" Et quand avez-vous quitté Sherwood ? "
" Il y a douze jours. "
Elle le fixa quelques secondes, cet homme qui même assis était élancé, gardait une classe folle malgré son apparence. Lulu devait avouer ne pas être indifférente à ses traits félins. C'était bien un baptême pour elle, n'ayant jamais vu jusque là un hybride de la forêt de sherwood. Elle n'était pas effrayée mais à la fois troublée et curieuse de comprendre comment un humain aux sens et au caractère félins pouvait bien entrevoir le monde.
Elle put retenir ce léger sourire d'excitation au moment où elle détourna le regard pour observer le monde mouvant à travers la fenêtre du carrosse.
Ce n'était pas un carrosse très luxueux, mais il était fonctionnel, comme le disait le marchand hybride.
" Le journal parle juste d'une guerre civile entre le Prince Jean et les bandits. "
" Le Prince Jean et d'autres, gente dame. "
" Je suis ouverte à toutes informations, sincèrement. Je vous serai reconnaissante de m'en dire le plus possible. "
Sa voix n'était pas chaleureuse, au contraire. Et son visage se mariait évidemment avec cette attitude, se contentant de sa politesse pour convaincre le marchand.
" Humble marchand que je suis, j'ai la chance d'être aussi méprisé de la noblesse que du petit peuple... donc malgré tout le respect que j'ai pour cette quête de liberté qu'entreprennent les bandits, le vainqueur de cette boucherie m'importe peu ! "
Elle lui accorda un... hochement de tête approbateur, uniquement pour daigner répondre à cette tirade. Elle n'avait pas tellement demandé dans quel camp il se situait, mais elle avait compris que le marchand adorait pavaner son bagou.
" Qui dirige les bandits ? "
Lulu sortit d'une de ses manches un petit carnet rempli de notes. Ses doigts saisirent le petit crayon usé par toutes ses notes dont il était l'auteur. L'information déterminait la réussite ou la défaite de toute entreprise...
" Robin des bois, je suppose... et l'ancien shérif, j'en suis sûr. "
" Vous savez des choses sur ce shérif ? "
" Rien... si ce n'est qu'il a été élu par un officier supérieur de la lumière qui n'avait pas la moindre autorité sur le monde ! "
Il ponctua sa phrase d'un long rire sonore. Elle n'écrit rien de ce qu'il avait dit pour l'instant, consciente du manque d'intérêt de ce genre de découvertes.
" D'accord et le Prince Jean ? "
" Oubliez-le ! C'est ce que j'ai fait, promptement ! Il n'avait pas un pied dans la tombe que j'ai pris le premier vaisseau de passage pour fuir la suite des évènements ! "
Encore une fois il rit. Cela ne la dérangeait pas... mais malgré son aise avec les mots, elle appréciait fort peu qu'il ne lui donnât aucun prétexte d'user davantage la mine de son crayon.
" Il y a Kefka Palazzo, vous devez le savoir. C'est un dingue absolu, je n'avais jamais vu ça. J'étais par hasard, tout à fait innocemment dans une foule, quand il nous força à applaudir ses pénibles rimes des heures durant ! Je pense avoir perdu deux de mes neuf vies, ce jour-là ! "
Elle nota cela, ainsi que ce dont elle avait connaissance : Kefka avait détruit plusieurs quartiers de la cité des rêves, et participé à l'extinction de plusieurs mondes, du vivant d'Astral... des infos connues d'à peu près chacun grâce au Consulat.
" Un clown, c'est cela ? "
" Lui-même... Très charmant. "
" Bien et...
" Vous croyez que nous arriverons bientôt ?! "
Il regardait avec maniérisme la fenêtre du carrosse.
Oui il ne s'était sans doute pas attendu à subir un interrogatoire, en aidant le Sanctum dans la compréhension d'un mystère.
" Je vous ennuie ? "
" Diable non ! Mais je suis si pressé de visiter l'antre de Maléfique ! "
" Ce n'est pas tant mon cas. "
Elle sourit légèrement. Ils avaient quitté, il y a une heure, les fermes des paysans partiellement noires. C'était tout simplement incroyable, les deux enquêteurs s'entendaient là-dessus. Comme des tâches d'encre sur une feuille, des quartiers plus ou moins grands de quelques fermes étaient totalement arides, noirs comme du charbon, comme si un brasier avait trop profondément atteint la terre il y a longtemps.
Et bien sûr, en tant que fière habitante du domaine enchanté, la simple vue d'une terre maudite lui fit penser à la sorcière Maléfique et à la montagne interdite. Pour cette raison, ils se dirigeaient dans le carrosse du marchand, vers cette montagne, espérant trouver une solution, mais surtout pas Maléfique en personne.
