Léo ouvrit les yeux et observa le paysage par la fenêtre. Quelques nuages blancs et crémeux adoucissait le ciel entièrement bleu. Le jeune homme resta quelques instants éblouis par le soleil, protégeant ses yeux avec son bras. En levant ce dernier, il pouvait sentir son corps encore meurtris. Vêtu seulement de son pantalon et de bandages, le roux se mit dans la douleur en position assise sur ce lit à même le sol. Léo balaya la pièce du regard et vit trois personnes... une femme sévère, clope au bec, en tenue militaire. Un homme que le blessé reconnu comme étant le médecin. Le troisième homme... Léo le fixait l'air sérieux, en silence. Le troisième homme de la Shinra fit face. Un homme au visage sévère, l'esprit présent mais les yeux désespérément éteint. Des cheveux noirs légèrement bouclés et un teint de cuir.
- Bon, j'ai rien contre toi mais Gaoh fait énormément de victime dès qu'il passe quelque part. Tu aurais été sacrifié pour sauver d'autres personnes. Parce que là... on a perdu sa trace.
- Ouais, on en reparlera quand je serais rétabli...
- C'est une menace... ?
- Le village est en feu, vous avez tous dix secondes puis on se casse ! Le roux y compris !
Le lieutenant avait ouvert... et refermé aussi tôt. Le médecin et le caporal se sont rapidement mis en mouvement rassemblant en vitesse leurs affaires. Léo lui, peu habitué à ce genre de situations restait hagard et se levait... avec cette impression que sa blessure peut se rouvrir à tout moment.
- Doc', il peut courir ? Se batte s'il sait le faire ?
Le docteur n'a pas eu le temps de répondre... un hurlement furieux venu du ciel fit trembler la terre. La petite maison vibrait... et Léo sentit ses vibrations le secouer en son sein. Rapidement il regarda les autres... et comprit à leur arrêt subite que eux aussi pouvait sentir la puissance de ce cri. Léo resta quelques instants stoïque... un village en feu, ce grognement... la terre des dragons a l'air de bien porter son nom.
- Bon, vous faites ce que vous voulez... moi j'y vais là.
- Je vous couvre, partez.
- Nous couvrir ? Tu espères... ne serait-ce que retarder un dragon ? Tu vas juste y rester et pour rien !
Le lieutenant et le docteur étaient déjà passé par la fenêtre, Léo lui... restait à l'intérieur. Il se sentait con, faible, naïf et ridicule d'essayer de le sauver... et pourtant, il était bien décidé à ne pas partir sans lui. Dehors, ses deux collègues lui hurlaient de partir, que le temps presse... mais ce con s'obstinait à vouloir jouer les héros.
- Je vais détourner son attention, histoire de vous laissez de l'avance. J'ai une maladie dont personne ne sait rien... à part qu'elle me tuera. Alors partez !
- Fais ta vie... mais quittes à mourir, autant que ce soit pour quelque chose d'important.
Léo se mit à courir, malgré la douleur et le risque d’aggraver sa blessure... avec un dragon en colère dans les parages, c'est marche ou crève. Alors autant marcher de toute façon. Le jeune homme passa par la fenêtre avec un peu d'aide. Coup de chance, la fenêtre donnait directement sur la forêt de bambou, idéal pour fuir. Puis ce fut le caporal qui en dernier quitta la maison. Malgré la situation... ça a arraché un sourire à ses deux collègues et à Léo, bien que ce dernier soit un peu moins enthousiaste.
Une boule de feu surgit du ciel, brûlante de rage et réduisant la maison... en ruines fumantes. Le Caporal observait la maison... Léo lui donna une tape pour le secouer et partit en courant, lâchant des râles et grognements de douleurs à chaque pas. Le médecin et le caporal aidait le jeune homme à avancer plus vite. Le lieutenant restait à l'affut et scruta rapidement le ciel à travers la lunette de son fusil.
- Putain... c'est bien un dragon, je pense pas qu'il nous est vu. Allez on avance !
Le petit groupe de quatre personnes continua d'avancer à travers la forêt de bambou, une marche forcée. Après quelques minutes de course, le petit groupe s'arrêta. Le lieutenant scruta le ciel grâce à son fusil...
- Il est repartit vers l'ouest... on va faire une petite pause. Docteur, vérifiez l'état du roux. Caporal, protèges-les. Moi je vais boucler le périmètre.
- Lieutenant...
- Ta gueule. Tu m'as désobéi et risquer ta vie pour rien. Je pensais avoir un soldat qui n'avait plus rien à perdre... finalement j'ai un suicidaire et ça me déçoit.
Léo restait silencieux, observant la femme partir et le caporal dépité, mangeant une barre chocolatée sans envie. Le médecin quand à lui examinait précautionneusement les bandages du jeune homme. Ça va, qu'il a dit... avec sa voix de médecin. Quand à Léo, il réflechissait... puisque lui été dans un sale état, il n'apportait rien au groupe. Sinon un poids. La présence d'un médecin est en soit une bénédiction... un mec qui n'a pas peur de mourir et une femme qui a tout de la militaire accomplie. C'est clair que la forêt de bambou ne leur posera pas problème. Léo le savait bien...
