- Le néant dévore chaque chose, chaque particule d'un être et ne laisse aucune trace de ce qui a été. Le néant est absolu, éternel et... Quand la Lumière et les Ténèbres se seront détruit pas leur pitoyable combat, il ne restera en tout et pour tout, que le néant... Le vide, les terres détruites, flottant sur une mer invisible, alors que la végétation meurt petit à petit, qu'elle disparaît lentement, jusqu'à ce que tout se termine. Jusqu'à ce que le temps même se fasse dévorer par le néant, laissant des morceaux de mondes, sans vie, sans espoir de pouvoir un jour revenir à ce qu'ils étaient, puisque même leur temps est révolu.
Et le temps était venu à bout des ténèbres... Du seul être qu'il considérait comme son maître, de la seule personne qui pouvait lui dire ce qu'il devait faire, le seul être à qui il était parfaitement dévoué. Oh... S'il avait su ce que ces deux garces tramaient, ils les auraient tués avant qu'elles n'aient le temps de se dresser contre l'Ombre. Pour son maître, il était près à tout.
Les sans-coeurs n'ont pas de réel désir, ce ne sont que des bêtes qui ne font que chercher pathétiquement et inlassablement plus de coeur... Ils se propageaient comme une nuée envoyée par un Dieu pour punir. Pas d'envie, pas de désir, si ce n'est ce besoin irrésistible de dévorer des coeurs, encore et encore, comme si plus ils en mangeaient, plus ils espéraient faire disparaître ce trou, cet immense et lugubre trou où plus rien ne bat, plus ils mangent, plus ils ont faim... Ce n'est qu'un cercle vicieux, parce que jamais leurs faims ne disparaîtraient. Et pour les rares sans-coeurs qui avaient évolué, qui pouvaient penser, réfléchir comme Ulquiorra, ce n'était qu'un monde de désespoir sans fin.
Pourtant, ces êtres ne ressentaient rien. Et c'était comme si le trou qui les consumaient chaque jour un peu plus se faisait comme une brûlure plus vive sur la pensée. Le seul et unique but d'Ulquiorra avait été de faire que le Modéré Noir obtienne tout ce qu'il désirait, que son but devienne réalité... Et il avait échoué... Sans remords, ni regret, il avait échoué et le vide qu'il ressentait encore et toujours ne faisait que le narguer.
Il n'était pas vivant. Il n'était pas mort. Il n'était plus rien et il le savait.
Le sans-coeur n'avait pas besoin de venger son maître, parce qu'il n'en ressentait pas le besoin. Le Modéré était mort. Un sans-coeur connaissait parfaitement les règles de ce monde. Le plus fort survis, le plus faible n'est plus que de la nourriture... Quelle ironie que le Modéré fut dévoré par l'araignée...
Au tout début, il avait hésité, alors que son regard vert regardait la cité depuis les cieux... Que devait-il réellement faire maintenant ? Continuer à faire partie de la Coalition ou partir ailleurs...
La réponse s'était imposé d'elle-même lorsqu'Ariez l'avait convoqué et lui avait donné un ordre. Sa fierté, ou ce qu'il en restait refuser d'obéir à cette garce, cette gamine qui n'était qu'une pleurnicheuse, qui ne savait rien de rien et qui pensait pouvoir remplacer comme le Modéré Noir...
Comme pourrait-il obéir à une telle garce ?... Il l'avait alors regardé comme il regardait tout le monde, comme si elle n'était rien de plus qu'un insecte et il était parti. Cette idiote avait dû perdre son temps à essayer de le retrouver... Pas parce qu'elle s'intéressait à lui... Mais parce qu'il était un traître, un traître en possession d'une arme unique, l'épée de la Destruction. L'univers ne l'intéressait pas... Il n'avait pas besoin de se battre, de défendre sa pitoyable liberté d'une enfant... Un sans-coeur n'était jamais libre, la faim était chaque jour un peu plus présente pour lui rappeler...
Ulquiorra avait tout simplement disparu dans le néant, loin du monde des hommes, loin de toutes ces choses ennuyeuses et fatigantes, se réfugiant dans le monde qui était fait pour les êtres comme lui, un monde de ténèbres et de néant... Et n'importe quel humain venant ici devenait sa proie, à lui et aux autres...
Maintenant, il restait dans les ténèbres, près des puits de lumière où il pouvait visiter les mondes comme dans ses souvenirs, attendant qu'un humain vienne pour une tierce raison... Et tel le prédateur nocturne qu'il était, il foncerait sur l'humain et le dévorerait.
Et la voix si froide d'Ulquiorra résonna dans les ténèbres alors que son regard se perdait dans l'ombre.
''-Quelle surprise. Cherches-tu quelqu'un pour t'avancer ainsi dans les ténèbres ?''
Qu'importe tout ce qu'on pouvait dire sur les sans-coeurs, il n'y avait qu'une phrase qui les définissaient réellement...
''-Ou peut-être...''
Le son métallique que faisait une épée en sortant de son fourreau fit disparaître peu à peu la voix du sans-coeur, avant que ce même bruit se fasse trancher.
''-Cherches-tu la Destruction ?''
Comme tous ceux qui étaient venus ici en quête de puissance, tous ces idiots qu'il avait tranché sans le moindre remord avant d'absorber leurs essences.
Les sans-coeurs n'étaient que des tueurs possédant le sang le plus glacial qui pouvait exister...