Lulu marqua une faible pause, pour finalement insister et demander d'une voix calme :
" J'imagine que vous ne retournerez pas là-bas, même après la guerre civile. "
" Vous présumez bien... Je veux bien d'un roi capricieux, mais j'ai trop peur de tyrans qui pourraient m'ôter la tête. "
" La Coalition noire a acheté Sherwood, oui... Que pouvez-vous m'en dire ?"
Le félin détourna la tête avant de prononcer un rapide " Rien ! ". Bien évidemment, il aimait se faire prier... et elle détestait se répéter ou perdre son temps en flatteries.
" Je vous en prie, vous avez forcément repérer quelque chose. "
" C'est ça qui est intéressant, mademoiselle Lulu ! La Coalition noire ne fait rien ! Oh bien sûr, mes yeux ont aperçu certains de leurs membres, mais ils n'interviennent nullement ! Il me semble tout à fait évident qu'ils vont laisser la guerre se finir d'une manière ou d'une autre, et qu'ils seront là pour dominer le peuple restant ! "
Elle nota tout cela avant de fermer le carnet et de le ranger dans sa manche.
" On y sera dans une trentaine de minutes. "
Le félin sortit de sa poche une petite fiole remplie de terre. Il joua quelques secondes avec le récipient, le faisant passer de main en main, le regardant avec malice, comme s'il jouait avec la cause même du maléfice.
" Qu'en pensez-vous ? "
En guise de réponse, elle tendit la main vers le félin, ne voulant pas mais exigeant simplement qu'il lui remette la fiole. Il s'exécuta, tandis qu'elle regarda quelques instants la terre noire provenant des anciennes plantations du paysan. Elle avait des doutes, bien entendu... et pouvait spéculer sur la nature de cette terre, mais elle devait s'en assurer. Alors la sorcière se concentra sur ce qui émanait de cette poussière, et rapidement put affirmer :
" Ce ne sont pas les ténèbres... pas vraiment, en tout cas. "
Le félin soupira de soulagement, elle ne lui laissa pas le temps de formuler un mot.
" Ce n'est pas forcément rassurant. Cette terre est maudite, corrompue... Or Maléfique excelle dans la magie noire, y compris lorsqu'il s'agit de malédiction, d'emprise, de ténèbres, et d'autres choses. "
" Donc Maléfique pourrait être de retour ? "
" C'est possible. Disons que la profanation et la corruption des terres rappellent son souvenir. Mais de nombreux mages noirs sont capables de maudire une terre... Il s'agit moins d'un sort de ténèbres que d'une façon comme une autre de détruire la vie à un endroit précis. "
Lulu elle-même maîtrisait ce sort... mais certainement pas autant que l'auteur de toutes ces terres saccagées.
" Soit... Ne spéculons plus. "
" Aucun risque que le monde meure ? "
" Non. "
Ou plutôt... pas avant des années.
Ces terres mortes ne pouvaient pas être l'oeuvre des sans-coeurs. C'était trop brusque, et le Sanctum n'avait, à sa connaissance, pas assisté à une hausse si incroyable des créatures des ténèbres dans le domaine enchanté. Si le coeur de ce monde mourait, il est... sûr qu'ils s'en seraient rendus compte.
Les minutes passèrent alors qu'ils ne parlaient plus. Elle pensait à tout ce qu'elle savait de Maléfique. Si elle était de retour, Lulu aurait l'occasion d'accomplir ce que sa mère voulait d'elle, vaincre Maléfique. Mais elle se savait infiniment moins puissante qu'elle. Malgré ses années d'apprentissage de la magie, elle avait très peu combattu. Les rares utilisations de ses sorts avaient été portées contre des sans-coeurs... car comme chacun elle avait du se défendre.
Le seigneur Angeal lui demandait de remédier au problème, en plus de l'identifier. Malgré son calme, elle ressentait trop tôt la pression du Sanctum sur ses épaules. Elle refusait d'être envoyée pour combattre, elle n'était pas une guerrière.
" Attendez ! "
Le marchand la regarda une petite seconde avant qu'elle ne toque sur une des parois du charriot. L'hybride la précéda pour donner l'ordre à son cocher d'arrêter le véhicule.
Ils sortirent et posèrent pieds sur cette même terre noire qu'ils avaient récoltée. Elle leva les yeux et vit une étendue incroyable de cette terre maudite.
" Ca s'étend sur des kilomètres ! "
" La montagne interdite, regardez. "
Elle désigna d'un doigt la montagne totalement noire qui régnait sur le territoire... Cette montagne dont elle n'avait jamais été aussi proche, où habitait jadis Maléfique, la plus grande sorcière de tous les temps. Elle ne put réprimer un frisson, invisible mais désagréable froid dans le dos, alors qu'elle contemplait la terre maudite rejoindre les terres de la montagne interdite.
" C'est le territoire de Maléfique. Il y a encore quelques semaines, il fallait marcher encore cinq kilomètres pour atteindre son royaume. "
" Elle est de ret...
