- C'était la grosse tuile, on venait d'informer Samuel qu'un voleur venait d'agir à l'intérieur du Quartier Général. Personne n'a eu le temps de lui dire quel était l'objet spolié, il était parti de suite après qu'un des hommes présents l'ait reconnu. En effet, d'après ce témoin, tout portait à croire qu'il se rendrait à la Cité des Rêves, là où se situe un fort réseau de vente sous le manteau.
Si Jetstream ne savait pas s'il était concerné par tout cela, il décidait d'agir avant qu'il soit trop tard, les butins sont toujours très vite revendus et après, c'est foutu. Paraîtrait même que le cambrioleur soit particulièrement connu. Pourquoi ne l'avoir jamais arrêté dans ce cas ? Simplement parce qu'à chaque fois que l'on tombe sur lui, il a les poches vides. Ni butin, ni argent, rien qui ne dit que cela puisse être lui. Toujours est-il que s'il avait agi contre le Consulat plus tôt, il y aurait peu de chance qu'il court encore dans les rues. On ne peut laisser un tel individu s'échapper, même sans preuve. Sa renommée vient bien de quelque part.
La Cité des Rêves donc, il n'avait pas fallu très longtemps au consul pour s'y rendre et l'avantage qu'il aura ici, c'est qu'il est en terrain allié. Samuel n'était pas idiot et n'allait certainement pas appeler la garde de la ville seulement pour un vol. Surtout que si on apprend que le Consulat s'est fait dérober un objet précieux, ça risque de mal passer.
Maintenant se pose le problème de la connaissance des lieux. Jetstream avait encore du mal à se repérer au Jardin Radieux, là où il vivait désormais, alors Paris, ce n'était même pas la peine d'y penser. Heureusement, il y a toujours moyen de régler les soucis et il avait déjà une piste ! L'auberge de... C'est quoi le nom déjà ? Samuel marchait sur les routes pavées en essayant de se rappeler du nom de l'établissement, mais pas moyen de remettre le doigt dessus.
« L'auberge au pif ! » disait-il en hurlant.
Tellement fort que nombre de passant se sont retournés vers lui pour le regarder comme si c'était un ahuri. Maintenant qu'il a le nom, il fallait savoir où elle se trouvait cette auberge. Justement, un garde en armure passait par là, autant lui demander, ça sera toujours ça de gagné.
« Excusez-moi, l'auberge au pif, elle se trouve où ? »
« L'auberge au pif ? »
« Oui, c'est ça. »
« Y a pas d'auberge qui porte ce nom ici, vous devez faire erreur. »
« Hein ? »
C'était la meilleure celle-là, la seule piste qui s'avère fausse et si ça se trouve, Samuel n'est même pas dans le bon monde. C'est la grosse tuile parce qu'un voyage en gummi, c'est pas gratuit et s'il ramène rien pour le Consulat, ils vont pas être contents. Quitte à s'être déplacé, autant visiter un peu, ça fera de mal à personne.
Il déambulait comme ça, dans les rues en regardant les étales, passant devant Notre-Dame, très beau monument d'ailleurs. C'est à ce moment que le consul est tombé nez à nez avec un homme croisé plus tôt dans la journée, le témoin qui lui a dit d'aller dans l'auberge. Ni une, ni deux, il courut vers lui, l'attrapa au col et le colla contre le mur derrière en faisant pression sur sa gorge avec son avant-bras.
« Mais arrêtez, arrêtez ! »
« J'arrête rien, par contre, faut penser à cesser de prendre les gens pour des cons, surtout s'il s'agit de moi. »
« D'a... d'accord , mais lâchez-moi. »
« Certainement pas, pourquoi m'avoir donné une fausse piste ? »
« Mais non, j'ai dû me tromper, c'est tout, aïe. »
Samuel était prêt à le croire sur parole, l'erreur est humaine, sauf quand il remarqua un sac bien lourd au pied de l'homme.
« C'est quoi ça ? »
« C'est rien, c'est rien !! »
« Donc ça pose aucun problème si je vérifie ? »
Avec son pied, le consul remua un peu le sac qui n'était pas fermé pour y voir un coffret avec un sceau du Consulat.
« Comme c'est marrant. »
Samuel arrêtait de presser la gorge de l'homme, mais le retenait par le col et il attrapait le sac.
« Tu vas me suivre. »
Il le traîna jusqu'à l'auberge la plus porche, ils sont allés jusqu'au fond de la pièce et Samuel força le voleur à s'asseoir en face de lui.
« C'est bon maintenant, vous avez récupéré ce que vous vouliez, non ? »
« Parce que tu penses sincèrement que tu vas t'en tirer aussi facilement ? » disait-il en posant le sac à ses pieds.
« Et pourquoi on est ici d'ailleurs ? »
« Pour que tu ne puisses pas te sauver et disparaître dans la foule, ici, j'ai toutes les chances de te rattraper si tu tentes la fuite. »
Le cambrioleur ne disait rien, acculé, il préférait jouer le silence. Une bataille du regard prenait alors place, Samuel attendait, patiemment, il ne dira rien tant que son prisonnier parle ou essaye quelque chose. C'était pesant, moins pour le consul, mais pesant tout de même.