• Comment était-il arrivé ici et surtout où était-il ? Ukiyo était dans le brouillard comme lors d'un réveil après une mauvaise nuit. Même si une faible lumière se propageait, il était difficile de comprendre ce qu'il se passait. Le peintre se frotta les yeux pour mieux voir mais rien y faisait, il était toujours aussi perdu. Lentement mais sûrement, ses yeux commençaient à s'habituer à la noirceur des lieux. Ce qui l'étonnait était le noir qui l'entourait, il n'y avait rien dans les environs, que du vide et un silence inquiétant. En réalité, son attention fut vite porté sur ce qu'il était en train de fouler, un sol peut ordinaire. Un élément qu'il est courant de voir dans un église, un vitrail. Seulement, celui-là en plus d'être solide comme de la pierre avait une taille tout à fait gargantuesque. Ce dernier sortait des ténèbres, en se penchant au bord du vite, il semblait s'enfoncer sans limite, comme si sa grandeur était infinie. Le réflexe d'Ukiyo était de penser qu'il était encore une fois piégé dans un de ses rêves. Les éléments lui donnaient raison il fallait dire. Sa façon de ressentir les choses étaient les même que lorsqu'il faisait ses cauchemars étant plus jeune encore.

    Pour une fois, il se sentait réellement apaisé, quelque chose qui ne lui était pas arrivé depuis bien des années. Que ce soit en rêve ou dans la réalité, il n'était jamais au calme, la seule chose qui faisait qu'il se sente mieux, c'était sa peinture. Justement, en parlant de ça, il n'avait pas son pinceau avec lui, il paniqua sur le moment, il ne s'en séparait jamais. Il reprit très vite ses esprit, tentant de se rassurer en se disant qu'il était simplement endormi. Il observa une fois de plus le vitrail, il ne pouvait rien faire d'autre que ça et ce qu'il a vu l'avait surpris. Les carreaux formaient une image, celle d'une personne qu'il avait déjà rencontré, Õmikami Amaterasu, déesse du soleil. Elle était comme dans ses souvenirs, le même bandeau sur les yeux et cette sensation d'emprisonnement qu'elle dégageait. Rien avait changé, s'il devait faire les bilan sur sa vie, Ukiyo dirait qu'il n'a pas su aider sa déesse comme il le fallait.

    En dessous Amaterasu se trouvait une autre personne, il ne pouvait que le reconnaître, c'était lui trait pour trait. Il semblait si minuscule à côté de la divinité. Il ne pourra jamais être comme elle, ni par la puissance, ni par la grandeur. C'était une personne, si on peut le dire ainsi, qui a une âme si pure qu'il en était presque difficile à croire. Il resta ainsi pendant plusieurs longues minutes à observer le vitrail, que voulait-il dire ? Il se doutait qu'il n'aurait aucune réponse mais cela ne l'empêchait pas de se poser cette question. Au moment de poser son regard ailleurs, le sol avait comme disparu. Il sentais toujours qu'il y avait quelque chose sous ses pieds mais il ne voyait plus rien d'autre que son corps. Tout ça devenait de plus en plus oppressant, désagréable à vivre et il n'avait aucun pouvoir de décision sur ce qu'il se passait. C'était à le rendre fou, il aimait pouvoir gérer les évènements, avoir le contrôle de la situation et on lui supprimait tout ceci. Où était-il ? Comment était-il arrivé ? Il n'en savait rien et une nouvelle question arrivait, combien de temps allait-il encore resté prisonnier ici ?

    Au loin, une lueur commença à se diffuser et avec elle, une sensation de chaleur. C'était le soleil qui était en train de se lever et portant, il était toujours dans le noir. La lumière trop vive obligea le jeune peintre à utiliser ses mains pour ne pas se brûler les yeux. Jamais le soleil n'avait semblé aussi ardent. Très vite, cette chaleur est devenue agréable, presque enivrante c'était magique à quel point il était facile de s'habituer à certaines choses. C'est ce qui était arrivé au peintre quand il a reçu ses pouvoirs, la magie lui était devenue bien moins désagréable. Face à lui, un magicien perdrait beaucoup de ses avantages. Jetez-lui un sort de foudre et il percevra ça comme une piqure de moustique, enfermez-vous dans un dôme de feu et il traversera le mur comme il ouvre une porte. C'est ce que lui rappelait ce astre gigantesque que se levait devant lui. Il ressentait ça comme si c'était un message d'Amaterasu, comme si elle lui indiquait qu'il n'était pas si petit qu'il le pensait parfois.