" Assez ! Nous n'en sommes pas sûrs. "
Lulu ne voulait pas l'entendre perdre tout courage, elle avait trop à réfléchir pour lui prêter une seconde d'attention.
Elle lui fit un signe de la tête pour lui demander de retourner avec elle dans le chariot. Le cocher reprit la course sans qu'elle n'écoute davantage l'apothicaire.
" Que m'arrive-t-il ?! "
Encore quelques minutes étaient passées avant cette question pleine d'effroi de la part du marchand.
" Vous paniquez, calmez-vous. "
" Non, c'est autre chose ! Je me sens mal. Je me sens faible ! "
Un soupir et les sourcils froncés, elle daigna lui accorder un regard. Il semblait brusquement plus maigre, oui, et moins fringant... cela ne lui sembla pas être entièrement de la comédie. Elle ferma les yeux un instant, laissant sa perception magique remplacer ses sens, avant de les rouvrir. Lulu perçut énormément de magie dans le sol, une magie d'un sort lancé à l'instant.
L'être responsable de la profanation des terres était bien dans le chateau, c'était certain... et peut-être sans le savoir il les attaquait.
" Il faut qu'on sorte de là ! Cocher, demi-tour ! "
" C'est inutile. La profanation, si elle est utilisée sans autres sorts, prend des heures à tuer le plus petit animal. "
" Je me sens défaillir, pourtant ! "
" La malédiction va tout au plus nous sonner, réduire nos forces. On accomplit la mission. "
Le carrosse s'arrêta... Elle ouvrit la porte, descendit les marches et adressa un regard à l'apothicaire. Lulu avait acquis une certaine résistance à la magie et ressentait, pour l'instant, à peine le sort... mais le marchand était affalé sur son siège, transpirant. Elle s'approcha de lui tout en restant à l'extérieur du chariot.
" Même si le responsable de cette profanation est arrêté par le Sanctum, ou même abattu... les terres qu'il a maudites resteront stériles. Cherchez une solution tandis que j'identifierai le responsable... Il faut limiter les dégâts."
" Et... comment marche la malédiction ? "
" Elle draine lentement l'énergie de ceux qui se trouve sur son aire d'effet. Si la profanation reste active, un vivant s'y trouvant peut en mourir. "
Il acquiesça. Il lui serait plus utile éveillé, et il était tout à fait hors de question qu'elle doive tout faire... le marchand devait bel et bien prouver son utilité.
Elle se retourna et vit le chateau coupé du monde par un immense pont sans garde-fous, un pont qui semblait en ruine. Jamais elle n'avait fait face à la noirceur de ce monde.
La sorcière ne pouvait cacher cette crainte et l'admiration devant cette maîtrise du sort de profanation. Elle-même n'arrivait à maudire qu'une vingtaine de mètres carré, tandis que le responsable logeant au chateau maudissait des grandes aires à distance.
Ce sorcier était puissant mais sa tactique était peu conventionnelle. Détruire des terres pour affaiblir le royaume du Roi Stéphane, c'était peu commun de la part d'un mage noir. Malgré toute l'intelligence qui caractérise les sorciers, ils étaient souvent les premiers à se montrer, à faire rugir leur mégalomanie et lancer leurs sorts des plus impressionnants.
Soit... Elle commença à gravir le pont, ressentant à travers les murs la présence du sorcier. Sans même se concentrer, sa perception magique pouvait presque dessiner la silhouette de cette personne. Lulu entra dans le chateau, le pas le plus léger possible, et avançant doucement, s'engouffra dans l'édifice. Les quelques minutes qui passèrent donnèrent du poids à ses jambes, la rendirent plus faible, moins courageuse, peut-être.
Elle ne sut pas si c'était à cause de la malédiction ou tout simplement parce qu'elle n'avait pas confiance en ses capacités de guerrière, mais quand elle fut dans une pièce adjacente à celle du trône où se trouvait le sorcier... elle décida de ne rien tenter contre lui. Elle considérait que sa mission relevait de la prise d'informations.
Alors elle déposa ce témoin qu'elle avait emporté avec elle, qui avait assisté à tout, cette peluche mog. Il sembla inanimé quelques secondes mais rapidement se leva et regarda fièrement Lulu. Elle se concentra et discrètement, modela d'un sort d'imagination une toute petite caméra que le mog porta à son épaule, avant de s'enfuir, leste, vers le sorcier.
Elle ne pouvait pas voir ce que "voyait" sa peluche. Elle avait juste le pouvoir de la guider vers la puissance qu'elle sentait. C'est la vidéo qui lui donnerait toutes les informations, bien que cette vidéo disparaîtrait bien assez tôt... mais soit, elle estimait ne pas devoir rapporter de preuves de ce qu'elle avançait.
Son énergie la quittait petit à petit, néanmoins elle n'était ni effrayée, ni même tendue le moins du monde par cette proximité qu'elle avait avec ce sorcier pour l'instant anonyme. De par son caractère pragmatique, tant qu'elle ne saurait pas de qui il s'agit, elle ne s'inquiéterait pas.
