elliott. Le dragon n'eut qu'a lever un peu le pied pour l'écraser. Tout souriant, Sora leva le pouce à l'intention de son allié ailé. Au même instant, un cercle noir apparut sous lui.

Il vit les yeux d'Elliott s'arrondir et comprit pourquoi lorsqu'il se retrouva propulsé dans les airs. Il tenta de contrôler la direction de sa chute mais n'y parvint pas. C'est le dragon qui se positionna de manière à ce qu'il tombe à cheval sur son cou, pas loin des ailes.

Sora s'agrippa tant bien que mal et avisa sourcils froncés la crypto-ombre qui venait de l'attaquer.
"Saleté. Vas-y Elliott, Feu !" "Hm-hm !" obtempéra le lézard ailé avant de redresser légèrement la tête pour prendre son inspiration. "Roxas, recule-toi !" De son souffle enflammé, Elliott balaya une bonne moitié de la pièce, dont la crypto-ombre et le lit. La crypto-ombre gigota un peu avant de disparaitre.

"Et voilà le trav.. oups." constata Sora en voyant les draps et le montant du lit cramer. Il sauta du cou, se réceptionna au sol et tourna la tête vers Roxas, une main sur la nuque. "T'aurais pas un sort d'eau ?" A cet instant précis, le grand dragon se volatilisa dans un timide 'pouf'. "Elliott ? Elliott, c'est pas grave. Montre-toi, on va arranger ça !" Il avança a l'endroit ou se trouvait un instant plus tôt une des lourdes pattes, et brassa de l'air avec ses bras...

Parti. Ses épaules flanchèrent.
"Elliott..." Trop tard pour lui demander quoi que ce soit. C'était un peu rageant, comme si tout se liguait contre lui pour ne pas qu'il comprenne ce qui était en train de lui arriver... et après plusieurs jours dans cette chambre vide, seul, contenir son impatience devenait tâche impossible. Heureusement, il y avait Roxas.

"Ecoute, t'as surement des questions. Moi aussi. J'en ai plein. D'abord... comment tu vas ?"

Il s'approcha de lui et lui offrit un maigre sourire. "Tu n'es plus à l'Organisation XIII ?" Dans ses souvenirs, lors de leur dernière rencontre, à Agrabah, ils s'étaient battus l'un contre l'autre. Roxas avait rejoint ses anciens amis et démons et l'avait empêché de verrouiller le monde d'Aladdin pour le compte de la Lumière. Il l'avait même vaincu.
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  • A l’organisation ? Ah ouais non, ça fait un bout de temps.

    En effet, ce temps là était révolu.

    Elle est dissoute même, plus rien a craidre d’eux ! La Coalition a repris le flambeau, c’est elle qui nous les brise maintenant. Xemnas a disparu, Marluxia, les autres sont morts. Il en reste bien quelques uns a ma connaissance, mais l’organisation en elle même n’est plus.

    Et je souris. C’était bien qu’elle soit partie. Et dire que j’avais voté pour Marluxia, quel con !

    Enfin ouais, c’est bien ça le problème. Quand y’en a un qui part, y’a toujours un remplacant. Et en ce moment on est un peu… mal ? Histoire de te tenir informé. Et toi sinon ? Aucun souvenir ? T’étais où ? Tu faisais quoi ? Ca fait super longtemps quand même ! T’as des nouvelles des autres ? De Naminé… ? De X…

    Non, il ne devait pas connaître Xion… C’était donc inutile de l’embrouiller avec ça. Nous nous tenions l’un devant l’autre… et je pris le temps de m’asseoir sur le lit, non sans regarder par la fenêtre et de voir les gardes se défaire des sans cœurs. Bientôt l’attaque serait repoussée, tant mieux.

    Je continuais de le regarder, attendant ses réponses avec impatience, je ne savais pas quoi rajouter. Je ne savais pas si je devais y parler de tout mes « exploits »… Autant de pas gacher ces retrouvailles.
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Froncements de sourcils, plissements de nez et autres mouvements musculaires animèrent le visage de Sora tandis que Roxas lui faisait un compte-rendu succinct, trop succinct, de ce qu'il avait loupé. Mais ce n'était pas tant la disparition de l'Organisation qui intéressait Sora.. c'était ce regard vide qu'il croyait percevoir, surplombant le sourire de Roxas. Il y avait des disparus qui laissaient un trou trop large, trop béant pour être comblé. Il avait envie de serrer le poing et, avec son assurance du passé, lui dire "on les retrouvera"... mais il n'en fit rien. Le tableau qu'on lui avait dressé, les petits signes qu'il avait cru déceler ça et là depuis sa réapparition, tarissait sa réserve pourtant inépuisable d'espoir.

Il ne poussa pas la grande porte de sa chambre-prison. L'occasion était belle, mais Roxas était là. Il s'assit à côté de lui, sur ce qu'il restait du lit. Les montants étaient brunis et une partie des draps cramés.
"Donald et Dingo sont encore en vie. Et toi aussi", commença-t-il doctement. C'était les seules bonnes nouvelles qu'il avait réussi à glaner pour l'instant, alors autant se concentrer sur elles. Il l'observa en chien de faïence un instant avant de regarder en direction de la fenêtre. Des moutons blancs se promenaient dans le ciel.

"J'étais... ailleurs. Un autre monde, que je n'avais jamais visité. Peut-être pas vraiment un monde. Je crois qu'il y avait une étoile et je volais autour. C'est Elliott qui m'a sorti de là, je me souviens du bruit de ses ailes. Et c'est le Roi qui m'y a amené." Un instant de silence, ses mains se cramponnèrent aux draps. "C'est la seule solution, Sora. Il m'a dit ça... je l'entends." Son nez se plissa à nouveau, comme s'il interrogeait le ciel au delà des carreaux. "J'ai fait confiance au Roi. Normal." Ses lèvres se fendirent en un sourire serein. "Et je suis vivant."

Une douce chaleur envahit sa nuque, courut le long de sa colonne vertébrale. Ça aurait pu être pire. Il avait même réussi à lancer des pics de glace sur les sans-cœur. Chaîne Royale était toujours aux abonnés absents, mais elle était forcément là, quelque part, et elle allait revenir au bon moment. Quant à l'obscurité au fond de son cœur... il devait être vigilant, oui. Elle profitait de sa faiblesse pour prendre le dessus, mais il ne serait pas Sora sans elle. A défaut de s'en défaire, il pouvait toujours resserrer les chaînes ou en mettre de nouvelles.

Il tapa sur ses cuisses et se releva, puis tendit sa main à Roxas pour l'aider à faire de même.
"Je ne sais pas ce que fait La Lumière, pourquoi tout a l'air tellement plus compliqué, ni pourquoi ils ne sont pas encore venus me voir. Je sais que j'ai beaucoup de choses à rattraper et beaucoup d'amis à retrouver. J'espère que tu m'aideras."

Il n'avait pas lâché la main de Roxas, et le geste prenait un tout autre sens. Par dessus son sourire, son regard était sérieux. "Je t'aiderai aussi." Quelques secondes plus tard, il ajouta le plus naturellement du monde, comme si personne ne lui avait interdit de sortir d'ici : "Par quoi on commence ?"
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  • Il m’avait expliqué, et il m’avait aidé a me relever. Ouais c’était toujours le même. Et heureusement ! « Je t’aiderai », « Par quoi on commence ? »… Il avait vu, comment, je ne sais pas, mais il savait. Je me retournais et fis quelques pas vers la fenêtre, voyant la dernière ombre mourir.

    M’aider, hein ? C’est gentil de ta part, mais, je pense qu’il est… trop tard. Un tout petit peu.

    Je fis un dessin sur la vitre, dans la buée, pensant à ceux qui étaient partis, ceux qui ne reviendraient pas.

    Tes amis, eux ne sont pas perdus. Tu en as de la chance. Les miens, pour la plupart sont…

    Je me retournais, et pris un air plus joyeux. Inutile de déprimer, ça ne les ramenerait pas !

    Par quoi on commence ? … Je peux pas te faire sortir de là. J’aurais une tonne d’ennuis en plus. J’ai pas besoin de ça. dis-je souriant. J’espère que Cissneï ne tardera pas. Il s’est passé tellement de trucs, si je te racontais, je serai presque sûr d’oublier des trucs. Y’a juste a retenir que y’a plus d’Organisation, et que c’est la Coalition Noire maintenant la pire menace. Ah, et qu’on est sûrement en position de faiblesse.

    Yen Sid, la pierre angulaire, les sans cœurs aux château… Il avait bien du le voir, mais j’allais laisser les explications a Cissneï.

    Pour ta keyblade… tu crois, qu’elle va revenir ?
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Toujours assis sur ce qu'il restait du lit, Sora tourna la tête pour suivre le mouvement de Roxas vers la fenêtre. Les yeux plissés, il tâchait de deviner ce que les doigts de son alter ego traçaient sur la vitre. Les pics ressemblaient aux cheveux d'Axel, mais impossible à confirmer sans se rapprocher. Les mots qu'il entendit le confinèrent cependant au lit. Il était arrivé trop tard pour aider Roxas.

Trop tard. Surement, oui. Il avait raté au moins 2 ans. La Lumière avait continué à se battre et sans lui. D'autres héros avaient surgi, d'autres ennemis, et la plupart des mondes avaient continué à tourner, sans lui. Ses amis avaient continué à vivre, sans lui. Peut-être même certains l'avaient-ils oublié ?

