Présentation -- Aion Burnheart, back from ages -- [EN COURS]

Identité

• Nom  : Burnheart


• Prénom : Aion


• Titre  :  Dame en Noir


• Âge :  25 ans


• Camp :  Shin-Ra


• Monde d'Origine : Nécropole des Keyblades


• Race  : Humaine


• Grade désiré : Au choix du staff

Histoire

Le noir.

Aion n'avait jamais imaginé que des ténèbres aussi absolus, aussi parfaits, puissent exister.

Autour d'elle, il n'y avait rien. Un néant total. Elle ne voyait rien, pas la moindre trace de lumière. Elle ne sentait aucune odeur, ne percevait aucun son, ellene ressentait pas même son propre poids ; elle ne voyait pas ses mains lorsqu'elle les levait devant ses yeux, elle n'était pas même certaine d'avoir encore des yeux. Après tout, des yeux servaient à voir, mais il n'y avait même pas ici l'ombre d'un objectif à fixer. Elle ne sentait pas non plus ses doigts bouger lorsqu'elle le leur ordonnait. C'était comme simplement exister, mais sans posséder la moindre incarnation physique. Etre à l'état d'âme.

Ce fut la première fois de sa vie qu'Aion approuva de la peur.


~~~


"Aion ! Ca fait des heures que je te cherche partout !"

La jeune femme aux longs cheveux d'ébène, allongée sur une large branche d'un grand hêtre, fut réveillée par la voix claire, présentement teintée d'une légère touche de frustration et d'inquiétude. Elle eut un sourire discret, amusée, puis elle ouvrit distraitement l'un des deux joyaux de ciel azur lui servant d'yeux et tourna légèrement la tête vers le pieds de l'arbre. Il s'y tenait une jolie demoiselle, atteignant tout juste ses dix-huit ans, à la peau de pêche et aux fins yeux noisette encadrés de longues boucles dorées. Elle portait une robe simple, blanche, fendue sur le côté gauche et coupée en diagonale descendante à partir du genoux gauche. La robe, bien que sobre dans sa taille, laissait les bras et le dos de la jeune femme nus, et en laissait voir suffisamment de ses jolies formes pour enflammer l'imagination sans pour autant faire preuve d'une manque ostensible de pudeur. Ses jambes étaient sanglées dans des bottes de cuir légères, montant jusqu'au milieu des mollets, avec des talons très discrets. Les seules parties métalliques de l'ensembles étaient la boucle fine en forme de feuille de la ceinture de tissu tenant la robe à la taille, et l'épaulière légère finement ouvragée que la demoiselle portait à l'épaule droite, subtilement fixée à la bretelle de tissu de la robe. Un délicat bracelet de petites perles au poignet gauche complétait l'ensemble.

"Bonjour Felcie. Je n'étais pourtant pas spécialement cachée, et je n'ai pas bougé depuis... probablement plusieurs heures. Quelle heure est-il, à propos ?"

La plus jeune des deux sembla se vexer de la réplique d'Aion pendant une seconde, puis rétorqua, d'un air faussement respectueux et théâtralement exagéré :

"Il est dix-sept heures passées, votre éminence, et toute votre classe aurait fortement apprécié d'avoir pu suivre ses cours cet après-midi !"
"Et qu'a fait cette classe, en voyant que son professeur ne venait pas ?" demanda la femme aux cheveux de nuit sans se départir de son calme.
"Et bien, nous avons pique-niqué. Après tout, le temps d'aujourd'hui est superbe."

Le ton exagérément hautain avec lequel Felcie avait répondu arracha un nouveau sourire à Aion, qui se redressa sur sa large branche d'un mouvement sans effort. D'un mouvement de poignet, elle chassa une feuille qui s'était prise dans sa chevelure, et se laissa tomber d'un léger mouvement de balancier vers l'avant. Elle se réceptionna souplement sur l'herbe de la plaine, ses pieds nues n'émettant qu'un subtil son feutré. Elle offrit à sa cadette un regard amusé.

"J'en conviens. D'où la raison de ma sièste en haut de cet arbre. Les rayons du soleil, au travers des feuilles, ont quelque chose de particulièrement reposant, sais-tu ?"

Ce jour-là, Aion était vêtue d'un ample kimoni pour femme, au tissu d'un bleu profond, cousu de motif de branches feuillues en arborescence d'un bleu plus clair. C'était un kimono très beau mais fort simple, tenu par un obi blanc à la taille, et laissant voir les longues jambes nues de la jeune femme lorsqu'elle marcha jusqu'à la demoiselle en blanc.

"L'expression de ton visage me dit que tu t'es inquiétée pour moi, Felcie", reprit Aion, taquinant sa cadette. "Je suis une bien mauvaise enseignante pour que mes élèves en viennent à s'inquiéter pour moi."
"Je n'ai pas dit ça..." commença la jeune dame, quelque peu sur la défensive, surprise qu'Aion se mette elle-même dans la position de l'accusée.
"Et pour me faire pardonner, tu peux me demander ce que tu veux."

Prise doublement à contre-pieds, Felcie se fendit d'un regard soudain suspicieux.

"Ce que je veux ?"
"Ce que tu veux", confirma Aion d'un air sérieux, sans pour autant se départir de son mystérieux sourire en coin. "Qu'il s'agisse d'un cours particulier, d'un accès à la partie de la bibliothèque réservée aux enseignants, d'une botte de combat à la keyblade, d'un sort, d'une robe qui t'aurait tapé dans l'oeil pendant ton shopping d'hier... Ou encore de passer quelques heures avec toi dans ta chambre ou la mienne ? Ce que tu veux."

Elle avait ajouté cette dernière note avec un clin d'oeil, mais les joues de la demoiselle se teintèrent d'un rouge soutenu. Elle se reprit la seconde d'après, et bien que le rouge lui restat aux joues, elle répondit d'un ton qui se voulait offusqué :

"Dans ce cas, je te demande de faire plus attention à ta présence en cours. Nous sommes treize à avoir passé l'après-midi à..."
"A prendre du bon temps", coupa Aion avec un rire à peine dissimulé. "Mais j'ai bien saisi. Autre chose ?"
"Je ne dis pas non à ce que tu m'accordes un peu plus de ton temps..." répondit finalement la jeune fille avec un fard, s'efforçant de regarder ailleurs.

La seconde d'après, comme un fantôme, Aion fut tout près de Felcie, lui prit doucement le visage entre les mains, et déposa sur ses lèvres un baiser fugace. Cela ne dura qu'une seconde ou deux, puis elle s'éloigna de deux pas, se retenant de rire devant la gène et la surprise de la jeune blonde.

"Voici un avant-gout, mais il va falloir mériter le reste, ma chère. Cours de rattrapage, Felcie Northwick. En garde !"

Et d'un geste fluide mais sec, elle fit apparaître dans sa main sa longue et fine keyblade de cristal lumineux, avant de fondre sur Felcie pour un tout autre type de contact.