Le mog se faufila, sous ses ordres, dans la salle du trône de Maléfique. L'endroit était suffisamment sombre pour qu'il passe inapperçu, petit comme il était. Tenant sa caméra à l'épaule, le cache sur son oeil, courant adroitement de ses minuscules jambes, dans le caractère et l'esprit d'un vrai caméra-man. En pensant à cela, l'habiller en journaliste lui sembla tout à fait vital. Elle y penserait quand elle serait de retour chez elle.
Et de longues minutes, le mog filma la personne qui, trop occupée à déchaîner sa puissance, ne le discerna pas dans les ombres du chateau.
Et en bon reporter, il revint des endroits les plus dangereux, alors que même les soldats n'avaient aucune chance. Lulu le prit dans ses bras avant de prendre la caméra. Elle retira la cassette et la donna au mog, sortant du chateau, tout de même satisfaite de ne pas rester davantage.
Quand elle fut de retour à la calèche, elle constata que le cocher, qu'elle avait complètement oubliée... était évanoui, allongé sur le banc où il siégeait d'habitude. Les chevaux, heureusement semblaient plus robustes que leur maître.
" Tu vas prendre les rênes. "
Elle s'adressait à la peluche qui se réanima aussitôt, laissa la cassette à Lulu et sauta sur le cocher, s'emparant des rênes... Et oui elle comptait bien être assise dans le carosse tout en guidant les chevaux par l'intermédiaire des faibles bras du mog.
Elle se procurerait aussi une tenue de cocher pour cette peluche tant l'idée lui sembla originale.
Lulu s'assit devant le marchand qui, à sa surprise, était éveillé, bien qu'il luttait pour ne pas s'évanouir. Et sans attendre qu'il ne réussisse à formuler son premier mot, elle réussit à faire manoeuvrer les chevaux pour qu'ils quittent l'endroit et se dirigent vers la citadelle.
" Comment allez-vous ? "
" Je n'en peux plus... "
Elle se pencha vers le marchand, approcha sa main du front de celui-ci. Il transpirait énormément mais n'avait pas de fièvre. Elle se redressa et retourna sur son siège, demandant d'une voix sobre :
" Alors... vous avez une solution ? "
" Je crois, oui. Vous... avez parlé de profanation et de... malédiction... "
Il parlait lentement, haletait entre chaque mot, ce qui, elle devait l'avouer, l'énervait un petit peu... mais elle resta neutre.
" C'est exact. "
" Si on a maudit ces terres... on peut les bénir... On ne récupérera pas les cultures perdues, et les terres ne seront pas fertiles avant quelques temps mais... la terre sera sauvée et dans un ou deux ans, on pourra cultiver les champs perdus. "
" Ca me semble logique. Et comment voulez-vous les bénir ? "
" Je peux faire des potions... à base d'eau bénite... On a ça dans la forêt de sherwood, c'est de l'eau que nos prêtres ont... "
Elle le coupa d'un geste sec, réfléchissant. Si le remède pour sauver les terres perdues, c'est la bénédiction d'un dieu en lequel personne dans le domaine enchanté n'a foi... elle ne savait tout simplement pas comment cela passerait auprès du Sanctum.
Et par la même occasion, Lulu se rendit compte qu'elle ignorait tout simplement si le Sanctum avait sa propre eau bénite.
" Merci. Vous pouvez vous reposer, ma peluche et moi nous occupons de tout. "
" Votre peluche ?... "
Elle l'ignora, tenant la cassette vidéo dans sa main. Avec le même sort d'Imagination, elle fit apparaître une toute petite télé et un lecteur cassette, et ainsi la vidéo se lança.
...
La personne filmée était tout simplement effrayante.
Néanmoins, ce n'était pas Maléfique. Et à cette pensée, Lulu eut l'impression que tout le pays soupira de soulagement avec elle.
Cette femme était maigre et très pale... et ce qui corroborait cette impression, c'est que la sorcière ne portait comme haut qu'un soutien-gorge en cuir. Ses yeux blancs n'avaient pas d'iris... ses cheveux, bien qu'honnêtement beaux, étaient mauves... mais surtout, elle était pourvue de deux ailes... deux ailes qui semblaient faibles, incapables de la porter. Mais elle les bougeait en même temps qu'elle marchait et faisait de grands gestes.
Elle répétait régulièrement quelques mots.
" Tu n'as pas de plus grande adoratrice que moi, Lilith." ou encore "Choisis-moi ! C'est le monde que je ferai tomber dans le chaos le plus total ! " , et finalement "Nous sommes de la même race, Lilith !"
Ce qui rendait la conclusion évidente. Cette sorcière n'était pas humaine mais... semblait bien être ce que les pays chrétiens appelaient un ange déchu.
