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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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    Je laisse échapper un rire nerveux. J’avais quitté Auron trente secondes plus tôt pour retourner à ma couchette, dans la cale, pour y chercher mon équipement. Et tout en mettant ma cape sur mes épaules, je remonte sur le pont et… tout était changé. Le ciel grouille de nuages menaçants, la pluie tombe de nouveau violemment sur le navire, et le vent est… incroyablement puissant. Je lève la tête pour regarder les mâts, et j’y vois une demi-dizaine d’hommes défaire les nœuds et larguer les voiles…
    Et ce vent qui nous dirigeait vers cette masse de nuages aussi sombre que la nuit… Aucun marin prudent n’aurait accepté de foncer dans la tempête, et en cet instant, ce n’est pas tant la tempête que je crains, c’est ce danger plus imminent encore, plus effrayant et ô combien mystérieux pour nous tous
    Pourtant, les voiles déployées, c’est là-bas que nous irons. Je regarde l’horizon et bon sang, je crains le pire.

    Pas le choix, je dois trouver le capitaine… Je cours sur le pont, en direction de sa cabine, sauf que non… Juste avant que je parte, Auron avait demandé à lui parler. Bon sang, il choisissait bien son moment pour discuter avec le capitaine du navire ! Je cours vers eux, ils « discutent » dans cette tempête… Je n’entends rien et ce qu’ils se disent ne m’intéresse pas. Je pose ma main sur l’épaule du capitaine Achab et la tire pour qu’il me fasse face.


    « Capitaine ! Nous ferions mieux de nous sortir de cette tempête ! »

    « C’est là-bas que nous allons, matelot ! »

    Je le regarde fixement, les sourcils froncés… Son regard est stricte, certain, sévère. Il ne veut pas m’entendre, dirait-on.

    « C’est insensé, capitaine. Cette tempête est p…

    « Ne craignez pas la tempête ! »

    Il me pousse violemment sans que je n’en comprenne la raison, et il se retourne vers notre direction, cet horizon sombre.

    C’est une chose de partir à l’aventure, je le sais mieux que quiconque mais… un capitaine doit savoir mettre la survie de son équipage en priorité absolue, qu’il soit pirate ou pêcheur. Tout le monde le prévoit, ça se voit dans les regards effrayés, si nous y allons, il y aura des morts parmi nous.
    Je regarde Auron qui lui aussi fixe la mer. Il est sans doute le plus calme de tous, semble ne rien craindre. Si je dois en prendre de la graine ? Je ne suis pas paniqué, juste inquiet pour les autres. Ce n’est pas ma vie que je risque sur ce navire. Vous le savez maintenant, la mer est ma meilleure amie, je ne la crains pas… Jamais elle ne m’emportera.

    Les nuages sombres se rapprochent du navire avec la vitesse d’un ouragan. Les vagues secouent de plus en plus puissamment le bâtiment… Bientôt je vais rejoindre les marins pour les aider à braver cette tempête mais… tout comme Auron et le capitaine, quelque chose retient mon regard dans cet horizon.
    Petit à petit, c’est tout l’équipage qui commence à regarder. Personne ne respire, tout le monde s’attend à découvrir le vrai visage de la tempête.


    « Enfin on se retrouve… »

    Je regarde brusquement le capitaine Achab… Son regard, je ne suis pas prêt de l’oublier… Il semble en plein délire, les yeux injectés de sang, grand ouverts, pleins de folie.

    « Moby Dick ! »

    Des flots surgit une masse incroyable. Au premier coup d’œil, cela aurait pu être une montagne qui naissait dans l’océan mais… les même yeux que le capitaine trônaient sur le monstre.
    Ce n’était pas une montagne… C’était une baleine ou…
    Bon sang… je n’avais jamais vu un tel animal.

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    Une tempête approchait, et il vit, en relevant la tête, qu'elle fut déjà là. Déjà le tonnerre grondait. Le bateau sous leurs pas frissonnait, comme s'il avait sentit le danger avant tout le monde. Au lointain le nuage vitreux et blanc, grandissait comme un mont qui se dirigerait jusqu'à eux. Un monstre, un véritable Léviathan porteur de la colère des mers. Un lourd nuage noir assombrit le ciel et l'équipage désespéré.

    « Enfin on se retrouve… »

    La terreur des eaux profondes, le roi des enfers sous-marines, cette créature qui méritait plus que n'importe quel autre monstre l'appellation Monstre. Petit à petit se dévoilant, on voyait bientôt cette vaste forme aux ombres dilués, baignant dans cet océan déchaîné...

    « Moby Dick ! »

    Tout le monde l'avait entendu malgré le vacarme dans lequel ils étaient tous plongés. C'était le chaos, plus personne ne savait quoi faire. Y avait-il seulement quelque chose à faire ? Auron s'est frayé un passage parmi la foule de matelot agiter et rejoignit Shanks. Celui-ci regardait Achab avec un air... inquiet. Intrigué, le mercenaire jaugea le capitaine de son dernier œil... Les yeux du capitaine était injecté de sang, un regard plein de haine. Il ne regardait que Moby Dick... perdu dans sa folie, ne se préoccupant de rien d'autre.
    Le Capitaine a tourner la tête vers le mercenaire, nerveux. Il pointait l'animal au loin... loin, il ne le resterait pas longtemps. Il semblait déjà si énorme...


    « Voici ce pour quoi vous êtes engagez, nous allons tuez ce monstre ! »

    Le Mercenaire regardait le monstre... C'était l'animal le plus massif qu'il n'est jamais vu. Par-dessus le marché, c'était aussi... La créature la plus puissante qu'il n'est jamais vu. Le ciel et la mer se sont déchaînés rien que pour lui. Cette baleine blanche... était soutenu par les éléments qui s'acharnaient sur le bateau. Le vent violentait la voile dans tous les sens... Auron ne s'y connait pas en bateau mais il semblait bien qu'il faille des hommes posté dessus en permanence. Le bateau était ballotté comme un simple radeau par le vent et le courant... Le diriger serait tout sauf simple.

    Puis il y avait Moby Dick qui bien que loin s'approchait dangereusement... Ce bateau est équipé pour la chasse à la baleine. C'est une armada qu'il faudrait. Un harpon, aussi puissant soit-il n'y changera rien.