Les sentiments étaient contagieux... surtout sur Sora. Mais bien qu'il ressentait la tristesse de Roxas comme la sienne, il éprouvait surtout du remords. Il baissa les yeux. Si il n'avait pas disparu, les choses se seraient peut-être passé autrement ? S'il avait été là, son double n'aurait peut-être pas perdu ses amis... Son double, né il y a si longtemps déjà. Qu'était-il vraiment devenu, 2 ans après, derrière la même façade ? Il avait forcément suivi d'autres chemins, trouvé des réponses à des questions, commis des actes bons ou mauvais ou entre les deux, et tout ça l'avait changé, tout ça le rendait encore plus différent de lui, plus autonome, plus... humain, en quelque sorte.

Sora en était heureux pour lui. Il eut même un sourire en l'entendant parler de ses "tonnes d'ennuis". Mais le sourire était mêlé de mélancolie, car il se doutait de ce que tout ça signifiait.

Jamais plus ils ne seraient un.
Jamais plus il ne serait entier.

A cette idée, ses pupilles se dilatèrent et il serra le morceau de drap qui était resté entre ses mains... Dans le résumé succinct de Roxas,
"... position de faiblesse" furent les seuls mots qu'il put vraiment comprendre, les seuls qui le firent réagir, comme une étincelle pouvait rallumer un feu éteint. Les positions de faiblesse, c'était son rayon ! Combien de fois lui avait-on dit qu'il n'avait aucune chance ? Combien d'épreuves en apparence infranchissables avait-il surmonté ?

Il se releva dos à Roxas pour que celui-ci ne le voit pas passer sa manche sur son visage... et lorsqu'il lui fit face, il affichait de nouveau son éternel air confiant. Sa keyblade ?
"Bien sûr qu'elle reviendra. Hier je ne pouvais pas utiliser de magie, et aujourd'hui je peux." Il mit les mains sur ses hanches, comme pour ajouter à son assurance. "Quand on est très attaché à une chose ou à quelqu'un, on finit par les retrouver. Même si ça parait impossible." L'allusion était évidente et accompagnée d'un simple hochement de tête. "Elle reviendra quand j'aurai vraiment besoin d'elle. Et si je comprends bien ce que tu m'as dit, ça ne devrait pas être très long." Il pencha la tête sur le côté, l'air malicieux. "En attendant, tu peux me prêter une des tiennes, pas vrai ?"

C'était bien entendu une blague. Rire était le meilleur remède contre les mauvaises pensées. Sans Donald et Dingo, il n'y serait probablement pas arrivé.

A l'instant même où il savourait la réaction de Roxas, la gargantuesque double-porte s'ouvrit en tout petit, laissant se faufiler le garde qui lui apportait habituellement à manger. Il avait l'air légèrement paniqué.


"Dame Rav... Roxas ? Qu'est-ce que tu fais là ? Et... le lit...." Il écarquilla les yeux comme s'il venait de croiser Ansem encore ressuscité. "C'est pas de notre faute, on a été attaqués. Et y'avait Elliott." "Elliott ? C'est qui ça enc... rah, peu importe. Roxas, sors de là ! Dame Ravness arrive." Visiblement, ces trois mots  semblaient suffisants au garde pour convaincre le blondinet, même si Sora, lui, ne comprenait pas. Il plissa les yeux et adressa un regard interrogateur à Roxas. "Pas besoin de plus d'ennuis, hein ?"
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    Pas besoin de plus d’ennuis, non… Mais si tu veux rire…

    Je pris une mine plus amicale, m’avançais vers la porte et posais la main au sol, juste derrière la porte. Je mis un peu de mon energie magique pour que lorsque Ravness posera le pied sur cet endroit, ca fasse l’effet d’un seau d’eau.

    Je me retournais vers Sora, et le saluai, tout sourire avant de sortir par la fenêtre. Ah, ça allait encore me retomber dessus. Mais quelle gourde cette garde ! Avant de disparaître dans des buissons, j’entendais déjà la porte du haut s’ouvrir, et Sora de fermer la porte.

    Maintenant qu’il était là… il ne faudrait pas le laisser repartir ! Du moins, il ne faudrait pas qu’il se reperde ! J’étais heureux qu’il soit de retour.

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" Bonjour. "

Avec fracas, des litres d'eau glaciale s'abattirent violemment sur son crane, ployant sa nuque sous le choc, étouffant son salut aussi vite qu'ils s’immiscèrent sous ses vêtements par le pan de sa chemise, ridiculisant la commandante avant même qu'elle ait eu le temps de dire un mot, de voir Sora... Le frisson violent qu'elle ressentit à ce moment n'eut rien de comparable à la colère qui monta en elle tout aussi prestement. En moins de cinq secondes, elle eut le temps de se sentir glacée et humiliée, avant de relever lentement le menton vers Sora...
Elle ne put se redresser totalement, tant ses vêtements trempés et sa peau glacée la gênèrent au moindre de ses gestes. Être immobile, voilà qui la préservait mieux qu'autre chose... car en ayant à peine relevé le visage, ses cheveux trempés venaient donner un coup de grâce glacial à ses joues et à sa nuque. Et tandis que ses tresses - Pouvait-on encore appeler cela des tresses ? - collaient à sa peau... elle entendit la respiration du Caporal s'interrompre de surprise juste derrière elle, comme happé par la peur la plus soudaine...

Lentement elle tourna le visage vers le garde qu'elle fixa avec fureur.


" Allez... immédiatement... me chercher une... serviette. "

Elle se retint d'exploser et de détourner sa rage sur son subalterne, encore incertaine quant à sa décision soudaine de détester Sora... Et lorsque le garde fut parti, elle décida enfin de se redresser, de reprendre la pose la plus digne possible dans sa condition, avec des cheveux à faire peur, sur lesquels sa broche en acier était décrochée, ne tenant que par une attache à sa chevelure, pendant près de son oreille gauche. Sa main gantée se leva tandis que son index pointait déjà le jeune maître de la keyblade qui bien sûr la regardait.

" V... Vous savez qui je suis ?! "

Sa voix tremblait de colère et ses gestes étaient secoués par de violents frissons. Dans ce château, la Dame Ravness était la dernière personne à qui il fallait faire une plaisanterie... Même la plus innocente, non... Jamais on ne plaisante avec Ravness. Et c'était pourtant à cet accueil-là qu'elle avait droit en guise de bienvenue, pour cette rencontre avec une personne qu'elle estimait de par sa réputation. Comme si elle n'avait pas passé une journée suffisamment désagréable, sortant à peine d'un combat contre des vagues féroces de sans-coeurs. Elle, contrairement à ce gamin, n'avait jamais pris la peine de plaisanter en temps de crise. Elle connaissait son devoir !

" Vous préférez peut-être passer votre séjour dans mes cachots ? Estimez-vous heureux d'avoir une telle ch... Seigneur ! "

Sa furie la réchauffait au moins assez pour qu'un instant elle oublie son corps trempé et glacé jusqu'à l'os, pour s'interrompre et reprendre aussitôt !

" Qu'avez-vous fait de cette chambre ?! "

La fenêtre était brisée, le désordre était total et les draps du lit étaient brûlés.
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Qu'est ce que Roxas manigançait près de la porte ? Sora aurait bien voulu lui poser la question, mais le blondinet sautait déjà par la fenêtre. Sora courut jusqu'au rebord, se pencha et le vit se réceptionner sans aucun mal vingt mètres plus bas. Bien sûr, il aurait aimé le suivre, mais a) il n'était pas sûr d'avoir récupéré toutes ses capacités physiques et ne voulait pas risquer de perdre une jambe, et même plus... b) il n'avait pas particulièrement envie de se mettre à dos les autorités de la "Lumière", même si celles-ci avaient vraiment pris leur temps pour venir le voir.

Roxas, devenu minuscule, traversait la cour. Sora le suivit du regard avec un petit sourire, jusqu'à ce qu'un
"Bonjour" le fasse se retourner, juste à temps pour voir des trombes d'eau se déverser sur la nouvelle arrivante. Ah, voilà, c'était ça qu'il manigançait. Pendant quelques secondes, un silence de plomb régna dans la chambre. Sora hésitait entre rire de la blague ou serrer les dents. Au final, il resta juste planté là, entre la fenêtre et le lit, clignant simplement des yeux.

" V... Vous savez qui je suis ?!", gronda-t-elle en le menaçant du doigt.

Elle était.. furieuse. Elle s’appelait Dame Ravness. Elle commandait les gardes. Certains avaient peur d'elle. Elle n'avait pas d'humour, ou alors il était bien dissimulé dans les tréfonds de son armure. Elle était autoritaire, et sans doute très forte au combat. Roxas avait des ennuis avec elle. Et surtout, elle était en retard de quelques jours. Il tourna trop longtemps sa langue dans sa bouche et ne put donc exprimer la moindre observation car, déjà, l'impressionnante (même mouillée) commandante reprenait la parole, le menaçant d'un séjour aux cachots et l'accusant d'avoir dévasté la chambre.