Et cet ange déchu cherchait Murasama.
" Il y a douze jours. "
Elle le fixa quelques secondes, cet homme qui même assis était élancé, gardait une classe folle malgré son apparence. Lulu devait avouer ne pas être indifférente à ses traits félins. C'était bien un baptême pour elle, n'ayant jamais vu jusque là un hybride de la forêt de sherwood. Elle n'était pas effrayée mais à la fois troublée et curieuse de comprendre comment un humain aux sens et au caractère félins pouvait bien entrevoir le monde.
Elle put retenir ce léger sourire d'excitation au moment où elle détourna le regard pour observer le monde mouvant à travers la fenêtre du carrosse.
Ce n'était pas un carrosse très luxueux, mais il était fonctionnel, comme le disait le marchand hybride.
" Le journal parle juste d'une guerre civile entre le Prince Jean et les bandits. "
" Le Prince Jean et d'autres, gente dame. "
" Je suis ouverte à toutes informations, sincèrement. Je vous serai reconnaissante de m'en dire le plus possible. "
Sa voix n'était pas chaleureuse, au contraire. Et son visage se mariait évidemment avec cette attitude, se contentant de sa politesse pour convaincre le marchand.
" Humble marchand que je suis, j'ai la chance d'être aussi méprisé de la noblesse que du petit peuple... donc malgré tout le respect que j'ai pour cette quête de liberté qu'entreprennent les bandits, le vainqueur de cette boucherie m'importe peu ! "
Elle lui accorda un... hochement de tête approbateur, uniquement pour daigner répondre à cette tirade. Elle n'avait pas tellement demandé dans quel camp il se situait, mais elle avait compris que le marchand adorait pavaner son bagou.
" Qui dirige les bandits ? "
Lulu sortit d'une de ses manches un petit carnet rempli de notes. Ses doigts saisirent le petit crayon usé par toutes ses notes dont il était l'auteur. L'information déterminait la réussite ou la défaite de toute entreprise...
" Robin des bois, je suppose... et l'ancien shérif, j'en suis sûr. "
" Vous savez des choses sur ce shérif ? "
" Rien... si ce n'est qu'il a été élu par un officier supérieur de la lumière qui n'avait pas la moindre autorité sur le monde ! "
Il ponctua sa phrase d'un long rire sonore. Elle n'écrit rien de ce qu'il avait dit pour l'instant, consciente du manque d'intérêt de ce genre de découvertes.
" D'accord et le Prince Jean ? "
" Oubliez-le ! C'est ce que j'ai fait, promptement ! Il n'avait pas un pied dans la tombe que j'ai pris le premier vaisseau de passage pour fuir la suite des évènements ! "
Encore une fois il rit. Cela ne la dérangeait pas... mais malgré son aise avec les mots, elle appréciait fort peu qu'il ne lui donnât aucun prétexte d'user davantage la mine de son crayon.
" Il y a Kefka Palazzo, vous devez le savoir. C'est un dingue absolu, je n'avais jamais vu ça. J'étais par hasard, tout à fait innocemment dans une foule, quand il nous força à applaudir ses pénibles rimes des heures durant ! Je pense avoir perdu deux de mes neuf vies, ce jour-là ! "
Elle nota cela, ainsi que ce dont elle avait connaissance : Kefka avait détruit plusieurs quartiers de la cité des rêves, et participé à l'extinction de plusieurs mondes, du vivant d'Astral... des infos connues d'à peu près chacun grâce au Consulat.
" Un clown, c'est cela ? "
" Lui-même... Très charmant. "
" Bien et...
" Vous croyez que nous arriverons bientôt ?! "
Il regardait avec maniérisme la fenêtre du carrosse.
Oui il ne s'était sans doute pas attendu à subir un interrogatoire, en aidant le Sanctum dans la compréhension d'un mystère.
" Je vous ennuie ? "
" Diable non ! Mais je suis si pressé de visiter l'antre de Maléfique ! "
" Ce n'est pas tant mon cas. "
Elle sourit légèrement. Ils avaient quitté, il y a une heure, les fermes des paysans partiellement noires. C'était tout simplement incroyable, les deux enquêteurs s'entendaient là-dessus. Comme des tâches d'encre sur une feuille, des quartiers plus ou moins grands de quelques fermes étaient totalement arides, noirs comme du charbon, comme si un brasier avait trop profondément atteint la terre il y a longtemps.
Et bien sûr, en tant que fière habitante du domaine enchanté, la simple vue d'une terre maudite lui fit penser à la sorcière Maléfique et à la montagne interdite. Pour cette raison, ils se dirigeaient dans le carrosse du marchand, vers cette montagne, espérant trouver une solution, mais surtout pas Maléfique en personne.
