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Nous sommes quatorze ans après les évènements de Kingdom Hearts 2. En tant d’années, les choses ont considérablement changé. Les dangers d’hier sont des soucis bénins aujourd’hui, et au fil du temps, les héros ont surgi de là où on ne les attendait pas. Ce sont les membres de la lumière qui combattent jour après jour contre les ténèbres.

Ce n’est plus une quête solitaire qui ne concerne que certains élus. C’est une guerre de factions. Chaque groupe est terré dans son quartier général, se fait des ennemis comme des alliés. Vivre dehors est devenu trop dangereux. Être seul est suicidaire. A vous de choisir.

La guerre est imminente... chaque camp s'organise avec cette même certitude pour la bataille.

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    Désarmé et dans l'impossibilité de parler à quiconque d'autre qu'a lui même et à son ego qui était pour l'instant aussi muet qu'une tombe. Ça c'était quelque chose de désagréable. De très désagréable pour tout dire, et ça se passait de commentaires. Fabrizio était pour l'instant encore dans un demi-sommeil, lourd et désagréablement froid. C'était un état étrange qui ne voulait le quitter. Il n'avait aucune envie de tenter quoi que ce soit pour s'échapper de l'endroit où il était retenu. A quoi bon cela servirait, dans son état ? Il n'avait pas d'armes, et y penser ne lui en donnerait pas. Il était selon toute évidence coincé ici, dans le propre monde que le Sanctum possédait. Et il se posait en ce même moment beaucoup de questions sur ce dit monde, pourquoi personne n'avait-il remarqué la présence de cette escouade inconnue en son sein ? Pourquoi personne n'avait jamais alerté le Sanctum ? Pourquoi les Éternels n'avaient ils rien fait, encore une fois ? Certes, blasphémer n'était pas dans sa nature, mais il éprouvait quelque crainte à s'être fait oublier d'une divinité ou deux.. Encore.

    La faute venait tout de même en grande partie de lui, et ça, il ne devait pas l'oublier. Comment il le pouvait, d'un autre côté ? C'était quelque chose, de se faire avoir comme ça... de finir comme ça également. Il allait rester combien de temps ici ? Enfermé comme un rat dans un cachot sombre... et seul comme un con pour en rajouter encore. Il ne savait pas quoi faire, encore une fois pour le redire. Et en plus il ne savait pas depuis combien de temps il était ici, combien de temps il avait dormi. Le ciel constamment noir de ce coin n'était pas le meilleur indicateur de l'heure qu'il était. …. Mais qu'est-ce qu'il en avait à foutre de l'heure qu'il était ? Peut-importait, le résultat était le même. Il restait ici, point, barre. Et en plus il se retenait de gueuler sur la qualité du service, enfin bon.

    Pour le moment, tout était absolument calme, il n'y avait pas de fenêtre pour sentir le doux souffle du vent, Maléfique avait bien conçu son château pour que ce coin soit parfaitement glauque, enfermé, et surtout noir. Le jeune homme n'y voyait pas grand chose, 'était le noir presque complet. Ses yeux avaient beau être habitués à l'obscurité, c'était quelque chose... Jamais il ne s'était retrouvé dans une situation comme celle la, c'était lamentable de sa part de s'être laissé avoir comme ça. Lamentable de rester bloqué sans rien faire alors que les choses avançaient probablement. Il n'avait qu'une chose à faire. Penser. Penser, encore et encore aux seules choses qu'il avait dans la tête. Principalement, le fait d'avoir tout raté sur ce coup. Ce coup, qui paraissait tout simple « va exterminer les bestioles chez Maléfique » c'était quoi ça, comme rang de mission ? Facile ? Ouais, sûrement, mais les bestioles.... Ca se passait encore et toujours de commentaires, pour pas se répéter...

    Il soupira, ouvrant les yeux. Il s'attendait à voir toujours cette même cellule, celle qu'il avait vue en se réveillant la première fois. En fin de compte il n'était resté éveillé que quelques minutes avant de retomber dans les vappes, littéralement. Elle était sombre, un sol de terre battue, des murs en pierre, et il était à même le sol. Charmant pour résumer en un mot. Oui, il s'attendait à ce que rien ne ch....

    Ah, si.

    Il ouvrit les yeux, vaguement d'abord, mais la vue d'une grande forme sombre les lui fit ouvrir en grand. Le con qui l'avait enfermé ? Ah ça, il en savait rien. Il se redressa, au bout de quelques secondes. Qu'est-ce qu'il pourrait faire face à ce truc ? Aucune idée, il était désarmé... Pour l'instant, il ne distinguait qu'une vague ombre, se détachant sur l'obscurité de la cellule. Aucun détail, juste une vague forme, et grande en plus.

