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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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Premiers soupirs

Je suis perdu. Physiquement, je suis perdu. Je ne sais plus trop où je suis. J’ai perdu mes repères géographiques et j’erre depuis plusieurs heures dans cette broussaille sylvestre. Les arbres se suivent, se succèdent et se ressemblent. Tout est pareil. C’est triste. J’aurais tant aimé profiter pleinement de mes premières heures parmi mes semblables.

Psychologiquement aussi, je suis perdu. C’est absurde, mais être libre, c’est d’être soumis à sa liberté. Je ne fais rien de ma peau. Je suis inutile, un simple accessoire dans un décor empli d’accessoires. Là-haut, j’avais une certaine charge, des responsabilités et des devoirs à remplir pour l’Unique. J’étais productif, mes écrits servaient à quelque chose, à quelque chose d’autres qu’à rien. Ils servaient un but plus ou moins noble, mais ils servaient. Je dois dire que je ne suis pas tellement accablé d’être libre, mais je n’y suis pas accoutumé. J’ai envie de tout découvrir, de tout voir et de tout apprécier, mais je suis perdu physiquement. Peut-être que c’est la panique qui annihile mes émotions positives?

Les arbres sont comme dans mes souvenirs, au moins. S’il y a bien une chose que je sais, c’est que ce sont des arbres, à moins que ma propre mémoire trompe mes propres réflexions. Non, c’est absurde, ce sont des arbres. La dernière fois que j’en ai vu, c’était avant mon enlèvement. Je devais avoir dix ans. Je dois donc avoir autour de vingt ans. Le temps passe si lentement. J’ai l’impression que je tente de le tuer depuis plusieurs heures, mais qu’il finira par me tuer moi-même si je ne réussis pas à sortir de cette forêt. Si au moins cette forêt resplendissait, mais elle ne resplendit pas. Il est tard, je ne vois plus rien, un opaque brouillard calfeutre ma vision. Tous les oiseaux dorment à serres fermés, les bêtes sauvages ou non sont terrées dans leur terrier et les insectes ne chantent pas. Chantent-ils parfois? Ils auraient dû chanter mon arrivée, en tout cas.

Quelque part, de l’autre côté de cette forêt, ou mieux, sur le seuil de son orée, des panoramas sublimes se dessinent et se transforment à chaque seconde. Des créatures valsent, fredonnent, jouent, s’amusent. Des hommes discutent entre eux, discutaillent un peu trop fort et discourent pour leur orgueil, mais je ne les vois pas. Curieusement, le fâcheux hasard qui s’acharne sur moi ne me stupéfie même pas. J’y suis habitué. Est-ce déplorable d’être si défaitiste? Peut-être.

Je vais probablement mourir de froid cette nuit. Ce serait triste.

Je m’assois, parce que je n’ai rien d’autre à faire. Je dois attendre le lever du soleil où, enfin, je pourrai épier l’horizon librement sans que les ténèbres s’infiltrent insidieusement dans mon champ de vision. Cependant, de l’autre côté, une petite voix en moi me chuchote que je dois trouver une solution. Les odyssées homériques de l’Unique, à défaut de m’avoir permis d’être heureux et comblé, m’ont au moins enseigné qu’il y a toujours une solution. Elle se cache dans les viscères de tous et chacun et elle attend patiemment qu’on soit inspiré pour émerger. Quand le faux personnage des fausses fables de l’Éternel faussement populaire était confronté à une fausse situation importune, je me suis toujours évertué à trouver une solution. Ce n’est pas aujourd’hui, dans une réalité totalement réelle, que je vais capituler. Il me reste tant de choses à découvrir, mais la mort ne fait pas partie de celles-là – du moins pour l’instant.

Je cherche donc, assis inconfortablement entre deux racines gigantesques d’un arbre qui l’est tout autant. Je furète dans les profondeurs les plus obscures de mon esprit à la recherche de cette solution, cette issue qui me permettra d’être curieux en bonne et due forme, mais je ne sais pas… J’ai cette déplaisante impression que mes secondes sont comptées, que quelque chose de pénible m’arrivera si je ne suis pas assez prompt dans mes réflexions. Je dois faire vite, mais comment faire vite quand on ne sait pas?

Comment faire vite quand on ne se souvient pas?

Je me souviens toutefois de ce que je ne suis pas. Je ne suis pas très résistant au froid. Je ne suis pas un grand nageur. Il semble que je ne réussisse pas à m’orienter dans un environnement sauvage et inexploré. Je ne suis pas l’un de ces félins qui perçoivent dans le noir et encore moins un oiseau. Je ne sais pas comment trouver de la nourriture ou un peu d’eau potable pour subsister. Je ne suis pas non plus un athlète remarquable qui pourra courir avec vélocité à travers branches et troncs. Je ne suis rien de tout cela. Je suis, cependant, un écrivain. C’est tout ce que je suis d’ailleurs. Mais quelle est l’utilité d’être lettré et habile d’une plume sur des terres inconnues? En temps normal, rien.