Il n'était pas en tort, pourtant. Enfin, pas tout à fait. Il hésita, pinçant les lèvres comme pour empêcher les mauvais mots de sortir. Bien sûr, rejeter la faute sur Roxas n'allait rien arranger. Pourvu que le garde garde le secret. Il avait eu une bonne idée aussi en essuyant les traces de suie que Donald et Dingo avaient laissées. Mais effacer les preuves du passage d'un dragon, c'était un peu plus dur.


"Des sans-cœurs m'ont attaqué ! Désolé pour les draps et pour la fenêtre... Mais je vais bien !" Le dire était un peu superflu, étant donné le peu d'intérêt que Ravness semblait porter à sa santé en cet instant précis. "J'ai juste eu un peu de mal, sans keyblade et sans magie. Regardez." Il se dirigea vers la cheminée, tendit les bras au dessus de sa tête, joignit les mains et fit : "Feu !" Une boule orangée jaillit alors de son ventre, fila dans l'âtre et s'y installa, donnant tout de suite une atmosphère plus chaleureuse à la pièce.

"Bon, ça marche quand ça veut", commenta Sora en se grattant la nuque. Il se tourna vers elle avec un sourire : "Au moins vous pouvez vous réchauffer..." Pas sûr qu'elle apprécie, mais être gentil, c'était encore ce qui lui venait le plus naturellement. Il mit ses mains en l'air, en signe de paix : "Je ne suis pas votre ennemi, vous savez. Mettez-moi dans vos cachots si vous ne me croyez pas, et vous serez tranquille. De toute manière, ça ne sera pas pire que mes deux ans dans la pie..."

Il s'arrêta net, la compréhension illuminant progressivement son visage. Tous les morceaux du puzzle étaient éparpillés dans ses souvenirs, et au fur et à mesure qu'il les redécouvrait, la tapisserie  prenait forme.

"Oooh, Majesté. Vous et Merlin, vous êtes vraiment malins. Vous m'avez caché là où personne n'aurait penser à aller chercher. Carrément dans la Pierre !" Il posa les mains sur sa poitrine et inspira profondément. Dans sa mémoire, il se voyait vaguement souffler sur les restes de la sphère en ruine. La poussière d'étoile avait eu un drôle de goût. "Mais pourquoi ?" Ses pieds se mirent en branle, lui faisant faire le tour de la pièce à la manière d'un détective. "C'est une bonne cachette c'est sûr. Mais il y a forcément une autre raison... une très bonne raison..." murmura-t-il pour lui-même, oublieux un moment de la situation dans laquelle il se trouvait.

Il s'arrêta face à la fenêtre aux carreaux brisés, observa le ciel bleu aux nuages moutonneux et se retourna vers la commandante. Depuis sa réapparition, il avait toujours eu le sentiment qu'il était revenu trop tôt... et il devait en avoir le cœur net.
"Dame Ravness !" Il leva la main droite en un salut militaire, collant le bout de ses doigts à sa tempe. "Commandante. La Pierre Angulaire, pourquoi a-t-elle été détruite ? Qui.. l'a détruite ? C'est arrivé récemment ?" demanda-t-il en plissant légèrement l'oeil gauche. Pourvu que ce ne soit pas de sa faute à lui.
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Etait-il sérieusement en train de parler tout seul ? Inutile de vous préciser à quel point la garde se sentit ignorée lorsque le maître de la keyblade, légende parmi les héros de la lumière, s'en alla errer dans ses pensées les plus profondes... pensées qu'il aima considérer à voix haute. Ce qu'il disait, de plus, semblait terriblement peu sensé, voir un peu ridicule. Il invoquait le Roi Mickey et le félicitait de l'avoir caché dans un caillou...
Oui, elle avait décidément très bien fait d'enfermer ce garçon dans cette chambre... Il n'avait plus toute sa tête et, parlons-en, ne s'était pas excusé pour sa très mauvaise plaisanterie. Au lieu de cela, il préféra faire les cent pas, le visage pensif que seule une caricature exprimait aussi bien que dans ses traits.

Elle décida de l'ignorer, attendant les serviettes et étant plus que jamais pressée de pouvoir quitter cet endroit, une fois sa bonne action accomplie... Près de la cheminée, elle fixait le feu crépiter doucement... Pour ne rien arranger, les carreaux des fenêtres avaient été brisés et laissaient passer un vent certes tiède mais qui pour elle semblait aussi glacial que l'eau qui coulait encore de ses cheveux pour s'abattre sur sa nuque. Diable... Etait-il aussi destructeur que Roxas lors de ses combats ? Comptait-il détruire des bâtiments en tentant de repousser des sans-coeurs ? Pour le moment, rien de probant... la chambre était un véritable champ de bataille... Le jeune élu de la keyblade avait subi une attaque de sans-coeurs un peu avant son arrivée et à sa façon de le dire, elle crut presque qu'il attendait des remerciements ou des applaudissements.

Sora finit par se rappeler qu'elle existait... pour lui poser une question qu'elle jugea fort peu opportune, tant elle était énervée...


"Commandante. La Pierre Angulaire, pourquoi a-t-elle été détruite ? Qui.. l'a détruite ? C'est arrivé récemment ?"

Ravness haussa un sourcil, lui tournant toujours le dos, voulant absolument éviter de bouger, estimant avoir trouvé une position où elle réceptionnait suffisamment bien la chaleur du foyer.

" Pourquoi ? C'est évident. La Pierre angulaire de la lumière était l'ultime rempart de ce chateau, éloignait les ténèbres, exterminait les sans-coeurs. Auparavant, la Coalition noire aurait beaucoup risqué à combattre au sein même de notre chateau... D'aucuns vous diront que sans elle, la voie est libre pour nos ennemis. C'est bien sûr une erreur... Nos gardes n'ont pas attendu la destruction de cette pierre pour être déterminés à garder les remparts du chateau. "

Bien sûr, elle savait qu'il ne la questionnait guère pour entendre ses idéaux qui lassaient déjà du monde. Elle poursuivit assez vite, d'une voix sérieuse bien qu'ennuyée et nerveuse.

" C'est la Coalition noire, plus précisément celle que l'on dénommait Arachnée, qui a commis cet acte. Cette putain a emporté plusieurs de mes hommes avec elle dans la tombe, lorsqu'elle a détruit la pierre angulaire en échange de sa vie. "

Ce n'était pas tant faire preuve de vulgarité de qualifier en ces termes la sorcière... A vrai dire, sa nudité l'avait tant marquée, sans parler de ses expressions lubriques, qu'elle ne put imaginer cette femme être de bonne vie. Que ne ferait-elle pas pour oublier ces sourires narquois... Au jour de la destruction de la pierre, elle ignorait le nom de la sorcière... Mais il sembla finalement que cette dernière avait une certaine réputation et que sa mort, bien que profitant à la Coalition noire, était une très bonne chose.

" Nous n'avions pas tous nos hommes... et la générale Cissneï ainsi que Maître Aqua étaient absentes. Vous savez, c'est arrivé précisément le jour de la réunion des boss. C'est aussi ce soir-là que le Maître Yen Sid fut assassiné, sans doute par la Coalition noire... vous n'avez pas pu oublier cette soirée-là. "

Finalement arriva à bout de souffle le garde qui lui tendit plusieurs draps... Et même si cela était peu digne, elle se couvrit le crane de l'un d'eux avant de poser un autre des draps sur ses épaules.

" Comptez-vous passer vos vacances ici à poser mille questions ? "
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La destruction de la Pierre n'était donc pas de sa faute. C'était de la faute de cette Arachnée, que Ravness ne portait assurément pas dans son cœur. Sora était soulagé de ne pas être responsable. Il était aussi heureux de pouvoir commencer à comprendre ce qui lui était arrivé. Les actes de cette sorcière étaient à coup sûr la cause de son retour prématuré. Et il aurait pu mettre le doigt au feu que l'inconstance de ses pouvoirs magiques, l'absence de sa clef, l'apparition inopinée de son sans-cœur, même des détails comme la coloration sombre de ses vêtements étaient les conséquences.

Un jour, il avait décidé avec Riku et Kairi de construire un radeau, juste pour voir ce qu'il y avait à l'horizon. Les surprises ne lui faisaient pas peur. Il les acceptait, les cherchait même un peu, puis les surmontait. Il n'avait pas vraiment cherché cette surprise là, mais il la surmonterait comme les autres.

Dame Ravness lui tournait le dos et sa voix était agacée. Rien à voir avec la voix aigüe et engageante du Roi, ni avec celle profonde et sage de Yen Sid. Ces deux-là, il leur aurait presque-obéi en un clin d’œil (il y avait toujours un presque avec Sora). Pour Ravness, ça s'annonçait un peu plus... complexe. Au moins, ils étaient d'accord sur qui était l'ennemi, et elle semblait avoir vraiment à cœur la protection du château.

Coalition Noire. Ces mots étaient déjà parvenus aux oreilles de Sora, par d'autres bouches. Il n'en connaissait sans doute aucun, ne comprenait pas leurs réelles intentions, mais les partisans de cette coalition étaient maintenant bien ancrés dans ses pensées. Avec les princesses de cœur, qui devaient toujours être convoitées par les forces obscures. Avec Kairi et Riku, qu'il devait retrouver. Avec les Iles du Destin, qu'il irait extirper de la Fin des Mondes d'une manière ou d'une autre. Avec Yen Sid, qu'il irait chercher jusque dans le Royaume des Ténèbres s'il le fallait.