    Enfin en troisième problème... il y avait Achab qui regardait fermement Auron, il ne lâcherait rien. Le samouraï a brièvement regarder Shanks et en le voyant il comprit... Qu'ils étaient d'accords.


    « Nous y sommes... ma vengeance. »

    « Shanks, on doit partir... peu importe où tant que c'est loin de Moby Dick. Tu étais capitaine, tu dois pouvoir t'occuper de ça. Je vais nous faire gagner autant de temps que possible. »

    « Et la fierté des mercenaires ? Vous refusez d'accomplir le contrat ? Vous êtes un lâche ! »

    Auron se tourna vers Achab et s’avança de quelques pas menaçants vers lui. Le Capitaine ne défailli pas.

    « Je suis le Capitaine et sur mon bateau, vous devez m'obéir. A moins que ce soit une mutinerie ? »

    Achab avait la main sur son sabre... prêt à dégainer, tout comme Auron. Le capitaine Achab était sans doute le plus adapté pour sortir tout l'équipage de là... Il connaissait bien son bateau et était fort d'une grande expérience, plus que n'importe qui ici. Apparemment... il connaissait tout aussi bien Moby Dick.
    Auron le regardait de son dernier œil... projetant toute sa force, toute sa puissance...


    « Tu pourrais nous aider à survivre... mais on a pas vraiment le temps de te faire reprendre tes esprits, Achab. Soit tu nous aides, soit tu plonges. »

    C'est à la fois triste et incroyable... mais Achab ne faillit pas.

    « Tu as définitivement perdu l'esprit. »

    Auron était décidé... ça ne pouvait plus continuer comme ça, le temps manquait et ce vieux fou assoiffé de vengeance risquait de tous les tuer. Il a fait son choix... et en assumera les conséquences.
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    Je pose ma main sur le bras d’Auron, le regardant avec tout mon sérieux, sans le quitter des yeux. Le samuraï ne semble pas répugné par l’idée de se débarrasser d’Achab… certes parce qu’il veut sauver tout le monde, ce que je peux comprendre. Mais je suis surpris par cette absence de doute qui est pour moi malsaine. Je sers son bras dans ma main, l’empêchant du mieux que je peux de bouger, le forçant à me regarder.

    « Hors de question de te laisser faire ça… Si tu t’en débarrasses, rien ne pourra pardonner ton geste ! »

    Je dois crier pour qu’il m’entende. La pluie fouette nos visages, les vagues s’abattent sur le bateau dans un vacarme étourdissant.
    Mais malgré ça, malgré la baleine qui approche, je reste concentré sur Auron.


    « Il a raison, j’en suis désolé ! C’est une mutinerie. Et tous ces marins ne sont pas comme toi des mercenaires, ils font partie de cet équipage ! Si tu tues leur capitaine, ils seront furieux ! Et si jamais on s’en sortait vivant, ils tenteront de le venger en définitive ! »

    Je ne connais pas bien Auron mais j’ai compris à sa façon d’éliminer la baleine qu’on a croisée, qu’il est très capable de se débarrasser d’un équipage entier…
    Après, je ne peux pas me battre contre lui pour sauver Achab. Ma seule préoccupation est de sauver l’équipage ! Je cours vers le pont supérieur du bateau, situé vers la poupe, grimpe les escaliers d’un saut et m’empare de la barre, déjà occupée par un marin.
    Je lui dis d’un signe de me laisser la place… et je suis enfin devant le volant !

    Avec des gestes violents je fais tourner la barre, voyant au loin le dos de la baleine qui nage à grande vitesse vers nous… On a déjà perdu trop de temps et… je pense pas qu’on ait vraiment nos chances de lui échapper, le vent étant contre nous.
    Je me cramponne à la barre, de plus en plus secoué par les vagues… je suis à nouveau complètement trempé, je vois à peine plus loin que la proue.
    Enfin le vaisseau fait un demi-tour presque complet, luttant contre vent et marée, forçant son passage… Un regard par-dessus mon épaule et je la vois à une vingtaine de mètres, ses yeux de colère qui embrasent le vaisseau !
    La barre me résiste de plus en plus, me forçant à mettre tout mon poids et ma force sur le volant. Et je regarde les marins et… alors qu’une bonne partie s’occupe des voiles, certains prennent des harpons et accourent dans ma direction.
    Pour l’instant, ma seule préoccupation doit être… le vent. Sans le tourner à notre avantage, on n’a aucune chance de semer la baleine. Je ne suis pas le meilleur navigateur, loin de là, mais si on a le vent contre nous, on doit… euh…

    Allez c’est quoi le mot déjà ?!


    « … »

    Ah oui !

    « Il faut naviguer à près !! A bâbord !»

    Je crie l’ordre aux hommes postés sur le mât. Ils me regardent, hésitants ou d’accord. En fait c’est indiscutable. De toutes façons, on ne peut pas avancer contre le vent, on a qu’à se décaler un peu par rapport à l’axe du vent, diriger les voiles dans l’axe du navire, et le tour est joué…
    Je laisse un peu de mou à la barre, me dirigeant à 40° à bâbord, essayant d’être le plus précis possible.
    Je me retourne… La baleine me semble être à quelques centimètres, je regarde alors les mâts se dirigeant peu à peu dans l’axe du vaisseau.
    Pour garder le cap, c’est simple ! Ayant dévié de 40° de l’axe du vent, comme on est allés à bâbord, il faut que, si je reste droit, le visage dans l’axe du navire… je ressente beaucoup le vent sur mon profil droit et légèrement sur une partie de mon profil gauche ! Et c’est bien l’avantage à toute cette pluie… Je suis si trempé que le vent me refroidit cruellement là où il frappe.
    Oui je sais il y a plus simple mais je trouve ma méthode cohérente !

    On prend de la vitesse, ça se sent. Il n’y aura qu’un seul inconvénient, le bateau va être terriblement secoué avec cet axe… De toutes mes forces, je crie à l’attention du pont.


    « Accrochez-vous ! Les vagues risquent fort de passer par-dessus les rambardes à tribord ! »

    Mais c’est à peine s’ils m’écoutaient… Ils regardaient tous derrière moi.
    Je me retourne et le vois, à peine à un petit mètre du bateau, la gueule ouverte, ses dents aussi grandes qu’un homme, prêtes à croquer la proue.