Lulu marqua une faible pause, pour finalement insister et demander d'une voix calme :
" J'imagine que vous ne retournerez pas là-bas, même après la guerre civile. "
" Vous présumez bien... Je veux bien d'un roi capricieux, mais j'ai trop peur de tyrans qui pourraient m'ôter la tête. "
" La Coalition noire a acheté Sherwood, oui... Que pouvez-vous m'en dire ?"
Le félin détourna la tête avant de prononcer un rapide " Rien ! ". Bien évidemment, il aimait se faire prier... et elle détestait se répéter ou perdre son temps en flatteries.
" Je vous en prie, vous avez forcément repérer quelque chose. "
" C'est ça qui est intéressant, mademoiselle Lulu ! La Coalition noire ne fait rien ! Oh bien sûr, mes yeux ont aperçu certains de leurs membres, mais ils n'interviennent nullement ! Il me semble tout à fait évident qu'ils vont laisser la guerre se finir d'une manière ou d'une autre, et qu'ils seront là pour dominer le peuple restant ! "
Elle nota tout cela avant de fermer le carnet et de le ranger dans sa manche.
" On y sera dans une trentaine de minutes. "
Le félin sortit de sa poche une petite fiole remplie de terre. Il joua quelques secondes avec le récipient, le faisant passer de main en main, le regardant avec malice, comme s'il jouait avec la cause même du maléfice.
" Qu'en pensez-vous ? "
En guise de réponse, elle tendit la main vers le félin, ne voulant pas mais exigeant simplement qu'il lui remette la fiole. Il s'exécuta, tandis qu'elle regarda quelques instants la terre noire provenant des anciennes plantations du paysan. Elle avait des doutes, bien entendu... et pouvait spéculer sur la nature de cette terre, mais elle devait s'en assurer. Alors la sorcière se concentra sur ce qui émanait de cette poussière, et rapidement put affirmer :
" Ce ne sont pas les ténèbres... pas vraiment, en tout cas. "
Le félin soupira de soulagement, elle ne lui laissa pas le temps de formuler un mot.
" Ce n'est pas forcément rassurant. Cette terre est maudite, corrompue... Or Maléfique excelle dans la magie noire, y compris lorsqu'il s'agit de malédiction, d'emprise, de ténèbres, et d'autres choses. "
" Donc Maléfique pourrait être de retour ? "
" C'est possible. Disons que la profanation et la corruption des terres rappellent son souvenir. Mais de nombreux mages noirs sont capables de maudire une terre... Il s'agit moins d'un sort de ténèbres que d'une façon comme une autre de détruire la vie à un endroit précis. "
Lulu elle-même maîtrisait ce sort... mais certainement pas autant que l'auteur de toutes ces terres saccagées.
" Soit... Ne spéculons plus. "
" Aucun risque que le monde meure ? "
" Non. "
Ou plutôt... pas avant des années.
Ces terres mortes ne pouvaient pas être l'oeuvre des sans-coeurs. C'était trop brusque, et le Sanctum n'avait, à sa connaissance, pas assisté à une hausse si incroyable des créatures des ténèbres dans le domaine enchanté. Si le coeur de ce monde mourait, il est... sûr qu'ils s'en seraient rendus compte.
Les minutes passèrent alors qu'ils ne parlaient plus. Elle pensait à tout ce qu'elle savait de Maléfique. Si elle était de retour, Lulu aurait l'occasion d'accomplir ce que sa mère voulait d'elle, vaincre Maléfique. Mais elle se savait infiniment moins puissante qu'elle. Malgré ses années d'apprentissage de la magie, elle avait très peu combattu. Les rares utilisations de ses sorts avaient été portées contre des sans-coeurs... car comme chacun elle avait du se défendre.
Le seigneur Angeal lui demandait de remédier au problème, en plus de l'identifier. Malgré son calme, elle ressentait trop tôt la pression du Sanctum sur ses épaules. Elle refusait d'être envoyée pour combattre, elle n'était pas une guerrière.
" Attendez ! "
Le marchand la regarda une petite seconde avant qu'elle ne toque sur une des parois du charriot. L'hybride la précéda pour donner l'ordre à son cocher d'arrêter le véhicule.
Ils sortirent et posèrent pieds sur cette même terre noire qu'ils avaient récoltée. Elle leva les yeux et vit une étendue incroyable de cette terre maudite.
" Ca s'étend sur des kilomètres ! "
" La montagne interdite, regardez. "
Elle désigna d'un doigt la montagne totalement noire qui régnait sur le territoire... Cette montagne dont elle n'avait jamais été aussi proche, où habitait jadis Maléfique, la plus grande sorcière de tous les temps. Elle ne put réprimer un frisson, invisible mais désagréable froid dans le dos, alors qu'elle contemplait la terre maudite rejoindre les terres de la montagne interdite.
" C'est le territoire de Maléfique. Il y a encore quelques semaines, il fallait marcher encore cinq kilomètres pour atteindre son royaume. "
" Elle est de ret...