~~~

Aion fut prise jusqu'aux tréfonds de son être par cette peur. La peur de découvrir une vérité absolue et incontestable à laquelle elle avait été aveugle toute sa vie.
Alors c'était cela, les Ténèbres.

A présent qu'Aion était submergée par ces Ténèbres, elle comprennait enfin. Toute sa vie passée à lutter contre les Ténèbres, et elle comprennait à présent qu'elle n'avait jamais vraiment tout à fait su de quoi il s'agissait.

C'était d'une telle logique, finalement. Simplement l'autre face d'une même pièce.

Ironique, que ce soit sa défaite qui lui permette de comprendre enfin qu'aucune réelle victoire n'était possible pour commencer. Défendre la Lumière, combattre les Ténèbres, ce combat seul n'avait aucune importance, aucune incidence. L'inverse aussi, d'ailleurs.

Au final, les Ténèbres l'avaient éclairé, libéré de l'obscurantisme créé en ne vivant que dans la Lumière. Quelle ironie du sort.

Sa peur s'envola, aussi violente que brève. Le Coeur entre Lumières et Ténèbres, à cheval sur la tranche de la pièce, Aion se sentait à l'heure de la libération.


~~~


Il régnait à l'académie une ambiance des plus tendues. Depuis plusieurs mois, des tensions avait commencé à éclater au sein des différentes communautés des élus de la keyblade. Partout dans le monde, aucun cercle n'i échappait. Un mot, un nom était apparu, et au fil du temps, s'était répendu sur toutes les lèvres.

Kingdom Hearts.

Ca avait commencé comme un simple débat lancé par quelques anonymes, pour le principe de débattre et d'évoluer dans la vision du monde et l'ouverture d'esprit générale. Puis l'idée et les connaissance liées à ce lieu mythique se répendirent comme une traînée de poussière portée par un vent d'hiver. En quelques mois, ce qui n'était qu'un simple débat théorique se transforma en une fervente guerre d'opinions. Les désaccords d'abords polis et civilisés se firent de plus en plus prononcés, voir agressifs, et dans les bas-fonds des coeurs des hommes, ce conflit idéologique masquait l'avidité naissante, la soif de contrôle et de pouvoir, si inhérente à la nature humaine. Car la Lumière et les Ténèbres, principaux actueurs de ce conflit, ne sont pas contrôlable par des notions purement morales comme le Bien et le Mal. Il ne s'agit que de sentiments, et les sentiments ont été, restent et resteront probablement à jamais l'endroit, dans le coeur des hommes, où naissent les catastrophes et les conflits, pourtant toujours dans la plus grande discrétion.

La guerre était prévisible. Tout le monde, Aion et ses élèves y compris, savait qu'elle aurait lieu. La traînée de poussière était devenu un brasier ardent d'une passion qui se nourissait de l'avidité des hommes, et dès lors que même les plus grands sages de l'époque, même les héritiers de millénaires de connaissance et de pouvoir, participaient à nourir ce brasier, plus rien ne pouvait l'arrêter.

"Il ne s'agit pas de savoir si le résultat de cette guerre sera positif ou négatif", disait Aion à ses élèves, quel que soit leur âge, et quel que soit leur niveau. "Il ne s'agit pas non plus de savoir si celui qui prendra le contrôle de Kingdom Hearts, si tant est qu'on puisse contrôler un tel lieu, sera dévoué à la Lumière ou aux Ténèbres. Il s'agit de déterminer le bien-fondé de cette guerre pour commencer. Et une guerre causée par l'avidité, et donc par les Ténèbres des gens, ne peut en avoir aucun. Même la plupart des guerriers de Lumière qui vont participer à ce conflit le feront pour mettre eux-même la main sur Kingdom Hearts - qu'ils aient de bonnes ou de mauvaises raison de le faire ne change rien au fait que Kingdom Hearts est leur objectif."