"Si j'avais été là pour tout ce que vous racontez, je m'en souviendrais. Mais j'étais dans la Pierre." Pourquoi Ravness agissait comme si elle ne le croyait pas ? Sa nuque le picotait, il la frotta rapidement d'une main. "Demandez à Nikoleis, l'ingénieur. Il m'a vu en sortir." Sa main rencontra la chaîne qu'il portait depuis si longtemps et glissa dessus jusqu'à caresser le pendentif en forme de couronne. "Il a commencé a m'expliquer ce qui s'était passé ces deux dernières années mais... il a pas eu le temps de tout me dire." Et Ravness savait pourquoi, inutile de revenir là-dessus. Le temps qu'elle se couvre de draps la tête et les épaules sans remercier le garde qui les lui avait amenés, Sora s'était positionné pile en face d'elle. Ce nouvel accoutrement la rendait un peu moins impressionnante, mais il n'avait pas non plus envie de rire. Et lorsqu'elle lui demanda s'il comptait passer ses "vacances" à poser des questions, ses yeux s'arrondirent.

"Je prendrai des vacances quand tous les mondes seront sauvés, Commandante. C'est pas pour tout de suite, pas vrai ?" Mains croisées dans le dos, son sourire était un peu triste mais son regard perçant. Dame Ravness aimait l'action ? Si elle le laissait sortir, elle allait en avoir. "Juste une dernière question. Qui sont les dirigeants de la Coalition Noire ? Et où peut-on les trouver ?"

D'accord, ça faisait deux questions. Mais il en avait tellement, et si Cissnei ne voulait plus en entendre, il espérait au moins qu'elle réponde aux deux plus importantes... et surtout, qu'elle comprenne qu'il était partant. Juste partant, comme toujours.
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Il semblait s'attendre à un peu trop de sa part. Elle se moquait bien des raisons de son absence, d'où il était durant ces dernières années. Tout ce qu'elle avait besoin de savoir, c'est s'il était dangereux, ainsi vulnérable face aux ténèbres en lui... et quand il pouvait retourner au combat. Tout le reste appartenait à la curiosité des autres.

" Nikoleïs a quitté la lumière. ", annonça-t-elle froidement, sans s'inquiéter de la surprise de Sora qui voyait déjà l'une des rares connaissances qu'il avait faites à la lumière disparaître.  Elle n'en dit pas plus, ignorant s'il avait décidé d'entrer dans l'errance ou dans un autre groupe... Quoi qu'il en soit, une partie d'elle était heureuse de son départ. Là où il allait, il ne ferait aucun mal à la lumière...

"Je prendrai des vacances quand tous les mondes seront sauvés, Commandante. C'est pas pour tout de suite, pas vrai ?"

La garde était contente d'entendre ces mots. Cinq minutes depuis qu'elle était arrivée dans cette chambre et elle ne parvenait qu'à être énervée par le jeune héros de la lumière... On lui en avait pourtant énormément parlé, et le fait qu'il ait sauvé plusieurs fois les mondes imposait le regard le plus respectueux de la Dame... mais elle avait découvert sa face la plus agaçante... Un blagueur, un naïf, beaucoup trop curieux à son goût...
Et enfin, émergeait enfin un brin de courage qu'elle apprécia au premier coup d'oeil. Sans sourire, elle acquiesça.


" La Coalition noire est dirigée par la Princesse Ariez. "

Voulait-il sauter dans le premier vaisseau pour combattre la Coalition ? Elle l'aurait juré, suite à sa dernière question. Elle doutait qu'il ait assez d'épaules pour affronter la Coalition noire tout seul mais elle ne comptait pas refuser une telle motivation pour l'assaut dans ce chateau gouverné par la pleutrerie.

" Elle habite dans le Chateau de la bête, qu'elle a chassée il y a de cela quelques années. Néanmoins, le QG de la Coalition noire, notre véritable cible, est dans la Cité du Crépuscule, au sein du Manoir. Cela fait quelques temps que je n'y ai plus mis les pieds mais ce monde est extrêmement ténébreux, à présent, et une armée de sans-coeurs s'y terre sans doute, prête à protéger le manoir. Cela dit... "

Elle mit les draps sur le dossier de sa chaise et tendit sa main devant elle, faisant apparaître une épée longue dans son fourreau.

" Vous avez accompli de grandes choses, Sora. Il ne tient qu'à vous de vous battre encore, même sans votre keyblade. A vrai dire, je considère que nous n'avons plus besoin de keyblades dans cette guerre... "

Ravness tendit l'épée à Sora.
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"Nikoleis a quitté la lumière."

Elle l'avait dit avec une absence totale d'émotion, ce qui déconcerta Sora. Comment ne pas être triste ou même agacé à l'idée qu'un combattant de la lumière change de camp ? Même chez Yen Sid, il avait cru parfois percevoir de l'amusement. Si Ravness avait un coeur, il était bien enfoui sous sa façade de glace, et il devait se prendre des seaux d'eau régulièrement. Et Nikoleis ? Pourquoi avait-il fait défection, si peu de temps après leur rencontre ? Il lui poserait la question, la prochaine fois que leurs chemins se croiseraient. Coïncidence ou pas, il voulait le revoir.

Sora opina du chef, engrangeant sagement les nouvelles informations que la commandante lui donnait. Bien entendu, chaque information faisait naître toute une nouvelle série de questions. Qui était vraiment cette Ariez et d'où venait-elle ? Son cœur était-il fait de pures ténèbres ou pouvait-il être sauvé ? Où était la Bête, maintenant qu'Ariez l'avait chassée de son château ? Nul doute qu'il voudrait le récupérer, et qu'il ne pouvait pas le faire seul. Il fallait donc le retrouver.

Mais la priorité, selon Ravness, c'était le QG ennemi. Ça pouvait être sa priorité aussi... il avait l'habitude maintenant de retrouver ses amis au cœur du danger.
"La Cité du Crépuscule, hein ? Hayner, Pence et Olette sont là-bas." Il sembla rêveur un instant, puis tapa du poing gauche contre sa paume droite. "Il faut rentrer en contact avec eux ! Ils connaissent toutes les cachettes et passages secrets, comme ça on pourrait contourner l'armée et s'infiltrer dans le manoir. Mais bon, il faudra bien s'occuper des sans-coeurs de toute façon...", il haussa les épaules, "et c'est pas une armée qui nous arrêtera."

Ca aurait quand même été plus facile avec une keyblade et tous ses pouvoirs. Mais il devait se rendre à l'évidence, il n'était pas au top de sa forme. Pas de clé, peu de magie, un sentiment de faiblesse latent que la part sombre de son cœur ne manquerait pas d'exploiter... Mais quelle alternative ? Rester là les bras croisés ? Non, très peu pour lui. Il s'était battu contre des sans-cœur avec une épée en bois, et il était prêt à recommencer s'il le fallait, avec n'importe quoi, un oreiller, un balai magique, juste ses poings...

Ou une épée.

Ravness l'avait fait apparaître de nulle part, un peu à la manière d'une keyblade. Sora haussa curieusement un sourcil, attendant la confirmation que c'était bien un cadeau. Quand elle lui tendit, quand elle lui dit qu'il pouvait encore se battre, il se sentit plus léger. Il tendit les mains pour accueillir le fourreau et le soupeser, puis saisit la poignée et sortit l'épée de sa cage pour l'admirer. Elle ne pesait pas trop lourd. Quelques mouvements plus tard, il eut un mouvement appréciateur de la tête. Ce n'était pas Chaîne Royale, mais elle ferait l'affaire.

Ravness semblait dire que les Keyblade étaient devenues inutiles. Il n'était pas d'accord.
"Sans keyblade, je n'aurais rien pu faire. Ni quitter mon île, ni verrouiller les mondes, ni sauver Kairi... Ne les écartez pas trop vite, Commandante. Elles ont toujours un rôle à jouer, j'en suis sûr." Sans attendre de réponse, mais avec un grand sourire, il rengaina l'épée et franchit en courant l'immense double-porte qui l'avait trop longtemps séparé de l'extérieur. Se penchant sur la balustrade, il observa d'abord l'herbe encore verte en bas, dans le jardin. Puis il leva les yeux et emplit d'air ses narines. Il faisait encore jour et les étoiles étaient invisibles à l’œil nu.

Pourtant les mondes étaient bien là, dans le ciel. Tant de choses étaient différentes maintenant, mais le ciel, lui, ne changerait jamais.
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Dame Ravness profita de l'absence de Sora pour rapidement s'essuyer les cheveux avec sa serviette et pour enfin s'en délester. Elle regarda le jeune élu de la keyblade admirer le ciel avec insistance, comme s'il avait voulu décoller sur le champ et voler dans l'espace. Elle se leva et dans une grimace constata que ses vêtements étaient encore loins d'être secs. Voilà une chose qu'elle ne pardonnerait pas facilement à cet homme qui cachait sa culpabilité trop bien enfouie sous sa joie apparente.
Le cadeau qu'elle avait été chercher vingt minutes avant de lui offrir semblait lui avoir relativement plu. Il n'oublierait visiblement pas si vite sa keyblade, ce que Ravness ne pouvait que déplorer. Cette arme avait rendu de grands services à de nombreux mondes mais... disons qu'elle appréciait de moins en moins ses élus. Toutefois, il sembla à la garde que Sora avait mal interprété le fait qu'elle lui ait donné une lame, puisqu'aussitôt il se crut libre de tous mouvements.


