- • Ukiyo était à terre, salement amoché et pour cause, les Hors-la-loi s'en était pris à lui. Il tenait encore sur les quatre pattes du félin qu'il était. Autant dire qu'il y a peu, une telle attaque lui aurait été fatal, mais il était maintenant plus résistant qu'autrefois. Il avait des poils arrachés un peu partout sur son corps, notamment sur toute la surface de son maigre coup. On pouvait y voir de nombreuses traces de crocs et du sang coulait encore. Cette horde de lions était terrifiante, la seule raison de la survie du peintre était un jeu de chasse pour les lionceaux de cette tribu. Parmi ces jeunes félins, il y en avait un qui attirait grandement l'intérêt du songe. Ce n'est pas parce qu'il était en mauvaise posture qu'il lâchait des yeux son objectif. Il savait avant même de venir ici que ça n'allait pas être une partie de plaisir mais certainement pas à ce point. Il respirait difficilement, il crachait même sang par la gueule, il ne payait pas de mine. Ce n'était là encore qu'un détail, dans les mondes humains, c'était bien souvent lui qui faisait le moins peur physiquement.
« Qu'est-ce qu'un serval dans ton genre vient faire sur notre terre ? » Voilà une question utile mais les lionceaux n'avaient pas la patience de leurs ainés. L'un d'eux sauta en direction du songe dégainant de petites griffes toutefois bien aiguisées. Ukiyo balaya l'air d'une patte, le jeune félin fût propulsé sans pour autant avoir été touché. Il avait bien fait attention à ce qu'il ne se blesse pas, ce n'était réellement pas le but de cette visite. Le peintre des rêves répugnait à venir sur ces terres arides, sombres, il haïssait les natures mortes, ce n'était pas un lieu où il faisait bon vivre. Au loin, on pouvait distinguer le rocher des lions baignait dans la chaude lumière du soleil, une terre où la paix semblait régner. Ici, ce n'était que désolation, il y avait même parfois de la pluie bien que ce soit rare dans la savane. « Je suis venu pour trouver Kovu, l'héritier de Scar. » Même les plus jeunes se sont tus comme si ce nom leur évoquait une certaine peur mêlée au respect.
« Que lui veux-tu ? » La voix provenait d'un lion âgé qui était plus proche de la fin qu'autre chose. Sa crinière grise en disait long sur son expérience. Il n'avait pas laissé le temps au songe de répondre et continua comme s'il ne s'agissait que d'un monologue. « Scar était avide de pouvoir, c'est de sa faute si nous sommes bannis. » Certes, ça n'allait pas être si simple que de les convaincre de faire ce qu'un des leurs n'a pas réussi à faire. « Néanmoins, jeune serval, nous ne sommes pas si arrogants que lui et il nous sera bien plus aisé de réussir. » Ca devenait plus simple déjà mais ce que le peintre cherchait avant tout, c'était se rendre indispensable afin de finalement mener tout ce beau monde par le bout du museau. « Ma question dans un premier temps est: Est-ce de ça dont tu es venu parler ? » Mentir serait stupide mais Ukiyo aimait de moins en moins la tournure que les chose prenaient. « Oui, Kovu est celui qui doit diriger les lions et non ce maudit Simba. » Aucune réaction, ce vieux lion n'affichait rien qui puisse donner des informations sur ses pensées. « Bien, pourquoi tu penses que Simba... devrait abdiquer ? » Pour contrôler plus facilement les évènements futurs ici bas ? Non, ça il ne pouvait décemment pas le dire bien qu'il s'en morde les babines. Cette fois-ci, le mensonge était de rigueur. « Une vieille rengaine, je ne vais pas épiloguer. »
Ce qui devenait de plus en plus intimidant, c'était de voir tous les hors-la-loi s'approcher dangereusement pour finalement former un cercle autour du serval. Derrière lui, qu'une falaise l'empêchant de s'enfuir. Tous se léchaient les babines à l'idée de dévorer cette maigre proie. « Qu'est-ce qui te fait dire que l'on a besoin de toi ? » Pour une fois c'était une question dont la réponse était des plus simples à trouver, Ukiyo était sûr de lui. « Et bien, je peux aller sur leurs terres sans éveiller le moindre soupçon, je peux ainsi trouver la bonne tactique d'approche pour une attaque. » Contre toute attente, là horde de lions se mit à rire comme si tout ce que venait de dire le songe était une aberration totale. « On connait déjà l'endroit, pas besoin de toi, il nous faut seulement de la patience, Kovu est jeune et nous devons être plus forts. Mes amis, il est à vous. »
Le calme s'est vite ressentit, leur regard brillait comme la braise, la suite qui s'annonçait allait être le plus mauvais quart d'heure de la vie du peintre. Un félin survenu de nulle part donna un violent coup de patte à ce dernier qui fut propulsé bien trois mètres plus loin. Ukiyo se releva avec peine et ses prédateurs s'approchèrent de lui. Jusqu'à ce qu'une ombre les recouvre tous. C'était pas moins d'une vingtaine de hyènes qui trônaient en haut de la falaise. « Voilà pourquoi vous avez besoin de moi, vous et moi sommes loin d'être les seuls à en vouloir à la ligné de Simba. »
« Quoi ? Tu veux qu'on aille voir des lions avec toi ? » Shenzi n'aimait pas cette idée du tout, il restait à la convaincre. C'est alors que Banzaï prit la défense du peintre. « J'aime pas dire ça, mais ce chaton est loin d'être bête, je n'ai pas toujours été avec lui mais quand il fait quelque chose, il le fait bien. » Mais rien ne faisait, la femelle ne démordait pas d'un pouce. « Des lions, pas question que nous allions pactiser avec des lions ! » Ukiyo n'écoutait que d'une oreille, pour lui ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle accepte. Il se demandait plutôt comment faire pour convaincre les hors-la-loi. « Shenzi, je parle de ce troupeau qui en veut à Simba, celui qui a tué Scar, bon moyen de le venger, non ? » Elle réfléchissait, d'un côté ça permettait de venger Scar en effet, d'un autre ça leur donnait l'occasion de pouvoir vivre plus sereinement. « Et si un jour les hors-la-loi se retournent contre nous, t seras de quel côté minou ? » Ukiyo ne préférait aucun côté mais là, il était clair qu'il devait faire croire qu'il était pour les hyènes. « J'aime les lions aussi peu que vous si ça peut te rassurer. » « D'accord, qu'est-ce qu'on doit faire ? » Dans la tête du songe, tout était déjà peint, il ne restait plus qu'à montrer ça aux hyènes. « Vous allez me suivre, ensuite je vous dirais d'attendre, vous attendrez vingt minutes et vous pourrez venir. Avec un peu de chance, ça devrait marcher. »