Je sais. Je ne suis pas en temps normal. Je suis le bouc-émissaire d’un Éternel qui n’a nulle autre passion que sa propre personne. Je suis l’esclave d’une divinité détenant une puissance incroyable et des capacités magiques que tous devraient redouter. Je suis l’indigente marionnette de l’Unique, de celui qui m’a libéré sous conditions. Et je suis son auteur. Ne m’a-t-il pas fait le legs d’un peu de son pouvoir avant de me laisser à moi-même dans la sauvagerie de ce monde?


« Qu’apparaisse une plume et un parchemin dans le creux de ma main. », que je m’écrie en présentant ma paume vers les cieux.

Pendant l’espace d’un instant, je dois avouer que j’y ai cru, que dans la seconde suivante à celle de mon vœu, une plume et un parchemin allaient scinder la réalité pour se poser délicatement dans ma main. Pendant l’espace d’un instant, j’y ai cru. Mais face à cette déception tristement prévisible, je n’ai aucune réaction, sinon qu’une impassibilité froide et coutumière. Je reste placide.

Faussement placide. Je sens s’intensifier en moi une colère irrévocable. Je sens mes poings se tendre, mes dents grincer, mon regard se fuser de sang. Je sens mes joues s’embraser puis s’empourprer, mon sang surchauffer et ma tête trembloter. Mes émotions atteignent leur apogée et je crie, brisant la quiétude de la nuit. Dans mon élan, je me lève, j’assène plusieurs coups faiblards à l’arbre sur lequel je suis posé. Je l’enlace furieusement, je plante mes ongles dans son tronc et je vole de son écorce. Je ne sais combien de temps je suis manipulé par cette rage, mais dès lors, je me sens mieux, plus calme. Ce n’est pas désagréable, même que cette impression m’enivre. Je suis serein, je suis absolument pacifié. Je me sens retomber en enfance, au même moment où je me sens retomber sur le sol, quand, innocemment, je m’indignais avec de vieux amis : franchement, quoi de mieux que les premiers instants de réconciliation après un litige qui prenait une ampleur trop considérable pour un souci si minime? Retrouver sa stabilité, sa complicité d’antan, sa confiance et son calme. Ces souvenirs me bercent.

Je divague. Physiquement, mais surtout mentalement. C’est donc ça, la vie? Se perdre et trouver des solutions? Charger dans son existence, faire face à un obstacle et à le résoudre systématiquement? Je ne suis pas un professionnel de la vie, semble-t-il.

Je divague. Physiquement, mais surtout mentalement. Encore et encore. J’entends une voix qui ressasse les propos que l’Unique a articulés avant qu’il ne m’offre officiellement la liberté. « Peut-être que tes mots pourraient te défendre? » Il est peut-être un tyran des plus déplaisants, un despote égocentrique, un dictateur effréné qui ne chancelle pas une seconde avant de faire des autres de misérables martyrs, mais il ne m’a jamais menti. À moi, en tout cas. Il ment à des dizaines de fidèles chaque jour en leur racontant des contes qui se veulent moralisateurs, en leur dictant la façon dont ils doivent vivre et en leur promettant des miracles en échange d’un culte acharné, mais pas à moi. Il ne me ment pas, à moi. S’il a prononcé ces quelques mots avant de me laisser partir, c’est parce qu’il les pensait.

Je dois les penser à mon tour. Je prends un support, ces morceaux d’écorce que j’ai bestialement arrachés. Je trouve un plume, ce caillou qui, mal placé sous ma jambe, m’importune depuis déjà trop longtemps. J’improvise de l’encre, cette substance vaseuse et noirâtre qui me colle au coude. Je ferme les yeux et je m'imagine dans l’étroitesse de mon repaire d’écriture. Je me sens absurde. Même mes pensées sont aberrantes. Je suis affranchi de toute autorité (ou, du moins, temporairement). Je peux voir plus loin que l’horizon de mes propres souvenirs. Je ferme les yeux avec plus de force. Le panorama autour de moi change. Je ne suis plus perdu. Je suis sur le zénith d’une montagne où les neiges éternelles le sont vraiment. Les bourrasques sont violentes, la tempête est drastique, mais je n’ai pas froid. Je suis bien. Le panorama est sublime, je me sublime dans l’air.