    Ma seule main est occupée à naviguer mais…
    Pas le choix ! Je place mon genou entre les barreaux du volant, plonge ma main droite sous ma cape dans mon dos. J’en sors mon pistolet et le braque vers Moby Dick…
    Je le mets en joue et… tire trois coups de feu, touchant une dent et deux fois son crâne.

    Ses dents s’abattent néanmoins sur la proue… Encore un peu et il va détacher toute cette partie du navire, ça va être impossible de naviguer !


    « Auron ! »
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    Merde ! Shanks avait appelé Auron, alors que celui-ci était déjà mouvement. Non pas que le samouraï... Il était attendu et en retard ! Moby Dick n'a surpris personne... En fait, la seule chose qu'on peut attendre d'un monstre de ce genre... C'est massacrer tous ce qui passe un peu trop près.

    Le vent tentait vainement d'arracher le bateau à Moby Dick, semblant prendre en pitié l'équipage et préférant le jeter à la mer. La pluie a rendu le bois glissant... Le mercenaire parvenait à se déplacer malgré les éléments... Il s'approchait de son but...

    Crac ! Et c'est peu dire... Un énorme bruit retentit. Dans le vacarme ambiant, ce n'est pas tant élevé, au niveau sonore... Impossible à dire pour les autres, mais ce son inquiétait à un tel point le mercenaire qu'il lui semblait plus bruyant que la foudre... Du bois craque et pour l'entendre, ne serait-ce qu'un peu dans cette tempête... C'était un coup très sérieux que Moby Dick avait asséné au bateau...

    Auron tend le bras dans un dernier élan... le bateau penche contre lui mais pourtant il arrive à planter son épée sur... le bord du bateau. A la seule force de son bras, Auron se hisse et tend son autre main, s'approchant d'heureusement la mer... S'il échoue il meurt... et le reste de l'équipage. Leur sort est entre ses mains et pire que tout, sa seconde vie... La vie lui a accordé une seconde tournée et la gâcher...

    Lui qui espérais le repos éternel s'est remis à apprécié la vie... et ça motive. Quand bien même il doit mourir, ça ne sera sans infliger le maximum de dégât... Rageusement il attrape l'encre et bondit en direction du monstre... Pas très loin.

    Rapidement il reprend ses appuis, redevient stable et court, entrainant l'encre dans sa course... Puis sans pitié, prêt à tout pour le contrer, enfonce l'encre dans son œil... Coup de chance, le vent pousse le bateau dans son angle mort...

    Le but n'était pas de tuer le monstre, il lui faudrait des heures... sur la terre ferme. Sans être manche, le pied marin ne s'improvise pas. Non, tous ce que le samouraï... c'était lui infliger une atroce douleur capable de le faire lâcher l'embarcation ! Auron y a mis toute sa force... et Moby Dick s'agite dans tout les sens. Certes il a lâché le bateau... mais la chaine de l'encre refuse de se détacher. Le bateau est balloté dans tout les sens... C'est marche ou crève... Ce n'est pas un jour commun, pour personne ici. A situation extrême... solution extrême.

    Auron coupe la chaine de l'encre, alors que le bateau s'est bien éloigné de Moby Dick. Ce dernier est déchainé et très en colère... Mais au moins, il n'est plus au mieux de sa forme. Ah, et il n'y a plus d'encre... Ça fait plaisir de voir son œil encore empalé... Auron s'en délectait et plus que n'importe qui, savait à quel point c'est atroce... Mais il reviendrait, c'est certain


    « Attention à la chaine. »

    Achab et Moby Dick sont en vue, après quelques instants de recherche, le reste est question de navigation... Est-ce que le bateau tiendrait ? Tenait-il seulement ? Impossible à dire... maintenant aux cotés de Shanks. Auron se préparait à repousser une nouvelle fois la baleine blanche...

    Un sabreur, des harpons, quelques pistolets, Achab complètement fou, tout le monde dépendant des capacités de navigation d'un manchot... et sous protection d'un borgne. De la motivation, du courage. Du désespoir... et plus d'encre. Auron parlait au plus fort que sa voix le permettait...


    « Est-ce que le bateau flotte toujours ? »
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    Je soupire et laisse un sourire triompher sur mon visage alors que je regarde Auron. Quelques secondes j’ai cru qu’il arriverait trop tard mais au lieu de ça, il avait réussi à pulvériser un œil de Moby Dick… ce qui me laisse croire qu’au moins, si on ne se sort pas de ce combat, il aura au moins réussi à rendre la tâche plus facile aux prochaines cibles de la baleine.
    Je regarde par-dessus mon épaule, constate les dégâts. On peut clairement voir les marques des dents tranchantes du monstre sur la proue, bien qu’il n’ait pas réussi à l’arracher. De toute façon, avec une telle charge, il était impossible que le bateau ne prenne pas un peu l’eau.
    Je crie à l’intention du pont sans attendre que quelqu’un ait le temps de répondre à Auron.



    « Cinq hommes dans la cale ! Il faut absolument colmater les fuites. »

    Et si le bateau flotte encore ? Auron sait très bien que je suis trop loin des rambardes pour regarder moi-même si on ne coule pas… je ne peux pas me permettre de faire autre chose que de rester à la barre, pour le moment. Cependant, il n’y a pas de raisons pour qu’on soit déjà incapables de flotter, c’est un navire solide, préparé aux prises violentes avec les baleines, même s’il est évident qu’aucune baleine n’est comparable à celle-là.

    « On ne peut pas lui échapper !! On doit la combattre ! »

    Le capitaine Achab crie à plein poumon, la tête fixant le ciel déchiré par la tempête, les bras écartés comme attendant le courroux de Neptune. Je le regarde sombrer dans la folie et il braque brusquement son regard sur moi, de la même façon que s’il m’avait mis en joue d’un canon.

    « Demi-tour, rouquin ! Je t’ordonne de faire demi-tour ! »

    Il est sur le pont et je n’aurais pas entendu un autre que lui, mais sa voix porte tellement. Quand il m’a brusquement regardé, c’était presque effrayant. Il marche vers moi, difficilement puisqu’embarrassé d’une jambe de bois, mais étonnamment rapide. Il ne me quitte pas des yeux… Cet homme considéré comme une légende parmi tous les marins. Aux yeux de ce monde, il n’était pas que le capitaine d’un navire pêcheur, il était surtout le plus grand chasseur de bêtes, le plus redoutable des loups de mer, le commandant le plus robuste qu’un bateau ait porté jusque-là.