"Madame Burnheart", demanda un élève, un jeune homme d'une vingtaine d'années aux cheveux bruns mi-long, "nous savons tous que vous êtes une grande combattante, et la principale actrice de la guerre d'il y a six ans. Comptez-vous participer à celle-ci, et pour quelles raisons ?"

Il y eu un instant de flottement. Un silence, qui s'étala sur plusieurs secondes. Aion avait craint cette question, tout en sachant qu'elle était inévitable. Elle prit une inspiration profonde bien que discrète - son regard croisa celui de Felcie, y lisant l'attente sincère d'une réponse -, et se pencha très subtilement en avant.

"Croyez-moi, reprendre mon nom et remettre mon manteau ne m'enchante pas. Mais ma place est sur ce champs de bataille, où tant de gens se fourvoient et perdent de vue la véritable Lumière. J'irai donc, mais pas pour atteindre Kingdom Hearts."
"Pourquoi y allez-vous, alors ?" demanda un autre élève.

Aion tourna vers lui un regard d'une rare intensité.

"Pour empêcher quiconque de l'atteindre, quitte à y perdre toutes mes forces."


~~~


Le dôme de Ténèbres éclata, rendant à Aion l'usage de tous ses sens en même temps. Le choc fut près de lui faire perdre connaissance, mais elle serra les dents et se permit uniquement de poser un genoux à terre. Le son de sa genouillère d'acier frappant le sol lui sembla être une mélodie de mort, que recouvrit aussitôt le hurlement du champs de bataille qui reprit ses droits sur sa perception du monde. Et à sa gauche, à deux ou trois mètres tout au plus, les hurlements d'effroi et de douleur de Felcie, encore en proie au même sort qui l'avait frappé, étaient une torture plus dure encore.

"La Dame en Noir, pliant genoux face aux Ténèbres !" railla Xavier, sa voix rendue plus profonde par le casque de son armure. "Si le monde entier n'était pas trop occupé à réduire l'univers en poudre, je suis sur que beaucoup de gens riraient de toi, Burnheart."
"Epargne-moi tes sarcasmes, Enfant des Ombres. Tu ne faisais pas le fier jusqu'à ce qu'un otage te tombe sous la main."
"C'est vrai. Mais c'est le propre du pragmatisme, pas vrai ? Un peu comme ta réaction, d'ailleurs, très professionnel vraiment. Et comment vois-tu le monde, maintenant que tu as gouté aux Ténèbres, ma chère petite ?"

L'ombre d'un sourire étira le coin des lèvres de la Dame en Noir, trandis qu'elle se redressait d'un coup de hanches. Si seulement il savait à quel point sa question était pertinente.

"Beaucoup plus clairement, à vrai dire", répondit-elle très sincèrement. "J'ai compris beaucoup de chose. Merci à toi."
"C'est le rôle d'un maître que de toujours avoir quelque chose à apprendre à son disciple", rétorqua Xavier avec l'imitation sarcastique d'une humilité feinte.

Sans répondre, Aion laissa simplement son sourire s'étirer, et tendit la main devant elle. Une aura de Ténèbres sembla recouvrir lentement la keyblade de pure Lumière qu'elle tenait toujours, puis explosa littéralement de puissance. Ce fut comme si tout son avait été chassé, comme si toute poussière avait été repoussée, comme si toute impureté n'avait plus lieu d'être. Lumières et Ténèbres tourbillonnaient autour d'Aion et de sa keyblade comme un typhon, dans un hurlement de puissance silencieux qui finalement déchira l'espace, comme si mille corps criaient à la fois.