" Assez ! Nous n'en sommes pas sûrs. "
Lulu ne voulait pas l'entendre perdre tout courage, elle avait trop à réfléchir pour lui prêter une seconde d'attention.
Elle lui fit un signe de la tête pour lui demander de retourner avec elle dans le chariot. Le cocher reprit la course sans qu'elle n'écoute davantage l'apothicaire.
" Que m'arrive-t-il ?! "
Encore quelques minutes étaient passées avant cette question pleine d'effroi de la part du marchand.
" Vous paniquez, calmez-vous. "
" Non, c'est autre chose ! Je me sens mal. Je me sens faible ! "
Un soupir et les sourcils froncés, elle daigna lui accorder un regard. Il semblait brusquement plus maigre, oui, et moins fringant... cela ne lui sembla pas être entièrement de la comédie. Elle ferma les yeux un instant, laissant sa perception magique remplacer ses sens, avant de les rouvrir. Lulu perçut énormément de magie dans le sol, une magie d'un sort lancé à l'instant.
L'être responsable de la profanation des terres était bien dans le chateau, c'était certain... et peut-être sans le savoir il les attaquait.
" Il faut qu'on sorte de là ! Cocher, demi-tour ! "
" C'est inutile. La profanation, si elle est utilisée sans autres sorts, prend des heures à tuer le plus petit animal. "
" Je me sens défaillir, pourtant ! "
" La malédiction va tout au plus nous sonner, réduire nos forces. On accomplit la mission. "
Le carrosse s'arrêta... Elle ouvrit la porte, descendit les marches et adressa un regard à l'apothicaire. Lulu avait acquis une certaine résistance à la magie et ressentait, pour l'instant, à peine le sort... mais le marchand était affalé sur son siège, transpirant. Elle s'approcha de lui tout en restant à l'extérieur du chariot.
" Même si le responsable de cette profanation est arrêté par le Sanctum, ou même abattu... les terres qu'il a maudites resteront stériles. Cherchez une solution tandis que j'identifierai le responsable... Il faut limiter les dégâts."
" Et... comment marche la malédiction ? "
" Elle draine lentement l'énergie de ceux qui se trouve sur son aire d'effet. Si la profanation reste active, un vivant s'y trouvant peut en mourir. "
Il acquiesça. Il lui serait plus utile éveillé, et il était tout à fait hors de question qu'elle doive tout faire... le marchand devait bel et bien prouver son utilité.
Elle se retourna et vit le chateau coupé du monde par un immense pont sans garde-fous, un pont qui semblait en ruine. Jamais elle n'avait fait face à la noirceur de ce monde.
La sorcière ne pouvait cacher cette crainte et l'admiration devant cette maîtrise du sort de profanation. Elle-même n'arrivait à maudire qu'une vingtaine de mètres carré, tandis que le responsable logeant au chateau maudissait des grandes aires à distance.
Ce sorcier était puissant mais sa tactique était peu conventionnelle. Détruire des terres pour affaiblir le royaume du Roi Stéphane, c'était peu commun de la part d'un mage noir. Malgré toute l'intelligence qui caractérise les sorciers, ils étaient souvent les premiers à se montrer, à faire rugir leur mégalomanie et lancer leurs sorts des plus impressionnants.
Soit... Elle commença à gravir le pont, ressentant à travers les murs la présence du sorcier. Sans même se concentrer, sa perception magique pouvait presque dessiner la silhouette de cette personne. Lulu entra dans le chateau, le pas le plus léger possible, et avançant doucement, s'engouffra dans l'édifice. Les quelques minutes qui passèrent donnèrent du poids à ses jambes, la rendirent plus faible, moins courageuse, peut-être.
Elle ne sut pas si c'était à cause de la malédiction ou tout simplement parce qu'elle n'avait pas confiance en ses capacités de guerrière, mais quand elle fut dans une pièce adjacente à celle du trône où se trouvait le sorcier... elle décida de ne rien tenter contre lui. Elle considérait que sa mission relevait de la prise d'informations.
Alors elle déposa ce témoin qu'elle avait emporté avec elle, qui avait assisté à tout, cette peluche mog. Il sembla inanimé quelques secondes mais rapidement se leva et regarda fièrement Lulu. Elle se concentra et discrètement, modela d'un sort d'imagination une toute petite caméra que le mog porta à son épaule, avant de s'enfuir, leste, vers le sorcier.
Elle ne pouvait pas voir ce que "voyait" sa peluche. Elle avait juste le pouvoir de la guider vers la puissance qu'elle sentait. C'est la vidéo qui lui donnerait toutes les informations, bien que cette vidéo disparaîtrait bien assez tôt... mais soit, elle estimait ne pas devoir rapporter de preuves de ce qu'elle avançait.
Son énergie la quittait petit à petit, néanmoins elle n'était ni effrayée, ni même tendue le moins du monde par cette proximité qu'elle avait avec ce sorcier pour l'instant anonyme. De par son caractère pragmatique, tant qu'elle ne saurait pas de qui il s'agit, elle ne s'inquiéterait pas.