    « Tu crois pouvoir le semer maintenant que ce sac à vin, ce mercenaire putride, lui a pris un œil ! Crétin de pirate ! »

    Il crache ses mots et ses insultes avec une violence incroyable. Il pointe sa jambe de bois avec un sourire sadique.

    « Moby Dick et moi sommes faits du même sang ! Un sang vengeur, le sang qui ne s’arrête de bouillonner que quand nous avons fini de massacrer celui qui l’a versé ! »

    Et pour cette jambe, il pourchasse Moby Dick… Et Moby Dick le pourchasse.
    C’est un fou mais il y a un fond de vérité. Maintenant qu’Auron a blessé gravement le monstre, nous ne pouvons plus espérer pouvoir le décourager.


    « Donne-moi la barre si tu ne veux pas que je t’ouvre le…

    Je tourne brusquement la barre à tribord, faisant basculer brusquement la trajectoire de 80°. De nombreux marins sont surpris et tombent, trébuchent.

    « Moby Dick droit devant ! On navigue au près du vent, mais de l’autre côté ! Faîtes pivoter les voiles à 180° ! »

    Exactement la même allure, mais cette fois-ci le vent frapperait à bâbord. Pour éviter que le monstre ne se mette dans notre trajectoire, on va sûrement devoir naviguer en zigzag, toujours en navigant au près. Cela va être un exercice pénible, voir insoutenable pour l’équipage. Si je fais ça, le bateau va être secoué encore et encore, de plus en plus violemment.
    Je regarde l’horizon, et le dos de MobyDick qui arrive. Il ne pourra plus nous prendre de face sans perdre tout son élan, et sans doute est-ce une bête sournoise, aussi intelligente qu’Achab puisqu’elle ne modifie pas sa trajectoire. Elle veut faire un maximum de dégâts en n’hésitant jamais.


    « Accrochez-vous ! »

    La baleine émerge totalement, le temps de quelques secondes pour heurter violemment la paroi du navire, à bâbord, provoquant un choc impressionnant, faisant voler des dizaines d’éclats de rambardes. Plusieurs hommes trop proches basculent et tombent à la mer. Quelques secondes je regarde l’endroit où ils étaient juste avant…
    J’aimerais les sauver, mais je n’ai pas le droit, et… c’est triste à dire mais je pense que la baleine reviendra les dévorer dans quelques instants.

    Il y a des cris, des hommes à terre, et cette secousse qui semble être sans fin.

    Le vent semble contre nous, mais je l’ai utilisé à bon profit… Nous sommes honnêtement rapides et pourtant, force est de constater que nous ne le sommes pas assez comparés au cétacé.
    Je ne sais pas quoi faire… en fait je ne sais pas du tout ce qui est le mieux.
    Certes je suis un marin, je sais naviguer, mais je suis aussi un excellent combattant en mer.

    Je prendrai bientôt part au combat.

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    Auron fixe la baleine de son dernier œil... il l'attend de pied ferme, les deux mains sur son épée. Son dos fendait la mer en deux et à une incroyable vitesse. Une charge aussi que brutale... Certes massif, gigantesque et incroyable féroce, le mercenaire se savait maintenant capable d'au moins repousser Moby Dick. Certes au prix d'efforts et de prises de risques démesurés... mais maintenant il était persuadé que s'en sortir était possible. Les chances de survie était proche de zéro... Le mercenaire n’espérait pas et s'il le gardait pour lui...
    Espérer et avoir la foi ne changerait absolument rien. Jambes fléchies et faisant face à la baleine approchant, le samouraï souhaitait mettre toutes les chances de son côtés... La fureur de l'Aurore Rouge était palpable... Son sabre chauffait à blanc, gorgée par l’énergie du feu et à cause de la pluie, on pouvait voir un amas de vapeur s'échapper de son arme... D'un coup Auron semblait moins en forme mais son corps tout entier respirait la rage et la nervosité. Patiemment il attendait la bête... armé de sa fureur et préparant une frappe brise-roche sanguinaire.

    Cette baleine avait une vélocité impressionnante pour sa taille... et Auron est loin d'être assez rapide pour donner deux coups d'affilés. Il devait la repousser... en un seul coup. Ce coup qu'il préparait... c'était l'attaque la plus puissante qu'il possédait. C'était un effort conséquent... qu'il serait probablement incapable de refaire.


    « Frappes ce monstre, son dos est exposé ! Qu'est-ce que tu attends saleté de Mercenaire ?! »

    Auron répondit... sans même accorder un regard à ce pauvre fou d'Achab.

    « Le bon moment. »

    Son dos... que pourrait-il lui faire en frappant le dos ? Sinon juste lui faire mal et l’énerver plus encore ? C'était son meilleur coup et il n'avait qu'une seule chance... Cette attaque, il fallait l'optimiser.

    Auron faisait appel à ses nerfs d'acier... Moby Dick devait être le plus près possible... et pour infliger le maximum de dégât, il fallait frapper là où le monstre est le moins protégé...

    En d'autre termes, Auron attendait que la baleine ouvre sa gueule pour engloutir... C'est au moment de fondre sur sa proie qu'une bête sauvage est le plus vulnérable, peu importe sa taille. Le samouraï tentait le tout pour le tout... C'était un risque important et Achab malgré qu'il soit enclin à l'affrontement... Ne faisait pas complètement confiance au mercenaire... Sauf que voilà.
    Pas le choix...


    « Voilà Moby Dick !!! »

    Moby Dick émerge, la gueule grande ouverte, prêt à engloutir le bateau... déchainant les flots... Le samouraï commence à perdre son équilibre et il n'est plus assez stable... Son coup n'aurait clairement plus assez d'impact...

    Et la baleine blanche approche...

    Mauvais... Très mauvais... Il lui faut juste... deux secondes... Non ! Une seule, une seule suffirait à retrouver son équilibre et frapper mais... Il n'a pas une seconde... Dans un instant, tout le monde sera mort.