    « … Et je pourrais savoir ce que vous foutez là … ? » demanda-t-il, pas vraiment sûr d'obtenir une réponse de la part d'une ombre.
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    On dit que quiconque contrôle l'information contrôle le monde... Cela était on ne peut plus vrai pour la Ligue de Lazare, bien qu'ils n'aient jamais chercher à contrôler. En revanche, l'information leur avait servie au fil des siècles, si bien qu'ils avaient pu établir un réseau invisible parmi les mondes, possédant des contacts dans presque chaque ville, des espions prêts à leur rapporter le moindre détail qui pourrait leur servir. Ra's Al Ghul traitait méthodiquement chacune de ces informations, et tâchait d'en tirer le meilleur parti. Hélas, la Ligue n'était plus ce qu'elle était, et des opérations à grande échelle n'étaient plus concevables depuis quelques années... Mais il arrivait, parfois, qu'une information se révèle utile. Pour des projets nettement moins ambitieux, certes, mais tout aussi intéressants. Ce jour ci, il s'agissait d'un homme se trouvant dans le Domaine Enchanté... Un homme du nom de Fabrizio Valeri. Il faisait parti, tout comme la majeure partie des soldats de ce monde, d'un ordre religieux nommé le Sanctum. Il ne s'agissait pas là du groupe le plus connu, ni même du plus menaçant bien qu'ils aient avec eux l'esprit de divinités appelées les Éternels. Curieusement... Sur leurs propres terres, ils avaient dû faire face à un autre groupe se faisant appeler la Coalition Noire. Des soldats s'étaient installés dans un vieux château, et luttaient vaillamment contre le Sanctum. Cela ne présentait que peu d'intérêt. Les conflits ne méritaient pas son attention tant qu'ils ne débordaient pas vers la décadence... Ce qui en revanche avait attiré son attention était l'histoire de Fabrizio Valeri. Il ne s'agissait presque que d'une rumeur... Mais on disait que cet homme s'était fait capturer et enfermer dans leur repaire. Déchu, bafoué, abandonné... Tel devait être son état d'esprit actuel, comme chaque prisonnier. Et à plus forte raison s'il avait la foi... Ra's Al Ghul avait donc décidé de le rencontrer, et de le jauger. Nombre de prisonniers avaient, au fin fond du désespoir, rejoint la Ligue en y voyant là une étincelle de lumière capable de les guider. Indubitablement, il possédait le profil pour rejoindre sa confrérie...

    S'infiltrer avait été relativement facile. Ra's Al Ghul ne comptait pas défier les occupants du château, dont le nombre ne s'élevait pas à plus d'une dizaine selon ses sources. C'est pourquoi il avait emmené avec lui quelques ninjas... Il ne s'agissait pas de forces de la nature, mais ils savaient être discrets et agir dans l'ombre... Il y avait bien quelques systèmes de surveillance et de défense, étonnamment avancés technologiquement pour ce monde, mais rien qui ne pouvait rivaliser avec l'art antique des ninjas... Lorsqu'ils ne faisaient plus qu'un avec l'obscurité, il était alors tout bonnement invisibles... Le seul réel problème qui s'interposa entre eux et leur objectif fut de parvenir à pénétrer dans le cachot.. Oh, il aurait été aisé de détruire simplement la porte de la cellule où devait reposer Valeri, mais cela n'aurait aucune subtilité, risquerait de les faire repérer et manquerait cruellement de théâtral. Ra's Al Ghul examina pendant quelques instants cette porte. Comme la majeure partie du château, elle avait été conçue à l'aide d'une science qui n'avait aucunement sa place en ces lieux. Aucune serrure, il n'y avait donc aucune clé à trouver... En revanche, l'ayant effleurée du bout de ses doigts gantés, il put ressentir une certaine énergie s'en dégager. Il fit un simple geste de la main, et aussitôt quatre des femmes qui l'accompagnaient se dispersèrent tandis que la dernière restait avec lui pour garder la porte. Elles connaissaient leur mission... Trouver l'alimentation et la désactiver, puis surveiller les agissements des occupants afin d'être prêt à parer toute éventualité. Quelques minutes passèrent dans le silence le plus profond, puis un léger son parvint à leurs oreilles. La porte était redevenue une simple porte, et il ne tenait qu'à lui de la franchir... Ra's Al Ghul pénétra donc dans la cellule tandis que son "homme de main" gardait l'entrée.