Le mog se faufila, sous ses ordres, dans la salle du trône de Maléfique. L'endroit était suffisamment sombre pour qu'il passe inapperçu, petit comme il était. Tenant sa caméra à l'épaule, le cache sur son oeil, courant adroitement de ses minuscules jambes, dans le caractère et l'esprit d'un vrai caméra-man. En pensant à cela, l'habiller en journaliste lui sembla tout à fait vital. Elle y penserait quand elle serait de retour chez elle.
Et de longues minutes, le mog filma la personne qui, trop occupée à déchaîner sa puissance, ne le discerna pas dans les ombres du chateau.
Et en bon reporter, il revint des endroits les plus dangereux, alors que même les soldats n'avaient aucune chance. Lulu le prit dans ses bras avant de prendre la caméra. Elle retira la cassette et la donna au mog, sortant du chateau, tout de même satisfaite de ne pas rester davantage.
Quand elle fut de retour à la calèche, elle constata que le cocher, qu'elle avait complètement oubliée... était évanoui, allongé sur le banc où il siégeait d'habitude. Les chevaux, heureusement semblaient plus robustes que leur maître.
" Tu vas prendre les rênes. "
Elle s'adressait à la peluche qui se réanima aussitôt, laissa la cassette à Lulu et sauta sur le cocher, s'emparant des rênes... Et oui elle comptait bien être assise dans le carosse tout en guidant les chevaux par l'intermédiaire des faibles bras du mog.
Elle se procurerait aussi une tenue de cocher pour cette peluche tant l'idée lui sembla originale.
Lulu s'assit devant le marchand qui, à sa surprise, était éveillé, bien qu'il luttait pour ne pas s'évanouir. Et sans attendre qu'il ne réussisse à formuler son premier mot, elle réussit à faire manoeuvrer les chevaux pour qu'ils quittent l'endroit et se dirigent vers la citadelle.
" Comment allez-vous ? "
" Je n'en peux plus... "
Elle se pencha vers le marchand, approcha sa main du front de celui-ci. Il transpirait énormément mais n'avait pas de fièvre. Elle se redressa et retourna sur son siège, demandant d'une voix sobre :
" Alors... vous avez une solution ? "
" Je crois, oui. Vous... avez parlé de profanation et de... malédiction... "
Il parlait lentement, haletait entre chaque mot, ce qui, elle devait l'avouer, l'énervait un petit peu... mais elle resta neutre.
" C'est exact. "
" Si on a maudit ces terres... on peut les bénir... On ne récupérera pas les cultures perdues, et les terres ne seront pas fertiles avant quelques temps mais... la terre sera sauvée et dans un ou deux ans, on pourra cultiver les champs perdus. "
" Ca me semble logique. Et comment voulez-vous les bénir ? "
" Je peux faire des potions... à base d'eau bénite... On a ça dans la forêt de sherwood, c'est de l'eau que nos prêtres ont... "
Elle le coupa d'un geste sec, réfléchissant. Si le remède pour sauver les terres perdues, c'est la bénédiction d'un dieu en lequel personne dans le domaine enchanté n'a foi... elle ne savait tout simplement pas comment cela passerait auprès du Sanctum.
Et par la même occasion, Lulu se rendit compte qu'elle ignorait tout simplement si le Sanctum avait sa propre eau bénite.
" Merci. Vous pouvez vous reposer, ma peluche et moi nous occupons de tout. "
" Votre peluche ?... "
Elle l'ignora, tenant la cassette vidéo dans sa main. Avec le même sort d'Imagination, elle fit apparaître une toute petite télé et un lecteur cassette, et ainsi la vidéo se lança.
...
La personne filmée était tout simplement effrayante.
Néanmoins, ce n'était pas Maléfique. Et à cette pensée, Lulu eut l'impression que tout le pays soupira de soulagement avec elle.
Cette femme était maigre et très pale... et ce qui corroborait cette impression, c'est que la sorcière ne portait comme haut qu'un soutien-gorge en cuir. Ses yeux blancs n'avaient pas d'iris... ses cheveux, bien qu'honnêtement beaux, étaient mauves... mais surtout, elle était pourvue de deux ailes... deux ailes qui semblaient faibles, incapables de la porter. Mais elle les bougeait en même temps qu'elle marchait et faisait de grands gestes.
Elle répétait régulièrement quelques mots.
" Tu n'as pas de plus grande adoratrice que moi, Lilith." ou encore "Choisis-moi ! C'est le monde que je ferai tomber dans le chaos le plus total ! " , et finalement "Nous sommes de la même race, Lilith !"
Ce qui rendait la conclusion évidente. Cette sorcière n'était pas humaine mais... semblait bien être ce que les pays chrétiens appelaient un ange déchu.
Et cet ange déchu cherchait Murasama.