"Mais qu'est-ce que tu fais ?" s'étrangla Xavier, qui avait planté sa keyblade noire au sol pour s'éviter d'être repoussé malgré son armure intégrale.
"Pourquoi cette question, Maître ? Je croyais que vous saviez, et que vous aviez encore bien à m'apprendre...?"


~~~


La lune semblait gigantesque, cette nuit-là. Aion etait assises dans l'herbe, adossée à un grand hêtre, quelque part au milieu de la vaste plaine qui entourait l'académie, et Felcie était allongée à côté d'elle, la tête reposant sur ses jambes. Elles n'avaient rien dit depuis près d'une heure, Aion appréciant en silence le calme de la nuit et le vent doux qui faisait onduler l'herbe sous la lune, attendant que Felcie trouve enfin le courage de lui dire ce qu'elle avait sur le coeur.

"C'est la première fois que je sens une telle distance entre nous", commença enfin la demoiselle toute de blanc vêtue, comme à son habitude. Aion sentait la tension en elle, malgré qu'elle conserva une voix aussi calme que possible. "C'est la première fois que je prends conscience de la largeur du fossé qui nous sépare."
"Précise ta pensée ?" dit doucement la femme aux cheveux de jai, en carressant délicatement une mèche de cheveux bouclés de la jeune fille.
"Même sans parler du fait que tu es professeur et moi une élève, tu sais presque tout de moi, mais au final, je ne sais pas grand chose de toi. Tout ce qui te concerne et qui précède mon arrivée à l'académie m'est inconnu, je sais juste que tu as mis fin à la guerre qui nous opposait à la contrée voisine, que tu es l'une des plus grande Maîtres de la Keyblade de notre temps, et puis c'est tout. Aucun détail sur ton passé, rien. Je ne crois même pas avoir un jour pu entre-apercevoir la profondeur de ta force, car je ne t'ai jamais vu l'utiliser - moi pas plus que quiconque d'autre dans cette académie, je crois. J'ai le sentiment que nous ne voyons pas du tout le monde à la même échelle, et ça me fait peur : si nous ne voyons pas les mêmes choses, comment savoir si nos sentiments sont les mêmes, si nos pensées se rejoignent ? Comment pourrais-tu me considérer comme ton égale ? Quand tu me dis que tu m'aimes, je ne peux même pas être sure que nous parlons bien de la même chose..."

Sentant le contrôle de Felcie sur sa voix s'amenuiser au fil de son discours, et percevant la montée des larmes de la jeune fille, Aion la coupa d'un doigt sur les lèvres, et changea de position pour entourer le visage de la demoiselle d'un rideau de cheveux noirs. Elle lui offrit un baiser simple mais plein de tendresse, et sa voix se fit plus profonde, plus douce qu'à l'accoutumée.

"Tu as raison de dire que nous ne voyons pas le monde à la même échelle. C'est vrai, mais ce n'est pas un défaut de ta part, ni de l'arrogance de la mienne. Les gens ne sont que la somme de leurs expériences, et nous avons eu des expériences très différentes dans nos vies, toutes les deux. Et crois bien que je ne t'aurai en aucun cas souhaité de vivre certaines de mes expériences. Ceci étant dit, il n'est pas juste pour autant de croire que nous ne pouvons rien partager : même si nous ne voyons pas toujours les mêmes choses, ça ne veut pas dire que nos sentiments sont différents. L'amour, par exemple, est une chose en face de laquelle tous les êtres sont égaux. Les animaux, les hommes et même les dieux l'éprouvent tous de la même manière. Alors sur ce point au moins, tu n'as pas à t'en faire."

La jeune blonde, à ces mots, sembla ravaler ses larmes naissantes, mais ne se débarassa pas d'une moue.

"Ce qui laisse encore des points à éclaircir..."

Aion eut un sourire. Elle se redressa, et plongea son regard dans la lune.

"En vérité, mon histoire n'a pas grand chose d'intéressant. C'est l'histoire on ne peut plus classiques qui caractérise la plupart des génis ou des gens naturellement doués : des suites de succès et de réussites sans réelle anicroche. Je suis devenue une élue de la keyblade à l'âge de six ans, totalement pas surprise. C'est elle qui m'a choisie (elle fit apparaître dans sa main droite la fine lame de cristal clair au panneton discret de sa keyblade), "à cause de la Pure Lumière qui est en moi" paraît-il. Et disons qu'être "choisie" - un joli mot pour définir le fait que nous la créons nous-même spontanément - si jeune et sans aucun signe avant-coureur par une keyblade, ça détermine rapidement le choix de cursus dans la vie... Suite à ça, il s'est simplement avéré, de plus en plus au fil du temps, que j'étais "douée", que j'avais un "don naturel". J'ai réussi à peu près tout ce que j'ai entrepris, je faisais tout aussi bien voir mieux que tout le monde, sans jamais rencontrer de réelle difficulté, et à seize ans, j'étais considérée comme l'une des meilleures porteuses de keyblade du monde. Tu connais la chanson."
"Ca n'a pas l'air de te procurer une quelconque fierté..."