    « TOUT LE MONDE AVEC MOI !!! »

    Achab sort un pistolet et tire plusieurs balles... Tout les marins qui ne sont pas occupés s'y mettent... Que ce soit une arme, un outil de pêche ou un objet qui n'a rien à voir, tous trouvent par nécessité une arme... Quatre mots ont suffit à Achab pour galvaniser tout l'équipage.

    Le mercenaire sourit alors... car il est maintenant bien stable sur ses pieds et tranche horizontalement devant lui... Moby Dick avale l'onde tranchante d'une puissance incroyable et celle-ci, tranchante, brûlante et incroyablement violente force la bête à se cacher sous l'eau... ce n'est pas la fin.

    Mais la fin approche... Car Moby Dick va revenir, la baleine blanche en a encore dans le ventre. Pas le temps de s'auto-congratuler... Auron court rejoindre Shanks à la barre et aussitôt qu'il pose la main dessus. Le contre-coup est sévère mais le revenant tient le coup. La force pour tenir la barre... ce n'est pas un problème, mais la navigation lui est complètement étrangère.


    « Qu'un marin vienne me guider ! »

    Un marin âgé à l'air expérimenté vient tenir la barre avec Auron... et deux jeunots suivent. Le plus vieux des marins poussent dans la bonne direction la barre alors que les trois autres apportent la force nécessaire pour mouvoir la barre qui offre une sacrée résistance.

    La tempête ne faiblit pas mais Moby Dick, tout le monde est inquiet.


    « Les courants... ne sont pas normaux. Moby Dick rode dans le coin tenez-vous prêt ! »

    Si Moby Dick attaque le bateau par le bas... alors ni Auron, ni Shanks, ni personne ne pourra rien y faire.
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    Ce n’est pas un animal marin, un vulgaire cétacé ou autres… Ca n’a rien d’un animal, c’est bien plus que ça. C’est exactement comme Achab, cette folie, cette colère, cette haine, tout ça est présent dans le regard de Moby Dick.

    J’ai des doutes.

    Auron lui a infligé de lourds dégâts, comme ce monstre en a rarement subis, je crois… Le combat commence bien, en quelque sorte, mais c’est uniquement la peur que je ressens en chacun et même en moi.

    Le bateau est dans un triste état mais toujours capable de naviguer, grâce à Auron ! C’est le point positif, oui, nous continuons de naviguer et bien qu’on ne peut pas espérer pouvoir la semer, on fait bien de ne pas rester immobile contre un adversaire de ce genre.

    Une minute se passe, peut-être, depuis la dernière attaque de Moby dick. Et je crois, en voyant certains sourires au coin, certains regards adressés au mercenaire, que quelques-uns pensent bien que l’onde tranchante d’Auron avait découpé le monstre de l’intérieur.
    Il a sacrément bien visé, oui, et sans doute s’est-t-il sévèrement affaibli en lançant cette attaque. Ca expliquerait sa présence à la barre, où j’étais il y a une petite minute.

    Là je ne fais rien d’autres que descendre dans la cale, prendre quelques harpons et remonter pour les mettre à la disposition des chasseurs. Les balles, ça ne lui ferait rien, je l’ai bien compris. Les marins qui n’ont pas les capacités d’Auron ne peuvent blesser la baleine avec des armes standards. Il n’y a que les canons ou les harpons qui marchent, selon moi, si on ne maîtrise pas assez bien son sabre.

    Je m’arrête quelques secondes, je regarde le ciel, les nuages noirs, la pluie qui s’abat sur mon visage… Non malgré ses blessures, nous sommes plus proches de la mort que ne le sera jamais Moby Dick.
    Ca ne fait aucun doute, il va attaquer… bientôt.

    Je regarde Auron, à la barre, aidé par plusieurs hommes pour le guider. A voir son allure inquiète, il pense comme moi.

    Si cette baleine est aussi cruelle que ce qu’il semble, elle attaquera désormais où on ne pourra pas l’attendre.
    Je m’approche d’un marin, pose ma main sur son épaule et parle à son oreille assez fort pour qu’il m’entende.


    « Va chercher deux hommes supplémentaires et reviens vers moi ! »

    Il acquiesce, part sur le champ et après quelques secondes, revient accompagné de deux hommes costauds. Il y a une corde près de nous, le genre de cordage qu’on utilise pour les voiles, si besoin… Autrement dit, une corde très longue !

    « Attachez la corde à ma taille ! »

    Avec un bras en moins, c’est délicat, vous vous doutez… Ils attachent l’autre bout à la rambarde et une fois que c’est fait, je les regarde tous les trois avec un regard rassurant et un sourire assuré.

    « Préparez-vous à tirer. »

    Je saute agilement sur la rambarde et plonge, tête la première, un bras en avant. Même en étant manchot, je suis sûrement le meilleur nageur du navire, et nager dans une tempête… certes je vais plus sentir mes jambes après, mais c’est carrément dans mes cordes.

    Je m’engouffre dans les profondeurs, sous le bateau alors qu’un froid intense m’envahit, et je le vois… A une centaine de mètres, qui s’approche à une vitesse folle.
    Pour la première fois, je vois à quel point il est énorme, monstrueux, effrayant. Dans les ténèbres de l’océan, son ombre se profile, ses yeux ressortent, son aura démoniaque se ressent.
    J’ai pas le droit de me laisser envahir par la peur, alors je nage vers lui, le plus vite que je peux, pour être le plus loin possible du bateau.
    Mon seul but est de l’empêcher d’attaquer le bateau par là. Je vais pas pouvoir faire ça indéfiniment, vu comme tout ça me fatigue mais… ouais je vais y arriver.

    Elle est à une vingtaine de mètres… c’est comme si la collision était imminente. Je m’arrête de nager, pose ma main sur la poignée de mon sabre et brusquement dégaine, frappant l’eau dans le même geste…
    L’onde de mon arme est alors projetée vers le monstre, le touchant de plein fouet. Il se tortille une petite seconde alors que du sang coule de son… nez, visage ?

    Il me remarque enfin, et son regard devient vraiment intimidant. Je nage vers lui et lui vers moi, alors que je rengaine mon sabre rapidement.
    Cinq mètres avant de me faire avaler… sa gueule s’ouvre lentement et ses yeux qui me fixent.

    Je fronce les sourcils, l’eau se trouble alors brusquement tout autour du monstre et de moi…

    Le Haki des rois.