    Il constata immédiatement que Fabrizio Valeri dormait, allongé par terre dans un recoin de la petite pièce. Il pouvait discerner son visage malgré l'obscurité, et ne lui donnait pas plus de 17 ans. Ra's Al Ghul vint alors se placer à l'autre extrémité de la pièce, et patienta, droit comme un pic. Il portait comme d'accoutumée sa longue cape verte, mais avait troqué ses vêtements habituels pour un costume, vert lui aussi, qui lui donnait un aspect extrêmement sérieux. A son cou, une cravate rouge était nouée autour de sa chemise blanche.... Il était peut-être moins majestueux, mais tout aussi imposant... Et cela faisait parti de son plan, il ne voulait pas pouvoir être identifié comme un personnage trop important. Au bout d'une heure peut-être, durant laquelle il resta immobile à contempler le jeune homme tout en réfléchissant, Fabrizio Valeri ouvrit les yeux brusquement, comme soudain conscient de sa présence.

    « … Et je pourrais savoir ce que vous foutez là … ? »

    Il avait demandé cela d'une voix calme, mais qui trahissait toutefois une légère agressivité. Naturel bien sûr. Il ne pouvait que penser qu'en face de lui se dressait son geôlier. Ra's Al Ghul laissa retomber le silence pendant quelques secondes, lui laissant l'occasion de dévisager sa silhouette, avant de répondre.

    « Je ne fais que vous mener vers votre destin Mr. Valeri. » Il avait intentionnellement révélé qu'il connaissait son identité afin de produire son petit effet. Cela était un artifice simple, mais toujours intriguant. Le maître de la Ligue de Lazare fit alors un pas vers lui, sortant de l'obscurité pour lui permettre de distinguer son visage avant de poursuivre de sa voix froide et grave. « Je suis venu transmettre la parole de Ra's Al Ghul... »

    Il eut une esquisse de sourire en disant cela, mais son regard demeurait absolument sérieux. Le jeune homme semblait intrigué, par sa présence certainement mais aussi par ses paroles qui demeuraient pour l'instant mystérieuses. Alors il se pencha légèrement vers lui, qui était resté allongé, et compléta son discours, jouant cartes sur table... Ou presque...

    « Ra's Al Ghul vous offre la liberté, Mr. Valeri, et vous propose de le rejoindre dans sa croisade contre le mal. »
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    « Je ne fais que vous mener vers votre destin Mr. Valeri. Je suis venu transmettre la parole de Ra's Al Ghul... »

    C'te truc de dingue...

    C'était quelque chose, en effet, de voir quelqu'un débarquer comme ça dans l'endroit conçu pour s'y faire oublier (si bien nommé oubliettes, quelle inventivité). Le jeune homme s'était attendu à ce qu'on le laisse tranquillement pendant une dizaine d'années ou deux, tant qu'a faire. Ça devait être le genre de la maison. Mais en fin de compte il se passait des trucs loches trop vites..... Mais pour le dire franchement c'était bien mieux que s'il se passait rien en fin de compte. Il n'aurait pas apprécié se faire oublier dix ans. Mais que ce soit par quelqu'un d'autre que par Indrick et toute sa petite bande, c'était bien étrange. Ce type en face de lui ne lui inspirait pas une confiance totale. Il avait juste l'air bizarre (et c'était peut-être parce que le vert, Fabrizio n'aimait pas trop ça) et pas très engageant comme type. Il ne bougea pas, songeant une fois, puis encore une seconde à ce qui se passait ici en ce moment même. Ra's Al Ghul... il n'avait définitivement jamais entendu ce nom. Jamais de sa vie. D'accord, il n'avait pas encore amassé un énorme tas de connaissances mais quand même... C'était sûrement un type important pour pouvoir venir jusqu'ici. A propos du type, justement, il s'était penché sur lui, et continua son offre.

    « Ra's Al Ghul vous offre la liberté, Mr. Valeri, et vous propose de le rejoindre dans sa croisade contre le mal. »

    Croisade contre le mal... Cette idée resta bloquée dans un coin de l'esprit de l'archevêque.