"Pour être fière de quoi ?" rétorqua gentiment Aion avec un léger rire désabusé. "La plupart des gens s'imaginent en effet que nous somme fiers de ce que nous autres soi-disant "génis" sommes, que nous sommes heureux de notre dons. Mais tu sais, en fait, c'est plus d'un ennui mortel qu'autre chose. La plupart du temps, il n'y a rien dont nous puissions réellement être fiers, car l'on peut être fier d'avoir accompli quelque chose lorsque ce "quelque chose" a demandé du temps, des efforts, lorsque cette réussite demande d'avoir dépassé des limites propres à chaque individu. Mais les gens comme moi sont incapable de seulement percevoir nos propres limites, rien ne nous demande jamais de réel effort, rien n'occupe ni n'obsède jamais notre esprit de frustration, jamais aucune frontière inatteignable à dépasser. C'est difficile, tu sais, de n'avoir aucun véritable objectif, aucune barrière à franchir. Impossible d'être fier de soi-même dans ces conditions."
"Tu n'es donc pas fière non plus de tes faits d'arme ? Avoir mis fin à une guerre presque à toi seule, ce n'est pourtant pas rien, en tout cas ce serait quelque chose de totalement inatteignable pour le commun des mortels."
"Hum, à dire vrai, ça n'avait pas grand chose de complqiué, là encore. Au final, même si les faits ont été grandement exagérés pour que les gens puissent en faire des chansons et des histoires, ce que j'ai fait n'est pas aussi grandiloquent que beaucoup le pensent. En fait, j'ai simplement fait preuve de stratégie, en abattant le général adverse sitôt que j'ai pu le localiser. La seule chose d'un peu héroïque là-dedans, je suppose que c'est le fait que j'ai du percer les lignes d'un bataillon ennemi pour atteindre le commandant, même en ayant contourné le gros des forces ; et encore, contrairement à ce qu'on raconte, je n'étais pas seule, j'avais une demi-douzaine de mes frères d'armes avec moi. C'est juste que j'étais en tête, et que c'est moi qui ai abattu le général pendant que mes amis retenaient les troupes ennemies. Après ça, quelques petites frappes chirurgicales, et tout l'armée adverse fut privée ne fut-ce que de l'ombre d'une chaîne de commandement : rédition immédiate. Tu vois, rien de si hallucinant, au fond, n'est-ce pas ?"

Felcie lança à Aion un regard sceptique, l'air de jauger si Aion était sincère ou si elle se moquait d'elle.

"Ca reste hors de la portée du premier venu."
"Certes, mais j'ai réussi grace à mes compagnons. Seule, j'aurai peut-être échoué, même avec toute ma puissance."
"Modestie mal placée", rétorqua Felcie en mimant une fermeté de rigueur.
"Si c'est toi qui le dit..." souffla Aion avec un sourire. "As-tu exprimé toutes tes pensées ?"

Il y eut un instant de flottement. Felcie arrêta son jeu d'actrice, et son redressa pour plonger son regard noisette dans l'azur d'Aion. Sa voix, alors, se fit plus ferme, décidée.

"Certains membres de l'école vont se battre pour Kingdom Hearts, eux-aussi. Elèves et professeurs, sans disctinction."
"Je sais."
"Ils ne t'ont pas écouté."
"Les gens ne s'écoutent pas souvent entre eux. C'est le propre de l'être humain. J'en suis désolée, mais je m'y attendais. Toute l'école n'y va pas, Et toi, que choisis-tu de faire ?"

La plus jeune prit une grande inspiration.

"Je vais aller sur le champs de bataille aussi. Mais pas pour Kingdom Hearts."
"Non ?" interrogea Aion, d'une voix laissant entendre que la réponse importerait beaucoup.
"Je viens t'aider. Me battre à tes côtés. Et je ne suis pas la seule, la moitié de ta classe vient aussi. Tu ne vas pas nous en empêcher, si ?"

Aion poussa un soupir.

"Je ne vous empêcherai jamais de faire vos choix. Mon rôle est de vous donner les informations et l'ouverture d'esprit afin que vous puissiez chercher votre propre voie, et la force de vous y engager. Je n'ai aucun droit de vous refuser de m'accompagner."

Felcie eut l'air surprise de la réponse de son maître, ce qui arracha un léger rictus amusé à Aion, qui poursuivit :

"Cependant, vous devez savoir ce qui vous attends. Vous êtes de bons élèves, de futurs grands Maîtres de la keyblade, mais vous n'avez jamais connu de champs de bataille, et celui-ci ne sera semblable à aucun de tous ceux que vous auriez pu connaître par le passé."
"Comment ça ?"
"Il n'y aura aucun camps, Felcie. Il ne s'agira pas d'escarmouches entre bataillons ni même de bataille rangée entre deux armées. Ce sera une mêlée où chacun combattra pour la possession d'une seule clé. Chacun pour soi, un seul vainqueur possible. Il n'y aura pas d'organisation, pas de stratégie, pas de temps pour souffler : ce sera un chaos innommable où, si vous m'accompagner, je ne pourrais pas m'occuper de vous. Chacun devra être capable de survivre par sa propre force, et lorsque la X-Blade apparaîtra, je mettrai tout mon pouvoir en oeuvre pour empêcher quiconque de se l'approprier. Tu comprends ce que cela implique ?"
"Tu devras alors affronter tous les autres...?" répondit Felcie d'une voix blanche, les yeux horrifiés.
"Exact. Si vous voulez m'aider, vous serez dans le même cas... Et il est probable que vous y perdiez la vie. C'est pourquoi, même si je n'ai pas le droit de vous empêcher de me suivre, je vous demande tout de même de rester ici. Vous êtes les Maîtres de demain, il faut quelqu'un pour survivre à cette folie et pour conserver et faire perdurer l'enseignement de la Lumière. Tu comprends ?"

Felcie ne répondit pas. Elle sembla en être incapable, et ses yeux fuirent ceux d'Aion lorsque le regard d'azur se fit inquisiteur.