    La baleine cligne des yeux, surprise, et ferme sa gueule… Je n’espérais pas l’effrayer, la surprendre me suffit amplement. Je bats alors des jambes pour me faufiler hors de sa trajectoire.
    Quand Moby Dick rouvre les yeux, il ne me voit plus, parcourt encore quelques mètres et se retourne brusquement.

    Voilà, il a perdu tout son élan et visiblement… m’a pris pour cible. Il nage vers moi, beaucoup moins rapide, toujours aussi effrayant.

    Une main sur la poignée de mon sabre, je bats alors des jambes pour me rediriger vers la surface… mais Moby Dick, en quelques secondes, atteint déjà une vitesse incroyable. Je le vois venir, je dégaine… et en quelques secondes, frappe à cinq reprises la baleine de face. Son crane me fauche les jambes avec la puissance d’une charge de taureau.

    Je bascule, glisse sur le dos de la baleine… Et plante violemment mon sabre dedans, me tenant à la poignée, tandis que la baleine m’emporte.

    Je ferme les yeux, un peu sonné…
    Je suis mal.
    Avec ce coup aux jambes, je vais pas pouvoir nager jusqu’à la surface. Si je retire mon sabre, Moby Dick me retrouvera… alors que d’un autre côté, malgré la douleur, il a pas l’air de savoir que je suis sur son dos, accroché à mon épée plantée dans sa peau !

    J’ai pas le choix, je dois rester là… Sans pouvoir respirer.

    Espérons que je tienne jusqu’à ce qu’elle émerge. Là je pourrai rejoindre le navire.

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    Plusieurs marins ont subitement rejoins Auron pour tenir la barre. Vu leur nombre... ils n'avaient pas besoin du samouraï et c'était fait exprès. Quand Moby Dick émergera, il n'y aura que lui pour repousser efficacement ce monstre. Shanks est peut-être fort... mais pas au point de vaincre cette baleine dans l'océan. Quand à survivre... on verra bien. L'Aurore rouge quitte la barre...

    « On perd le cap ! »

    « RETROUVEZ-LE ! »

    Achab aide le bateau à s'éloigner... pour qu'on est le temps de tuer la bête, toujours pas pour fuir. Ce qui n'est pas possible... Il se passe quelques minutes au moins avant qu'enfin, le monstre remonte à la surface... avec Shanks sur son dos. Apparemment le Roux a bien énervé ce gros poisson. Ce dernier ne semble pas l'avoir remarqué... Même dans une situation pareille il faut que ce pirate voyage clandestinement.

    Achab est comme un fou alors que la baleine s'approche de plus en plus... même au loin elle semble proche. Le coup d'Auron sera moins puissant cette fois... A moins d'utiliser une deuxième fois la frappe sanguinaire. Il pourrait encore tenir debout... mais le reste du voyage n'en sera que plus dure.

    Armes de fureurs et la frappe brise-roche.... Par chance, le mercenaire est de plus en plus enragé, son aura d’énergie du feu est de plus en plus puissante au fur et à mesure qu'ils s'acharnent à se tuer l'un l'autre... Auron comprenait Achab, sans pour autant respecter un capitaine qui embarque son équipage là-dedans.

    Il faut retenter d'attaquer à l'intérieur... en espérant remuer assez fort le couteau dans la plaie. Non... la rendre aveugle. Quelque chose disait au mercenaire que Moby Dick pourrait quand même chasser. Pas de soucis... La douleur et la perte d'un sens la chambouleront assez. Moby Dick est à quelques mètres à peine... Le samouraï envoie une onde tranchante horizontale qui saigne le dernier œil du monstre... en plein milieu de la pupille. Est-ce qu'il est aveugle ?

    Impossible à dire... mais au moins le sang doit brouiller sa vue, étant donné qu'il s'agite en cherchant le bateau. Auron déclenche la frappe sanguinaire... et enchaine les ondes tranchantes sur le monstre, donnant toute sa rage dans la baleine.

    « REVIENS PIRATE ! »
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    La pression de l’eau me paralyse complètement, m’a complètement assourdi. Y a vingt secondes j’avais les jambes complètement meurtries par la charge de la baleine… A présent, je ne les sens même plus, tandis que la douleur causée par la pression de l’eau est insoutenable. Pendant quelques dizaines de secondes, elle a plongé pour reprendre de l’élan pour sa nouvelle charge… Et moi je me tiens du mieux que je peux à mon sabre planté dans son dos… Si je lâche la poignée, je mets fin à cette douleur. En contrepartie, je me noierai avant d’atteindre la surface. J’ai donc pas le choix, je dois continuer en espérant que mon cerveau n’explose pas. Je ferme les yeux et j’essaie de penser à rien ou à autre chose, en tout cas… Mais c’est comme si j’avais plus de passé, j’arrive pas à me focaliser sur autre chose que ma douleur.
    Si j’avais su, je n’aurais jamais plongé.

    Les secondes passent lentement et moins ça va, moins j’arrive à garder conscience. C’est beaucoup trop dur, j’ai plus de force. Et… bon sang ! Survivre maintenant pour mourir juste après, ça m’enchante pas ! Ce qui me fait le plus peur, même si ça n’a aucun sens, c’est qu’une fois que Moby Dick émerge, le bateau soit devenu une épave. J’imagine déjà les corps flottants et inertes des marins et du mercenaire. Mais non… Le temps que je passe sur le dos de cette chose, c’est du temps où elle n’attaque pas le navire.
    C’est si long que j’en arrive à me dire que les marins ont eu le temps d’atteindre Port Royal depuis que j’ai plongé. C’est réconfortant comme pensée mais un peu désespérant pour moi.

    Mais enfin, elle émerge… J’arrive même pas à en être content, ma tête me fait trop mal et tout mon corps me rappelle qu’il est présent et qu’il est extrêmement fatigué. Mon bras droit, c’est une horreur, il est comme raide, fixement accroché à la poignée de mon sabre, mais incapable de faire le moindre mouvement. Mes jambes pendent sans vie derrière moi. .. et je vous ai déjà tout dit sur l’état de ma tête. Sans oublier que j’ai très très froid.

    C’était une idée un peu stupide, quand j’y repense.