- Hey rouquin, ton laïus... c'est pas pur charité chrétienne on tu veux quelque chose ?
- On peut pas me laisser ici, si une bête sauvage arrive je suis foutu. Lâcha Léo, se voulant ironique... avant de devenir sérieux et de regarder le caporal de haut. L'idée de laisser quelqu'un mourir... moi ça me gène.
Le caporal regardait le jeune homme... dans une expression indéchiffrable, entre la moquerie et l’énervement.
- Un "merci" ça te tuerait ?
Deux coups de feux retentirent dans la forêt, un peu plus loin. Le lieutenant fait des rencontres, semble-t-il...
- On bouge, suivez-moi.
- Et le lieutenant ?
- Je m'en fait plus pour nous trois que pour elle. En plus, elle m'a donné l'ordre de vous protégez et c'est ce que je compte faire, maintenant vous bougez vos fesses et vous me suivez. Allez les lopettes.
- Le caporal Jhralah est enfin de retour. C'était juste deux sans-cœurs soldats. Il y en a surement d'autre, dans les parages. Doc', aidez poil de carotte à nous suivre. Jhralah et moi on vous surveille. Tant qu'à faire... restez discrets.
La marche reprit... Léo marchait, s'aidant du médecin. Dans une forêt, avec des sans-cœurs alentours, les minutes sont longues et stressantes. Le médecin et Léo... n'avaient rien de soldat ou de militaire. Après la fuite... tout cela n'en restait pas moins qu'une ballade dans une belle forêt de bambou. Le docteur commença à discute et son patient profita immédiatement de l'opportunité. Quitte à souffrir depuis le début en silence comme un chien... autant le faire en discutant. Mieux que ça, Léo obtenait enfin et sans avoir demandé... des réponses.
Le médecin, le lieutenant et le caporal font partit d'une escouade spécialiser dans la traque et l'élimination d'errant dangereux. Un médecin permet de gagner du temps et de pouvoir poursuivre une chasse à l'homme malgré les blessures. Le lieutenant est une sniper au sens tactique infaillible. Enfin... Jhralah n'est caporal que par le grade et en réalité... il a le niveau d'un seigneur, environs.
Le médecin a bien voulu me parler de lui... de sa soif d'action, son envie de participer à quelque chose de concret. Il a aussi dit comment le lieutenant Reeves a réussi dans ce milieu d'homme, en étant une tireur exceptionnelle et un chef sans faille. A quel point elle tenait à ses hommes sans jamais clairement leur montrer. Le médecin conclue... que lui, comme Jhralah, admirait la lieutenant. Que c'était leurs chefs et qu'ils obéiraient à chacun de ses ordres.
Un joli petit groupe... mais le médecin répugnait à parler en détail du "caporal". Selon lui, moins on en savait, mieux c'était. Malgré tout... selon le docteur... Jhralah est un homme bien. Léo se voyait heureux...
Un couteau traverse l'air dans un sifflement avant de se planter dans le crâne d'un sans-coeur vaguement chinois. Léo jeta un œil vers le caporal...
- Un "De rien", ça te tuerait ?
Léo afficha un sourire en coin... restant énervé et si las face à ce mec. Mais oui... c'était bien là son "merci", sauver Léo. C'est dingue quand même... la route reprenait, traçant timidement son sillage entre les bambou fleuries. La route... a été plutôt tranquille, malgré apparition d'un sans-coeur tué aussi sec.
Le bruit de la radio se fait entendre... tout le monde s'arrête et se tait, pendant que le lieutenant communiquait.
- Cinq sur cinq monsieur. Elle coupa la radio et cette clope dans sa bouche, celle qui jamais ne semble vouloir se consumer nous pointait tous du doigt. Moi et mes hommes on part sur une autre affaire, à Port Royal. Tu n'es visiblement pas chinois la rouquine, tu faisais quoi ici ?
- Du tourisme, j'habite à la Citée des Rêves.
- Évidement, on adore les jeans là-bas. C'est bizarre quand même. Un jeune homme a quitté la lumière il y a peu... il est roux, avec une allure sympathique et des yeux ambres.
Léo était repéré, c'était un errant et... en y réfléchissant bien, ils l'ont soignés pour le mettre au fond d'une cellule.
- On va te ramener au Jardin Radieux et après... et ben, t'es un grand garçon tu t'en sortiras. Mais si je te revois et que tu es toujours errant... ça va chier, la rouquine.
- Pas de problème, heureux de vous avoir connu !
Le Caporal s'est approché de moi et a tendu une main que j'ai serré.
- Rendez-vous dans une autre vie.
- A dans une autre vie, alors.