~~~


Six ans qu'Aion n'avait plus remis son manteau, mais il lui allait toujours parfaitement. D'un mouvement de l'épaule, elle réajusta légèrement le haut col et l'épaulière métallique sombre au design extrêmement simple qui ornait le tissu noir. Puis elle enfila ses gants de cuir noir, frappa du pied au sol pour s'assurer que ses bottes étaient bien sanglées, et finalement, passa le pas de la porte de sa maison. Le léger appel d'air, lorsqu'elle ouvrir la porte, fit flotter un instant les deux longs pans de son manteau et la cape formée par ses cheveux d'airain, avant que la combattante ne désactive le sceau de son armure, créant un éclat de lumière au-dessus de l'épaulière qui ornait son épaule gauche. Celle-ci se déploya alors en quelques instants dans un flash lumineux, recouvrant tout le corps de la jeune femme d'une armure sombre de Maître de la Keyblade, laissant juste les pans du manteau noir continuer de flotter autour des jambes à présent renforcées d'acier.

La Dame en Noir, au travers du casque à ailettes qui venait de recouvrir son visage, contempla sa main droite, et l'acier du gantelet qui l'entourait. Elle aurait donné cher pour ne jamais avoir à revêtir cette armure... Enlightened Heart, sa fine keyblade de cristal lumineux, apparut dans cette main qui se referma sur sa garde délicate. Et par ce geste, Aion venait d'affermir à jamais sa détermination.

Elle sentait le sol trembler sous ses bottes. Les affrontements avaient commencé, et le monde lui-même se couturait déjà de grandes blessures. Elle devait faire vite. Son regard d'azur, à travers sa visière sans teint, caressa un instant la plaine qui entourait l'académie, et où son coeur avait vécu dans une parfaite Lumière pendant ces six dernières années. Elle se tourna, ses yeux contemplant, derrière ses appartements, les hautes tours de cette école où, malgré tout ce qu'elle avait dit à Felcie, elle avait été fière de former de jeunes gens pleins d'espoirs et de talents.

Felcie... Elle espérait de tout coeur que la demoiselle aux cheveux d'or bouclés resterait ici, qu'elle ne connaîtrait jamais la guerre, et que son coeur n'ai jamais à combattre les Ténèbres. Au final, plus que pour protéger le monde, elle allait bel et bien au combat, à la mort et à la destruction face aux Ténèbres pour protéger cette Lumière qui brillait en ces lieux et en ces gens. C'était donc bien l'Espoir et non quelques principes personnels qui la motivaient.

Cette conclusion lui arrachant un sourire ironique, elle fit volte-face, et son regard se porta loin, très loin au-delà des plaines. Vers le champs de bataille. De la main gauche, elle fit quelques gestes abstraits dans le vide, générant sur elle-même et autour d'elle une batterie de sorts de magie. La puissance délivrée par cette série de sorts, pourtant la base de sa configuration de combat, fit frissonner le corps de la Dame en Noir, qui s'élança aussitôt en direction des lieux du combat. Sous l'impact de sa poussée, le sol éclata, projetant de la terre en tous sens, mais Aion était déjà loin.

Portée par les vents, celle qui était redevenue une guerrière fila comme l'éclair, quittant les terres de l'académie en quelques secondes. Le paysage défila autour d'elle, sans aucun reflêt sur son armure sombre et mat. Lorsqu'elle traversa une forêt, elle ne prit pas la peine de ralentir pour éviter les arbres : elle les percuta de plein fouet, un simple bouclier magique fixé au bras gauche levé afin de les écarter sans être gênée. Et lorsqu'elle approcha de la limite de la forêt, elle sentit qu'elle allait entrer dans un monde d'effroi, de violence et de désespoir quelques secondes avant d'y être. Mais elle n'eut pas besoin d'inspirer à fond.