    « Contre le mal... c'est vague comme idée, et relatif surtout... Et pourquoi moi, tant qu'a faire ? » commença-t-il, d'une voix rauque. D'ordinaire, il parlait toujours avec un ton, une intonation qu'il voulait donner, souvent, elle changeait, des fois il pouvait causer dix minutes sans s'arrêter, mais cette fois il avait l'impression que c'était bien loin derrière lui. « Ça vous est pas venu à l'esprit que j'aimais peut-être cet endroit et que je voulais y rester... ? Non... vous auriez eu tort, quoique je conçois un peu que les types comme vous n'ont pas souvent tort... Je connais pas vraiment d'homme qui s'apelle Ra's Al... Quelque chose, mais sa liberté qu'il me propose doit sûrement avoir un prix, et comme dans tous les plans géniaux qu'on a pu me proposer en seize pauvres années, ça doit sûrement être un truc que je peut pas payer... corrigez-moi si je me trompe. »

    Il n'y avait aucune intonation dans sa voix, il n'avait aucune envie de lui en donner une. Il ne voulait pas, et ne cherchait même pas à pourvoir à ce but. Sa phrase s'accompagna d'un soupir las alors qu'il s'assit lentement. C'était un peu comme s'il ne s'était pas levé pendant des heures... mais c'était en fait ce qui s'était passé. Il s'adossa au mur qui était derrière lui et continua

    « J'ai vraiment tout essayé pour sortir, vous savez. D'habitude, j'ai plutôt de bonnes idées.. 'fin, j'avais, parce que rien a marché. Je pensais me taire à jamais, ne plus jamais l'ouvrir, mais nan j'en aurais pas été capable... Je suis pas de ce genre là. Pour afficher son opinion et sa croyance, faut le gueuler haut et clair, même dans le vide.. Seulement je crois pas que j'aie encore envie de hurler pour ça, l'idée de Croisade, c'est forcément relié à une religion, une croyance ou une foi.. Mais ça fait déjà deux fois que je me retrouve sans rien... »

    Il avait déjà une petite idée de quoi dire par la suite, ce n'était pas son genre de se plaindre mais il était lancé. Il savait bien quoi dire, plus il s'entendait parler et plus c'était clair. Finalement ce n'était peut-être pas inutile que cet homme vienne.

    « Dites-moi... est-ce que vous croyez que Dieu et les Éternels ont choisi de m'abandonner à cause de mes fautes ou simplement parce que je leur déplaisait ? J'ai servi leur cause, j'ai essayé, mais ça a pas marché... Je fais quoi maintenant ? Vous me dites que je serais libre mais si j'échoue ? Ce serait pas mon destin ça, d'échouer ? Vous allez peut-être me dire que je devais arrêter d'essayer mais ça règlerait rien... »

    C'était en effet des questions qui tournaient dans son esprit depuis quelques temps déjà. Il s'était demandé depuis longtemps pourquoi le Seigneur ne lui avait pas permis de rester auprès de ses parents un peu plus longtemps. Il s'était également demandé pourquoi il était ici depuis quelques temps. Il ne savait pas quoi faire, s'il sortait. Il avait cette envie de rester ici et d'expier ses fautes mais, d'un autre côté, ne fallait-il pas les accepter ? Il lui fallait retourner au château et dire haut et clair qu'il avait échoué une fois encore. C'était ça qu'il devait aller faire, il ne devait plus fuir comme un voleur mais régler ses comptes.

    Sauf si en fin de compte ce serait mieux pour lui de faire le mort. Après tout, le Sanctum avait d'autres chats à fouetter qu'un gamin de son genre, il y en avait d'autres après tout. Ce type en face de lui semblait savoir énormément de choses. Il leva les yeux vers cet homme, se demandant ce qu'il allait faire désormais, ce qu'il allait répondre. C'était une de ces fois où il n'avait aucune idée de ce qu'allait répondre quelqu'un.
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    Il y avait quelque chose de particulier dans le timbre de voix de Fabrizio Valeri... Une chose que Ra's Al Ghul avait identifiée dès le premier mot qu'il avait prononcé : le désespoir. Une absence d'intonation, des sonorités vides... Vide, voilà ce qui semblait le mieux lui convenir. Vide de motivation, vide de foi, vide de raisons de se battre... Il semblait, et ses paroles le trahissaient, n'être qu'une épave ayant failli à sa tâche et se complaisant dorénavant dans sa chute. En réalité, cela n'avait rien d'original... Le maître de la Ligue de Lazare avait, au cours des siècles, vu de nombreux hommes adopter la même attitude face à l'échec et l'enfermement. Et c'était cette raison précise qui l'avait menée vers le jeune membre du Sanctum, car les âmes égarées étaient les plus propices à rejoindre leur cause pour donner un nouveau sens à leur vie. En cela, il les sauvait, les extirpait de ce monde barbare pour accomplir un dessein plus grand. Aussi pathétique que soit Fabrizio Valeri en cet instant face à lui, il ne pouvait se cacher qu'il aurait été déçu de le trouver autrement...