    « Reviens, Pirate ! »

    Je souris nerveusement. Il en a de bonnes, j’aimerais l’y voir, pendu au dos d’une baleine, pour sauter de là et atterrir tout beau tout propre sur le pont du navire. Mais il a raison, je n’ai que ça à faire, c’est le seul plan viable. Un bon « Marche ou crève » qui me remet plus ou moins d’aplomb. Je me tiens toujours à la poignée de mon sabre. Il n’y a qu’un moment où je peux réussir mon saut : Celui où la baleine heurtera le bateau. Je profiterai du choc pour me lancer et avec un peu de chance, j’atterrirai sur le pont et pas ailleurs.

    Je tire mon sabre du dos de la baleine, la collision a lieu, mes jambes prennent appui difficilement sur le corps glissant de la baleine et je suis propulsé vers le navire, retombant violemment sur le pont, glissant jusqu’à la rambarde avant de m’y cogner le dos pour ne rien arranger. Aucun des marins ne se rue vers moi, puisque pour eux, c’est quand même le moment où la baleine a enfin touché le navire. Mon regard se pose sur le monstre qui semble aveuglé par son sang. C’est dingue mais à mes yeux, ça ne la rend pas moins dangereuse. Il lui reste un œil… Elle va plonger et revenir avec un œil en trop. Mes yeux s’arrêtent sur Auron, frappant sauvagement l’air. Il n’a pas visité les profondeurs mais il semble éreinté… Certes il n’est pas aussi amoché que moi qui n’arrive plus à me tenir sur mes deux jambes, mais il semble souffrir d’avoir forcé sur tous ses muscles.

    J’essaie de me relever pour m’effondrer avec panache… A croire qu’on m’a amputé de tous mes membres restants…
    La baleine a immergé de nouveau, laissant seuls les matelots jusqu’à sa prochaine charge. Je regarde mes camarades. La dernière fois que je les avais vus, ils semblaient pourvus d’un nouvel espoir, pensaient pouvoir abattre Moby Dick. A présent, tout ce que je lis dans leurs yeux, c’est le désespoir et la panique. Je n’arriverais même pas à les rassurer, moi aussi je commence à penser qu’on est vraiment mal. Le bateau est dans un état désastreux, et chaque craquement, chaque grincement fait sursauter tous les marins.

    Pour moi,  ça devient… supportable. Mon mal de tête a cessé, bien que je me sente toujours sonné… Mais mes membres sont comme totalement endormis.


    Une secousse énorme prend alors le bateau. Et quand je dis énorme, je veux dire que tous ceux qui étaient debout se sont retrouvés à terre, soulevés par une force époustouflante. Deux hommes près de moi ont été littéralement propulsés par-dessus la rambarde, tombant dans l’océan. Je ne veux pas voir ça, pourtant je tourne mon visage vers eux, flottant, regardant le navire qui s’éloigne. Des hommes se relèvent et crient qu’on ne va pas les abandonner…
    Pour qu’au final, les crocs de la baleine se dessinent sur la surface de l’eau, autour des deux hommes, et s’abattent comme une guillotine sur leur corps, les coupant littéralement en deux, les abattant heureusement sur le coup. Je ferme les yeux, me faisant la réflexion que mourir suite à cela était encore la meilleure fin possible pour eux. Je ne m’imagine pas attendre la mort avec mes jambes en moins, perdu dans l’océan.

    Le sang des deux hommes se répand dans la mer, traumatisant les spectateurs.

    Allez… un petit effort et je me relève. Je baisse les yeux et vois le bois du pont craqué à plusieurs endroits. Je n’imagine pas l’état de la cale, et je pense comme chacun que le bateau commence doucement à couler.
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    Le bateau chemine encore... mais chaque vague l'abime un peu plus. L'équipage ne sait juste plus quoi faire, ils sont désespérés. Certains se sont précipités dans la cale, voir l'étendue des dégâts et hypothétiquement s'en occuper. Auron les voit rentrer et ferme les yeux...
    ... la corde fatigue et une vague d'une incroyable bien percuter le bateau, à bâbord. Un morceau du pont vient de s'écrouler, on peut distinguer un cri... l'un des marins de la cale se l'ai pris de plein de fouet.

    Le bateau agonise et semble s'immerger plus profondément à chaque seconde... voilà pourquoi le mercenaire n'aime pas la mer. Confier sa vie à un simple bateau, quel folie. Auron ne se préoccupait plus du bateau... le considérant déjà au fond de la mer. Non... le samouraï restait à l'affut, n'attendant que le retour à la surface de Moby Dick.


    « Heureusement que tu as payé d'avance Achab. »

    « J'ai payé ! Et pour quoi hein ?! Pour rien ! »

    Le mercenaire ne voyait que trois possibilités. Rester sur le bateau... et couler. S'enfuir à la nage sans attendre d'avoir couler... c'est la mort assuré. Marche ou crève... le mercenaire va tenter l'intérieur de la baleine. Quand bien même il n'y survivrait pas... ce qui risque fort d'arriver, il va frapper cette baleine là où elle n'est pas protéger, de l'intérieur.

    « Reposes en paix, sale con. Je vais tuer Moby Dick. »

    Un naufrage... voilà ce qui a toujours guetté ce capitaine ivre de haine. Il le méritait bien, ce fut juste regrettable qu'ils doivent emporter tout son équipage avec lui. Auron faisait son possible pour rester debout, malgré les secousses incessantes... c'était déjà un effort considérable.
    Le mercenaire ne croyait pas en une échappatoire... quand bien même il en rêvait.

    Moby Dick sort de l'eau, agitant l'océan comme seul Poséidon saurait le faire...

    Il va mourir... une deuxième fois. La première fois en protégeant l'empereur de chine. La deuxième en accomplissant un contrat... la première fois, il est mort pour rien. Cette fois... il est hors de question qu'il rate ce contrat. La bateau est de moins en moins rapide... la baleine, elle, est dans une grande forme.

    Bordel... Auron n'a pas beaucoup de temps, il n'a pas le droit de se tromper sur la distance. Trop loin, il n'arriverait pas jusqu'à elle... trop près et le bateau se ferait avaler aussi. Elle approchait... vite... quand elle parut assez proche...
    Le samouraï se hissa à la force de ses jambes jusqu'à l'extrémité du bateau, à l'opposé de la figure de proue. Il prit appui avec le pied droit sur la rambarde et bondit jusqu'au monstre... le saut était un peu court... mais la baleine semblait accélérer, elle ne voulait absolument pas rater celui qui lui a pris un œil.