" Revenez ici. Tant que je n'aurai pas reçu un ordre contraire, mes hommes et moi sommes tenus de vous garder en cellule. "

Et sur ce point elle ne voulait pas discuter, ce qu'elle fit comprendre en se tenant aussi droite que possible et en affichant un regard tout à fait sévère. Avec ses gardes, ça marchait.

" La Générale Cissneï décidera. "

Elle ne s'y opposerait pas. Sans dire qu'elle avait confiance en lui, elle avait été convaincue par sa motivation. Serait-il capable d'accomplire les missions qu'on lui confierait et ne pas partir de sa propre initiative à l'aventure ? Ca elle l'espérait. Elle se fichait pas mal de ce qu'il faisait auparavant... A présent, il y avait des ordres, et il devait y obéir.

" J'aimerais toutefois vous mettre en garde, si vous reprenez du service. "

Ce qu'elle s'apprêtait à dire lui serait sans doute reproché plus tard mais c'était son devoir de le mettre au courant.

" Je ne sais pas comment était Roxas jadis. Mais quand vous le reverrez, vous devrez vous méfier. C'est un traître, croyez-moi. Les autres membres de la lumière ne veulent pas le voir mais les faits parlent d'eux-même."

Ravness voulait connaître sa réaction avant d'en dire plus. Sora était lié à Roxas, elle se doutait qu'il ne la croirait jamais.

" Je suis certaine de ce que j'avance. "
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A cet instant, Sora aurait bien aimé être le Génie ou Peter, à voler entre les mondes aussi simplement qu'on avançait un pion sur un plateau de jeu. Comme eux, il volerait comme il l’entendrait, en faisant fi de ce qu'on pourrait penser de lui. Il ferait des cercles en gueulant "Bonnnnjouuuur l'univers !" Mais était-ce encore possible dans cet univers où les mondes, les amis, les gens de bonne volonté disparaissaient sans même prévenir ?

La tête dans les étoiles, il entendit la commandante lui ordonner de revenir en 'cellule'. Elle avait elle-même prononcé le mot qui confirma ses soupçons : on ne lui faisait pas confiance. Il baissa le menton pour repérer un point de chute en contrebas, un endroit vers où viser pour limiter ses blessures. En d'autres temps, il n'aurait pas hésité une seconde, confiant en sa décision et en ses capacités. Maintenant... c'était plus difficile. Il pourrait se tuer. Il pourrait faire une erreur et se mettre à dos de potentiels nouveaux amis. Ravness ne venait-elle pas de lui confier une arme malgré tout ?

Il se retourna vers elle, posa ses coudes sur la balustrade et pencha la tête sur le côté comme si ça pouvait l'aider à mieux analyser son interlocutrice. Elle se tenait droit comme un soldat-carte du pays des merveilles, ce qui le fit sourire un peu.


"Ah, si la Générale Cissnei doit décider, attendons donc la décision de la Générale Cissnei", fit-il en appuyant ses mots. Mais il ne fit aucun mouvement pour rejoindre sa 'chambre', comptant profiter de sa semi-liberté le plus longtemps possible et gageant que Ravness n'allait pas l'y renvoyer de force. Des gardes passèrent en vitesse sans leur prêter attention. Puis des balais, avec les brins tâchés de sang. En les voyant, Sora sentit sa poitrine se serrer, mais Ravness embrayait déjà sur un autre sujet, et pas des plus simples.

Sans bouger de sa position, il l'écouta dénoncer Roxas avec assurance et certitude. Il eut d'abord pour seule réaction de cligner plusieurs fois des yeux. Il n'était bien entendu pas question de confier à la commandante que Roxas lui avait déjà rendu une petite visite, qu'il l'avait même tiré d'affaire avec les sans-cœurs et que c'était bien lui le responsable du seau d'eau dont Ravness avait fait les frais. Droite dans ses bottes et dotée d'un sens comique proche de zéro, nul doute que la commandante en faisait trop quand elle parlait de 'traitrise'.

Et qui étaient les autres membres de la Lumière ? Elle ? La "Générale" qui l'avait enfermée dans cette cellule ? Donald et Dingo qui avaient mieux à faire que de rester en sa compagnie ? Où étaient les Mickey, les Merlin, les Yen Sid, ceux en qui il pouvait avoir confiance sans même réfléchir ?


"Je suis responsable de son existence... mais je ne suis pas responsable de ce qu'il fait" répondit-il, un tantinet laconique. Bien sûr, il aurait pu lui raconter leur premier affrontement, leur compréhension mutuelle, leur fusion, leur scission, leur deuxième affrontement... et même la tristesse qu'il avait ressenti quand, dans la 'chambre', Roxas lui avait annoncé qu'il était revenu trop tard pour l'aider. Ca, Sora ne voulait pas y croire : il n'était jamais trop tard pour aider un simil-ami dans le besoin.

"Et puis, j'aimerais bien vous y voir, sans vouloir vous vexer. C'est pas facile de ne pas avoir de cœur. Je le sais, j'ai essayé. Vous en avez un vous, pas vrai ?" Il avait haussé un sourcil, comme s'il se posait réellement la question. Ce n'était sans doute pas une si bonne idée de l'irriter encore plus, aussi renchérit-il rapidement : "Pourquoi vous êtes si sûre de vous ? Qu'est-ce qu'il a fait de si grave ? Il a détruit des mondes ? Volé les cœurs d'innocents ?"

Il poussa de ses mains pour se hisser et s'asseoir sur la balustrade. Mine de rien, Ravness avait piqué son intérêt. En savoir plus sur ce qui s'était produit pendant son absence, c'était essentiel pour se faire une bonne idée des forces en présence. Pour déterminer qui il allait aider.
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Un coeur ? Si elle avait un coeur ? Qu'importe, diable... Elle était un soldat. Quand elle était sur le champ de bataille, elle n'avait pas besoin d'un coeur mais de tripes pour l'exhorter à risquer sa vie pour la paix. Sora espérait-il un instant qu'elle pardonnât à Roxas sa traîtrise, qu'elle compatît à sa situation, cela parce qu'il était dénué de coeur ? La jeune garde ne put s'empêcher de serrer le poing à s'en blanchir les jointures, tandis que son regard se fit plus dur. Etait-il à ce point naïf ? Ravness ne put s'empêcher de voir en Sora cette même attitude qu'elle apercevait chez Aqua à chaque fois qu'elle croisait son regard. La clémence, le pardon, la prudence et la gentillesse... ces quatre vertus que la lumière avait tournées à l'excès ces dernières années. Rien ne pouvait excuser la traîtrise. Tolérer la traîtrise était une insulte au combat qu'elle menait avec les gardes, ces combattants sans gloire qui cherchaient à protéger les mondes... qui donnaient leur vie pour la paix. Ce sacrifice, la lumière l'injuriait. Elle se souvint aussitôt de l'attaque des mercenaires sur le chateau, au cours duquel la lumière se montra si faible dans ses convictions qu'à jamais Ravness en fut dégoûtée.

Pardonner le simili parce qu'il n'avait pas de coeur était... hors de question. Il n'était pas seul à avoir des problèmes. L'univers est meurtri par la guerre et ses victimes sont trop nombreuses pour se permettre de plaindre un homme comme Roxas qui, malgré tout, était en vie.


" Vous le savez mieux que personne... Les faits sont là et ils se sont, dit-on, déroulés devant vos yeux. Lorsque Roxas a quitté votre corps pour rejoindre l'Organisation XIII et semé avec elle la destruction dans les différents mondes... Vous étiez là et vous l'avez combattu. J'étais, moi, dans mon monde natal et menais un tout autre combat, cependant j'ai appris comme chacun que votre simili a combattu à Agrabah contre la lumière, telle qu'elle était à l'époque. Alors... l'avez-vous vu comme une rivalité stimulante, un jeu ? Ne vous êtes vous pas rendu compte de la gravité des actes qu'il commit ? N'avez-vous pas compris qu'il trahissait la paix elle-même ? "

Des preuves... Ravness n'en avait jamais eu besoin pour se convaincre de la culpabilité de Roxas. Quelle ne fut pas sa colère lorsque la lumière accepta qu'il revienne parmi eux.

" Savez-vous, maintenant, quand Roxas est revenu ici ? Pensez-vous qu'il a rejoint la lumière parce que l'Organisation XIII l'avait déçu ou trahi ? Absolument pas. Il est venu lorsque l'Organisation XIII fut détruite. La raison de son retour parmi la lumière n'était aucunement une question de conviction. Il était seul... C'est la seule raison. Le boss de la lumière de l'époque l'a accepté comme le fils prodige, oubliant tous ses crimes. "

Elle était là quand c'était arrivé... et elle n'oublierait jamais. Depuis ce jour, elle l'avait détesté et avait donné toute son énergie pour que la lumière se méfie de lui, à défaut de l'exclure du groupe. Mais non... Pardon, clémence, gentillesse et prudence. A nouveau, ces quatre vertus eurent raison des mots de la garde.

