« Andréa, douce Andréa, laissez-moi chasser votre chagrin d'un baiser. » « Mais Lisandre, vous en êtes la cause ! » « Je ne peux vous demander pardon quand je vous regarde ainsi, car jamais je ne vous avais vu si belle... » « Bobo trouve ça ridicule. » Mila étouffa un rire devant la mine contrite de Natalia qui se disputait avec son singe. Le metteur en scène les rejoignit bientôt, s'égosillant contre l'impudence de Bobo. La jolie brune s'enfonça dans son fauteuil, se délectant de la scène. Cette mission qu'elle avait jugé ennuyeuse et plate se révélait être une vraie partie de plaisir. Elle songea alors à sa rencontre avec Natalia, fille de Thalie, héraut de la Comédie, et trouble fête du Consulat. A peine lui avait-elle adressé la parole qu'elle avait tenté de lui faire croire des histoires encore plus abracadabrantes les unes que les autres ! Natalia avait changé de nom pas moins de vingt-deux fois en trois heures et, sans que la passionnée sache comment, elle avait également revêtu huit tenues différentes ! Mila ne pouvait nier qu'elle avait une certaine admiration pour son dynamisme et sa vitalité. Leur voyage vers Londres, au Pays Imaginaire, s'était passé non pas en silence mais dans les éclats de rires et remarques désobligeantes de son singe, Bobo. Ce macaque obsédé ne cessait de faire des plaisanteries grivoises, et Mila était sûre de l'avoir aperçu en train de fouiller dans son sac... Mais la conversation avec sa collègue était si captivante qu'elle n'avait pas vraiment cherché à réprimander Bobo. Leur mission consistait à récupérer un objet d'art mal acquis par un collectionneur. Cela ne manquait pas d'éveiller des souvenirs chez la passionnée, mais elle espérait ne pas avoir à exécuter à nouveau un tel vol. Si elle avait trouvé de l'intérêt dans cette haute voltige, elle préférait néanmoins user de ses autres dons pour arriver à ses fins. Les deux consules s'étaient donc intéressées à la pièce que préparait leur cible. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'elles découvrirent qu'il s'agissait d'une romance ! Cette nouvelle sembla ravir la comédienne qui n'eut aucun mal à convaincre Mila de rejoindre la troupe. Le charme des deux jeunes femmes leur permit d'intégrer le spectacle sans problèmes, et tout aurait pu se dérouler sans accrocs si elles ne s'étaient pas prises au jeu ! En effet, si la pièce manquait parfois de crédibilité avec ses dialogues un peu niais et pompeux, leur penchant pour l'art les incitaient à mener jusqu'au bout leur mascarade. C'est ainsi que Mila se retrouvait dans le rôle de la terrible Marquise de Durin, l'antagoniste principal de la pièce. Vêtue d'un corsage bordeaux échancré accompagné d'un jupon noir et de longs gants sombres en dentelle tandis qu'une tiare retenait sa chevelure d'ébène, coiffée en arrière dans une cascade de boucles grâce aux soins de la coiffeuse de la troupe, et un voile noir transparent qui venait masquer son visage aux couleurs pâles ; Mila, souriant voluptueusement, semblait être une splendide veuve noire prête à dévorer sa proie. Proie qui n'était autre que sa collègue, Natalia. Ainsi, la passionnée observait LA comédienne aux prises avec le héros de la pièce. Plutôt bel homme, il n'était néanmoins pas au goût de la jolie brune qui préférait le garde du corps de la Marquise, un robuste étalon aux épaules carrées dont le regard ténébreux l'avait séduite dès qu'elle avait posé les yeux sur lui. Le metteur en scène ayant stoppé la répétition pour réprimander Natalia et son singe, Mila en profita pour s'éclipser en coulisse. Elle aperçu la blondinette qui l'observait et, avec un sourire plein de sous entendus, elle lui fit un clin d'oeil avant de disparaître. |
Dernière édition par Mila Alvera le Sam 24 Nov 2012 - 23:35, édité 2 fois