Je rouvre les yeux, sans pour autant égarer le décor qui m’inspire. Dans les ténèbres de la nuit qui me déconcentrent, j’imbibe le caillou de la sève et je peins sur l’écorce des syllabes, des mots, des phrases… Je lis mes palabres à haute voix. Je m’inspire de ma propre inspiration et je deviens ma propre muse.


« Tout à coup, alors que la nuit s’acharnait sur un homme égaré, … »

Ma parcelle d’écorce est remplie. Je sens que les ténèbres m’engouffrent et qu’elles m’étranglent. Elles m’empêchent de me lever, de me mouvoir. Seuls mes bras se déplacent aisément, sans que j’aie à les commander. Sans le vouloir, j’empoigne un autre morceau de mon parchemin qui se brise sous l’impact. Je me sens perdu. Je perds le nord, le sud, la notion du temps et mes repères. Je me trouve en plein cœur d’un trou noir, de la fin des temps. Je recommence, mais cette fois-ci, je prends l’écorce avec douceur, stimulé par cette créativité qui ruisselle dans mes veines.

« … alors que l’espoir semblait mort, alors que la panique et la terreur… »

Je veux capituler, je veux abandonner, mais j’en suis incapable. Mon cœur me chuchote qu’il n’est plus nécessaire d’espérer, mais ma tête continue de manipuler mes mains et d’écrire. J’ai peur, je cède à la panique. Des sueurs froides me perlent sur le front alors que j’épie promptement les environs. Je suis aux aguets. Quelque chose de terrible m’arrivera si je ne parviens pas à quitter cette forêt. Épris par l’effroi, je veux me relever, mais j’en suis incapable. Ce n’est plus de l’inspiration qui coule en moi, c’est de la magie, une force mystique qui enflamme chacun de mes membres et qui m’engourdit.

« … s’emparaient de son âme, un oiseau de la taille d’un cheval, au plumage plus doré que jaune, … »

Je ne respire plus. Mon cœur ne bat plus. Au loin, je crois entendre des pas qui se rapprochent, des pas qui martèlent frénétiquement le sol. Mais ce ne sont pas les pas d’un humain, car un humain ne piaille pas. La créature qui s’approche de plus en plus chantonne comme ces aigles, ces cardinaux, ces pigeons qui habitaient les terres de mon enfance. Je me sens mourir.

« … fendit l’air et, comme une lanterne dans les ténèbres les plus complètes, apparut comme un sauveur. »

Devant moi, le terrifiant et inerte décor de la nuit est percé par le corps d’une créature qui scintille dans l’obscurité d’encre. Son plumage, ambré et ambrant le paysage nocturne, brille littéralement. Il illumine les environs, transformant la banalité des bois en un panorama chimérique et irréel. Je ne sais combien de temps j’ai contemplé ma création, mais cela a-t-il vraiment de l’importance? Probablement pas. Cette créature est si grandiose, si belle. Elle est liberté, passion, accomplissement.

Je suis curieusement éreinté, mais, pour la première fois depuis quelques heures, je crois que je souris. Je souris de satisfaction, mais aussi de fierté. Je souris de réconfort, de paix et de quiétude. Je souris, car, enfin, le destin me sourit aussi. Puis, poussé par une impulsion instinctive, je m'approche lentement de mon destrier, ne décrochant jamais le regard de sa magnificence. Je dis simplement :


« Destin. »

Il comprend que je l’ai baptisé. Il se prosterne devant moi et je me prosterne aussi.
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Exploit accompli.

C'est vraiment excellent.

Je reviens sur l'orthographe... je ne pense pas avoir vu une faute. C'est vraiment un excellent rp, tu écris très bien.
Je pense qu'en connaissant un peu plus le forum, tu aurais pu avoir un grade bien meilleur que Commandant (qui est déjà un bon grade)... c'est certain. Ton style est excellent, ton orthographe sans doute parfaite, c'est fluide. Je n'ai absolument aucune critique à faire.

Tout est extrêmement original. Déjà ta façon d'invoquer est juste parfaite... Puis au-delà de la manière, tu y vas à fond, t'exploites parfaitement ton idée.

Je dois dire que voir un tel niveau en est presque inquiétant, je me suis demandé, en te lisant, si je t'égalais ^^.

Alors quelque chose de très bien dans ton rp, c'est que tu révèles certains faits discrets mais inédits sur l'histoire de ton personnage (sauf si je me trompe, ce qui est toujours possible).

Je n'ai pas grand chose à dire de plus.

Mission normale (oui je me suis dit que la difficulté, bien que morale, est quand même présente).
25 xp, 250 munnies et 3 PS... en défense (oui alors, je vais rapidement me donner la tâche d'arranger ce problème de 0 en défense !)
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