" J'étais alors certaine, il y a déjà trois ans, que Roxas nous trahirait un jour ou l'autre, car de l'allégeance, il n'en a aucune. Je croyais comprendre qu'il voulait juste sa place au soleil et qu'il rejoindrait toujours le groupe qui se montrerait le plus puissant... Mais l'année passée, j'ai compris sa vraie nature. Lui et moi nous sommes affrontés et je ne vous le cache pas, mon intention était de le tuer pour la paix. Je... J'étais malheureusement très loin de son niveau. Au début du combat, il ne faisait que parer mes coups, ripostant à quelques reprises, je dois bien l'admettre... mais bien vite, il m'a atteint. Il a posé sa main sur mon visage. "

La jeune garde avait un visage terriblement sérieux, néanmoins elle leva sa main droite et positionna sa main à quelques centimètres de son visage, la paume recouvrant sa bouche et son nez, tandis que ses doigts atteignaient son front et ses joues. Ravness retira sa main et poursuivit.

" Et il a chargé un puissant sort de feu. Certes, vous me direz que je n'ai aucune légitimité de l'accuser d'avoir tenté de me défigurer, quand j'ai moi-même voulu le tuer ce jour-là. En vérité, ce dont je me souviens surtout, c'est qu'au moment de lancer le sort à bout portant, Roxas a souri. Il est... infiniment plus cruel que ce que vous imaginez, Sora. "
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Toujours perché sur la balustrade, Sora balançait ses pieds dans le vide en écoutant les récits de la capitaine des gardes. Le premier récit, il le connaissait bien, il en était le personnage principal : étrange de se le faire raconter par quelqu'un, comme si c'était devenu une histoire parmi tant d'autres. Pour lui, ce n'était pas qu'une histoire : les blessures lui faisaient encore mal et les moments de stupeur, d'exultation, de tristesse résonnaient toujours vivement en lui, comme si tout cela s'était passé la veille. La Pierre Angulaire n'avait pas altéré sa mémoire à long terme, elle l'avait peut-être même renforcée tant ces évènements étaient clairs et vifs dans sa tête.

Ses yeux s'arrondirent et son visage se ferma lorsqu'elle évoqua Agrabah. "Vous pensez que ça m'a fait plaisir d'affronter Roxas ?" Il se souvenait parfaitement de ce qui s'était passé là-bas, de sa cuisante défaite et des conséquences pour le monde d'Aladdin. Et des conséquences chez lui aussi. "Je voulais tellement qu'il nous aide, qu'il comprenne ! Et le voir comme ça..." Il baissa la tête, dents serrées, et expira par le nez. Il aurait pu gagner ce combat, sans doute, mais ce n'était pas arrivé. Il s'en était tellement voulu par la suite que quelque-chose avait grandi en lui, grandi jusqu'à prendre toute la place. Oui, ça lui revenait maintenant : c'était le point de départ, là où il avait commencé à perdre le contrôle.

Il redressa la tête, le regard résolu, les sourcils froncés et la voix plus rocailleuse que d'ordinaire. "Ne me faites pas de leçon sur la gravité des choses. J'ai scellé des mondes. J'ai affronté Ansem. J'aurais pu rester à Traverse, à me terrer comme ses habitants, à faire la morale comme Leon. J'aurais pu rester à l'hôtel, dans la chambre bleue.. ou verte.. ou rouge.. Non, y'avait vraiment trop de sans-cœur là-bas. Mais vous m'avez compris." Ses épaules s'étaient progressivement affaissées et son visage avait retrouvé sa douceur. Il sentait son cœur battre contre sa poitrine comme après un soudain effort. Ravness avait d'autres explications, et il était inutile de trop s'attarder sur ce qui s'était passé à Agrabah. Il écouta patiemment les autres récits, le retour de Roxas à la Lumière, la suspicion immédiate de Ravness et... leur affrontement. Ainsi, elle aussi avait dû se mesurer à lui, et avait perdu. Mais ce n'était pas le plus important ni le plus grave : au moment de la détruire, Roxas avait.. souri ?

Roxas ne souriait pas beaucoup, et ses maigres sourires lui donnaient l'air encore plus triste. Ce sourire qu'elle décrivait semblait bien différent. En le visualisant, Sora en eut la chair de poule. Ce n'était pas le Roxas qu'il connaissait. Ravness disait-elle vrai ? Elle n'avait aucune raison de mentir. Avait-elle raison ?

Une brise se levait, elle fit flotter légèrement ses vêtements et ses cheveux. Lui semblait plongé dans une réflexion intense. Puis il répondit. "Je suis d'accord avec vous. Roxas est seul. Il l'a été dès le début." C'était le prix à payer pour sauver Kairi. S'il avait su tout ça, aurait-il tout de même plongé la keyblade dans son coeur ? Oui. Indéniablement. "Je suis responsable de ça. Je sais qu'il n'a pas toujours pris les bonnes décisions, mais.." Il sauta de la balustrade et fit deux pas en direction de Ravness, l'air plus serein. "Vous oubliez qu'il était là au moment où ça comptait. Quand nous avons combattu Xemnas. Il a tout sacrifié pour me rendre plus fort, et sans lui, on n'aurait sans doute pas réussi."

Ce moment là aussi était vif dans sa mémoire, et il ne pouvait décrire l'extrême sensation qu'il avait ressenti quand Roxas l'avait rejoint, ce sentiment d'être à nouveau un et entier. Un souvenir qu'il ne revivrait sans doute jamais. Roxas était-il encore capable d'un tel sacrifice ?

Il observa à nouveau la capitaine des gardes, les yeux légèrement plissés. Il voulait la convaincre que tout n'était pas aussi simple ! "Personne n'est naturellement cruel ou maléfique, et personne n'est naturellement gentil non plus. C'est ce qui nous est arrivé qui nous change, et je crois, je suis sûr que quoi qu'on ait fait, on peut changer !" Riku lui avait appris ça. Ils avaient même contemplé tous les deux de rester dans le royaume des ténèbres, pour que la lumière subsiste. "Je ne vous connais pas encore très bien, mais je sais que vous pouvez changer." En bien ou en mal, là était la question et Sora était tout à fait conscient du risque qu'il prenait à dire ça. Mais il n'avait pas fait tout ce voyage pour renier ce qu'il avait appris et compris sur le chemin. Et, visiblement, le voyage était loin d'être terminé. Prochaine étape : sa cellule dorée, en piteux état.

Il fit mine d'y retourner mais fit volte-face sur le seuil de la porte, son éternel sourire aux lèvres: "Vous savez où se trouve Kingdom Hearts, n'est-ce pas ?"
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" Je ne vous fais pas de leçon, Maître Sora. Je sais tout ce que vous avez fait pour la cause, et pour cela vous avez toujours été un modèle pour moi. Mais il ne s'agit d'aucun de nous deux, aujourd'hui. "

Sora était tel qu'on lui en avait parlé... Sympathique, optimiste et courageux. Beaucoup le disaient naïfs, ce que Ravness n'avait pas immédiatement vu en lui, jusqu'à ce qu'il tentât d'expliquer la faute de Roxas par son absence de coeur. Et à cet instant encore, sa disposition à pardonner aurait pu le rendre aux yeux de certains plus niais qu'auparavant. Cependant, en l'écoutant, bien que se défendant d'avoir voulu lui donner des leçons de morale, elle n'entendit pas les mots d'une mère niant les erreurs de son enfant... Elle entendit le Christ disant à Pierre de pardonner sept fois septante fois à son frère. Sora n'était pas naïf, seulement profondément bon.

Donc, quoi que fasse Roxas, elle ne pouvait tenter de convaincre Sora, car toujours il pardonnerait. Ca changeait à la fois tout et rien pour Ravness... Car pour elle, ça n'avait jamais été une question de pardon. Cet homme, elle l'avait détesté avant même de le rencontrer. Il n'y avait rien de personnel, donc rien à pardonner. Tout ce qu'elle devait faire, c'était de défendre la paix contre ceux qui la menacent.

Personne n'est naturellement gentil ou mauvais, elle aussi en était convaincue. Il y avait à ses yeux uniquement les hommes dangereux, les civils, et ceux capables de se damner pour sauver le plus grand nombre.


" Méfiez-vous juste, je serai déjà contente. Pensez ce que vous voulez et agissez comme bon vous semble, mais n'oubliez pas ce que je vous ai dit... "

Ce qui était ironique, c'est qu'il semblait se méfier, oui, mais davantage d'elle que de l'ennemi. Elle pouvait le comprendre... Aux yeux de Sora, elle devait être une parfaite inconnue prenant un peu trop d'importance dans le camp qui n'aurait jamais existé sans lui... Ravness pourrait supporter toutes ses insinuations, pourvu qu'il n'interfère pas dans ses affaires.

" J'espère que vous pourrez vite reprendre du service, Maître Sora. "

Elle n'avait plus rien à lui dire. Les choses étaient claires et l'épée remise. Ravness se mit au garde à vous et rompit quelques secondes après. Certes, elle n'avait pas beaucoup d'allure depuis qu'un seau lui était tombé sur la tête mais... Sora pouvait difficilement l'en blâmer.