    Une ombre vint obscurcir le soleil, c'était quelque chose de vraisemblablement puissant pour réussir à le cacher de cette façon. C'était une personne, une femme dont le visage devenait de plus en plus visible. C'était elle ! Celle qu'attendait Ukiyo depuis bien des lunes et il n'était plus qu'à quelques mètres d'elle. Il se mit à courir mais il fut bloqué par un mur invisible qu'il ne pouvait franchir. Si près de son rêve et pourtant il ne pouvait pas l'atteindre. C'est a plus grande frustration qu'il ait eu à vivre jusqu'ici mais Amaterasu s'approcha. Elle n'était pas beaucoup plus grande que le peintre et elle n'avait plus son bandeau. Elle lui caressa la joue pendant que lui ne pouvait plus bouger. Un flot de larme se mit à couler le long de son visage, l'émotion qu'il subissait était immense. La déesse le regarda droit dans les yeux avec un sourire discret sur ses lèvres.

    -Ukiyo, toi qui a toujours été fidèle, toi qui a toujours agis alors que les autres sont resté immobiles.

    Elle s'est arrêté de parler un instant, regardant de haut en bas le songe qui ne savait même comment réagir à cette intervention. Son cœur battait à une telle vitesse que le son des percussions était presque audible.

    -Toi, Peintre des Rêves, il est temps d'être récompensé pour tes actes.

    Un déclic s'est produit à cet instant, il avait réellement bien agis durant tous ces mois. Il était sur la bonne route et on lui disait de continuer le chemin, de ne pas abandonner. Il savait maintenant avec certitude qu'il pourrait continuer ainsi durant des décennies encore, que rien ne pourrait l'arrêter.

    -Ukiyo, écoute attentivement ce que je vais te dire maintenant. Je ne peux t'offrir sans reprendre en retour. Si tu acceptes mon offrande, il faudra en subir les conséquences et je ne peux te dire à l'avance ce qu'elles seront. Es-tu prêt ?

    Il n'a seulement pris que dix secondes de réflexion avant de répondre. Il était sûr de lui, il ne pouvait pas s'arrêter là après tout le chemin parcouru. Il acquiesça en guise de réponse, à ce moment-là, Amaterasu fit apparaître une longue épée dans sa main droite. Elle regarda le peintre d'un air déterminé, elle savait qu'il allait souffrir mais aucune once de pitié n'était lisible dans ses yeux. Elle le percuta de sa lame avec une force monstrueuse à la tête. Il avait été projeté plusieurs mètres plus loin, hurlant comme il n'avait jamais hurlé. Il se débattait au sol tentant d'éteindre ses cheveux qui avaient pris feu par on ne sait quelle magie. Du sang coulait sur son visage et le mot souffrance n'avait jamais aussi bien porté son nom qu'à ce jour. D'un coup, le feu s'arrêta de flamber, le sang ne coulait plus et la plaie commença à cicatriser. Il avait toujours mal, c'était son front qui avait subit cette attaque. Le vitrail réapparu alors sous son corps et il pu se voir dans le reflet des carreaux. Son front était si hideux qu'il refusait de croire que c'était lui. Sa chevelure autrefois brune était devenu grisâtre, non loin de l'argent. Alors qu'il apportait grande importance à son physique, on lui enlevait sa beauté. Il compris très vite que c'était ce prix qu'il devait payer et que ce n'était que peu de chose face à ce qu'il allait recevoir. Il coiffa ses cheveux de façon qu'on ne puisse voir la large cicatrice qu'il garderait à vie. Cette allure lui donnait un air un peu plus âgé mais il ne s'était jamais préoccupé des années pendant lesquelles il avait été en vie. Il se releva, la fixa droit des les yeux attendant de sa part une réponse. Il ne pouvait décemment pas lui ordonner de parler, ce n'était pas n'importe qui devant lui.

    -Je t'ai offert le pouvoir de résister bien plus aisément aux attaques physiques. Tu auras moins à craindre mais tu ne sera pas invincible pour autant.

    Suite à ses paroles, elle se retourna pour commencer à partir. Le soleil commença à chuter pour enfin disparaître mais avant qu'elle ne parte, Ukiyo l'en empêcha.

    -Où allez-vous ?

    -Ukiyo, je suis toujours prisonnière, sauve-moi.