    Soit, le jeune homme avait parlé longtemps, et très peu du véritable sujet qui les réunissait tout les deux. Il s'était attardé sur la liberté qu'il lui offrait, brièvement, puis avait enchaîné sur son incapacité à sortir de cette cellule par lui même. Par la suite, il avait évoqué l'impossibilité d'être entendu dans un monde tel que celui dans lequel ils vivaient, et n'avait pas foncièrement tort. Son discours s'acheva sur une question, ou plutôt sur une série d'interrogations qu'il lui lançait à tort et à travers. Cela ne faisait que renforcer l'intérêt que Ra's Al Ghul lui portait. Fabrizio Valeri était complètement perdu, et ne savait visiblement dans quelle direction s'orienter... Il était donc de son devoir de lui montrer une nouvelle voie, une voie qui pourrait l'amener sur le chemin de la grandeur ainsi qu'au but ultime de la Ligue de Lazare. Mais il devait d'abord savoir s'il était digne de les rejoindre... Et cela ne se passerait pas ici. S'infiltrer dans ce château et le libérer n'était qu'une simple formalité, ainsi qu'un moyen de se faire connaître... Mais en aucun cas il ne ferait passer d'épreuves à ce jeune homme maintenant. Il ne le forcerait pas à les rejoindre, sa volonté le guiderait vers eux s'il le souhaitait. A moins bien sûr qu'il ne décide de rester en prison, mais seul un fou refuserait la liberté, et Fabrizio Valeri n'avait pas l'air d'un fou malgré la rancœur qu'il exprimait.

    Alors, Ra's Al Ghul, qui était resté dans l'ombre tandis que le prisonnier parlait, fit un pas en avant afin qu'il puisse de nouveau le distinguer. Et il lui répondit sans se départir de son air absolument sérieux.

    « Non, non, non Mr. Valeri. Nous ne vous demandons aucune contrepartie pour votre libération... » Il marqua une légère pause pour lui laisser le temps d'enregistrer ses paroles. Tout en reprenant, il lui tourna le dos et fit quelques pas dans la cellule. « Je crois qu'aucune divinité n'est responsable de nous, Mr. Valeri. Nous sommes les seuls à pouvoir agir et à contrôler les mondes... » Il pencha légèrement la tête vers son interlocuteur avant de se retourner vers lui. « Deux choix s'offrent à vous, Mr. Valeri... Vous pouvez essayer d'être un homme décent dans des temps indécents, et alors personne ne vous écoutera... Mais vous pouvez aussi agir et transmettre un message qui s'imposera à tous. » Le maître de la Ligue de Lazare se pencha légèrement vers lui et parla à voix plus basse, comme s'il lui faisait une confidence. « Vous pouvez prendre en main votre destin, dépasser votre statut d'homme et mener celui des autres... Car un être humain seul ne peut changer les choses, mais en tant que symbole, il peut brandir avec fierté ses convictions. »

    Son regard croisa alors celui du jeune homme qui restait silencieux, et il parut le sonder pendant quelques instants. Il ne mentait pas en disant cela, pas plus qu'il n'essayait de tenter le membre du Sanctum par de belles paroles. La Ligue de Lazare n'aurait jamais vue le jour si les Hommes n'en avaient pas besoin, s'ils avaient pu se débrouiller par eux-mêmes. Ils étaient les gardiens de l'intégrité, le bras de la justice. Ils étaient les émissaires d'un monde nouveau, ceux par qui l'ordre émergerait du chaos. Et alors que Fabrizio semblait réfléchir à ses paroles, Ra's Al Ghul fit volte-face. Les choses étaient désormais claires, et l'issue de cette rencontre ne dépendrait que de sa volonté. Il s'arrêta alors devant la porte et, sans même se retourner, s'adressa à lui une nouvelle fois.

    « Vous êtes libre Mr. Valeri. L'une de nos membres vous attendra à l'extérieur de votre cellule et vous guidera jusqu'à un passage souterrain qui vous mènera à l'extérieur de ce château. » Il laissa la fin de sa phrase s'envoler dans la prison, puis continua. « Si vous souhaitez obtenir des réponses à vos questions, rendez-vous à la Terre des Dragons. Gravissez la plus haute montagne jusqu'à atteindre la forteresse où siège la Ligue de Lazare. Ra's Al Ghul vous y attendra. »

    Et sans plus de cérémonie, il sortit, laissant Fabrizio Valeri seul. Comme il le lui avait indiqué, l'une de ses ninjas l'attendait déjà à l'extérieur. Quant à lui... Il aurait disparu de ce monde d'ici quelques minutes...
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