    Tous ce qu'il y a devant l’œil du mercenaire... ce sont des abysses encore plus sombre que celle de l'océan.


    « Rendez-vous dans une autre vie Pirate ! »
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Je crois que pour la première fois de ma vie, je dois me faire une raison. Je ne peux plus combattre pour que tout finisse bien pour tout le monde, parce que j’ai déjà combattu et que je suis presque en miettes. Pourtant j’ai ce faux choix devant moi. Si je dis faux choix, c’est évidemment parce que le seul vrai choix, c’est vivre ou mourir. Vivre en tentant de me sauver, ou mourir en tentant d’en sauver un maximum. Mais comment je vais m’y prendre ? Il faudrait plus qu’un miracle, il faudrait une intervention divine.
De toutes façons, je vais me haïr… si je les laisse tomber, je vais culpabiliser. Si je les aide pour finalement pas réussir à les sauver, je vais culpabiliser. Est-ce une raison pour ne pas essayer ? Sincèrement en théorie je vous dis cent fois non. Sauf que là, j’ai plus rien, je suis en ruines. Je sais même pas si je vais finir la nuit, de toutes manières.

Si je pouvais me sacrifier pour les sauver, je le ferais, croyez-moi. Mais là, rien de ce que je peux faire ne pourra les aider.

J’ai cette impression horrible d’avoir tout raté, cette fois-ci. A croire que je devrais quitter la mer pour toujours, vu tout ce qui m’arrive de triste.

Un des marins s’approche de moi et me propose de m’aider à me relever, parce que oui je suis toujours assis et adossé à la rambarde… Froidement, je lui dis de partir, de s’occuper des autres ou de lui-même, mais pas de moi. S’il croit que j’ai été utile, c’est peut-être réconfortant pour moi mais le résultat est le même, on a échoué.
Finalement je suis un boulet, et je regarde les autres qui pensent à se mettre en difficulté pour moi. C’est pas comme ça que je veux finir. J’agrippe la rambarde de ma main, la serre avec force et avec ce qu’il me reste en effort, j’essaie de me tenir debout sur mes deux jambes. Je les sens trembler, comme si elles venaient juste de se faire heurter par la baleine blanche en colère. Quelques secondes je reste là, accroché à la rambarde comme à une bouée… Alors qu’à la moindre secousse, je serai envoyé par-dessus.

Le bateau coule de plus en plus vite… Les craquements dans le navire se font omniprésents. Certains sont si forts et sourds…
Tout ce bois qui grince, on le ressent comme un cercueil en chêne qui se ferme sur nous tous. Je me penche et ramasse très difficilement mon sabre. Je regarde en-haut du mât si quelqu’un si trouve encore pour les cordages… je vois que non, alors d’un geste sec, je coupe la base du mât, le laissant s’écraser sur le navire.
Si on doit nager jusque Port-Royal, on  y arrivera pas sans un moyen d’embarcation… C’est ça ma faible contribution, ils n’auront qu’à nager jusque lui et espérer ne pas mourir de froid.

Quelqu’un se tient sur la poupe… Je le regarde, fixant la mer, fixant l’énorme, la gigantesque silhouette de Moby Dick qui se rapproche. Jamais je ne l’ai vue aussi grosse… Peut-être est-ce parce que le bateau sombre, qu’on se sent encore plus petits face au monstre… Ou juste parce que les minutes passées, les blessures infligées, n’ont fait que la rendre plus redoutable.
C’est Auron.
Je le vois s’engouffrer dans la gueule de la baleine, et ses crocs se refermer sur lui ! Je devine le sang. Il s’est lancé dans une issue certaine, a préféré une mort rapide. Il ne va pas connaître le froid de l’océan, la cruauté de la soif… Il ne va pas devoir durant des jours et des nuits nager le plus vite possible pour échapper à des prédateurs qui le rattraperont.


Bon sang il est mort mais je sens que ce n’est pas pour rien… Qu’il va être si difficile à digérer, qu’il va lui lacérer les entrailles. Sa situation ne pourra désormais plus être pire, alors que la baleine, grâce à lui, va vivre un enfer. Un peu amusé malgré toute la panique et la tristesse du moment, je veux quand même croire un minimum à ce que je dis.
Si je survis, je saurai grâce à qui.

J’ai eu le temps de penser tout ça en une seconde. Car c’est une seconde qu’il a fallu pour que l’élan de la baleine la fasse se heurter avec une violence incroyable contre le navire. Si je vous dis que le navire s’est aussitôt ouvert en deux, littéralement, je n’exagère même pas. Toutes les fissures dans le bois ont semblé explosé, prendre des tailles démesurées, pour que le babord soit à présent éloigné du tribord. Les deux penchants du navire tombent en arrière… Je n’ai le temps de rien voir, me voilà dans l’eau glacée, tombant dans les profondeurs. Mes jambes sont plus légères mais elles me font tellement mal quand je ne compte que sur elles pour me porter jusqu’à la surface… Le mât est très loin. Beaucoup s’y sont déjà logés.

Je ne veux plus les rejoindre, je dois me trouver ma propre embarcation. Les raisons sont nombreuses : Tout d’abord, nous allons vivre le moment le plus sombre de notre vie. La baleine va nous chasser un par un. Le temps qu’on vivra, c’est le temps qu’on passera à la voir dévorer les autres, c’est le temps qu’on attendra avant de mourir.
La deuxième raison, en rapport avec la première… J’espère que ce monstre reste un prédateur, qu’il va commencer par les cibles isolées.
Sa première cible, on le sait tous, ce sera Achab. Je ne le vois pas mais je sais où il est, il coule. On dit de lui que cela fait des années qu’il n’a pas quitté son bateau. Donc… soit il coule avec lui, soit il ne sait pas nager. Dans les deux cas, il n’aura pas le temps de s’étouffer.

Même si c’est un salaud, c’est violent…

Je finis par trouver un morceau de la coque, réussis même à monter dessus et à m’y coucher, ne touchant plus l’eau… La baleine ne me verra peut-être pas.
Les Mercenaires seront abattus par cette nouvelle. Auron est quelqu’un de réputé… Sa mort va tout changer pour eux. Je n’ai… pas du  tout hâte de leur annoncer.
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