Plus maintenant.

Ce fut comme passer une frontière magique. Les prémices qu'elle avait pu percevoir depuis le couvert des bois se mua en un hurlement de fin du monde, et la sérénité naturelle, immobile et inébranlable de la forêt se changea en une terre de cataclysme. Les landes s'étendaient à pertes de vue, désolées, parsemées de cratères, trouées de collines et de montagnes artificielles crées par les combats ou leurs conséquences. Les affrontements avaient commencés depuis quelques dizaines de minutes tout au plus, mais déjà des montagnes de corps s'ammoncelaient, et ceux qui continuaient le combat étaient les acteurs d'un enfer vivant.

D'un premier coup d'oeil, Aion dénombra encore des centaines et des centaines de combattants en lice. Les déluges de sorts, de frappes de keyblades, les invocations, tout cela semblait s'étendre sur des kilomètres, à perte de vue. Des explosions retentissaient partout, à tout moment, et le ciel s'était couvert de lourds nuages de sang, tant et si bien qu'il était devenu impossible de dire si il faisait jour ou nuit. C'était comme un monde d'agonie éternelle. C'était à en perdre la raison.

Malgré son état mental, malgré toute sa force mentale et sa préparation spirituelle, Aion ne s'était pas attendue à une scène d'une telle ampleur. Ce spectacle de désolation la fit s'arrêter net, choquée, outrée, sans voix. A la vue de tant de gens pourtant méritant, pourtant tous des Maîtres de la Keyblade - ou peu s'en fallait - ayant servi et aimant la Lumière encore peu de temps plus tôt, qui à présent se décimaient les uns les autres, par avidité, par désespoir, par peur ou par haine, des larmes coulèrent sur les joues de la Dame en Noir. Sous le choc d'un gâchis aussi absurde, d'une perte aussi immense, celle qui n'avait jamais douté tomba à genoux, incapable d'en croire ses yeux.

"Arrêtez ça..."

Sa voix n'était guère plus qu'un souffle, pas même capable de sortir de son casque. Mais elle répéta ses mots, les répéta encore, et encore, inconsciente même de les prononcer. C'étaient juste les mots de son coeur, de son désespoir, juste la Lumière en elle qui s'exprimait par ses lèvres.

Elle ignora combien de temps elle resta ainsi, à genoux, à observer le carnage, incapable de bouger. Mais cela finit par changer, lorsqu'une main gantée de métal se posa doucement sur son épaule. D'instinct, elle tourna la tête, afin de voir le visage de Felcie, debout derrière elle. La demoiselle avait ôté son casque, mais elle portait son armure de Porteuse de Keyblade, et si Aion lu dans ses yeux noisette combien elle était elle-aussi horrifiée et terrifée par la scène qui s'étendait devant elle, la jeune fille parvint néanmoins à offrir à la Dame en Noir un sourire rassurant.

"Maître Aion", lui dit-elle d'une voix douce, sans reproche, "tu avez une mission. tu ne peux pas rester là. Je ne peux deviner combien voir tout cela t'es pénible, mais tu n'as pas le droit de sombrer dans le désespoir."
"Et toi, Felcie, supportera-tu de plonger dans ce chaos ?" demanda Aion, ayant du mal à trouver ses mots.
"Pas pour la Lumière", répondit la fille aux yeux noisette. "Mais pour toi, et pour l'espoir que tu représentes, je n'ai pas d'hésitation."

Sur ces mots, elle se baissa, et déposa sur le casque d'Aion, au niveau des lèvres, un baiser fort semblable à celui que la femme aux cheveux de jai lui avait offert quelques nuits plus tôt.

"Maintenant lève-toi. Allons-y ensemble. TOUS ensemble."

Et lorsqu'elle qu'elle se leva, Aion vit que derrière elles attendaient quatre autres de ses apprentis, tous en armure et keyblade à la main. La clé de Felcie, semblable à une branche de cerisier dont les fleurs formaient le panneton, apparut également, alors qu'elle remetait son casque. Les quatre autres apprentis avaient l'air, au mieux, terrorisés, mais la Dame en Noir pouvait sentir en eux la même volonté, le même espoir que chez Felcie. La guerrière s'adressa à eux tous, d'une voix qui avait retrouvé sa fermeté :

"On croit souvent à tort, que le courage, c'est d'aller au devant du danger sans crainte. Mais c'est faux. Le courage, ce n'est pas de ne pas avoir peur, mais de surmonter cette peur par sa volonté, en étant conscient des enjeux et en faisant le choix d'affronter les risques en son âme et conscience. Vous tous ici, vous comprennez que nous allons peut-être tous mourrir. Mais vous savez que le combat est nécessaire. Vous êtes sans doute les cinq personnes les plus courageuses de ce monde, et parce que vous avez fait ce choix, vous n'êtes plus des apprentis. Vous êtes dès aujourd'hui des Maîtres de la Keyblade. Faites attention à vous, et protégez votre coeur des Ténèbres."

