« Un renard pas trop rusé »
« J’en ferais bien une villa de vacances. »
C’est la réflexion qu’il fait en contemplant le château. C’est aussi ce qu’il se dit en déambulant dans les jardins et en rencontrant les courtisans, en pensant qu’ils feraient de très bon sujets et de très loyaux serviteurs. Ouais… Quoi qu’on en dise, ce palais a du charme, quelque chose de franchement élégant qui attire l’œil de tous les passants, même celui de Renart ! C’est tout de même impressionnant, car n’oublions pas que, pour captiver Renart, c’la prend beaucoup pluch’ que des fanfreluches.
Ainsi divague-t-il dans les alentours du château. Parfois rencontre-t-il un garde qui le dévisage en se demandant ce qu’il fait là, parfois de drôles d’oiseaux qui tiennent les jardins comme centre d’entraînement. ‘faut dire, il y a une drôle de synergie dans cette place. Aussi lumineux soient-ils – et Dieu sait que Renart déteste les groupes qui se disent philanthropes, charitables et qui sauvent la veuve, l’orphelin, l’ex-beau-frère de la veuve, le chat abyssin de la sœur et la grand-mère du voisin sans rien demander en retour –, ces gens ont l’air d’œuvrer dans une sorte de symbiose, d’amitié et désintérêt qui donne des haut-le-cœur à Renart… L’amabilité, ça n’existe que dans les films, et encore !
Mais bon, suffisent les bavardages inutiles, car si Renart a traversé vents et marrés pour venir ici, ce n’est pas pour rien (car on ne fait jamais rien pour rien !). En fait, dans l’une des cogitations exaltantes dans laquelle il regarde un mur et lance des idées pour renflouer ses coffres en toute gentillesse, de vagues ambitions lui sont venues à l’esprit. Vous êtes impatients de les découvrir ? Eh bien… Attendons encore un peu, je sens que le suspense n’est pas à son comble.
Soit, en décochant un sourire charmeur à un garde à l’entrée du palais (en fait, je crois bien que c’est une gardienne et, pour tout dire, elle est honnêtement jolie, quoiqu’on peu coincée et loin d’être souriante), il pénètre la grande demeure et traverse les couloirs si aisément qu’on pourrait croire sait où il se rend. Soyons sérieux… Il n’en a aucune idée. Renart a autant de sens de l’orientation qu’une vache aveugle, manchot et à moitié morte. Et, malgré tout, c’est ce grand sens de l’orientation qui le mène jusqu’audit lieu… Jusqu’à la chambre du roi, qui est, fort heureusement, absent.
Bon, je vous ai fait assez languir, mes très chers lecteurs ! En fait, si Renart a pris la judicieuse décision de venir ici, c’est pour la couronne du monarque et le diadème de sa tendre épouse… Selon ce qu’on dit, ces précieux objets sont faits en or massif et sont ornées des joyaux les plus rares et les plus convoités de tous ! Et comme Renart est aussi riche qu’un pauvre (!!), il y voyait là une opportunité incroyable d’amasser une belle petite fortune en moins de deux (à noter que, pour une pièce d’or, il aurait vendu sa canne, son haut-de-forme, sa mère et son âme). Là, il pense que cette périlleuse mission sera accomplie avec simplicité et facilité, mais comme on dit… Rien ne finit bien si rien n’a été mal (c’est bien ce qu’on dit ?).
Vous me direz qu’il y a plein d’autres façons de faire de l’argent – travailler, par exemple –, mais Renart en a assez de se subordonner à une compagnie aussi puissante que la Shinra. Et, à défaut de pouvoir vendre son corps, il sait très bien jouer de subtilité…
Il fouille donc tous les tiroirs et toutes les armoires à la recherche des objets ! Et n’est-il pas stupéfait lorsqu’il la découvre, posée sur un coussin, brillante comme dix soleils, la fameuse couronne royale ! Sans attendre une seconde de plus, il la prend, la dissimule sous chapeau et sort aussi discrètement qu’un éléphant dans une boutique de porcelaine… qu’un éléphant qui perd pied et qui s’affaisse sur le sol.
Vous connaissez la suite, n’est-ce pas ? Le haut-de-forme déferle lui aussi, la couronne également et… abracadabra ! Tout va mal !
Dernière édition par Sir Renart le Jeu 23 Mai 2013 - 19:34, édité 2 fois