" On ne risque pas de se voir tous les jours. Mais n'hésitez pas à déranger mes gardes, s'ils ne sont pas en service. "

Elle inclina légèrement la tête une dernière fois avant de tourner les talons et de s'en aller, adressant un regard meurtrier au Caporal en poste ici, prenant directement la direction de ses quartiers.
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Alors ça, c'était nouveau... et comme devant tout ce qui était nouveau, Sora ouvrit grand les yeux. Il avait été ami, ennemi, pire ennemi, "élu", apprenti, dauphin, lionceau, double, sans-coeur, mais modèle ? C'était.. bizarre d'entendre ça, surtout de la bouche de quelqu'un de son âge... ou de plus âgé ? Difficile à dire, Ravness ne devait pas être trop vieille mais ce visage si fermé, ce port si droit, cet air si déterminé... Il cligna des yeux. Il avait bien entendu ? Elle venait de l'appeler Maître ? Il avait vieilli de 20 ans dans cette pierre ou quoi ? Il posa une main sur sa tête, comme pour vérifier que sa tignasse était toujours aussi fournie. Elle l'était. Rassuré, il put se concentrer un peu plus sur ce qu'elle racontait.

Elle lui disait de se méfier... c'était dur. Se méfier, c'était considérer que le pire puisse arriver, ou que quelqu'un allait mal tourner. Il avait l'habitude de penser le contraire, et ça lui avait plutôt bien réussi jusque-là malgré quelques... péripéties. Bon, tout n'était pas exactement comme il l'avait voulu, les mondes encore en danger, les princesses encore en péril, son île disparue, Riku et Kairi de nouveau absents... ... Non, ce n'était pas de sa faute. Il n'avait pas été là. Mais il aurait dû être là, pour empêcher tout ça. Pourquoi s'était-il laissé enfermer dans cette fichue pierre ? Raaah.

Non. Pas question de s'apitoyer. Il était revenu, non ? Il y avait forcément un moyen de régler tout ça. Il suffisait de faire comme il avait toujours fait. Convaincre Donald et Dingo de repartir avec lui, demander un vaisseau gummi à tic et tac et, monde par monde, tout remettre en ordre... son monde aussi. L'île du Destin devait revenir.


" J'espère que vous pourrez vite reprendre du service, Maître Sora. "

" Moi aussi", répondit-il du tac-o-tac, en la regardant droit dans les yeux. Sans s'en rendre compte, il avait adopté la même posture droite que son interlocutrice. Il la vit se retourner, ne rata rien du regard noir qu'elle adressa au garde claudiquant, ni de l'expression livide du dit garde. Lorsqu'elle fut assez loin, Sora eut un regard compatissant pour lui.

" Elle est tout le temps comme ça ? "
" Non. Là, elle était dans un bon jour."
" Vraiment ?"

Sora resta songeur un instant. Elle n'avait pas souri une fois durant toute leur conversation, elle avait ignoré toutes ses tentatives pour détendre un peu l'atmosphère. S'il était libre de ses mouvements, il l'aurait sans doute suivie, mais..

"Je dois te demander de rentrer, "Maître" Sora."

Le jeune homme hésita. D'un côté, il avait une épée, et rudement envie de fausser compagnie à ses geôliers de la Lumière, direction le hangar. D'un autre, il ne voulait pas que le garde soit puni.. et puis, sa conversation avec la capitaine des gardes n'avait fait que confirmer ses doutes : les choses étaient définitivement plus compliquées qu'avant. Il devait au moins attendre cette générale Cissnei avant de se décider.

"D'accord, mais s'il vous plait, appelez-moi Sora. Juste Sora." répondit-il avec une moue gênée... car depuis son retour, il ne maîtrisait rien du tout.

***

La quatrième nuit, sur son matelas à moitié brûlé, il rêva. Mais le rêve était tellement confus qu'il ne se rappela de rien... il n'en tira qu'un fort mal de tête au réveil.

Le cinquième jour, il erra sans but dans sa chambre-cellule. Le cinquième carreau de la troisième colonne en partant de la fenêtre était légèrement déchaussé, mais ça, il le savait déjà. Les questions fusaient dans son crâne, et le besoin de réponses se faisait d'autant plus pressant. Dommage que Jimini ait disparu lui aussi, il l'aurait aidé à organiser ses pensées, définir des objectifs clairs et prioritaires, se souvenir des informations importantes, voir combien de marques trio il restait à trouver... non, inutile. Il fallait être trois pour ça.

Il était étendu à même le sol, à côté du balai inerte auquel il avait lui même fichu le feu, à essayer de faire le vide. La porte s'ouvrit. Prenant appui sur ses coudes, il releva la tête. Un garde entrait au trot, portant des draps propres et repassés. Il semblait plutôt volontaire et un large sourire se dessinait sous sa barbe blonde de trois jours.


"C'est bien vous, n'est-ce pas ?" Et, après avoir jeté un coup d'oeil aux chaussures de Sora, "Oui. C'est sûr. C'est vous, wouah, j'en reviens pas. C'est vous ! Incroyable, vous êtes vraiment là, devant moi ! Vous étiez où pendant tout ce temps ? Le roi Mickey disait que vous étiez en mission secrète. C'était ça, votre mission secrète, infiltrer la Pierre ? Mais pourquoi infiltrer la Pierre ? Elle avait été contaminée par les ténèbres, c'est ça, c'est ça ?" Il avait le regard de l'enquêteur en herbe qui venait de trouver un indice avant tout le monde et qui en était très fier.

Sora s'était remis sur ses deux pieds et observait avec circonspection le jeune homme qui posait les questions et les réponses.
"L'élu de la keyblade, ma parole ! Le sauveur des mondes, le destructeur d'Ansem.. enfin du méchant ansem, pas de l'autre, j'ai pas très bien compris ça d'ailleurs."

" C'était un sans-c..."
" Et cette hydre, dans le Colisée, vous l'avez affrontée tout seul, encore mieux qu'Hercules."
" J'étais pas s..."
" Et Hades, l'asperger avec la trompe de Dumbo. Fallait y penser !"
" C'est pas ce qui..."
" Dites, vous voulez pas me montrer votre Forme Finale ?"
" J'ai plus de k..."
" Désolé, je parle trop vite, on me dit toujours ça ! Mais vous voir en vrai... tout ce qu'on nous a raconté sur vous, tout ce que vous avez fait. On pensait qu'on était foutus, mais vous êtes revenu !"
" Uh..." Sora se gratta réflexivement la tête.
" Oh, tenez ! Ces draps sont pour vous, c'est Dame Daisy qui m'a demandé de vous les amener. Faudrait pas que le héros de la Lumière chope un rhume, hein ? Haha." Il ricana tout seul, refourgua la friperie dans les bras de Sora et lui sourit encore. "Ça va, vous manquez de rien ? Dites-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit."

Sora baissa la tête, à la fois pour rassembler ses idées et détailler les motifs roses et indigo imprimés sur les draps. Après quelques secondes inattendues de silence, il la releva.


" ... Vous pouvez m'amener un carnet ?
" Un carnet ?" bredouilla l'autre, visiblement décu de ne pas avoir à honorer une requête plus.. épique.
" Hm-hm" approuva Sora en déposant les draps sur son matelas. "Et un crayon ?"
" Euh.. tout ce que vous voulez. Wah, qu'est ce qui s'est passé ici ?" Le garde venait tout juste de repérer les montants du lit en lambeaux.
" J'ai crié sur le lit."

Le garde n'émit mot pour la seconde fois. Il le scruta bizarrement avant de secouer la tête : "Vous me faites marcher, pas vrai ?" Sora haussa les épaules, il avait bien de la peine à rester sérieux. "C'est assez simple en fait, comme technique..." Les deux ne bougèrent pas, tout dans la pièce se figea un instant, comme si le garde calculait dans le processeur interne qu'était son cerveau les différentes réactions envisageables. Et comme il n'arriva pas à faire un choix, il se montra à la fois épaté et suspicieux.

"D'a-ccord. Hé bien j.. je vais vous chercher le carnet et le crayon. Désolé de vous avoir dérangé !" Après quelques pas en arrière, il fit volte-face et repartit. Son armure grinçait un peu. Sora le suivit des yeux en se demandant à quel point ses aventures avaient été déformées pendant son absence, et dans quel but. Il soupçonnait fortement une personne d'être derrière tout ça, une personne qu'il devait retrouver d'urgence. Ca n'allait pas être facile : il avait passé un temps fou, plus jeune, à chercher cette souris, et elle ne s'était révélée qu'au tout dernier moment. Mickey avait le don d'apparaître seulement quand on ne s'attendait pas à le voir.

Le soir du cinquième jour, il était attablé au petit bureau qui avait miraculeusement survécu aux assauts des sans-coeur, de Roxas et d'Elliot. Sa main gauche tenait sa tête, l'autre un crayon, avec lequel il griffonnait sur une des feuilles du carnet :


[] Retrouver Riku et Kairi
[] Demander à Mickey ce qui s'est vraiment passé
[] Parler à Roxas et l'aider à réparer ses erreurs
[] Faire sourire Dame Ravness
[] Trouver la bête et l'aider à reprendre son château
[] S'assurer que les princesses de cœur sont en sécurité.
[] Où sont les Iles du Destin ?
[] Qu'est-ce qui m'arrive ?
[] Attendre la générale Cissnei
[] Respecter mes promesses !!!