Même avec leurs casques masquant leurs expressions, Aion pu sentir que ses paroles avaient surpris, et exaltés ses anciens élèves. Et elle n'eut pas besoin de voir au travers de la visière de Felcie pour deviner son sourire de fierté.

Mue par l'espoir et le courage du coeur de ses nouveaux frères d'armes, la Dame en Noir se tourna à nouveau vers le champs de cauchemars. Sa poigne se resserra sur la garde d'Enlightened Heart.

"Souvenez-vous, notre but n'est pas de nous mêler au combat pour la victoire. Nous devons être attentifs et alerte, et guetter l'apparition de la X-Blade : là nous interviendrons. Il s'agira de s'en emparer, et de la mettre hors de portée de quiconque. Dès l'instant où nous aurons la clé en main, tous les autres se concentreront sur nous. soyez prêts."
"Et comment comptez-vous mettre la X-Blade hors de portée de... tout ce monde, maître ?"
"Ce sera Maître Aion pour vous, à compter d'aujourd'hui, Maître Halberd", répliqua Aion avec un sourire en coin. "Et j'ai ma petite idée là-dessus."

Une minute s'écoula, puis deux, puis dix, puis une heure, puis deux, les six Maîtres de la Keyblade observant en silence le champs de bataille depuis sa bordure extérieure. L'impatience d'Aion grandissait au fur et à mesure que la bataille s'éternisait : le sol n'avait pas cessé une seconde de trembler, l'intensité absurde des combats faisant gémir la terre, et plus le temps passait, plus les combattant encore en vie était délestés des plus faibles, pour ne laisser de plus en plus que les meilleurs. Et malgré ça, toujours pas de trâce de la X-Blade...

Puis soudain, presque par surprise, la situation d'attente des six guerriers isolés changea. Aion fut la seule à le percevoir, mais un regard se posa soudainement sur eux, et en particulier sur elle, de très loin. Elle su instantanément qui venait de les repérer, et elle s'élança en avant sans prendre le temps de prononcer le moindre mot. La seconde d'après, sa keyblade entrait en contact avec celle de l'homme en armure complète qui, sans cela, aurait atteint d'un bond la position des jeunes Maîtres fraîchement promus. Le choc fit voler la terre à plusieurs mètres à la ronde, et la Dame en Noir sentit son bras trembler sous l'impact. Cet homme avait toujours une force démentielle.

"Salut Maître Aion !" lança-t-il d'une voix sauvage et sarcastique laissant deviner un grand sourire dessiné sur ses lèvres sous son casque. "Je pensais bien te voir ici aujourd'hui !"
"Maître Xavier", répondit Aion, sans le moindre sourire cette fois, "j'aurais pris grand plaisir à te revoir si je n'avais pas eu vent de ton nouveau surnom."
"Et bien alors, "Enfant des Ombres" ne te plait pas ? Je le trouve plutôt seyant, pourtant !"

Et d'y aller sur un nouveau coup d'une puissance monstrueuse, qu'Aion préféra dévier plutôt que de tenter de le parer.

"Qu'un homme de ton ampleur et de ta droiture, qui fut jadis mon maître, sombre à ce point dans les Ténèbres, est une honte que même mille morts ne sauraient laver."
"Hah ! Bien envoyé, je vois que tu te sers de ta langue presque aussi bien que de ta lame. Mais je ne savais pas que la Dame en Noir faisait dans le babysitting ?"

D'instinct, Aion sentit à cette évocation que ses anciens disciples avaient plongé dans la mêlée, et s'approchaient à toute vitesse de son affrontement, se déployant en arc-de-cercle. Naïfs, même dix ans d'entraînement supplémentaire ne leur aurait pas suffit pour affronter un tel ennemi.

Déclenchant une deuxième batterie de sort préparés à l'avance, Aion repoussa Xavier le plus loin possible, et poussa son avantage en fonçant à nouveau au contact. Vu la différence de niveau entre des monstres comme Xavier et elle, et des porteurs encore peu expérimentés comme ses anciens élèves, le moindre mouvement de ce genre impliquait plusieurs secondes aux plus jeunes pour les rattrapper, et Aion comptait bien leur éviter de se frotter à son ancien maître.





Note : Music themes
https://www.youtube.com/watch?v=xr4Y7T_FRns
https://www.youtube.com/watch?v=mvsMn05WtaI
https://www.youtube.com/watch?v=6t0Lpn_eGTQ
https://www.youtube.com/watch?v=XJDyv-YVPgw

Questions diverses