Dame Ravness - Quand vous reverrez Roxas, vous devrez vous méfier. C'est un traître, croyez-moi. Les autres membres de la lumière ne veulent pas le voir mais les faits parlent d'eux-même
Roxas - M’aider, hein ? C’est gentil de ta part, mais, je pense qu’il est… trop tard. Un tout petit peu.
Nikoleis - C'est quand même dommage, je viens de te rencontrer, et voilà que c'est pour réaliser qu'il faudra que l'on se sépare ...
Sora - Ce cœur est très puissant. Il faut le li


La trop grande porte s'ouvrit brusquement, le faisant sursauter et crayonner maladroitement un bout de la page. Il fourra en toute hâte le carnet dans sa capuche et se leva de sa chaise pour faire face à...
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Elle avait toqué, c'était que chose qu'il ne fallait pas ommettre, la seule différence était qu'elle était directement entrée, sans chercher à attendre quelque chose comme une demande. Les gardes l'avaient laissée passer, mais nul doute que si le Drapeau Blanc leur avait donné l'ordre de ne laisser vraiment entrer personne, ils lui auraient barré l'entrée aussi sec.

Car elle avait réfléchi à son entrée, la rousse. En effet, pendant un moment, elle s'était demandée comment se montrer devant Sora. Il y avait eu pas mal d’événements précédant son arrivée, qui l'avaient mené à l'endroit où il se trouvait maintenant, et donc, où elle se trouvait également, de fait. Personne dans le Château ne connaissait le pourquoi du comment il était revenu là, Héros de la Lumière qu'il était. Ce surnom était bien entendu pas le sien, mais il le devenait, étant répercuté en écho au travers des couloirs du Château Disney.

Ainsi, avant même de l'avoir rencontré, Cissneï se demandait. Pas mal de choses, en fait. Quel genre de personne pouvait-il être, comment avait-il fait tout ce qu'il avait fait. Bien sûr, une réponse passait devant toutes les autres ; seule sûreté parmi les probabilités. La Keyblade, évidemment. C'était cette arme qui lui avait garanti assez de pouvoir pour lui donner la possibilité (et la clef, sans mauvais jeu de mot) de démolir toutes ténèbres qui se collait devant lui. Il ne fallait pas omettre cependant qu'il avait eu la force et le talent de maîtriser son arme. Car des maîtres de la Keyblade, il n'y en avait que peu, mais des manieurs de lame-clef ? Oh parmi les papiers qui traînaient sur le bureau de la générale, il y avait quelques noms de personnes ayant le pouvoir de les manipuler. Nul n'avait cependant le passif de Sora.

C'était un allié de poids, terriblement important. Avant même qu'elle ne l'eut rencontré, Cissneï se demandait quoi faire de lui.

Bien entendu, elle ne pouvait pas l'avoir sous sa coupe, comme elle ne pouvait dominer les pensées ni les actes de personnes. Elle était humaine, elle ne s'appelait pas Shin-Ra. Ce n'était pas par manque de confiance en elle, bien que quelqu'un la regardant de l'extérieur (comme il était uniquement possible de le faire, la jeune femme n'aimant pas réellement se livrer à quelqu'un où à un journal quelconque) on le croirait aisément. Elle savait pertinemment qu'une emprise, aussi forte était-elle, forçant quelqu'un à quelque dessein, pouvait être brisée par la volonté même de la personne utilisée. Et plus encore, la volonté de Sora, qui n'en avait pas entendu parler ?

C'était donc, résolue, ferme, mais avec une hésitation telle une pincée de sel dans la pâte à crêpes, que la générale de la Lumière entra sans y être invitée dans la pièce où demeurait cette légende qu'elle n'avait jamais vue. Entendue parler, tout au plus, elle avait côtoyé Riku, il lui avait parlé de son compagnon, mais... Que de mots diffus il y a tant d'années ? Elle ne voulait pas prendre pour argent comptant des témoignages d'une personne dont elle ne se rappelait plus clairement elle-même.

« Bonsoir, je me suis permis d'entrer. »

Ce n'était pas une excuse, à peine une formalité.

« Nous n'avons pas eu la chance d'être présentés, je m'appelle Cissneï ; selon toutes apparences, je suis en charge de la Lumière. »

Elle lui tendit la main, le dos droit, une ombre de sourire sur ses lèvres néanmoins closes à toute équivoque. Sévère mas juste ? Si elle ne se sentait pas si démunie, elle voudrait faire passer cette impression au premier regard. Face à Sora, face à tout le monde.
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Debout les mains dans le dos, comme s'il était pris à faire une bêtise, Sora jaugea d'un air réservé celle qui venait de se 'permettre' d'entrer... comme s'il pouvait décider qui avait ou n'avait pas le droit de lui rendre visite. Elle était rousse et menue, pas plus grande que lui, habillée sobrement mais avec une certaine élégance. Son visage lui semblait immédiatement amical malgré la sévérité qu'elle affichait sur le moment et, comme chez Dame Ravness, se dégageait d'elle une aura d'autorité. Pas celle tranchante et froide de la capitaine des gardes. Là, il s'agissait d'une autorité bienveillante et chaleureuse.

Quand il apprit son nom, il ne fut qu'à moitié étonné. Il savait depuis le temps que ce n'étaient pas la taille, la corpulence, l'arme ou le nombre de décibels qui faisaient la puissance. Et même s'il n'avait pas imaginé la 'générale' Cissnei comme ça, il préférait ce qu'il voyait à ce qu'il avait envisagé. Qu'elle soit en charge de la lumière le fit sourire... il l'imaginait activer et désactiver le système central de tous les générateurs matin et soir. Elle devait lui tendre la main depuis trois secondes quand il s'en aperçut. Sans hésitation, il s'avança pour la lui serrer.


"Moi c'est Sora. Je suis..." Il s'arrêta un instant, cherchant les bons mots pour exprimer sa situation actuelle, "... selon toutes apparences, votre prisonnier." Même s'il avait un peu d'amertume d'être resté si longtemps en cage, aussi grande soit-elle, il avait juste affiché un petit sourire ironique. Plusieurs jours il avait poireauté là à attendre Cissnei, mais peu importait : elle était là maintenant, et il pouvait déjà faire une croix sur un des objectifs qu'il venait de crayonner dans son carnet.

La poignée de main s'acheva et sa main alla directement masser sa nuque sans qu'il ne quitte la rousse des yeux.
"Vous voulez sûrement savoir comment je suis arrivé là, pourquoi j'ai attaqué Nikoleis, pourquoi je ne peux plus invoquer de keyblade, ce que j'ai fait pendant 2 ans..." fit-il avec un sourire gêné, comptant les questions sur ses doigts tout en omettant qu'il en avait autant, sinon plus, à poser. . "Sa Majesté pourrait mieux répondre que moi. Il m'a... euh... fusionné ? Non.. Il m'a mis dans la Pierre Angulaire de Lumière, il y a peut-être 2 ans, et j'ai du en sortir quand elle a été détruite. Et non, je ne sais pas pourquoi il a fait ça. Ce qui s'est passé juste avant, c'est.. j'ai du mal à me souvenir."

A cette simple évocation, son mal de tête revenait, accompagné d'un murmure incompréhensible.

"Et ce n'est pas moi qui ai attaqué Nikoleis. Pas vraiment. Enfin, si, c'est moi, en quelque sorte. En gros, c'est... compliqué." Il fit une moue désolée pour la générale. Lui-même ne savait pas grand chose sur son anti-forme, ne souhaitait pas s'étaler là-dessus, et il se doutait bien que sa réponse évasive n'allait pas l'aider. "Pour la keyblade, je... ne sais pas trop ce qui s'est passé." Encore une très bonne réponse. Il tapota nerveusement du pied droit. "J'ai... souvent du mal à expliquer toutes les choses qui m'arrivent", ajouta-t-il pour combler le vide avec une évidence. "Mais je vous promets que je chercherai les réponses. Et je ne peux pas le faire d'ici."

Il avait une envie irrépressible de sortir de cette chambre, pour plein de raisons qu'il estimait bonnes. Il avait envie que Cissnei lui fasse confiance sans même lui poser de questions. Mais en même temps, il n'était pas certain que ses objectifs coïncident parfaitement avec ceux de l'"organisation" que la Générale représentait. Peut-être que La "Lumière" ainsi structurée avait d'autres plans pour lui ?

Le soi-disant héros de la soi-disante Lumière inspira à fond et souffla pour évacuer sa nervosité. Il ne voulait plus faire de promesses intenables, donc il ne pouvait pas promettre à Cissnei qu'il lui obéirait comme un gentil petit soldat. Ce n'était pas dans sa nature. Néanmoins, et c'est sans gaieté de cœur qu'il l'affirma,
"On dirait que mon destin immédiat dépend de vous". Pour la première fois de leur entretien, il baissa les yeux, juste un instant. Il les releva parce qu'elle devait pouvoir y lire qu'il ne mentait pas. Qu'il avait toujours de la volonté et de l'espoir. Qu'il était bien Sora.

Une évidence lui sauta soudain aux yeux. Il fronça les sourcils. Vu qu'elle dirigeait la Lumière, elle devait être une amie du roi Mickey, une confidente même. Mickey lui avait donc sûrement tout expliqué. Il croisa les bras :
"Vous ne savez vraiment rien de ce qui m'est arrivé ?"
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